La question de la réforme du système électoral au Canada présente à la fois un problème de premier ordre et un problème de second ordre pour les politiciens des différents partis, les analystes politiques, les groupes d'intérêt et le régime politique du Canada dans son ensemble.
Le problème de premier ordre, qui consiste à évaluer les avantages et les inconvénients du système électoral majoritaire à un tour et des principales solutions de rechange, a essentiellement été résolu à la satisfaction de la plupart des observateurs compétents qui prennent part à l'étude comparative des politiques électorale et du comportement électoral. Il a été très étudié, documenté et analysé par des chercheurs universitaires et dans le cadre de commissions spéciales et d'assemblées de citoyens. En effet, à l'échelon provincial, il y a eu un certain nombre de commissions royales et d'assemblées de citoyens dans le cadre desquelles la meilleure solution de remplacement du système électoral majoritaire à un tour actuel a été trouvée et recommandée à leur assemblée législative respective et au public.
Je crois que nous pouvons affirmer que nous avons les résultats. Comme il a souvent été répété, on ne pourra jamais répondre à toutes les préoccupations concernant les solutions de rechange au système électoral majoritaire à un tour, car il n'existe pas de système parfait, mais de manière générale, un consensus se dégage selon lequel les importantes lacunes du système électoral majoritaire à un tour sur le plan démocratique nuisent à la qualité globale et au fonctionnement à long terme de la version canadienne de la démocratie représentative.
Il semble de plus en plus difficile de justifier le report de la réforme du système. De plus, il me semble que les principes fondamentaux qui devraient guider le choix d'un autre mode de scrutin au Canada sont assez clairs et acceptés. La motion qui a donné lieu à la mise sur pied de ce Comité, avec ses cinq principes pour la réforme électorale, en témoigne.
Enfin, il y a les épineuses questions techniques qui concernent la meilleure façon d'incorporer ces principes dans un mode de scrutin de rechange viable qui répond aux besoins particuliers du Canada. Comme on dit, c'est dans les détails que se cache le problème. Cependant, ces questions techniques ont été assez bien traitées ailleurs, grâce à une série d'innovations et de modifications apportées aux modes de scrutin standard. Parmi les solutions, il y a notamment les systèmes hybrides comme la RPM qui cherchent à combiner les avantages du système électoral majoritaire à un tour et des systèmes à représentation proportionnelle, le recours à des seuils pour le nombre de sièges afin de réduire la fragmentation des votes et d'éliminer les partis marginaux, les listes ouvertes qui donnent plus de pouvoir aux électeurs et leur permettent de faire leur choix parmi les candidats du parti, le scrutin préférentiel qui garantit que les candidats élus dans les circonscriptions uninominales sont soutenus par une majorité d'électeurs, et le traitement différentiel pour les circonscriptions qui sont très grandes ou éloignées.
Je crois qu'il existe des solutions toutes prêtes pour résoudre le problème de premier ordre lié à la réforme du système électoral.
Cependant, aucun consensus semblable ne se dégage quant au problème de second ordre qui concerne la manière dont les politiciens du Canada procéderont à cette réforme tant attendue du système électoral et le moment qu'ils choisiront pour le faire. Le problème de second ordre concerne d'abord l'obtention, chez les membres de la classe politique, d'un consensus suffisamment général quant à la nécessité de procéder à la réforme électorale et de le faire maintenant plutôt que dans un avenir indéterminé, quant au système à privilégier parmi les nombreuses solutions de rechange offertes, et enfin, quant aux mécanismes de gestion du processus d'adoption d'un nouveau système, aux mesures qui devraient être prises, aux institutions et aux personnes y prenant part, au calendrier de mise en oeuvre, et ainsi de suite.
C'est le problème de second ordre, à mon avis, qui complique vraiment la question de la réforme électorale au Canada. Les distorsions dans la représentation régionale créées par le système électoral majoritaire à un tour, les effets négatifs à long terme de ces distorsions sur la politique et les avantages partisans pervers que procure le fait de miser sur des comportements et des stratégies politiques qui renforcent et perpétuent ces distorsions ont fait l'objet d'une analyse scientifique poussée, pour la première fois, par le professeur Alan Cairns dans un article fondamental publié en 1968 dans la Revue canadienne de science politique. M. Cairns avait soulevé les lacunes institutionnelles du système électoral majoritaire à un tour et leurs effets néfastes sur le caractère et la teneur de la politique nationale et sur la qualité de la démocratie représentative au Canada. Ces mêmes lacunes ont été relevées à maintes reprises dans des études ultérieures portant sur les processus et les résultats électoraux.
En résumé, et je suis certain qu'on vous l'a souvent mentionné au cours de vos audiences, ces défauts sont la disproportionalité des résultats des scrutins, souvent très grande; l'effet d'amplification régionale, si évident dans les résultats de 2015 ici au Canada Atlantique; la suppression de diverses voix au Parlement et dans les législatures; la baisse du taux de participation; l'incidence négative à long terme sur l'engagement démocratique et la légitimité du système; et finalement, la facilitation, sinon l'exagération, du biais systémique du modèle de Westminster de démocratie parlementaire envers la domination de l'exécutif.
En 2005, le professeur Roger Gibbins, un autre grand politicologue respecté du Canada, a revu l'analyse de Cairns et l'a mise à jour afin d'y inclure tous les résultats de scrutins fédéraux des années qui ont suivi. Il a constaté que non seulement les tendances pathologiques identifiées par Cairns se poursuivaient, mais qu'on pouvait même affirmer qu'elles s'aggravaient. Cela l'a mené à déplorer le destin des académiciens dont le dur travail visant à révéler la vérité au sujet du fonctionnement interne des institutions politiques est souvent accueilli par un silence de glace ou balayé du revers de la main par ceux qui exercent temporairement le pouvoir au sein de ces institutions. Gibbins a conclu son étude, qui confirme les conclusions de Cairns et réaffirmant la nécessité d'un changement de système électoral, en déclarant: « Une réforme électorale touchant la Chambre des communes ne se produira pas. Pas maintenant. Pas bientôt. Jamais. »
Ce scepticisme à l'égard d'un changement institutionnel est appuyé par le cynisme des médias dans leur couverture d'un processus dans lequel nous sommes maintenant engagés. Malgré l'appui clair envers le actuel, la création du présent Comité parlementaire et les consultations qui sont en cours, la vision amère des journalistes politiques et des commentateurs des médias continue d'exprimer leur incrédulité envers un changement, ou que le résultat final ne pourrait être autre que celui privilégié par le gouvernement actuel lequel, bien entendu, leur donnerait un avantage électoral. Le scepticisme et le cynisme demeurent, non sans raison, disons-le, étant donné le long historique de cette question.
Après autant de temps, pourquoi cette urgence d'une réforme électorale maintenant? Il y a un certain nombre de réponses possibles à cette question, mais j'aimerais en suggérer deux.
D'abord, il y a le problème de la légitimité systémique, souvent appelée le déficit démocratique, qui s'aggrave compte tenu des attentes changeantes d'une population incroyablement diverse et hautement éduquée, qui est moins disposée à accepter la « politique habituelle ». Ces citoyens souhaitent un système politique et un parlement plus ouverts à leurs opinions, davantage harmonisés avec leurs préférences partisanes, et qui reflètent plus étroitement la composition de la société qu'ils prétendent représenter.
En second lieu, au Canada, un problème relativement récent a émergé, du moins en termes d'importance, ayant été désigné comme « l'incohérence politique ». Je dis relativement récent, puisque pendant des décennies, avant les années 1990, la gouvernance canadienne était forgée par des politiques centristes, de médiation, qui atténuaient les changements de politiques auxquels on peut normalement s'attendre lors d'un changement de gouvernement. Toutefois, le contexte davantage polarisé d'un point de vue idéologique ayant fait son apparition au Canada depuis ce temps a soulevé des préoccupations au sujet de cas plus sévères de changements de politiques qui sont évidents dans d'autres juridictions de système uninominal à un tour avec des partis d'idéologie plus radicale. Et en effet, c'est une des raisons invoquées pour la décision de la Nouvelle-Zélande de changer son système électoral.
Illustrons ce problème: l'actuel gouvernement a consacré la majeure partie de sa première année au pouvoir, et fera sans doute de même pendant une bonne partie de sa deuxième année, à défaire plusieurs changements introduits par le gouvernement précédent. Il commencera alors à prendre des mesures pour paver la voie en vue de la prochaine campagne électorale fédérale. Toutefois, un léger changement du suffrage de cinq ou six points de pourcentage à cette élection pourrait se traduire par un nouveau gouvernement qui entreprendra une autre ronde de changements de politiques, défaisant la majeure partie de ce que ce gouvernement aura accompli. Ce genre de cercle « maintenant c'est à notre tour » pour l'établissement de politiques peut difficilement être vu comme profitable pour une gouvernance stable et à long terme reposant sur la solide fondation d'un large consensus de la société.
Même si ses processus sont moins radicaux, il est manifeste que ce mode de gouvernance consensuelle est une meilleure voie en termes de résultats pour l'économie et la société, et très franchement la contribution la plus précieuse que des politiciens peuvent apporter dans l'exercice de l'art de la politique plutôt que de s'adonner à un grossier jeu de pouvoir de surenchère et de domination cyclique.
Changer le système de scrutin signifie changer les incitatifs qui ont une incidence sur le vote, c'est-à-dire la prise de décision des électeurs en matière de politique électorale. Un système davantage proportionnel, dans lequel chaque vote compte, éliminerait la peur de la division du vote et réduirait la pression poussant les électeurs à faire un vote stratégique plutôt qu'un vote pour le candidat ou le parti qu'ils favorisent. Pour les politiciens de partis, cela retirerait l'incitatif de la rivalité et récompenserait des relations plus respectueuses et la collaboration entre les partis.
Ce Comité, ce Parlement et ce gouvernement ont une rare occasion de créer les conditions et d'instaurer les incitatifs institutionnels nécessaires pour « faire de la politique autrement », comme cela a été l'intention de nombreux nouveaux gouvernements et de nouveaux députés; une intention qui, inévitablement, s'atténue et disparaît avec le temps. Cela n'est pas dû à la fragilité de la nature humaine ni à une soudaine incapacité à résoudre le problème. C'est le comportement politique normal qu'encouragent la conception et le fonctionnement de nos institutions et, particulièrement, le système électoral.
J'exhorte le Comité à enrayer les doutes des sceptiques, à confondre les nombreux cyniques, et à réaliser la tâche qui lui a été confiée de recommander au Parlement un nouveau système électoral qui respectera les cinq principes énoncés dans la motion de création du Comité. Je vous souhaite bonne chance dans le cadre de vos difficiles et importantes délibérations.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Merci à vous, les membres du comité, de m'avoir invité à m'adresser à vous aujourd'hui. Je suis honoré d'être ici.
Ma présentation se divise en deux parties: d'abord, une question puis, dans la partie écrite de ma soumission, j'ai approfondi le contenu du mémoire que j'ai présenté plus tôt. Dans les deux parties, je m'éloignerai du consensus auquel le professeur Bickerton a fait mention.
Ma question est la suivante: Quel problème la réforme électorale est-elle censée résoudre? Il s'agit d'une question fondamentale qui vient avant toutes les questions de détail et de mise en œuvre. Vous avez dû déjà entendre cette question au fil de vos déplacements aux quatre coins du pays. À en juger par les critiques de notre mode de scrutin actuel et par le mandat de ce comité, le problème repose sur la démocratie. L'actuel système majoritaire uninominal à un tour est non démocratique, ou souffre à tout le moins d'un grave manque de qualités démocratiques. Je souhaite plutôt suggérer que ce qui pose problème au Canada, ce n'est pas notre démocratie, c'est notre politique.
« Quelle est la différence? », me demandez-vous sûrement. « Ne sont-elles pas liées? » Oui, bien sûr qu'elles le sont, et leurs origines communes remontent à la Grèce antique, mais elles ne sont pas pareilles. La démocratie est une condition, un système, un état de choses, alors que la politique est un art, l'« art du possible », pour citer le célèbre livre du politologue canadien James Eayrs. Elle est une chose en soi, et non un aspect secondaire de quelque chose d'autre, comme la démocratie. Cela est aussi vrai pour la liberté et le gouvernement représentatif. Ils sont également des choses en eux-mêmes et ne sont pas nécessairement des aspects de la démocratie.
La politique n'est pas exercée dans tous les systèmes. Elle n'est pas exercée sous les dictatures, par exemple, ni les tyrannies, ni les monarchies absolues ou encore les oligarchies, parce que l'essence de la politique est d'accepter l'existence de vérités différentes et, de ce fait, la nécessité d'une conciliation et d'une délibération. Elle n'offre pas le meilleur moyen d'atteindre un idéal pur et vierge de tout compromis, si c'est ce à quoi vous aspirez, ni de poursuivre ses propres intérêts au détriment des intérêts des autres. Elle est sale, voire sordide. En ce sens, la politique est à la base de notre vie publique. En réalité, elle est une condition préalable à la démocratie.
Nous avons, tant bien que mal, trouvé le moyen de perdre cela de vue au cours des dernières années. Au lieu de voir la politique comme l'une des activités humaines les plus honorables, de nombreuses personnes la considèrent comme un mal nécessaire, voire comme un mal inutile. D'un côté, beaucoup semblent considérer la politique comme une pure partisanerie. De l'autre, beaucoup envisagent la politique, les politiciens et le gouvernement comme des problèmes en eux-mêmes. Ils se tournent donc vers diverses formes d'antipolitique. Les gens parlent de « décision politique », laissant entendre que les autres activités, les affaires surtout, sont beaucoup plus importantes. Nous sommes témoins d'une forme extrême de cette réalité dans l'actuelle élection présidentielle américaine, où le rejet de la politique et de la civilité qu'elle nécessite se fait explicite à un haut niveau et d'une façon que je n'ai jamais vue de ma vie sur ce continent.
Heureusement, la civilité n'est pas disparue de la vie publique canadienne. Je ne sais pas trop pourquoi d'ailleurs. C'est peut-être une question de culture. Les Canadiens sont si gentils; lorsque nous ne nous excusons pas auprès des gens, nous les remercions. Cela vient aussi sans doute de notre histoire. Nous n'avons jamais vraiment coupé les ponts avec notre mère patrie, comme l'ont fait les colonies américaines, en créant quelque chose d'entièrement nouveau qui pourrait ensuite servir à justifier les diverses positions qui affirment parler au nom de la population. Le Canada a plutôt évolué d'une colonie à une nation indépendante. Et encore, nous l'avons fait avec tant de confusion qu'encore aujourd'hui, nous continuons d'y être liés par un monarque commun, dont les enfants suscitent le genre de sentiment que tous les politiciens souhaiteraient susciter, comme nous l'avons vu au cours des 10 dernières années.
La présence persistante d'un monarque signifie aussi que, dans notre démocratie, il est difficile de parler sans réserve de souveraineté populaire. La couronne fait partie de notre Constitution. Il est permis de croire qu'au Canada, il serait plus juste de parler de souveraineté parlementaire que de souveraineté populaire, mais cela aussi est limité depuis 1982 par la Charte des droits et libertés. Comme l'a écrit un jour l'historien canadien William Kilbourn, les Canadiens sont « des personnes de loi plutôt que des prophètes ».
Peu importe l'explication, la civilité est toujours aussi valorisée dans notre vie publique, mais il ne faut pas nous croire immunisés contre la maladie des Américains. Les éruptions populaires et les expressions de partisanerie surchauffées observées à l'occasion le prouvent. Je ne sais trop si j'ai un remède à offrir — et nous pourrions y revenir durant la période de questions —, mais je crois que le cynisme envers la politique est une plus grande menace que le cynisme envers la démocratie.
Il existe d'autres avenues à poursuivre que le système électoral dans notre quête de remèdes contre le malaise politique. Par exemple, il y a l'approche de la réforme du Sénat mise de l'avant dernièrement par les anciens sénateurs Michael Kirby et Hugh Segal dans un rapport à l'intention du Forum des politiques publiques. MM. Kirby et Segal ont cherché à donner un second souffle à la conception originale du Sénat en tant qu'institution de second examen objectif qui contraint les actions d'un gouvernement majoritaire. Parallèlement, ils imposeraient des limites à cette contrainte puisque le Sénat est un organisme non élu.
D'une manière ou d'une autre, il me semble que nous devons trouver des façons de raviver une politique authentique, une politique qui est surtout préoccupée par la négociation, la persuasion et l'accommodement, et moins par la partisanerie. Dans le meilleur des cas, les partis politiques servent d'intermédiaires entre le public et le gouvernement, une forme de société civile qui éduque et dirige ses membres et, en retour, qui communique les préférences et préoccupations de ses membres à la législature et à la population dans son ensemble. Loin d'être de simples armes de la partisanerie, ils sont des instruments essentiels pour réunir hommes et femmes aux divers points de vue dans le but d'en arriver à des politiques et à des décisions qui avantagent la société tout entière.
Autrement dit, il faut proposer au Comité de détourner son attention des conséquences pratiques des diverses réformes du système électoral possibles et de le porter plutôt sur les fins auxquelles doit servir une réforme. Le mandat du comité est d'étudier des solutions de rechange viables au mode de scrutin actuel, mais les cinq principes énoncés dans la résolution adoptée par le Parlement pourraient également servir à faire l'étude de la pratique politique. À tout le moins, j'espère que vous tiendrez compte du contexte plus global au sein duquel fonctionne le système électoral.
Dans la seconde partie de ma présentation qui, comme je l'ai déjà dit, est une version améliorée du mémoire que j'ai présenté, j'avance trois arguments qui, à mon sens, viennent expliquer de quelle façon la représentation proportionnelle peut empirer davantage les choses. Cependant, je dois m'arrêter ici, parce que mon temps est écoulé.
Merci.
Je suis sceptique. J'imagine que c'est déjà évident. Je suis à la fois prudent et sceptique au sujet de la réforme électorale. Au centre du débat sur la réforme électorale se trouvent plusieurs formes de représentation proportionnelle, notamment la représentation proportionnelle mixte.
Premièrement, il me semble que la représentation proportionnelle, quelle que soit sa forme, encourage la prolifération des partis — pas nécessairement, mais c'est plus susceptible de se produire que dans le système actuel. Deuxièmement, cela rend les membres du Parlement, du moins certains membres du Parlement, plus représentatifs de leur parti que de leurs électeurs. Troisièmement, cela réduit le lien que les électeurs ont avec leur circonscription et que les députés ont avec la leur.
On dit généralement, et mes collègues y ont fait référence, que dans un système majoritaire uninominal à un tour, les votes sont perdus et les votes ne comptent pas. J'aimerais simplement ajouter que j'ai perdu mon vote une grande partie de ma vie d'adulte selon cette méthode, lorsque mon candidat n'a pas gagné. Je n'y ai jamais pensé comme à un vote perdu, parce qu'à mes yeux, les élections sont des luttes acharnées pour le pouvoir. Cela n'en fait pas des courses de chevaux, mais cela signifie que des gens se battent entre eux pour le soutien de leurs électeurs à l'intérieur d'une communauté précise.
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Pour ma part, j’ai maintenu mon intérêt pendant toute la durée de votre témoignage. Alors, tout va pour le mieux aujourd’hui.
Je veux intervenir sur un point, monsieur Bickerton. Vous faites partie d’une longue liste d’universitaires et d’experts éminents sur cette question. Vous revendiquez un changement qui ferait mieux correspondre ce que les électeurs veulent à ce qu’ils obtiennent. Mais je ne veux pas trop simplifier votre témoignage.
Une des choses dont vous avez parlé, sur laquelle vous nous avez éclairés, en réponse à la question de mon collègue, est un système proportionnel. En réponse à la question du comment, comme mes collègues conservateurs viennent de vous poser, vous avez invoqué un « consensus suffisamment large ». Je pense que ce sont les mots que vous avez employés.
Je vais citer M. Mayrand, qui dirige nos élections en ce moment, à savoir comment nous pouvons valider ce que ce Comité finira par proposer et recommander au gouvernement. Il a récemment affirmé ceci :
Aucun gouvernement, peu importe la majorité qu’il détient, ne devrait pouvoir unilatéralement modifier les règles électorales. Modifier les règles d’un tel concours requiert un large consensus — le consensus le plus large possible.
Par unilatéral, je suppose qu’il veut dire par un seul parti ou un parti majoritaire, et qu’un des tests à franchir est l’acceptation de la modification par plus d’un parti, à la Chambre des communes, par le biais du processus dans lequel nous sommes actuellement engagés. Mais je ne veux pas mettre de mots dans votre bouche. Est-ce juste?
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J'aime l'Université Mount Saint Vincent pour de nombreuses raisons, particulièrement pour mon amitié avec Margeret Fulton.
Comme tout le monde ici le sait, je suis un grand adepte du consensus. Je ne cesse de répéter à quel point la prise de décision par consensus pourrait améliorer la politique et la démocratie au Parlement. En fait, je me demande si je ne pourrais pas parvenir à un consensus entre M. Bickerton et M. Dewar à l'instant pendant mes cinq minutes.
Monsieur Dewar, si je ne m'abuse, dans votre témoignage, vous avez affirmé que la politique se porte mieux avec plus d'accommodements et moins de partisanerie. Je crois fermement, comme l'a mentionné M. Bickerton en s'appuyant sur l'article d'Alan Cairns, que le système uninominal majoritaire à un tour encourage les pires formes de comportement chez les politiciens. Je crois que tous les parlementaires, et en fait ceux qui se trouvent autour de cette table, sont à la base de très bonnes personnes proches des gens qui veulent travailler pour nos communautés, mais le système crée, comme l'a souligné M. Bickerton, « un incitatif pervers à la partisanerie pour doubler la mise ».
Monsieur Bickerton, peut-être pourriez-vous tenter de persuader M. Dewar que nous avons raison.
Des voix: Oh, oh!
Mme Elizabeth May: ... Je vais me mettre en retrait et applaudir de loin.
La politique partisane en vertu du système uninominal majoritaire à un tour encourage le langage politique codé pour les questions litigieuses au lieu de rassembler pour travailler ensemble à trouver des solutions, ce qui, je crois, est ce que les Canadiens souhaitent.
À vous, monsieur Bickerton. Allez-y.
Des voix: Oh, oh!
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Je ne veux pas vous surprendre, mais non.
Je ne veux pas vraiment parler de la réforme du Sénat, mais il y a d'autres réformes institutionnelles qui pourraient être faites et qui atténueraient l'extrême partisanerie. Nous ne pourrons l'éliminer, peu importe le système. C'est l'essence même des partis que de défendre leurs positions.
Tom Axworthy, qui je crois a témoigné devant ce comité, a écrit un long article au sujet de la réforme parlementaire pour le Centre for the Study of Democracy and Diversity de l'Université Queen. C'est au sujet de la Chambre des Communes et du Sénat. C'est un document très intéressant, car il va au-delà des murs du Parlement. Par exemple, il suggère que des changements pourraient être apportés au système de comités pour donner plus de pouvoir aux présidents...
M. Nathan Cullen: C'est une idée terrible.
Des voix: Oh, oh!
M. Kenneth Dewar: ... et réduire le pouvoir des vice-présidents.
Je ne crois pas que le système électoral soit la seule façon de régler les problèmes de partisanerie. Mais c'est intéressant, n'est-ce pas? Ma génération a vécu une histoire particulière et, au cours du dernier quart de siècle, l'histoire a été très perturbée. Elle est très trouble présentement. Une célèbre philosophe politique, Hannah Arendt, a dit qu'aucune politique n'équivaut à la violence, que la violence n'est pas de la politique; elle n'est pas le prolongement de la politique par d'autres moyens.
Je viens de perdre le fil de mes idées.
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Tout d'abord je comprends le professeur Bickerton quand il dit que ses étudiants s'endormaient. Lorsque j'ai donné le cours d'introduction aux sciences politiques à King's University College, mes étudiants s'endormaient aussi. La façon dont j'ai contourné le problème, c'est de commander une pizza en fonction d'un système électoral. Le système de scrutin majoritaire a donné pour résultat une pizza au pepperoni. Nous avons essayé le vote unique transférable selon le modèle de Colombie-Britannique, mais nous avons tout simplement manqué de temps en classe pour commander la pizza.
Je ne vous raconte pas d'histoires. On s'est vraiment amusés.
Une voix: Avez-vous essayé le système mixte proportionnel?
M. John Nater: Nous n'avons pas essayé le SMP. Nous en avons simplement fait le décompte. Nous avons eu deux jours de commande de pizza basée sur un système électoral, donc je comprends cela.
Je veux commencer par vous, monsieur Dewar, et certains des commentaires que vous avez faits vers la fin de votre présentation sur certains des désavantages d'un système de rechange. Vous avez mentionné la prolifération des partis politiques, le défi des députés devenant des représentants du parti plutôt que de la région, et la réduction des liens avec la circonscription.
Nous avons eu pas mal de témoignages sur la réduction des liens. Je ne vais pas me concentrer là-dessus. Je vais me concentrer sur ces deux commentaires que vous avez faits. Sur la prolifération des partis politiques, vous en avez dit quelques mots en réponse à madame Sahota. Je me demandais si vous pouviez nous en dire plus long, la prolifération du parti allant plus loin...
Nous connaissons la loi de Duverger, qui dit typiquement que le scrutin majoritaire... de petits nombres... verrait une augmentation. Comment cela affecterait-il notre système politique? Comment cela affecterait-il notre démocratie, avoir un certain nombre de nouveaux partis? Certains d'entre eux pourraient potentiellement être des partis marginaux. Je ne parle pas du NPD et des Verts, car je ne les considère pas comme des partis marginaux, mais des partis marginaux qui se tourneraient vers les extrêmes. Comment cela affecterait-il?
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En bonne Canadienne, je vais remercier tout le monde ici aujourd'hui et m'excuser de mon retard. Avec autant de rencontres dans autant de villes, je n'avais pas compris à quel étage était cette rencontre.
Ceci dit, il était intéressant de voir s'affronter deux intervenants aujourd'hui, et quand je dis « s'affronter », je ne le dis pas de façon négative. Nous avons entendu beaucoup de choses sur différents systèmes, sur les pouvoirs magiques qu'ils ont tous, comment ils permettront de régler tous les maux de la terre, et ainsi de suite.
Je suis également d'avis que notre système électoral est un écosystème. Il se compose de plusieurs éléments, et ce n'est pas nécessairement notre façon de voter qui permettra de tout arranger. Il existe des tactiques que nous pouvons développer. Il y a des choses que nous pouvons mettre en oeuvre pour améliorer, par exemple, le ton de la Chambre.
Nous avons un peu parlé de la façon dont nous pouvons changer la structure du comité pour y inclure plus de voix différentes. Nous avons un peu parlé du vote obligatoire. Et nous avons un peu entendu parler de cynisme. Je commencerai en disant que plusieurs personnes sont surprises d'apprendre qu'après ces rencontres, la plupart des membres de ce comité — en fait, le comité entier — ont l'habitude de s'asseoir et de revenir sur les travaux, et que nous rions et que nous blaguons ensemble. Nous nous entendons bien, en réalité.
Une chose que nous avons remarquée est que, s'il existe bien une volonté politique de changer quelque chose, ce n'est pas nécessairement notre système électoral qui réglera certains des problèmes. Par exemple, disons que nous voulons augmenter la participation des femmes, des jeunes, des minorités politiques pour les encourager à se présenter aux élections. Je suis fermement convaincue que les gens décident de ne pas se présenter non pas parce qu'ils n'aiment pas le système électoral en soi, mais plutôt que c'est le travail lui-même, la perspective du ton de confrontation, la perspective d'avoir sa vie étalée en première page, la perspective des bagarres constantes.
Je vais vous donner un exemple. Il y a 197 nouveaux députés. Je suis l'une d'entre eux. Nous avons décidé, petits députés d'arrière-ban que nous sommes, de changer le ton de la Chambre grâce à une seule mesure. Nous avons proposé l'idée d'arrêter d'applaudir durant la période de questions. Nous avons essayé ça en juin. Nous avons décidé de ne pas applaudir. Nous appuyons notre gouvernement, mais nous n'allons pas applaudir à la réponse. Le premier jour, tout le monde nous a regardés comme si nous étions fous. Le deuxième jour, ils se sont tous demandé ce que les Libéraux avaient en arrière de la tête. Le troisième jour, nous avons constaté que le ton de la Chambre s'était réellement calmé, parce que la réaction de l'autre côté était amplifiée parce que nous ne réagissions pas, et ça a calmé la Chambre. Il n'y a pas eu de changement dans le système électoral; c'était un changement dans la volonté politique de faire les choses différemment.
Ma question s'adresse à vous deux. Que pourrions-nous faire, qui n'est pas nécessairement un changement à notre système électoral, mais qui pourrait régler certains des problèmes auxquels nous sommes confrontés, que ce soit la participation aux urnes, le fait de se présenter aux élections, changer le ton, ou avoir une approche collaborative?
Si vous pouviez élaborer là-dessus, j'apprécierais.
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Je salue vos efforts pour changer le ton adopté à la Chambre. Je crois que je dois vous rappeler que vous en êtes à la première année d'un cycle électoral et que vous êtes un tout nouveau député.
Des changements ont été tentés depuis les années 1970 — ou 1960, je peux reculer aussi loin — dans les procédures de la Chambre afin d'essayer de changer d'une manière ou d'une autre le comportement politique des députés dans la Chambre. Ils finissent toujours par échouer. Il y a eu un effort concerté du gouvernement de Paul Martin, en fait, pour se débarrasser des votes de confiance, sauf sur certains points, et il a pris d'autres mesures également pour tenter de changer le ton adopté à la Chambre. Il y a eu d'autres tentatives semblables — la crise de la sonnerie d'appel, dont je me souviens, à l'époque de Joe Clark et de Pierre Trudeau, par exemple.
Ce n'est pas nouveau. Cela fait des dizaines et des dizaines d'années que nous avons ce problème. Je crois que ce n'est pas simplement que nous pourrions y arriver si seulement nous le voulions. Je suis convaincu que c'est un facteur, mais, contrairement à vous, je crois qu'il existe quelque chose comme des incitatifs institutionnels à l'adoption de certains comportements, et que ce sont les institutions, en fin de compte, qui façonnent les comportements. Elles ne les déterminent pas, mais elles les façonnent.
Une modeste réforme des procédures de la Chambre n'est pas ce qu'il nous faut aujourd'hui. Nous avons besoin d'un changement plus important, et la réforme du système électoral est un changement de ce type. Contrairement à mon collègue ici présent, je pense, en fait, que ce changement sera plus facile à faire que la réforme du Sénat, qui était l'autre possibilité. Il pensait que nous devions nous concentrer sur la réforme du Sénat, mais je crois que la réforme du système électoral est en réalité à notre portée, et que nous pouvons changer considérablement ce système. Je ne suis pas sûr que ce soit le cas pour la réforme du Sénat. Nous verrons comment les changements actuels se concrétiseront.
Si l'on s'appuie sur plusieurs études menées sur de longues périodes et sur la longue expérience des parlementaires plus âgés, qu'ils pourraient aussi apporter à la discussion, on sait qu'il est toujours plus facile de s'entendre au début d'un nouveau cycle électoral. À mesure qu'on progresse dans le cycle électoral, les choses changent de façon assez spectaculaire. J'espère que cela n'arrivera pas, mais je crois que cela arrivera probablement.
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À titre informatif, Denis et moi sommes en quelque sorte un duo. À nous deux, nous n'allons prendre que cinq minutes, ce qui, je l'espère, laissera plus de temps pour les questions.
Avant toute chose, je vous souhaite la bienvenue à Halifax.
Nous vous remercions d'avoir accepté de nous entendre au sujet du scrutin proportionnel uninominal par district, le SPUD, un système à scrutin de liste conçu pour le Canada qui représente un changement aussi minime que possible par rapport au scrutin uninominal majoritaire à un tour.
Les élections, au Canada, servent à transférer périodiquement le pouvoir de la population à ses représentants, qui forment ensuite la Chambre des communes, qui promulgue les lois qui nous régissent tous. À cet égard, l'égalité démocratique, c'est-à-dire « une personne, un vote », est une expression creuse si elle n'implique pas une égalité des voix quant aux votes au Parlement ou un transfert égal de pouvoir. En effet, l'absence d'égalité des voix quant aux votes constitue une menace aux principes démocratiques du « une personne, un vote », de la règle de la majorité, de la primauté du droit, de l'égalité devant la loi, et de la protection des minorités.
Les députés défendent les intérêts de tous leurs électeurs de manière égale en ce qui a trait aux questions locales, mais chaque député n'a qu'une voix, celle du parti, au Parlement. La règle de la majorité simple au niveau de la circonscription, qui est inhérente au scrutin uninominal majoritaire à un tour, contraint au silence toutes les autres voix dans la circonscription qui sont associées à un parti au Parlement. Dans tout le pays, plus de la moitié des voix de l'électorat qui sont associées à un parti sont exclues de cette manière. Il s'agit de la principale cause des maux qui affligent, comme on le sait, notre système actuel.
Par exemple, lors les élections fédérales de 2015, environ 30 % de l'électorat n'a pas voté et 32 % de l'électorat a voté pour un candidat perdant, le tout n'entraînant aucun transfert de pouvoir. Environ 11 % des votes étaient des votes excédentaires dont les candidats gagnants n'avaient pas besoin : aucun transfert utile de pouvoir. L'opposition s'est formée grâce à un transfert utile du pouvoir de 9 % de l'électorat, et un gouvernement majoritaire fort s'est constitué grâce à 10 % des électeurs. En tout, 81 % de l'électorat est resté à la maison ou aurait pu le faire, les résultats n'auraient pas été différents. Les résultats étaient comparables lors des élections antérieures.
Il est clair que ni le principe de la majorité, ni celui de l'égalité des votes et des voix n'existent dans notre système actuel. Puisque la majorité simple l'emporte toujours actuellement, et la plupart des votes ne comptent pas, une manière simple de s'assurer que la plupart des votes comptent est de faire en sorte que la majorité simple ne l'emporte pas toujours. Après tout, si la règle de la majorité simple est le problème, ne résoudre que ce problème est, à tout le moins, une solution évidente à explorer. Le SPUD, qui tient compte du fait que les seules choses que les réformes électorales peuvent changer sont le bulletin de vote, les frontières des circonscriptions, le nombre et la nature des députés, et la manière dont les votes sont comptés, ne change que la manière dont les votes sont comptés.
Pour résumer, le SPUD accorde des sièges proportionnellement dans certaines régions prédéterminées et classe chacun des candidats locaux de chacun des partis pour déterminer qui occupera ces sièges, avec chaque circonscription ayant pour représentant un candidat qui s'est présenté dans cette circonscription. Pour gagner, un candidat doit se classer favorablement dans un parti qui s'est vu accorder des sièges et doit être préféré à tout autre candidat analogue dans cette circonscription. La règle de la majorité simple demeure un déterminant de la victoire, mais n'est plus le seul.
En conservant les mêmes bulletins de vote, les frontières des circonscriptions, le nombre de députés, et la nature locale de ces députés, le SPUD démontre que l'évolution du scrutin uninominal majoritaire à un tour vers un traitement équitable des votes de tout un chacun n'est pas un choix binaire entre le maintien du statu quo et le renversement complet du système.
En conclusion, l'égalité des votes et des voix est un élément essentiel d'une définition moderne de la démocratie. La représentation proportionnelle est le visage politique au Parlement du droit égal pour tous les votes d'avoir une voix aux urnes. L'un implique l'autre, mais nous n'avons pas besoin d'un changement si important pour réaliser ces deux objectifs.
Je vous remercie pour votre attention. Nous sommes impatients d'entendre vos questions.
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Merci beaucoup pour cette occasion.
Je suis Christopher Majka, directeur de Democracy: Vox Populi, un groupe de revendication qui s'intéresse aux enjeux démocratiques et électoraux. J'ai aussi participé pendant une décennie à Représentation équitable au Canada, et à sa section régionale ici, Fair Vote Nova Scotia, de même qu'à Project Democracy, qui se penchent tous sur les enjeux de réformes électorales et démocratiques.
J'aimerais commencer par dire que la réforme électorale est d'une importance cruciale pour l'avenir de la démocratie canadienne. L'idée radicale que les citoyens devraient décider de la gouvernance du pays a pris naissance au sixième siècle avant Jésus-Christ, à Athènes. Pendant plus de 2 500 ans, cette idée s'est répandue à travers le monde, et à mesure qu'elle s'est propagée, elle a évolué.
À Athènes, seuls les hommes propriétaires fonciers de plus de 20 ans et qui n'étaient pas esclaves avaient le droit de vote. Au Canada, le scrutin secret a été instauré en 1874, et les femmes ont été émancipées en 1918. Il y a déjà eu des limitations du droit de vote fondées sur la richesse, la religion, la race et l'ethnicité au Canada. Aujourd'hui, elles ont toutes été éliminées et nous reconnaissons qu'elles sont incompatibles avec une société inclusive, égalitaire et juste.
Il reste, par contre, un obstacle important, le système électoral uninominal majoritaire à un tour. On peut comprendre comment il a pris naissance. De 1867 à 1920...
Il y avait en pratique deux partis politiques, les conservateurs et les libéraux. Dans un contexte politique bipartite, le système uninominal majoritaire à un tour apporte des résultats raisonnablement démocratiques, et pour le premier tiers de l'existence de notre pays, c'était ainsi que les choses se passaient. Toutefois, en 1921, le Parti progressiste et le United Farmers Party ont vu le jour. Depuis ce temps-là — presque un siècle — il n'y a jamais eu de période pendant laquelle moins de trois, et souvent même, quatre ou cinq partis politiques ont été représentés au Parlement.
La prolifération des partis est caractéristique de l'évolution de la démocratie aux 20e et 21e siècles et constitue un développement positif auquel nous devrions adapter notre système électoral. Il n'est pas nécessaire d'être très doué en mathématiques pour comprendre pourquoi le système uninominal majoritaire à un tour commence à défaillir lorsqu'il y a plus que deux partis. Plus il y a de partis, plus les résultats électoraux perdent de leur caractère représentatif en raison de la division des votes.
Parce que le résultat est établi exclusivement d'après le parti dont le candidat est arrivé premier, chaque vote accordé à un candidat autre que le deuxième dans la course revient à un vote pour le gagnant. Cela mène à des résultats très peu représentatifs dans lesquels le spectre de candidats élus peut différer radicalement de leur niveau de soutien à travers le pays. Par conséquent, les partis qui ont un soutien important, mais qui se classent deuxièmes numériquement dans un grand nombre de circonscriptions, ont une chance réduite d'être représentés au Parlement. Les partis se classant troisièmes ou quatrièmes, même s'ils comptent des centaines de milliers de Canadiens, n'ont qu'une infime chance d'être représentés.
C'est un problème pour la santé de la démocratie d'un pays. Premièrement, quant aux principes, nous devrions aspirer à un Parlement qui représente de façon équitable l'éventail des croyances politiques dans notre pays. Deuxièmement, avec une pluralité de partis dans le champ politique, les résultats obtenus sous le système uninominal majoritaire à un tour créent l'impression qu'une grande partie des votes sont gaspillés et que ces convictions politiques ne mènent à aucune expression démocratique significative. De tels électeurs se sentent marginalisés par le système. Cela, non sans raison, donne lieu au cynisme politique, particulièrement chez les jeunes électeurs.
Je ne laisse pas entendre que le système uninominal majoritaire à un tour est entièrement responsable du déclin de la participation électorale, mais il existe des preuves que les résultats ne reflétant pas leur soutien électoral réel contribuent à l'aliénation face à la participation électorale et à la mobilisation politique. Le Canada n'est pas le seul dans cette situation, et de nombreuses démocraties avancées et stables dans le monde développé ont adopté de meilleurs systèmes électoraux. En effet, parmi les pays développés, seuls le Canada, la Grande-Bretagne et les États-Unis continuent d'employer un système uninominal majoritaire à un tour. Des systèmes de représentation proportionnelle sont employés dans 94 pays, d'après le dernier décompte. Les électeurs dans tous ces États ont été capables de comprendre et d'utiliser la représentation proportionnelle, et il n'y a pas de raison de croire que les Canadiens seraient moins capables.
Il existe un certain nombre d'approches différentes de la représentation proportionnelle, dont les systèmes plurinominal, mixte avec compensation et à vote unique transférable, et il y a des variantes sur la manière de les appliquer. Leurs différents avantages respectifs sont très discutés. Toutefois, je ne vous importunerai pas avec un boniment en faveur de l'un ou de l'autre puisque, d'après moi, l'enjeu le plus important est que nous mettions en place la représentation proportionnelle et non, par exemple, un système de scrutin préférentiel. De mon point de vue, les systèmes électoraux qui ne sont pas basés sur la proportionnalité pure, tels que ceux en Israël ou en Italie, ne seraient pas adaptés au contexte canadien.
Il vaut aussi la peine de souligner que même si la réforme électorale n'est pas une panacée pour tous les problèmes politiques, elle peut jouer un rôle important en contribuant à un climat politique plus productif. Les gouvernements minoritaires ou de coalition étant le résultat fréquent de la représentation proportionnelle, il y a une nécessité pour les partis politiques de travailler ensemble. Avec plusieurs partis autour de la table, tout le monde a intérêt à trouver une solution mutuellement acceptable. Comme des représentants de plusieurs partis participent à la prise de décisions, il y a un sentiment d'appartenance face aux décisions, même si tous les partis n'ont pas atteint le résultat voulu. Dit simplement, cela entraîne une meilleure gouvernance et une voie plus facile vers le respect des décisions gouvernementales par le public.
Finalement, en ce qui a trait aux systèmes de scrutin préférentiel, qui sont utilisés pour les élections fédérales seulement en Australie et en Papouasie-Nouvelle-Guinée, cette approche entraîne des résultats plus représentatifs que le système uninominal majoritaire à un tour dans un contexte non partisan. Il s'agit toutefois d'une approche majoritaire où le vainqueur remporte tout, et qui, bien qu'adaptée pour doter un poste unique, est complètement inadaptée pour élire un corps représentatif et ne fait rien pour résoudre les inégalités proportionnelles.
Pour toutes ces raisons, notre choix au Canada devrait être clair. Pour une démocratie vivante et une équité dans la représentation, nous avons besoin de mettre en place un système de représentation proportionnelle.
Merci.
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Quand un candidat ayant obtenu le plus grand nombre de votes perd, nous appelons cela une pluralité perdante, simplement pour définir les termes, une pluralité signifie le plus grand nombre de voix, que ce soit ou non une majorité absolue — le plus de votes.
Pour expliquer les pluralités perdantes, il est important de comprendre pourquoi elles arrivent parfois, mais il est également important d'examiner leurs effets sur les électeurs, les partis et les candidats. Le SPUD ne se concentre plus sur le rendement des différents candidats dans les circonscriptions, mais bien plutôt sur le rendement de l'équipe, par parti, dans des régions, dans une tentative d'incorporer les meilleurs de chaque parti aux sièges alloués sur une base proportionnelle.
La seule raison pour laquelle une personne perd sa pluralité dans le SPUD est que son parti a déjà tellement gagné qu'obtenir plus serait injuste. C'est précisément parce que chaque vote donne droit à une voix égale au Parlement à l'échelle régionale, plutôt que d'être écartée parmi les votes perdus à l'échelle de la circonscription. Est-ce que le Parlement devrait porter les voix de la nation, ou ces voix doivent-elles être tues dans les circonscriptions par le règne de la pluralité? Préférons-nous accepter qu'un candidat puisse parfois perdre avec le plus grand nombre de votes, ou qu'un gouvernement majoritaire puisse régner avec le plus petit nombre de votes?
En échange d'une pluralité perdante dans le SPUD, l'électeur obtient une voix au Parlement, un représentant local ayant une énorme motivation à faire un bon travail, des députés plus imputables pour la prochaine élection, et une motivation à participer au système. Les partis sont incités à travailler pour chaque vote, partout, obtiennent les voix partisanes appropriées, et font généralement élire leurs meilleurs candidats. Les candidats savent que les châteaux forts électoraux et les votes perdus ne les empêchent pas de gagner. Il est possible d'être élu dans toutes les circonscriptions, et ils savent que leurs efforts aideront le parti, peu importe qu'eux-mêmes gagnent ou perdent.
Les pluralités perdantes ne sont pas un défaut du SPUD. Elles corrigent le seul défaut de notre système actuel de scrutin majoritaire uninominal à un tour. Le scrutin majoritaire est en somme un SPUD avec une seule région, alors dans un sens, le changement est minime.
À un candidat ayant une pluralité perdante, je dirais: « Vous avez fait un bon travail, mais d'autres candidats de votre parti ont fait mieux, et ils ont pris tous les sièges que les gens de cette région voulaient donner au parti. Les votes pour vous ont compté dans la réussite de votre parti et, en réalité, le vote de chacun a compté de façon égale. C'est cela, la démocratie. »
J'ai entendu des commentaires selon lesquels il y aurait des émeutes dans les rues et une guerre civile. La seule façon de savoir si les Canadiens accepteraient certaines pluralités perdantes en échange de toutes les autres choses que pourrait apporter le SPUD, c'est de leur demander.
Merci.
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En posant sa question, Blake Richards a laissé entendre qu'aucun témoin n'avait parlé d'un système parfait, mais je me suis rappelé que oui. Il y en a un — Sherry, vous vous en souvenez peut-être. C'est Sean Graham, des consultations d'Edmonton. Il a inventé la représentation proportionnelle binominale, que Matt a brillamment résumée devant le dernier groupe d'experts. C'était génial. J'étais impressionnée.
Je ne sais qui, parmi vous, étiez présents quand Matt a décrit la représentation proportionnelle binominale, parce que c'était parfait, mais il a dit que la région était l'Atlantique canadien. Je lui en ai reparlé par la suite. Laissez-moi vous résumer de nouveau.
Son système consiste à jumeler deux circonscriptions. Vous éliriez deux députés. La première personne serait élue suivant le système actuel et la deuxième personne serait élue suivant, essentiellement, votre système. La proportionnalité est appliquée par région. Ce qui a un peu dérangé Matt, je crois, c'est que l'Atlantique canadien était une région. Mais j'ai vérifié auprès de Sean Graham et il m'a dit qu'avec ce système, en formant des régions assez grandes, on réduit à 3 % la proportion de votes inutiles. Mais si on forme de plus petites régions, qui respectent les frontières provinciales, par exemple, on crée jusqu'à 10 % de votes inutiles.
C'est un de ceux qui m'intéressent. Je m'intéresse évidemment à tous les modes de scrutin proportionnel qui reflètent le contexte canadien, qui respectent les circonscriptions rurales et éloignées, et qui évitent le plus possible les agglomérations de circonscriptions ou les grands redécoupages coûteux.
Je crois que vous avez tous les deux voulu maintenir une familiarité avec le système actuel. Je comprends que M. Falvey a participé davantage à l'élaboration du système, même s'il n'en parle sans doute pas aussi aisément aujourd'hui, mais vous faites tous les deux une bonne équipe.
Je voulais vous demander ce que vous pensez du système, parce qu'il ressemble beaucoup au vôtre. Mais je crois que si les gens font élire le député de leur choix avec un système uninominal majoritaire à un tour dans une des circonscriptions couplées, ça reste quand même plutôt local et plutôt proportionnel, si vous vous y êtes intéressé.
J'aimerais demander à Christopher Majka s'il y a aussi jeté un coup d'œil, parce que ça ressemble beaucoup à la RPM, mais sans la partie de la liste. C'est un peu hybride pour le Canada, mais ça pourrait quand même très bien s'adapter à notre réalité actuelle.
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Première des choses. Je crois que nous devons faire la distinction entre ce que certaines personnes pourraient appeler la représentation descriptive, c'est-à-dire la présence de personnes comme des femmes ou des membres de minorités à la Chambre, et, à défaut d'un meilleur terme, la représentation effective, c'est-à-dire que les opinions des minorités et des femmes et autres sont mieux représentées dans les politiques et les prises de décisions.
Cela tend également à mener à la question de l'équité. Lorsque nous parlons de votes gaspillés, nous devrions vraiment faire la distinction entre l'équité de départ, et l'équité du résultat. Le Canada a une équité de départ — personne ne remet cela en question, chaque vote est équitablement compté — mais l'équité du résultat, c'est que chaque vote compte de manière équitable. Je dirais que tout système qui offre une voix correspondant à un vote générera une plus grande diversité de représentation effective dans notre système politique.
Un des commentaires que nous entendons au sujet du SRPDM est qu'il y a un risque qu'il ne fournira pas une représentation descriptive en ce sens que vous vous présentez dans votre circonscription locale de la même manière. Je crois qu'il y a deux contre-arguments à cela, qui semblent légèrement contraires à la logique. L'un est qu'en incitant les partis à se présenter à l'échelle locale sans égard à leurs succès passés — vous avez toujours eu un incitatif à améliorer le pourcentage de votes — vous devez rejoindre un plus grand nombre de groupes, et vous pourriez alors vouloir un candidat plus habilité. Je sais que Tony Hodgson a parlé d'un biais en faveur des hommes blancs d'un certain âge.
M. Nathan Cullen: [Inaudible—Éditeur]
Des voix: Oh, Oh!
M. Matt Risser: Désolé.
L'autre chose est que, en n'ayant pas besoin que tous les candidats obtiennent la pluralité pour gagner et en mettant davantage l'accent sur les partis en tant qu'équipes à l'échelle régionale, les partis ont un peu plus de flexibilité, je dirais, qu'ils n'en ont en vertu du système actuel, où la seule chose qui importe est la pluralité des votes à l'échelle de la circonscription.
Denis, désirez-vous dire quelque chose?
M. Denis Falvey: Non, c'était parfait.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Majka, vous avez dit dans votre présentation que, si notre mode de scrutin était remplacé par un mode de scrutin proportionnel sous quelque forme que ce soit, le taux de participation de la population aux élections augmenterait nécessairement, ce qui est l'un des objectifs du Comité, je crois.
Cela dit, j'aimerais savoir ce qui justifie cette affirmation. Je vous explique pourquoi.
Le professeur André Blais, de l'Université de Montréal, a livré une présentation au Parlement sur les différents modes de scrutin. Je crois qu'il était accompagné de Mme Antonia Maioni, de l'Université McGill. À titre d'information, on considère au Québec que M. Blais est probablement le professeur qui a fait le plus de recherche sur les modes de scrutin proportionnels. Nous lui avons demandé si le scrutin proportionnel favorisait un taux de participation plus élevé, ce à quoi il a répondu que rien ne le démontrait. Il a ajouté que, dans les pays où ce mode de scrutin était utilisé, l'augmentation ou la diminution du taux de participation tournait autour de 3 %.
Il a dit qu'en réalité, ce mode de scrutin avait souvent pour effet d'augmenter le nombre de partis et que cela suscitait plutôt une diminution du taux de participation. L'exemple le plus flagrant qu'il nous a donné est celui de la Nouvelle-Zélande. Il s'agit de l'un des rares pays à être passés d'un système comme le nôtre à un mode de scrutin proportionnel. C'est un cas plutôt inhabituel. Or le taux de participation a chuté de 10 % en 10 ans dans ce pays.
J'aimerais savoir sur quoi vous basez votre affirmation, ou du moins votre perception. Les analystes pourraient inclure cette information au rapport.
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Ce sont d'excellentes questions. Je peux vous recommander un document disponible sur le site de Représentation équitable au Canada. Il s'agit d'une étude approfondie, une méta-étude, menée par Arend Lijphart, qui a examiné une série complète de mesures liées à ce qui se passe lorsque vous instaurez des systèmes de représentation proportionnelle. Une section complète est dévolue au taux de participation des électeurs, dans laquelle il examine divers états et diverses périodes de temps — élections — dans lesquels des élections ont été menées.
Quoi qu'il en soit, en bref, c'est qu'avec ces contrôles en place, ces démocraties consensuelles, en d'autres mots, celles qui appliquent des systèmes de représentation proportionnelle, ont un taux de participation d'environ 7,5 points de pourcentage plus élevé que dans le cas de gouvernements majoritaires. Il s'agit d'une méta-étude sur le taux de participation dans un certain nombre de territoires.
La deuxième partie de la question au sujet des petits partis et de la fragmentation des partis est également importante. Durant la discussion avec le groupe de témoins précédent, on a dit qu’Israël était l’exemple classique de ce fait. Bien entendu, en Israël, il existe de nombreuses situations uniques, y compris le fait que même des partis plus petits sont en mesure de former des coalitions, bien qu'il y ait un seuil, je crois, de 3,25 % en matière de représentation. Les coalitions se présentent. Vous pouvez avoir une coalition composée de quatre ou cinq partis différents, et si elle remporte un nombre de votes supérieur au seuil, alors chacun de ces très très petits partis, qui peuvent représenter 1 % ou moins encore, se retrouvent à avoir des voix dans la Knesset.
Cela mène à des résultats problématiques, et je ne crois pas du tout que ça serait un système qui conviendrait pour le Canada.
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Comme nous avons parlé de la représentation locale à plusieurs reprises, je ne vais pas revenir là-dessus. J'attends simplement que quelqu'un réussisse à me convaincre pour ce qui est de la proportionnelle.
Un expert qui est intervenu non pas durant la tournée, mais lors des consultations à Ottawa, a soulevé un point que j'ai trouvé très intéressant. Je pense que c'est le seul à avoir abordé cette question. Il nous a enjoints de faire preuve de prudence lorsque nous parlions d'une meilleure représentation des votes et de faire la distinction entre la représentation parlementaire et la représentation au sein du gouvernement.
Je m'explique. Dans le cadre des divers modèles proportionnels, lorsqu'on fait le rééquilibrage avec les listes fermées ou ouvertes, on obtient un pourcentage des votes nationaux par rapport au nombre de sièges. Par exemple, un parti qui a remporté le plus grand nombre de votes, en l'occurrence 45 %, et qui s'allie à un plus petit parti, qui a pour sa part obtenu 7 % ou 8 % des voix, obtient la majorité des sièges et prend le pouvoir. Or un parti politique ayant obtenu 35 % des voix pourrait ne pas être représenté au sein du gouvernement, lequel, ultimement, prend les décisions.
Je résume. Cet expert faisait une distinction entre la représentation parlementaire, soit le nombre de sièges au Parlement, et la représentation au sein du gouvernement. Il nous a avisés que, si nous visions vraiment une représentation au sein du gouvernement, le vocabulaire que nous utilisions lorsque nous l'expliquions n'était peut-être pas adéquat.
J'aimerais entendre vos commentaires à ce sujet.
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J'aimerais remercier nos trois panellistes pour leur présence ici aujourd'hui.
Je remercie également les membres de l'auditoire pour leur présence. C'est la première fois que je viens à Halifax, et c'est un plaisir que d'être ici.
Je voudrais simplement obtenir des éclaircissements au sujet de votre proposition. Mon collègue a parlé de la difficulté à recruter des candidats. Quelle serait l'incidence de votre système sur les personnes qui voudraient possiblement se présenter en sachant que, a) elles pourraient gagner, mais elles pourraient aussi perdre, et b) si elles désirent, Dieu nous en garde, se présenter là où se trouve un bastion, la possibilité de se faire élire est très mince? Par exemple, si vous êtes un candidat du Parti vert et que vous voulez vous présenter en Alberta, la probabilité que vous remportiez la victoire, même dans votre système, est très mince.
Tenter de convaincre quelqu'un de se présenter dans un bastion est déjà assez difficile, sans en plus devoir lui dire: « Vous pourriez en réalité gagner. Vous pourriez remporter le plus grand nombre de votes, mais en raison du facteur de la régionalité, nous vous retirerons votre gain. »
Pourriez-vous nous en dire davantage sur cette question?
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D'accord, mais dans votre système...
Par exemple, nous avons des bastions forts. Nous savons tous qu'il y a certains bastions forts au pays. Certains ont changé. Par exemple, la circonscription de Central Nova a historiquement été conservatrice, et à la dernière élection, elle a voté libéral. Une citoyenne, je crois à Vancouver ou à Victoria, s'est levée et a témoigné du fait que son enfant est triste parce que leur candidat n'a jamais la chance de gagner. À chaque élection, l'enfant demande: « Maman, est-ce qu'on a gagné? », et la mère de répondre à son enfant: « Non, Hedy Fry a gagné parce qu'elle est là depuis... ».
Bien entendu, nous l'adorons, mais comment pourriez-vous dire à quelqu'un qui voudrait se présenter contre un titulaire en place depuis des années dans un bastion qu'il a une chance? Imaginez les électeurs qui sont dans ce bastion et qui ont espéré, se disant que cette fois-ci, leur vote va compter. Eh bien non, il ne comptera pas vraiment, parce que la possibilité que votre candidat soit élu demeure mince au bout du compte.
Ma mention de cela a trait aux gens qui sont dans cette circonscription et qui votent pour quelqu'un qui n'est pas le titulaire du bastion. Si vous le présentez dans le même système actuel, ces votes ne compteront pas plus. Alors en fait, vous renforcez les partis, ce qui a été une plainte de la part de certaines personnes qui disent que les partis ont trop de pouvoir.
Dans votre modèle, vous donnez plus de pouvoir au parti et moins aux candidats. Les candidats pourraient effectivement perdre, mais les votes qu'ils ont récoltés seront donnés au parti central. Si je voulais que quelqu'un, dans ma circonscription, gagne alors qu'il n'avait aucune chance de gagner mais que j'ai quand même voté pour lui, le parti a eu mon vote, mais dans ma circonscription, je n'ai pas eu mon candidat. Mon candidat n'a pas gagné.
Le même argument ne s'appliquerait-il pas à ce que nous entendons au sujet du système uninominal à un tour? Je me fais l'avocate du diable, ici.
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Je suis venu ici aujourd'hui, de ce côté de l'Atlantique, pour me prononcer contre un mode de scrutin alternatif.
Comme la plupart des gens je crois, ma vie est une série de compromis. Je veux aller voir un film. Ma petite-fille veut en voir un autre. Elle me dit: « Tu aimes ça. ». Mais en réalité, c'est mon troisième choix. Je n'aime pas les mets chinois. Ma femme me demande: « Veux-tu y aller? » Je réponds que oui, mais c'est en réalité mon deuxième choix. Mon patron veut que je fasse ceci. J'aimerais beaucoup mieux faire cela. Encore une fois, c'est un troisième ou un quatrième choix.
Finalement, un jour tous les quatre ans, j'ai la chance d'entrer dans un isoloir et de soumettre mon vote, MON vote. C'est peut-être pour quelqu'un qui perdra. En fait, dans mon cas, c'est habituellement pour quelqu'un qui perdra, pour quelqu'un qui obtiendra quelques points de pourcentage, mais c'est mon vote. Dans ce cas, il n'y a aucun compromis.
J'aimerais me prononcer contre un mode de scrutin alternatif en faveur de la représentation proportionnelle. Je vois venir, dans un avenir pas si lointain, un Parlement composé de 400 membres, et certains partis ont obtenu un demi de un pour cent des votes à l'échelle nationale. Strictement d'un point de vue proportionnel, ce parti compte deux membres, mais il n'a pas démontré de réelle force où que ce soit. Je ferai remarquer que ces électeurs pourraient bien être satisfaits s'ils ont une membre comme Elizabeth May siégeant au Parlement et représentant leur demi de un pour cent au pays.
Non, ce n'est pas proportionnel — le parti n'a que la moitié de ce qu'il devrait avoir — mais puisqu'il est si petit, je dis que c'est équitable. Je pense que même le plus petit parti, jusqu'à un seuil très bas, pourrait être représenté par une voix, pas un nombre de voix numériquement correct, mais une seule voix qui pourrait peut-être être celle qui dit: « N'envoyons pas nos troupes en Irak. » Il y a toujours cette personne que l'histoire récompense avec du recul lorsque les 400 autres députés se sont opposés. Je ne crois pas que le seuil devrait être très élevé.
Merci.
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Salut. J'ai franchi une grande distance au péril de ma santé pour venir vous parler aujourd'hui parce que c'est très important. J'aimerais vous demander de déposer vos tablettes et vos téléphones et d'au moins faire semblant d'être intéressés par ce que nous avons à dire.
Bonjour. Mon nom est Deirdre Wear et je suis une résidente du comté de Cumberland en Nouvelle-Écosse. Je suis ici aujourd'hui parce que j'ai 57 ans et que j'ai voté à chaque élection depuis ma majorité. La seule fois où mon vote a été représenté au pouvoir a été la fois où que je suis bouché le nez et que j'ai voté stratégiquement à l'encontre de ma conscience et de mes valeurs.
J'ai vécu dans la plus grande ville du Canada, dans une petite ville, et maintenant dans un hameau. Je n'ai jamais eu de député représentant mes valeurs. En fait, la dernière fois où j'ai voulu parler avec mon député, c'était précisément à ce sujet. Lorsque je lui ai dit que je me sentais privée de mes droits par notre système électoral, il a souri de manière arrogante et m'a dit que le problème n'était pas le système uninominal à un tour, mais le fait que je ne soutenais pas les conservateurs. J'ai quitté son bureau en me sentant non respectée et encore plus privée de mes droits. Aucun Canadien ne devrait se sentir exclu du processus si nous voulons affirmer que nous sommes une nation démocratique.
Je n'ai pas peur des gouvernements minoritaires, puisqu'ils encouragent la collaboration et le consensus. Les fausses majorités qui découlent d'un système uninominal à un tour se traduisent par un pouvoir absolu conféré à un parti qui n'a pas le soutien de la majorité des Canadiens. Nous nous retrouvons avec le dernier gouvernement au pouvoir passant son temps à défaire les mesures du gouvernement précédent sans accomplir de véritables progrès.
Trois des partis représentés ici aujourd'hui ont promis une réforme électorale au cours de la dernière campagne électorale fédérale. Celui qui ne l'a pas fait bénéficiait à ce moment-là d'une fausse majorité en vertu du système uninominal à un tour. Les membres de ce parti ont peut-être modifié leur discours puisque c'est maintenant à leur détriment. De même, le parti qui bénéficie maintenant de ce système revoit peut-être sa position.
Je vous exhorte tous aujourd'hui à aider le Canada à grandir et à créer une véritable démocratie plutôt que de seulement en préserver l'illusion.
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Bonjour, et merci pour cette occasion de parler aujourd'hui. Je suis fière d'être membre de section locale 4600 du Unifor, qui représente 1 300 membres au Cap-Breton, et je suis ici aujourd'hui pour m'exprimer sur la réforme électorale.
Je crois que c'est la question la plus importante sur laquelle il faut se pencher au sein de la démocratie canadienne, et le moment et l'occasion d'un changement sont arrivés. Vous avez été chargés de la tâche d'entendre les Canadiens sur cette question, et si vous manquez cette occasion, il se passera beaucoup de temps avant que ces conditions soient à nouveau réunies.
À Cape-Breton—Canso, là où je vis, le résultat politique de la dernière élection n'a pas reflété les souhaits des électeurs. Nous avions près de 26 % des votes qui n'étaient pas représentés dans la législature parce qu'ils n'étaient pas pour le candidat gagnant. Notre système uninominal à un tour ne réussit pas à traduire les votes des Canadiens en une répartition des sièges qui reflète les préférences des électeurs. Il génère plutôt des résultats déformés et des votes gaspillés, et il contribue au désengagement. Nous avons besoin de plus de raisons pour pousser les jeunes et tous ceux qui se sentent aliénés par rapport à la politique à s'engager et à participer.
Mon syndicat, Unifor, a délibérément évité de mettre l'accent sur des modèles détaillés pour remplacer le système uninominal à un tour. Lors de notre convention nationale en août de cette année, nous avons massivement soutenu une réforme électorale vers un système proportionnel qui attribue les sièges au sein de notre Parlement de manière à donner un poids à chaque vote. Nous nous attendons à ce que ce comité en arrive à un consensus et recommande un système que nos membres et notre communauté peuvent comprendre. Unifor ne souhaite pas un référendum ni un autre processus qui rendra impossible le vote par scrutin proportionnel à la prochaine élection.
Pour terminer, de concert avec mon syndicat, je réclame un nouveau système électoral par lequel nous conserverons un représentant local, où chaque vote comptera et selon lequel nos politiciens seront élus proportionnellement au nombre de votes reçus. Merci.
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Merci pour cette occasion de m'exprimer devant le comité.
Mon nom est Jessica Smith. Je suis ici aujourd'hui en mon nom et en celui du Local 4606 d'Unifor, au sein duquel je représente 1 300 membres, principalement dans le domaine des soins de longue durée ici dans la MRH et les environs.
Le besoin d'une réforme électorale est une chose qui nous tient beaucoup à coeur, et pas seulement nous, mais aussi des Canadiens d'un océan à l'autre. Au cours de notre dernière élection, chacun des partis sauf les conservateurs ont intégré la réforme électorale à leur plateforme parce que le système uninominal à un tour ne fonctionne tout simplement pas. Nous sommes l'un des derniers pays à utiliser ce système brisé.
À l'automne dernier, dans ma propre circonscription de Sackville—Preston—Chezzetcook, 52 % des votes n'ont pas été représentés, avec une participation de 72 %. C'est un gros chiffre. Non seulement nos votes n'ont pas été représentés, mais nombre d'entre nous ont également choisi de voter stratégiquement plutôt que pour le parti qui reflète habituellement nos propres croyances.
Notre pays vit une période fantastique. Nous avons l'occasion d'améliorer notre système démocratique. Nous voulons un gouvernement pour lequel chaque vote compte. Nous voulons qu'un gouvernement soit formé proportionnellement au nombre de votes remportés par parti. Nous voulons un gouvernement qui conserve une représentation locale. Nous voulons un gouvernement qui encourage la collaboration au Parlement afin de réellement refléter la diversité du Canada.
Je vous exhorte également à ne pas tenir de référendum, mais plutôt de proposer un mandat. Comme je l'ai mentionné auparavant, presque tous les partis ont mené leur campagne en promettant une réforme électorale et de faire que chaque vote compte. Faites donc comme la Nouvelle-Zélande. Mettons un système à l'essai pendant quelques élections puis, si nous voyons que nous avons besoin d'un référendum, alors nous en tiendrons un.
J'ai eu l'occasion de participer à une assemblée citoyenne au sujet de la réforme électorale dans mon district la semaine dernière. De nombreuses personnes ne comprenaient pas les systèmes, même après deux heures de discussions avec elles. Je vous supplie d'être des leaders à cet égard et de faire de la représentation proportionnelle, avec la représentation locale, une réalité.
Merci beaucoup pour votre temps.
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Je présume que l’une des plus grandes réformes électorales jamais réalisées dans ce pays a été de donner aux femmes le droit de vote en 1918. Cela a doublé le nombre de personnes qui ont voté lors de l’élection qui a suivi. Cette élection mettait fin à un système électoral canadien à deux partis qui durait depuis 50 ans et dans lequel les partis remportaient la victoire chacun leur tour. En 1921, c’était la première fois où une troisième option viable était présentée. Depuis lors, nous avons vu la création d’un nombre toujours plus élevé de partis. Combien de partis étaient présents lors des dernières élections? Il y avait probablement 20 différents partis. Pas seulement trois, quatre, ou cinq, mais près de 20 partis ont présenté des candidats.
Je dirais que l’une des raisons pour cela, c’est que lorsque les femmes ont commencé à voter, nous avons cessé de nous battre purement pour être dans une position dominante lors des élections. En fait, des gens se sont présentés pour faire avancer d’autres causes et améliorer la façon dont le pays fonctionnait. On ne pouvait plus dire simplement comme avant: « Vous êtes élus et nous sommes défaits. »
J’ai demandé à quelqu’un d’assez bien placé dans un parti politique de cette province, lorsque je couvrais une réunion à Halifax pour CBC, s’il pouvait expliquer la vraie différence entre le Parti libéral et le Parti conservateur. Sa réponse a été la suivante: « Ils sont élus et nous sommes défaits » Le fait est que si les élections sont simplement une bataille pour obtenir la position dominante, nous nous retrouvons avec un système à deux partis et notre scrutin majoritaire uninominal à un tour; cependant, quand on commence à parler d’idées plus complexes, nous nous rendons compte que nous avons besoin d’un système électoral plus complexe. Je dirais que la représentation proportionnelle est un élément essentiel de cela.
Je ne suis pas censé vous poser de questions, mais combien d’entre vous ont lu le livre Tragedy in the Commons? Je pense qu’il est très important de se rendre compte qu’un député a de multiples fonctions. Très souvent, les députés de l’arrière-banc se sont entièrement consacrés à s’occuper des dossiers de leur circonscription. C'est un travail précieux, et c’est l’une des raisons pour lesquelles nous voulons avoir une représentation locale. Je vais voir mon député régulièrement et je lui parle de ce qui, selon moi, devrait se produire, et il me regarde sans expression, car cela ne correspond pas à ce qu’il souhaite voir arriver. Je ne me considère pas comme convenablement représenté, et je pense que c’est important pour nous d’être représentés de manière adéquate.
Je vous remercie.
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Merci beaucoup. Comme vous le savez, bien sûr, vous vous trouvez confrontés à un exercice complexe qui comporte de multiples facettes et qui vise à renforcer les institutions démocratiques, dont le système de vote est un aspect très important.
Je suis un avocat à la retraite. Je suis également retraité de l’enseignement du droit à temps partiel de la Faculté de droit de l’Université Dalhousie. Mais, probablement, ce qui me rapproche le plus directement de votre quête, c’est le fait que j’ai été élu sept fois dans le centre d’Halifax, à deux reprises au conseil municipal et cinq fois en tant que député provincial. Mon parti est le NPD. Et je ne suis pas ici au nom du parti provincial et encore moins du parti fédéral, qui a ses propres représentants.
Dans le cadre de ces expériences, j’ai bénéficié du scrutin majoritaire uninominal à un tour. Je n’ai cependant aucun attachement particulier à ce système. Je soutiens le changement à une forme de système électoral mixte de représentation proportionnelle d’une certaine manière. La raison principale est que les communautés d’intérêts des citoyens dépassent leur situation géographique. Le système majoritaire uninominal à un tour n’en tient pas compte, contrairement au système électoral de représentation proportionnelle mixte.
Si nous adoptons un autre système, la Chambre des communes sera probablement plus diverse et donc plus représentative. En même temps, les députés doivent rendre des comptes aux citoyens, et un lien géographique est un moyen efficace et facile à comprendre pour y parvenir. Par conséquent, le système électoral de représentation proportionnelle mixte associe tous les partis à un lien géographique.
J’aimerais donner deux exemples de problèmes généralement associés au système existant.
Lors des élections provinciales de 1945 en Nouvelle-Écosse, sur les 30 sièges à l’Assemblée législative, 28 ont été remportés par le Parti libéral, et deux ont été remportés par le CCF dans des circonscriptions très fortes au Cap-Breton. Le point est que le Parti conservateur, avec environ 30 % ou 40 % des voix, je crois, n’a remporté aucun siège.
L’autre exemple plus récent, bien sûr, est l’exclusion totale de tout autre parti, sauf les libéraux dans le Canada atlantique. Parmi les critiques qui sont parfois faites à l’égard de la représentation proportionnelle, la principale semble être le fait que ce système tend à faire élire des gouvernements minoritaires. Comme j’ai fait partie d’un certain nombre de gouvernements minoritaires, ceux-ci ne me causent aucun problème. En fait, ils peuvent se révéler très souples.
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Je m'appelle Marlene Wells. Je suis venue ici aujourd’hui de Stellarton, dans le comté de Pictou, en Nouvelle-Écosse.
Le scrutin majoritaire uninominal à un tour a été conçu et adopté un peu au hasard, avant même toute référence à des partis politiques. Lorsque nous avons commencé à voter, c’était simple: le système« nous contre eux » avait été conçu par des hommes honorables qui représentaient leurs électeurs. Depuis ce temps, nous sommes devenus des gens de plus en plus complexes qui ont des vues divergentes sur la plupart des questions. Toutefois, nous avons un objectif commun, celui de faire de notre mieux pour nos électeurs.
Tout a évolué dans notre société, sauf cela. Les femmes ont le droit de vote. Les personnes LGBTQ jouissent de l’égalité conjugale. Nous recevons des nouvelles en temps réel grâce à des sources comme Twitter. Lors des élections municipales de cette année, j’ai pu voter par Internet ou par téléphone. Je peux communiquer avec ma famille dans tout le pays en temps réel, face à face. Il y a aussi des personnes qui vivent dans l’espace. Toutes ces choses sont des événements qui changent la vie et qui améliorent nos valeurs canadiennes, qui représentent, en fait, l’ensemble de nos valeurs canadiennes.
Face aux 19 partis politiques enregistrés au Canada, représentant la totalité des valeurs canadiennes, ne faudrait-il pas que tous les votes pour tous ces partis comptent dans une élection? Ne faudrait-il pas que le Parlement qui en résulte soit élu pour le peuple et par le peuple? La représentation proportionnelle est la seule façon dont nous pouvons nous assurer que chaque vote compte.
L’évolution de la politique au Canada exige l’évolution de notre système électoral. Le temps est venu, et la balle est dans votre camp.
J’ai travaillé très dur ces deux derniers mois pour inciter les gens à participer à vos réunions de comité en faisant des appels téléphoniques, et en me servant de Twitter et de courriels. En cours de route, j’ai demandé aux gens de vous remercier pour les services que vous leur offrez. C’est un honneur pour moi d’être ici devant vous aujourd’hui et de vous remercier en personne. Je vous remercie d’avoir accepté cette tâche gigantesque. Je vous remercie de supporter cet horaire exténuant. Je vous remercie de sillonner notre merveilleux pays et d’écouter des gens comme moi. Je vous remercie du fond de mon cœur de politicomane.
Je m’appelle Suzanne MacNeil. Je suis la présidente du Halifax-Dartmouth and District Labour Council, un organisme représentant 25 000 travailleurs de tous les secteurs et de plusieurs syndicats de la municipalité régionale d’Halifax.
Je suis ici pour vous parler des systèmes de représentation proportionnelle alors que nous envisageons une réforme électorale. Au fond, les commentaires de nos travailleurs que je veux vous présenter, c’est que notre système électoral doit changer. Nous avons hérité du scrutin majoritaire à un tour de la période coloniale britannique. Peu de choses ont changé dans notre pays depuis 1867.
Nous croyons que nous ne tenons pas nécessairement mordicus à un système de représentation proportionnelle en particulier. Nous avons plusieurs choses positives à dire sur la représentation proportionnelle mixte, mais notre principal point est qu’aucun parti ne devrait pouvoir obtenir une majorité de sièges sans obtenir la majorité des votes.
Notre deuxième point est que toute réforme électorale doit comporter un système de proportionnalité. Dans plusieurs discussions sur la réforme électorale qui ont eu lieu dans toutes les régions du pays, nous avons aussi entendu parler du vote ou du scrutin préférentiel. Nous sommes inquiets que ce mode de scrutin puisse empirer certains problèmes que nous avons avec le scrutin majoritaire à un tour en place. Nous prions ce comité considérer ce mode de scrutin comme non désirable.
L’autre point que je veux souligner est qu’en tant que conseils régionaux du travail, nous faisons beaucoup de travail sur le terrain dans notre communauté. L’une des choses les plus importantes qu’on entend dire en général de la part des travailleurs et des membres de leur famille sur le processus électoral, c’est qu’ils craignent de gaspiller leur vote. Il existe un frein psychologique important à l’idée de voter pour quelqu’un qui ne sera probablement pas élu. Il peut aussi y avoir des considérations stratégiques. Nous répondons souvent aux gens que voter pour le candidat de leur choix est un droit démocratique, mais notre système électoral réfute cet argument.
J’aimerais porter à votre attention les résultats de notre dernière élection: neuf millions de votes n’ont pas permis d'élire un candidat. C’est neuf millions de votes gaspillés. Ça représente la population des provinces des Prairies et de l’Atlantique ensemble.
Merci.
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Bonjour. Je m'appelle Thomas Trappenberg. Je suis professeur à l’Université de Dalhousie. Je suis également le chef par intérim du Parti vert de la Nouvelle-Écosse.
Au cours des dix dernières années, j’ai été candidat dans toutes les élections provinciales et fédérales, sauf une. L’un des bons commentaires qu’on me fait toujours va comme suit: « Vos idées me plaisent vraiment. Elizabeth est remarquable. Je voterais pour vous si vous pouviez gagner. » On me fait souvent ce commentaire sous une forme ou une autre.
Comme vous l’avez probablement remarqué, j’ai grandi en Allemagne, où un système électoral des plus modernes nous a été imposé. Heureusement, cela a très bien fonctionné. Nous avions déjà un système démocratique, mais nous avons appris qu’un seuil électoral est très utile. D’après ce qui a été discuté ce matin, je recommande que ce seuil ne soit pas trop élevé. Je crois que le seuil de 5 % a très bien fonctionné. Si ce seuil est inférieur à 10 %, on élime un nombre très important de votes. C’est l’une de mes recommandations. J’ai choisi ce pays parce je crois que ce pays est tout simplement remarquable. C’est un pays merveilleux. Mais il perd du terrain. Notre système électoral est désuet. Ses origines remontent probablement à 200 ans. Les temps ont changé et il faut réagir à cela. Notre système électoral ne nous permet pas de le faire en ce moment.
Enfin, on a beaucoup dit que les listes électorales ne sont pas une bonne chose. En Allemagne, par exemple, on peut appuyer tous les candidats qu’on aimerait voir siéger au gouvernement. Même si un candidat vit dans la circonscription de Saanich–Gulf Islands, il peut toujours me représenter ici en Nouvelle-Écosse, et faire entendre ma voix et mes préoccupations. Un système de représentation proportionnelle mixte s’est donc révélé être un système qui fonctionne plutôt bien.
C’est bien d’avoir une liste électorale. De bons et solides candidats n’ont pas été réélus à la dernière élection. C’est vraiment dommage. Ces candidats avaient apporté une grande contribution à notre gouvernement et à notre pays. Je crois que ce serait une bonne chose d’avoir une liste électorale pour qu’on puisse encore voir les visages des candidats de notre province.
Merci.
Je m’appelle Kim Vance. Je ne représente personne ici aujourd’hui. Je suis ici en tant que mère. Je suis aussi ici en tant que travailleuse dans le domaine des droits internationaux de la personne et en tant que Canadienne pure laine des Maritimes.
Comme mère, je suis très inquiète de la faible participation des jeunes au processus politique, cela m’inquiète au plus point. En tant que mère d’une fille de descendance afro-néo-écossaise, je suis inquiète du fait que d’une élection à l’autre elle ne voit personne de cette région qui lui ressemble et la représente au Parlement. Elle ne voit aussi personne qui lui ressemble au sein du Conseil des ministres actuel. Bien que je sois reconnaissante envers le premier ministre en place pour la parité homme-femme au sein du Conseil des ministres, il s’agit en fait d’un acte isolé et non d’une mesure institutionnelle prise par ce gouvernement. Il nous faut davantage de mesures institutionnelles, comme la représentation proportionnelle.
Sur la scène internationale, je me sens plutôt gênée lorsque dans le cadre de mon travail des personnes me disent que le Canada est un pays merveilleux. On peut dire que le pays fait moins bonne figure en matière des droits de l’homme depuis dix ans. S’il est vrai qu’il s’améliore maintenant, il faut dire que cela contraste grandement, par exemple, avec le rang qu’il occupait pour ce qui est du rôle des femmes dans les processus démocratiques de ce pays. Nous faisons vraiment piètre figure, et c’est inacceptable dans un pays qui se targue d’être un défenseur des droits de l’homme.
En tant que résidente des Maritimes, je ne peux pas imaginer une situation aussi préoccupante que celle dans laquelle nous nous trouvons en ce moment. Trois des quatre partis fédéraux du pays ne comptent aucun représentant de notre région. Cela ne devrait pas arriver. Même si je n’appuie pas ces trois autres partis, je pense tout de même qu’il est important que nos voix puissent se faire entendre dans les caucus de ces partis. C’est essentiel. Je ne peux pas m’imaginer une situation où un autre parti prend le pouvoir à la prochaine élection et qu’il n’ait aucune perspective pour cette région entière pendant quatre ans, huit ans ou pendant toute autre période. C’est inacceptable, et la représentation proportionnelle est la solution à ce problème.
Je ne suis pas d’accord avec certains autres intervenants qui ont parlé aujourd’hui. Je pense qu’il faut agir rapidement. Je pense qu’on peut y arriver sur une courte période. J’ai beaucoup écouté les délibérations du Comité, et j’ai lu beaucoup de documents sur le sujet. Outre le débat entourant le remplacement du système majoritaire à un tour par un système de représentation proportionnelle, je ne crois pas qu’il y ait un débat vigoureux sur le choix des options. Je pense que vous pouvez agir rapidement et choisir une option qui fonctionne.
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Je m’appelle Dave Barrett. J’ai toujours vécu en Nouvelle-Écosse. J’ai 78 ans, ce que vous faites ne fait donc pas vraiment de différence pour moi.
Je me suis toujours intéressé à la politique. J’ai eu un cours de civisme à l’école. On ne donne plus ce cours aujourd’hui et je ne comprends pas pourquoi. J’ai voyagé dans plusieurs pays, principalement des pays africains, mais d’autres pays aussi, des pays où la démocratie régnait et a disparu depuis.
Nous vivons dans un pays merveilleux et c’est comme ça depuis 150 ans. Je considère que nous vivons dans l’un des meilleurs pays du monde. Si vous commencez à changer le système électoral, cela favorisera ensuite la dictature. De toutes les fois que j’ai voté, il est arrivé que mon parti prenne le pouvoir et qu’il le perde ou ne le prenne pas, mais j’ai toujours estimé que j’étais représenté parce que les personnes qui sont élues par scrutin majoritaire à un tour sont pratiquement les meilleures personnes de la région pour nous représenter. J’ai toujours estimé que je pouvais aller vers eux et discuter de divers sujets.
Je pense également que pour être crédible, il faut tenir un référendum. Nous venons de la Nouvelle-Écosse. Les choses se décident à huis clos, à Ottawa et à Toronto. C’est ce qui se fait à tous les jours. Nous le savons bien. Il nous faut un représentant ici.
Chaque fois que vous votez, c’est important, et le scrutin majoritaire à un tour est accepté au Canada et cela fonctionne. On a tellement de choses différentes sur la table. Nous avons tous nos problèmes.
Je n’ai pas voté pour Elizabeth May, mais je suis content qu’elle soit élue, et les médias parlent d’elle parce qu’ils prennent son vote en considération. Les minorités ont une représentante et elles sont bien représentées.
J’ai seulement quelques points à faire, le référendum en est un, et bon sang, assurez-vous que les provinces maritimes soient représentées; il ne faut pas faire la même erreur qu’avec le juge qu’on voulait mettre dehors sans avoir personne d’autre pour la province. Ce n’est pas correct.
Je vous remercie grandement de l'occasion qui m'est offerte. Je m'adresse à vous aujourd'hui, car je me sens fortement interpellé par cette question. La modification du système est fondamentale à l'équité et à notre démocratie.
J'ai vécu en Nouvelle-Écosse la majeure partie de ma vie, mais j'ai également résidé dans d'autres parties du Canada. Des membres de ma famille vivent à Montréal, à Toronto, dans des régions rurales de l'Ontario et du Manitoba, et dans des petites villes de la Colombie-Britannique et de l'Alberta. Notre famille est une famille pancanadienne.
À mon avis, un système mixte de représentation proportionnelle est le meilleur système. Nous devons maintenir cette forte représentation locale et la population doit se sentir liée au Parlement. Nous avons une grande diversité géographique et diverses cultures politiques à l'échelle du pays, et je le sais par l'expérience de ma propre famille. Cependant, nous devons également refléter fidèlement les opinions politiques qui ont été exprimées à l'échelle nationale. Évidemment, nous faisons piètre figure à ce chapitre. La répartition non géographique des sièges selon le nombre de sièges des partis qui reflète les suffrages exprimés est un élément essentiel du nouveau système qui sera mis au point.
Je vous souhaite la meilleure des chances pour parvenir à proposer un système efficace. J'espère qu'il s'agira d'un système mixte de représentation proportionnelle ou quelque chose qui s'en rapproche fortement... un système qui traduit votre intelligence supérieure.
En réponse à la question d'Alistair sur la diversité des candidats, je crois qu'un système mixte de représentation proportionnelle dans lequel est intégrée la liste permettra également une plus grande diversité parmi les membres du Parlement.
Merci beaucoup de cette occasion de m'entretenir avec vous.
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Merci de m'avoir invité et de me permettre de m'adresser à vous ce soir. Je suis impatient de discuter de ce sujet qui me passionne grandement.
Avant de vous faire part de mes idées sur la réforme électorale, je vais d'abord vous en dire un peu plus à mon sujet.
Je suis Cap-Bretonnais de naissance. Je vis à Halifax depuis les 10 dernières années; je n'ai jamais demeuré aussi longtemps ailleurs. J'ai eu une formation de biologiste de la vie aquatique et je suis enseignant par vocation. J'ai quitté l'école normale, car il est plus facile en Nouvelle-Écosse de lancer une organisation qui enseigne l'éducation civique que de devenir enseignant d'éducation civique.
Je suis maintenant directeur de Springtide Collective, une organisation dont le mandat est de faire le pont entre les Néo-Écossais et nos institutions démocratiques. À cette fin, nous avons recours à l'éducation, à la mobilisation du public et à la recherche. Nous tenions à nous exprimer sur ce sujet, car nous avons cru bon de faire part de certaines idées sur la façon dont les autres systèmes électoraux pourraient fonctionner au Canada avec les Canadiens et Canadiennes. Nous sortons un peu de notre mandat pour traiter cette question particulière.
Nous avons rédigé un document intitulé: Better Choices: Voting System Alternatives for Canada. Malheureusement, il n'a pas été prêt à temps pour qu'il soit traduit pour le Comité, mais j'ai avec moi quelques exemplaires en anglais pour ceux qui aimeraient en avoir un.
Je ne veux pas entrer dans les détails à ce sujet, mais l'un de nos objectifs à Springtide est de tenter de combler un rôle se situant entre les universitaires, qui comprennent généralement bien le fonctionnement des systèmes complexes comme notre système électoral, et les profanes. Nous savons que les universitaires peuvent communiquer dans un langage très soutenu et précis. De l'autre côté du spectre, il y a les acteurs du milieu politique, qui ont souvent un programme et peuvent adopter un langage qui est très pointu, précis et persuasif. Nous tentons donc de faire ce que les universitaires ne font que rarement, c'est-à-dire présenter leurs travaux dans un langage clair.
Avant de passer aux questions, j'ai donc cru bon de profiter du court temps de commentaires libres qui m'est alloué pour partager avec vous quelques-unes de mes idées, ou quelques éléments d'information, du point de vue d'une personne qui a observé le débat sur la réforme électorale au Canada. À titre d'enseignant, je ressens le besoin de m'exprimer sur le sujet à ce stade-ci.
Le premier point que j'aimerais avancer est que, comme j'ai une formation de scientifique, j'examine l'information avec une plus grande minutie, à mon avis, que les personnes formées en sciences sociales. Lorsque j'étudie l'information sur les systèmes électoraux, je constate que les données et les recherches qui sont les meilleures, les plus pertinentes du point de vue statistique et les plus fondées concluent généralement que les avantages se trouvent dans la représentation proportionnelle. Les éléments de preuve ou les recherches qui sont les moins pertinents et les plus douteux, et qui semblent fondés principalement sur une conjoncture ou des hypothèses qui ont été réfutées depuis longtemps, concluent qu'un système à vote préférentiel ou à scrutin majoritaire uninominal à un tour présente le plus d'avantages.
Je vous fais part de cela en premier lieu, car je vais présenter certains points qui à mon avis ont été déformés dans l'argument sur la représentation proportionnelle.
Dire que les systèmes de représentation proportionnelle donnent plus de pouvoir aux partis est la première inexactitude. Ce serait à mon sens comme dire que la pluie vient de la chaussée mouillée.
L'autre aspect de l'argument voulant que les « systèmes proportionnels donnent plus de contrôle au parti » qui est difficile à accepter, à mon avis, c'est que les systèmes proportionnels mettent en jeu plus de partis. En moyenne, tout parti existant aura moins de pouvoir qu'il en a actuellement. Certains en auront plus, mais en moyenne la majorité sera moins puissante. Les autres partis viendront ajouter leur poids pour les obliger à rendre des comptes.
L'autre mythe n'est pas tant un mythe qu'un difficile vent de résistance qui se lève lorsque les gens disent que les systèmes proportionnels créeront une politique plus collaborative ou plus représentative des femmes. Une personne qui veut se faire l'avocat du diable nous dira que si nous voulons une meilleure collaboration, nous n'avons qu'à devenir députés ou si nous voulons plus de représentation, en tant que Canadiens, nous n'avons tout simplement qu'à faire en sorte d'élire plus de femmes.
J'utiliserai une histoire comme analogie pour expliquer pourquoi cette logique est tordue. Il nous est tous déjà arrivé d'être dans une nouvelle douche, probablement dans un hôtel, et d'attendre que l'eau chaude arrive. D'attendre et d'attendre et d'attendre. Comme elle n'arrive pas, nous tournons à fond le robinet d'eau chaude. Puis, l'eau commence à se réchauffer, nous entrons dans la douche. Mais, quelques secondes plus tard, l'eau est brûlante, alors nous tournons à fond le robinet d'eau froide. Après quelques secondes, l'eau redevient froide.
Je crois que les députés, et nous sommes probablement tous d'accord, du moins en public, qui font partie du problème en créant un milieu toxique au sein la législature, sont ceux qui sont vite à tourner l'eau chaude à fond. Ils visent la chaleur. Je ne sais pas qui parlait plus tôt, mais j'écoutais votre discussion cet après-midi à propos d'un groupe de députés débutants qui ont décidé de s'abstenir. Ceux-ci sont ceux qui tournent l'eau froide à fond. Aucune de ces approches n'est vraiment efficace pour nous offrir une politique qui soit à la bonne température pour le Canada.
Je dirais que le régime électoral est la tuyauterie dans cette analogie, et nous avons besoin d'une tuyauterie mieux adaptée. Nous avons besoin de pouvoir obtenir la bonne quantité d'eau en tournant le robinet à la température voulue, nous avons besoin d'un régime électoral qui nous permet cet équilibre, et non ce va-et-vient, ces 10 ans de conservateurs, puis 10 ans de libéraux, venant à tour de rôle effacer les politiques de l'autre.
Si nous voulons avoir une politique plus collaborative et intelligente dans notre pays, je crois que l'une des manières d'y arriver serait d'envisager des solutions qui ne sont pas intuitives. Notre première réaction est de dire que nous avons besoin d'un code d'éthique pour amener les députés à faire plus tel genre de choses et moins tel autre genre de choses, mais je crois que cette réaction fait fi de certaines des plus grandes mesures incitatives qui soient.
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Je serai bref et ferai le moins d'analogies possible.
Je vous remercie de l'invitation de m'adresser à vous aujourd'hui. Je parle au nom de Fair Vote Nova Scotia, qui est une association multipartisane populaire de Néo-Écossais concernés par notre démocratie. Bien que nous ne privilégions aucun système ou modèle en particulier, nous prônons une réforme fondée sur certains principes.
Comme on l'a dit à plusieurs reprises, il n'y a pas de système parfait, seulement des systèmes qui favorisent certaines valeurs au détriment des autres. Je crois que le ministre en a pris conscience et est parvenu à dresser une liste de principes pour évaluer les réformes.
Les premiers de ces principes sont la légitimité démocratique et l'efficacité. Tout système devrait donner des résultats qui reflètent avec justesse et précision les souhaits démocratiques des Canadiens. Il devrait également générer des gouvernements qui sont efficaces et encourager des politiques publiques qui sont fructueuses et durables, au lieu de politiques qui sont renversées aux élections suivantes parce qu'elles ne jouissent pas de l'appui d'une vraie majorité d'électeurs.
Le second principe est l'engagement des électeurs. Tout système devrait amener tous les Canadiens à croire que leur vote compte vraiment et contribue à faire élire le représentant de leur choix. Il devrait encourager la collaboration entre les acteurs politiques, et non empêcher les groupes sous-représentés de participer.
Nous croyons que ces principes seront le mieux respectés en ajoutant un élément de proportionnalité à notre mode de scrutin actuel. Il est possible d'y arriver tout en maintenant une forte représentation locale et une responsabilité directe des députés envers les électeurs. On a proposé ici un certain nombre de systèmes fortement proportionnels qui permettent tout cela. Vous avez entendu parlé de bon nombre d'entre eux. Beaucoup d'autres seront proposés. C'est à vous de concevoir un système qui conviendra au Canada et de le recommander au Parlement. J'espère que vous le ferez en n'oubliant pas d'améliorer certaines des dynamiques dysfonctionnelles qui existent sous notre système actuel.
Quand je vois les mesures partisanes et les politiques conflictuelles qui sont souvent encouragées par notre système d'un seul gagnant, je vois des entraves qui nous empêchent d'avancer en tant que nation au lieu de nous aider à réaliser notre plein potentiel. Ce n'est pas qui nous sommes. Je ne crois pas que cela convienne à notre caractère. Plus souvent qu'autrement, nous sommes des conciliateurs et des rassembleurs. À titre d'exemple, sur la scène mondiale, on dit souvent que les Canadiens sont de bons diplomates et agents de la paix. Voilà qui nous sommes, et qui nous devrions aspirer à devenir.
Un virage vers un système plus proportionnel et consensuel où les législateurs sont encouragés à travailler au-delà des lignes de parti afin d'en arriver à un accord appuyé par une réelle majorité des électeurs, où la politique n'est plus un jeu à somme nulle, aura, à mon avis, des répercussions positives d'une grande portée sur l'élaboration des politiques au Canada.
Le Comité a une occasion historique. Je suis convaincu que les générations futures considéreront a posteriori cette décision d'opter pour un système plus proportionnel (si c'est la décision prise) comme une aussi importante avancée pour le Canada que l'adoption du système public de santé et du régime de pensions, voire l'obtention du droit de vote par les femmes. C'est au Comité et au Parlement de saisir cette occasion unique d'effectuer un véritable changement.
Merci.
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Merci de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui.
Je veux d'abord être clair quant à mon opinion sur la réforme électorale. Je ne suis pas convaincu que l'adoption d'une représentation proportionnelle au Canada permettra d'améliorer notre situation démocratique.
Comme l'ont clairement expliqué de nombreux témoins, il n'existe pas de système idéal. Le choix d'un système au lieu d'un autre comporte donc des compromis. C'est particulièrement vrai quand on envisage de passer de notre système uninominal majoritaire à un tour actuel à une représentation proportionnelle. L'adoption d'une représentation proportionnelle viendra certainement améliorer la proportionnalité et, selon le modèle particulier qui sera adopté, pourrait offrir certains avantages quant à la diversité, mais à quel prix?
Premièrement, j'affirmerais qu'un système basé sur la majorité, qui permet aux électeurs d'avoir une incidence directe sur la formation du gouvernement et, ce qui est tout aussi important, de déterminer à quel moment sortir un gouvernement du pouvoir, est plus démocratique que les systèmes proportionnels, où la formation d'un gouvernement peut fait l'objet de négociations entre les chefs de partis.
Deuxièmement, notre unité nationale est mieux protégée sous un système uninominal à un tour, qui oblige les partis à adopter des approches nationales et à adouci leur rhétorique afin de maximiser leur attrait auprès de la vaste masse des électeurs se situant au centre du spectre politique, alors que la représentation proportionnelle risque de favoriser les partis régionaux et axés sur un seul enjeu qui ont les lignes de faille historiques du Canada dans leur mire: la langue et l'aliénation régionale.
Troisièmement, la représentation locale est plus forte sous un système uninominal à un tour, qui offre à chaque député la plus petite circonscription possible à représenter et maximise ainsi les occasions de contact entre les électeurs et leurs représentants, alors que le système de représentation proportionnelle augmente la taille des circonscriptions.
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Vous avez dit que j'avais cinq minutes, mais je pensais y arriver en deux minutes et demie.
Notre système maximise donc les occasions de contact entre les électeurs et leurs représentants, alors qu'une représentation proportionnelle augmente la taille des circonscriptions afin d'accommoder plusieurs représentants.
Quatrièmement, la confiance envers notre système démocratique s'accroît sous un système uninominal à un tour lorsque chaque électeur dans chaque comté adopte précisément les mêmes règles d'élection — un appui majoritaire uninominal, un scrutin direct, selon un bulletin de même format et la même procédure de comptage — contrairement aux nombreux modèles proposés qui nécessiteraient diverses approches à l'échelle du pays.
En tant qu'ancien résident du Labrador et actuel électeur de la circonscription surtout rurale de , je suis particulièrement sensible à la question de la représentation locale et de l'incidence d'agrandir la taille des circonscriptions pour permettre la représentation proportionnelle. Les défenseurs de cette dernière ont affirmé qu'un tel changement ne compromettrait pas la représentation, puisqu'il y aurait quatre, cinq ou six députés pour servir une région beaucoup plus étendue. Cela dit, si nous retenons l'idée de la responsabilité personnelle des députés envers les électeurs, cette responsabilité personnelle doit reposer sur des actions personnelles et des relations personnelles avec les électeurs. Toutes ces notions souffriront au sein de circonscriptions élargies. À tout le moins, le remplacement du système uninominal à un tour par la représentation proportionnelle nuira à l'efficacité de la représentation locale, réduira le niveau de démocratie et la reddition de comptes, affaiblira les partis nationaux et entraînera la perte d'un système électoral qui est uniformément appliqué dans tout le pays.
Au-delà de ces compromis, je soutiens également que la représentation proportionnelle ne fonctionnera pas au Canada, à moins que ce comité ne soit prêt à explorer et à préciser les mécanismes utilisés dans les pays ayant adopté la représentation proportionnelle avec succès pour assurer la stabilité de la formation, de la dissolution et du fonctionnement du gouvernement. Il est clair que de nombreux pays fonctionnent très bien sous un système de représentation proportionnelle, l'Allemagne en particulier, qui a un modèle apparemment fructueux.
Cependant, si les changements proposés se limitent strictement au mode de scrutin, la réussite de ces pays sous la représentation proportionnelle ne pourrait pas être répétée adéquatement au Canada. Les conventions et pratiques canadiennes en matière de formation et de dissolution du gouvernement ne sont tout simplement pas compatibles avec un gouvernement élu sous un système de représentation proportionnelle. La stabilité des gouvernements constitués sous ce système repose sur des facteurs comme la majorité d'un chancelier, en Allemagne ; des votes de non-confiance constructifs; des pouvoirs de dissolution qui ne sont pas détenus par le premier ministre; un chef d'État, préférablement élu, qui a la responsabilité de former le gouvernement; des gouvernements assermentés après l'obtention d'un vote de confiance, et non avant; et la présence de coalitions. Nous n'avons rien de tout cela.
Depuis l'affaire King-Byng, certaines pratiques et conventions ont été appliquées de façon stricte et constante au Canada: le parti obtenant le plus de sièges le soir des élections a la possibilité de former le gouvernement; les gouvernements sont assermentés sur cette base, puis rencontrent le Parlement pour obtenir la confiance de la Chambre; le Parlement est dissous chaque fois que le gouvernement perd un vote de confiance ou lorsque le premier ministre le choisit; et le gouverneur général confie les prises de décisions politiques aux politiciens.
Par conséquent, notre Parlement fédéral ne se prête pas aux gouvernements de coalition, aux deuxièmes partis appelés à former un gouvernement, ni aux changements de gouvernement d'un parti à l'autre au sein d'un même Parlement.
En l'absence de changements officiels, ces mécanismes demeureront en vigueur, même si nous optons pour un mode de scrutin à représentation proportionnelle. Voilà qui est clairement une invitation à l'instabilité, compte tenu de la fréquence des gouvernements minoritaires; pourtant, on n'a presque pas discuté des changements possibles dans nos institutions ou nos conventions qui seraient nécessaires pour adopter efficacement un nouveau système de vote.
Mes recommandations sont donc, d'abord, de conserver l'actuel système uninominal à un tour pour les résultats positifs qu'il apporte aux Canadiens en matière de gouvernance; puis, si vous optez pour une représentation proportionnelle, de préciser en détail les mécanismes mis en place par les pays ayant adopté la représentation proportionnelle que nous devrons adopter pour en assurer le fonctionnement efficace.
Merci.
Je commencerai avec vous, monsieur Pardy.
Vous avez mentionné que la représentation proportionnelle ne fonctionnerait pas au Canada. Vous avez eu l'occasion d'expliquer brièvement votre position, mais je veux que vous m'en parliez davantage.
Évidemment, un des défis d'appliquer un système proportionnel au Canada, qui le distingue de nombreux pays qui l'ont adopté, est sa vaste superficie. Nous avons déjà plusieurs très grandes circonscriptions et, lorsque vous commencez à créer des circonscriptions à plusieurs membres ou d'autres unités semblables, leur gestion peut s'avérer très difficile. Si vous avez une ou deux très grandes communautés et un grand nombre de communautés plus petites, les plus petites tendent parfois à être ignorées, en particulier si certaines sont regroupées. Voilà quelques-uns des défis.
Bien sûr, il y a aussi quelques différences régionales au Canada. Vous remarquez déjà davantage de partis plus marginaux dans un grand nombre de pays qui ont adopté un système proportionnel. Vous avez vu des partis néonazis être élus. Il y a eu un article aujourd'hui dans le National Post au sujet du Parti pirate. Celui-ci prévoit pouvoir gagner l'élection en Islande. Il prétend qu'il serait en position de devoir créer un gouvernement de coalition. C'est un des défis que vous avez aussi soulevés. Parfois, il faut des semaines après une élection pour que les coalitions se forment en arrière-scène, en coulisses. Les électeurs ne participent pas vraiment à tout ce processus.
Ce sont quelques-uns des défis auxquels vous avez fait allusion, mais je voulais savoir quels sont, à votre avis, les défis uniques que représenterait un système de scrutin de liste au Canada, ce qui ne fonctionnerait pas et pourquoi.
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La géographie représente un enjeu essentiel, au même titre que nos frontières provinciales. Une foule de partisans de la représentation proportionnelle semblent être disposés à offrir la possibilité de prévoir des exceptions pour les très vastes circonscriptions du nord, mais, comme vous l’indiquez, lorsque l’on se déplace vers le sud, on entreprend de regrouper des circonscriptions.
Qu’est-ce qui constituerait une superficie excessive? Si l’on prévoit des exceptions pour le Labrador, les territoires ou les vastes circonscriptions du nord de la Colombie-Britannique et du nord de l’Ontario, au niveau inférieur, demeurent tout de même de très vastes circonscriptions. Si l’on regroupe ces circonscriptions pour assurer la proportionnalité, un autre problème se pose.
Si l’on s’attarde au cas de l’Île-du-Prince-Édouard, nous sommes en présence d’un scénario différent. On n’y dispose que de quatre sièges et, si je comprends bien, on estime que le système de la proportionnalité est optimal si l’on compte au moins cinq sièges.
En Nouvelle-Écosse, il me semble que le problème qui se poserait au plan géographique est que 40 % de la population vit autour de la région de Halifax. Peut-être serait-il possible de créer une circonscription à cinq membres dans la région de Halifax, mais si c’était le cas, que ferait-on du reste de la province? On retrouverait alors cinq ou six autres circonscriptions, réparties d’une extrémité de la province à l’autre, ce qui, me semble-t-il, serait totalement ingérable.
C’est la même chose à Terre-Neuve-et-Labrador. Si l’on fait peut-être une exception pour le Labrador — je l’espérerais — dès que l’on se retrouve sur l’île, la majeure partie de la population se retrouve dans la presqu’île Avalon.
Comment pourrait-on créer des circonscriptions plurinominales qui représenteraient adéquatement les régions rurales de ces provinces?
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Merci, monsieur le président.
Il y a un peu de confusion dans mon esprit à ce sujet.
Dans cette dernière interaction au sujet du gouverneur général, cela me fait penser à la lettre signée par Stephen Harper avec Jack Layton et Gilles Duceppe, envoyée au gouverneur général, lui suggérant que si Paul Martin n'était pas en mesure de conserver la confiance, il y avait d'autres possibilités sur la table. Je me souviens également qu'il y a eu une autre formulation, quand le premier ministre Harper était au pouvoir, et que Jack et Stéphane Dion, avec le soutien de Gilles Duceppe, ont déclaré qu'ils étaient prêts à former le gouvernement.
Notre système, je pense, n'a pas bien répondu, parce que le premier ministre a été en mesure de tirer le signal d'alarme. Il y avait un vote de confiance imminent, et la volonté des gens aux élections précédentes était sur le point d'être exprimé, et il a suffi d'aller voir le gouverneur général et de proroger le Parlement, ce qui constitue pas mal de pouvoir. J'ai du mal à dire que c'est un bon système démocratique fonctionnel lorsque, comme vous l'avez dit, le système est construit comme il l'est pour mettre la Chambre à l'épreuve. La Chambre était sur le point d'être mise à l'épreuve mais le premier ministre a été en mesure de retarder l'épreuve de plusieurs mois, jusqu'à une campagne électorale.
Même l'idée d'un gouvernement de coalition a alors été dénigrée, même si des gens intelligents comme vous et d'autres seraient prêts à dire: « Il n'y a rien d'anticonstitutionnel là-dedans. C'est parfaitement légitime. » N'est-ce pas? Je présume que des gens intelligents comme vous diraient des choses comme celles-là.
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Sur les 20 derniers gouvernements, nous avons eu 11 gouvernements majoritaires et 9 gouvernements minoritaires, la plupart du temps tout juste. Nous avons été un peu moins stables que les pays à scrutin proportionnel.
Au cours des six dernières décennies, nous avons eu des élections plus souvent que beaucoup des pays à scrutin proportionnel de l'OCDE, parce qu'il y a dans les systèmes proportionnels un incitatif, même si vous avez souvent une position minoritaire, à maintenir le gouvernement. Il n'y a pas d'incitatif à faire tomber le gouvernement juste parce que vous avez gagné trois ou quatre points aux sondages, alors que dans le scrutin majoritaire, trois ou quatre points peuvent faire toute la différence.
Ensuite nous avons l'embardée de politique.
Je veux me tourner vers monsieur Blair et monsieur Coffin.
Nous l'avons entendu plus tôt aujourd'hui lors de témoignages sur des questions de justice sociale, d'approvisionnement en matériel militaire et de changement climatique, qui serait une question sous-jacente. Au cours des 30 à 40 dernières années, la suggestion a été faite que l'embardée de politique empire. Les Canadiens se voient comme une démocratie de type très stable, sûre, ennuyeuse, mais en termes de résultats de politique du point de vue des électeurs, du point de vue des investisseurs, sur une question comme le changement climatique, il est très difficile de savoir où le gouvernement va se situer, même d'un point de vue général, dans 10 ans d'ici, parce que les gouvernements passent beaucoup de temps à défaire ce que le dernier a fait et à créer une nouvelle chose.
Y a-t-il des commentaires là-dessus en termes de passer à un système proportionnel où il y aurait un peu plus de gouvernails dans l'eau pour le Canada et exprimant la volonté générale de la population dans une direction?
Je vais peut-être commencer par vous, Andy.
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Je vais commencer par répondre à la question sur l'éducation civique.
Quand j'ai fondé Springtide Collective et commencé à avoir des entretiens sur la manière de m'y prendre, l'une des personnes que j'ai consultées était un professeur que j'ai eu à Dalhousie, Katherine Fierlbeck. En raison de la grande intelligence de ce professeur, je lui ai posé les questions suivantes: « Comment vous y prenez-vous pour enseigner les sciences politiques aux étudiants de première année? Étant donné votre bagage de connaissances en philosophie politique, comment faites-vous pour descendre à leur niveau? »
Elle a répondu ceci: « Cela ne me pose pas problème. La difficulté que j'ai avec ce travail est de faire en sorte que ces étudiants quittent la salle de cours mieux informés et avec une meilleure compréhension du mode de fonctionnement du gouvernement qu'à leur arrivée en classe. Je n'ai pas encore trouvé le moyen d'y parvenir sans les rendre plus cyniques à l'égard du processus au moment où ils quittent. »
Notre organisation est confrontée à la même difficulté. Nous travaillons à tous les niveaux. L'une des choses que nous valorisons et privilégions réellement dans notre travail est l'approche intergénérationnelle. Nous tentons de susciter des échanges auxquels participent ensemble jeunes et plus vieux. Selon moi, une partie du problème avec les jeunes ne voulant pas s'engager en politique résulte du message qu'ils reçoivent des personnes plus âgées, et c'est un problème qu'il faut régler.
Je pense que si nous étions les membres du conseil d'administration d'une société de la Silicon Valley installés autour de notre table en train de dire « Les jeunes n'utilisent pas nos téléphones. Peut-être qu'ils ont juste besoin d'une formation sur leur fonctionnement », le trimestre suivant serait peu rentable. L'approche à adopter serait plutôt de se concentrer sur les quelques personnes qui utilisent notre téléphone et restent fidèles pour une raison ou une autre, et de communiquer avec eux afin de savoir comment nous pourrions améliorer notre appareil.
Nombre de personnes qui s'investissent en politique aujourd'hui participent aux réunions de comités comme celui-ci et font des recommandations pour changer le système. À mon avis, nous devons être à l'écoute de ces personnes, dont beaucoup sont jeunes d'après ce que j'entends dire. Je n'imputerais pas la responsabilité de la situation aux citoyens. Si l'on crée un système incitant les gens à participer, ils apprendront à s'en servir.
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D'accord, j'aimerais commencer par M. Coffin.
Vous avez dit des choses très intéressantes dans vos propos d'ouverture. Vous étiez de toute évidence un peu pressé, et il y a peut-être quelques détails que vous avez omis.
J'essaie de comprendre l'une des choses que vous avez dites. Lorsque notre parti a créé sa plateforme, l'une des choses qui m'ont vraiment plu c'était l'idée de la prise de décisions fondée sur des données probantes. Dans vos remarques, vous commencez par dire que vous êtes un scientifique et qu'il y a beaucoup de données probantes sur la représentation proportionnelle. Vous ne l'avez pas dit, mais ce que j'ai compris c'est qu'il s'agit d'une sorte de système supérieur, qu'il couvre bien des choses qu'un système majoritaire ne couvre pas.
Pourtant, nous avons parlé aux gens, aux Canadiens, cet été et à des personnes du domaine des sciences politiques — et il a été question de cela — il semble qu'il se fait beaucoup de compromis et qu'il n'y a pas de système parfait. Je ne suis pas nécessairement d'accord ou en désaccord, mais j'aimerais vous donner la chance d'essayer de me convaincre un peu plus que la représentation proportionnelle est vraiment supérieure.
Vous avez abordé entre autres le pouvoir des partis et les mouvements de pendule dans les politiques. La représentation proportionnelle peut être vue comme un avantage parce qu'elle s'attaque à ces questions. Pourtant, avec un système majoritaire, certains de mes électeurs ont dit qu'ils préfèrent en fait les changements de politiques. Vous savez exactement où vous allez avec un gouvernement conservateur pendant 10 ans, puis certaines personnes s'en lassent et s'en débarrassent. Le Parti libéral est ensuite porté au pouvoir et vous savez quelle direction prendront les libéraux.
Mais affirmer que les données probantes indiquent qu'un système d'entre-deux comme la représentation proportionnelle est supérieur... j'aimerais que vous l'expliquiez un peu plus.
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Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, j'aimerais dire à M. Coffin que je partage l'opinion de mon collègue. Des professeurs de science politique de plusieurs universités sont venus nous parler. Nous avons obtenu de leur part des opinions diamétralement opposées quant aux répercussions du scrutin proportionnel. Nous avons de la difficulté à démêler tout cela, autant en ce qui touche la représentation des femmes que le pourcentage des votes.
Parmi les modèles recommandés, un professeur de Concordia dont j'oublie le nom optait pour le vote préférentiel, un autre pour le vote proportionnel et le troisième voulait le statu quo.
Ce n'est pas très facile, de notre côté, d'y voir clair.
J'ai été interpellé par votre commentaire sur le fait que les politiciens et les partis politiques ne tenaient pas compte de l'intérêt des jeunes. Hier, un témoin est venu nous dire qu'en adoptant le vote obligatoire, on pourrait réduire les inégalités au sein de notre société. Si tout le monde votait, les politiciens n'auraient d'autre choix que de tenir compte de l'opinion des gens à plus faible revenu, des plus pauvres. Pour ces derniers, le vote est souvent un geste moins naturel.
J'aimerais connaître votre opinion à tous les trois. Si le vote obligatoire était instauré, et que la très grande majorité des citoyens votait, est-ce que cela aurait un effet positif? Les politiciens devraient alors tenir compte de l'ensemble des opinions de la population, et nous n'aurions pas besoin de changer le mode de scrutin. J'aimerais entendre votre opinion relativement au vote obligatoire.
J'aimerais remercier nos trois intervenants d'être venus ici ce soir ainsi que les membres de l'auditoire d'être venus les écouter. Je sais que je suis celle qui vous empêche d'aller derechef à la séance de micro ouvert, aussi vais-je essayer d'être brève.
Pour ce qui est de rester les bras croisés, je suis la députée qui a parlé de notre initiative visant à mettre fin aux applaudissements.
Ma question est pour vous, monsieur Coffin. Vous avez dit quelques mots au sujet de la représentation des femmes. Actuellement, 26 % des députés sont des femmes. Souvent des gens viennent ici et nous expliquent, et j'adore que des hommes nous expliquent, pour quelles raisons les femmes se lancent en politique. Cela dit, deux difficultés demeurent. La première est la décision de présenter sa candidature à un emploi ou à un poste de dirigeant; la deuxième est de se faire élire, et nous devons les distinguer l'une de l'autre.
Mme May vous dira la même chose que moi, à savoir qu'il est incroyablement difficile de convaincre une femme de briguer les suffrages pour de nombreuses raisons, et je vous garantis qu'aucune d'elles n'a quoi que ce soit à voir avec notre système uninominal à un tour. Cela a à voir avec le fait que si vous décidez d'avoir des enfants alors que vous êtes députée, vous ne bénéficiez d'aucun congé de maternité payé, donc vous devez prendre un congé sans solde. Il n'existe pas de soins de garderie pour les enfants de moins de 18 mois. Si vous vivez en Colombie-Britannique, le fait que vous deviez parcourir une longue distance pour aller travailler n'est pas vraiment un incitatif. Vous passez pas moins de 10 à 12 heures en déplacements par avion aller et retour. Le fait que notre Parlement siège plus longtemps que tout autre dans la tradition de Westminster, sauf celui du Royaume-Uni, pourrait également jouer un rôle dissuasif.
Il y a d'autres raisons pour lesquelles les femmes décident de ne pas briguer les suffrages. Beaucoup ont trait au cynisme, à l'atmosphère d'adversité. Ce n'est pas le système électoral en lui-même. Une fois prise la décision de se lancer dans la mêlée, il peut y avoir une raison derrière cela, mais je suis la preuve vivante que vous pouvez vous présenter dans une circonscription où vous n'avez aucune chance de gagner. Je suis la preuve que nous, les femmes, pouvons gagner; aussi lorsque des gens me disent que la représentation proportionnelle est l'Arche de Noé, si vous voulez, qui compense pour tous les maux de notre système électoral, cela est faux à mon avis.
Je ne suis pas contre la représentation proportionnelle. Je n'ai pas d'opinion arrêtée pour le moment. J'écoute les Canadiens, mais je crois que nous devons mettre le bon, la brute et le truand hors de notre perspective parce qu'il n'y a pas de système parfait. C'est un écosystème et, comme des collègues à moi l'ont dit, il y a en fait beaucoup de choses que nous pouvons faire pour éliminer certaines des répulsions que nous éprouvons, à savoir le vote obligatoire, les quotas pour accroître le nombre de femmes aux scrutins, les bulletins de vote à glissière. Il y a beaucoup de choses. Une seule chose ne parviendra pas à remettre le système en état.
Il fallait que je me vide le coeur.
Monsieur Pardy, vous avez dit quelques mots au sujet de votre non-préférence pour des systèmes de type RP. À votre avis, quel système autre qu'un système de RP croyez-vous que le Canada devrait examiner, le scrutin uninominal à un tour, le VP ou le VP-plus? Pourriez-vous nous donner votre avis?
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Eh bien, on le fait ici en Nouvelle-Écosse.
Je crois que le scrutin préférentiel comporte assurément des avantages théoriques, mais je crois que c'est beaucoup trop compliqué pour certaines personnes, qui se sentiraient dépassées et frustrées. Alors gardons les choses simples, s'il vous plaît.
Le deuxième point que j'aimerais aborder concerne mon profil professionnel. Je travaille dans le domaine des TI, les technologies de l'information, depuis 15 ans. Il existe plusieurs excellentes applications pour les TI et l'Internet, mais pas pour les scrutins, et je vous invite à éviter à tout prix le vote électronique. Il y a des entreprises qui vont vous inviter à de somptueux soupers pour vous vendre leurs systèmes. Nous avons une élection ici à Halifax qui utilise un de ces systèmes. Personnellement, j'estime que c'est une catastrophe. Cela fait baisser le taux de participation. De plus, vous avez probablement entendu parler des problèmes de sécurité, d'identification des électeurs et d'influence externe.
J'aimerais également aborder deux autres points différents qui ne sont pas réellement liés à la technologie, et ce sont des points que vous pouvez régler et qui sont touchés par le vote électronique. Le premier point est la confiance dans le système électoral, et le deuxième concerne l'aspect cérémonial du vote. Tout ce qui compte dans nos vies comporte un certain cérémonial : lorsque nous sommes baptisés, lorsque nous terminons nos études, lorsque nous obtenons un diplôme, lorsque nous nous marions. Si vous le faites sur votre téléphone pendant que vous « aimez » un commentaire sur Facebook, je ne pense pas que c'est la voie que devrait emprunter notre système électoral.
Merci beaucoup.
C'est une bonne chose que je sois passé à proximité de l'Assemblée législative de la Nouvelle-Écosse avant de venir ici aujourd'hui, parce que c'est à cet endroit que le premier gouvernement représentatif a vu le jour au Canada. C'est également là qu'il y a eu le premier gouvernement responsable à l'extérieur de la Grande-Bretagne. C'est en Nouvelle-Écosse qu'est né le gouvernement représentatif, et j'aimerais affirmer que la représentation proportionnelle finirait par éroder ou détruire le gouvernement représentatif.
Le gouvernement représentatif consiste à représenter les gens et non les partis. La Chambre des communes est la chambre des roturiers; ce n'est pas une chambre des partis. Cela peut sembler être le cas en pratique, mais ce n'est pas quelque chose que nous voulons favoriser.
Les gouvernements gouvernent et les députés représentent les électeurs, mais la raison d'être des partis est le pouvoir. Nous savons qu'un gouvernement fait du bon travail lorsqu'il y a une bonne gouvernance. Un député fait du bon travail lorsqu'il offre une bonne représentation. Mais dans le cas d'un parti, il fait un bon travail lorsqu'il travaille en fonction du pouvoir.
Il s'agit essentiellement d'une plainte au sujet du système des partis, et la façon d'attribuer les sièges qui serviront à représenter les partis est une mauvaise chose. Les votes des députés sont volés. Un député qui vote contre son propre parti peut subir des sanctions sévères. Nous savons que le député est un héros local parce qu'il a voté contre un parti au pouvoir, contre un projet de loi en finances. Je dirais qu'il est un héros parce qu'il a choisi de se représenter, et non de représenter le parti. Il n'a pas suivi la ligne de parti.
Les votes libres sont une chose plutôt rare. C'est à cause du système des partis. Imaginez si chaque vote était libre. Le seul député qui peut réellement voter librement est un député indépendant.
Je pourrais continuer. Les partis ont tendance à pencher vers le centre lorsqu'ils s'approchent du pouvoir, parce que c'est l'objectif du système des partis. Regardez la situation surréaliste aux États-Unis où les républicains qui n'aiment pas nécessairement leur chef vont se pincer le nez et voter quand même parce qu'ils appuient leur parti. Tout tourne autour du parti.
Je dirais que la nature antagoniste de la Chambre est fondée sur le système des partis.
Tout le monde a sa petite idée sur ce qui ne fonctionne pas avec la politique. D'après moi, c'est le système des partis. Je remarque que beaucoup d'entre vous sont membres d'un parti. Les gens qui partagent les mêmes idées et les mêmes intérêts se réuniront pour discuter des sujets qu'ils jugent importants et pour faire avancer les choses, alors nous aurons toujours le système des partis.
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Francis, j'ai été très impressionné par votre mémoire. Vous étiez en plein dans le mille.
Des voix: Oh, oh!
M. Alan Ruffman: Je me rappelle le grand intérêt de Clifford, et le vôtre. Les pilleurs américains toutefois ont eu le dessus sur nous. Le Canada a choisi de ne pas défendre l'épave, même si elle s'est retrouvée à l'intérieur de nos limites territoriales en vertu du droit de la mer.
Je parlerai très brièvement de la question de la géographie. Cette question revêt une importance, et au Canada, la grandeur est importante. En fait, la question que je veux vous soumettre est que certains députés doivent se préoccuper d'un environnement beaucoup plus grand. Si nous jugeons que l'environnement du Canada est important, et qu'il le sera de plus en plus, qu'il s'agisse de la conservation des espèces, de la protection de suffisamment d'eau potable pour tous ou des espèces océaniques, nous devons penser à l'environnement.
Maintenant, comment pouvez-vous représenter l'environnement ou la longueur du littoral ou l'eau potable dans une sorte de système de scrutin? Aucun des ours polaires en voie de disparition sur la côte Ouest de la Baie d'Hudson ni aucun des caribous qui vivent tout juste au nord de nous ne dispose d'un droit de vote ou n'est même conscient de ce qui se passe, mais leur moyen d'existence et leur survie en tant qu'espèce est tributaire d'un grand nombre de députés agissant de concert pour préserver leur environnement.
Je vous laisse avec cette pensée. Je n'ai pas de solution à cet égard, mais je mentionnerai que juste au nord d'ici, on s'obstine au sujet du bar rayé. Les bars rayés vivent dans la rivière Shubenacadie, qui sert de frontière entre Colchester et East Hants. Pourquoi donc est-ce que la rivière sert de frontière? C'est parce que les gens ne pouvaient pas traverser les frontières à une époque, alors que nous, on fait des rivières les frontières de nos circonscriptions. Maintenant, nous avons des ponts et beaucoup d'autres façons de traverser ces frontières.
Ce ne sont que quelques idées.
Merci beaucoup d'être venus.
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J'ai jeté un coup d'oeil sur le site Web aujourd'hui. En lisant le site Web, ce qui m'a frappé, c'est qu'au lieu de trouver une solution à un problème que nous n'avons pas, on y suggère entre 12 et 24 solutions à un problème qui, selon moi, n'existe pas dans le système uninominal à un tour.
Si nous l'avons, ce problème, et s'il est important de faire élire chaque député fédéral par une majorité de voix, je suggère alors que vous envisagiez un système de ballottage comme celui de la France.
Cependant, le principal point que je souhaite faire concerne le désir d'inclusion, de transparence et d'engagement significatif. À mon avis, rien dans ces réformes proposées ne nous permettrait d'arriver à ces fins. Il en résulterait plutôt un processus moins inclusif, moins transparent et potentiellement à même d'aliéner davantage les électeurs. Je vous incite donc à envisager de tenir un référendum sur la question. Le processus conçu ici aura pour effet d'exclure celles et ceux qui ne sont pas en mesure de rencontrer ce Comité et dont le droit de voter sur la question représente la meilleure garantie d'inclusion.
Enfin, je dirais qu'une des raisons pour lesquelles je demande au gouvernement de réévaluer son opposition à un référendum clair sur une question claire concernant la réforme électorale est la suivante: les Canadiens, surtout ceux qui sont membres de groupes désignés, se voient présenter, dans le cadre de l'actuel processus, plus d'une douzaine de systèmes électoraux utilisés sur la planète, avec des variations considérables de chaque système.
Au bout du compte, le gouvernement devra en proposer un, et ce processus très intensif en carbone dans lequel nous nous engageons ici pourra ou non jouer un grand rôle dans ce qui sera proposé comme solution. Peu importe la solution, le gouvernement doit permettre aux Canadiens de choisir eux-mêmes entre la réforme proposée et l'actuel système qu'ils connaissent. Selon moi, un gouvernement craignant de connaître la réponse se moque des principes exposés ici plutôt que les défendre.
Merci.
Je m'appelle Patrice Deschênes. Je vis à Halifax.
Je suis arrivé ici il y a environ 30 minutes et j'ai entendu beaucoup d'histoires d'horreur. Les poissons sont en train de mourir, les ours polaires sont en train de disparaître, la nature est en train de rendre son dernier souffle, et tout cela à cause du système électoral. Une grande partie de la population est ignorée, leur voix n'est pas entendue, et tout cela, c'est à cause de notre système électoral.
On dirait que ces gens vivent dans un monde parallèle où l'on crée des problèmes qui n'existent pas. La réalité que je vois ici, au Canada, est celle d'un pays qui, depuis 150 ans, est un leader de la démocratie dans le monde. Je vois un pays où, malgré le fait que les partis politiques ne s'entendent pas, il y a de la continuité dans les politiques, sauf avec le dernier gouvernement dont l'objectif est d'effacer complètement les politiques du gouvernement précédent. Quand même, cela fonctionne. Ce parti a été élu et il a le droit de le faire.
Créer des problèmes imaginaires et essayer de les régler avec des médicaments qui n'existent pas, Molière en a déjà parlé: cela s'appelle Le malade imaginaire. C'est ce que nous sommes en train de faire ici, au Canada. Cet exercice, c'est une grande charade, c'est une grande pièce de théâtre de Molière. Je trouve cela décevant.
Je vous invite à reconsidérer cet effort et j'invite les Canadiens à reconsidérer leur maladie imaginaire. Avant de procéder à un autre système, s'il vous plaît, faites un référendum, car les Canadiens savent que nous vivons dans un pays qui est un des leaders au monde, un pays économiquement stable et politiquement sain, un pays dont tout le monde profite de la force démocratique.
Je vous remercie.
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Bonjour. Merci beaucoup.
Mon cœur bat fort. Je n'ai pas l'habitude de parler en public et je n'avais aucune intention de prendre la parole, mais je suis ici depuis 13 h 15 et je n'ai pas entendu quelqu'un présenter le point de vue que je juge nécessaire d'exprimer. J'ai une version électronique que je vous ferai parvenir demain, je le promets. Mais voici le point de vue que j'aimerais exprimer. Et, merci de votre patience, car j'ai tellement gribouillé mes notes que j'ai de la difficulté à les lire. Ça concerne l'importance que nous, Canadiens, accordons à la relation que nous entretenons avec notre député fédéral.
Je peux sympathiser avec cette position, concernant le point de vue des relations interpersonnelles. Personnellement, je ne souhaite pas un travailleur social, c'est-à-dire un député qui travaille sa circonscription. Je veux un député qui travaillera avec d'autres députés à l'élaboration de politiques pour aider le Canada de demain, des politiques qui rendent obsolète le rôle de travailleur social d'un député dûment élu.
Plusieurs des pays que j'admire utilisent un système de représentation proportionnelle sans le volet du député local. Dans notre circonscription, la reddition de comptes qui compte, c'est le nombre de faveurs accordées par le député, le nombre de rubans qu'il a coupés ou le nombre de funérailles auxquelles il a assisté. Ne pensez pas que je méprise un représentant élu qui est engagé dans sa communauté, mais si je devais choisir entre un député qui travaille à élaborer une politique globale pour l'avenir du Canada et un député qui se fait réélire sur la base du nombre d'événements publics auxquels il a assisté entre deux élections, je pense que vous savez pour lequel je voterais.
Bien que je sois actuellement favorable à la représentation proportionnelle mixte par laquelle les circonscriptions choisissent elles-mêmes leur député, je voulais simplement vous faire savoir qu'au moins une Canadienne a une autre opinion du rôle du député fédéral. À mon avis, seule la représentation proportionnelle est compatible avec ma vision du député.
Merci, et je suis contre la tenue d'un référendum.