:
Monsieur le président et membres du Comité, merci.
[Français]
Je suis heureux d'être ici pour discuter avec vous de la réglementation nucléaire au Canada et du mandat de la Commission canadienne de sûreté nucléaire.
[Traduction]
J'ai préparé des observations préliminaires et je crois savoir qu'elles ont été distribuées.
Je suis accompagné cet après-midi de Mme Patsy Thompson, directrice générale, Environnement, radioprotection et évaluation.
[Français]
Monsieur le président, j'aimerais commencer par vous expliquer le rôle et les responsabilités de la CCSN.
[Traduction]
Simplement dit, la CCSN est le chien de garde du nucléaire au Canada. Nous réglementons les installations et les activités nucléaires au Canada. Nous réglementons les centrales nucléaires, les mines d'uranium, la gestion des déchets, la médecine nucléaire et les petits dispositifs nucléaires.
Notre principale mission consiste à assurer la sûreté, à protéger la santé et la sécurité du public ainsi que de l'environnement, et à assurer le respect des engagements internationaux du Canada à l'égard de l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire.
[Français]
Nous sommes régis par la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires, qui définit clairement les objectifs, les rôles et les pouvoirs de la commission.
[Traduction]
L'un de nos principes d'exploitation fondamentaux consiste à accomplir notre travail de réglementation avec ouverture et transparence. Nous tenons régulièrement des audiences publiques à des fins d'autorisation des installations d'importance et pour discuter des développements importants qui ont des répercussions sur nos politiques, nos règlements et nos parties intéressées.
Nous avons tenu 28 audiences et réunions publiques en 2008. Nous avons entendu 260 intervenants et nous avons rendu 37 décisions d'autorisation et 13 décisions en matière d'évaluation environnementale. D'ailleurs, lors d'une audience publique qui a eu lieu la semaine dernière à Ottawa, des employés de la CCSN et d'EACL ont présenté à la commission une mise à jour sur les fuites récentes du réacteur NRU.
Nous diffusons nos audiences publiques sur le Web. Tout le monde peut voir et entendre les délibérations. Pour que vous puissiez vraiment saisir à quel point nos audiences sont ouvertes et interactives, je vous invite, vous et les autres députés, à assister en ligne aux audiences à venir ou à consulter nos plus récentes délibérations, accessibles sur notre site Web, à www.suretenucleaire.gc.ca. Nous voulons nous assurer que le travail de la CCSN est accessible, interactif, connu et bien compris.
Pour exécuter notre mandat en matière de sûreté nucléaire, nous avons établi un cadre rigoureux de surveillance réglementaire. Les normes de sûreté canadiennes sont fondées sur des normes internationales.
Nous nous appuyons sur les travaux de l'Agence internationale de l'énergie atomique et d'autres groupes de spécialistes et d'experts du nucléaire, comme le Comité scientifique des Nations Unies pour l'étude des effets des rayonnements ionisants et la Commission internationale de protection radiologique, de même que Santé Canada et Environnement Canada. Nous nous appuyons sur ces organisations pour élaborer et améliorer une science qui tient compte des effets sur la santé et sur l'environnement dans la gestion du nucléaire.
[Français]
Nous intégrons des normes internationales et nationales dans les exigences d'autorisation que doivent respecter les installations auxquelles nous délivrons des permis.
[Traduction]
Et nous allons encore plus loin. Lorsqu'il s'agit de sûreté, nous nous attendons à plus de nos titulaires de permis que ces seules normes. En fait, les conditions de permis que nous imposons pour tous les sites nucléaires comprennent des niveaux de signalement et des seuils d'intervention beaucoup plus stricts que les normes internationales. Ces seuils de signalement et d'intervention exigent des titulaires de permis qu'ils signalent tous les incidents importants le plus tôt possible, afin que nous puissions prendre les mesures nécessaires bien avant qu'il n'y ait de conséquences sur la santé humaine ou sur l'environnement.
En bref, nous fixons ces seuils de signalement très exigeants pour assurer la sécurité des Canadiens et la protection de l'environnement. Il est important d'établir un cadre réglementaire efficace. Toutefois, nous devons nous assurer que les règles et la réglementation sont respectées. Pour que cette approche fonctionne, nous exigeons des titulaires de permis qu'ils surveillent, mesurent et rapportent de façon périodique sur l'exploitation, le rendement, et les rejets dans l'environnement. Pour ce faire, nous disposons également d'employés chargés de surveiller quotidiennement la sûreté nucléaire sur place dans l'ensemble des principales installations nucléaires du Canada.
Comme nous avions jugé que les fuites de décembre dernier concernant le réacteur NRU avaient peu d'importance sur le plan de la sûreté, nous avons été surpris de l'intérêt que ces incidents ont suscité. À la demande du ministre des Ressources naturelles, les rapports de la CCSN et de EACL concernant ces incidents ont été déposés au Parlement. Ces rapports stipulent que EACL a agi de façon appropriée en signalant l'incident à la CCSN. Il n'y a pas eu de camouflage. Ces incidents n'ont présenté aucun risque pour la santé, la sûreté ou l'environnement.
[Français]
Nous avons distribué plus tôt un document qui compare les rejets actuels aux limites réglementaires.
[Traduction]
Je serais disposé à vous expliquer ces documents.
Nous avons reconnu, tant le secteur nucléaire que l'organisme de réglementation, que nous pouvions améliorer la communication sur toutes nos activités. Et nous prenons les mesures pour répondre à ces attentes. En fait, comme vous le savez peut-être, il y a eu un autre faible rejet d'eau lourde concernant le réacteur NRU en fin de semaine dernière. EACL a signalé la fuite à la CCSN dimanche matin et respecté ses obligations en matière de signalement volontaire et diffusé l'information sur son site Web hier. Nous avons également mis à jour notre site Web, ce qui démontre bien que nos organisations mettent en oeuvre les leçons tirées à la suite des incidents de décembre dernier.
De la même façon qu'en décembre, la fuite récente n'a eu aucun impact sur l'exploitation sécuritaire du réacteur NRU et n'a présenté aucun risque pour la santé et la sécurité du public, des travailleurs ou pour l'environnement.
[Français]
En conclusion, je veux souligner que le Parlement, par l'entremise de la loi, établit une base pour un cadre de réglementation de la sûreté nucléaire solide et clair. Ce cadre est établi sur les normes internationales et locales ainsi que sur les meilleures pratiques.
[Traduction]
Les installations nucléaires canadiennes sont sécuritaires. Si ce n'était pas le cas, on ne leur délivrerait pas de permis. Et notre cadre réglementaire fait de la sûreté notre priorité. Nous ne compromettons pas la sécurité. C'est dans notre ADN.
Merci beaucoup.
:
Je comprends votre point de vue. Cependant, les comités sont maîtres de leur destin. Comme les témoins sont présents et prêts à témoigner. je ne vois pas pourquoi vous seriez contre cette idée. Cela permettrait d'engager une discussion. Comme ces groupes ont des rôles tellement interreliés, il me semble que ce serait plus raisonnable de les entendre tous ensemble. Je ne vois pas ce qui nous empêcherait.
Je comprends la procédure des comités et le fait que l'ordre du jour a été envoyé, mais maintenant c'est maintenant, nous avons assez de place et les témoins sont prêts à témoigner, alors pourquoi pas. Je pense que ça permettrait aux membres du Comité de mieux interroger les témoins et de déterminer de quelle manière la communication a fonctionné ou n'a pas fonctionné, ce qui est au coeur de la question. Sinon, je pense que la discussion sera très décousue. On entendra un témoignage, pendant lequel il y aura des allusions à ce que EACL et d'autres font, puis une heure plus tard ces intervenants qui répondront aux questions auxquelles on aurait préféré recevoir une réponse pendant la première heure.
Je ne vois pas pourquoi les membres du Comité, particulièrement ceux du parti ministériel, ne seraient pas d'accord. Les membres de l'opposition se montrent prêts à modifier l'ordre du jour.
Comme les témoins sont présents et qu'on pourrait ainsi avoir une meilleure séance, je ne vois pas pourquoi on ne le ferait pas.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Binder, je vais vous poser la question à laquelle tous les Canadiens veulent une réponse, c'est-à-dire, quel est le risque pour le public ou pour l'environnement?
Vous avez dit plusieurs fois dans votre rapport que les incidents avaient eu peu d'importance sur le plan de la sûreté. Vous n'avez pas parlé des événements du mois de décembre. Ensuite, vous avez dit qu'il n'y avait pas eu de risque pour la santé, la sécurité ou l'environnement. Ensuite, au sujet des événements du week-end dernier, vous avez répété qu'ils n'avaient pas posé de risque à la santé ou à la sécurité du public, des travailleurs ou de l'environnement.
J'aimerais revenir là-dessus. Que voulez-vous dire lorsque vous dites que le risque pour le public a peu ou pas d'importance, ou encore qu'il n'y en a pas du tout?
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Dans tout projet industriel, de l'exploitation pétrolière à l'exploitation de charbon, quel qu'il soit, il y a ce que l'on appelle « les émissions prévues ». Dans notre secteur, cet élément est contrôlé, surveillé et mesuré. En d'autres mots, nous déterminons ce qui est acceptable pour un projet donné.
Ces limites sont établies par la communauté scientifique et médicale internationale. C'est la communauté médicale qui détermine ce qu'est un niveau approprié. Ce n'est pas nous. Nous adoptons ces limites, les appliquons et les imposons, puis nous ajoutons d'autres facteurs de sûreté.
Par exemple, la réelle incidence de la radiation sur la santé du public et sur l'environnement se mesure par ce que l'on appelle le millisievert. Si l'on permet une incidence d'un millisievert, nous considérons que tant que nous sommes en-dessous de ce niveau, les risques pour la santé sont très faibles.
Madame Thompson, je ne sais pas si vous voulez ajouter quelque chose.
Toutes nos opérations au Canada se fondent sur cette norme sur la santé.
:
Dès que quelque chose se produit... Tout d'abord, vous devez tous savoir qu'il existe toutes sortes de mécanismes, de dispositifs de déclenchement et d'indicateurs qui effectuent des mesures. Si un déclencheur est activé, les opérateurs se rendent sur place pour déterminer ce qui cloche.
S'ils pensent qu'il y a, disons, une fuite, comme cela s'est produit le 5 décembre, ils interviennent. Des employés sont sur place; nous talonnons nos opérateurs de près. Nous surveillons ce qu'ils font. L'opérateur sur place téléphone à l'inspecteur responsable et l'informe le jour suivant que quelque chose ne tourne pas rond. Nos gens se rendent sur place et ensemble, ils tentent de déterminer ce qui se passe.
Si un certain seuil est dépassé, dans ce cas particulier, une fuite de 10 kilogrammes d'eau lourde, ils sont tenus de nous envoyer un rapport écrit et formel. Ils rédigent ce rapport et si l'incident est réputé important, le titulaire de permis doit comparaître devant la Commission dans le cadre d'une audience publique pour expliquer l'importance de l'incident. Cette audience est publique, et les gens peuvent intervenir et formuler des remarques.
Le problème, c'est que les deux parties ont déterminé que l'incident n'était pas important en raison de la quantité relativement infime d'eau lourde. Nous avons convenu que nous pouvons faire mieux. Puisqu'ils nous rendent des comptes, nous pourrions tout aussi bien signaler à tout le monde qu'un incident s'est produit; nous cherchons d'ailleurs à améliorer nos exigences en matière de rapports.
:
Monsieur Binder, le 10 décembre 2007, le gouvernement a pris un décret, qui n'a été rendu public que le 26 décembre, le lendemain de Noël 2007, décret par lequel il confiait à la Commission canadienne de sûreté nucléaire que vous dirigez un deuxième mandat. D'une part, vous devez assurer la sûreté nucléaire et maintenant, d'autre part, selon le libellé du décret, vous devez tenir compte de « la santé des Canadiens qui dépendent, à des fins médicales, des substances nucléaires produites par les réacteurs nucléaires ».
Il n'y a eu aucun débat, aucun projet de loi, rien à la Chambre des communes, rien dans notre comité.
Hier soir, sur le site Web de CBC, cbc.ca, à 23 heures, Linda Keen, dans sa première entrevue depuis son limogeage par l'ancien ministre, disait craindre pour la sécurité des Canadiens pour deux raisons, la première étant le deuxième appel du ministre Gary Lunn qui lui ordonnait d'autoriser le redémarrage du NRU. Il lui a donné cet ordre même si elle lui conseillait, conformément à la loi qui régit votre commission, de ne pas le faire pour des raisons de sécurité.
La deuxième raison pour laquelle, selon elle, les Canadiens devraient s'inquiéter de la sûreté nucléaire du pays c'est le double mandat que vous devez maintenant exécuter, selon des ordres du gouvernement du Canada ou plutôt du gouvernement conservateur, sans consultation, sans débat parlementaire, sans débat en comité et qui vous oblige, en tant que principal organisme de réglementation de la sûreté nucléaire au Canada, de mettre en équilibre la production d'isotopes médicaux et la sûreté nucléaire.
Tout d'abord, est-ce qu'elle se trompe? Deuxièmement, y a-t-il ailleurs au monde une commission de sûreté nucléaire qui a ce même double mandat?
:
Silence, s'il vous plaît.
Nous allons reprendre la séance maintenant et entendre nos témoins. D'Énergie atomique du Canada limitée, nous recevons Hugh MacDiarmid, président-directeur général — merci beaucoup d'être ici —, Bill Pilkington, vice-président principal et agent principal du nucléaire, et Michael Ingram, vice-président principal, Exploitation.
Merci beaucoup, messieurs.
De l'Association nucléaire canadienne, nous recevons Murray Elston, président et chef de la direction.
Merci, monsieur Elston, d'être ici cet après-midi.
Je crois comprendre que M. MacDiarmid fera un exposé au nom d'Énergie atomique du Canada limitée.
Monsieur Elston, vous n'avez pas préparé de notes; vous voudrez peut-être faire une courte déclaration. Je crois comprendre, monsieur Elston, que vous devez partir vers 17 heures.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Français]
Je vous remercie de votre invitation à venir vous parler d'Énergie atomique du Canada limitée aujourd'hui.
Je suis accompagné de M. Bill Pilkington, vice-président principal, Recherche et activités technologiques, et agent principal du nucléaire. Ses responsabilités de direction couvrent l'exploitation des installations de Chalk River. M. Michael Ingram, vice-président principal de l'exploitation de la Division CANDU, est également ici. Il est notamment responsable des projets de remise à neuf des centrales, comme celles de Bruce et de Pointe Lepreau.
[Traduction]
Avant de répondre à vos questions, j'aimerais donner un aperçu du mandat d'EACL, puis discuter de deux problèmes qui ont fait récemment l'objet de commentaires.
Le Parlement a confié deux mandats à EACL. Le premier est de bâtir une entreprise commerciale...
:
Comme je le disais, le Parlement a confié deux mandats à EACL. Le premier est de bâtir une entreprise commerciale mondiale qui conçoit, construit et entretient des réacteurs nucléaires. Ce secteur d'activités est principalement basé à Mississauga, en Ontario. La technologie CANDU d'EACL est la source éprouvée, fiable et sûre d'énergie propre pour des millions de personnes au Canada et ailleurs.
Notre second mandat est d'exploiter un laboratoire national de science nucléaire situé à Chalk River. Ce mandat a engendré un programme de recherche et développement de classe mondiale qui appuie notre parc de réacteurs CANDU et les communautés des chercheurs et des universitaires canadiens, ainsi qu'une fonction de production d'isotopes qui fait l'actualité.
À propos des isotopes, mentionnons qu'il n'existe que cinq réacteurs au monde qui produisent la plupart de ces isotopes. Habituellement, Chalk River fournit environ le tiers de la production mondiale. L'été dernier, on a dû arrêter un des cinq réacteurs, celui des Pays-Bas qui est actuellement en phase de redémarrage. Pour combler la baisse subséquente de production, EACL a augmenté la cadence et comble actuellement plus de la moitié de la demande mondiale.
Je dois néanmoins mentionner qu'en moyenne, les besoins du Canada correspondent à 10 p. 100 environ de la production d'EACL, ainsi la majorité des isotopes que nous produisons sont consommés à l'étranger.
Des investissements sont nécessaires pour assurer la fiabilité de la fourniture d'isotopes et des activités essentielles de R et D. La majorité des 351 millions de dollars supplémentaires que nous demandons pour le prochain exercice financier contribueront au programme visant à moderniser les laboratoires de Chalk River — notamment l'accroissement de la fiabilité de la fourniture d'isotopes.
Nous sommes très conscients de la nécessité d'obtenir de la CCSN un renouvellement de notre permis d'exploitation du réacteur NRU en octobre 2011. À cet effet, nous travaillerons étroitement avec cet organisme.
Ceci m'amène aux inquiétudes soulevées par des fuites qui seraient survenues à Chalk River. J'invite les membres du Comité à consulter les rapports d'EACL et de la CCSN sur ce sujet, que la ministre des Ressources naturelles a déposés en Chambre. J'aimerais souligner que ces rapports démontrent clairement que le public n'a jamais été exposé à un danger et qu'EACL a suivi rigoureusement les procédures établies.
J'aimerais aussi brièvement discuter du Budget supplémentaire des dépenses (C) pour 2008-2009 de 100 millions de dollars visant la poursuite des travaux de prolongement de la vie utile des réacteurs. La capacité d'EACL d'offrir son service de prolongement de la vie de réacteurs CANDU est fondamentale pour la compétitivité de notre technologie. Potentiellement, nous pourrions entreprendre 20 de ces projets pendant les 15 prochaines années. Les deux projets de remise à neuf actuellement en cours à Bruce et à Point Lepreau sont très différents l'un de l'autre. Tous deux sont des premières.
Malheureusement, il est vrai que nous sommes en retard sur l'échéancier et nous déplorons une augmentation imprévue des coûts. Mais ces projets de remise à neuf ne sont pas l'ajustement de quelques boulons et l'application d'une nouvelle couche de peinture. C'est une tâche complexe de déconstruction et de reconstruction d'un réacteur nucléaire. Par plusieurs aspects, ce travail est plus compliqué que la construction d'un nouveau réacteur.
Nous avons mis en place des procédures rigoureuses d'examen et de surveillance. Nous avons apporté des modifications aux besoins et nous bénéficions des leçons tirées. Nous avons formé des équipes de professionnels expérimentés, compétents et dévoués sur les sites des deux projets pour réaliser notre entreprise. Cependant, nous ne ferons pas de compromis sur la sûreté et la sécurité au travail.
[Français]
Une fois les projets terminés, pendant 25 autres années, nos clients disposeront de réacteurs capables de produire de l'électricité de façon fiable et avec peu d'émissions. Plus de 50 p. 100 de l'énergie consommée en Ontario est d'origine nucléaire, et cette proportion est de 30 p. 100 au Nouveau-Brunswick et à l'Île-du-Prince-Édouard.
[Traduction]
Pour conclure, nous faisons face à des défis. Or, depuis 50 ans, nous avons relevé et surmonté de tels défis et voulons continuer à le faire. Au-delà de ce défi, une occasion exceptionnelle est offerte au Canada. Les besoins mondiaux en électricité doubleront au cours des 30 prochaines années et, déjà, la demande pour les réacteurs nucléaires s'accroît rapidement. C'est une occasion qui vaut 2 billions de dollars. Fort des antécédents d'EACL, de ses produits, de ses partenaires canadiens et, surtout, de ses remarquables employés, le Canada occupe une position unique qui lui permettra de créer une industrie pour le XXIe siècle qui engendrera des milliers d'emplois très bien payés. Cette possibilité est l'avant-plan des objectifs d'EACL.
Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, je vous remercie de m'avoir invité. Je m'excuse si je n'ai pas préparé d'allocution. J'ai distribué les faits saillants de notre manuel de 2008. Nous sommes en train de préparer le manuel de 2009. Nous avons des publications sur notre site Web. Nous avons aussi des publications version papier, notamment une qui s'intitule L'Énergie dans le monde, en anglais et en français. Les deux versions se trouvent sur notre site Web, mais il en existe également des versions papier.
La raison pour laquelle nous n'avions pas trop de temps pour nous préparer ces jours-ci, c'est que notre conférence annuelle aura lieu mercredi. Je remercie le Parlement du Canada de me permettre de faire une petite publicité. Bien sûr, les députés ont été invités à assister à cette conférence.
Comme on peut le constater avec le profil des conférenciers, nous abordons de façon générale les intérêts de l'industrie nucléaire. C'est une industrie qui représente 6,6 milliards de dollars par année au Canada. Nous avons un très grand nombre d'exportations. En fait, si on regarde les résultats générés par la vente de deux réacteurs CANDU6 à l'étranger, par exemple, on s'aperçoit que cela a une incidence de 5,973 milliards de dollars sur le PIB. Il s'agit donc en fait d'une occasion très prospère, comme l'a souligné M. MacDiarmid.
Je peux vous dire que l'Association nucléaire canadienne est reconnaissante des efforts qui sont faits pour s'assurer que ce secteur demeure concurrentiel. Je dirais que, par exemple, alors que les Canadiens partout au pays cherchent à mettre en valeur de nouvelles industries novatrices pour assurer notre avenir, ils ne doivent cependant pas oublier le secteur nucléaire qui est déjà en tête dans bon nombre de domaines sur le plan du développement de la technologie nucléaire dans le monde entier. Sur le plan de la compétitivité, cela représente pour nous une occasion importante de prospérité à l'échelle internationale. J'ai été très heureux de constater que le budget proposait des investissements à cet égard.
J'ai toutes sortes d'autres renseignements disponibles pour ceux qui aimeraient vérifier notre site Web, mais pour le moment, après ces brèves observations, je suis prêt à répondre à quelques questions.
:
Oui, je voudrais tout simplement faire une petite observation.
Tout d'abord, il y quelques endroits où la prospection et la mise en valeur de l'uranium ont augmenté assez rapidement. Le Canada avait auparavant l'une des plus grandes réserves connues. Il a maintenant été surpassé par l'Australie. L'Australie a éliminé des moratoires sur une partie de son exploitation minière et de son extension. En même temps, le Kazakhstan s'est à la fois ouvert à la prospection et a connu des développements pour trouver de l'uranium. Jusqu'à environ l'année 2011, il y aura également l'utilisation de combustibles MOX provenant de la conversion de matériel militaire russe en combustibles civils. Donc, pour l'avenir immédiat et pour plusieurs décennies à venir, on ne s'attend pas à ce qu'il y ait de pénurie pouvant causer un problème énorme pour l'industrie.
Deuxièmement, pour opérer une centrale nucléaire, les coûts d'exploitation sont relativement peu élevés, soit moins de 5 p. 100 de l'ensemble des coûts d'exploitation, de sorte que l'impact sur le prix final que doit payer le consommateur est très limité. Naturellement, c'est là l'une des raisons pour lesquelles en mettant au point l'ACR-1000, par exemple, nous cherchons à réduire la consommation de combustible, à produire plus d'énergie et, au bout du compte, à offrir aux gens un prix plus concurrentiel pour l'électricité. Avec ce genre de progrès, nous nous attendons à ce que l'espérance de vie des réserves se prolonge.
Une autre chose qui est intéressante au sujet de l'uranium, c'est qu'à mesure que le prix augmente, il devient plus rentable d'exploiter des gisements plus marginaux. Le terme marginal est un terme relatif, mais je peux vous dire qu'en Saskatchewan — à McArthur River — il y a des gisements d'uranium d'une pureté de 80 p. 100, ce qui est tout simplement une ressource phénoménale pour le Canada. À d'autres endroits, les gisements ne sont pas aussi purs, mais à mesure que le prix augmente, on ouvrira de plus en plus de réserves, et il y aura de plus en plus de travail. En fait, en plus des différents combustibles qui peuvent être utilisés, nous avons une durée de vie très longue devant nous.
:
Merci, monsieur le président.
Il y a certaines choses qu'il faut bien comprendre. Les méthodes utilisées pour remettre en état les installations de Lepreau et de Bruce sont différentes parce que les modèles qu'on veut revitaliser sont différents. Mais dans l'un et l'autre cas, les gens d'EACL ont fait énormément de recherche et développement, et utilisé beaucoup de nouvelles technologies.
Les nouvelles machines, les nouveaux mécanismes de réduction et d'entreposage des déchets sont des produits de première génération. Les mêmes activités de recherche-développement ont permis de mettre au point plusieurs produits qui sont déjà utilisés ailleurs dans le monde. À Bruce et à Lepreau, nous travaillons sur des projets individuels, mais la recherche-développement de cette entreprise a ouvert plusieurs débouchés commerciaux sur d'autres marchés.
Premièrement, nous avons appris certaines leçons, évidemment; et deuxièmement, certaines pièces d'équipement pourront être utilisées dans d'autres installations; et troisièmement, le perfectionnement des nouveaux employés qui vont travailler à ces projets de remise en état ou de revitalisation va s'avérer indispensable pour propager le savoir-faire canadien dans le monde entier dans l'avenir, pour ces 20 réacteurs.
Par ailleurs, notre industrie s'efforce en ce moment de recruter des jeunes hommes et des jeunes femmes dans nos universités et nos collèges. Ces programmes de remise en état nous permettent ainsi d'accroître notre capacité afin d'avoir le dynamisme nécessaire pour soutenir la concurrence des très gros joueurs sur le marché international.
Vous avez évoqué un aspect, mais il y a une foule d'autres projets qui vont nous permettre de constituer les effectifs nécessaires au développement d'une industrie nucléaire très robuste au cours du siècle que nous amorçons.