:
Merci, monsieur le président.
Je suis heureux d'être ici aujourd'hui, avec mes collaborateurs, pour rencontrer les membres du Comité dans le cadre de leurs travaux sur le vote obligatoire, le vote en ligne et les modes de scrutin viables pouvant remplacer notre système uninominal majoritaire à un tour.
Mes observations préliminaires seront brèves. Je veux simplement rappeler qu'en tant que directeur général des élections, j'ai le mandat d'appliquer la Loi électorale du Canada et la Loi référendaire ainsi que d'organiser et superviser la conduite des scrutins. Je dois aussi administrer le régime de financement politique prévu dans ces lois, surveiller la conformité et mener des campagnes d'information publiques appropriées.
Lorsque les limites des circonscriptions fédérales sont révisées, normalement après chaque recensement décennal, mon rôle consiste à appuyer les commissions indépendantes et à mettre en oeuvre les nouvelles limites fixées par ces commissions.
Enfin, après une élection générale, je soumets au Parlement un rapport faisant état des modifications que je juge souhaitable d'apporter aux lois en vue d'améliorer leur application.
D'ailleurs, mon prochain rapport de recommandations sera soumis au Président de la Chambre des communes au début de l'automne. Ce rapport est habituellement renvoyé au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, qui est responsable des questions relatives à l'élection des députés.
Mes recommandations incluront des modifications à la Loi électorale du Canada quant au processus de vote et au régime de réglementation. À mon avis, l'adoption de ces modifications est essentielle à l'amélioration de l'expérience des électeurs et des entités politiques, et ce, nonobstant le système de scrutin qui sera en place lors de la prochaine élection générale. À cet égard, je crois que mes recommandations compléteront les travaux du Comité.
[Traduction]
Compte tenu de la nature de mon mandat, j'ai l'intention d'appuyer les travaux du Comité en soulignant l'aspect administratif de l'opérationnalisation des changements que le Comité pourrait étudier. C'est particulièrement important, étant donné le très court délai dont nous disposons pour apporter des modifications au mode de scrutin, si elles doivent être en place pour les prochaines élections générales.
Je n'ai pas l'intention d'aborder les avantages et les inconvénients des divers systèmes électoraux. Le Comité entendra ce que ses témoins auront à dire à ce sujet, y compris des membres du milieu universitaire, et peut-être des groupes représentant des citoyens et des citoyens eux-mêmes. Comme je l'ai indiqué lors de la séance du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, en avril, quand ces questions sont apparues dans le Budget supplémentaire des dépenses de mon bureau, la loi mettant en place une réforme devrait être promulguée bien à l'avance des prochaines élections afin de permettre une mise en œuvre appropriée. Je souligne que le gouvernement s'est engagé à ce qu'une loi soit adoptée d'ici mai 2017, délai avec lequel je suis à l'aise. À cet égard, je voudrais souligner certaines des considérations clés relatives à la mise en œuvre d'un nouveau mode de scrutin.
Premièrement, certains des autres modèles de vote que vous pourriez envisager pourraient bien requérir un redécoupage des circonscriptions électorales. Le cadre juridique actuel ne permet pas le redécoupage, sauf après chaque recensement décennal, et les circonscriptions actuelles sont censées être en vigueur jusqu'en 2023. Il ne permet pas non plus les circonscriptions à plusieurs députés ou les regroupements régionaux. Si un redécoupage était requis en raison de la modification du mode de scrutin, une loi habilitante devra être mise en place. Sous le régime actuel, il a fallu 26 mois pour achever pleinement le dernier exercice de redécoupage, et ce redécoupage était fondé sur le délai nouvellement réduit qui avait été adopté en 2011. Même s'il pourrait y avoir des façons de réduire davantage le délai, le processus de redécoupage devrait continuer de refléter les principes fondamentaux de l'indépendance et de la neutralité par l'établissement d'une commission indépendante et d'un mécanisme de consultations publiques.
Deuxièmement, l'instauration d'un nouveau mode de scrutin pourrait faire en sorte qu'il soit difficile de publier les résultats des élections le soir même en effectuant le dépouillement du scrutin manuellement aux bureaux de vote, comme c'est actuellement le cas. Les Canadiens sont habitués d'apprendre les résultats des élections rapidement, et tout retard possible devrait être envisagé avec soin par le Comité. Par exemple, certains systèmes requièrent que toutes les urnes soient déplacées vers un lieu de dépouillement central, ce qui comporte des risques et peut prendre beaucoup de temps, compte tenu de notre géographie, ou bien exigerait probablement l'instauration du décompte électronique dans tous les lieux de scrutin pour assurer la publication en temps opportun des résultats des élections le soir même.
Troisièmement, dans le cadre de l'étude d'autres modes de scrutin, le Comité pourrait souhaiter envisager les conséquences possibles sur le régime de financement politique actuel.
Quatrièmement, il faudrait également tenir compte de la préparation des électeurs et des fonctionnaires électoraux. Une campagne d'éducation du public complète serait nécessaire pour que l'on puisse s'assurer que les Canadiens comprennent le nouveau système et qu'ils peuvent exercer leur droit d'être candidat et leur droit de vote. Il s'agit d'un aspect dont il faut absolument tenir compte et qui a été crucial dans d'autres pays qui ont modifié leur système électoral.
Mon mandat à cet égard devrait être clarifié. Le recrutement et la formation de fonctionnaires électoraux seraient également cruciaux pour ce qui est d'assurer l'administration appropriée des nouvelles règles.
Laissez-moi maintenant aborder brièvement le vote en ligne et le scrutin obligatoire. Il est indéniable que de nombreux Canadiens profiteraient de l'instauration du vote en ligne ou sur Internet. Le vote sur Internet retirerait des obstacles et rendrait le vote plus accessible pour divers groupes, comme les électeurs ayant des problèmes de mobilité, notamment les personnes âgées, les personnes ayant une déficience de la vue et les Canadiens à l'étranger. Cela dit, il faut faire preuve de prudence au moment d'aller de l'avant pour s'assurer que les Canadiens continuent d'avoir une confiance aussi grande en l'intégrité de leurs élections. À cet égard, nous ne prévoyons actuellement pas offrir le vote en ligne en 2019. Toutefois, il est certain qu'Élections Canada accueillerait favorablement des directives du Comité concernant une approche souhaitable pour aller de l'avant avec le vote sur Internet.
Lorsqu'il se penchera sur cette question, le Comité devrait tenir compte d'un certain nombre d'aspects, y compris l'acceptation sociale et les difficultés que présente le vote en ligne relativement à l'intégrité et au caractère secret du vote. Je demanderais au Comité de songer à la portée de l'instauration du vote en ligne, qui pourrait comprendre la limitation de son utilisation à des groupes d'électeurs particuliers qui profiteraient le plus de cette option, comme les personnes handicapées ou les Canadiens vivant à l'étranger.
Enfin, en ce qui concerne le scrutin obligatoire, je soulignerai simplement qu'il y a un éventail relativement vaste d'expériences à l'étranger. Actuellement, 23 pays possèdent une loi prévoyant un scrutin obligatoire à l'échelle nationale. Même si je n'adopte aucune position quant aux mérites du scrutin obligatoire, j'encouragerais le Comité à prêter attention à quelques considérations durant son étude, y compris la prestation d'un mécanisme de conformité au moyen de sanctions ou d'incitatifs positifs, le fait qu'il devrait ou non y avoir des exceptions pour certains groupes d'électeurs et, bien entendu, l'acceptation par les Canadiens.
En conclusion, monsieur le président, je souhaite vous assurer que les membres de mon personnel et moi-même serons heureux d'aider le Comité à se pencher sur ces affaires, plus particulièrement sur l'aspect lié au fonctionnement et à la mise en œuvre des diverses options de réforme qu'envisage le Comité.
Monsieur le président, j'apprécie la possibilité de m'adresser au Comité aujourd'hui, alors que vous commencez vos travaux sur votre mandat important consistant à examiner les options pour vous assurer que les Canadiens sont effectivement représentés à la Chambre des communes. Cette occasion unique ne se présente pas souvent dans de nombreuses démocraties. Je vous souhaite bonne chance dans vos travaux, et j'ai hâte de connaître le résultat de vos délibérations.
Mes collègues et moi-même sommes maintenant disponibles pour répondre à vos questions.
Merci.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Mayrand, messieurs, merci d'être parmi nous aujourd'hui.
Au NPD, nous avons toujours été partisans d'un changement du mode de scrutin. Nous sommes très heureux que ce comité ait finalement été mis sur pied. Nous sommes aussi très heureux d'avoir réussi à modifier la composition de ce comité. Par contre, nous trouvons que les travaux ont mis un certain temps à commencer. Aujourd'hui, nous nous rendons compte des conséquences de ce délai.
Vous avez dit que, dans le contexte actuel, le redécoupage des circonscriptions vous prend normalement 26 mois au minimum, quand c'est fait après le recensement pour tenir compte des changements démographiques et tout cela.
Or il s'agit ici de changements beaucoup plus vastes et globaux qui touchent la manière de voter. Si nous adoptions un système mixte semblable à celui de l'Allemagne, par exemple, si les gens devaient voter sur deux bulletins de vote différents, s'il y avait un système de vote par liste, si l'on devait apporter des mesures compensatoires à l'échelle régionale ou provinciale, l'actuel délai de 26 mois dont vous avez parlé serait-il désormais insuffisant?
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Mayrand, messieurs Roussel et Perrault, je vous souhaite la bienvenue. Je vous remercie beaucoup de la clarté de ce document. Ce dernier résume essentiellement vos préoccupations techniques, que je partage aussi.
Ma question comporte deux volets. J'aimerais d'abord que vous nous parliez davantage du financement de l'État.
On veut mettre en vigueur un nouveau mode de scrutin. Certains, ici, ont déjà opté pour un scrutin mixte compensatoire, afin d'améliorer la représentation, la pluralité des voix des divers partis. Or, le financement de l'État est inexistant à l'heure actuelle.
Compte tenu de l'arrêt Figueroa, ne trouvez-vous pas qu'il s'agirait d'une injustice grave si, à la prochaine élection, on ne rétablissait pas la capacité des partis politiques de faire entendre leur voix, qu'on n'assurait pas une équité minimale à la ligne de départ lors de ce débat démocratique?
:
C'est tout un débat. Je serais heureux de fournir au Comité les études que nous avons faites à ce sujet. La technologie change rapidement, mais nous avons fait, il y a quelques années, des études relativement détaillées sur les enjeux que soulève le vote en ligne.
Cela dit, je crois qu'il faudra considérer certains aspects de l'acceptabilité sociale, la sécurité et la vulnérabilité, évidemment. À un moment donné, il va falloir définir les paramètres. Il faudra notamment déterminer, dans le cas du vote en ligne, si celui-ci pourra être effectué à n'importe quel poste informatique ou s'il devra être supervisé. Le vote actuel est supervisé. Certaines modalités doivent être prises en considération. Il serait utile de commencer à circonscrire un peu le champ de travail à cet égard.
Comme je l'ai mentionné, notre régime permet déjà de voter par la poste. Or il s'agit d'un vote non surveillé. Il faut voir si, pour ceux qui se prévalent du vote par la poste, les risques liés au vote en ligne sont plus élevés et s'il est possible d'atténuer ces risques. C'est sur ce genre de questions que j'aimerais obtenir des directives.
À l'heure actuelle au Canada, les municipalités font beaucoup de progrès en ce qui concerne le vote en ligne, mais ce n'est le cas ni des provinces ni du fédéral. Des études ont été faites, mais il n'y a pas vraiment eu de nouvelles initiatives en ce sens. On a mis cela sur la place publique. Je pense que tout le monde attend des directives avant de s'engager dans une direction donnée pour arriver à tester un système de vote en ligne. On s'entend pour dire que celui-ci n'a pas besoin d'être universel dès le premier jour.
:
Merci, monsieur le président.
Avant de commencer, permettez-moi de saluer la mémoire de J.-Jacques Samson. M. Samson a été un journaliste politique très important et très influent au Québec au cours des 40 dernières années, que ce soit sur la scène municipale, provinciale ou fédérale. C'était un journaliste chevronné, respecté, crédible et influent. Au nom de tous mes collègues, j'offre mes condoléances à la famille de J.-Jacques.
Monsieur le directeur général des élections, je vous présente mes hommages. Cela me fait plaisir de vous rencontrer, messieurs Mayrand, Perrault et Roussel. Par votre entremise, je tiens à saluer également ces milliers de Canadiens qui, tous les quatre ans, ou enfin chaque fois qu'il y a un appel aux urnes, travaillent très fort, très bien, de façon très ordonnée et avec beaucoup de pression, puisque le temps est important. On oublie souvent que ce sont des milliers de Canadiens qui font en sorte que nous puissions vivre dans une démocratie viable, acceptable et performante. Permettez-moi de saluer de façon plus personnelle Mme Hélène Dion, qui était directrice du scrutin dans la circonscription de Louis-Saint-Laurent, ainsi que son équipe.
Monsieur Mayrand, tout à l'heure, en réponse à la question de mon collègue du Bloc québécois concernant le vote en ligne, vous avez dit que cela prenait une certaine acceptabilité sociale.
Selon vous, un changement du mode de scrutin mérite-t-il une acceptabilité sociale?
:
Monsieur Mayrand, je vous remercie de votre présence aujourd'hui. À l'instar de mes collègues — et je suis certain que nous allons également avoir une occasion officielle de le faire, à un certain moment —, je veux vous remercier infiniment de votre contribution.
Au cours des dernières années, j'ai passé pas mal de temps à travailler à l'étranger dans le cadre de missions d'observation d'élections et portant sur des questions anticorruption liées au travail du vérificateur général et du comité des comptes publics. Toutes les fois que je vais à l'étranger, puis que je reviens au Canada, j'apprécie vraiment ce que nous avons. Je comprends plus que jamais que l'une des forces de notre démocratie, ce sont nos institutions et le calibre des gens que nous nommons afin qu'ils les dirigent. Monsieur, les Canadiens de partout au pays vous doivent énormément de remerciements pour le travail que vous avez fait au nom de ces citoyens au moment de vous assurer que nos élections sont les plus justes possibles.
Je voudrais revenir sur un sujet que j'ai tenté d'aborder en douce lors de la dernière séance. Notre président perspicace m'a interrompu — à juste titre — et a dit que je pourrais la soulever dans le cadre du discours habituel, alors j'y reviens.
La question concerne la quantité de travail que nous faisons ici, plus particulièrement sur le vote en ligne et sur le scrutin obligatoire; c'est prévu explicitement dans le mandat. Comme vous le savez, j'ai déjà parcouru ces choses, dans vos rapports, et la question que je voulais soulever auprès du ministre et, maintenant, auprès de vous, c'est ma crainte que nous puissions passer vraiment beaucoup de temps à entrer dans beaucoup de détails importants sur ces deux questions seulement. Ma préoccupation tient au fait que, si nous sommes trop distraits de cette vue d'ensemble que nous avons du système de vote en général, nous puissions nous perdre dans ces autres questions.
Concernant le vote en ligne, j'ai remarqué que vous nous avez recommandé, ou du moins expliqué que l'une des choses que vous trouveriez utiles, ce serait des directives qui vous permettraient d'aller de l'avant avec les recherches relatives au vote sur Internet, compte tenu de toutes les raisons que vous venez tout juste de mentionner, pour expliquer que cela ne se produira pas tout de suite.
Il s'agit d'une question facile que nous pourrions trancher grâce à une motion rapide, monsieur le président, et boum, cela l'enverrait à la bonne place.
Il nous reste donc le scrutin obligatoire. Je ne vous poserai pas de questions au sujet des détails de ce mode de scrutin, car ce n'est pas pour cela que nous sommes là, mais je vous poserai la question suivante: vous comprenez le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre aussi bien que quiconque, alors, à votre avis, y aurait-il quoi que ce soit qui se perdrait si nous enlevions la question du scrutin obligatoire au Comité et que nous la renvoyions plutôt à ce comité dans le cadre de vos recommandations générales? Perdrions-nous quoi que ce soit du point de vue du temps ou de la substance?
:
Il s'agit d'un bon argument.
M. Reid siège également au Comité de la procédure et des affaires de la Chambre, et je ne sais pas s'il s'agit de quelque chose dont nous voulons nous occuper afin d'ouvrir la voie au Comité ou si nous voulons laisser les choses telles quelles.
Toutefois, je vais passer à une autre question. Simplement pour revenir sur la question de la quantité de temps nécessaire, je veux que ce soit clair comme de l'eau de roche.
Quelle que soit l'option que nous envisageons, jusqu'ici, vous gardez l'œil sur ce que nous faisons et regardez dans votre boule de cristal en tentant de déterminer où nous allons et de garder une longueur d'avance. Est-ce que cela comprend un remaniement complet, pas seulement un redécoupage des circonscriptions, mais une approche complètement différente en ce qui concerne les circonscriptions régionales? Je crois savoir que le regroupement nous ferait gagner un certain temps.
Je veux seulement affirmer tout à fait clairement que, tant que nous vous accordons cette période, si nous établissons une loi d'ici le mois de mai 2017, peu importe à quel point le changement recommandé que nous voudrions apporter est ambitieux, vous estimez que cette période vous laisserait assez de temps pour faire cela, monsieur.
Plus tôt, dans une des questions et réponses échangées avec un autre député ici présent, vous aviez abordé quelque chose, et je pense que le temps alloué à l'intervention était écoulé. Je voudrais poursuivre sur ce sujet et discuter un peu de cette idée du processus de redécoupage des circonscriptions. Dans votre déclaration préliminaire, vous avez évoqué l'importance de l'établissement de commissions indépendantes et l'importance qu'elles revêtent dans le cadre du processus, puis vous en avez parlé un peu dans cette partie de questions et réponses au sujet des communautés d'intérêts. Il est donc question de ce que M. Christopherson vient tout juste de mentionner: l'idée de groupements régionaux ou de circonscriptions à plusieurs députés et ce genre de choses, ainsi que l'importance que revêtent les communautés d'intérêts à cet égard.
Je pourrais certainement énumérer diverses régions du pays — et le nord de l'Alberta, dans ma province, en est un exemple — où le simple fait de tenter de regrouper deux ou trois circonscriptions peut créer des heures de déplacement important. Si nous n'établissons pas ces commissions indépendantes et l'idée de tenir compte des communautés d'intérêts, d'entendre ce qu'ont à dire les gens de la localité et de procéder à de pleines consultations afin de nous assurer qu'ils ne sont pas défavorisés parce que leur député ne dispose pas d'un accès approprié à la circonscription, par exemple, ou il pourrait y avoir un certain nombre d'autres problèmes...
Je me demande si vous pourriez nous parler de l'importance des commissions indépendantes et de la prise en considération des communautés d'intérêts dans tout processus de redécoupage qui pourrait avoir lieu au moment d'établir un système de vote différent.
:
Je comprends cela, et je comprends les difficultés et l'importance de cette tâche ainsi que les échéances qui peuvent être créées.
C'est là que je voulais en venir avec la prochaine question que j'allais vous poser. Aujourd'hui, vous avez été assez clair quand vous avez parlé du dernier processus de redécoupage qui avait duré 26 mois. Vous avez indiqué qu'il était peut-être possible, dans certaines circonstances, que vous puissiez réduire un peu cette période, mais pas de beaucoup. On dirait que vous affirmez qu'il faudrait environ deux ans pour pouvoir mener ce processus, au strict minimum, à vous entendre.
Vous avez également mentionné que, si un référendum doit se tenir, vous estimez que la période de préparation minimum pour ce référendum serait de six mois.
Cependant, je veux avoir une idée d'une situation où un important redécoupage des circonscriptions est requis en raison d'un changement dans le système de vote, mais aussi, évidemment, un désir de tenir un référendum. Vous avez dit que, de façon isolée, 24 mois seraient le strict minimum pour procéder au redécoupage et que, de façon isolée, six mois seraient le strict minimum pour tenir un référendum.
Si vous étiez dans une situation où vous procédiez à un redécoupage et à la tenue d'un référendum, verriez-vous cette échéance s'étendre au-delà de 24 mois? Autrement dit, vous avez parlé du mois de mai 2017. Si ce processus était achevé d'ici cette date, pourriez-vous tenir un référendum et procéder à un redécoupage complet, au besoin, avant cette échéance?
:
Merci, monsieur le président.
Merci encore une fois d'être parmi nous aujourd'hui, monsieur Mayrand. Je vous remercie également de cette décennie de leadership dans ce dossier. J'ai apprécié votre présentation et j'ai pris beaucoup de notes. J'ai eu l'occasion d'acquérir un bon nombre de nouvelles connaissances aujourd'hui.
Je remarque que les députés présents à cette table parlent beaucoup du délai dans lequel les changements devront être apportés au système. Dans votre présentation, vous dites ceci: « Je note d'ailleurs que le gouvernement s'est engagé à adopter de telles mesures d'ici mai 2017, ce qui me parait raisonnable. »
[Traduction]
Nous savons aujourd'hui qu'il y aura des problèmes à surmonter. Nous savons que c'est un programme ambitieux, mais les Canadiens nous ont demandé de faire preuve d'ambition, dans ce projet. Il y a différentes variables. Je sais que certains membres de notre comité ont parlé de scénarios apocalyptiques, mais j'aimerais que vous nous disiez que vous êtes à l'aise, étant donné les différentes variables en jeu, pour amorcer un changement du système, pour qu'Élections Canada reçoive les ressources nécessaires pour organiser les prochaines élections.
Monsieur Mayrand, il me semble que le gouvernement essaie de laisser le temps passer jusqu'au point où il sera impossible de proposer à la fois un nouveau système électoral, ce qui supposera un redécoupage, et de tenir un référendum sur ce nouveau système. Il peut y arriver, évidemment, en refusant tout simplement de répondre oui ou non à la proposition de tenir un référendum jusqu'à ce que soit dépassée la date à laquelle il aurait été possible de faire ces deux choses-là.
Je ne vous demande pas de commentaires; je lance l'idée. Je dirais même que cela explique le refus systématique de la ministre, hier, qui ne voulait ni approuver un référendum, ni dire qu'elle était contre, tout en faisant clairement comprendre qu'elle refusait tout ce qu'il serait nécessaire de faire pour moderniser les lois sur les référendums.
Les questions que je veux vous poser maintenant concernent les moyens que nous pourrions utiliser pour faire en sorte que la date butoir du référendum ne passe pas inaperçue, ce qui permettrait finalement au gouvernement, après coup, de refuser le référendum en s'appuyant sur un argument véritable, c'est-à-dire qu'il est tout simplement trop tard.
J'ai exploré diverses options qui nous permettraient de reculer un peu cette date butoir, et j'en ai retenu une au sujet de laquelle j'aimerais vous poser des questions; je parle du modèle utilisé dans la province de l'Ontario. Il y a 10 ans, l'Assemblée législative de l'Ontario a adopté un projet de loi appelé le projet de loi 155, Loi de 2007 sur le référendum relatif au système électoral, selon laquelle, essentiellement, le modèle qui serait conçu ne pourrait pas être mis en oeuvre sans qu'il y ait un référendum.
Je ne suis pas certain que, si l'on combinait la loi sur le nouveau système, proposée par le gouvernement, à une disposition selon laquelle le nouveau système électoral ne pourrait être adopté que s'il était approuvé dans le cadre d'un référendum... Si les deux questions étaient présentées dans un même instrument législatif, vous serait-il possible de mettre les choses en oeuvre en moins de 26 mois, plus les six mois qu'il nous reste, je crois, si nous n'y changions rien?
:
Le délai de deux ans n'est pas justifié uniquement par le fait qu'il faut organiser un redécoupage et tenir un référendum, le cas échéant, mais il est en grande partie justifié par la nécessité de changer l'ensemble de nos opérations. Personne, ici, n'a l'expérience de la gestion d'un autre système électoral. C'est un changement en profondeur.
L'autre chose, c'est que nous allons devoir refaire tous nos systèmes. Une élection suppose l'utilisation de plus de 40 systèmes de TI. Je n'ai pas les détails, je ne peux pas vous les donner aujourd'hui, mais je crois que la plupart de ces systèmes devront soit être mis à niveau, soit éliminés et remplacés d'un bout à l'autre. Voilà pourquoi nous avons besoin de ces deux années. Nous travaillons de façon parallèle. Il faut, d'une part, assurer le remaniement et, d'autre part, préparer les élections, et cela prend deux années.
Encore une fois, si vous regardez ce qui se fait ailleurs, vous n'oublierez certainement pas la Nouvelle-Zélande. Il lui a fallu près de 10 ans pour mettre en place son nouveau système. Je dis que oui, c'est possible, mais j'hésiterais beaucoup à tenter de simplifier les choses encore davantage et de réduire ce délai. C'est un conseil: vous ne voulez pas mettre les élections en péril.
:
Ce serait intéressant. Merci.
Je sais que vous ne vous occupez pas de politique. De notre côté, nous sommes assujettis à un mandant auquel vous n'êtes pas lié pour votre part. Par contre, vous êtes tributaire de ce qui aura abouti le 1er décembre prochain. Je fais appel à votre vaste expérience de l'institution et de la gestion du scrutin, mais aussi à votre sagesse en tant que personne qui quittera bientôt son poste.
Vous avez mentionné plus tôt l'expérience de la Nouvelle-Zélande. Vous parliez d'éducation et d'information. Je ne sais pas quel est le taux de pénétration et d'efficacité de vos campagnes, mais ne croyez-vous pas qu'une élection comportant un enjeu référendaire est l'un des moyens les plus sûrs d'assurer un taux de pénétration clair quant aux enjeux et aux choix que les électeurs vont devoir faire?
En ce qui me concerne, je ne vois pas de problème à ce que la loi soit modifiée pour qu'un référendum soit tenu le même jour, qu'une case supplémentaire portant sur le changement du mode de scrutin soit incluse, d'autant plus qu'on dit que cela coûterait 300 millions de dollars pour faire d'une pierre deux coups.
Ne serait-il pas plus sage pour les parlementaires et l'ensemble de la société que l'on prenne le temps de faire cela? On se dirigerait davantage vers une décision qui serait effective lors de la prochaine élection.
[Traduction]
Je sais que nous avons beaucoup parlé aujourd'hui du vote en ligne. Étant donné votre expérience et le travail que vous avez accompli jusqu'ici, c'est un sujet dont nous voulons parler davantage.
J'ai travaillé dans le domaine de l'éducation postsecondaire, et la mobilisation des jeunes dans le processus démocratique est très importante pour moi. Vous avez dit plus tôt que, si nous arrivions à mobiliser les étudiants ou les jeunes assez tôt, ils voteront toute leur vie. Je sais que dans un cégep près de chez moi, dans la circonscription de Longueuil—Charles-Lemoyne, nous avons installé un bureau de vote qui leur était spécifiquement réservé, et ça a été une grande réussite.
Mais il y a aussi dans ma circonscription de plus en plus de gens âgés, et j'aimerais que vous nous fassiez part de vos réflexions, encore une fois, sur la façon dont nous pourrions utiliser la technologie de façon que les jeunes que nous venons de mobiliser — la proportion des jeunes qui sont allés voter aux dernières élections a atteint un sommet — restent mobilisés, mais en tenant compte également d'une population vieillissante, qui va avoir des problèmes de mobilité.
Pourriez-vous nous en parler un peu et nous dire à quel point c'est important? Nous allons vivre ce problème dans quatre ans, et aussi dans huit ans.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Mayrand, j'aimerais aborder avec vous la question de la délimitation des circonscriptions électorales. Vous êtes expert en la matière et, comme nous le savons, c'est un sujet extrêmement délicat. Je veux que ce soit bien clair pour tout le monde: si nous ne voulons pas de changement, ce n'est pas parce que nous avons des préjugés favorables, en tant qu'élus, ou que nous considérons la mathématique politique. C'est simplement que nous développons de l'attachement envers les gens que nous représentons.
Je ne vais pas vous conter ma vie, mais en tant que député provincial, en 2012, j'ai perdu les portions de Valcartier et de Shannon de la circonscription que je représentais, soit Chauveau. Cela m'a beaucoup attristé, entre autres parce que cette partie incluait la communauté anglophone, que j'aimais beaucoup et que je représentais du mieux que je le pouvais, en plus de tous les autres citoyens. Cela m'a vraiment touché. Ce n'était pas une question de mathématique. De toute façon, à ce moment-là, j'avais perdu ces secteurs.
C'est pourquoi, lorsque nous parlons de la carte électorale, il faut comprendre qu'il ne s'agit pas de calcul politique, mais d'une réalité qu'il faut respecter et qui concerne la trame sociodémographique de la circonscription que nous représentons. Si le gouvernement décidait de ne pas faire de référendum pour procéder à un changement du mode de scrutin et d'établir une représentation proportionnelle, par exemple, ou encore le vote proportionnel préférentiel personnalisé, ou le vote unique transférable, ou le scrutin par liste, ou le vote préférentiel, cela mènerait nécessairement à des changements à la carte électorale, dans la plupart des cas.
Cela m'amène à vous parler d'une situation que vous devez sûrement bien connaître, à savoir ce qui s'est passé en 2004 dans la circonscription d'Acadie—Bathurst. Le directeur des élections de l'époque avait fait un changement à la carte électorale et celui-ci avait été contesté non seulement par le député local — et là encore, je fais abstraction de tout calcul politique partisan —, mais également par les gens de la Chambre de commerce et les autres citoyens. Cette cause s'était même rendue devant les tribunaux, qui avaient donné raison aux citoyens, selon le principe que l'on ne touche pas aux délimitations électorales pour des raisons très précises.
Si on décidait de changer de mode de scrutin et que cela entraînait un redécoupage de la carte électorale, seriez-vous prêt à faire face aux décisions des tribunaux, ce qui pourrait donner lieu, encore une fois, à plus de délais?
:
Oui. Nous, au NPD, pensons qu'il est important d'augmenter la participation électorale. Au bénéfice de tous et pour que les analystes puissent le noter, je souligne que nos collègues libéraux parlent d'engager les gens, d'augmenter la participation des citoyens, des jeunes. Je voudrais simplement faire valoir que le taux de participation électorale augmente de 7 % lorsqu'il s'agit de modes de scrutin comportant une dose de proportionnalité. Je ne vais pas vous demander de commenter cela, monsieur Mayrand.
En 1979, la commission Pépin-Robarts a recommandé l'adoption d'un mode de scrutin proportionnel mixte basé sur le système de l'Allemagne. En 2004, la Commission du droit du Canada a proposé un mode de scrutin proportionnel mixte basé sur le modèle de l'Écosse. Selon ce système, les deux tiers des élus seraient élus comme ils le sont aujourd'hui, soit au moyen d'un vote uninominal à un tour, et le tiers restant au moyen de listes de partis.
La compensation peut se faire de diverses manières, que ce soit à l'échelle régionale ou provinciale. Si elle est régionale, on peut assez bien imaginer que, dans des zones urbaines comme Vancouver, Toronto ou Montréal, il serait possible d'amalgamer certaines circonscriptions pour obtenir cette dose de proportionnalité. Pour ce qui est des régions rurales où la densité de la population est moins élevée, on s'entend pour dire qu'on ne va pas fusionner les Territoires du Nord-Ouest et le Yukon afin de former une circonscription plurinominale.
Serait-il envisageable ou gérable, d'un point de vue administratif, de fonctionner selon un système où certaines circonscriptions urbaines ou de banlieue seraient amalgamées et où les circonscriptions se trouvant sur des territoires très vastes seraient conservées en tant que circonscriptions uniques?