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Merci beaucoup, monsieur le président. Je remercie le comité d'avoir invité le ministère des Ressources naturelles à venir s'exprimer sur la question des services énergétiques intégrés pour les collectivités canadiennes.
Je suis très heureuse de comparaître aujourd'hui en même temps que des collègues du secteur privé qui partagent notre intérêt en la matière.
Je vais d'abord proposer une définition des services énergétiques intégrés car c'est une notion qui n'est pas particulièrement évidente à première vue. Quand mes collègues, Mike Harcourt et les autres, interviendront, ils utiliseront la même définition générale.
Quand on pense généralement à la manière dont l'énergie est utilisée ou fournie, on pense aux constructions individuelles qui existent dans nos villes. On pense aux écoles, aux hôpitaux, aux parcs industriels et à chacune de ces entités où des décisions particulières sont prises sur combien d'énergie acheter, quel type d'énergie acheter et quel type d'équipement utiliser. C'est la méthode la plus facile de décider. On n'a qu'une seule entité à prendre en considération et les décisions sont relativement simples. En revanche, cela engendre beaucoup d'inefficience dans l'obtention et l'utilisation de l'énergie.
Dans un tel système, on ne fait pas d'économies d'échelle et il n'y a pas d'utilisation des déchets énergétiques entre les diverses organisations. S'il y a des entités qui utilisent des technologies ou des méthodes d'avant-garde, c'est souvent de manière très limitée et, de ce fait, avec une incidence réduite. Ce que nous aimerions faire, c'est envisager les services énergétiques dans un contexte intégré pour l'ensemble d'une collectivité ou d'un quartier. Autrement dit, il s'agirait de prendre les décisions d'approvisionnement et d'utilisation de l'énergie en tenant compte d'un certain nombre d'usages différents tels que le chauffage, la climatisation et l'éclairage. Nous aimerions aussi le faire en tenant compte des différents secteurs que j'ai mentionnés: le logement, la construction, le transport et l'industrie.
Quand on intègre les choix traditionnels en matière d'énergie, on découvre des possibilités énormes d'économie. Nous nous penchons sur l'utilisation de l'énergie dans le contexte de l'amélioration de l'environnement, en particulier du changement climatique, depuis une dizaine d'années déjà et notre démarche a été très sectorielle. Nous avons des programmes industriels, des programmes résidentiels et des programmes pour le secteur de la construction, et nous parlons maintenant d'envisager tout cela de manière intégrée.
Il y a des avantages à avancer dans cette voie, au-delà des bienfaits environnementaux, puisque cela peut déboucher sur une meilleure gestion des sols, de meilleurs choix pour les transports publics, de meilleures décisions sur le traitement des déchets et l'utilisation de l'eau.
Permettez-moi d'examiner d'un peu plus près cette notion d'usage intégré de l'énergie. Prenons le cas d'une collectivité qui...
J'essaie de voir si vous avez le texte que je suis en train de lire. On ne l'a pas distribué? Ah bon.
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Je suis désolée. Je veillerai à ce qu'il vous soit envoyé plus tard.
Je vais vous indiquer de manière un peu plus précise comment un système intégré peut fonctionner. Nous parlons ici de maximiser l'efficience énergétique dans la construction des édifices eux-mêmes ainsi que dans l'utilisation de l'énergie au sein des édifices et avec toutes les technologies qui y sont déployées. Il s'agit donc de maximiser l'efficience et de maximiser l'utilisation de l'énergie renouvelable tout en minimisant la demande d'énergie, qu'il s'agisse d'énergie solaire, d'eau chaude, de pompes à chaleur ou d'autres sources d'énergie renouvelable. Dans la plupart des cas, ces diverses sources coûtent plus cher mais le supplément peut être réduit en effectuant des achats et des installations en groupe, ce qui pourrait être le cas si les décisions étaient prises à l'échelle des collectivités.
Nous parlons aussi ici de systèmes de chauffage de quartier, c'est-à-dire de fournir de la chaleur pas seulement à une entité mais plutôt à tout un ensemble d'entités à partir d'une seule unité de combustion centralisée de taille adéquate pour produire de la chaleur. Finalement, nous parlons des transports publics et de l'utilisation des sols, c'est-à-dire de maximiser la densité et de veiller à ce que les règlements de zonage permettent des usages multiples.
Voilà donc à quoi ressemblerait une communauté avec des services énergétiques intégrés, le résultat ultime étant qu'il y aurait moins d'émissions dans l'atmosphère et qu'on ferait des économies en matière d'utilisation de l'énergie.
J'aimerais vous donner quelques exemples de communautés canadiennes où existent des services énergétiques intégrés. Il s'agit d'abord d'Emerald Hills, près d'Edmonton, en Alberta, où il y a 1 600 unités domiciliaires — avec des magasins de détail, un complexe de soins médicaux, un foyer pour personnes âgées et certains édifices à usages multiples. C'est donc une communauté de densité plus élevée que d'habitude, avec une plus grande diversité d'usages, et elle sera équipée d'un système énergétique communautaire qui fournira de la chaleur à l'ensemble.
Un autre exemple est celui de Dockside Green, réalisé à Victoria sous l'impulsion du promoteur. Il s'agit d'un projet de réaménagement de terrains désaffectés en plein centre-ville de Victoria, le long du port. On y trouvera des appartements en copropriété ainsi que des unités multifamiliales. Le chauffage sera assuré par un système de gazéification de la biomasse et il y aura aussi un système de traitement des eaux usées afin de pouvoir les réutiliser.
Le troisième exemple vient de l'Alberta. Il s'agit de la ville d'Okotoks. C'est la communauté solaire de Drake Landing. C'est un tout petit projet ne concernant que 52 maisons unifamiliales mais il est tout à fait spécial dans la mesure où c'est le premier au monde où l'on utilise une technologie permettant d'entreposer la chaleur du soleil recueillie dans des panneaux solaires aménagés sur les garages des maisons. Cela permet d'entreposer la chaleur en sous-sol et elle est ensuite utilisée pour répondre aux besoins de chauffage durant toute l'année. Le système fonctionne depuis plus d'un an déjà et John Marrone, mon collègue, pourra vous en parler plus longuement. Les résultats dépassent déjà nos attentes. Le système assure actuellement 100 p. 100 des besoins de chauffage par l'énergie solaire. La communauté est intégrée, les maisons sont super efficientes du point de vue de l'énergie: ce sont des maisons R-2000. Voilà donc un autre exemple de services énergétiques intégrés dans un contexte collectif.
Le genre de situation que je décris est admirable du point de vue des économies d'énergie, d'argent et d'émissions. Pourquoi n'en voit-on pas plus? Pourquoi dois-je prendre cinq minutes de votre temps à définir ce que je veux dire quand je parle de communauté intégrée du point de vue des services énergétiques? La raison pour laquelle c'est encore très rare — je ne peux vous donner qu'une douzaine d'exemples au Canada — est que c'est exactement l'opposé du statu quo en ce qui concerne la manière dont l'utilisation de l'énergie est conçue et la manière dont elle est utilisée.
Quand je parlais tout à l'heure de toutes les décisions individuelles que prennent les entités, c'était pour souligner qu'un plan énergétique intégré au niveau d'une collectivité exige l'intégration d'un grand nombre de particuliers, ce qui est très difficile. On est généralement peu conscient des économies réalisables et de facteurs tels que la consommation d'énergie, les conséquences environnementales, le gaspillage, etc., à quoi s'ajoute un véritable marécage de règlements, de politiques et de codes qui s'opposent en fait à l'intégration. Voici quelques exemples.
Beaucoup de règlements d'urbanisation autorisent des projets de faible densité et parfois même pénalisent le réaménagement au centre-ville, ce qui augmente le coût d'un projet collectif intégré. Dans certaines provinces ou municipalités, il est interdit aux utilités publiques locales de faire partie d'une société de production d'énergie, ce qui limite leur participation comme partenaire et comme bailleur de fonds potentiel de ce genre de projet.
Ce que nous faisons, à Ressources naturelles Canada, c'est que nous essayons d'intervenir sous plusieurs angles différents. Nous faisons de la recherche et du développement sur les technologies contribuant à une communauté intégrée, par exemple sur le système de biogaz que je viens de mentionner, ou sur des technologies d'entreposage de l'énergie solaire et bien d'autres.
Nous appuyons aussi le principe des services collectifs intégrés par une politique-cadre. Kevin Lee, qui est ici, mène un exercice fédéral-provincial-territorial destiné à tracer une feuille de route pour les collectivités afin de leur permettre d'identifier les politiques et programmes qui les aideraient à appuyer des collectivités intégrées. Kevin dirige également à l'échelle de tout le gouvernement du Canada — 12 ministères — un projet d'établissement d'une méthode normalisée de mesure de l'utilisation de l'énergie au niveau des collectivités. Ce n'est pas aussi simple que mesurer l'énergie utilisée dans un immeuble car on doit tenir compte de toutes sortes d'utilisations différentes. Finalement, nous avons des projets de démonstration et d'application pratique de certaines technologies.
Ma dernière remarque, avant de manquer de temps, est que Ressources naturelles Canada a fermement l'intention de continuer à appuyer la recherche de solutions collectives intégrées par les trois volets que je viens de décrire: l'élaboration de politiques, l'appui à la R et D et l'appui aux programmes existants en matière d'efficience énergétique et d'énergies renouvelables. Notre travail sur la feuille de route nous permettra de cerner les domaines où le besoin est le plus élevé et de poursuivre notre réflexion sur la manière de surmonter les obstacles touchant le manque d'information de la population, le manque d'attention et le manque d'outils, afin de voir où nous pourrions être le plus utile.
En réalité, je m'adresse à vous aujourd'hui d'un point de vue pré-programmatique étant donné que notre rôle essentiel est de réfléchir aux problèmes afin de bien en cerner les défis et les opportunités. Je répondrai maintenant avec plaisir à vos questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
En tant qu'ancien politicien qui a vécu dans les tranchées pendant 24 ans et a réussi à échapper de justesse aux justiciers, je suis très heureux d'être ici aujourd'hui. Je suis ravi d'être le président honoraire de QUEST, une initiative tout à fait remarquable qui a été lancée par les deux personnes assises à côté de moi, Mike Cleland de l'Association canadienne du gaz et Ken Ogilvie de Pollution Probe, une ONG qui connaît beaucoup de succès et s'occupe de ces questions depuis très longtemps — ce qui est leur cas à tous les deux, d'ailleurs. Les deux dernières années ont été particulièrement intéressantes car le projet a évolué organiquement avec la contribution d'un grand nombre de personnes de grande qualité provenant du gouvernement, des milieux d'affaires et de la communauté.
J'ai pensé vous donner un bref aperçu de ce qu'est QUEST — Quality Urban and Community Energy Systems of Tomorrow — et vous dire pourquoi nous pensons que c'est un projet important au moment où vous lancez cette étude qui va vous occuper pendant les prochains mois. Nous avons parlé de nos activités à la ministre, Lisa Raitt, et elle est très intéressée.
Pourquoi QUEST? Pourquoi sommes-nous devant vous aujourd'hui? C'est parce que les communautés du Canada représentent 50 p. 100 de toute l'utilisation d'énergie au Canada et des émissions de gaz à effet de serre. Nous avons donc une possibilité énorme de régler certains des problèmes que nous connaissons aujourd'hui en matière de changements climatiques et de gaz à effet de serre, entre autres choses.
En tant qu'ancien maire de Vancouver — avant ma rétrogradation au poste de premier ministre de la Colombie-Britannique — je peux vous dire que les villes consomment 100 p. 100 du capital naturel, des produits forestiers, de l'énergie agricole et des activités minières, soit 75 p. 100 directement et 25 p. 100 par les usines, mines, fermes, puits de pétrole et de gaz et autres activités de même nature des zones rurales qui approvisionnent les villes où se fait la consommation.
Donc, les villes et collectivités du Canada, et je ne parle pas seulement de Toronto, je parle de toutes les collectivités, grandes, petites et moyennes... J'ai contribué à la préparation d'un rapport pour le premier ministre Martin qui a été remis au premier ministre Harper sur le rôle national des villes et collectivités du Canada. Vous y trouverez une description de ce genre de questions. Donc, nous pensons qu'il est important que QUEST existe pour commencer à trouver des solutions à cette consommation énorme d'énergie au Canada qui engendre des émissions de gaz à effet de serre, et nous pensons que les démarches actuelles d'atténuation des gaz à effet de serre sont essentiellement axées sur l'approvisionnement énergétique et sont donc largement insuffisantes, comme vous pouvez le voir en vous attaquant à cette question, pour répondre aux objectifs des politiques que nous avons besoin d'adopter ou dont nous aurons probablement besoin pour nous attaquer très activement et très sérieusement à ces questions dans les prochaines années.
Nous croyons que c'est une question fondamentale pour les citoyens du Canada.
Nous croyons aussi qu'une démarche intégrée offrira toutes sortes d'avantages. Si vous adoptez une démarche intégrée en matière de services énergétiques des collectivités canadiennes, vous pouvez résoudre le problème de l'insécurité potentielle des approvisionnements et certaines des autres conséquences de la consommation d'énergie. Vous pourrez bâtir un avenir plus durable, réduire les émissions de gaz à effet de serre, instaurer un environnement sans carbone ou avec peu de carbone, réduire beaucoup des autres conséquences environnementales et assurer une énergie plus abordable et des services énergétiques plus fiables et plus pérennes.
Permettez-moi de vous parler d'un document remarquable auquel a contribué l'Association canadienne du gaz en 2002-2003 dans le contexte d'un concours organisé par la International Gas Union pour voir quelle ville réussirait à produire un plan de 100 ans pour faire face aux futures pénuries d'énergie. Le Canada — Vancouver, en particulier — a gagné ce concours international en formulant un projet appelé citiesPLUS — le PLUS étant le sigle anglais de planification pour une durabilité urbaine à long terme.
Nous avons constaté que si vous faites une analyse rétrospective pour choisir la communauté que vous voulez pour Montréal, ou Swift Current ou Prince Rupert, pour vous-même et vos enfants, et que vous établissez une stratégie de transition de 20 à 30 ans puis des plans d'investissement et d'exploitation de 10 ans, l'un des résultats de cette intégration des démarches est de réduire spectaculairement les émissions de gaz à effet de serre, de 70 p. 100 à 80 p. 100, rien qu'en faisant ce dont nous parlons.
Nous pensons qu'il est extrêmement important que le Canada adopte cette démarche. Nous pouvons vous donner des copies de cela, monsieur le président, pour l'information des membres du comité. Sept des premiers urbanistes du monde se sont penchés sur cette communauté très réelle qu'on appelle la région de Vancouver, où il y a 2,2 millions de personnes, puisque c'était l'une des neuf finalistes à avoir abordé avec succès cette série de problèmes et qu'elle a gagné le Grand prix à Tokyo en 2003. Il y a donc beaucoup de travail excellent qui s'est fait au Canada et nous pensons que QUEST en fait partie.
L'objectif de QUEST, comme vous pourrez le constater en lisant ce document, est que d'ici à 2050 — et même plus tôt, car je suis un optimiste invétéré — chaque communauté du Canada fonctionne avec un système énergétique intégré et, par conséquent, tout aménagement ou réaménagement urbain englobe un système énergétique intégré. Voilà l'objectif que nous visons.
Notre mission est de favoriser une démarche intégrée en matière d'utilisation des sols, de l'énergie, des transports, des déchets et de l'eau, et de réduire les gaz à effet de serre, les polluants atmosphériques et les déchets.
Telles sont notre vision et notre mission qui nous ont amenés à devenir beaucoup plus spécifiques et concrets et communautaires.
Qui participe à QUEST? Si vous consultez la page 8 du mémoire, vous y trouverez une longue liste de nombreux ministères et organismes du gouvernement fédéral, des gouvernements provinciaux et des municipalités, ainsi que d'entreprises du secteur de l'énergie, de groupes environnementaux, d'entreprises de construction et d'universitaires. Il y a donc là une collection fort impressionnante de personnes contribuant à cette initiative.
Je vais maintenant résumer très rapidement nos principes fondamentaux. Il s'agit d'améliorer l'efficience; d'optimiser « l'exergie », ce qui veut dire, en termes simples, qu'on n'utilise pas d'électricité pour chauffer des locaux mais plutôt des énergies plus appropriées comme l'énergie géothermique, l'énergie solaire et le gaz naturel, en réservant l'électricité à d'autres applications; de réduire les déchets — et nous pensons qu'il y a toutes sortes de manières d'y parvenir, comme nos exemples le montrent; d'utiliser de plus en plus de ressources renouvelables; d'utiliser les réseaux de manière stratégique pour faire un usage adéquat des produits renouvelables et régler toutes sortes d'autres questions importantes sur le plan technique.
Nous pensons que le système est en train de se bâtir dans tout le Canada en assurant l'intégration de l'utilisation des sols et des transports de façon que les transports, les transports publics rapides et les autobus, déterminent plus l'organisation de centre-ville vivables à plus haute densité. Donc, intégrer l'utilisation des sols, les transports, l'énergie, l'eau et l'élimination des déchets. Ne pas les traiter séparément mais ensemble.
Nous pensons qu'il y a une plate-forme habilitante pour cela dans les projets de haute densité et à usage mixte d'immeubles efficients sur le plan énergétique. Vous avez déjà entendu quelques exemples aujourd'hui de la manière dont cela commence à se faire.
L'épine dorsale du système est constituée par des réseaux intelligents de distribution de l'énergie pour une meilleure gestion de l'énergie disponible.
Nous pensons que passer à des systèmes locaux d'énergie distribuée à plus petite échelle, comme nous le décrivons dans le projet citiesPLUS, est la bonne manière de faire évoluer nos collectivités.
Utiliser des produits renouvelables locaux, l'énergie solaire, géothermique, éolienne et de la biomasse — et nous avons certainement beaucoup de biomasse en Colombie-Britannique avec le dendroctone du pin dont nous allons devoir trouver une utilisation.
Voilà selon nous le genre d'orientation que nous devons adopter pour l'avenir.
Nous avons pris une certaine impulsion, notamment durant les six derniers mois, puisque nous sommes passés de la discussion initiale à l'étape où nous commençons la mise en oeuvre. Nous examinons plusieurs projets de démonstration dans diverses provinces et municipalités.
En conclusion, nous pensons que ce que doit faire le gouvernement fédéral, et nous en parlerons dans la période des questions, c'est d'aider à faire en sorte que QUEST ne soit plus un projet marginal mais devienne un principe central d'urbanisme.
Deuxièmement, il faut qu'il y ait un appui continu pour maintenir l'impulsion. Assurer que le financement de la technologie, le financement des programmes, le financement des infrastructures contribue à créer des villes et collectivités plus durables, par l'infrastructure verte, et que des systèmes d'énergie intégrés soient un élément central de cette vision future des villes et collectivités du Canada.
Merci de votre attention, monsieur le président.
Les économies varient selon les projets et les localités mais, comme nous le disions plus tôt, en ce qui concerne le projet de Drake Landing, nous voyons des économies s'approchant de 100 p. 100 pour le chauffage des locaux. Nous voyons des économies potentielles similaires dans d'autres environnements et tout dépendra en réalité de la démarche engagée et de l'objectif fixé par la collectivité concernée.
L'une des choses que nous envisageons dans les systèmes énergétiques communautaires intégrés, c'est de permettre à chaque collectivité de fixer ses propres objectifs et de décider des éléments qui lui semblent importants, c'est-à-dire si elle veut se concentrer sur l'énergie renouvelable, sur l'abaissement des cibles de carbone, sur l'utilisation de l'électricité ou sur le gaz naturel. Chaque décision a des conséquences différentes.
Puisque nous parlons d'une feuille de route pour la mise en oeuvre de ces projets, je précise que la feuille de route n'est pas destinée aux collectivités individuelles mais constitue plutôt un outil devant leur permettre de décider comment aborder le mieux possible les solutions communautaires intégrées dans leur contexte particulier.
Globalement, cependant, comme on l'a dit tout à l'heure, les collectivités sont responsables de plus de 50 p. 100 de la consommation d'énergie au Canada et nous envisageons certainement des économies d'au moins 50 p. 100 à échéance très brève, et beaucoup plus élevées si l'on commence à inclure l'énergie renouvelable et à assurer des synergies entre les différents systèmes en utilisant la chaleur actuellement perdue des différentes installations industrielles, par exemple. On peut obtenir des synergies très réelles et des avantages économiques au niveau local. Il y a beaucoup de possibilités.
À mon avis, l'une des clés consiste à comprendre que chaque communauté adoptera des solutions différentes dépendant du type d'énergie qu'il utilise, de son parc immobilier, de son parc industriel, etc.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être venus aujourd'hui.
Je dois dire que je suis à nouveau frappé par le nombre de fois où des gens viennent à la Chambre des communes nous présenter des solutions. J'imagine que les générations futures, en étudiant la nôtre, se demanderont à quoi nous pensions, pourquoi il nous a fallu si longtemps pour réfléchir à des solutions de chauffage au niveau des collectivités au lieu de faire ce que nous faisons depuis toujours, c'est-à-dire gérer l'une des économies les plus inefficientes de la planète. La quantité de gaz à effet de serre et de pollution produite au Canada par unité d'économie est l'une des pires et ce, depuis longtemps.
J'ai une question à poser à Mme Buckley, et je précise que j'aimerais obtenir un engagement de sa part. Durant notre étude de ces systèmes énergétiques intégrés, je pense qu'il serait utile pour les membres du comité de savoir ce sur quoi le gouvernement fédéral peut effectivement agir. Bon nombre de ces questions relèvent des utilités publiques et sont des questions d'urbanisme, choses auxquelles nous, autour de cette table, et le gouvernement fédéral, de par ses pouvoirs, ne pouvons pas toucher, si ce n'est de manière marginale. Donc, si votre ministère pouvait nous indiquer précisément de quoi nous devrions parler et sur quoi nous pourrions exercer une influence, ce serait utile.
Pour le procès-verbal, monsieur le président, je signale que Mme Buckley approuve vigoureusement de la tête, je crois.
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Je crois, monsieur le président, que mes collègues qui s'occupent de ces questions depuis plus longtemps que moi seront mieux à même de répondre. Je pense que nous sommes toujours en train de déterminer s'il est indispensable de faire ça dès le début ou si l'on peut procéder par rééquipement. Très franchement, nous allons devoir rééquiper parce que seulement 3 p. 100 du parc immobilier change chaque année, ce qui laisse 97 p. 100 du parc à rééquiper.
Il y a beaucoup de bons exemples de collectivités qui procèdent déjà à ce rééquipement et d'autres où de nouveaux terrains ainsi que de vieux terrains désaffectés sont en cours de réaménagement. Il y en a un à Montréal, la Technopôle Angus Montréal, qui est un terrain très vaste — un million de pieds carrés — en cours de construction. Ce seront des immeubles ayant la caractéristique LEED. Ils seront proches du réseau de transports publics et auront beaucoup des caractéristiques dont nous parlons. Il faudra donc faire les deux.
Voici un autre exemple. En Colombie-Britannique, je travaille avec quatre collectivités à fort taux de croissance — Surrey, Langley, Abbotsford et Coquitlam — qui vont accueillir les deux tiers du prochain million de personnes qui s'installeront dans la région de Vancouver. Elles ont complètement transformé leur politique d'utilisation des sols pour assurer la construction d'immeubles verts de plus haute densité et elles tiennent à ce que des transports publics soient aménagés dans les anciens centres-villes de Whalley et d'ailleurs pour que l'urbanisation soit conçue en conséquence. Nous avons commencé à dialoguer avec les responsables pour y intégrer l'énergie.
À Calgary, dans les terrains de l'est du centre-ville, il y a d'anciennes cours de triage. Il a fallu adapter les régimes de réglementation, ce qui a exigé beaucoup d'efforts avec la bureaucratie, pour que le réaménagement soit harmonisé avec les nouvelles politiques d'usages mixtes de très haute densité — c'est un projet attrayant — et cela comprendra un système énergétique intégré de quartier.
C'est donc une démarche qui prend de l'essor. Quant à savoir s'il faut faire cela à partir de zéro ou réaménager des terrains et des immeubles existants, je pense que c'est quelque chose dont nous allons devoir nous occuper, ce que nous faisons avec les projets de démonstration en cours dans diverses régions.
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C'est intéressant car on bute toujours sur la combinaison de la politique et des politiques avec n'importe quel gouvernement. Le modèle de rééquipement des maisons unifamiliales est attrayant parce qu'il s'adresse à l'électeur individuel mais, quand on fait une analyse des coûts et des bénéfices, en matière de réduction des gaz à effet de serre et d'économies d'énergie, ça l'est beaucoup moins.
Il s'agit de trouver le juste équilibre entre l'ancien et le nouveau. Il y a des villes, de très petites collectivités — Houston, Fort. St. James, des collectivités minuscules — qui se battent pour construire une nouvelle infrastructure municipale. Elles ont tenté d'obtenir de l'argent du gouvernement pour construire de meilleurs édifices, pour utiliser l'énergie géothermique, par exemple, mais c'est très difficile à faire. Le signal que nous envoyons — et il a peut-être changé avec le temps — est qu'il est préférable de construire un édifice insatisfaisant, moins efficient, et d'utiliser ensuite l'argent du rééquipement pour y aménager l'énergie géothermique, de meilleures normes techniques, l'isolation R-2000 et tout le reste. C'est très frustrant pour beaucoup des gens que nous représentons, surtout au palier municipal.
Ma question concerne l'équilibre et M. Ogilvie peut peut-être intervenir. Quand nous prenons du recul et examinons les budgets fédéraux de cette année et des années passées, nous voyons quelles sont les priorités. Nous voyons 1,4 milliard de dollars donnés en subventions aux sables bitumineux. Nous voyons un milliard de ce gouvernement et 2 milliards de plus de l'Alberta pour la capture et la séquestration du carbone. Beaucoup des solutions dont vous parlez aujourd'hui, concernant des systèmes énergétiques intégrés pour réduire... Allons-nous nous retrouver sans cesse avec la répétition de la subvention consentie pour les autobus, c'est-à-dire la subvention de 2 milliards de dollars pour l'éthanol de maïs qui a été accordée sans aucune analyse des gaz à effet de serre, sans étude des conséquences sur l'économie verte?
Le gouvernement parle beaucoup d'efforts à faire dans ce domaine mais, quand on passe aux choses concrètes et aux chiffres, quand on voit combien d'argent est donné pour ces choses-là, ça va complètement dans l'autre sens.
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Je peux peut-être revenir sur certains des projets de cette province.
Il serait bon pour vous d'aller voir sur place le projet de Dockside Green. Il a été réalisé par un promoteur privé choisi par la municipalité de Victoria sur un vieux terrain désaffecté du port de Victoria. On y a intégré toutes les choses dont nous avons parlé. C'est, à petite échelle, ce que vous nous voudrions voir se faire à beaucoup plus grande échelle.
Autre exemple, Maple Ridge, qui réalise actuellement un plan d'urbanisation appelé Smart Growth et qui commence à aller dans cette voie de manière plus détaillée.
Whistler et les villages du sud-est de Vancouver, où se tiendront les Jeux olympiques de 2010, évoluent vers cette démarche intégrée. Cela comprend de l'énergie géothermique avec des immeubles portant l'étalon-or LEED.
Il y a aussi d'excellentes initiatives en cours au nord de Vancouver, avec un système énergétique intégré pour Lonsdale Quay que l'on va maintenant étendre vers le centre-ville. Il y a aussi Dawson Creek. Il n'est pas obligatoire indispensable que cela se fasse uniquement dans les grandes villes. Ça peut se faire dans n'importe quelle collectivité.
Ce sont là quelques exemples de ce qui se fait en Colombie-Britannique et il y a d'autres projets qui démarrent un peu partout au pays. C'est à ce niveau que nous nous concentrons cette année, avec les initiateurs précoces provinciaux, régionaux ou municipaux, qui sont les pionniers de cette démarche. Progressivement, nous espérons que des centaines et des centaines de collectivités leur emboîteront le pas.
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Je m'excuse si vous n'avez pas reçu cette diapositive. Je vous la remettrai plus tard. Nous avons déployé beaucoup d'efforts pour produire des graphiques aidant à démontrer — pour ceux d'entre nous qui sommes très visuels — ce qui était différent au sujet de ces collectivités. Je vais le répéter un peu plus lentement.
Le projet Emerald Hills près d'Edmonton, en Alberta, a été conçu dès le départ selon le principe des systèmes intégrés. Comme l'a dit Kevin Lee, on a invité le promoteur et l'équipe de conception dès le début. Le projet a été conçu de cette manière dès le départ pour intégrer toutes les possibilités d'économie d'énergie. On a commencé avec plus d'usages mixtes et une densité plus élevée que normalement. On a fixé des objectifs de rendement pour tous les immeubles, ce qui n'est généralement pas le cas.
Le laboratoire de CanmetEnergie — mon collègue dirige celui de Bells Corners — a fourni certaines des données conceptuelles, si je peux m'exprimer ainsi, concernant les systèmes à utiliser pour les différentes structures et technologies. Les premières maisons en rangée sont en cours de construction. Elles ne sont pas encore totalement construites. Un système énergétique communautaire est prévu. Je pense qu'ils avaient prévu à l'origine un système de conversion des déchets en énergie mais ils sont en train de le remplacer par autre chose.
En ce qui concerne la troisième collectivité, j'en ai mentionné les principaux aspects d'intégration et d'efficience énergétique. Toutes les maisons répondent à la norme R-2000 qui est 30 p. 100 meilleure que celle des maisons conventionnelles. En outre, les panneaux solaires sur tous les garages, permettant d'entreposer cette énergie dans le sol durant l'hiver, en font un projet tout à fait unique et particulièrement intéressant de par son potentiel d'entreposage de la chaleur d'été pour l'utiliser pendant tout l'hiver. Et je parle ici de l'Alberta où, comme vous le savez, la saison de chauffage est bien longue. Pour revenir au rôle des utilités publiques, la société ATCO, de la région, possédera et exploitera le système d'énergie communautaire de tout le projet.
Kevin, voulez-vous ajouter quelque chose au sujet des systèmes d'économie d'énergie? Non? Très bien.