Je suis honoré d'avoir l'occasion de m'adresser au Comité permanent des ressources naturelles et d'échanger sur un secteur clé pour notre pays: l'industrie nucléaire. Elle produit de l'énergie sans CO2 avec une empreinte écologique similaire à l'éolien sur son cycle de vie.
AREVA est une entreprise spécialisée dans la production d'énergie sans CO2. Oui, nous sommes une entreprise nucléaire, Mais nous sommes également une entreprise dans l'énergie renouvelable: l'éolien, la biomasse et la solaire. Nous croyons dans une solution de « juste mix énergétique » et, du coup, nous croyons que le nucléaire n'est pas la seule solution mais une partie de la solution.
AREVA compte, dans le monde, 75 000 employés déployés dans une entreprise intégrée verticalement, engagés dans la production d'énergie sans CO2. Nos activités intègrent autant les mines, la construction de réacteurs, le service sur les réacteurs existants, le recyclage du combustible et, également, la transmission et la distribution de l'électricité. Ici, au Canada, nous employons 1 100 personnes à travers le pays. Nous menons nos activités d'exploration et d'exploitation de mines d'uranium en Saskatchewan depuis plus de 40 ans.
Je suis certain que vous êtes au fait de la renaissance du nucléaire dans le monde. Il est vrai que cette renaissance est ralentie par la crise économique et financière que nous vivons. Des clients potentiels comme les compagnies d'électricité des États-Unis retardent des projets afin d'améliorer leurs bilans financiers avant d'investir dans de nouvelles capacités.
Dans notre industrie, nous pensons en termes de décennies — pas en semaines ou mois. Malgré les difficultés actuelles, la vérité demeure que dans les prochaines décennies d'importants investissements seront nécessaires afin de répondre à la demande énergétique mondiale.
Sur le long terme, la demande énergétique va croître. D'ailleurs, c'est un impératif moral, avec la démographie mondiale, car il est impossible de réduire la pauvreté dans le monde sans accroître la consommation énergétique.
Les capacités de production existantes vieillissent et nécessiteront des remplacements. Le prix des combustibles fossiles est actuellement bas, mais nous savons que les réserves ne sont pas inépuisables. Les prix vont inévitablement augmenter avec le retour de la croissance économique. Quoi qu'il en soit, le monde aura besoin de capacités de production électrique à faible émission de C02 afin de réduire le réchauffement climatique.
Nos études prospectives évaluent à près de 300 réacteurs la demande mondiale d'ici 2030. Des pays comme la Chine construisent massivement des centrales nucléaires. D'autres, comme la France ou les États-Unis regardent attentivement le développement et le remplacement des réacteurs dans les prochaines décennies. Aujourd'hui, dans le monde, nous dénombrons 25 sites de construction de réacteurs: 16 en Asie, cinq en Russie et quatre en Europe.
Spécifions, l'industrie nucléaire poursuit les investissements. Nous avons annoncé d'importants investissements pour augmenter nos capacités de production et accroître la capacité de nos usines en Europe et construire de nouvelles capacités aux Etats-Unis où nous avons des commandes pour de nouveaux réacteurs.
La demande s'avère ne pas être assez: nous devons nous adapter et nous organiser afin de répondre à cette demande. Depuis quelques années, l'ensemble de l'industrie nucléaire s'adapte à cette réalité.
Premièrement, l'industrie a connu une importante consolidation. Au départ, cette consolidation était la conséquence de l'augmentation des coûts pour la conception et la construction d'un réacteur nucléaire de 3e génération plus sécuritaire et plus économique que les réacteurs existants. La conception des modèles de 2e génération a coûté des centaines de millions. La facture pour la conception d'un modèle de 3e génération coûtera des milliards pour chaque modèle.
Bref, personne ne peut y subvenir seul. Notre industrie a dû abandonner la notion traditionnelle, dépassée, de champion national capable de travailler seul dans son coin.
AREVA est née, en 2001, de la fusion d'entreprises de France, d'Allemagne et des États-Unis. En 2007, nous établissions un partenariat avec Mitsubishi afin de créer ATMEA, une JV pour concevoir et développer un nouveau combustible nucléaire.
Je ne représente pas une entreprise française; je représente une multinationale ayant son siège social à Paris. Cette entreprise ne vend pas une technologie française mais une technologie globale découlant d'une conception américaine, du travail d'ingénieurs français et allemands et, sur notre prochaine évolution, d'ingénieurs japonais se basant sur notre expérience en Chine et en Finlande. Sur les 102 réacteurs construits par AREVA — ou en construction — seulement 59 sont situés en France et le reste se retrouve aux quatre coins du monde.
C'est la seule façon de faire actuellement. AREVA n'est pas la seule entreprise de l'industrie à prendre cette tendance mondiale: l'ensemble de nos grands compétiteurs l'ont fait. En 2006, Toshiba a acheté Westinghouse, créant la troisième entreprise nucléaire du monde. En 2007, General Electric et Hitachi se sont liées dans une série de JV. C'est le nouveau visage de notre entreprise: des multinationales présentes à travers le monde afin de mettre en commun les efforts des équipes de R-D et investir des milliards de dollars dans le développement de nouveaux produits.
AREVA a investi 1,2 milliard de dollars l'année dernière en R-D. Cela n'inclut pas la part de Mitsubishi dans les investissements pour notre nouveau modèle de réacteur nucléaire. Toutefois, la consolidation n'est pas assez. Nous devons également préparer l'avenir en recrutant des employés et en organisant une solide chaîne d'approvisionnement mondiale. Crise ou pas, AREVA a besoin des meilleurs employés afin de livrer les meilleurs produits et services aux clients.
En 2008, AREVA a recruté 12 000 nouveaux employés dans le monde. Nous sommes actuellement en pause de recrutement conséquence de la situation économique. Parallèlement, nous investissons massivement dans notre chaîne d'approvisionnement mondiale. Nous avons procédé à des acquisitions, à l'expansion de capacités et à la construction de nouvelles usines. Dans certain cas, comme je l'ai mentionné précédemment, nous mettons en place un partenariat stratégique, exactement comme nous voudrions le faire ici au Canada.
Typiquement, ces partenariats servent des objectifs globaux et locaux. Globalement, ils permettent aux partenaires d'AREVA de fournir des composantes spécialisées à forte valeur ajoutée pour la construction de réacteurs. C'est actuellement le cas avec des entreprises canadiennes: le réacteur nucléaire que nous construisons en Finlande où nous retrouvons des valves et un simulateur fabriqué au Canada.
Au plan local, ces partenariats nous permettent de diminuer nos coûts de construction avec des effets positifs sur l'économie locale. De plus, cette situation nous permet de mettre en place une expertise locale liée à notre position de leader de l'industrie.
Comment cette situation s'applique-t-elle au Canada? Elle s'applique directement. Considérant qu'AREVA a une longe feuille de route dans la mise en place de partenariats avec les entreprises locales, dans les autres marchés, je ne vois pas comment la situation pourrait être différente ici au Canada. Pensons à nos partenariats dans le secteur minier en Saskatchewan.
Le Canada a une grande tradition dans le nucléaire. Encore plus important, le Canada a gardé ses compétences alors que des pays ont fait le choix de délaisser les leurs dans les périodes creuses. Les bases de données des RH d'AREVA incluent, actuellement, 25 000 spécialistes nucléaires canadiens. Situation idéale considérant qu'AREVA a besoin des meilleurs talents dans le monde.
Or, il serait absurde de croire qu'advenant la sélection d'AREVA pour construire un nouveau réacteur au Canada, des Canadiens avec des qualifications nucléaires perdraient leurs emplois. C'est exactement le contraire: non seulement nous devrons préserver les qualifications et compétences existantes, mais nous devrons accroître celles-ci, au Canada, comme nous l'avons fait, sur d'autres projets, dans le monde.
Je voudrais parler brièvement de la situation en Ontario. Nous sommes, évidemment, déçus de la suspension du processus d'achat. Nous croyons qu'une réflexion sur la demande énergétique à long terme doit prévaloir. Nous sommes d'avis que la province d'Ontario doit débuter l'initiative menant à la construction d'un réacteur maintenant. Évidemment, nous voudrions qu'une technologie d'AREVA soit sélectionnée. Nous considérons — et nous l'avons officiellement offert au gouvernement fédéral — la possibilité de transférer une licence sur une technologie d'AREVA éprouvée à une entité canadienne, possiblement EACL.
Un transfert de licence au Canada permettrait de créer de nouveaux emplois localement dans l'industrie nucléaire en plus de garantir le maintien des compétences au pays. Le Canada aurait accès à une technologie de réacteur à eau légère soit, actuellement, 90 p. 100 du marché. C'est de la diversification technologique, pas le remplacement. Le Canada va maintenir son rôle de leader au niveau de la technologie à l'eau lourde en plus d'acquérir une expertise dans la technologie à l'eau légère. AREVA serait heureuse d'accompagner une entreprise nucléaire canadienne dans ce processus de diversification en mettant en place un partenariat à long terme.
Il y a également les États-Unis. Des compagnies d'électricité américaines ont annoncé qu'elles allaient construire sept réacteurs AREVA. Quatre de ces projets sont actuellement devant l'autorité de sûreté américaine alors que les trois autres sont retardés conséquence de la crise économique. Lorsque la crise économique sera passée, AREVA va construire deux réacteurs — ou plus — simultanément dans le marché américain seulement. Nous aurons besoin d'aide: des ingénieurs, des valves, des équipements électriques, des capacités de construction, de l'uranium, etc. Les entreprises canadiennes seraient de précieux partenaires dans cette aventure.
Qu'en est-il des déchets? C'est toujours la question qui revient dans l'industrie nucléaire. Chez AREVA, nous croyons que nous avons une partie de la solution dans un concept novateur: le recyclage! Comment ça fonctionne? Nous avons la technologie pour réduire le volume des déchets dangereux d'approximativement 80 p. 100 à 90 p. 100. Le plutonium et l'uranium du combustible usé est recyclable. Le reste peut être entreposé ou enfoui après traitement par le processus de vitrification.
Malheureusement, en Amérique du Nord, les autorités ne se sont pas penchées sur cet enjeu, mais je crois que c'est un sujet capital afin d'assurer la viabilité de l'industrie nucléaire. L'Amérique du Nord devra considérer le recyclage.
Les Isotopes, un sujet qui a reçu beaucoup de visibilité récemment au Canada. AREVA peut aider. AREVA a construit, avec succès, des réacteurs de recherche dans plusieurs pays et nous sommes confiants de pouvoir le faire au Canada en coopération avec une université engagée dans la recherche nucléaire.
AREVA est préoccupée par la clause limitant la participation étrangère dans l'industrie minière de l'uranium au Canada. Nous préconisons depuis de nombreuses années son élimination. Nous sommes encouragés par les recommandations du Groupe d'étude sur les politiques en matière de concurrence, déposées en 2008, et l'engagement du gouvernement fédéral de mettre en place ces recommandations, en particulier celle touchant les mines d'uranium.
Cette politique requiert des entreprises étrangères qu'elles possèdent moins de 50 p. 100 d'une mine d'uranium. Évidemment, suivant l'élimination de cette restriction, AREVA serait encouragée à poursuivre nos 40 ans d'efforts dans les mines au Canada. Notre présence à long terme dans l'exploration et les opérations minières est un facteur de développement via les milliards d'investissements avec pour résultats la création d'emplois et des occasions d'affaire pour les premières nations.
Cette politique entrave plusieurs milliards d'investissements potentiels en exploration et développement au Nunavut et au Québec. Nous avons bon espoir que cette politique sera éliminée.
L'industrie électrique est à la veille d'une nouvelle ère, une ère promettant une production électrique stable, fiable sans émissions de C02 afin de répondre aux besoins énergétiques des nations développées et en développement. AREVA est fière d'être le leader de cette industrie et de travailler avec les gouvernements pour développer une vision à long terme du secteur. Nous nous réjouissons à l'idée d'aider le Canada à jouer un rôle important dans ce secteur en croissance.
Merci.
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Bon après-midi. Merci pour cette invitation à comparaître devant le comité cet après-midi.
Le combustible irradié est un résidu généré par la production d'électricité. Mes propos porteront principalement sur les progrès du Canada à l'égard de la gestion à long terme de ce résidu.
Au Canada, les travaux sur le stockage du combustible irradié ont commencé au début des années 80, après que les gouvernements de l'Ontario et du Canada eurent mis sur pied le Programme canadien de gestion des déchets de combustible nucléaire et confié la responsabilité du développement d’un concept de stockage géologique à EACL. En 1989, en réponse aux préoccupations du public concernant le choix d’un site pour un dépôt, le concept du stockage en couche géologique a été renvoyé devant une commission fédérale d’évaluation environnementale et un moratoire a été déclaré sur les activités de sélection d’un site.
La Commission fédérale a mené une étude approfondie du concept de stockage proposé par EACL et, dans son rapport de 1998, a affirmé que la sûreté technique du stockage géologique avait été démontrée sur le plan conceptuel, mais que l’appui du public n’avait pas été démontré. La Commission a formulé des recommandations qui ont été largement transposées dans la Loi sur les déchets de combustible nucléaire de 2002 — un nouveau cadre de responsabilisation et de décision.
Le Canada a maintenant deux millions de grappes de combustible irradié, ou 30 000 tonnes, entreposées provisoirement, en toute sûreté, principalement en Ontario. La capacité d’entreposage des exploitants de centrales nucléaires est généralement suffisante pour satisfaire à leurs besoins pendant une centaine d'années. Toutefois, ces déchets resteront dangereux presque indéfiniment et ils exigent une bonne gestion à long terme.
Conformément aux exigences de la Loi sur les déchets de combustible nucléaire, des progrès importants ont été réalisés depuis 2002. La SGDN, a été créée par Ontario Power Generation, Hydro-Québec et Énergie Nouveau-Brunswick avec la mission d’élaborer en concertation avec les Canadiens, et de mettre en oeuvre un plan socialement acceptable, techniquement sûr, écologiquement responsable et économiquement viable pour gérer le combustible nucléaire irradié canadien. Un conseil consultatif a été mis sur pied par la SGDN. Des fonds en fiducie distincts ont été institués par les propriétaires du combustible irradié et les sommes accumulées dans ces fonds dépassent actuellement 5 milliards de dollars.
La SGDN a réalisé une étude des autres méthodes de stockage des déchets et a adressé des recommandations au gouvernement du Canada en 2005, conformément à la Loi sur les déchets de combustible nucléaire. Au cours de cette étude qui a duré trois ans, la SGDN a déployé des efforts considérables pour répondre aux attentes de la société concernant la gestion à long terme du combustible nucléaire.
Pas moins de 18 000 Canadiens, dont 2 500 Autochtones ont été mobilisés pour participer à cette étude à laquelle 500 experts ont contribué. Elle a donné lieu à 120 séances d'information et de discussion dans toutes les provinces et les territoires. Nous n’avons pas été surpris de constater que les points de vue pouvaient varier considérablement.
Cependant, un certain consensus existe relativement à certains aspects, à savoir que la sûreté et la sécurité constituent une priorité; la génération actuelle doit s’occuper maintenant de la gestion des déchets qu’elle a produits; nous devons tirer profit des meilleures pratiques internationales et la méthode doit pouvoir s’adapter aux progrès technologiques et aux changements dans les attentes sociétales.
La solution recommandée par la SGDN, la Gestion adaptative progressive, était celle qui correspondait le mieux aux priorités et aux valeurs des Canadiens. Ce plan a été approuvé par le gouvernement canadien en 2007. La Gestion adaptive progressive ou GAP est à la fois une méthode technique et un système de gestion.
La méthode technique est l’isolement dans une formation géologique profonde où le combustible irradié peut être surveillé et récupéré si nécessaire. Cette méthode est conforme à ce qui se fait dans le monde: presque tous les pays ayant un tel programme nucléaire ont opté pour l’enfouissement en couche géologique profonde.
D’une importance aussi grande est la manière dont nous y arriverons. La GAP a été taillée sur mesure pour refléter les valeurs et les priorités des Canadiens. Elle exige une flexibilité quant au rythme et à la manière de réaliser la mise en oeuvre et la capacité de s’accorder avec les changements possibles et le savoir traditionnel autochtone; une ouverture, une transparence et des décisions prises en différentes phases, avec la participation des Canadiens tout au long du processus et l’établissement de l’installation dans une collectivité hôte informée et consentante.
La SGDN est maintenant responsable de mettre en oeuvre ce programme d’infrastructure national qui nécessitera un investissement de l’ordre de 16 milliards de dollars. Il s’agit d’un projet de haute technologie qui offrira des emplois à des centaines de travailleurs spécialisés pendant plusieurs décennies et qui servira de centre d’expertise et de collaboration internationale. Il se réalisera dans le cadre d’un partenariat à long terme entre la SGDN et une collectivité hôte, et favorisera le bien-être de cette collectivité. Il sera soumis à une réglementation stricte et des critères scientifiques et techniques rigoureux en garantiront la sûreté.
En 2008, la SGDN a rendu public son plan de mise en oeuvre à la suite de deux séries de consultations publiques. Nous estimons qu’il est de notre devoir de travailler au nom des Canadiens et que le succès de cette entreprise ne pourra se concrétiser que si le public approuve le projet.
Nous avons établi plusieurs mécanismes pour y arriver d'une manière systématique, notamment: un forum des Aînés autochtones de tous les coins du pays et des projets avec plusieurs groupes autochtones; un forum des associations municipales; un réseau de forums de citoyens et des dialogues multipartites auxquels participent des parties prenantes comme l’industrie, les peuples autochtones, les groupes d’intérêts et les syndicats ainsi que des séances d’information pour les gouvernements provinciaux et fédéral. Ces mécanismes sont utilisés de façon régulière pour recueillir des commentaires sur nos plans de mise en oeuvre et, plus récemment, sur notre processus de sélection d’un site.
La tâche probablement la plus ardue consiste à choisir un site où établir le futur dépôt de combustible irradié. La SGDN a tenu deux séances de discussion publique portant sur le choix d’un site en se servant des mécanismes que je viens de décrire. Si le consensus est suffisant, le processus visant à trouver un site pourrait commencer dès l’année prochaine. Le document préliminaire qui est disponible dans notre site Web décrit un processus de sélection en neuf étapes pour l'évaluation sociale, environnementale et de sûreté. Le processus part du principe que les collectivités doivent choisir librement d'y participer et ont le droit de se retirer. Il se réalise en partenariat et prévoit l'inclusion des collectivités voisines et des peuples autochtones.
Les Canadiens nous ont transmis des points de vue très utiles, notamment concernant la nécessité de l’appui du gouvernement provincial et la reconnaissance de la contribution qu’apportera la collectivité hôte choisie.
Le Canada et ses partenaires internationaux possèdent la technologie permettant l’isolement à long terme sûr dans une formation géologique du combustible nucléaire irradié.
Le Canada peut tirer profit d'une politique gouvernementale solide et d'un cadre législatif qui soutiennent les progrès nécessaires.
Des fonds en fiducie et des mécanismes sont en place pour faire en sorte que le fardeau financier ne soit pas légué aux futures générations.
Appuyée par 25 années d’évaluations, de dialogues et une décision gouvernementale, la SGDN assume aujourd’hui un mandat qui correspond aux attentes des Canadiens.
Merci.
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Merci, monsieur le président et membres du comité de m'avoir invité à comparaître devant vous aujourd'hui.
Comme on vient de vous le dire, je m'appelle Richard Florizone et je suis un Policy Fellow, de l'École supérieure de politique publique Johnson-Shoyama, de l'Université de la Saskatchewan. Je suis également président sortant de l'Uranium Development Partnership dont je parlerai tout à l'heure. Je suis titulaire d'un Ph.D. en physique nucléaire du MIT et je suis actuellement vice-président, Finances et ressources, à l'Université de la Saskatchewan.
Je sais que vous avez pour mandat d'étudier l'état de l'industrie nucléaire au Canada et à l'étranger et je suis ici en raison de mes connaissances dans ce domaine pour vous donner mon point de vue à ce sujet.
Il a été largement question d'une renaissance nucléaire depuis plusieurs années. En fait, on y a même fait allusion tout à l'heure. L'énergie nucléaire suscite, effectivement, un intérêt renouvelé dans le monde étant donné que l'on prévoit la construction de plusieurs de 200 nouveaux réacteurs dans différents pays au cours de la prochaine décennie. Cet intérêt renouvelé est attribuable à divers facteurs dont l'augmentation de la demande d'énergie, les inquiétudes au sujet de la sécurité de l'approvisionnement en énergie, et sans doute surtout les inquiétudes grandissantes que suscite le réchauffement de la planète et plus particulièrement la nécessité de réduire les émissions de carbone.
Le Canada occupe une position très particulière dans ce nouvel environnement. Nous sommes un des pays qui émettent le plus de carbone. Un grand nombre de nos provinces, dont la mienne, comptent beaucoup sur les combustibles fossiles pour produire de l'électricité. En même temps, l'Ontario et le Nouveau-Brunswick répondent à une bonne partie de leurs besoins en électricité grâce à l'énergie nucléaire.
Même si son avenir suscite beaucoup d'interrogations, Énergie atomique du Canada limitée, EACL, a sa propre technologie nucléaire, le réacteur CANDU qui est utilisé dans le monde entier. Nous avons également la Saskatchewan, qui est actuellement le premier producteur mondial d'uranium.
Étant donné le potentiel de renaissance nucléaire et la première place que la Saskatchewan occupe actuellement comme producteur d'uranium, notre province a une importante question à se poser. Quelle devrait être la stratégie nucléaire de la Saskatchewan? Comment pouvons-nous le mieux gérer le développement de nos ressources d'uranium pour contribuer à l'approvisionnement en énergie et à la durabilité environnementale de la planète ainsi qu'à la prospérité et au bien-être de notre province et de notre pays?
Pour répondre à ces questions, le gouvernement de la Saskatchewan a confié au Uranium Development Partnership ou UDP, à l'automne 2008, la mission d'identifier, d'évaluer et de recommander des possibilités de valorisation pour développer davantage notre industrie de l'uranium en Saskatchewan. J'ai eu l'honneur de présider l'UDP qui était composé de 12 représentants de l'industrie, des universités et des communautés touchées, y compris des environnementalistes, des membres des premières nations et des représentants des municipalités urbaines et rurales.
Je voudrais maintenant parler de certaines des conclusions de l'UDP dans trois domaines clés: l'exploration et l'exploitation minière, la production d'électricité et la recherche-développement.
Premièrement, en ce qui concerne l'exploration et l'exploitation minière, les mines d'uranium ont bien servi les intérêts de la Saskatchewan. Elles fournissent environ 3 000 emplois dont 80 p. 100 dans les régions au nord de la province, et plus de 200 millions de dollars par année en redevances et en taxes pour les gouvernements provincial et fédéral.
Pour ce qui est de la demande mondiale, elle semble forte et en expansion, car on prévoit une croissance de 80 p. 100 d'ici 2015. Ce n'est pas seulement à cause des prévisions concernant une renaissance nucléaire; c'est aussi parce qu'on s'attend à ce que la Russie cessera la dilution de ses stocks d'uranium hautement enrichi d'ici 2013 dans le cadre du programme « megatons to megawatts », ce qui augmentera énormément la demande d'uranium primaire.
Même si la Saskatchewan est actuellement le premier producteur mondial d'uranium, nous allons probablement perdre cette première place au profit du Kazakhstan d'ici un an ou deux. Pour préserver notre compétitivité sur le marché mondial, UDP a conclu que la Saskatchewan doit réexaminer son système de redevances et d'incitatifs à l'exploration.
La province devrait également travailler avec le gouvernement fédéral pour établir un processus d'approbation réglementaire plus efficace et clarifier les paramètres et les comptes à rendre à l'égard de la consultation des communautés des premières nations et métisses afin de permettre l'exploitation de nouvelles mines.
Pour résumer, il y a un certain nombre de mesures que les autorités provinciales et fédérales peuvent prendre pour soutenir l'exploitation minière de l'uranium, une industrie solide et en plein essor.
En deuxième lieu, je voudrais parler de la production d'électricité. Dans le monde entier, les gouvernements ont des décisions de plus en plus difficiles à prendre à ce sujet. Les préoccupations à l'égard des émissions de carbone poussent à abandonner progressivement l'utilisation des combustibles fossiles. Toutefois, toute technologie de production d'électricité, y compris le nucléaire, présente des avantages et des inconvénients. Il n'y a pas de technologie ou de remède miracle pour remplacer les combustibles fossiles.
Même si elle suscite la controverse dans certains pays, l'énergie nucléaire est une source d'électricité sûre et à faible émission de carbone. En supposant des coûts d'immobilisation de l'ordre de 4 000 $ le kilowatt alors que le prix du carbone est estimé de 20 $ à 30 $ la tonne, le nucléaire est également concurrentiel par rapport au charbon et au gaz.
En résumé, l'énergie nucléaire peut être un choix logique sur le plan environnemental et économique pour différentes raisons. L'UDP a donc recommandé à la Saskatchewan d'envisager la production d'électricité à partir de l'énergie nucléaire dans le cadre de sa stratégie énergétique à long terme.
Nous avons toutefois un certain nombre de défis à relever pour que des provinces comme la Saskatchewan adoptent l'énergie nucléaire. Deux de ces défis concernent l'opinion publique et la gestion des déchets, mais je voudrais plutôt parler de quatre autres difficultés qui sont peut-être moins largement reconnues, mais dont certaines sont devenues plus évidentes l'année dernière.
Les coûts d'immobilisation constituent le premier défi. L'arrêt de la construction d'un nouveau réacteur en Ontario laisse entendre que les coûts d'immobilisation peuvent poser un problème. Si l'industrie ne peut pas couvrir des coûts de l'ordre de 4 000 $ le kilowatt, la renaissance nucléaire risque de ne pas durer longtemps.
Le deuxième défi est l'incertitude relative à la tarification du carbone. La tarification du carbone confère un avantage très important à la production d'électricité à partir de l'énergie nucléaire. Toutefois, tant qu'un prix n'aura pas été établi pour le carbone, l'intérêt économique de l'énergie nucléaire sera moins clair.
En troisième lieu, il y a l'incertitude entourant EACL et le soutien fédéral, politique et économique dont bénéficiera l'industrie nucléaire. Compte tenu des coûts et des risques du nucléaire, les gouvernements nationaux ont toujours participé dans une certaine mesure à tous les nouveaux projets de centrales nucléaires.
La quatrième difficulté est la baisse récente du prix du gaz naturel. C'est peut-être seulement à court terme, mais quand le prix du gaz est de moins de 5 $ le gigajoule, les centrales électriques au gaz deviennent plus rentables.
La solution à long terme pour la Saskatchewan comme pour les autres provinces sera sans doute de diversifier son portefeuille pour la production d'électricité. Il s'agit de développer l'hydroélectricité dans la mesure du possible; de continuer à développer le charbon propre et le captage du carbone; d'investir dans le développement du potentiel éolien et solaire et de construire des nouvelles centrales nucléaires lorsque c'est possible et si le public est d'accord.
Toutefois, en attendant que la rentabilité de l'énergie nucléaire, la tarification du carbone et l'avenir d'EACL deviennent plus clairs, les provinces canadiennes comme la Saskatchewan auront de la difficulté à se diriger davantage vers la production d'électricité à partir du nucléaire.
En troisième lieu, je voudrais parler de la recherche-développement. Le rôle essentiel que le Canada joue sur le marché mondial des isotopes médicaux a été mis en lumière à l'occasion de la fermeture récente du réacteur NRU, à Chalk River. En plus de la production d'isotopes, le NRU, qui doit être fermé de façon permanente en 2016, permet également la recherche-développement sur la production d'énergie nucléaire et est une source de neutrons pour la science des neutrons. Même si la discussion a surtout porté sur les isotopes médicaux, il y a eu moins de discussions publiques au sujet de ces deux autres applications du NRU.
Il y a d'autres moyens de produire des isotopes médicaux, mais si le Canada veut conserver cet autre type de recherche-développement associé au NRU, notre pays aura sans doute besoin d'un ou plusieurs autres nouveaux réacteurs de recherche.
L'UDP a fait valoir que la Saskatchewan pourrait être un emplacement intéressant pour le réacteur qui remplacera le NRU. Un certain nombre de faits le confirment, mais j'en mentionnerai surtout deux.
Premièrement, la Saskatchewan a eu et a encore une capacité de recherche-développement nucléaire. En 1951, une équipe de recherche de l'Université de la Saskatchewan a été la première à utiliser le cobalt 60 pour le traitement du cancer en collaboration avec EACL.
Deuxièmement, la Saskatchewan a le Centre canadien de rayonnement synchrotron, le seul synchroton du pays et le plus grand projet scientifique que le Canada ait eu en une génération. La proximité du synchroton et d'un réacteur de recherche ou d'une source de neutrons apporterait d'importantes synergies du point de vue opérationnel et sur le plan de la recherche. En fait, les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Suisse et maintenant la Suède ont reconnu la valeur de cette synergie en implantant leurs sources de neutron à côté de leurs synchrotons.
La province de Saskatchewan, l'Université de Saskatchewan et leurs collaborateurs ont donc soumis au gouvernement du Canada une proposition en vue de la création d'une nouvelle installation de recherche de calibre mondial pour répondre aux besoins canadiens en isotopes médicaux et en R-D nucléaire: le Centre canadien de neutrons.
En résumé, la renaissance complète du nucléaire est peut-être discutable et reste à voir, mais l'énergie nucléaire a un solide avenir à l'échelle mondiale. Il y a actuellement près de 400 réacteurs dans le monde qui continueront à avoir besoin de combustible et la construction de plusieurs centaines de nouveaux réacteurs est prévue.
Le nucléaire présente d'importants avantages économiques s'il est possible de réduire les coûts d'immobilisation et surtout si la tarification du carbone est mise en place. Des pays comme la France et l'Inde ont continué à placer le nucléaire au coeur de leur stratégie énergétique et comme je l'ai dit, la production d'énergie à partir du nucléaire n'est pas la panacée, mais ce n'est le cas d'aucune technologie existante.
En Saskatchewan, le rapport de l'UDP a formulé des recommandations quant à la façon dont notre province devrait se positionner dans ce contexte. Le gouvernement fédéral doit maintenant se demander quelle devrait être la stratégie nucléaire pour le Canada. J'espère que mes remarques d'aujourd'hui vous aideront à répondre à cette question.
Merci.
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Je vous remercie de me permettre de témoigner dans le cadre de cette importante enquête.
Mon mémoire est divisé en quatre grandes parties. Dans la première partie, j'examine les facteurs déterminants de la compétitivité économique du nucléaire. Dans la deuxième partie, j'examine les facteurs qui détermineront si la renaissance nucléaire prévue aura vraiment lieu. Dans la troisième partie, j'examine les principaux marchés de l'énergie nucléaire dans le monde et, dans la dernière partie, j'examine les perspectives de vente de réacteurs CANDU dans le monde.
Permettez-moi de commencer par la compétitivité économique de l'énergie nucléaire. En général, on suppose que 70 p. 100 environ du coût de la production d’électricité d’une centrale nucléaire est attribuable aux coûts fixes de construction et de financement, de sorte que je m’attacherai aux déterminants de ces coûts fixes. Trois éléments déterminent les coûts fixes: le coût de construction, le coût d’emprunt et la fiabilité de la production annuelle de la centrale.
Voyons d'abord le coût de construction. Il y a dix ans, lorsque les nouveaux modèles qui devaient être à la base de la renaissance nucléaire sont apparus, l’industrie nucléaire était convaincue que leur coût de construction serait de 1 000 $US le kilowatt, de sorte qu’une centrale type de 1 200 mégawatts coûterait 1,2 milliard de dollars US.
Cette prévision s’est révélée irréaliste. Le coût estimatif des nouvelles centrales américaines proposées semble avoisiner les 5 000 $US le kilowatt alors que, si les communiqués concernant l’appel d’offres lancé par l’Ontario durant l’été 2009 pour acquérir une nouvelle capacité nucléaire sont exacts, le prix courant est d'au moins 7 000 $US le kilowatt.
Par conséquent, le coût estimatif a été multiplié par cinq, puis par sept en l'espace de 10 ans. Ces estimations ont été établies bien avant toute construction et, historiquement, les coûts estimatifs ont presque toujours été inférieurs aux coûts réels. La seule centrale moderne dont la construction est passablement avancée, celle d’Olkiluoto en Finlande, dépassait à l’été 2009 les coûts prévus de 75 p. 100, après quatre années de construction.
Passons maintenant au coût d'emprunt. Il est difficile de se prononcer sur le coût d’emprunt, car ce coût dépend étroitement de la solvabilité du client et de l’effet de la concurrence dans le réseau électrique auquel la centrale sera raccordée. Dans le passé, il était facile et peu coûteux de financer une centrale nucléaire, car tout le risque était assumé par le consommateur. Tous les coûts étaient refilés au consommateur de sorte que le risque encouru par la banque était négligeable étant donné qu'il était assumé par le consommateur.
Maintenant, dans la plupart des marchés européens et nord-américains, l’hypothèse du transfert des coûts ne tient pas. Cela rend les investissements dans le nucléaire très risqués. Par exemple, il y a maintenant un sérieux risque que le propriétaire de la centrale d’Olkiluoto ne puisse rembourser son emprunt et que les banques aient une très lourde perte à assumer. Si un financement était possible, le coût d’emprunt serait très élevé dans les marchés où les coûts ne peuvent pas être refilés aux consommateurs.
Je ne dirai pas grand-chose au sujet du troisième élément, la fiabilité. Dans le passé, la fiabilité des centrales nucléaires était de beaucoup inférieure à ce que prévoyaient les fournisseurs de réacteurs et les compagnies d’électricité. Toutefois, la fiabilité s’est améliorée au cours de la dernière décennie. On ne saurait présumer de la fiabilité des nouvelles centrales, mais il semble que le risque qu’elles soient peu fiables est inférieur à ce qu’il était.
Pour conclure sur l'économie du secteur, les coûts estimatifs de l’électricité nucléaire sont souvent fondés sur des hypothèses irréalistes concernant le coût de construction et le coût d’emprunt et ne reflètent pas le risque économique inhérent aux investissements dans le nucléaire. Selon des hypothèses plus réalistes, le coût de production pourrait facilement être le triple du coût estimatif.
Voyons maintenant si la renaissance est possible. La renaissance repose sur la prémisse selon laquelle les nouveaux modèles de centrale nucléaire dites de génération III+, inspirés des modèles existants, seraient meilleur marché et plus rapides à construire, seraient plus sûrs et produiraient moins de déchets. Cela permettrait de convaincre les pays d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord, qui semblaient avoir renoncé au nucléaire, à commander des nouvelles centrales.
Aucune commande n'a encore été placée dans ce qu'on pourrait appeler les pays de la renaissance. Lorsque le programme américain de renouvellement des commandes nucléaires a débuté en 2001, on prévoyait qu’au moins une unité serait en service en 2010. Il semble maintenant vraisemblable que la construction de nouvelles centrales ne commencera pas avant 2013 aux États-Unis.
Par conséquent, la renaissance ne surviendra au mieux que dans un avenir lointain.
Ces commandes américaines ne seront placées que si l’administration Obama est disposée à adosser des garanties de prêt fédérales à 80 p. 100 ou plus du coût de construction. Pour que le programme de subvention de trois unités de chacun des cinq nouveaux modèles envisagés par les autorités américaines puisse être approuvé, il faudra offrir des garanties d’une valeur de quelque 120 milliards de dollars US. Selon les estimations du Congressional Budget Office, le taux de défaut de paiement pourrait s’élever à environ 25 p. 100, ce qui représenterait pour les contribuables américains une facture d'environ 30 milliards de dollars US.
Au Royaume-Uni, le gouvernement est intransigeant: il ne subventionnera pas les nouvelles commandes nucléaires. Les compagnies d'électricité, qui avaient auparavant indiqué qu'il serait possible de placer des commandes sans subventions, sont maintenant inquiètes et font des pressions pour obtenir notamment un prix du carbone garanti et une taxe à la consommation pour défrayer les coûts additionnels.
Si les gouvernements britannique et américain n’offrent pas de subventions, il n’y aura probablement pas de commandes et, si ces deux importants marchés ne se matérialisent pas, il est beaucoup moins probable qu’il y aura des commandes ailleurs dans les pays occidentaux. Si des commandes subventionnées sont placées au Royaume-Uni et aux États-Unis, cela démontrera que les gouvernements de ces pays ne peuvent faire construire des centrales nucléaires qu’à la condition d’accorder des subventions suffisamment élevées.
Je vais maintenant passer aux principaux marchés de l'énergie nucléaire. Il ne saurait y avoir de renaissance à moins que les fournisseurs n'ouvrent quatre grands marchés du nucléaire: les États-Unis, le Royaume-Uni, la Chine et l’Inde.
La très mauvaise expérience économique du nucléaire aux États-Unis et au Royaume-Uni semble avoir effacé toute perspective de nouvelles commandes. Par conséquent, l’industrie nucléaire marquerait un coup formidable si elle pouvait convaincre ces deux pays de donner une deuxième chance au nucléaire.
Des 55 centrales nucléaires en construction ou en commande ferme dans le monde, 21 le sont en Chine. Des 21 centrales commandées par la Chine, 15 sont fournies par des sociétés chinoises et elles s’inspirent d’un modèle des années 1970. La Chine a commandé des CANDU dans le passé, mais elle semble avoir pour politique d’explorer toutes les technologies nucléaires, puis de faire appel à des sociétés chinoises pour la fourniture des modèles choisis.
L’expérience indienne est très différente. Le gouvernement indien prévoit placer un très grand nombre de commandes, mais ses projections sont irréalistes, et le secteur nucléaire indien fera tout pour s’assurer qu’une grande part des commandes porte sur des modèles indiens. Il semble très improbable qu’il s’agisse de commandes de CANDU.
Pour terminer, examinons les perspectives de ventes de CANDU. Un des objectifs des politiques britannique et américaine de relance du nucléaire était de décerner une homologation générale à plusieurs modèles de la génération III + pour que les compagnies d’électricité puissent choisir parmi plusieurs modèles. Le modèle CANDU ACR-1000 a été soumis à l’homologation dans les deux pays, mais a été retiré en début de processus dans les deux cas.
Cela signifie que les perspectives de ventes de CANDU aux États-Unis et en Europe au cours de la prochaine décennie sont nulles. La seule possibilité serait que la Roumanie ressuscite une très vieille commande placée il y a 30 ans pour trois ou quatre centrales et qu'elle commande une troisième unité.
En dehors de l’Europe et de l’Amérique du Nord, des CANDU ont été vendus à la Corée, à l'Argentine et au Pakistan, mais la Corée a mis au point un modèle PWR américain, pour son marché intérieur, qui ne sera pas importé. Le marché pakistanais est petit et sera sans doute approvisionné par la Chine tandis que l’Argentine a été incapable de parachever la construction d’une centrale commencée il y a 30 ans. Il serait donc peu raisonnable de compter sur de nombreuses commandes de sa part.
L’exportation de réacteurs CANDU, à part peut-être un ou deux anciens modèles, ne sera sans doute possible que si le nouveau modèle ACR-1000 se révèle concurrentiel et fiable au Canada. L’offre faite cet été par EACL pour un CANDU se serait élevée à quelque 10 000 $US le kilowatt, un prix prohibitif. Cela confirme que les commandes dans le secteur nucléaire comportent un risque économique élevé, car la soumission d'EACL tenait compte du fait qu'elle devait assumer une part du risque dans la construction.
Le coût sera élevé pour celui qui prend le risque et il sera défrayé en fin de compte par le public. Il appartient à la population canadienne de décider si le risque peut encore être assumé par les contribuables et les consommateurs d'électricité.
Toute décision en faveur de nouvelles commandes nucléaires comportera des coûts de renonciation. Les programmes nucléaires consomment en général une part très importante des fonds disponibles pour la R-D et exigent tout autant de ressources politiques et d'attention. Bref, si l'on opte pour un programme nucléaire, on risque de négliger les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique, des avenues qui semblent beaucoup moins risquées et probablement plus économiques.
Merci.
Je ne suis pas un membre régulier de ce comité, mais je représente le comté de Berthier—Maskinongé, qui comprend une partie de la région de Trois-Rivières. On est en train de voir un peu à la réfection de Gentilly. C'est une préoccupation de l'ensemble des gens de ma circonscription ainsi que de celle de Mme Brunelle. Je vais vous parler de quelques-unes de ces préoccupations.
D'une part, les gens disent que le système CANDU est dépassé, désuet, non adapté aux années futures et, donc, qu'il faudrait changer le système afin d'avoir un meilleur réacteur nucléaire. D'autre part, il y a toute la question de la gestion des déchets nucléaires qui est soulevée sur la place publique. L'Assemblée nationale du Québec, par exemple, a adopté une résolution à l'effet que le Québec ne veut pas gérer les déchets nucléaires des autres provinces. On va gérer les nôtres, ce qui représente environ 5,44 p. 100 des déchets que nous produisons actuellement. C'est une préoccupation.
À un troisième niveau, celui de la santé de la population, des produits comme le nitrium s'infiltreraient dans les nappes phréatiques, causant ainsi des dommages à la santé, par exemple des cancers chez les jeunes enfants, etc.
Il y a également des préoccupations relativement aux coûts reliés à l'énergie nucléaire. Comme vous le savez, nous produisons plutôt de l'énergie hydroélectrique. Le système de Gentilly ne fournirait à peu près que 3 p. 100 de notre électricité. Par contre, des gens nous suggèrent de maintenir notre expertise dans le nucléaire.
Monsieur Nash, vous dites que chaque province va décider un peu de la gestion du nucléaire et que chacune d'entre elles devra s'entendre avec le fédéral sur la question de la gestion des déchets nucléaires. Que pensez-vous de la décision de l'Assemblée nationale du Québec à l'effet que le Québec n'est pas prêt à gérer les déchets nucléaires, l'enfouissement des déchets nucléaires? Cela aura-t-il pour conséquence que vous annulerez automatiquement le Québec de votre plan de gestion des déchets?