J'aimerais commencer par souhaiter la bienvenue à tout le monde ce matin. Tout d'abord, merci à notre auditoire. Beaucoup de gens sont venus. C'est un signe que la question que nous étudions et notre démocratie intéressent beaucoup de monde. Je vous remercie et vous félicite de votre présence.
Veuillez nous excuser pour le retard. Le vol Montréal-Ottawa a dû faire demi-tour parce qu'il y avait du brouillard à Ottawa.
Une voix: Il n'y a jamais de brouillard à Ottawa.
Des voix: Oh, oh!
Le président: Quoiqu'il en soit, nous sommes maintenant ici. Il s'agit de la 24e réunion du Comité spécial sur la réforme électorale. Les deux témoins présenteront un exposé de 10 minutes chacun. Nous verrons comment les choses se passeront, mais il se peut que nous demandions aux témoins du deuxième groupe de présenter leurs exposés de 10 minutes tout de suite après. Par la suite, l'auditoire pourra poser des questions, de 16 h 15 à 17 heures. Après les exposés de chaque groupe de témoins, les membres du Comité poseront des questions. Ils disposeront de cinq minutes, ce qui inclut les réponses des témoins. Les questions et les réponses sont comprises dans la période de cinq minutes accordée.
Nous accueillons aujourd'hui le directeur général des élections de la Saskatchewan, M. Michael Boda.
Monsieur Boda, je vous remercie beaucoup de votre présence et de votre participation aux discussions sur le sujet important qu'est celui de la réforme électorale.
Nous accueillons également M. Charles Smith, professeur du Collège St. Thomas More de l'Université de la Saskatchewan. Nous le remercions également de sa présence.
M. Boda pourrait commencer. Vous disposez de 10 minutes. Allez-y, s'il vous plaît.
Je tiens à vous remercier de votre invitation à comparaître aujourd'hui devant le Comité spécial sur la réforme électorale.
Je tiens à réitérer l'intérêt que je porte aux sujets qui sont abordés ici et qui visent à mesurer la vigueur de la démocratie au Canada et à déterminer de quelle façon les processus électoraux fédéraux peuvent y contribuer.
Je m'intéresse vivement à la discussion que vous avez lancée à l'échelle du pays et aux efforts que vous déployez pour renforcer et solidifier les valeurs démocratiques de notre nation pour les décennies à venir.
[Traduction]
Un peu comme le directeur général des élections du Canada, Marc Mayrand, qui dirige Élections Canada et qui surveille les activités électorales, j'ai la responsabilité de surveiller les activités électorales provinciales de la Saskatchewan en tant que dirigeant d'Élections Saskatchewan. Mon mandat consiste à gérer un registre des électeurs; à réglementer les partis politiques et le financement des candidats; à assurer une bonne préparation de l'organisation d'activités électorales prévues ou sur demande; et à agir à titre de secrétaire à notre commission de délimitation des circonscriptions électorales. Cependant, contrairement à mon homologue fédéral, j'ai des responsabilités d'enquête semblables à celles du commissaire aux élections fédérales, Yves Côté.
D'entrée de jeu, je dois dire aux membres du Comité que bien que je souhaite vivement contribuer à leurs travaux, je suis également l'un des 14 directeurs généraux des élections au pays. Puisque je suis un administrateur électoral, il ne conviendrait pas que je fasse des recommandations sur le choix du système électoral pour les élections fédérales du Canada ou que je présente une évaluation des différents systèmes électoraux que vous examinez.
À cette étape-ci de vos délibérations, je crois que vous avez déjà déduit que les hauts responsables des élections au Canada sont très sérieux lorsqu'il s'agit du devoir de neutralité. Je sais qu'un certain nombre de mes collègues ont refusé de venir comparaître devant vous pour cette raison. Dans le cadre de nos fonctions, nous refusons délibérément de donner notre opinion sur des questions qui relèvent clairement des législateurs, ce qui inclut répondre aux questions visant à déterminer quel est le meilleur système électoral pour les Canadiens. Notre travail consiste plutôt à donner des conseils sur la façon de faire en sorte que le système choisi par les législateurs et les gouvernements fonctionne ainsi qu'à faciliter un examen continu pour déterminer comment la définition légale du système choisi peut être modifiée comme il se doit, comme ce doit être inévitablement le cas dans une société en constante évolution.
De même, je ne peux pas recommander l'adoption ou le rejet du vote obligatoire, une question de politique publique sur laquelle il appartient aux législateurs de se prononcer, mais je peux donner mon point de vue sur les moyens de rendre ce genre de mesures réalisable dans le contexte canadien.
En ce qui concerne le vote en ligne, il ne m'appartient pas à moi, qui suis directeur général des élections, de dire si le temps est venu d'agir. Mon rôle consiste plutôt à expliquer en quoi de nouvelles méthodes prometteuses peuvent aussi présenter de nouveaux défis sur le plan de l'intégrité du système électoral.
Je suis né et j'ai grandi dans la province, mais avant d'être nommé directeur général des élections de la Saskatchewan en 2012, j'ai passé les deux décennies précédentes dans le monde universitaire, et j'ai organisé et évalué des activités électorales tant dans des démocraties émergentes comme celles du Pakistan et du Ghana que dans des démocraties bien établies comme celles de l'Écosse et des États-Unis. Dans ce contexte, je peux vous fournir des éléments de comparaison sur la mise en place d'un système électoral. Je m'excuse à l'avance si je ne peux tout simplement pas répondre à vos questions. Je dois en quelque sorte faire preuve de retenue dans le cadre de mes fonctions d'administrateur principal, bien que mon collègue, M. Charles Smith, pourra compenser cela grâce à la liberté dont il jouit en tant qu'universitaire.
Permettez-moi de parler d'abord des systèmes électoraux.
Dans le cadre de votre évaluation des différents systèmes, je vous encourage à réfléchir à la mesure dans laquelle de nombreux changements — et tout changement — peuvent avoir une influence sur la participation des citoyens.
Les administrateurs d'élections ont tendance à se concentrer sur les services offerts aux électeurs et sur la tâche de s'assurer que leur expérience au bureau de vote est positive et efficace. En tant que membres du Comité, vous avez l'occasion de réfléchir de manière plus générale aux répercussions que peut avoir un système électoral sur la participation de la population. Le problème du déclin de la participation électorale, non seulement au Canada, mais dans les démocraties occidentales en général, est bien connu, et mes préoccupations correspondent à celles qui ont été exprimées, c'est-à-dire que la légitimité de la gouvernance pourrait être menacée si la situation perdure. En examinant les choix de systèmes électoraux offerts, vous pourriez déterminer si un système en particulier nuirait à la participation électorale et aurait peut-être l'effet inattendu de dresser de nouveaux obstacles à la participation, ou s'il inciterait plutôt les gens à participer et réduirait au minimum les obstacles administratifs qui rendent la participation électorale difficile.
Les administrateurs d'élections souhaitent que tous les électeurs admissibles puissent voter et que les dispositions relatives à l'intégrité du scrutin soient efficaces et ne fassent pas en sorte que des électeurs sont privés de leur droit de vote. Faciliter l'exercice du vote, et non le compliquer, et adopter un système qui favorise la participation électorale pourraient correspondre à l'une des combinaisons de facteurs qui contribueraient à renverser la tendance à la baisse des taux de participation électorale. Partout au pays, les Premières Nations ne sont qu'un exemple de groupes qui ne participent pas au processus électoral et qui pourraient être mieux pris en compte grâce à un meilleur accès au scrutin.
Je ne suis pas ici pour vous dire quel système électoral offrirait les meilleurs ou les plus faibles résultats à cet égard, mais je crois que la légitimité de la gouvernance devient discutable lorsque des taux de participation des électeurs admissibles baissent à 50 % ou moins. J'espère que les gens qui choisiront un nouveau système électoral en tiendront compte.
Puisque vous songez à apporter des changements à notre système, je pourrais vous donner des conseils pratiques qui s'appuient sur mon expérience.
En 2007, j'ai occupé les fonctions d'examinateur adjoint et de directeur de l'examen des élections parlementaires et des élections locales écossaises. Je crois que l'examen de ces élections offre de bons points de repère à votre comité sur ce qui en ressort et sur ce qu'il faut éviter lorsqu'on apporte des modifications à un système électoral. Cela attire également l'attention sur certains éléments des mécanismes de l'élection en tant que système.
Essentiellement, l'expérience écossaise a montré que trop de changements législatifs ont été apportés trop rapidement; il n'y a pas eu suffisamment de temps pour bien les intégrer. Les rôles, les liens et la responsabilité concernant la coordination n'étaient pas bien définis. Le fait de tenir en même temps des élections locales et des élections parlementaires avec l'utilisation d'un système électoral différent et d'un bulletin conçu pour les deux a engendré des problèmes pour les électeurs. On a accordé trop peu d'attention à la conception des bulletins de vote, et ce, trop tard dans le processus. Le processus visant à informer le public sur un nouveau processus électoral dans le cadre de deux systèmes électoraux a été lancé trop tard et sa portée était insuffisante. De plus, les électeurs ont été oubliés dans le processus de réforme, ce qui a eu des conséquences catastrophiques, avec l'annulation de bulletins de vote et une baisse importante de la confiance de la population concernant le processus électoral.
Compte tenu de cette expérience, puisque vous songez à faire des recommandations sur des changements à apporter à notre système électoral, je vous conseille de veiller à qu'on prévoit assez de temps pour apporter les changements. Il ne faut pas exiger des changements trop rapidement. Une élection, c'est comme un navire, et non un canot à moteur; il est certes possible de le tourner, mais pas rapidement. De plus, il faut vous assurer qu'il y a un mandat pour l'établissement d'un bon processus d'information publique concernant tout nouveau système.
Comme je l'ai souligné, je suis profondément préoccupé par le déclin de l'engagement démocratique et de la participation électorale dans notre pays. Malgré cela, et en raison de la neutralité dont je dois faire preuve sur ce qui pourrait être considéré comme un enjeu partisan, je ne vais pas donner de point de vue sur le vote obligatoire, mais j'ai quelques suggestions d'ordre administratif au cas où votre comité déciderait de prendre des mesures en ce sens.
À mon avis, le vote obligatoire doit aller de pair avec une inscription obligatoire des électeurs, qui devrait devenir automatique. Cela signifie que toute personne ayant le droit de voter doit s'inscrire et maintenir à jour les renseignements relatifs à son inscription: adresse domiciliaire, adresse postale et tout changement de nom.
L'inscription automatique ferait intervenir l'État, qui s'assurerait qu'un dossier est créé pour chaque électeur admissible à l'aide d'un mécanisme automatisé et est tenu à jour sans que l'électeur ait à faire quoi que ce soit. Il est vrai que cela constituerait une tâche administrative majeure. Selon de récents rapports de l'Australie, l'inscription volontaire est un processus très inefficace, même si l'inscription y est obligatoire depuis des décennies, et, bien entendu, si un électeur n'est pas inscrit, on ne peut lui infliger une amende parce qu'il n'a pas voté.
Cela nous amène à l'aspect délicat de l'adoption de mécanismes d'application efficaces tant pour l'inscription obligatoire que pour le vote obligatoire. En Australie, l'amende prévue pour une personne qui ne s'est pas inscrite sur la liste électorale est de 170 $, mais c'est discrétionnaire et elle est retirée une fois que la personne s'inscrit. Une personne qui ne vote pas peut se retrouver avec une amende de 20 $, à moins qu'elle fournisse une raison valable à la commission électorale australienne, et dans ce cas, l'amende est annulée. Le taux de participation officiel en Australie est de 94 %, mais cela ne tient pas compte du fait que plus de 1 million de gens sur 17 millions d'électeurs admissibles ne votent pas. Le taux de participation réel est probablement inférieur à 90 %.
L'autre question qu'il faut se poser, c'est de savoir si la participation obligatoire assure une participation démocratique importante. L'Australie a recours à des bulletins de vote à rotation imprimés, sur lesquels l'ordre des choix change pour chaque bulletin émis à un ensemble d'électeurs.
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Merci. Je vous remercie de m'avoir permis de venir vous parler aujourd'hui. J'aime vraiment le bouton avec lequel vous éteignez le microphone. Je suis sûr que bon nombre de mes étudiants aimeraient en avoir un. Encore une fois, merci.
Je remercie le Comité de m'avoir permis de venir lui parler aujourd'hui. J'aborde la question de la réforme du système électoral de façon un peu différente par rapport à certains des témoins qui ont comparu avant moi. Je suis tous les autres témoignages d'assez près. J'aime l'outil en ligne; c'est très bien.
Je suis davantage un historien politique qu'un spécialiste des réformes électorales, mais je m'intéresse directement à la question dans la mesure où j'agis au sein d'organismes comme Représentation équitable au Canada.
Dans le cadre de mes recherches, je me suis penché sur la mesure dans laquelle des groupes de la société canadienne — souvent des groupes marginalisés — ont de la difficulté à provoquer des changements ou à exercer une certaine influence concernant les changements de gouvernement ou de politiques. Plus précisément, je me demande comment on peut faire en sorte que les gouvernements soient davantage tenus de rendre des comptes. En outre, je me demande — et c'est une question commune concernant la gouvernance politique contemporaine — comment on peut faire en sorte que les institutions soient tenues de faire preuve d'une plus grande transparence?
Il y a deux questions dont j'aimerais parler aujourd'hui. Je veux parler premièrement de l'argument historique qui a été présenté au Comité pour défendre le statu quo, et deuxièmement, de la mesure dans laquelle, à mon avis, le système électoral actuel cache les clivages sociaux ou en donne une représentation fausse. Je vais utiliser la Saskatchewan comme exemple. J'ai pensé que cela pourrait être pertinent étant donné que vous vous trouvez présentement dans cette province.
Concernant l'argument historique, je commence par parler de l'observation selon laquelle le système électoral actuel ne fonctionne pas correctement parce que les électeurs ne sont pas au centre du fonctionnement institutionnel. En fait, l'origine du SMUT, du système majoritaire uninominal à un tour, remonte à une époque prédémocratique qui a été façonnée par des élites et des possédants masculins.
Il est important de jeter un oeil critique sur les origines du système, car des opposants à une réforme du système électoral — et cela inclut certains de mes éminents collègues qui ont comparu devant le Comité — font valoir une observation bizarre selon laquelle si au cours de ses 150 années d'existence le Canada est demeuré stable et efficace en tant que démocratie, c'est au moins en partie grâce à son système électoral. Ce genre d'arguments m'étonne et je me demande de quelle façon il est apparu étant donné qu'on semble ici ne pas tenir compte des nombreuses injustices qui ont été commises au cours de l'histoire au nom de l'État canadien par des gens de l'élite, qui ont fait tellement de choses sans avoir de comptes à rendre aux populations de la société canadienne. On peut ici souligner le temps qu'il a fallu attendre avant que les travailleurs, les femmes, les personnes de couleur et les Autochtones obtiennent le droit de vote au pays.
Je ne suis pas en train de dire que l'utilisation du SMUT mène directement à ces injustices, mais plutôt que si les gens qui défendent le statu quo veulent identifier le SMUT aux 150 ans d'histoire du Canada, ils doivent peut-être reconnaître tant les côtés négatifs que les côtés positifs de cette histoire. Je n'ai pas encore entendu un témoin présenter au Comité un historique clair qui établit des liens entre leur conception du Canada d'aujourd'hui — en tant que gouvernement et société bilingues, multiculturels, ouverts et en quelque sorte transparents — et le système électoral. Si ce n'est pas arrivé, c'est parce qu'un tel historique n'existe pas; en fait, il ne pourrait pas exister parce que l'argument ne repose sur aucun fait historique.
Si l'on devait comprendre la façon dont le Canada est passé d'une monarchie constitutionnelle dirigée par des élites masculines blanches à la situation actuelle, il faudrait examiner le SMUT et considérer le système électoral comme un obstacle. Nous avons accompli de grandes choses dans ce pays malgré notre système électoral et non grâce à lui. Différents groupes se sont battus pour se faire entendre malgré les obstacles imposés par notre système électoral, un système qui fait disparaître la compétition et qui représente mal notre diversité politique et démographique.
Les faits historiques montrent que notre système électoral a été maintenu en place non pas pour les raisons nobles qu'invoquent certains défenseurs du statu quo, mais bien pour des raisons liées au pouvoir: il a aussi bien servi les intérêts des deux principaux partis. Je veux souligner qu'il ne s'agit pas ici de condamner la version moderne de ces deux partis en 2016, mais de rappeler que la véritable histoire du SMUT, c'est celle d'un système qui a presque toujours bloqué le chemin aux nouvelles idées et à la prise en compte juste et représentative des grandes questions sociales, politiques et économiques de notre époque.
Compte tenu de cela, j'encourage les membres du Comité à concevoir le système électoral comme étant le produit de luttes politiques. Il n'en est pas totalement séparé; il en fait partie. Le SMUT est bien ancré dans la conception du pouvoir politique du XIXe siècle, qui s'oppose à la diversité, au pluralisme et, franchement, à la démocratie. Je pense que nous pouvons faire mieux.
À mon avis, le Comité a une occasion unique de concevoir un système électoral qui correspond à notre conception du pouvoir politique d'aujourd'hui, soit du XXIe siècle, et qu'il devrait s'agir d'un système qui place l'électorat au centre de sa raison d'être — et c'est là ma seule intervention en français, car mes connaissances du français ont disparu depuis mon départ du Québec. Je suis d'accord avec le député libéral Mark Holland, qui a dit que chaque vote devrait compter et que les points de vue des Canadiens devraient être représentés plus fidèlement.
À mon avis, nous sommes à un point tournant et je félicite le Comité pour le leadership dont il fait preuve dans le cadre de ses travaux. Il est tellement rare qu'un gouvernement au pouvoir accepte d'examiner cet aspect essentiel de notre démocratie. Je pense qu'il sera indispensable que le Comité privilégie une réforme qui reflétera fidèlement le message qu'envoient les Canadiens par leurs votes et qui représentera mieux la diversité du pays. Les recherches indiquent — et c'est évident — que lorsque les gens ne font pas partie des discussions, leurs problèmes et leurs préoccupations ne sont pas vraiment pris au sérieux. En 2016, ce n'est plus acceptable.
Je voudrais parler un peu de la situation de la Saskatchewan. Je crois que le système électoral donne une représentation fausse des clivages sociaux actuels et peut donner une fausse impression sur le message qu'envoient les membres d'une population en votant. Nous avons examiné la façon dont les gens votent dans la province depuis quelques élections, et il est devenu assez évident que notre système actuel ne correspond pas bien à l'opinion qu'expriment les gens par leurs votes.
En 2015, les conservateurs ont obtenu 48,5 % du vote populaire en Saskatchewan et ils ont remporté 10 sièges. De toute évidence, de nombreuses personnes sont favorables à ce que défendent les conservateurs dans la province, mais l'obtention de 48,5 % du vote populaire s'est traduite par l'obtention de 71 % des sièges. Les libéraux ont obtenu 24,6 % des voix, mais n'ont remporté qu'un seul siège — que nous appelons le siège de M. Goodale — en Saskatchewan. Les néo-démocrates ont obtenu 25,1 % des voix et remporté trois sièges, ou 21 % des sièges. C'est en fait le meilleur résultat en 10 ans.
Nous avons examiné les résultats des élections de 2004, 2006, 2008 et 2011. Ils sont très déséquilibrés et font en sorte que tous les sièges ou presque ne sont remportés que par un seul parti, même si au moins la moitié des électeurs de la Saskatchewan ont voté pour un autre parti.
Mes notes d'information qui, je crois, vous ont été remises incluent des données. En examinant les chiffres, on peut sérieusement critiquer le système électoral actuel. Le Parti libéral a obtenu 27,5 % des voix en 2004 et un siège, ou 7 % des sièges. En 2011, le NPD a obtenu 32,3 % des voix sans remporter un seul siège.
Évidemment, le Parti conservateur est le parti préféré de bon nombre d'électeurs de la province. En 2011, il a remporté 56,3 % des voix, soit plus de la majorité, mais aussi 93 % des sièges. Qu'est-ce que cela signifie lorsque les commentateurs examinent la situation en Saskatchewan? Ils disent, eh bien, cette province est très conservatrice, et il est clair que les gens sont pour l'adoption de politiques conservatrices — mais est-ce vraiment le cas? Les résultats déséquilibrés donnent une fausse image de ce qui se passe dans la province et donne au reste du pays une fausse impression de ce que nous sommes et de nos convictions. Cela ne favorise pas l'unité nationale ou la coopération interrégionale. Comment nos partis politiques peuvent-ils aplanir les différences dans ce pays si la représentation n'est pas fidèle à la réalité?
L'histoire ne s'arrête pas là. Selon le recensement de 2011 — j'attends avec impatience le prochain recensement pour mettre une partie de ces données à jour —, la Saskatchewan a la deuxième population autochtone en importance, en pourcentage, parmi toutes les provinces. Si nous tenons pour acquis que la population n'a pas augmenté depuis 2011 — elle a augmenté, mais supposons que ce n'est pas le cas —,15.6% des Saskatchewanais sont des Autochtones, mais aux deux dernières élections, seulement deux Autochtones ont été élus dans la province. Dans les deux cas, il s'agit de la même circonscription, dans la partie nord de la province.
Justin Trudeau a dit que nous devons repartir à zéro dans nos relations avec les peuples autochtones. Il semble que les faire participer aux discussions pour qu'ils puissent parler directement de leurs préoccupations constituerait un premier pas important. C'est particulièrement important, je crois, pour les peuples autochtones qui vivent en milieu urbain. Selon Statistique Canada, en Saskatchewan, la moitié d'entre eux vivent en milieu urbain. Cela laisse entendre que les peuples autochtones des centres urbains ne sont pas représentés dans le système électoral.
Par suite des recommandations de la Commission de vérité et réconciliation qui ont été faites l'an dernier, il me semble évident que le Comité a une occasion unique d'améliorer l'accessibilité au Parlement fédéral et la représentativité. Lorsque vous nous poserez des questions, nous pourrions discuter de la façon dont d'autres pays y sont parvenus. J'ai lu des documents sur la façon dont les Maoris sont maintenant représentés en Nouvelle-Zélande depuis que ce pays a adopté la représentation proportionnelle.
Je pense que l'adoption d'un système plus proportionnel que le système actuel pourrait permettre de transférer du pouvoir aux collectivités autochtones, tant dans les réserves que dans les centres urbains, de sorte qu'elles puissent se faire entendre. La population de la Saskatchewan est diversifiée, et je crois qu'il est temps que nous adoptions un système électoral qui reflète cette réalité.
Merci.
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Bonjour, messieurs. Merci de venir nous parler aujourd'hui. Je tiens à vous saluer. Je tiens aussi à saluer les collègues que je suis content de voir ici, à Regina. Je veux aussi saluer particulièrement les gens du public qui sont venus nous écouter.
Je suis député de Joliette, alors je vais m'exprimer en français. Ce sera une occasion d'utiliser les services d'interprétation.
Je suis content de vous voir et j'ai hâte de vous écouter ce soir. Il y aura une séance à micro ouvert. Si le Comité se déplace dans tout le Canada, c'est pour venir vous écouter.
J'ai plusieurs questions et très peu de temps. Je vais commencer par M. Boda.
Vous avez dit, lors de votre présentation, qu'un des enseignements que vous nous apportez, que nous avons déjà reçu, certes, c'est que, pour procéder à une bonne réforme du système électoral, cela prend du temps. Il faut aller voir les gens, prendre le temps d'échanger avec eux, les écouter, leur faire comprendre le système, consulter tout le monde, bien définir chaque rôle, chaque étape.
Par ailleurs, il y a quelques mois, le directeur général des élections fédérales est venu nous dire que si nous voulions que la promesse du gouvernement soit remplie, c'est-à-dire que nous ayons un nouveau mode de scrutin dès la prochaine élection, il fallait que les modifications soient faites, que la loi soit adoptée, approuvée au Sénat, discutée et tout avant le printemps prochain, au plus tard en mai, voire en juin.
Selon vous, est-ce qu'il s'agit là d'un délai réaliste pour effectuer une bonne réforme?
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais également remercier tous ceux qui sont avec nous ici à Regina. Je reconnais de nombreuses personnes dans l'assistance qui, je le sais, participent activement à de nombreux enjeux, car je les ai vues lutter contre l'extraction de l'uranium et agir dans le dossier du changement climatique. J'espère que nous aurons le temps d'entendre un grand nombre de personnes lors de notre tribune libre.
Dans le temps qui m'est imparti pour parler à nos deux témoins, j'aimerais d'abord m'adresser à vous, monsieur Boda, car vous avez raison lorsque vous dites que nos témoins écossais ont précisé que leur élection représentait en quelque sorte une anomalie, car le pays a essayé un nouveau bulletin de vote et on s'est rendu compte que quelques erreurs avaient été commises.
J'essaie de me souvenir... Le cas de l'Écosse est certainement beaucoup plus complexe que les autres. À ce jour, nous avons entendu des témoins de la Nouvelle-Zélande, de l'Australie, de l'Écosse, de l'Irlande et de l'Allemagne. Pour les gens préoccupés par la question des coûts, certains témoins ont comparu par vidéoconférence. L'Écosse est le seul pays où les électeurs doivent utiliser quatre différents modes de scrutin. Il y a le vote unique transférable pour les conseils municipaux et, de l'autre côté, un système de liste pure pour l'élection de leur député au Parlement européen; il y a également un système de représentation proportionnelle pour le Parlement écossais, et leur député à Westminster est toujours élu par un système majoritaire uninominal à un tour. La plupart du temps, les Écossais parviennent à gérer chaque année d'élections sans créer trop de difficulté ou de confusion.
Avez-vous examiné le cas d'autres pays? Vous étiez personnellement présent en Écosse pendant l'élection qui a entraîné le plus de confusion là-bas, à mon avis, car on utilisait un différent type de bulletin de vote. Avez-vous des observations à formuler sur d'autres pays pour lesquels nous avons entendu des témoins — la Nouvelle-Zélande, l'Australie, l'Allemagne ou l'Irlande?
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Je vous remercie de votre question.
[Traduction]
Je suis profondément inquiet du taux de participation électorale dans les démocraties occidentales et ici, au Canada.
Aux dernières élections générales, ici, en Saskatchewan, nous avons fait les choses un peu différemment. Au cours des prochains mois, je vais soumettre à l'Assemblée législative un document dans lequel nous décrivons comment nous avons évalué la participation électorale en fonction du nombre d'électeurs admissibles, plutôt qu'en fonction du nombre d'électeurs inscrits.
Lorsque la participation était mesurée en fonction des électeurs inscrits, nous arrivions à un résultat d'environ 65 %; dans ce contexte-ci, en 2016, nous étions à 53,5 % des électeurs admissibles, alors qu'en 2011, c'était de 51,1 %. Nous avons donc enregistré une hausse de la participation électorale en fonction des électeurs admissibles pour les dernières élections.
Les gens de la Saskatchewan en entendront parler davantage à l'automne, mais pour moi, c'est très inquiétant, car beaucoup d'électeurs se sont complètement désintéressés du processus.
Vous vouliez savoir si une réforme permettrait, à court ou à long terme, d'accroître la participation électorale. Ma réponse serait que je ne le sais pas. Je ne peux pas répondre à la question, à part peut-être en vous disant que bien des variables et bien des éléments — propres à un système électoral — ont des répercussions sur le taux de participation. Je ne saurais dire si une réforme électorale permettra d'accroître le taux de participation ou non. Ce n'est qu'une des variables en question, et il y a certainement des répercussions inattendues à la mise en place de tout nouveau régime électoral, alors il y a une part d'inconnu dans tout cela.
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Oui, et je pense qu'on pose la même question partout au pays. Mes collègues du bureau du directeur général des élections, y compris Marc Mayrand, se penchent justement avec attention sur cette question. Comment pouvons-nous améliorer l'expérience de l'électeur?
Pendant les dernières élections fédérales, vous avez vu qu'il y avait des files d'attente. Il y en a d'abord eues lors du vote par anticipation en Saskatchewan. Nous avons réagi très rapidement. Le fait est que notre société évolue, tout comme nos besoins et ce que veulent les électeurs. Plus que jamais, ils veulent voter par anticipation.
Nous nous penchons entre autres sur le système électoral — c'est-à-dire, pas le système électoral, mais la façon dont nous effectuons le scrutin. On parle actuellement beaucoup de ce qui est parfois appelé le modèle du Nouveau-Brunswick ou le modèle des guichets bancaires. L'Australie, les États-Unis et d'autres pays s'en servent depuis de nombreuses années. Ce modèle permet de rendre le scrutin plus efficace pour les électeurs, car ils ne sont pas limités à une boîte de scrutin précise. Ils se présentent, on s'assure qu'ils sont inscrits, et cela ressemble ensuite plus au modèle des guichets bancaires, dans le sens où les électeurs peuvent se rendre à un guichet disponible. Cette façon de faire accroît l'efficacité du processus électoral.
Il y a des choses de ce genre. On ne parle même pas de retouches; c'est une amélioration majeure du processus. Je sais que nous sommes nombreux à réfléchir à des recommandations en vue d'améliorer l'expérience des électeurs aux urnes.
Ce n'est pas tout. Nous avons parlé du vote en ligne, et il y a également l'idée du vote électronique. La question est de savoir, tout en trouvant un équilibre entre intégrité et accessibilité, comment nous pouvons aller de l'avant au XXIe siècle et recourir à des moyens technologiques afin de les mettre à l'essai auprès de personnes qui ne disposent d'aucune accessibilité? Je serais très favorable à cette approche. Comment pouvons-nous recourir au vote postal? Le vote postal devient populaire aux États-Unis, comme beaucoup d'entre vous le savent. Est-ce une possibilité?
Je pense qu'il est possible d'innover, mais, encore une fois, pour revenir à l'idée d'en faire trop, trop rapidement, nous devons penser en fonction de deux ou trois cycles électoraux plutôt que de tout faire d'un coup. À mon avis, l'exemple de l'Écosse montre très clairement que cela pose problème d'apporter trop de changements trop rapidement.
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Merci, monsieur le président.
Je sais que vous avez un peu de retard, et j'espère pouvoir être succincte.
Je veux d'abord remercier le Comité de m'avoir invitée à prendre la parole aujourd'hui. Je vais commencer par vous dire que je n'ai jamais avant présenté d'exposé devant un groupe parlementaire officiel comme celui-ci, ce qui me rend un peu nerveuse, comme vous pouvez le comprendre. J'ai pu discuter à l'occasion avec certaines personnes qui se trouvent à la table et qui m'ont dit que je n'ai pas de raison d'être aussi nerveuse. J'espère vous permettre de vous rattraper un peu dans le temps, étant donné que je suis la seule à témoigner, l'autre personne n'ayant pas pu venir. Sur ce, je vais prononcer ma déclaration liminaire, après quoi vous pourrez me poser vos questions.
Je suis Darla Deguire, et je suis la directrice régionale du Congrès du travail du Canada, région des Prairies, ce qui englobe la Saskatchewan, le Manitoba, l'Alberta, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut. Je tiens à féliciter le gouvernement et le Comité de tenir ce processus de consultation, et à vous remercier de me permettre de témoigner.
Il est grand temps d'examiner la façon dont les Canadiens élisent les politiciens. Au nom du Congrès du travail du Canada et de nos 3,5 millions de membres, je tiens à dire officiellement que notre système uninominal majoritaire à un tour est dépassé et qu'il ne représente pas les intentions ou les désirs d'ordre politique des Canadiens dans l'ensemble.
Aux élections de 2015, neuf millions de voix n'ont pas compté dans l'élection d'un député qui représenterait l'opinion politique de ces électeurs. Bien trop souvent, un parti peut obtenir la majorité sans même obtenir 40 % des votes. Les deux dernières élections générales se sont traduites par de fausses majorités. En fait, au cours des 30 dernières années, il n'y a pas eu de majorité légitime; il n'y en a eu que quatre en tout depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
Notre système actuel peut causer des tensions régionales au Parlement et pousser les électeurs à voter contre ce qu'ils ne veulent pas, plutôt que de voter pour ce qu'ils veulent. Élire un Parlement qui reflète la diversité de notre pays se révèle difficile.
Afin de mener à un système plus juste, la réforme électorale doit se fonder sur trois principes: premièrement, aucun parti ne devrait remporter la majorité des sièges à la Chambre des communes sans avoir rallié la majorité des voix; deuxièmement, toute réforme devrait garantir que le nombre de sièges qu'un parti décroche est proportionnel à sa part du vote populaire; troisièmement, la réforme devrait aussi tenir compte de l'importance de la représentation locale.
Ces principes se retrouvent dans plusieurs modèles de représentation proportionnelle. Au fil de ma déclaration, je vais peut-être dire RP, ce qui signifie manifestement « représentation proportionnelle ».
Avec la représentation proportionnelle, le Canada aura un système juste qui élimine le gaspillage de votes et qui transforme de manière plus exacte les votes en sièges au Parlement. La RP garantit un système plus équitable et plus démocratique, mais elle s'accompagne aussi d'autres bienfaits.
Dans des pays ayant adopté la RP, on compte plus de femmes et de personnes de groupes sous-représentés parmi les élus, et la participation électorale a généralement augmenté, de 5 à 7 p. 100 même. De plus, adopter un système de représentation proportionnelle peut contribuer à enrayer l'aliénation et l'insatisfaction, car les gens sentent que leur vote compte. Cela peut aussi améliorer les attitudes quant au système électoral et à la gouvernance en général.
La RP donne plus de pouvoir aux électeurs concernant le programme du gouvernement. Elle encourage les gens à voter pour ce qu'ils veulent, plutôt que de voter pour ceux qu'ils croient pouvoir gagner.
De plus, selon les données de l'OCDE, les gouvernements fondés sur la RP sont plus responsables sur le plan financier. La responsabilité incombe à l'ensemble des partis, et les risques de mauvaise gestion sont plus coûteux. Un parti qui perd le soutien des électeurs va assurément perdre des sièges et, par conséquent, du poids politique. La gouvernance s'en trouve également plus transparente.
Même si n'importe quelle forme de RP sera bien accueillie, nous pensons que la représentation proportionnelle mixte, ou RPM, est la façon la plus simple pour le Canada d'aller de l'avant avec de nouvelles règles fiables. Les Canadiens voteraient encore pour leur représentant local et s'assureraient en même temps une représentation plus équilibrée à la Chambre des communes. Avec la RPM, les gens emploieraient un nouveau bulletin de vote sur lequel ils feraient deux choix: premièrement, ils voteraient pour un député, comme ils le font actuellement, et deuxièmement, ils voteraient pour le parti politique par lequel ils veulent se faire représenter.
Bien entendu, le premier vote servirait à élire le représentant local. Le deuxième vote servirait à déterminer le nombre de sièges que chaque parti remporterait à la Chambre des communes et, au besoin, à montrer la part des suffrages exprimés. Il est toujours possible pour un parti de remporter la majorité, avec le RPM, mais cela ne se produit que s'il rallie la majorité des votes. Si aucun parti n'y arrive, les partis doivent alors travailler en collaboration pour faire avancer les dossiers. En prime, vous avez la collaboration entre les partis politiques, ce qui donne un gouvernement bien plus juste reposant moins sur l'antagonisme que sur la recherche de terrains d'entente afin d'obtenir des résultats et de tenir compte des priorités des Canadiens.
Avec la RPM, nous recommanderions une liste de noms parmi lesquels les électeurs choisiraient. Nous suggérerions aussi aux partis de créer leurs listes comme pour le processus de nomination utilisé dans les circonscriptions. Nous croyons que la majorité des députés devraient être élus localement, dans les circonscriptions, mais nous estimons qu'il faudrait revoir la proportion exacte à intervalles réguliers, comme cela se fait pour nos circonscriptions actuelles. Nous dirions aussi que les listes de députés devraient refléter les différences régionales. Ainsi, les listes de députés seraient étroitement liées aux secteurs qu'ils représentent.
Il est grand temps de modifier notre système électoral et d'opter pour la représentation proportionnelle. En fait, le public soutient fermement ce changement. Les résultats d'un sondage d'Abacus Data mené au début du printemps auprès des Canadiens sur la réforme de notre système électoral sont surprenants: seulement 17 p. 100 des répondants se sont dit à l'aise avec les règles du système uninominal majoritaire à un tour que nous utilisons aujourd'hui.
Cela nous montre, au Congrès du travail du Canada et à moi, à quel point le travail du Comité est essentiel pour obtenir la confiance des Canadiens à l'égard de notre démocratie.
Merci.
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Quelle agréable surprise.
Bienvenue en Saskatchewan, là où l'assurance-maladie a vu le jour, mais aussi où la première loi sur les droits de la personne a été adoptée en 1945, avant la déclaration de l'ONU. Je ne fais que rappeler certains événements réels de l'histoire de la Saskatchewan, qui n'est souvent pas représentée avec notre système électoral.
Nous formons un groupe qui met en évidence les réalités des électeurs et qui montre que le passage à la représentation proportionnelle est une bonne chose pour le Canada, y compris pour la protection de l'environnement. Notre groupe se trouve sur un bassin hydrographique interprovincial — englobant l'Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba — qui a été déréglementé dans une loi omnibus par le dernier gouvernement majoritaire, qui avait un rapport minoritaire.
La RP contribue bien sûr à mieux représenter les importants problèmes régionaux, en plus des préoccupations locales dans les circonscriptions. D'après nous, c'est une bonne chose, car à cause de la fragmentation, il y a au Canada des enjeux qui ne se retrouvent pas au programme politique des gouvernements et qui ne peuvent jamais être compris dans les politiques et la collaboration intergouvernementales.
Des gens de notre groupe venant de 15 collectivités locales de ce bassin hydrographique — l'un de ceux qui sont à risque dans la province et au pays — ont participé à des réunions. Tous cherchent à trouver des façons d'avoir de l'influence dans les systèmes de gouvernance et de politique. Je ne vais pas donner les détails ici, mais je peux vous montrer comment la protection d'un bassin hydrographique peut passer entre les mailles du filet.
Si nous passons à la représentation proportionnelle, nous savons, sur la foi d'études comparatives, que cela amène des changements concernant les systèmes et la protection de l'environnement, de même que la diversité et la participation électorale. Je pense que dans la recherche comparative, il est question des aspects culturels et politiques semblables à l'Australie. C'est vrai. Cependant, je pense que si vous envisagez la comparaison dans l'ensemble, vous allez constater que les questions d'intérêt général qui ne subissent pas les effets de la fragmentation et des intérêts personnels liés au système uninominal majoritaire à un tour vont être incluses dans le programme.
Je pense qu'il est devenu essentiel pour le pays de traiter des questions de Charte, de durabilité environnementale et de polarisation régionale — un faux problème, à mon avis. Je dirais que c'est la même chose à l'échelle mondiale.
Ce que nous disons, en fait, c'est qu'il faut que vous vous penchiez de plus près sur les façons dont le passage à la représentation proportionnelle peut resserrer la culture politique. Nous ne disons pas qu'il faut recourir à des trucs pour encourager les gens à voter, mais qu'il faut abaisser l'âge légal pour voter à 16 ans afin de créer une culture de participation. S'ils ont de l'éducation civique, qu'ils peuvent voter, qu'il y a de bonnes discussions et un bon programme, de là l'existence du directeur de scrutin... Notre éducation est un facteur, dans une culture démocratique. Faites toute sorte de choses en même temps, non pas pour mêler les gens, mais pour mieux expliquer la participation.
En ce moment, nous avons un système qui ne respecte pas en fait la règle de la majorité. Aux trois dernières élections, 23 %, 24 % et 27 % des électeurs admissibles ont créé le gouvernement. L'expression clé est « électeurs admissibles »; on ne parle pas des personnes qui ont effectivement voté. L'idéal de la pleine participation, en démocratie, est l'idéal que nous devons tous viser, votre Comité et nous, dans nos efforts pour raffermir la démocratie.
Selon la Charte, qui représente d'après moi une base solide pour l'adoption de la RP, la liberté d'expression est au coeur des sociétés démocratiques. C'est un principe bien connu de la théorie démocratique et de la théorie des droits de la personne. Si nous ne pouvons voter selon notre conscience pour ce que nous voulons et que nous nous désintéressons ou votons stratégiquement, la liberté d'expression n'est pas tant à notre portée.
Le principe de l'égalité de la Charte me semble clair: une personne, un vote; une personne, un vote qui compte. Il me semble que les impératifs environnementaux et la Charte représentent deux solides principes qui devraient nous éloigner du système uninominal majoritaire à un tour.
L'environnement et les droits de la personne vont prendre de l'importance dans la gouvernance, dans la participation des électeurs et dans notre culture politique, et il existe de nombreux exemples de cela. La polarisation régionale au Canada est particulièrement grave. Je viens d'une circonscription où notre député ne nous a même pas dit que ce comité se réunissait. Nous n'avons appris la tenue des audiences qu'après que votre liste de témoins a été remplie, alors je suis particulièrement heureux et reconnaissant de pouvoir témoigner.
En Saskatchewan, si vous êtes dans un secteur rural et que vous faites partie des 50 % qui n'ont pas voté pour le député, les obstacles à l'acquisition d'une culture politique sont énormes. Prenez les Premières Nations, par exemple. Il n'y avait même pas d'isoloirs dans les collectivités des Premières Nations de notre circonscription, avant la dernière élection. C'est grâce à l'insistance d'un candidat qu'il y en a eu. La différence est énorme, si les membres des Premières Nations n'ont pas à parcourir de longues distances pour se rendre à un bureau de scrutin rural. Le vote fait partie de l'appartenance à une collectivité. En passant, c'est une autre critique concernant le vote en ligne; il n'y a pas que la question de la sécurité. Nous sommes des êtres sociaux et votons au sein d'une collectivité qui se préoccupe des enjeux — certainement des enjeux locaux, et des enjeux régionaux, ainsi que de l'eau. Ce sont les raisons pour lesquelles nous votons. Cependant, si le système électoral est truqué ou qu'il n'est pas impartial, de sorte qu'il n'est pas possible d'établir une coalition favorisant la participation en fonction de ces intérêts, ceux-ci demeureront invisibles au bout du compte, à la suite des élections.
Ce sont nos principaux arguments. Nous allons mettre la dernière main à notre mémoire une fois que nous aurons eu de l'information supplémentaire; nous sommes ici dans une optique d'apprentissage. En ce moment, notre mémoire comporte 13 points. Nous prenons position sur à peu près tout... Cela vient d'un processus visant à essayer de voir ce qui arrive quand un groupe se forme dans une région en vue de protéger le bassin hydrographique et qu'il se met à s'intéresser au système électoral, à ce qui se passe dans les gouvernements et aux programmes des gouvernements.
D'après moi, il n'y a pas de coopération entre les députés de l'Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba — en ce moment, peu importe les partis — pour la protection de notre bassin hydrographique. Je pense que ce serait une chose à vérifier. Ils devraient coopérer. Si un conservateur, un néo-démocrate et un libéral travaillent à le faire, cela nous convient. La culture politique devrait encourager cette coopération. Nous pensons que de passer à la RP — nous ne nous prononçons pas sur le type de RP — contribuera à favoriser cette culture politique.
Ce sont nos principaux points. Vous avez une version écrite, mais notre mémoire final vous sera transmis avant l'échéance d'octobre.
J'ai été ravi d'entendre vos présentations.
Monsieur Harding, je vous remercie d'avoir pris la parole. Ce que vous nous avez dit était très intéressant. Je suis député de la circonscription québécoise de Joliette, où la protection de l'eau est aussi un enjeu très important. Dans le cadre du présent dossier, je vous souhaite la meilleure des chances pour la suite des choses.
Je vais commencer par un bref commentaire à l'intention de Mme Deguire.
Au début de votre présentation, vous avez dit que le système actuel suscitait des tensions régionales. Selon moi, ce n'est pas nécessairement négatif. Le Canada est une fédération composée de plusieurs nations. Au Québec, par exemple, nous avons nos propres référents culturels, nous n'écoutons pas les mêmes médias que vous et nous ne tenons pas les mêmes débats. Il est donc normal que nous ne votions pas toujours de la même façon.
Lors de la dernière élection, nous avons voté pour le parti qui forme actuellement le gouvernement. À l'élection précédente, c'est le parti de mes collègues qui a raflé la mise en créant une bonne grosse vague, la raison étant que les enjeux qu'il mettait en avant correspondaient à ceux du Québec à ce moment-là. La même chose s'est produite dans les Prairies, en Saskatchewan, quand la vague de l'Alliance canadienne a balayé la province. Cela reflétait les préoccupations du moment des citoyens.
Vous deux avez parlé de la nécessité de mettre en oeuvre une réforme qui comporterait davantage de proportionnalité. J'en prends bonne note. Vos arguments me touchent et vous me convainquez totalement. Toutefois, je ne crois malheureusement pas que l'actuel gouvernement va opter pour une telle approche. Quand il a exprimé le désir de modifier le mode de scrutin, il était le deuxième parti de l'opposition. Aujourd'hui, en vertu du système actuel, il forme un gouvernement majoritaire.
Je dis cela parce que nous avons vu la même situation au Québec. Tant le Parti québécois que le Parti libéral ont dit qu'ils allaient procéder à une réforme électorale axée sur la proportionnalité. Or, une fois au pouvoir et ayant été bien servis par le système actuel, ils ne l'ont pas fait.
Advenant qu'il n'y ait pas de réforme axée sur la proportionnalité, quelles autres mesures cadrant avec vos aspirations et vos valeurs pourraient-elles être adoptées dans le cadre de la présente réforme?
Par exemple, serait-il intéressant que le gouvernement actuel mette en oeuvre un système de vote préférentiel?
Madame Deguire, vous avez déjà répondu partiellement à ma question en répondant à M. Cullen.
Autrement, faudrait-il mettre sur pied un système public de financement des partis dans le cadre duquel, en raison de cet apport financier, chaque vote pourrait compter davantage?
Par exemple, faudrait-il réserver des sièges aux Premières Nations, par province?
En commençant par Mme Deguire, j'aimerais savoir ce qui vous intéresserait si la réforme ne s'orientait pas vers un système proportionnel.
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Dans le système où le vainqueur rafle tout, les perdants n'obtiennent rien. C'est ce que signifie ce système. Les perdants sont nos voisins, des citoyens. Nous savons qui ils sont. Nous savons qu'il y a de la pauvreté, des problèmes de logement et d'insécurité alimentaire. Vous le savez bien.
En ce moment, dans ma région, le député ne croit pas que son siège est menacé et, par conséquent, il ne s'occupe pas des intérêts de l'ensemble de la collectivité parce qu'il n'a pas à s'en préoccuper. Il est passé de 56 % à 46 %, alors c'est fini pour lui la prochaine fois. Dans un système de représentation proportionnelle, la représentation aurait été différente dans les régions rurales de la Saskatchewan. Ce ne serait plus bleu.
Il ne faut jamais présumer que dans les régions rurales du Manitoba, de la Saskatchewan et de l'Alberta l'aura de Harper plane encore. Ce n'est pas le cas et cela n'a jamais été le cas. La coopération, le bon voisinage, la planification, le soutien mutuel et l'inclusion de tous dans la gouvernance, même si nous avons voté différemment, sont des valeurs qui sont encore très présentes. C'est simplement qu'elles ne pouvaient pas s'exprimer.
C'est étrange, je suis à la fois un campagnard et un citadin. Je suis né dans une ferme expérimentale à Swift Current, d'où est originaire Brad Wall. Mes parents ont fait l'expérience du premier régime d'assurance-maladie à Swift Current, qui a donné lieu au régime provincial sous Tommy Douglas. J'étais chauffeur pour Tommy Douglas dans ma jeunesse, soit dit en passant. J'ai grandi avec cette éthique.
Il se rendait à des rassemblements dans le même véhicule que des conservateurs et des libéraux parce que le parti n'avait pas suffisamment de voitures. Ils débattaient tous dans la voiture tout le long du trajet jusqu'au rassemblement, ils débattaient durant le rassemblement — avec les créditistes aussi — et ils débattaient encore durant le trajet du retour. Ils cherchaient toujours à comprendre ce que nous essayions de faire en tant que fonctionnaires.
Cette éthique n'existe plus.
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Avec grand plaisir. Je suis ici et j'en suis ravi. J'ai passé les deux dernières semaines à embêter votre greffier à Ottawa au nom de notre groupe. Il semble que la défense des intérêts et la persistance permettent vraiment de pénétrer dans le système.
À Regina, 300 personnes ont participé à la séance de discussion ouverte tenue par le député. Combien de personnes voyez-vous derrière moi? Le même nombre de personnes — 300, mais des personnes différentes — ont assisté à la séance d'information de la ministre, qui s'est très bien passée. Combien de personnes voyez-vous derrière moi? Vous voyez, vous n'entendez pas la même chose que moi, et j'essaie de vous communiquer ce dynamisme.
Je suis le représentant d'un processus d'apprentissage, car en tant que groupe environnemental préoccupé par la protection des bassins hydrologiques, notre groupe a décidé que nous étions concernés. Nous avons tenu des réunions et mené nos propres études. Nous avons assisté aux trois rencontres qui ont eu lieu ici. D'autres membres de notre groupe sont présents. Vous voyez, nous avons énormément appris au cours du dernier mois parce que nous voulions être prêts à vous rencontrer, et la majeure partie de la population n'en fera pas autant.
En outre, un référendum n'est vraiment pas un processus sérieux pour obtenir le consentement démocratique, car si vous listez quatre options sur le bulletin de vote — une de pure représentation proportionnelle et deux types de représentation proportionnelle mixte, et ensuite une sur le système préférentiel et l'autre sur le scrutin majoritaire, c'est un point de vue minoritaire qui l'emportera. Vous le savez tous.
J'étais à Thunder Bay dans les années 1970 lorsqu'on a rebaptisé la ville. Avant, on l'appelait Port Arthur et Fort William. Les gens d'affaires n'aimaient pas la rivalité entre les deux groupes, rivalité qui avait une origine: les Anglais représentaient Fort William et les travailleurs immigrants représentaient Port Arthur. Je connais cette histoire. Sur le bulletin de vote, ils voulaient Thunder Bay. Le bulletin offrait trois options: Thunder Bay, Lakehead et The Lakehead. Vous savez laquelle a été retenue? Thunder Bay. Plein de gens appelaient l'endroit « the Lakehead », et ce, depuis toujours. Ils disaient, par exemple, qu'ils vivaient « au Lakehead ». C'était notre identité commune.
Quoi qu'il en soit, notre ville porte le nom de Thunder Bay, et je l'aime puisqu'il s'agit d'un nom indien, mais le vote n'était pas représentatif, car la majorité des gens utilisaient « Lakehead ». Si l'option sur le bulletin de vote avait été « Lakehead ou the Lakehead », elle aurait probablement récolté 60 % des voix.
La participation et l'apprentissage sont vraiment primordiaux, alors je ne pense pas qu'un référendum permettra de dégager un consentement. Je pense que les parlementaires et le gouvernement doivent avoir le courage de faire avancer le processus. Les gens doivent pouvoir participer à une solution de rechange pour pouvoir l'évaluer. Je pense que c'est réellement le cas.
Il est possible de renverser la vapeur, mais nous devons changer pour encourager la participation du public, surtout en ce moment, car vous savez à quel point l'intérêt pour la politique a baissé. Lorsque j'étais actif dans les années 1960, à l'époque où Lester B. Pearson était premier ministre, 80 % des gens participaient au scrutin. Dans le cas d'un gouvernement minoritaire de Stephen Harper, c'était seulement 61 %. Les libéraux ont obtenu une meilleure participation, mais les quatre millions de personnes de plus qui ont voté ont seulement haussé la proportion à 69 % — c'est donc 10 ou 11 % de moins qu'à l'époque de Pearson. Notre objectif devrait viser un pourcentage plus élevé.
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Merci beaucoup de me donner l'occasion de m'exprimer devant vous.
Je suis le président de l’association néo-démocrate de la circonscription fédérale de Regina—Qu'Appelle. Nous sommes sur le terrain et c'est ce dont il est question. Notre présentation a été le fruit d'une consultation au sein du comité exécutif de notre circonscription fédérale.
Nous ne disposons que de deux minutes, bien que nous ayons aussi demandé de témoigner devant le comité. C'est clair que cela me préoccupe, mais ainsi soit-il. Nous avons des points cruciaux à soulever. Nous croyons qu'un système de représentants proportionnels serait certainement préférable au système uninominal majoritaire à un tour.
Nous ne sommes pas nécessairement favorables à un système de scrutin préférentiel, car je pense qu'il ajouterait tout un degré de complexité, et si quelque chose cloche, le public perdra confiance.
Selon nous, c'est le système proportionnel mixte qui représente le mieux le principe selon lequel chaque vote compte. Nous avons déjà entendu cette expression, mais du point de vue de notre comité exécutif, chaque vote compte au maximum, et c'est primordial. Un système proportionnel mixte doit représenter, et dans la mesure du possible égaler, la proportion du vote en faveur d'un parti donné dans une province donnée. Nous croyons que, dans un système semblable, l'accent doit être mis sur la province ou la région.
Cette mesure a un corollaire, qui importe à la circonscription de Regina—Qu'Appelle, et c'est que pareil système proportionnel mixte doit reconnaître l'équilibre entre les sexes. Il doit mettre en balance les deux sexes, les Premières Nations et les minorités visibles.
C'est une question particulièrement délicate pour l'électorat de Regina—Qu'Appelle, car la circonscription compte 11 réserves. Pensez-y. Nous avons 11 des 71 réserves. Un peu plus de 21 % de la population de Regina—Qu'Appelle est composée d'Autochtones, car nous avons aussi des membres urbains et ruraux...
J'ai remarqué que je suis une des personnes les plus jeunes dans l'assistance. Il est clair que les jeunes dans la vingtaine et les adolescents ne sont pas représentés, alors ma principale suggestion serait que nous envisagions sérieusement de faire baisser l'âge du vote à 16 ou 15 ans pour ne pas nous retrouver avec des adolescents désenchantés qui peuvent conduire et contribuer à la société, sauf lorsqu'il est question de choisir leurs législateurs.
C'est un changement clé, car même si nous modifions le système électoral, il n'importera toujours pas aux adolescents. S'ils ne s'intéressent pas à la démocratie quand ils sont jeunes, peut-être qu'ils ne s'y intéresseront pas plus tard non plus.
Pour la petite histoire, quand j'étais adolescent à l'université, j'ai décidé de voter où j'habitais, en résidence, au lieu de me rendre dans la circonscription de mes parents. Si j'étais rentré à la maison, j'aurais changé le résultat de l'élection, car les candidats se sont retrouvés à égalité. Je suis donc responsable de l'égalité d'un vote démocratique parlementaire.
Cela ne poserait pas problème si nous avions un système proportionnel car, dans ce cas, les perdants ne seraient pas entièrement exclus et muselés pendant quatre ans. Il nous faut vraiment créer un système où tout le monde a voix au chapitre. Même si nous n'aimons pas ce qu'ils disent, ils doivent quand même être en mesure de participer à la création de nos lois.
À l'heure actuelle, je pense que nous avons bien de la difficulté à traiter des questions sérieuses comme les changements climatiques car, comme M. Harding l'a mentionné, nous avons des représentants locaux qui privilégient toujours des intérêts spéciaux au détriment des intérêts de l'ensemble de la circonscription.
Merci.
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Je m'appelle Ross Keith et je suis originaire de Regina. Si je suis venu aujourd'hui, c'est parce que j'ai eu l'occasion unique d'acquérir une expérience très directe du scrutin préférentiel. J'ai une observation ainsi qu'une demande à vous faire aujourd'hui.
J'ai acquis mon expérience à titre de directeur de la Commission canadienne du blé. Comme vous le savez sûrement, la Commission comptait 10 représentants élus et cinq représentants nommés. Je faisais partie de ceux qui avaient été nommés. Les agriculteurs élus faisaient campagne dans des circonscriptions à peu près de la taille des vôtres. Nous avons constaté une amélioration absolument exponentielle après l'instauration du scrutin préférentiel.
J'ai un exemple pour vous, et il a été très litigieux, comme vous le savez. Du côté favorable à la Commission du blé, il y avait un agriculteur spécialiste de la commercialisation et un autre, des transports. Ils étaient tous les deux fortement en faveur de la Commission. Leurs partisans avaient à choisir entre des personnes ayant différents domaines de spécialisation.
La même chose s'est produite de l'autre côté. Un titulaire craignait de faire campagne par crainte de diviser le vote. En ce qui concerne votre point sur l'engagement, cette situation avait beaucoup plus d'incidence que la simple notion de la représentation proportionnelle.
Mon message est que j'espère que vous avez tiré parti de l'expérience du scrutin préférentiel à la Commission canadienne du blé. Je présume que vous avez parlé au personnel de Meyers Norris and Penny, qui faisait office, en quelque sorte, de directeur des élections. C'était notre Elections Saskatchewan ou notre Élections Canada à nous.
Voilà ce que je vous demande: ne faites pas en sorte que l'étude ne devienne qu'un sondage entre la représentation proportionnelle ou la représentation préférentielle et le système majoritaire uninominal.
La ministre était présente à la réunion dont M. Harding a parlé. Un membre de l'auditoire, notre député néo-démocrate local, s'est levé et a demandé que l'on procède à un vote d'essai. C'est donc dire que les gens parlaient alors de représentation proportionnelle, de scrutin préférentiel et du système majoritaire uninominal. Cela ne marche pas. On peut profiter des avantages de tous les systèmes.
Comme M. Harding l'a mentionné, il s'agit d'un exercice de conception. Entre la représentation proportionnelle et le scrutin préférentiel, il faut choisir la meilleure option. Je crois qu'il y en a une sur le site de Fair Vote Canada...
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Merci de me donner cette occasion de parler.
Je m'appelle Jane Anweiler et je m'adresse à vous à titre personnel.
J'aimerais soulever rapidement les quatre points suivants, du moins, je l'espère.
Tout d'abord, je tiens à ce que mon vote compte. Cet aspect m'est très cher parce que je n'ai pas eu l'occasion dernièrement de faire en sorte que mon vote compte, et que c'est l'un des objectifs premiers de votre comité.
Lors des dernières élections fédérales, j'ai fait du porte-à-porte avec un candidat, j'ai distribué des feuillets pour lui, j'ai fait des appels téléphoniques à partir de son bureau de circonscription et j'ai voté pour lui. Or, j'ai fait tout cela pour un parti auquel je n'appartiens pas. J'ai cru que le fait de travailler pour le parti dont je détiens une carte de membre et auquel je donne de l'argent sur une base mensuelle allait être en pure perte, puisque le candidat de ce parti n'avait aucune chance d'être élu, et que le fait de voter pour lui allait signifier que mon vote ne compterait pas. J'ai voté contre un parti que je ne voulais pas voir gagner plutôt que de voter pour celui que je voulais voir gagner. Autrement dit, j'ai voté stratégiquement.
La bonne nouvelle, c'est que le candidat pour lequel j'ai travaillé et voté a été élu. Mais il n'appartenait pas à mon parti et cela m'attriste. Je veux que mon vote compte, et je veux être en mesure de voter pour quelque chose et non contre quelque chose. Je vous demande de rendre cela possible.
Mon deuxième point concerne la représentation proportionnelle. Il y a deux ou trois mois, je n'avais pas vraiment idée de ce que cela voulait dire et je ne savais certes pas que de nombreux pays du monde utilisent ce mode de scrutin. Pour dire vrai, je croyais que la plupart des pays utilisaient le scrutin majoritaire uninominal et que seuls les tout petits pays — surtout des pays dont on n'entend pas parler — se servaient d'autres modes de scrutin. Comme je me trompais! Maintenant, je sais qu'il n'y a que cinq ou six pays qui utilisent le scrutin majoritaire uninominal et qu'un très grand nombre de pays fonctionnent avec des scrutins à représentation proportionnelle. Mon mode préféré s'appelle maintenant « scrutin à représentation proportionnelle mixte avec listes ouvertes ».
Les derniers mois ont été très instructifs pour moi. J'ai entendu dire qu'il est très difficile d'expliquer et de comprendre la représentation proportionnelle. Or, je suis loin d'avoir un doctorat en physique des particules et j'ai tout de même réussi à comprendre de quoi il s'agit, alors cela n'est certes pas aussi difficile qu'on le dit.
Quoi qu'il en soit, sommes-nous en train de prétendre que toutes ces personnes dans tous ces autres pays qui ont recours à la représentation proportionnelle sont plus intelligentes que les Canadiens? Je crois que nous sommes capables de comprendre ce concept. La représentation proportionnelle semble être le mode de scrutin le mieux à même d'aider le Comité à atteindre ses objectifs, c'est-à-dire plus d'égalité entre les sexes, plus de diversité sur le plan ethnique et une meilleure représentation régionale.
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Au nom des Canadiens qui veulent un gouvernement représentatif et efficace, je réclame respectueusement que toute modification visant l'abandon du scrutin majoritaire uninominal à un tour fasse l'objet d'un référendum.
J'ai assisté aux consultations sur la réforme électorale du 11 septembre dernier. On nous a demandé de former de petits groupes et de répondre à des questions comme « croyez-vous qu'il devrait être obligatoire de voter? », ce qui n'avait rien à voir avec les enjeux centraux de la réforme électorale. À mes yeux, c'était une mascarade.
J'ai mes propres questions.
Comment se fait-il que la représentation proportionnelle ait à ce point trahi le peuple espagnol?
Comment se fait-il que l'Italie ait souffert d'une telle instabilité malgré la représentation proportionnelle?
Pourquoi le scrutin préférentiel a-t-il été un désastre en Australie?
Pourquoi les habitants de la Colombie-Britannique rejettent-ils le vote unique transférable?
Comment peut-on confier l'avenir de la démocratie canadienne à un comité qui se réunit à huis clos?
Je pourrais faire confiance aux libéraux pour nous donner un passeport sans distinction de sexe, mais je ne les crois pas aptes à piloter une réforme électorale, une entreprise où de si nombreux partis ont échoué. Nous réclamons respectueusement que toute modification électorale visant à renoncer à notre scrutin majoritaire uninominal vieux de 150 ans fasse l'objet d'un référendum.
N'oubliez pas que le parti néo-fasciste de Grande-Bretagne a déjà eu 500 000 membres votants et qu'il aurait assurément réussi à avoir des sièges au Parlement si la représentation proportionnelle s'était appliquée. C'est grâce au scrutin majoritaire uninominal à un tour qu'ils ont pu être exclus. Une formation appelée l'« Australian Motoring Enthusiast Party » a récemment réussi à faire élire un candidat à cause de la redistribution des suffrages et du scrutin préférentiel. Un candidat qui aurait été élu grâce à une majorité simple a été exclu du gouvernement.
Je vous demande de laisser l'ensemble des Canadiens décider. Les Canadiens doivent tenir un référendum sur la réforme électorale.
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Merci. Je remercie le Comité de m’avoir invité à prendre la parole, ici, ce soir.
À l’aube même de la science politique, Aristote a déclaré que le grand défi de toute démocratie est de produire un gouvernement qui représente le bien commun et en fait son objectif, et qui sert l’ensemble de la collectivité ou polis, et non une faction particulière, même si elle représente la majorité.
Notre façon d’élire nos représentants sert-elle le bien commun de la collectivité dans son ensemble? Au Canada, la réponse est clairement « non ». Considérant qu’un gouvernement majoritaire au Canada peut avoir obtenu aussi peu que 39 % des suffrages exprimés lors d’une élection à laquelle seulement les deux tiers des électeurs admissibles ont participé, on se retrouve avec des gouvernements qui ont obtenu l’appui actif d’un sous-ensemble composé de seulement 25 % de l’électorat, mais qui se réclament néanmoins de la quasi-totalité des pouvoirs.
Le problème est notre système électoral majoritaire uninominal à un tour périmé, faussé et inéquitable. La reconnaissance de ce problème a atteint une telle ampleur au Canada qu’au moins trois partis nationaux ont inclus la réforme électorale à leur plateforme lors des dernières élections fédérales. La composition proportionnelle de ce comité nous rappelle que toute réforme digne de ce nom doit pouvoir compter sur le soutien de deux ou plusieurs partis, quand ce n'est pas sur un consensus intégral.
Le problème est sans équivoque et la solution, évidente. Le Canada doit adopter un système électoral amélioré qui repose sur le principe de représentation proportionnelle. L’option que je privilégie est un système de représentation proportionnelle mixte, lequel combine une partie des sièges émanant du scrutin uninominal majoritaire à un tour à un nombre établi de sièges complémentaires. L’Écosse, la Nouvelle-Zélande et l’Allemagne offrent des exemples de représentation proportionnelle mixte, tout comme les propositions soumises en 2007 par l’Assemblée des citoyens sur la réforme électorale de l’Ontario et par la Commission du droit du Canada, en 2004. Comme l’illustrent tous ces exemples, le système de représentation proportionnelle mixte est souple et il pourrait facilement être adapté aux traits particuliers du système fédéral complexe de notre pays.
Voici les grandes lignes du modèle que je privilégie: nous réduisons de 60 à 70 % le nombre actuel de circonscriptions assujetties au scrutin uninominal majoritaire; nous comblons les 30 ou 40 % de sièges restants avec des candidats élus à partir d’une liste régionale; pour les besoins des élections, les grandes provinces seraient scindées en régions distinctes.
Ainsi, aux fins d’élections, Ottawa et ses environs feraient partie de la région de l’est de l’Ontario. Les provinces plus petites pourraient aussi être scindées en régions distinctes. Par exemple, la Saskatchewan pourrait comporter une portion nord et une portion sud. Dans des provinces plus petites — notamment pour l’Île-du-Prince-Édouard —, la liste de sièges complémentaires pourrait concerner l’ensemble de la province. Ce sont des détails qui pourront être précisés dans la loi ou par les commissions de délimitation des circonscriptions électorales fédérales de chaque province.
D’une façon ou d’une autre, je crois qu’il y a deux choses qui sont claires: premièrement, la délimitation des régions devrait tenir compte du principe des communautés d’intérêts; deuxièmement, les régions devraient respecter les grandes lignes du complexe coefficient de répartition fédéral en vigueur au Canada. Dans cette optique, il est peu probable que les régions soient de tailles égales et qu’elles aient le même nombre de députés.
Les bulletins de vote auraient deux parties. Dans la première, l’électeur choisirait le candidat qui se présente dans sa circonscription; dans la deuxième, l’électeur choisirait le parti. Ce sont les résultats de la deuxième partie du bulletin de vote qui permettront de corriger les déséquilibres associés au scrutin uninominal majoritaire.
Comment les députés seront-ils choisis dans les listes régionales? Il y a plusieurs scénarios possibles. Une liste fermée est produite par un processus interne propre aux partis politiques, tandis qu’une liste ouverte permet aux électeurs de faire des choix à partir d’une liste de candidats fournie par les partis, un peu comme cela se fait pour les primaires américaines.
L’Écosse se sert de listes fermées. La Commission du droit du Canada a proposé de recourir à une liste ouverte. Mon choix de prédilection reste néanmoins le modèle fondé sur les deuxièmes, qui veut que la liste des élus qu’obtient le parti pour la liste régionale soit établie en fonction des meilleurs deuxièmes des candidats de ce parti pour cette région.
Je privilégie ce modèle pour deux raisons.
Premièrement, il s’agit de candidats qui bénéficient d’un certain soutien « électoral » dans la communauté; ils ne sont pas nommés par les chefs de parti. Dans certains cas, les meilleurs d’entre eux auront obtenu plusieurs milliers de voix.
Deuxièmement, le modèle fondé sur les deuxièmes aidera les partis à attirer de bons candidats susceptibles pour faire campagne dans des circonscriptions où ils ne considèrent pas avoir de chance de gagner en vertu du système actuel. Les candidats et les partis se verront encouragés à investir du temps, de l’énergie et des ressources dans des circonscriptions qu’ils auraient autrement considérées comme marginales. Le système des meilleurs deuxièmes peut aussi fournir un mécanisme pour remplacer les députés des listes régionales qui décideraient de se retirer.
J’adhère au système allemand, qui prévoit un seuil de 5 % pour la représentation des listes régionales, mais je suis d’accord avec la proposition de l’Assemblée des citoyens sur la réforme électorale d’accepter les soi-disant « sièges surnuméraires », plutôt que de compenser les autres partis comme cela se fait en Allemagne.
Lors de la discussion de tout à l'heure, je serai heureux de répondre à toutes vos questions concernant la représentation proportionnelle mixte, la répartition des sièges, les listes ouvertes et les sièges surnuméraires, ou sur la façon dont les députés de circonscription et les députés régionaux pourraient collaborer et se partager le travail qui doit être fait.
Je profiterai du peu de temps qu'il me reste pour parler surtout des aspects philosophiques, psychologiques et normatifs du débat sur la réforme électorale au Canada.
Aux XIXe et XXe siècles, le mouvement démocratique était principalement animé par la lutte visant à élargir la base d’électeurs afin d’y inclure les groupes autrefois marginalisés, tout particulièrement les pauvres, les minorités raciales, linguistiques et religieuses, ainsi que les femmes et les jeunes adultes.
À notre époque, au XXIe siècle, la démocratie se heurte à un nouveau défi. La lutte est moins héroïque que les précédents mouvements relatifs au droit de vote, mais n’en demeure pas moins tout aussi importante à certains égards. Je crois qu’il nous incombe maintenant de réformer un système électoral hérité des siècles passés, alors que ces idéaux d’égalité n’étaient que faiblement perçus, et de remanier la grosse machine électorale de la démocratie afin de donner un sens fondamental et concret au principe démocratique que constitue le traitement équitable de chaque vote. Nous nous efforcions autrefois d’élargir l’orbite des droits démocratiques. Aujourd’hui, nous vivons dans une ère de technologies sociales de pointe qui permettent l’exercice pratique de ces droits dans un système électoral qui habilite véritablement les citoyens.
Je suis d’avis qu’une représentation proportionnelle mixte répond à tous les principes directeurs précisés dans la déclaration publique de la Direction des comités. Elle garantirait l’efficacité et la légitimité du scrutin majoritaire uninominal à un tour en réduisant les distorsions et en établissant une meilleure concordance entre les intentions des électeurs et les sièges au Parlement. La représentation proportionnelle mixte encouragerait aussi un sentiment accru de mobilisation démocratique puisque les électeurs auraient l’impression que tous les votes comptent et qu'en fin de compte, pratiquement chaque vote serait rattaché à l’élection d’un député.
La représentation proportionnelle mixte favorisait également l’accessibilité et l’inclusivité puisque les groupes sous-représentés et marginalisés auraient plus de chances d’être élus au Parlement. En effet, s’ils ne sont pas élus dans la circonscription uninominale, il leur reste la possibilité de se faire élire selon la formule de candidature régionale complémentaire.
En outre, la représentation proportionnelle mixte permet d’éviter de « complexifier inutilement le processus électoral » puisqu’elle ne nécessiterait que l’ajout d’une deuxième liste de scrutin relative au parti à la liste de candidats du bulletin de vote traditionnel auquel les Canadiens sont habitués.
En ce qui concerne l’intégrité du système électoral, la représentation proportionnelle mixte garantirait pratiquement un gouvernement avec une certaine forme de partage des pouvoirs, contrairement au scrutin majoritaire uninominal à un tour ou au vote préférentiel dans une circonscription uninominale, où des efforts visant à compromettre un petit nombre de votes peuvent permettre à un parti de remporter la victoire totale dans cette circonscription.
Enfin, la représentation proportionnelle mixte permettrait une meilleure représentation locale que tout autre modèle fondé uniquement sur les circonscriptions uninominales, puisqu'elle permettrait au Canadien moyen d’avoir plus d’un député pour représenter sa collectivité.
Je salue la déclaration de la Direction des comités sur les principes guidant notre examen des différentes options pour cette réforme. Ma seule réserve est que les principes relatifs à l'efficacité et à la mobilisation sont peut-être un tantinet trop timides.
J’encourage le Comité à tenir compte du principe d’habilitation dans ses délibérations. L'habilitation va au-delà de la mobilisation et de l'efficacité. C’est un principe absolu et profondément démocratique. Selon ce principe, chaque électeur a le pouvoir d’élire un représentant de son choix et chaque citoyen peut avoir le sentiment de faire partie subjectivement de la volonté générale souveraine de la société.
Cela est au coeur de ma réserve à l’égard d’un scrutin préférentiel qui serait utilisé dans une circonscription uninominale pour produire une majorité fabriquée, que l’on appelle parfois « ballottage instantané ». Selon ce modèle, on dit à l’électeur dont le premier choix n’obtient pas un appui suffisant de ne pas s’en faire, que le système prendra son deuxième ou troisième choix et attribuera cet appui à un autre candidat.
Ce type de scrutin requiert une mobilisation encore plus grande des électeurs, puisqu'ils doivent jauger leurs préférences, allant de « j’adore ce parti ou ce candidat » à « au moins, ce groupe ne me donne pas la nausée ». Il s’agit bien là d'une forme de mobilisation, mais dans quelle mesure est-elle habilitante? Je ne me sens pas habilité lorsqu’on me dit, par exemple dans une boutique, que je ne peux pas avoir ce que je veux et qu’on essaie de me vendre autre chose qui me plaît moins. C'est une situation qui suscite plutôt de la déception ou de l’irritation.
Le seul système qui habilite les électeurs est celui qui s’assure, dans toute la mesure du possible, que le vote de chaque personne — ou son véritable choix, son premier choix — contribuera à faire élire son représentant au Parlement.
Les partis perdent des élections et les candidats perdent des élections, mais l'électeur devrait gagner à tout coup. Le système électoral qui contribue le mieux à ce sentiment d'habilitation est la représentation proportionnelle, laquelle se concrétise par l'intermédiaire de sièges surnuméraires régionaux ou de quelque autre façon.
Le temps est venu de prendre au sérieux la nouvelle vague d’innovation qui déferle sur toutes nos organisations politiques, économiques et sociales. Dans tous les campus au Canada, on peut voir des affiches qui mettent l'innovation et la transformation à l'avant-plan. Est-il possible que nous puissions faire totalement abstraction de notre sentimentalité au sujet de chaque aspect de notre vie en commun à l’exception de notre façon d’élire nos députés?
Les principes de justice sont certes éternels, mais les structures mécaniques et la technologie sociale de la démocratie doivent être remaniées et améliorées périodiquement. Les Canadiens sont prêts pour une forme de représentation politique plus consensuelle et plus inclusive.
Les générations futures diront que nous avons pris une bonne décision en adoptant la représentation proportionnelle. Cependant, elles se demanderont peut-être pourquoi il nous a fallu si longtemps avant d'agir.
Merci.
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Je tiens à vous remercier de me recevoir, ainsi que pour tout le temps que j'ai passé à vous regarder à la télévision. Je suis conscient de toutes les heures que vous consacrez à vos travaux, et vous voilà embarqués dans une consultation à l'échelle du pays. Cela prend beaucoup de temps. En tant que citoyen, permettez-moi de vous dire que vos efforts sont appréciés.
Je vais parler d'au moins deux choses, et d'une troisième si j'en ai le temps. L'opinion dont je viens vous faire part diffère de celles que vous avez entendues jusqu'ici.
Premièrement, je veux parler des systèmes de dépouillement utilisés par le vote transférable. À partir d'ici, j'utiliserai le terme « vote préférentiel » pour désigner ce mode de scrutin. Lorsque je dirai « vote préférentiel », c'est à ce système que je ferai référence.
Je parlerai ensuite du processus d'assemblée citoyenne qui a débouché sur la tenue de référendums en Colombie-Britannique, entre 2005 et 2009. C'est d'ailleurs l'endroit où je vis.
Troisièmement, s'il reste du temps, je dirai un mot sur l'affirmation selon laquelle le vote préférentiel créerait des majorités encore plus faussées qu'avec le système majoritaire uninominal. Je ne me rendrai peut-être pas jusque-là.
Je n'ai avec moi que mes notes d'allocution. Vous allez recevoir une copie de mon exposé. Étant donné le court préavis, je n'ai pas eu le temps de le faire traduire et de vous l'acheminer. Je vous prie de m'en excuser.
Comme vous l'avez dit, monsieur le président, je veux vous parler de l'utilisation de la méthode Borda pour le dépouillement d'un vote préférentiel. Je ne crois pas que cet aspect ait été abordé jusqu'ici. Certains d'entre vous en ont peut-être déjà entendu parler.
Lorsqu'un vote préférentiel est dépouillé de la manière habituelle, le candidat dont le nom revient le moins souvent comme premier choix est éliminé, puis on reclasse les seconds choix. Ce processus est répété jusqu'à ce qu'un candidat obtienne 50 % des suffrages.
La façon habituelle de dépouiller un vote préférentiel suscite certaines préoccupations, mais la méthode Borda les fait disparaître. Je passerai immédiatement trois de ces préoccupations en revue.
Parfois, lorsque vous éliminez le premier candidat — celui qui est revenu le moins souvent comme premier choix —, vous laissez en fait tomber celui que les électeurs préfèrent. Ce problème est rapporté dans un document affiché sur le site Web d'Élections Canada.
De plus, la méthode de dépouillement habituelle peut parfois, par inadvertance, accorder une majorité gagnante à un candidat qui n'est pas le préféré des électeurs.
Enfin, l'un des reproches faits au vote préférentiel est que les deuxièmes et troisièmes choix qui sont reclassés ne devraient pas avoir le même poids que le premier choix. J'estime que ce reproche est fondé. C'est une autre des préoccupations que la méthode Borda élimine.
La méthode de dépouillement Borda est facile à utiliser, et elle donne des résultats plus fidèles à la réalité que la méthode qui cautionne l'élimination des candidats qui reviennent le moins souvent comme premier choix des électeurs. Voici pourquoi.
Tout d'abord, aucun candidat n'est éliminé. Deuxièmement, chaque ordre de préférence exprimé sur chacun des bulletins de vote est pris en compte dans le calcul total. Troisièmement, chaque choix indiqué sur le bulletin reçoit une valeur en fonction de son ordre de préférence.
Par exemple, s'il y a six candidats, un vote de première place vaudra six points. Un vote de deuxième place vaudra cinq points, puis quatre, puis trois. À huit candidats, une première place vaudra huit points, la deuxième, sept, et ainsi que de suite.
Disons qu'il y a cinq candidats en lice. Un vote de première place vaudra cinq points au candidat. Disons que Josée Tremblay obtient 10 000 votes de première place. Elle reçoit 5 fois 10 000 points. Si elle obtient 5 000 votes de deuxième place, elle reçoit 4 fois 5 000 points. Comme les points sont compilés pour chaque candidat, le résultat final est plus fidèle à la réalité que si vous vous contentez d'éliminer des candidats.
Deuxièmement, je voulais vous parler de l'assemblée citoyenne et du référendum qui s'est tenu en Colombie-Britannique. Lorsque je veux parler du mode de scrutin à vote unique transférable, je me contente habituellement du terme « vote unique transférable », pour faire plus court.
En ce qui concerne les assemblées citoyennes et les référendums, je crois qu'il y a d'importantes leçons à tirer de ce qui s'est passé en Colombie-Britannique. Tout le processus avait l'air très démocratique en surface, mais je ne pense pas qu'il a servi les citoyens aussi bien qu'il aurait dû, et je ne crois pas que l'assemblée citoyenne a servi les citoyens aussi bien qu'elle aurait dû.
Tout d'abord, nous n'avions qu'un choix, et c'était le vote unique transférable, un mode de scrutin lourd, s'il en est, avec une méthode de dépouillement très complexe. Je crois qu'ils ont tenté de garder les choses simples, et de vanter la simplicité du système, mais c'est en fait un mode de scrutin d'une grande complexité. Je crois que le citoyen moyen — en fait, j'en ai la certitude — aurait de la difficulté à faire les calculs qui entrent dans le dépouillement d'un vote unique transférable.
Pour défendre la nature complexe du mode de scrutin à vote unique transférable, on invoque l'argument qu'on n'a pas besoin de comprendre à fond comment fonctionnent une voiture ou un ordinateur pour pouvoir les utiliser; autrement dit, on peut utiliser le mode de scrutin à vote unique transférable sans le comprendre, et cela poserait aucun problème. Toutefois, à mon avis, une des choses cruciales que le Comité ne doit pas perdre de vue, c'est que le système, y compris la méthode de dépouillement, doivent être faciles à comprendre pour la totalité ou la majorité des électeurs. Je sais que vous avez déjà entendu ce message, mais je crois que l'assemblée des citoyens et tout le processus en Colombie-Britannique en sont un exemple parfait.
Pourtant, n'oublions pas les 58 % en 2005. Je crois que cette option a failli être adoptée parce qu'elle était passée sous le radar, presque sous le couvert du bulletin de vote préférentiel faisant partie du vote unique transférable. En effet, lorsqu'on parlait aux gens — et je me suis entretenu avec probablement des centaines de personnes entre le référendum de 2005 et celui de 2009—, il est devenu assez évident que les gens avaient voté pour le changement. Voilà un mot que j'entendais sans cesse, mais quand on leur demandait plus de précisions à ce sujet, ils n'y comprenaient pas grand-chose, mis à part le simple fait d'indiquer leurs premier, deuxième et troisième choix. Ils comprenaient qu'il s'agissait d'un bulletin de vote préférentiel, mais pas plus. Ils savaient plus ou moins que les circonscriptions seraient agrandies, mais ils n'étaient pas conscients des conséquences. Je pense que c'est important de le souligner.
Souvenez-vous des deux professeurs d'Irlande qui ont témoigné devant vous. Je crois que M. Kenney leur a demandé si la tenue de référendums en Irlande avait été une expérience positive. M. Gallagher a répondu que oui, tout en reconnaissant que l'Irlande avait organisé beaucoup de référendums. Il a fait quelques autres observations, puis il a demandé à son collègue de s'exprimer là-dessus. D'emblée, M. Marsh a dit que non, cela n'avait pas été une expérience positive, à quelques exceptions près, et qu'il ne partageait pas le même avis. Il a ajouté que les électeurs ne comprenaient vraiment pas le système ou qu'ils ne savaient pas sur quoi portait le vote, en plus d'ignorer les résultats éventuels du vote.
Dans l'exemple de la Colombie-Britannique dont je vous ai parlé, les gens savaient que la taille de leur circonscription augmenterait, mais dans ma circonscription, Vancouver, la superficie aurait été six fois plus grande. On aurait regroupé six petites circonscriptions, ce qui aurait pour effet d'augmenter de six fois le nombre de candidats. Les gens n'avaient pas songé à l'éventualité de se retrouver avec 20, 25 ou 30 candidats.
Je tiens à signaler que le lobby pour la représentation proportionnelle est très fort au Canada, et c'est le système de représentation proportionnelle qui a prévalu lors des assemblées des citoyens en Ontario et en Colombie-Britannique, ainsi que dans le cadre de la commission de l'Île-du-Prince-Édouard avant la tenue des référendums dans ces trois provinces. Chaque fois, les électeurs se sont retrouvés les mains vides. C'est surtout cet aspect qui m'inquiète. J'en suis venu à la conclusion que nous aurions été mieux servis en Colombie-Britannique si nous avions eu au moins quelques options — peut-être un scrutin préférentiel plus simple, suivi de la représentation proportionnelle de notre choix —, mais c'est le mode de scrutin à vote unique transférable qui a été retenu.
La représentation proportionnelle a toujours la cote dans les sondages d'opinion. Elle jouit d'une bonne promotion. C'est intuitivement facile à comprendre. À première vue, ce mode de scrutin semble juste. Toutefois, il s'agit d'un changement assez important de notre système actuel.
Chaque tentative de réforme a toujours prévu d'imposer un changement complet pour mettre en oeuvre le système de représentation proportionnelle. Je ne suis pas tout à fait contre la représentation proportionnelle, mais je dis simplement que pour l'instant, pourquoi ne pas se contenter de faire en sorte que les électeurs ne repartent pas bredouilles? C'est ce que je tiens surtout à souligner. Je propose d'opter pour une amélioration plus modeste et plus facile à mettre en oeuvre, qui se trouve dans la zone de confort des électeurs à ce stade-ci, et de revoir peut-être certains éléments au cours des prochains cycles électoraux. J'espère que nous accomplirons une certaine réforme, mais je pense qu'il est important de miser sur la simplicité, c'est-à-dire s'assurer que le tout est facile à comprendre, à utiliser, à calculer et à mettre en oeuvre; bien entendu, il faut aussi un système équitable.
Je ne sais pas trop combien de temps il me reste, monsieur le président.
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Oui, c'est possible, et c'est là une des conséquences. J'ai des graphiques et des tableaux qui le démontrent.
Je crois que c'est parce que lorsqu'on élimine un candidat, on ne sait pas comment il est lié aux deuxième et troisième votes. On voit le premier choix, et on laisse tomber le candidat ayant obtenu le moins de voix, mais bien souvent, ce dernier peut représenter un choix très solide pour le reste de la population, ce qui lui permettra d'avoir un meilleur classement.
Le scrutin préférentiel est une forme de consensus parmi les électeurs. La représentation proportionnelle, pour sa part, repose davantage sur le consensus à la Chambre, au Parlement, où chaque député représente le premier choix, mais il s'agit tout de même d'un consensus. On examine les choses de façon plus approfondie.
Oui, si on se met à éliminer un candidat, on ne saura pas comment « B » interagit avec les deuxièmes choix des autres personnes, alors que la méthode Borda ne fait pas cela. Elle attribue une valeur. Si un candidat se classe au premier rang, il obtient une plus grande valeur que les candidats qui arrivent aux deuxième et troisième rangs. C'est une méthode plus précise.
Il s'agit d'un système bien connu. Ce n'est pas quelque chose que j'ai inventé. Par ailleurs, il y a différentes façons de s'y prendre. On peut même parfois attribuer plus de points au premier choix, si on le veut. Par exemple, on peut accorder cinq points plus un, de sorte que la première place vaille six points; la deuxième place en vaudra alors quatre, et on passera ensuite à trois points, puis deux. C'est tout simplement une autre façon de dépouiller les scrutins. C'est simple.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier nos témoins. C'est bien d'entendre des points de vue que je ne qualifierai pas d'opposés, mais de différents.
Monsieur Ward, vous avez parlé des deuxièmes choix, des députés supplémentaires, de la part proportionnelle de députés provenant d'une liste de deuxièmes choix plutôt que d'une liste ouverte ou fermée ou d'une liste de parti au niveau régional. Vous dites que si le Parti conservateur remporte un siège selon le monde de scrutin proportionnel, le siège sera attribué au deuxième député conserveur le plus populaire, selon le choix de l'électorat.
M. Lee Ward: C'est exact.
M. Nathan Cullen: D'accord. Pour ce qui est des autres listes, il ne s'agit que de commentaires d'ordre général.
Monsieur Husum, il y a deux aspects qui me préoccupent. Premièrement, le système que vous nous avez proposé n'est pas proportionnel; je tiens à le confirmer. Parmi les deux familles de modes de scrutin, le cas échéant, l'une porte sur la proportionnalité. Si un parti récolte 20 % des votes, le système essaiera de traduire cela en 20 % des sièges et 20 % du pouvoir.
Deuxièmement, on privilégie les partis centristes, et le Comité a reçu une foule de recherches à ce sujet. Nous nous en servons pour les courses à la direction. Les gens connaissent un système semblable pour les courses à la direction ou, dans certains cas, les courses à l'investiture dans une circonscription, à l'issue desquelles un seul candidat est choisi.
Pour revenir à l'argument de M. Ward au sujet de la satisfaction, j'examine la question du point de vue de l'électeur, et c'est ce qui explique ma réserve. Si, selon le système de points ou n'importe quel autre système de dépouillement, le député qui me représente est mon troisième choix, pourquoi devrais-je m'en réjouir pour autant? Si les résultats au Parlement ne sont pas du tout proportionnels à ce que les gens avaient réellement souhaité, mais qu'ils sont rendus conformes à ma volonté après le scrutin et le dépouillement, pourquoi devrais-je me sentir plus satisfait qu'avant?
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Je pense qu'un tel risque serait atténué, parce qu'on aurait à faire valoir une position qui devrait interpeller la collectivité. Il faudrait donc une certaine réaction.
Soyons clairs: si vous avez une représentation proportionnelle mixte, vous aurez des circonscriptions uninominales, et il se pourrait qu'un candidat remporte une circonscription, mais que son parti n'atteigne pas le seuil nécessaire. C'est ce qu'on entend par « sièges surnuméraires ».
En Allemagne, lorsqu'on se retrouve avec un siège surnuméraire, on compense en attribuant des sièges aux autres partis pour des raisons mathématiques, et je suis sûr que Russ pourrait mieux l'expliquer que moi. Comme autre possibilité, on pourrait décider de laisser les choses telles quelles. Donc, s'il s'agit d'un candidat très populaire qui risque d'adopter des positions extrémistes et qui, pour une raison quelconque, plaît beaucoup aux gens d'une circonscription donnée, cela se limitera à cette circonscription. Le seuil n'étant pas respecté, on n'inclut pas ce siège dans les calculs pour la proportionnalité.
Toutefois, cela signifie également qu'un très bon candidat pourrait gagner et exceller dans une circonscription et que son parti pourrait en profiter plus tard. Les gens pourraient se dire: « J'aime vraiment ce candidat. Je vais désormais voir d'un nouvel oeil ce parti. » Bref, cela fonctionnerait dans les deux sens.
Selon moi, l'extrémisme dépend de la culture politique plutôt que du système. Nous ne sommes pas un pays extrémiste. Il est vrai que notre pays est composé de régions et que cette situation a parfois entraîné des problèmes gravissimes. Cependant, je crois que la représentation proportionnelle permettrait de réduire l'impression selon laquelle les députés représentent des blocs régionaux au Parlement, parce qu'on aurait, en principe, une plus grande représentation de tous les grands partis des diverses régions du pays, tout en favorisant l'entrée de petits partis. C'est, à mon avis, le système le plus équilibré.
Comme je l'ai dit en réponse à la question de M. Reid, je n'ai pas d'opinion pour ce qui est du seuil. Je ne pense pas qu'un seuil de 5 % soit... C'est, me semble-t-il, propre à l'histoire de l'Allemagne. C'était logique dans le contexte allemand puisque ce pays a connu un passé extrémiste. Or, je doute que le Canada soit comme l'Allemagne, et je pense qu'un seuil de 3 % serait efficace. Voilà le genre de débat que j'aimerais beaucoup nous voir tenir, parce que ce serait signe que nous allons de l'avant.
Premièrement, je n'ai en aucun cas voulu dire que le Canada était un pays du tiers monde. Au contraire, j'essaie de dire que notre système pour assurer la représentativité est dépassé, mais pas nécessairement rétrograde ou non progressiste. Je crois que le Canada a très bien réussi. Je m'excuse si c'est l'impression que je vous ai donnée.
En ce qui concerne la représentativité du gouvernement, tout changement important quant à la représentation proportionnelle suscite des inquiétudes légitimes, parce que nous nous demandons comment cela modifiera notre compréhension de l'opposition. Je comprends que le principe de l'opposition fait partie intégrante de la démocratie parlementaire canadienne. Il y aura un parti qui récoltera 35 % des votes et qui ne fera pas partie du gouvernement, et c'est une bonne chose. Je suis d'accord pour dire que nous ne cherchons pas à avoir un consensus absolu ou des partis qui forment des alliances pour atteindre le seuil de 50 ou de 60 % de la population. L'autre 40 % doit jouer un rôle au Parlement: celui d'une opposition efficace.
Le principe de l'opposition est quelque chose de précieux et de fragile d'une certaine manière. Je crois que nous devons faire attention de ne pas nous débarrasser des avantages qu'offre une opposition active qui comprend que son rôle principal est de critiquer les politiques du gouvernement.
Les Canadiens s'inquiètent que les petits partis détiennent la balance du pouvoir, pour ainsi dire, et cela revient au point qu'a fait valoir Mme May au sujet de la Knesset, où de très petits partis font chanter les grandes coalitions. C'est préoccupant, mais nous devons comprendre qu'une démocratie multipartite bien épanouie est la solution à ce problème. Sans vouloir offenser quiconque, le problème en Israël, c'est que le pays compte deux grands partis et de très petits partis qui auront toujours un rôle à jouer entre les deux.
Si nous avons plus de partis qui ont de réelles chances de l'emporter — trois, quatre ou cinq partis qui ont de réelles chances —, je crois que vous constaterez qu'un seul très petit parti ne pourra pas prendre ainsi en otage le gouvernement; du moins, nous l'espérons.
Je remercie les deux témoins d'être venus témoigner à Regina, malgré l'heure tardive. Je suis heureuse d'entendre les deux points de vue.
Nous entendons beaucoup de solutions possibles ou d'autres systèmes de vote, mais nous ne parlons pas souvent des détails entourant ce qu'il faudrait faire pour mettre en oeuvre un tel système si nous l'adoptons ou des possibles conséquences que cela entraînerait.
Monsieur Ward, vous avez dit quelque chose qui a fait ding, ding, ding dans ma tête. Je m'excuse. Nous avons eu une longue journée.
Vous avez dit qu'il faudrait peut-être notamment modifier les limites de certaines circonscriptions, ce qui me rend toujours un peu nerveuse, parce que nous venons à peine de terminer cet exercice l'an dernier. Au final, même si nous cherchons à nous assurer de choisir le système que préconisent les Canadiens, nous devons aussi être conscients des coûts qui en découleront.
Je m'inquiète un peu que, comparativement à quelque chose qui pourrait être très facilement mis en place, la mise en oeuvre d'un système aussi complexe que celui que vous proposez entraîne des coûts considérables. Je tiens tout simplement à le mentionner, parce que ce n'est pas un principe directeur, mais c'est quelque chose dont nous devons être conscients à titre de représentants des contribuables canadiens. Je ne peux pas dire aux Canadiens: « Je suis désolée, mais nous ne pouvons pas prévoir un tel montant dans le budget pour cela, parce que la refonte du système a entraîné d'importantes dépenses. »
Je tiens à m'assurer que nous sommes conscients des conséquences du système, peu importe lequel, que nous proposerons dans le cadre de cet exercice. Aucun témoin n'a encore été en mesure de me dire concrètement ce qu'il en coûterait et ce que seraient les répercussions d'un système ou d'un autre, mais nous devrons évidemment en tenir compte au moment de formuler notre recommandation. Avez-vous des données à ce sujet?
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Je crois que vous soulevez un excellent point. Je ne suis pas certain que la population est attachée au système en place autant que nous le pensons parfois. Il y a peut-être une sorte de réticence naturelle et saine à l'égard du changement si nous n'en comprenons pas toute l'étendue. Je le dis avec un certain pincement au coeur en tant que scientifique politique, mais je crois que nous devons éduquer les Canadiens en général au sujet de leurs devoirs civiques et qu'il faut prendre plus au sérieux nos institutions.
Lorsque des étudiants me demandent si leur vote a une importance, je constate notamment que la triste réalité est que dans bien des cas leur vote n'en a pas vraiment, à moins de se trouver dans une circonscription où tout n'est pas joué. Dans un tel cas, leur vote est vraiment important.
Comme vous n'êtes pas sans le savoir, il y a eu des courses très serrées en Saskatchewan lors des dernières élections. J'habite dans la circonscription de Regina—Lewvan, où la course a été l'une des plus serrées au pays, voire la plus serrée. Cette course a captivé mes étudiants. Ils savaient les candidats qui l'emporteraient dans les autres circonscriptions de Regina, mais cette course était vraiment quelque chose. Qui plus est, beaucoup se sont mis à faire des calculs en raison de cette course, parce qu'ils essayaient de réfléchir stratégiquement, et ils ont commencé à me poser des questions. J'ai répondu que je ne pouvais pas leur dire comment voter, mais que je pouvais leur expliquer comment se renseigner sur les enjeux qui leur tenaient à coeur. J'ai constaté un engouement beaucoup plus fort. Les données montrent que le taux de participation augmente lorsque la course est plus serrée.
De façon générale, je crois qu'un système de représentation proportionnelle éliminerait notamment l'impression que votre situation géographique détermine votre importance comme électeur lors d'une élection. Les citoyens canadiens auront l'impression que leur vote a contribué à la formation du Parlement, et ce, de manière importante, au lieu que ce soit seulement vu de manière négative.
Dans un sens très abstrait, la volonté générale, c'est nous tous. Sur le plan mécanique, c'est pratiquement impossible de le faire, et je comprends que nous devrons établir des seuils et qu'il y aura des régions où des partis seront traditionnellement forts. Cependant, si nous pouvons réduire cela autant que faire se peut sur le plan mécanique, je crois que nous constaterons une meilleure attitude et une plus forte participation.
Même si le candidat non élu dans ma circonscription fait bonne figure, je crois que les gens auront l'impression que ce n'est plus simplement une façon de parler et que le résultat façonnera d'une certaine manière le Parlement. Je suis tout à fait convaincu — et les données sont éloquentes — que le pays devrait inclure un élément de proportionnalité dans son système. Le taux de participation serait plus fort.
Il y a également d'autres aspects, comme la question de rendre obligatoire le vote. Ce sont toutes des questions vraiment intéressantes et importantes, mais je crois que le simple fait d'inclure un fort élément de proportionnalité entraînera une augmentation du taux de participation. Avoir plus de choix aurait probablement aussi le même effet. Nous pourrions même avoir des scrutins à choix multiples. N'empêche que je crois que nous avons encore l'impression qu'il y a des gagnants et des perdants.
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Bonjour. Je m'appelle D-Jay Krozer et je suis vice-président de la section locale 609 d'Unifor à Saskatoon. J'étudie également en économie et en études politiques à l'Université de la Saskatchewan.
En octobre 2015, la population du Canada vous a confié un mandat. Vous avez ici une occasion unique, et j'ai l'occasion de toute une vie de vous convaincre d'exercer votre mandat.
Tous les grands partis politiques, à l'exception des conservateurs, ont proposé une réforme électorale au cours de leur campagne, et le a promis que les élections fédérales de 2015 seraient les dernières à reposer sur le système bancal de scrutin majoritaire uninominal à un tour.
Je me suis présenté à titre de candidat indépendant dans la circonscription de Blackstrap en 2006. Cette année-là, un électeur furieux m'a appelé pour me dire: « Mais qu'est-ce que vous faites là? Ne voyez-vous pas que vous enlevez des voix à un bon candidat? »
Ce que je veux dire, c'est que c'était la première fois que je comprenais que des électeurs recouraient au vote stratégique du Canada. J'avais cru, erronément, que les gens votaient pour les candidats qu'ils aimaient et pour les choses auxquelles ils croyaient.
Je participe aux élections depuis maintenant une quarantaine d'années. Je n'obtiens pas des résultats fabuleux, mais je persiste à le faire, car j'ai foi en la démocratie canadienne.
Je trouve que les électeurs canadiens ont une attitude négative. Nous tendons à voter davantage contre ce qui nous déplaît que pour ce qui nous plaît. En raison du système majoritaire uninominal à un tour, la politique est devenue très négative. Ce qui était autrefois le sujet de choix autour de la table est devenu tabou. L'apathie électorale est endémique, car les gens pensent que leur vote ne compte pas.
Ceux qui s'opposent à la représentation proportionnelle affirment que ce système mène à l'élection de gouvernements minoritaires et de coalition instables. Ces gouvernements tendent toutefois à être davantage portés sur la collaboration. Comme on a pu l'observer en Allemagne et dans d'autres pays utilisant la représentation proportionnelle, ils peuvent s'avérer très stables et fort efficaces.
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Il y a quelques analogies qui me viennent à l'esprit ce soir. Je tiens à vous dire à quel point je suis ravie d'être ici. Je suis très impressionnée par les témoignages et par votre attitude sérieuse. Certains auront peut-être du mal à croire que c'est vrai.
Transportons-nous à Athènes, à l'aube de la démocratie. Quelqu'un dit: « Donnons le droit de vote à tout le monde, et l'avis de chacun comptera. » La réponse sera: « Non, on mettra trop de temps à compter toutes les mains, et ensuite il faudra payer quelqu'un pour le faire. Il faudra embaucher quelqu'un. Laisse tomber. »
Une deuxième analogie me vient à l'esprit lorsque je pense à la représentation proportionnelle. Je pense à la façon dont les gens craignent le dialogue et la coopération qui ont lieu à la Chambre des communes. Ensuite, je me dis que si c'était moi-même ou mon mari qui prenait toutes les décisions dans ma maison, ou bien moi-même ou bien lui demanderait le divorce ou sombrerait dans une profonde dépression.
Nous ne devons pas en avoir peur. C'est un phénomène naturel. Le dialogue est naturel. Le fait de parler à tout le monde qui vit au Canada est naturel et justifié. Lorsque nous parlons de la représentation proportionnelle par rapport à d'autres modèles, il me semble que le VUT n'est qu'un tout petit sparadrap, et que c'est la représentation proportionnelle qui correspond à nos attentes, à ce que veulent réellement les Canadiens; c'est le modèle qui convient.
L'une des raisons pour lesquelles c'est le modèle qui convient, ce sont les minorités. Je ne sais pas si on vous en a déjà parlé. En Nouvelle-Zélande, par exemple, les Maoris ont leur place à la Chambre des représentants, et ainsi une voix, une tribune pour s'exprimer. Ils ne sont peut-être pas suffisamment nombreux pour emporter un vote à eux tout seuls, mais combien d'entre vous ont eu l'expérience d'une personne autochtone qui s'adresse à vous et vous raconte quelque chose sur sa culture que vous ignoriez? Vous n'arrivez pas à croire que vous n'y avez jamais réfléchi, et ce que vous venez d'apprendre est en fait compatible avec certaines valeurs de votre parti.
C'est ce qui m'est arrivé en 2015, lors des élections nationales. J'ai découvert que certains Autochtones ne participent pas aux élections par principe. Ils ne veulent pas que nous participions à leurs élections, donc ils ne vont pas voter aux élections fédérales. Ils se disent: nous, les Autochtones, ne sommes pas citoyens du Canada; les Canadiens ont conclu un traité avec nous.
Voici notre réaction: « Quoi? Je croyais que vous étiez citoyens canadiens. »
J'en étais renversée. Nous ne pouvons pas tout simplement continuer à les inviter à des tables rondes incessantes. Notre gouvernement rencontre ces gens aux tables rondes, alors que ces gens devraient faire partie de notre gouvernement.
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Je souhaite remercier le Comité d'être venu à Regina pour nous entendre.
Je m'appelle Rod Williams. Je viens de Regina. Je travaille pour la société sidérurgique EVRAZ, et je vous dis que les pipelines sont sûrs. De nombreux amis auraient voulu être ici, mais ils doivent travailler. Des amis et des membres de ma famille sont également en train de moissonner le canola, le blé, le blé dur, l'orge et le foin.
Comme je l'ai dit, je suis heureux d'être ici. Sachez que mes amis et les membres de ma famille auraient voulu venir, mais ils doivent gagner leur vie.
Je suis fier d'être Canadien, comme vous tous. Je suis membre du Parti conservateur. Je respecte toutes vos opinions et tous vos points de vue. J'ai beaucoup appris ce soir ainsi qu'à la discussion ouverte organisée par Erin Weir le 6 septembre, si ma mémoire est bonne.
Pour ce qui est de la réforme électorale, je suis d'avis qu'il faut laisser le peuple décider. J'aimerais que vous transmettiez ce message à la Chambre des communes. Selon un sondage récent publié dans le Globe and Mail, 73 % des Canadiens préféreraient un référendum. J'ai entendu l'expression « favoriser l'habilitation » ici ce soir. D'accord, que le peuple étudie la question et la tranche par référendum.
Je respecte ce qu'a dit la chef du Part vert ce soir lorsqu'elle a parlé du phénomène où on se sent forcé d'appuyer un parti pour une raison quelconque. Je vous comprends tout à fait.
Pour terminer, quel que soit votre avis sur la question, vous devriez faire confiance aux Canadiens et à vos partisans et permettre au peuple de décider. Que ce soit au café ou à un match ou ailleurs, j'entends toujours la même chose, et ce, quelle que soit l'affiliation politique de la personne. « On se fiche de notre opinion de toute façon. » Renversons cette tendance. Que notre opinion compte. Les Canadiens doivent pouvoir s'exprimer. Savez-vous pourquoi? Si vous voulez faire de la réforme une réussite, il vaut mieux laisser le peuple décider maintenant, et non plus tard. Si vous voulez du changement, il faut le valider.
Merci.