:
Nous serons à vous dans une ou deux minutes. Nous nous occupons à résoudre quelques petits problèmes de sonorisation. N'essayez pas de régler votre affichage.
Nous patientons quelques moments parce que nous voulons nous assurer que toutes les observations soient enregistrées de sorte que nous puissions créer une transcription des témoignages et enregistrer les observations des personnes dans l'auditoire qui prendront la parole durant la période micro ouvert de la séance. C'est important, et cela ne devrait prendre que quelques instants encore, grâce à la très compétente équipe qui se trouve derrière nous.
En attendant, laissez-moi vous dire que c'est un plaisir d'être de nouveau dans votre ville de St-Pierre-Jolys. Nous avons eu un très plaisant trajet en autobus de l'aéroport de Winnipeg, et en entrant dans la ville nous avons vu à quel point il est agréable pour nous d'être ici. Votre ville est charmante. On peut voir, rien qu'en la traversant en autobus, que c'est un très bel endroit. Je vous félicite de la collectivité que vous avez créée ici.
J'aimerais souhaiter la bienvenue, bien sûr, à votre maire, M. Fallis, qui est ici aujourd'hui.
Merci, monsieur Fallis, de nous avoir offert l'usage de votre centre communautaire et d'avoir tout organisé pour que nous puissions tenir cette audience aujourd'hui.
Je précise, en introduction, que nous sommes dans une tournée de trois semaines à travers le Canada.
[Français]
Nous avons débuté hier à Regina, nous sommes au Manitoba aujourd'hui, et nous irons à Winnipeg ce soir pour les audiences. Nous allons nous rendre dans les dix provinces et les trois territoires au cours des trois prochaines semaines.
[Traduction]
Nous visiterons chaque province et chaque territoire pendant environ trois semaines, recueillant des observations des citoyens et des intervenants, qui seront prises en considération pour le rapport que nous rédigerons, publierons et déposerons à la Chambre des communes d'ici le 1er décembre. Comme vous le savez, nous sommes ici suite à la promesse électorale, un engagement électoral de ce gouvernement de procéder à une réforme électorale avant la prochaine élection.
Voilà comment se présentent les choses: la Chambre des communes a, par le truchement d'une motion, créé ce comité de 12 membres auquel tous les partis sont représentés.
[Français]
D'ailleurs, le fait que tous les partis à la Chambre des communes aient une place sur ce comité n'est pas la norme. Normalement, les comités sont formés de membres des partis officiellement reconnus à la Chambre. La répartition des places sur les comités reflète la répartition à la Chambre des communes, donc si un gouvernement est majoritaire, les membres de la députation gouvernementale se trouvent avec une majorité sur chaque comité. Toutefois, pour ce comité-ci, nous avons agi autrement.
[Traduction]
Dans le cas de ce comité particulier, bien que nous ayons un gouvernement libéral majoritaire en Chambre, il n'y a pas de majorité. Il n'y a pas de majorité libérale; il n'y a aucune majorité. Ce comité se distingue des autres, car tous les partis y sont représentés.
Je précise aussi qu'il y a beaucoup de pression. C'est un travail très stressant. J'ignore s'il y a des documents qui citent l'adresse du site Web du Comité, mais nous vous la communiquerons plus tard. Vous pouvez consulter le site Web pour obtenir des documents de référence sur les systèmes électoraux dans le monde. Vous pouvez aussi accéder à un sondage en ligne, un questionnaire d'environ 30 minutes. Je crois que jusqu'à présent, 4 000 Canadiens ont répondu au questionnaire, ou c'est tout du moins le nombre qui m'a été cité plus tôt aujourd'hui.
Dans ce questionnaire, il y a une section qui vous fournit certains renseignements fondamentaux sur les systèmes électoraux; ensuite, après cette section du questionnaire, vous passez aux questions. C'est un excellent moyen d'en apprendre davantage au sujet de la réforme électorale. Ceci m'amène à un autre point, soit le fait que comme tous les autres comités parlementaires qui voyagent, le Comité a pour rôle de recueillir l'opinion des citoyens sur une question donnée, dans le cas présent, la réforme électorale. À l'encontre des autres comités, nous avons un double rôle, celui de parler aussi aux Canadiens de la réforme électorale, c'est-à-dire, dans un certain sens, assumer une certaine fonction d'éducation du public. Nous avons ce double rôle. Nous sommes ici pour que les Canadiens puissent être sensibilisés à la question de la réforme électorale et puissent y participer.
Maintenant, en plus du travail que nous faisons, la ministre des Institutions démocratiques procède elle aussi à une consultation des Canadiens. Son processus de consultation est distinct du nôtre. Il est mené en parallèle.
En plus de ces deux voies de consultation, le Comité a demandé aux 338 députés de tenir des assemblées publiques. J'ai tenu une assemblée publique dans ma circonscription qui se trouve dans l'ouest de Montréal et s'appelle Lac-Saint-Louis. J'ai tenu une assemblée publique en tant que député, et non pas en tant que membre de ce comité, jeudi dernier. Nous recueillons des points de vue de nombreuses façons afin d'avoir une idée de ce que les Canadiens veulent que nous fassions au sujet de cette proposition de modification du mode de scrutin.
Je crois que nous pouvons commencer. Même si, à ce stade, les témoignages ne seront pas enregistrés mot à mot, nos analystes prendront des notes copieusement. Voilà 26 séances qu'ils sont à mes côtés, et je peux vous garantir que même si ce n'est pas par un dispositif d'enregistrement, presque tous les mots seront consignés. Alors, ne vous inquiétez pas; vos observations seront bien consignées.
[Français]
Je souligne aussi que nous tenons évidemment nos délibérations dans les deux langues officielles. Vous disposez d'écouteurs pour avoir accès à l'interprétation simultanée.
[Traduction]
Voilà comment nous procédons: chaque témoin dispose de cinq minutes pour présenter ses idées et ses opinions sur la réforme électorale. Ensuite, il y a une période de questions au cours de laquelle chaque membre du Comité a l'occasion de s'adresser à n'importe lequel des témoins avec qui il souhaite parler pendant cinq minutes en tout. Cela comprend les questions et les réponses. Il ne s'agit pas de cinq minutes de questions et de cinq minutes de réponses. Les deux doivent se dérouler dans le créneau de cinq minutes.
Nous commençons par M. Richard Kidd, qui témoigne aujourd'hui à titre de particulier intéressé.
Vous avez la parole, monsieur Kidd, pour cinq minutes.
Une voix: C'est 10 minutes.
Le président: Vous avez tout à fait raison. Je m'excuse. C'est ma faute. C'est bien 10 minutes.
:
Bon après-midi, mesdames et messieurs. Merci de m'avoir invité.
Je suis ici pour vous parler d'un mode de scrutin original que j'ai inventé, le système électoral « chaque vote compte », ou CVC.
En élaborant ce système, j'avais pour objectif de réparer deux énormes failles du mode de scrutin majoritaire uninominal à un tour: de nombreux votes sont des votes gaspillés et la répartition des sièges ne correspond pas bien au suffrage populaire, ou, comme j'aime le préciser, le nombre de sièges ne correspond pas au nombre des votes. Nous devons faire en sorte d'avoir un certain degré de RP, même si elle n'est pas exacte.
Je commencerai en affirmant qu'avec le SMUT, ce ne sont pas seulement les votes perdants qui sont perdus, mais aussi bon nombre des votes gagnants. Comme le vainqueur d'une circonscription n'a besoin que d'une seule voix de plus que son plus proche concurrent pour obtenir le siège, tous les votes gagnants en sus de ce nombre sont redondants, soit des votes superflus. Les électeurs qui sont à l'origine de ces bulletins de vote auraient tout simplement pu rester chez eux le jour des élections sans que le résultat en ait été modifié.
Tenant compte de cela, j'ai divisé les votes en deux catégories: les votes instrumentaux, ceux nécessaires à l'élection d'un gagnant, et les votes superflus, ceux en deçà des votes instrumentaux. J'ai fait l'essai d'un système de représentation proportionnelle mixte avec un nombre égal de sièges de circonscription et de sièges proportionnels où les votes instrumentaux élisent les sièges des circonscriptions et les votes perdants et les votes superflus mis ensemble élisent les sièges proportionnels.
Les résultats ont été étonnants. Dans neuf simulations d'élections réelles, huit élections provinciales et une fédérale, la répartition des sièges gagnés par les différents partis correspondait au pourcentage de vote populaire de façon étonnante — pas exactement, mais suffisamment proche pour représenter des résultats équitables.
C'est ainsi que la première version du système CVC a vu le jour. Les votes instrumentaux élisent les sièges des circonscriptions. Les votes perdants et superflus sont entrés, par parti, dans un bassin de votes appelé le bassin de proportionnalité, ou le BP. Un nombre proportionnel de sièges est attribué à chaque parti selon sa part dans le bassin. La somme des deux types de sièges représente le nombre total définitif des sièges du parti.
J'ai publié les détails de tout ceci dans un livret que j'ai envoyé à tous les membres du Comité initial. Plusieurs d'entre eux ne sont pas là aujourd'hui. C'est le livret que je vous montre, celui qui a une couverture blanche.
J'ai pensé avoir fini, mais il n'en était rien. Quelque chose me travaillait: le problème de la mise en oeuvre pratique. C'est un problème qui afflige tous les systèmes mixtes, y compris la RPM.
Si le CVC était utilisé au Canada, il faudrait réduire de moitié le nombre de circonscriptions actuelles, de 338 à 169. Cela rendrait la réorganisation des circonscriptions très difficile. Cela m'a tracassé pendant longtemps avant que je n'arrive à une solution viable. Avant de l'expliquer, je dois m'écarter un moment du sujet pour parler d'une autre innovation de CVC, le concept du ratio de pondération des votes.
Dans les systèmes mixtes, y compris la RPM, les votes perdants n'ont pas autant de pouvoir électif que les votes gagnants. Il faut toujours plus de votes perdants pour faire élire un candidat à un siège. Le ratio de pondération des votes est une mesure de l'écart relatif entre le poids des votes.
Prenons la RPM, par exemple; dans des élections menées selon le système des RPM, le ratio de pondération des votes se situe en moyenne autour de 3 pour 1. Autrement dit, trois fois plus de votes perdants que de votes gagnants, du côté gauche du bulletin de vote, sont nécessaires pour faire élire un candidat à un siège. Ainsi donc, les votes gagnants ont trois fois plus de poids que les votes perdants. C'est étonnant, je sais, mais c'est vrai. Par contre, en vertu du système CVC, les ratios de pondération des votes sont toujours bien meilleurs, souvent inférieurs à 2 pour 1.
Par exemple, si la dernière élection fédérale avait été menée selon la RPM avec un nombre égal des deux types de sièges, le ratio de pondération des votes aurait été de 3,03. Selon le CVC, il aurait été inférieur à 1,76, ce qui est beaucoup mieux.
Revenons maintenant au thème principal. Un des moyens de régler le problème de la réorganisation des circonscriptions serait d'avoir un nombre inférieur de sièges proportionnels par rapport aux sièges de circonscription; par exemple, les deux tiers du nombre. Cela permettrait d'avoir un plus grand nombre de circonscriptions pour la réorganisation. Dans mon mémoire, j'ai proposé une répartition de 210 à 140 pour le Canada. C'est un ratio de deux pour trois, pour un total de 350 sièges. Cela serait faisable. La réorganisation serait bien plus aisée avec 210 sièges plutôt que 169.
Cette option des deux tiers présente un inconvénient, cependant. Selon un système mixte comme la RPM ou le CVC, la réduction du nombre de sièges proportionnels entraîne une hausse du ratio de pondération des votes, et ce, parce qu'un nombre inférieur de sièges proportionnels sont disponibles pour l'élection par les votes perdants, et leur poids relatif diminue. Si l'on tente d'appliquer cette solution des deux tiers à la RPM, le ratio de pondération des votes passe d'une moyenne de 3,0 à 4,0. Cela signifie 4 à 1, et c'est inacceptable.
Dans une simulation CVC des dernières élections fédérales, le ratio passe de 1,76, ce qui est bon, à 2,48, ce qui n'est pas très bon. J'ai donc dû trouver un moyen de le rabaisser de nouveau. La solution à ce nouveau problème réside dans la modification d'une caractéristique de base du CVC, le statut des votes superflus. Si vous avez trouvé que mon interprétation précédente était un peu douteuse, vous aviez probablement raison. Vous avez raison. J'ai avancé que les votes superflus ne sont pas nécessaires à l'élection de gagnants de circonscription, et c'est vrai, mais ce n'est pas tout à fait vrai. Si les électeurs qui ont posé ces votes étaient restés chez eux, le résultat n'aurait pas changé. C'est vrai, mais ils ne sont pas restés chez eux. Ils sont venus voter pour les gagnants, contribuant donc indirectement aux résultats en ne votant pas pour les candidats perdants. S'ils l'avaient fait, certains de ces perdants auraient gagné.
Les votes superflus, par conséquent, comptent pour l'élection des gagnants, pas directement, mais indirectement, en empêchant ces votes d'aller à d'autres candidats. Cela crée un autre problème. Les votes superflus ont une double valeur. Ils aident indirectement à élire les gagnants, mais ils contribuent aussi directement à élire certains des sièges proportionnels. Il serait injuste de leur attribuer un tel pouvoir de vote. Que faire, donc?
La réponse était de séparer la valeur des votes superflus en deux portions, une indirecte et une directe. C'est ce que j'ai fait en introduisant une nouvelle variable dans le modèle CVC, une quantité que j'appelle q. Je n'ai pas le temps d'expliquer les détails de ceci, sauf de préciser que q est une fraction décimale inférieure à un qui est multipliée par le nombre de votes superflus pour réduire leur contribution au BP, et cela est la portion directe de ces votes.
Comment q règle-t-il le problème des ratios de pondération des votes élevés selon l'option des deux tiers? C'est simple. Souvenez-vous que tant les votes perdants que les votes superflus élisent certains des sièges proportionnels. Si les votes superflus sont réduits en valeur par rapport aux votes perdants dans le BP, les votes perdants servent alors à élire une plus grande proportion de ces sièges qu'ils ne le faisaient auparavant. Ils acquièrent un poids et le ratio diminue. Par exemple, avec une valeur adéquate de q, on peut réduire le ratio des élections fédérales que j'ai mentionné, de 2,48 à 2,0, ce qui n'est pas mal du tout; ainsi, le problème du poids du vote est effectivement réglé, rendant l'option des deux tiers chose faisable pour le CVC.
Soit dit en passant, aucune solution semblable n'existe pour la RPM, parce qu'elle ne reconnaît pas les votes superflus.
Voilà qui était le système CVC dans son état actuel, la version que j'ai résumée dans mon mémoire. Je ne crois pas que les électeurs auraient de la difficulté à comprendre son fonctionnement fondamental. Ils n'auraient pas besoin de connaître tous les détails pour saisir l'idée que si leur vote ne sert pas à élire un siège de circonscription, il contribue néanmoins à élire un candidat à un siège proportionnel. Le système CVC est réellement très facile à comprendre.
En conclusion, le CVC garantit qu'aucun vote n'est perdu — ce qui est assez évident — et que l'attribution finale des sièges fait état du profil du suffrage populaire. C'est une question de recherche empirique, et je vous assure que c'est vrai.
Je vous fais remarquer aussi que, selon le CVC, la représentation locale est maintenue; il n'y a jamais de résultats d'élection faussés ni d'exclusion, les petits partis sont traités de façon équitable, les gouvernements légèrement majoritaires sont quelquefois possibles, croyez-le ou non, avec une minorité de votes, les ratios de pondération des votes sont équitables, les sièges proportionnels sont pourvus en fonction de critères régionaux ou d'autres critères importants comme l'ethnicité, le genre et la spécialité professionnelle, et aucun processus de transfert de vote spécieux n'est nécessaire pour que tous les électeurs aient leur mot à dire dans le choix de leur gouvernement.
Mesdames et messieurs, votre comité fait face à un dur défi pour ce qui est de persuader les Canadiens à accepter le mode de scrutin que vous recommanderez en fin de compte. À mon avis, vos chances de réussite seront bien plus élevées si vous leur proposez un mode équitable, efficace et fait au Canada qu'ils pourront comprendre.
Je suis confiant que le CVC répond à ces critères. Je crois que les Canadiens l'adopteraient avec enthousiasme, et je vous encourage à l'envisager sérieusement.
Merci de m'avoir écouté.
:
Je vous remercie beaucoup de me permettre de contribuer au travail que vous faites tous au sujet de cette question qui est manifestement si importante.
Je suis un politologue qui étudie la politique au Canada, essentiellement au niveau de la base. Cela comprend l'organisation des partis dans les circonscriptions et, surtout, comment les députés représentent leurs électeurs dans leur circonscription. Ma recherche au cours des dernières années a porté sur l'observation de députés dans leur circonscription tandis qu'ils s'acquittaient de leurs tâches de représentant; malheureusement, cela n'a porté sur aucune des personnes à la table aujourd'hui.
Cette recherche et cette expérience m'ont permis d'acquérir une profonde appréciation de la façon dont le rôle des circonscriptions et des collectivités façonnent la politique dans le pays, surtout la représentation. Je voudrais consacrer mon temps aujourd'hui à parler de la représentation locale. Je parlerai d'abord du rôle central que la représentation locale et les services tiennent dans la politique au Canada, puis je parlerai de ce que cela représente pour les travaux de votre comité. Les systèmes électoraux peuvent produire d'autres bonnes choses, comme l'équité entre les sexes, comme la proportionnalité, mais compte tenu de ma propre recherche, j'aimerais me concentrer sur la représentation locale.
On ne saurait trop insister sur l'importance de la représentation locale dans un pays aussi grand et diversifié que le Canada. Selon le mode de scrutin actuel, chaque citoyen a un représentant lié d'une certaine façon à sa collectivité, souvent par des liens très solides, de profondes racines, et il n'y a aucun doute quant à l'identité du représentant. Chaque Canadien a un lien local direct avec le gouvernement, et son député arrive à Ottawa avec l'expérience locale particulière qui, en somme, représente la diversité de la nation dans son ensemble. Les Canadiens s'attendent à ce que leurs députés transmettent à Ottawa les points de vue, les besoins et les préoccupations des électeurs de leur collectivité, et agissent en fonction de tout cela.
Les députés pensent qu'être des députés de circonscription attentifs les aide à être réélus. Nous savons, d'après les sondages de recherche, que cela est exact. Les Canadiens ont un mécontentement général envers la politique, mais si l'on creuse plus profondément, un paradoxe fait surface. Les Canadiens sont mécontents du rendement des politiciens pris en groupe, mais souvent, ils sont très heureux du rendement de leur propre député. Comment expliquer cela? Cela peut découler du travail de représentation et de la visibilité locale des députés dans leur propre circonscription; c'est donc un élément crucial et important de la démocratie au Canada.
Que signifie tout cela pour les travaux du Comité? La représentation locale est souvent perçue, à juste titre, comme étant la force de notre mode de scrutin actuel. Le système uninominal majoritaire, comme son nom l'indique, découpe le pays en circonscriptions relativement petites, attribuant à chacune un député qui, dans la plupart des cas, a des liens profonds dans les collectivités de la circonscription. Mais d'autres modes de scrutin comportent aussi des éléments de représentation locale. Un mode de scrutin préférentiel, par exemple, conserverait aussi les circonscriptions à un député au Canada, tout comme le ferait la RPM, un mode de représentation proportionnelle mixte. Ce mode de scrutin conserve les circonscriptions et maintient les députés des circonscriptions, mais il ajoute aussi des députés de liste, ce qui donne lieu à la proportionnalité. Si le Comité voulait maintenir la représentation des circonscriptions tout en créant aussi la proportionnalité et toutes les bonnes choses qui en découlent, le moyen le plus facile de le faire serait d'ajouter simplement 30 députés qui seraient choisis parmi des listes de parti, sans toucher aux députés de circonscription. Réduire le nombre des députés de circonscription pour faire de la place à des députés de liste nuirait à la qualité de la représentation par circonscription.
Le VUT, le vote unique transférable, change la nature de la représentation locale en ajoutant des circonscriptions à plusieurs députés. Cela ne nuit pas nécessairement à la qualité de la représentation locale, mais la modifie assurément.
Selon le VUT, les circonscriptions tendraient à devenir assez grandes. Cela a été un élément de la campagne référendaire en Colombie-Britannique, après que l'assemblée des citoyens ait révélé les préoccupations concernant l'augmentation de la taille des circonscriptions. C'est aussi un élément à prendre en compte dans les modes de représentation proportionnelle, qui causerait des problèmes au niveau de la représentation locale également.
En conclusion, je dirais que j'ai constaté le lien spécial de représentation qu'il y a entre les députés et leurs électeurs au Canada. C'est un lien qui nourrit notre mode de scrutin actuel, celui des circonscriptions à un député. J'espère que le Comité gardera cette relation à l'esprit dans son examen des autres modes qui pourraient remplacer notre mode actuel, ou dans sa décision de conserver le mode de scrutin tel qu'il est maintenant.
Merci.
:
C'est un plaisir d'être ici dans cette belle ville. Vous avez de très bonnes pâtisseries. Nous pouvons tous le confirmer, et c'est important.
Je représente une circonscription rurale dans le nord de la Colombie-Britannique, et les questions de représentation sont très importantes pour nous tous. La perspective est différente selon l'endroit où l'on se trouve dans le pays. Ma circonscription est un peu plus grande que la Pologne; je conteste donc votre observation, monsieur Koop, selon laquelle nous avons des circonscriptions relativement petites dans ce pays. Nous avons un paquet de circonscriptions relativement petites, et nous avons un grand nombre de circonscriptions massives.
J'aimerais vous communiquer peut-être l'assurance qu'un des principes directeurs du Comité est la représentation directe. Nous étudions présentement des modèles et des propositions qui doivent être examinés sous cette lentille. Je ne crois pas que le Comité ait entendu parler de nombreux modèles qui proposent d'éliminer la représentation directe, ou je ne m'en souviens pas. Il y en a peut-être un ou deux, mais certainement pas la majeure partie.
Monsieur Kidd, merci de votre innovation. Cela fait partie aussi de ce que nous faisons ici. Il y a toute une bibliothèque de systèmes dans le monde, mais examiner une solution faite au Canada nous intéresse beaucoup.
Avez-vous vu l'étude d'Élections Manitoba qui vient d'être publiée, aujourd'hui je crois? Ce serait bien que le Comité l'examine aussi. Cette étude a analysé la dernière élection au Manitoba. La participation s'est élevée à 57 %, je crois. Les auteurs ont interviewé des gens qui ont voté et des gens qui n'ont pas voté. De ceux qui n'ont pas voté, 50 % ont déclaré qu'ils auraient voté si leur vote avait compté et si tous les votes avaient été traités équitablement. Ceci par opposition à certaines de vos observations.
Les résultats de l'étude d'Élections Manitoba vous surprennent-ils, confirment-ils...? Qu'en pensez-vous?
M. Koop d'abord, puis M. Kidd.
:
Merci beaucoup, messieurs, pour vos exposés.
[Français]
J'aimerais également remercier la ville de St-Pierre-Jolys pour la présence en si grand nombre de ses citoyens.
[Traduction]
Merci de cet accueil chaleureux.
Je poserai ma question en anglais. Ne vous inquiétez pas.
J'ai été très intéressée en lisant votre proposition, monsieur Kidd, et je m'y suis reprise à deux fois, parce que j'ai dû appliquer les calculs pour moi-même. Comme vous l'avez dit, la plupart des Canadiens n'ont pas besoin de connaître la formule mathématique servant à calculer q et ainsi de suite. On nous a dit que la plupart des Canadiens ne veulent pas regarder sous le capot pour savoir comment les choses sont calculées. Du point de vue de l'électeur, c'est simple, parce qu'il suffit de mettre un X. La portion calcul reviendrait à l'agent d'Élections Canada qui devra créer la formule du calcul.
Une des préoccupations qui nous ont été signalées porte sur le fait que la plupart des Canadiens ne sont pas très ouverts à l'idée d'ajouter des députés dans le tableau. Dans votre modèle, vous mentionnez de porter le nombre de députés à environ 350, donc 12 de plus.
En plus de cela, vous n'avez pas mentionné dans votre mémoire si vous préférez la liste fermée par opposition à la liste ouverte. Vous les avez mentionnées toutes les deux, mais vous n'avez pas précisé.
Maintenant, l'autre côté de la médaille, monsieur Koop... C'est un excellent exposé conjoint. Comme la représentation locale est très importante pour les Canadiens et que c'est un des principes directeurs, si nous devions adopter un modèle semblable à celui de M. Kidd, que recommanderiez-vous pour les sièges proportionnels? Vous avez beaucoup travaillé au sujet de la représentation locale. Que recommanderiez-vous? Si nous devions l'appliquer par région, par exemple, la région de Montréal, les gens figurant sur la liste proportionnelle vivraient probablement près du centre-ville. S'ils étaient sélectionnés, on se trouverait avec un paquet de députés dans cette circonscription, mais plus loin, dans le nord de Montréal ou dans le sud de Montréal, il n'y en aurait pas. Aussi, qu'est-ce que cela signifierait sur le plan de la représentation, les candidats parachutés et ainsi de suite? Pouvez-vous nous expliquer davantage cela?
:
Vous avez posé une très bonne question.
Aucun système n'est parfait. Si nous pouvions trouver le système parfait, tous les pays du monde l'utiliseraient présentement. Chaque système a ses avantages et ses inconvénients, et le défi auquel vous faites face consiste à tenter de trouver celui dont les avantages l'emportent sur les inconvénients, ou qui offre ce que l'on veut en obtenir.
Prenons le scrutin majoritaire uninominal à un tour: solide, gouvernement stable, représentation locale, parfait. Disproportionnalité? Non. Eh bien, on sait qu'on doit laisser aller quelque chose.
Dans le cas de la représentation proportionnelle, avec le scrutin de liste ou le scrutin ordonnancé, on obtient la représentation parfaite, tous les votes comptent, etc., mais il n'y a pas de représentation locale.
Je pourrais continuer ainsi indéfiniment. Il y a toute une liste de choses différentes souhaitables. Il faut faire la part des choses.
Je ne veux vraiment pas essayer de pousser mon système, mais ceux d'entre vous qui ont lu ce document blanc auront vu qu'il y a, vers la fin, une fiche de rendement du CVC dans laquelle j'indique les cotes de A+ à B, la cote la moins élevée. J'ignore si vous l'avez lu, mais je crois que c'est un bon système parce qu'il offre un grand nombre d'avantages et ne présente aucun inconvénient vraiment, à mon avis, sauf le problème de l'élargissement de la taille des circonscriptions et, avec un système mixte, c'est une chose qu'il va falloir faire à moins d'accepter l'idée d'avoir 500 sièges.
Il faut faire l'équilibre. C'est une question d'équilibre.
Je suis un professeur de droit à l'Université du Manitoba. Je suis titulaire présentement d'une chaire fondée en droit des affaires et du commerce international. Je fais cela et exerce le droit depuis environ 35 ans. Au cours de cette période, j'ai produit environ 10 monographies sur la réforme constitutionnelle et sur la réforme institutionnelle. J'ai deux ouvrages qui pourraient vous intéresser. Le premier est Valoriser les Canadiens. C'est une étude que j'ai menée pour la Commission du droit du Canada en 2003. La matière principale de cet ouvrage a fini par être recommandée par la Commission du droit du Canada en 2004.
Si je comprends bien, une partie du mandat porte sur le vote électronique. J'ai fait une étude sur ce sujet pour le directeur général des élections du Canada en 2013.
Ces deux ouvrages sont disponibles gratuitement en ligne, dans les deux langues officielles. Si quelqu'un souhaite que je lui en fasse parvenir un exemplaire, je le ferai avec plaisir.
Quelles étaient les grandes lignes de ces études? Dans Valoriser les Canadiens, j'affirme que l'on peut établir un cadre raisonnablement objectif pour l'évaluation de propositions. Entendons-nous, il est vrai que le mode parfait n'existe pas, il y a toujours des compromis. La méthodologie proposée dans Valoriser les Canadiens consistait à s'inspirer des organes et des groupes de réflexion internationaux et à voir si nous pouvions cerner quelques critères sur lesquels presque tout le monde s'entendrait. Ensuite, il s'agissait d'évaluer cinq systèmes familiaux et de présenter quelques recommandations. L'analyse devait être objective.
Les recommandations dans Valoriser les Canadiens sont qu'il y a deux solides candidats: la RP légère, une forme très modeste de représentation proportionnelle ajoutée au mode de scrutin actuel, ou le scrutin majoritaire uninominal à un tour. Dans Valoriser les Canadiens, on a probablement penché un peu plus en faveur de la RP légère.
Je ne peux résumer les conclusions se rapportant au vote électronique en quelques mots, sauf dire qu'il faut faire très attention à la cybersécurité. Le vote électronique semble génial. Je pensais qu'il était génial — j'étais un partisan enthousiaste —, mais plus je l'examine, plus je m'inquiète des conséquences que les problèmes de cybersécurité et de falsification pourraient avoir sur notre démocratie.
Je suis très heureux d'avoir été invité ici, parce que ça m'a incité à penser à mes réflexions depuis lors. J'ai une ou deux idées.
Les choses ne sont pas ce qu'elles étaient en 2003: une ou deux choses se sont produites. Premièrement, il y a eu des propositions de réforme électorale à bien des endroits, mais aucune n'a été plus loin. On pourrait dire qu'il y a des obstacles systémiques, mais il y a peut-être aussi de bonnes raisons pour lesquelles les choses n'ont pas été plus loin. Nous devrions penser à cela. Deuxièmement, la motivation n'est plus aussi forte, parce qu'une grande proportion des dysfonctionnements qui existaient en 2003-2004 se sont atténués quelque peu.
À une certaine époque, des gens comme moi disaient que nous devions faire quelque chose, mais un grand nombre de problèmes sont moins aigus qu'ils ne l'étaient auparavant. Je crois que les partis se sont adaptés, les électeurs se sont adaptés. Des endroits qui n'avaient jamais eu d'alternance ont connu une alternance, par exemple, la règle permanente du Parti conservateur en Alberta.
Nous venons d'avoir un changement de régime dans ma propre province, le Manitoba. Il semble que l'idée d'avoir un gouvernement permanent se soit quelque peu estompée. Nous n'avons pas de partis de protestation régionaux — comme le Parti réformiste ou le Bloc, et ce n'est pas un jeu de mots. Mais les électeurs ont décidé qu'ils préféraient des partis qui privilégient les aspects nationaux. Ainsi, au lieu de modifier le système légèrement, nous l'avons adapté et nous avons réussi à trouver au sein de ce système des éléments qui en corrigent les principaux défauts.
J'aimerais vous présenter une autre idée, s'il me reste suffisamment de temps pour le faire.
Lorsque je réfléchis à la rédaction de ce livre, mon instinct me dit qu'aujourd'hui, quelle que soit la catégorie dans laquelle vous le placez, je dois dire qu'après avoir été pendant 35 ans un observateur indépendant de la politique, l'alternance est, à mon avis, un aspect très utile et très important. Nous avons tendance à penser, en temps réel, que tout le monde devrait exercer une certaine influence, n'est-ce pas — les partis minoritaires devraient avoir leur mot à dire — et cela est important, mais demandez-vous si, avec le temps, il n'est pas important que des partis différents prennent le pouvoir l'un après l'autre, pour que les équipes dirigeantes changent régulièrement. C'est un avantage qu'offrent tous les systèmes politiques et qui est sous-estimé, à savoir que les partis au pouvoir changent. Je peux vous expliquer pourquoi je trouve que cela est important. Il existe de nombreuses raisons fondamentales et objectives qui démontrent qu'il ne faut pas se préoccuper uniquement de veiller à ce que les différentes opinions soient représentées pendant que le gouvernement exerce le pouvoir. C'est qu'il est bon que le pouvoir soit exercé en alternance par des équipes différentes.
J'espère que je n'ai pas dépassé mes cinq minutes, mais voilà mes idées sur ce sujet.
:
Bonjour. Je m'appelle Darren Gibson. J'ai trois filles, âgées de 4, 8 et 11 ans. J'habite à Winnipeg dans la circonscription d'Elmwood—Transcona. Je suis un syndicaliste actif qui s'intéresse de près à la chose politique et j'ai été élu au poste de président chargé de l'action politique pour Unifor. Font partie de mes attributions l'éducation, l'examen des questions communautaires et sociales, les campagnes et la solidarité, ainsi que la participation aux élections aux différents niveaux. Chez Unifor, nous estimons que tous ces éléments font partie de notre engagement démocratique et je voulais vous faire part de certaines idées aujourd'hui.
Je suis ici aujourd'hui parce que je pense que la réforme électorale est la grande question qu'il faut régler pour ce qui est de la démocratie canadienne. Si vous, nos représentants élus, ne saisissez pas cette occasion, il faudra attendre très longtemps avant que les conditions se prêtent à nouveau à une telle réforme.
Je suis venu vous dire que nos membres sont prêts à accepter un changement et qu'ils s'attendent à ce que je travaille pour qu'il se produise.
Le Canada est une des rares démocraties occidentales qui utilisent encore le système majoritaire uninominal à un tour. C'est le même système que nous utilisions en 1867, à une époque où il n'y avait que deux partis politiques et où beaucoup de gens n'avaient pas le droit de vote.
Un des défauts du système majoritaire uninominal est que tous les votes ne comptent pas. En 2011, les conservateurs ont formé un gouvernement majoritaire avec 39 % des voix. L'automne dernier, les libéraux ont obtenu la majorité, mais ce parti n'a encore obtenu que 39 % des voix. Quelle que soit votre façon de faire le calcul, vous devez constater que 40 % ne représentent pas une majorité. Et pourtant, c'est bien le résultat que donne notre système électoral actuel.
Il faut adopter un système équitable dans lequel tous les votes comptent, où tous les votes sont égaux, et dans lequel toutes les régions sont représentées. Nous voulons que les électeurs aient moins de raison de voter de façon stratégique et qu'il leur soit plus facile de voter pour se donner un avenir meilleur. Nous voulons que les jeunes et tous ceux qui se sont sentis écartés du processus politique s'intéressent au processus électoral et y participent.
Le système majoritaire uninominal a un deuxième défaut, c'est que tous les électeurs ne sont pas égaux. La réforme électorale est une question d'égalité. Avec le système électoral actuel canadien, toutes les voix ne comptent pas. Tous les électeurs ne sont pas représentés, ce qui amène une bonne partie de la population à s'abstenir de participer à ce processus.
Les principaux groupes qui ne participent pas aux élections sont les jeunes, les femmes, les gens de couleur et les Autochtones. Il est essentiel, si l'on souhaite avoir un gouvernement démocratique dynamique, que les voix et les besoins de ces groupes qui recherchent l'équité soient pris en compte. Ce sont des éléments essentiels si l'on souhaite avoir une véritable démocratie.
On a beaucoup parlé de l'égalité des sexes au cours de l'élection de 2015. Les députés ont maintenant la possibilité de montrer qu'ils veulent faire quelque chose de concret en appuyant le projet de loi d'origine parlementaire de Kennedy Stewart, le projet de loi , la Loi sur l'équité homme-femme chez les candidats. Ce projet de loi s'inspire des lois qui existent dans d'autres pays où davantage de femmes sont élues. Il conditionne les subventions destinées aux partis politiques à des mesures visant à assurer l'équité entre les sexes et il a pour effet d'inciter les partis à présenter davantage de candidates, ce qui nous rapprochera de la parité entre les sexes à la Chambre des communes.
La convention nationale que nous avons tenue en août dernier a appuyé, à une majorité écrasante, une réforme électorale qui consisterait à adopter un système proportionnel qui attribue les sièges du Parlement de façon à ce que chaque voix compte.
Unifor s'est délibérément refusé à présenter un modèle détaillé, destiné à remplacer le système majoritaire uninominal. Nous espérons toutefois que ce comité multipartite en arrivera à un consensus et recommandera un système proportionnel que tous nos membres ainsi que la population puissent comprendre.
À notre avis, vous possédez tous les renseignements au sujet des systèmes électoraux dont vous avez besoin pour répondre à nos aspirations. Nous ne voulons pas que les préoccupations de vos partis empêchent la constitution d'une majorité. Nous ne voulons pas d'un référendum ou d'un autre mécanisme qui empêcherait d'utiliser un système proportionnel pour les prochaines élections.
À notre avis, les Canadiens ont fait clairement connaître leur position au cours de l'élection fédérale en choisissant une large majorité de députés qui avaient publiquement déclaré vouloir procéder à une réforme électorale. Au cours de la campagne fédérale, le premier ministre Trudeau a affirmé que 2015 serait la dernière élection tenue avec le système actuel. Au cours de la même campagne, j'ai fait du travail bénévole dans plusieurs bureaux électoraux de Winnipeg, dans les circonscriptions d'Elmwood—Transcona, de Winnipeg-Centre et de Kildonan—St. Paul et j'ai fait du porte-à-porte pour parler aux électeurs; j'ai alors compris qu'il fallait que cette promesse soit respectée. Les électeurs étaient découragés. Ils ne votaient pas pour leurs partis, parce qu'ils estimaient qu'ils ne gagneraient jamais, ou ils refusaient tout simplement d'aller voter.
Nous demandons que soit adopté un nouveau système électoral qui préserve la notion de représentant local, dans lequel chaque vote compte et nos politiciens sont élus proportionnellement au nombre de voix obtenues.
Merci de m'avoir fait l'honneur de me laisser prendre la parole devant le Comité.
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Bonjour. Je m'appelle Gina Smoke. Je suis la représentante d'Unifor et je suis de descendance autochtone. Je comparais donc pour le compte d'Unifor et de la communauté autochtone.
J'ai grandi dans une réserve en sachant ce que c'est que de faire partie d'une minorité, d'éprouver de la difficulté à voter, et de voir constamment les mêmes choses se reproduire dans nos collectivités. Dans ma jeunesse, je n'étais pas sensible aux questions politiques. Je crois que c'est plutôt ma mère qui m'a appris beaucoup de choses dans ce domaine, notamment comment lutter pour nos droits.
Tout comme Darren, j'ai travaillé au cours de nombreuses campagnes électorales et c'était la première fois que je faisais du porte-à-porte. J'ai travaillé dans des quartiers difficiles de Vancouver et parmi des groupes à faible revenu. Cela m'a permis de constater que je retrouvais dans ces quartiers des problèmes semblables aux miens pour ce qui est du vote: le sentiment que votre voix ne compte pas, le refus des gens d'aller voter parce qu'ils pensent qu'ils sont sous-représentés. Il n'a pas été facile d'expliquer mes origines à ces personnes et de leur dire comment je me sentais dans cette situation et que je voulais voter.
J'ai appris diverses choses au sujet de la façon dont fonctionne le gouvernement, pas seulement le gouvernement fédéral ou provincial, mais dans les réserves. J'ai grandi dans une réserve où il y avait un chef héréditaire et j'ai vécu, après mon mariage, dans une réserve où les dirigeants étaient élus. J'ai appris, en travaillant pour les syndicats et en écoutant les dirigeants locaux et les syndicats, que tout le monde souhaite la même chose: les gens veulent que leurs voix soient entendues, ils veulent se sentir représentés, quelle que soit leur origine.
Je suis devenue la présidente de ma section locale au poste de télévision communautaire. J'y suis restée pendant 19 ans et il m'a fallu beaucoup de temps pour apprendre à faire respecter mes droits et à faire entendre ma voix. Cela s'explique en partie par le fait que j'ai deux enfants que j'ai élevés seule. Je veux qu'ils disposent de la même voix que tous les autres et qu'ils n'aient pas à subir les choses que j'ai subies dans la réserve.
Malheureusement, il faudrait changer encore pas mal de choses. À cause de toutes les difficultés que j'ai connues, j'ai appris, lorsque j'étais présidente de ma section locale, que chaque service de notre société devait pouvoir se faire entendre parce que les membres des différents services se disaient que si un seul service était représenté, personne ne tiendrait compte des besoins de ce service. En tant que présidente, j'ai veillé à ce que nos comités regroupent des représentants des différents services, et j'ai fait la même chose lorsque nous avons participé à une négociation collective.
Je vois les choses de façon beaucoup plus simple que ce que l'on trouve dans ces analyses complexes et le reste. Je pense que le gouvernement devrait être composé de représentants égaux; nous ne devrions pas avoir de majorité; nous devrions pouvoir travailler tous ensemble pour que nos voix soient représentées. Cela me paraît tellement fondamental. Le système est trop compliqué pour rien.
Il faudrait faciliter davantage les choses pour les collectivités autochtones, en particulier celles du Nord; il leur est beaucoup plus difficile d'exercer leur droit de vote. Pourquoi avons-nous rendu les choses si compliquées? Nous savons qui sont les membres de ces collectivités. Pourquoi nous obliger à toutes ces choses...? Il y a beaucoup d'anciens qui ne parlent ni ne lisent l'anglais. Ils ne conduisent pas, alors pourquoi leur demander d'avoir un permis de conduire? On retrouve la même situation également dans la collectivité où j'ai grandi, et elle n'est pourtant pas loin d'ici.
Je pense simplement qu'il doit exister une meilleure façon de faire les choses et il faut que nous travaillions tous ensemble pour y parvenir.
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Ils le sont, à mon avis. C'est une nécessité morale. Ce n'est pas une nécessité juridique, mais c'est à mon avis, une nécessité morale.
C'est un aspect qui a également changé, à savoir la mesure dans laquelle les plébiscites ont été intégrés à la tradition britanno-canadienne lorsqu'il s'agit d'approuver des réformes fondamentales.
Je me suis demandé pourquoi cela ne s'est-il pas fait? Encore une fois, j'estime que nous devrions prendre beaucoup de recul. Que pourrait être un système capable de durer pendant un siècle ou deux? Nous avons tous tendance à réfléchir en pensant à l'avenir immédiat. Nous sommes toujours influencés par ce qui se passe dans l'immédiat.
J'écrivais, en 2003, qu'il n'y avait qu'un seul parti qui gouvernait le Nouveau-Brunswick, il n'y avait pas d'opposition. Il y avait des provinces qui n'avaient pas changé de parti au pouvoir depuis des dizaines d'années. Il y avait des partis régionaux de protestation importants, mais pas de possibilités viables autres que les deux ou trois principaux partis. Il semble que ces dysfonctionnements soient moins fréquents aujourd'hui. Est-ce l'effet du hasard ou est-ce qu'il est arrivé quelque chose?
Je crois, et c'est là une simple déduction, qu'il est arrivé quelque chose et que, d'une certaine façon, les partis et les Canadiens ont constaté un certain dysfonctionnement et qu'ils ont réussi à les corriger en partie.
En Saskatchewan, il y a eu un parti du centre droit qui a unifié les partis. On a constaté la même chose au palier fédéral au Canada, de sorte qu'il y a eu une opposition viable au Parti libéral du Canada. Dans une certaine mesure, tout en conservant le système en vigueur, nous avons réussi à atténuer une partie des graves défauts du système majoritaire uninominal. Il comporte de nombreux aspects positifs et bien entendu des aspects négatifs, mais nous avons réussi, dans une certaine mesure, à les atténuer.
Il y a aussi le fait que de nombreuses initiatives visant à assurer la transparence du gouvernement ont été lancées. Je signale en passant que je suis un grand partisan de la transparence des gouvernements. Je suis un grand partisan des initiatives de gouvernement transparent qu'a lancées le gouvernement actuel et certaines d'entre elles ont atténué les défauts les plus graves du système majoritaire uninominal. Je ne pense pas que nous devrions en rester à la période 2003-2004. On a effectué toutes ces études, il y a eu ce mouvement. Nous devons nous demander pourquoi cela ne s'est pas fait. C'est peut-être important et il y a peut-être des raisons qui l'expliquent. Il y avait peut-être une excellente raison, mais je crois, avec le recul, qu'il y avait d'excellentes raisons qui expliquent pourquoi cela ne s'est pas fait.
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Je ne vais pas faire de commentaire sur le cas de l'Île-du-Prince-Édouard, parce qu'il faudrait que je l'étudie soigneusement avant de me former une opinion.
Il existe de nombreuses formes de scrutin préférentiel. Il y a des formes qui peuvent être utilisées avec la représentation proportionnelle, la RP allégée ou intégrale, ou avec le vote unique transférable. La plupart des gens parlent du vote préférentiel, parce qu'il est simple; c'est l'adaptation minimale que l'on peut faire à notre système actuel.
À la page 61, ou la page 56 en anglais, il y a une citation de Winston Churchill à ce sujet, qui, je dois l'avouer, me plaît assez, mais qui n'est pas une très bonne idée, si je peux le dire ainsi. Le problème que pose le VP, comme le dit Churchill, est qu'il attribue le plus d'importance aux voix ayant le moins de valeur accordées aux candidats ayant le moins de valeur.
Pourquoi le deuxième choix d'un petit parti compterait davantage que le deuxième choix de tous les autres partis? En réalité, cela ne respecte pas la proportionnalité et soulève de nombreux autres problèmes, mais je ne peux pas mettre de côté ce problème.
Pour ce qui est des termes « plébiscite » et « référendum », je crois que techniquement l'un est contraignant et l'autre ne l'est pas; mais pour moi, ce n'est pas de toute façon une question juridique. Juridiquement, il est possible de faire beaucoup de choses sans demander un vote populaire. Je constate que, depuis l'époque de l'Accord de Charlottetown, il existe au Canada une sorte de consentement selon lequel il faut soumettre directement à la population tous les changements importants.
Puis-je ajouter rapidement quelque chose?
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Il n'est pas bon de concevoir les systèmes électoraux comme s'ils permettaient de résoudre les problèmes politiques, comme si les désaccords disparaîtraient, ce qui n'est pas une bonne chose. Il est possible de résoudre beaucoup de problèmes avec ce système grâce à l'initiative de transparence gouvernementale. Si la représentation démographique, par exemple, fait problème, il existe de nombreuses façons de le régler, au sein des partis et à d'autres niveaux, sans pour autant modifier le système électoral.
Si vous voulez modifier le système électoral, il faudrait d'abord examiner le cadre proposé et ne pas voir là un moyen de régler les problèmes politiques. Nous ne devrions pas dire: « Très bien, je suis de gauche ou de droite, et je veux donc un système qui me permette de gagner. »
Je reviens toujours à l'alternance. J'ai entendu dire que rien ne changeait jamais au Manitoba, une province où les ministres gagnent des sièges qui ne devaient jamais changer, mais tout cela a changé au cours de la dernière élection. Chaque élection envoie un signal au gouvernement au pouvoir, qui a la possibilité d'influencer l'élection suivante.
Est-ce que j'ai gaspillé mon vote parce que je vote parfois pour les gars qui n'ont pas gagné? Non. Cela envoie peut-être un message et peut-être que mon équipe gagnera la prochaine fois. Les gens disent « Oh, on n'a pas tenu compte de mon opinion », mais je suis en faveur d'un gouvernement qui est composé de partis et influencé par des idéologies que je ne partage pas.
Je suis en faveur de l'alternance. J'aime l'idée que les gens au pouvoir changent et qu'on puisse entendre d'autres voix. J'aime l'idée que les politiques soient évaluées et repensées. J'aime l'idée que l'équipe de ceux qui recherchent des faveurs ne gagne pas à chaque fois.
J'aime l'idée que des gens qui ne sont pas d'accord avec les autres puissent obtenir le pouvoir et vivre avec le problème. Si vous pensez que la question de la sécurité nationale est simple parce qu'elle concerne uniquement la vie privée, eh bien, mettez-vous à la place du ministre qui doit signer des papiers qui permettent de faire face à une menace terroriste ou mettez-vous à la place du ministre du parti qui vise uniquement la sécurité et pensez aux conséquences de ces actions sur le respect de la vie privée.
J'aime la politique. J'aime l'alternance. J'aime les désaccords. J'aime la vitalité de la vie politique. Il ne faut pas que nous nous retrouvions avec toujours la même coalition majoritaire et insipide ou avec un système dans lequel personne ne perd ni ne gagne, qui vous permette de changer d'idée, de dire que vous n'avez pas toujours raison et que les autres doivent aussi avoir leur tour, voilà ce que je n'accepte pas. J'aime la vitalité de la vie politique.
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Oui. Bien sûr, il y a un continuum: existe-t-il un large consensus; le gouvernement est-il capable de prendre des mesures et des initiatives décisives et de mettre en oeuvre un programme sur une période de quatre ans? Chacun, qu'il s'agisse de la façon d'élire des représentants ou de savoir comment ils se comportent une fois qu'ils sont élus, se situe à un endroit donné de ce continuum, et il n'y a pas de noir et blanc dans ce domaine.
Le système majoritaire uninominal est à l'origine de certains problèmes parce qu'il permet à un gouvernement possédant une majorité artificielle de rester au pouvoir très longtemps. Cela m'a beaucoup dérangé. Il n'y avait pas suffisamment de place pour les discussions, parce qu'un groupe qui représentait 40 % de la société, que ce soit les conservateurs en Alberta ou les libéraux au Canada, restait au pouvoir. C'est ce qui a dissuadé les gens de s'intéresser à la politique, de croire qu'ils pouvaient changer les choses, par exemple.
Ce système donne de bien meilleurs résultats depuis une quinzaine d'années environ. Est-ce une coïncidence ou est-ce à cause de ces adaptations? Je n'ai pas d'opinion définitive sur cette question, mais j'ai tendance à penser, à l'heure actuelle, que c'est à cause des adaptations.
Je crois qu'il faudrait éviter d'adopter un autre système électoral qui donnerait le pouvoir à une coalition permanente de centre droit ou de centre gauche. Cela me paraîtrait très malsain.
À ce sujet, ne pensez pas uniquement aux partis, mais pensez également aux idéologies et aux équipes en plus des partis. Quelles que soient les nuances qui peuvent exister au sein d'un même parti, qu'il s'agisse du Parti libéral ou du Parti conservateur, c'est toujours la même équipe qui est réélue: les mêmes personnes, à peu près la même idéologie. Cela me paraît malsain.
Je pense que la dialectique est une bonne chose. Les gens devraient pouvoir tenir des discussions. Il arrive que les personnes qui ont l'esprit ouvert changent d'idée. Les gens devraient pouvoir essayer des idées différentes, vivre avec les conséquences et laisser la place à quelqu'un d'autre.
C'est un jugement de valeur. Il y a des gens qui préfèrent la stabilité, la certitude, l'uniformité. Personnellement, c'est un jugement politique personnel, je pense qu'il est bon pour la politique qu'il y ait des désaccords, qu'il y ait des discussions, que différentes personnes soient au pouvoir et assument la responsabilité de leurs actes.
À ce sujet, j'ai écrit un livre qui s'intitule Revitalizing Manitoba. S'il y a quelqu'un qui pense que je suis en faveur du statu quo, je peux vous dire que j'ai écrit 12 livres qui vont dans le sens contraire, y compris Revitalizing Manitoba, qui est une critique fondamentale de la façon dont notre société fonctionne. Le pluralisme est une de mes... J'y attache une très grande valeur. Il y a beaucoup d'idées qui sont valides, mais il n'y en a pratiquement aucune qui soit toujours juste.
J'aime bien avoir une bonne discussion. Je pense qu'il est bon pour la société qu'il y ait des discussions et que les gens aient le sentiment non seulement qu'ils peuvent avoir des discussions, mais que, s'ils prennent le pouvoir, ils pourront mettre en oeuvre leur programme et voir ce qu'il donne; et cela est une bonne chose pour tout le monde, même si je ne suis pas toujours d'accord avec ce qui se fait.
J'ai vu des gouvernements faire certaines choses avec lesquelles j'étais tout à fait d'accord. Je pense, par exemple, au gouvernement de Bob Rae en Ontario, qui a été élu avec le système majoritaire uninominal. Je vais vous dire quelque chose. À long terme, cela a été une bonne chose que cette idéologie particulière ait été représentée au pouvoir, que le gouvernement ait pu la mettre en pratique. Bob Rae est une des personnes qui n'étaient pas convaincues qu'elle allait donner de bons résultats, mais si le NPD n'avait pas eu son tour au pouvoir, des gens comme Bob Rae n'auraient jamais pu le savoir. Je crois que les membres du NPD en Ontario méritaient que leur parti prenne le pouvoir et puissent constater ce que donnaient leurs idées, comme tous les autres.
Les gens qui pensent en termes de changement et de consensus se demandent également s'il est bon de mettre en place une coalition permanente plutôt qu'un parti permanent, ce qui me paraît être une très mauvaise idée. Au lieu de penser que le consensus est une bonne chose, il faudrait plutôt se dire: eh bien, la pensée de groupe n'est pas bonne; l'arrogance n'est pas une bonne chose; préserver le statu quo n'est pas une bonne chose; le fait que vos idées ne soient jamais contestées n'est pas une bonne chose. Notre système politique laisse la place aux changements, comme il devrait le faire.
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Oui, je conviens avec vous que la simplicité et l'intelligibilité sont des critères importants. Il faut que les électeurs puissent comprendre comment fonctionne le système et ils ne devraient pas attendre pendant deux jours que l'ordinateur termine son travail et déclare qui a gagné.
Pour ce qui est de faire une expérience, je suis en général favorable aux expériences, mais il faut également penser à la possibilité que l'expérience ne soit pas réversible.
Le parti au pouvoir pourrait mettre sur pied un système qui lui permettrait de le conserver jusqu'à la fin des temps. Il pourrait dire: « Eh bien, votez contre nous. » Non, ce n'est pas possible, parce que le système est conçu pour que le gouvernement ne puisse perdre les élections.
Je crois que la Nouvelle-Zélande a tenu un référendum à ce sujet et elle a tenu, par la suite, un autre référendum pour savoir si la population voulait conserver le système.
Cela vaut ce que ça vaut, mais que j'appuie ce système ou non, quelle que soit la question, quelle que soit la proposition, je suis contre une conception élitiste de la démocratie, et cela fait plus de 35 ans que je m'y oppose. Je pense qu'il faut que la population ait la possibilité d'accepter ou de refuser des changements lorsqu'ils sont de nature fondamentale.
Que je sois d'accord avec la proposition ou non, je serais en faveur, maintenant et à l'avenir, de tenir un référendum. Il y a une chose au sujet de laquelle je ne changerai pas d'avis, c'est qu'il ne faut pas que le gouvernement au pouvoir puisse fausser le système de façon permanente. Il faut qu'il obtienne le consentement de la population, ce qui veut dire aujourd'hui, tenir un référendum ou un plébiscite.
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J'ai écrit un article dans le
Manitoba Law Journal, qui donnait les résultats qui auraient été obtenus au Manitoba si nous avions utilisé la RP depuis le début. Cela donnait des gouvernements majoritaires et des gouvernements minoritaires, de sorte que je crois que ce modèle a assez bien fonctionné.
La RP allégée consiste à conserver le système actuel en ajoutant un petit nombre de sièges pour compenser le manque de proportionnalité du système majoritaire uninominal.
La façon dont les sièges seraient attribués avec un modèle de RP allégée, la partie proportionnelle, ne consiste pas à dire que, si les libéraux ont obtenu 40 % des voix, ils vont obtenir 40 % des sièges avec la RP; il faut examiner qui est le parti le plus sous-représenté. Disons que le Parti vert ait obtenu 5 % des voix, mais qu'il a moins de 1 % des sièges. On dirait: « Quelle est la première victime du système majoritaire? » Ce parti obtiendrait le premier siège de RP. On dirait ensuite: « Très bien, quel est l'autre parti qui est le moins bien représenté? » C'est lui qui obtiendra le prochain siège. C'est un modèle axé sur la compensation. Il essaie de compenser certains défauts du système majoritaire uninominal.
Un tel modèle « allégé », conserverait les principaux avantages du système actuel et en essayant d'en atténuer les défauts par l'attribution d'un nombre limité de sièges avec la RP. Lorsque je dis « allégé », je veux dire que nous pourrions quand même souvent obtenir des gouvernements majoritaires. Il serait donc suffisamment « allégé », pour qu'une majorité d'électeurs, une forte majorité, qui souhaiterait un gouvernement majoritaire, puisse quand même l'obtenir, et il serait très facile à rectifier, parce qu'il n'y aurait pas tout un groupe de personnes qui ont obtenu leurs emplois grâce aux sièges proportionnels et qui seraient contre le retour à l'ancien système parce que leurs emplois en dépendraient.
La RP allégée me semble aujourd'hui, et elle m'a semblé à l'époque... Dans mon livre, je disais que les deux meilleurs systèmes conformes à ces critères étaient le système majoritaire uninominal et une RP allégée. C'est toujours mon avis. Il s'agit de se demander lequel est le plus judicieux, compte tenu de ce qui est arrivé depuis.
Pour ce qui est de l'idée selon laquelle nous devons faire quelque chose, le programme du Parti libéral contenait d'excellentes choses au sujet de la transparence du gouvernement. Il mentionnait également, au sujet de la réforme du Sénat, « Nous ne voulons pas consacrer énormément d'efforts à tenir des négociations constitutionnelles. Nous voulons nous attaquer aux priorités du pays. »
C'est un des nombreux sujets auxquels j'ai consacré beaucoup de temps, mais je ne suis pas certain qu'à l'heure actuelle, la grande priorité des Canadiens soit de modifier de fond en comble le système électoral. On pourrait prendre de nombreuses mesures visant à améliorer la transparence du gouvernement avec le système actuel. Vous pouvez lire le programme du Parti libéral; il contient environ 30 propositions et je crois que j'en approuve environ 29. On pourrait faire beaucoup de choses sans réformer de façon aussi fondamentale le système; et il serait à notre avantage d'avoir un Parlement davantage pluraliste et démocratique, quel que soit le parti gagnant. Tout ce qu'il faut, c'est prendre une bonne initiative.
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Mesdames et messieurs, bonjour.
Je m'appelle John Alexander. Je suis citoyen canadien et j'ai 75 ans. J'ai commencé à voter quand j'avais 17 ans et je me suis enrôlé dans l'ARC au cours des années 1950. À cette époque, si vous étiez assez vieux pour mourir pour votre pays, vous étiez assez vieux pour voter. J'ai voté à chaque élection fédérale, provinciale et municipale pour lesquelles j'avais le droit de voter.
En fait, en octobre 1970, lorsque « Wacky » Bennett, le premier ministre de la Colombie-Britannique, a fait la déclaration célèbre selon laquelle la Colombie-Britannique serait la première province à quitter la Confédération et non pas le Québec, j'ai vérifié que j'étais bien inscrit sur la liste des électeurs de la Colombie-Britannique, même si je travaillais en Allemagne. Le vote n'a pas eu lieu.
Premièrement, pourquoi ne pas essayer de cerner le problème que nous voulons réparer? Quoi? Il n'y a pas de problème? Voilà qui est réglé. Pas besoin de réparer quoi que ce soit.
Il y en a qui disent que le système majoritaire uninominal est un vieux système. Effectivement, il nous a bien servi pendant 149 ans, même si l'on m'a dit qu'il existait en Nouvelle-Écosse en 1757, ce que je ne suis pas en mesure d'établir. J'ai un crayon dans la main. Le premier crayon a été fabriqué en 1565, dans une petite ville en Angleterre, et je n'ai vu personne essayer de réinventer le crayon.
D'autres affirment que le système majoritaire uninominal n'accorde pas une majorité de 50 % plus un au gagnant. Et alors? Cinquante pour cent est juste un chiffre. On pourrait fort bien choisir 55 % ou un autre. Gonfler artificiellement le nombre des voix en utilisant des systèmes bizarres et des comptes à rebours n'a aucun sens. La moitié des députés qui siègent aujourd'hui au Parlement n'ont pas obtenu plus de 50 % des voix, pas plus que le gouvernement au pouvoir, qui n'a obtenu que 39 % des suffrages. Cela veut dire que 61 % de la population a rejeté le gouvernement actuel. En réalité, notre Parlement n'utilise jamais ce seuil de 50 % lorsqu'il procède à un vote. Il demande la majorité et voilà tout.
En conclusion, je vous demande quel est le problème? Conservons le système majoritaire uninominal comme système canadien. Est-ce que nous voulons un référendum? Bien sûr.
Je m'appelle Kate Storey. Je viens de Grandview, au Manitoba, qui se trouve dans la région nord-ouest du Manitoba. Je vous remercie d'être venus ici cet après-midi.
Je vais vous dire quel est le problème. Le système majoritaire uninominal ne fonctionne pas, ou du moins, il ne fonctionne pas pour moi. Je n'aime pas les politiques qui divisent. Je pense que les parlementaires devraient travailler ensemble. Je ne pense pas qu'il y ait un parlementaire ou un parti qui possède toutes les réponses. Je pense que si nous voulons que de bonnes décisions soient prises, il faut obliger les gens à se réunir et à discuter de leurs différences au lieu de se combattre dans les médias.
Je dis non aux référendums parce que nous savons qu'ils sont très facilement manipulés par ceux qui ont le pouvoir de le faire. Cela ne représente pas la voix de la population. C'est la voix du pouvoir.
Je n'aime pas un système qui débouche sur des gouvernements majoritaires, parce que, comme je l'ai dit, je crois que les gens devraient se réunir, lorsqu'il y a un gouvernement minoritaire, aplanir leurs différences et obtenir de meilleurs résultats. J'aimerais que l'on adopte un système de représentation proportionnelle.
Je ne sais pas lequel il faudrait choisir. Je ne sais pas si vous avez parlé des systèmes de circonscriptions binominales. Mon opinion s'explique par le fait que je vis dans une des très grandes circonscriptions. Nous sommes très divisés sur le plan démographique et la majorité ne se soucie pas beaucoup des voix minoritaires. Mon député ne s'intéresse pas à nous.
Je vous ai entendu dire que les grandes circonscriptions étaient problématiques. Eh bien, nous avons depuis longtemps dépassé cette question. Il est impossible qu'un député se rende dans chaque collectivité et en ce qui me concerne, cela ne me ferait absolument rien si la circonscription était deux fois plus grande. J'aimerais que l'on adopte la représentation proportionnelle.
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Bonjour, je m'appelle Ed Alexander et je vis à Buffalo Point au Manitoba. C'est la réserve d'une Première Nation même si je n'en suis pas membre. Je vous présente aujourd'hui mes idées personnelles et peut-être aussi celles d'autres personnes qui ne sont pas ici.
J'aimerais faire quatre remarques. Premièrement, la perception qu'a la population de l'importance des candidats et des députés a diminué. Deuxièmement, les partis politiques sont devenus un mal nécessaire. Troisièmement, on accorde trop d'importance aux chefs de parti. Quatrièmement, d'après moi, la meilleure solution pour la réforme électorale est le vote alternatif. Je vais aborder brièvement ces points.
Je crois qu'il y a beaucoup d'électeurs qui ont oublié aujourd'hui qu'ils élisent un député. Ils pensent qu'ils votent pour un parti, ou ils pensent qu'ils votent pour un chef de parti. Ils sont ainsi rassurés.
Je pense également que, dans certains cas, ils pensent voter pour une personne qui doit les représenter et voter comme ils le souhaiteraient, présenter leur opinion au gouvernement et la mettre en oeuvre. Je pense au contrôle des armes à feu comme étant le genre de choses qui se fait là-bas.
Il y a aussi le fait que, d'après moi, les partis ne respectent pas beaucoup leurs députés la plupart du temps, parce qu'ils les traitent comme s'ils étaient des marionnettes. Les députés doivent respecter la ligne du parti et c'est tout, ou alors.
Lorsque je vote, je veux que mon candidat idéal soit intègre, intelligent et courageux; c'est-à-dire qu'il faut qu'il soit prêt à s'opposer à son parti et aux extrémistes de sa circonscription.
Je dirais que les partis politiques sont utiles parce qu'ils permettent à des gens de se regrouper pour étudier certaines questions et adopter des positions et des politiques. Malheureusement, lorsqu'on arrive à la mise en oeuvre, ces positions sont souvent influencées par ce qui est bon pour le parti plutôt que par ce qui est bon pour le pays. Les partis tombent parfois à des niveaux bien bas lorsqu'ils dénigrent leurs adversaires dans leur publicité, ce qui n'améliore pas notre système. Je sais que tous les députés sont des gens honnêtes. Ce doit donc être à cause des partis que la corruption pénètre dans les gouvernements. C'est une autre raison pour laquelle je ne les aime pas beaucoup.
Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup à dire au sujet du culte dont font l'objet les chefs de parti. Je pense qu'on leur accorde beaucoup trop d'importance et pas suffisamment au consensus qui existe chez les membres des partis. Je pense que nous pourrons dégager des consensus si nous adoptons un système de VA.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais me faire l'écho de ce que vient de dire l'intervenant précédent. Nous vous devons tous beaucoup parce que vous avez choisi de servir notre pays. Nous le faisons tous à notre façon.
Je vais faire trois brefs commentaires. J'ai entendu dire aujourd'hui que le système que nous avons est vraiment désuet; il faut élaborer un nouveau modèle, l'essayer, être sûr qu'il fonctionne bien, et qu'il est temps de changer les choses.
Nous allons célébrer, dans un an, notre 150e anniversaire. En fait, ce pays ne devrait même pas exister. Pour aller de l'île de Vancouver à Terre-Neuve, il faut presque faire un tiers du tour de la terre. Vous arrivez à Minsk, qui se trouve à mi-chemin entre Varsovie et Moscou. Nous sommes un pays improbable. Il regroupe cinq régions géographiques. Il n'a pas de langue commune. Il y a plusieurs zones horaires, cinq, six, sept, selon la façon de les mesurer. Nous n'avons pas de géographie commune. Nous n'avons pas une histoire qui remonte à des milliers d'années. Et pourtant, en 150 ans, nous sommes devenus un des pays au monde, voire le pays au monde, où il est le plus agréable de vivre.
Mon avis est que, comme le disent les vieux fermiers comme moi, on ne répare pas ce qui n'est pas cassé. Il faudrait que vous présentiez un modèle qui nous prouverait qu'il sera meilleur... J'aimerais beaucoup que le Comité nous dise comment il pense améliorer le système actuel.
En plus, si vous supprimez le vote direct, voici ce que je pense. Je me suis présenté cinq fois et j'ai été élu quatre fois. La dernière fois, je suis arrivé troisième et les électeurs m'ont renvoyé chez moi, mais c'est une autre histoire. Si vous supprimez le vote direct, je crois que la participation va diminuer. Personne ne semble avoir parlé de la participation des électeurs dans les zones urbaines, municipales et provinciales. Elle est vraiment très basse. Les gens devraient pourtant mieux comprendre ces questions plutôt que celles qui se posent au palier fédéral, où il s'agit de politiques fiscales et monétaires et du reste. La participation est vraiment très faible dans ces régions.
À moins que vous puissiez présenter un modèle qui augmente la participation, je crois que celle-ci...
Le président: Merci...
M. Charles J. Mayer: Puis-je faire une dernière remarque?
Le président: Allez-y, une dernière.
M. Charles J. Mayer: La dernière chose que j'aimerais dire est qu'il n'y a pas de solution parfaite. Nous le savons. Quelqu'un a dit que la meilleure solution était un dictateur bienveillant. Il y a plus d'un siècle, lord Acton a réglé cette question en disant que le pouvoir corrompt et que le pouvoir absolu corrompt absolument.
Il n'y a pas de système parfait, mais le nôtre en est très proche, tel qu'il est, et il n'y en aura pas de meilleur.
Je vous remercie.