:
Merci beaucoup, monsieur le président, pour votre aimable invitation. J'estime qu'un pays qui est prêt à réexaminer son système électoral n'en est que plus fort.
Il y a 12 ans, la Commission du droit du Canada a publié un rapport sur la réforme électorale. À l'époque, j'étais membre de cette commission et j'ai participé à la production de ce rapport. Aujourd'hui, je voulais vous parler un peu des raisons qui nous ont amenés à nos conclusions. Tout d'abord, dans les 12 années qui se sont écoulées depuis la publication de ce rapport, sachez que je n'ai pas changé de point de vue, soit que le système à représentation proportionnelle mixte, ou SRPM, est un meilleur choix que le système actuel et qu'il doit être préféré à toute autre formule.
Cela étant, il y a un élément du rapport à propos duquel j'ai changé d'opinion à cause d'éléments que nous ignorions quand nous avons produit le rapport de la Commission du droit. Il s'agit de la question des listes ouvertes par rapport aux listes fermées, sur laquelle je reviendrai tout à l'heure.
À l'examen de la question, comme le font toutes les commissions de réforme du droit, nous nous sommes demandé si la formule en vigueur posait problème. Or, c'est ce que nous nous sommes fait dire à maintes reprises. Vous connaissez sans doute les problèmes du système actuel et je ne vais donc pas m'y attarder, mais très brièvement, disons que ce système brise la proportionnalité, crée des majorités artificielles, des déséquilibres régionaux et un phénomène que la commission Jenkins a décrit comme les déserts électoraux, c'est-à-dire fait que des régions entières du pays ne sont que très peu ou pas représentées au gouvernement. Cela résulte aussi en une sous-représentation des femmes, des minorités et des peuples autochtones. Les gens ont l'impression que leur vote a été gâché. « Pourquoi voter? » se demandent-ils, « puisque cela ne va pas compter et que ça ne vaut rien? ». Ce mode de scrutin peut aussi donner lieu à des votes stratégiques, à l'impression qu'on a voté pour le candidat qu'on aimait le moins, sans quoi on aurait déposé un bulletin qui ne compte pas. Le système peut aussi déboucher sur une sorte de culture politique de l'hyperpartisanerie, où tout est axé sur l'opposition des points de vue.
Après avoir examiné ces problèmes, nous nous sommes posé la question des autres solutions possibles pour répondre à ces préoccupations. Pour cela, nous avons établi un ensemble de critères, certains étant des valeurs politiques à promouvoir dans n'importe quel système électoral afin, justement, de pouvoir tester les autres modèles en vertu de ces critères. Quand je songe à ces critères, ils me semblent tout à fait pertinents à ceux mentionnés dans le mandat de la commission. Nous nous sommes dit que l'équité du vote, le fait que les votes se transforment en sièges, qu'ils soient proportionnels, et le fait de donner aux citoyens l'impression que leurs voix comptent étaient très importants.
Nous avons examiné la question de l'équilibre entre les régions. Toutes les parties du Canada devraient être représentées au gouvernement. Il faut essayer d'éviter les déserts électoraux qui, à l'occasion, dressent les régions du pays les unes contre les autres. Nous avons voulu d'un système qui favoriserait l'instauration d'un gouvernement efficace et responsable et d'une opposition également efficace.
Nous avons examiné la représentation démographique, l'idée que le gouvernement doit refléter la diversité des citoyens, surtout des femmes, des minorités et des Autochtones. Nous avons voulu d'un système qui puisse donner lieu à des décisions inclusives et à la recherche d'un consensus plutôt qu'à des politiques partisanes et à la confrontation.
Une fois ces critères définis, nous avons examiné les divers modèles électoraux pour voir dans quelle mesure ils y répondaient. Nous avons examiné le vote alternatif et conclu qu'il présentait des avantages par rapport au système actuel. À nos yeux, cependant, le vote alternatif soulevait le problème de la disproportionnalité. Il ne répondait pas vraiment à la problématique de la proportionnalité et il pouvait même l'aggraver. Il ne réglait pas le problème du déséquilibre entre les régions. Il ne réglait pas la question de l'absence de diversité de la représentation au gouvernement. Nous sommes ensuite passés aux systèmes de représentation proportionnels. Nous avons examiné les systèmes de représentation proportionnelle avec liste, comme cela existe en Europe; le vote unique transférable, utilisé en politique municipale et, pendant un temps, à l'échelon provincial en Alberta et au Manitoba, de même que la représentation proportionnelle mixte ou RPM.
Nous avons conclu que, de toutes ces formules, la RPM nous semblait être le meilleur choix. Nous avons surtout considéré la représentation géographique que permet cette formule, le lien direct entre les lecteurs, la circonscription et le député. Nous avons estimé important de conserver cette caractéristique du système électoral et c'est ce que l'on retrouve dans le cas de la RPM qui règle d'autres problèmes que nous avions relevés. Quant à l'absence de proportionnalité, elle était réglée par la RPM, de même que l'idée de vote gaspillé, en partie. L'équilibre entre les régions l'était tout autant, la sous-représentation des minorités et des femmes également... En Nouvelle-Zélande, on a constaté une très nette augmentation de cette représentation après l'adoption de la RPM par ce pays. C'est pour cette raison que nous avons pensé que la RPM était le meilleur choix.
Par la suite, nous avons examiné les critiques adressées à la RPM pour voir si elles étaient fondées. Les trois principales critiques formulées à l'endroit de la RPM sont que ce mode de scrutin donne lieu à des gouvernements instables, qu'il crée deux classes de députés, ceux de la liste de partis et les députés élus dans les circonscriptions, et qu'elle peut donner naissance de groupes dissidents, soit des petits partis politiques détenant l'équilibre du pouvoir, ce qui n'est pas souhaitable. Nous avons donc tenu compte de toutes ces critiques que nous avons jugé exagérées.
Nous nous sommes intéressés aux pays qui ont adopté la RPM — l'Allemagne, l'Écosse, le Pays de Galles et la Nouvelle-Zélande — et rien ne prouve que leurs gouvernements soient instables. C'est vrai que leurs gouvernements peuvent être non majoritaires, mais ce ne sont pas pour autant des démocraties instables.
Nous nous sommes arrêtés à l'argument de la création de deux classes de députés, au fait qu'il y en ait qui ne soient pas élus et qu'ils soient des citoyens de seconde classe. Nous avons conclu que tel n'était pas le cas. En Allemagne et en Nouvelle-Zélande, les deux catégories font partie de la députation et les partis veillent à ce que les membres nommés à partir de listes se voient confier une part équitable du travail de circonscription. Qui plus est, les électeurs ont un meilleur choix par la suite, parce qu'ils peuvent se tourner vers le député de circonscription, mais aussi vers un député régional qui peut appartenir à un parti différent.
Enfin, le fractionnement des partis et la domination par un tout petit parti constituent un problème qui est en fait contrôlé par les seuils, ce qui nous a portés à conclure qu'il n'y a en fait pas de problème.
Après avoir choisi la RPM, si c'est ce que vous décidez, vous aurez un certain nombre de problèmes techniques à régler. Il y a d'abord la question des listes ouvertes par rapport aux listes fermées ou aux listes semi-ouvertes. Vous devrez prendre une décision à cet égard et vous devrez trancher au sujet des candidatures doubles. Quelqu'un pourrait-il se présenter à la fois sur la liste de circonscription et sur celle de son parti?
S'agissant du seuil, que doit-il être? Parlera-t-on des deux tiers, d'un tiers pour la liste de circonscriptions par rapport à la liste de partis ou d'une répartition soixante-quarante, ou encore cinquante-cinquante comme en Allemagne? Et sur quelle base prendre cette décision?
Enfin, toujours pour la question du seuil, jusqu'à quel point voudrez-vous d'une règle rigide? Plus elle sera rigide, plus il sera difficile aux nouveaux partis de prendre naissance. Certes, il s'agit d'une protection contre l'éclatement des partis, mais vous ne devez pas adopter une règle trop rigide, vous devez assurer un certain équilibre.
Pour ce qui est de la mise en oeuvre, nous avons jugé essentiel de miser sur un large consensus. Nous nous étions dit qu'il fallait tenir des consultations publiques et dégager un consensus le plus large possible. Nous n'avons pas jugé nécessaire de recourir à un référendum, et il faudrait être très prudent dans la possibilité d'appliquer un référendum dans ce cas.
Un référendum poserait un problème: comme c'est souvent le cas, et peu importe toutes les campagnes d'information publiques que l'on pourra lancer, de nombreux électeurs n'auront pas été suffisamment informés au moment de se présenter aux urnes et ils préféreront une solution bancale à une autre qu'ils ne connaissent pas, si bien qu'à cause de l'inertie, le scrutin majoritaire uninominal à un tour demeurera en place.
Il serait cependant possible de tenir un référendum une fois le changement effectué. Cela pourra vous paraître étrange, mais au moins, les gens bénéficieraient d'une période de mise à l'essai.
Vous pourriez toujours dire à l'électorat que vous lui proposez un nouveau système à la suite de vastes consultations, que c'est la solution que vous avez retenue, qu'elle va être mise à l'essai pour une élection et que, la prochaine fois, les électeurs seront appelés à décider s'ils veulent conserver cette nouvelle formule ou revenir à l'ancienne. Les électeurs pourraient alors voter en toute connaissance de cause. Ils auraient fait l'expérience de l'ancien système et du nouveau. L'électorat ferait un choix éclairé, ce qui est autrement difficile dans le cas d'une réforme électorale.
Merci beaucoup.
:
Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Merci beaucoup pour cette invitation à m'adresser au Comité. J'estime que c'est une occasion extraordinaire, car il est merveilleux de pouvoir participer à ce processus, au Canada. Merci.
Je vais répondre à certaines des questions posées dans la documentation que vous nous avez envoyée.
La première concerne l'importance de la réforme électorale.
Le système en vertu duquel les Canadiens élisent leurs représentants à la Chambre des communes est, bien sûr, fondamental pour notre démocratie. Nos élus influencent de façon marquée la façon dont nous nous gouvernons à l'interne et la façon dont nous fonctionnons sur la scène internationale. Dès lors, les Canadiens doivent avoir la certitude que leur système électoral est efficace et que leurs voix se traduisent en résultats électoraux. Ils doivent avoir la certitude que leurs voix comptent.
La réforme électorale est l'occasion d'examiner et d'évaluer notre actuel système électoral, dans le dessein de le modifier si celui-ci devait ne pas répondre aux attentes de l'électorat. Cet exercice est essentiel à la santé de notre démocratie.
S'agissant des points forts et des points faibles de notre actuel système électoral, mon collègue vous en a mentionné la plupart. Cependant, comme de nombreux témoins que vous avez accueillis au cours des dernières semaines vous l'ont indiqué, il n'existe aucun système parfait. Tous présentent une nécessité de compromis, tous ont leurs points forts et leurs points faibles. Aucun système n'est foncièrement plus démocratique qu'un autre.
Ma préférence va au système proportionnel. Il en existe beaucoup, de plusieurs formes, et il est possible de les mettre en oeuvre de différentes façons. Il n'existe pas une façon unique de passer à ce qu'on appelle la « proportionnelle ».
Certaines questions destinées à établir des comparaisons nous aideront à trouver les meilleurs systèmes, des questions comme: quel système peut déboucher sur une assemblée législative la moins divisée possible? Lequel serait le plus efficace pour empêcher la paralysie des gouvernements? Lequel risquerait de nous plonger dans des mois de tiraillements post-électoraux pour négocier des coalitions et lequel risquerait le plus de faire éclater ces coalitions?
Je ne vais pas, ici, aborder les avantages et les inconvénients de chacun de ces systèmes, parce que je sais qu'on vous en a déjà parlé. Je vais donc tenter de répondre à la question de savoir si le système électoral actuel est équitable, inclusif et représentatif. Je réponds non sur ces trois points.
Que dire du vote obligatoire?
Le faible taux de participation, selon moi, est davantage systémique que spécifique. Ce n'est pas en rendant le vote obligatoire qu'on va régler le problème. Cependant, le vote obligatoire inciterait davantage l'électorat à assumer son rôle démocratique fondamental. Le fait de rendre le vote obligatoire rappellerait à la population l'importance de l'acte électoral. C'est un exercice civique auquel nous devons tous participer pour le plus grand bien du pays, pour sa gouvernance efficace.
En ma qualité d'administratrice du Centre d'études constitutionnelles, qui a effectué des recherches et de la sensibilisation publique sur la Constitution, il ne se passe pas un jour sans que je constate à quel point les Canadiens sont ignorants de leur démocratie, du système démocratique et de la Constitution. Ce serait donc un grand accomplissement si le vote obligatoire devait, d'une certaine façon, les sensibiliser davantage à ces questions.
Il est indéniable qu'il faut permettre le vote électronique. Les électeurs veulent que le fait de voter soit pratique, et le vote en ligne améliore l'accessibilité dans le cas des personnes souffrant de handicaps. Par exemple, le vote en ligne à distance est déjà offert en Ontario et en Nouvelle-Écosse. Le Canada est considéré comme un chef de file dans le monde sur ce plan. Cependant, nous devons bien sûr veiller à ce que le système soit, au départ, conçu pour être sûr, fiable et, plus important encore, simple à utiliser.
La grande question à laquelle je vais essayer de répondre aujourd'hui est de savoir quelles devraient être les prochaines étapes de la réforme du système électoral.
Tout d'abord, d'après ce que je crois comprendre, ce comité spécial va déposer son rapport à la Chambre. Il sera très important que la Chambre elle-même comprenne et apprécie le travail que vous aurez réalisé en comité et qu'elle soit sensibilisée au fait qu'un grand nombre de Canadiens soient venus s'exprimer devant vous pour vous faire part de leurs points de vue, et qu'elle prenne véritablement votre rapport en compte. Nous ferions d'énormes progrès si nous pouvions dégager un certain consensus ou une certaine entente au sein de la Chambre.
Évidemment, à un moment donné, il faudra décider du système électoral à retenir pour le Canada.
Après cela, il faudra élaborer une stratégie concernant la réforme, une stratégie qui tiendra bien sûr compte du type de réforme retenu. À mon avis, les décisions à prendre s'articuleront autour de la constitutionnalité de la réforme et de la pertinence d’un amendement constitutionnel. Le cas échéant, il faudra voir si les amendements peuvent se faire de façon unilatérale ou s’il faut recourir à la formule d'amendement qui implique la participation des provinces, c’est-à-dire la formule 7/50. Il faut ensuite savoir s’il y aura un renvoi à la Cour suprême quant à la nécessité d’un amendement constitutionnel si, effectivement, on a pris une décision relativement à la constitutionnalité de la chose, ou peut-être même que la question en tant que telle pourrait être posée à la Cour suprême du Canada: la réforme électorale est-elle une question constitutionnelle? La Loi électorale du Canada fait-elle partie de notre architecture constitutionnelle? Et finalement, il sera nécessaire d’envisager le référendum.
Relativement à la constitutionnalité de la réforme électorale, est-ce que la réforme électorale nécessite un amendement constitutionnel? Dans le cas où l’on suggérerait ou recommanderait une réforme, il faudrait bien sûr modifier la Loi électorale du Canada. La question est de savoir si le gouvernement peut simplement présenter un projet de loi ou si la réforme électorale nécessite un amendement constitutionnel. Pour cela, il faut voir si une réforme du système électoral est perçue comme un dossier de nature constitutionnelle. Il faut se demander si une réforme électorale a des répercussions fondamentales sur le rôle, les fonctions ou le principe de représentation proportionnelle des provinces à la Chambre des communes, ce qui aurait un impact sur la structure de gouvernement que la Constitution vise à mettre en oeuvre. Je tire cela d’un paragraphe du renvoi relatif à la réforme du Sénat. Il s’agit de la décision rendue par la Cour suprême du Canada en 2014. On y a défini ce que la Cour entend par « architecture constitutionnelle ». C’est une décision très intéressante.
Le paragraphe 26 de cette décision aborde la structure de gouvernement que la Constitution cherche à mettre en oeuvre. Et cela nous amène à nous poser cette question: est-ce qu’une réforme électorale aurait une incidence sur la structure de gouvernement que la Constitution vise à mettre en oeuvre? Ma réponse honnête et claire à cela est non, je ne vois pas en quoi cela peut engager la Constitution. Mais je sais que vous avez entendu des experts dire que cela l’engage, et je ne vais pas prétendre être un expert en droit constitutionnel. Chose certaine, la nature et le genre de réforme qui seront retenus auront des incidences sur cette architecture interne.
Certains soutiennent que le système électoral est un élément constitutionnel, compte tenu du renvoi relatif à la Loi sur la Cour suprême et du renvoi relatif à la réforme du Sénat. Le système électoral n’est pas nommément mentionné dans la Loi constitutionnelle, on n’en parle pas expressément, mais certains croient que ces deux décisions de la Cour suprême du Canada ont eu comme effet d’intégrer le système électoral à notre architecture constitutionnelle.
Pour ma part, je vois des différences de fond entre ces deux renvois et la réforme électorale. L’un concernait le Sénat, l’autre la nomination des juges de la Cour suprême. La nature des réformes envisagées dans le renvoi relatif à la réforme du Sénat, par exemple, en modifierait fondamentalement la fonction. On parlait notamment d’élire les sénateurs. Sauf si le système électoral avait proposé des changements touchant à la structure de gouvernement que la Constitution vise à mettre en place, autrement dit des changements touchant à la raison d’être, au rôle ou aux fonctions de la Chambre des communes, on ne peut pas dire qu’il soit de nature constitutionnelle.
Si j’ai tort et qu'il est établi que la réforme électorale est un acte de nature constitutionnelle, alors comment allons-nous faire pour modifier la Constitution? Il y a deux façons. La première, que notre gouvernement agisse unilatéralement en exerçant sa compétence exclusive au titre de l’article 44 de la Constitution, ou qu’on passe par la formule de modification générale, qui implique les provinces. Je sais que vous avez entendu les experts, qui vous diront que le recours à la formule 7/50 sonnerait le glas de la réforme. Ce qu’il faut alors se demander, évidemment, c’est si la nature de la réforme que l’on propose engage les intérêts des provinces ou change la nature de la Chambre d’une manière qui rend l’avis des provinces nécessaire.
On a mentionné que le passage à un scrutin proportionnel comme le système de représentation proportionnelle mixte engagerait les intérêts des provinces, si bien qu’il faudrait recourir à la formule de modification générale. Ici encore, cela resterait probablement à établir, si la question était posée, en allant devant la Cour suprême du Canada. Quant à savoir si la réforme électorale engage la Constitution et dans quelle mesure, il serait sage de soumettre un renvoi à la Cour suprême sur cette question, surtout si le système électoral envisagé peut modifier le découpage électoral.
De toute évidence, il faut solliciter des avis juridiques sur la question. Un renvoi apporterait une certitude et éviterait les contestations constitutionnelles en matière de processus, de procédures et de législation qui pourraient prendre des années avant d’être résolues devant les tribunaux. Cela conférerait aussi sa légitimité juridique au système électoral choisi.
Je soutiens que le traitement d’un renvoi pourrait nécessiter moins de temps que tous les dossiers à présenter devant les tribunaux après coup si nous n’obtenons pas de renvoi.
C’est une option sûre, mais elle prolongerait considérablement le processus de réforme électorale. Je vais m’arrêter là.
Pour ce qui est de la tenue d’un référendum, je dirais rapidement qu’il n’y a pas d’obligation juridique à cet égard. C’est à éviter dans la mesure du possible, autrement dit, si on peut mettre en place des processus assurant la légitimité politique des réformes, il faudra, si possible, éviter tout référendum.
La suggestion de mon ami, soit de tenir un référendum après une période d’essai, est une chose dont je n’avais pas entendu parler, et ce serait peut-être à considérer.
À moins d’avoir un ou plusieurs processus pouvant respecter la légitimité politique d’un référendum, la tenue d’un référendum devra se plier à certaines conditions: évidemment — et vous avez entendu d’autres le mentionner — il devra faire l’objet d’une stratégie minutieuse; la question posée à l’électorat devra être claire et sans ambiguïté; il faudra informer le public de façon objective et non partisane; il sera essentiel de faire une utilisation appropriée des médias sociaux de même que de la presse écrite et télévisée afin de fournir une information neutre, précise et accessible à l’électorat au sujet des changements proposés; et il faudra présenter l’information dans divers formats, de façon claire et compréhensible.
La planification et la tenue d’un référendum prendront du temps. Le processus devra susciter un sentiment de fierté dans la population canadienne, ainsi que la confiance envers son gouvernement. On ne peut pas et il ne faut pas l’expédier de façon à le tenir avant une date arbitraire, par exemple, les prochaines élections.
Merci.
:
Je remercie nos témoins. Vous venez d'Edmonton et nous sommes de Vancouver, je suppose donc que déterminer ceux parmi vous que la tenue de cette réunion ici a le plus gênés demeure une question ouverte.
Passons directement à la question du référendum. Je dois vous dire que, de mon point de vue et de celui de mon parti, sans référendum il ne peut y avoir de légitimité et, pour être bien clair là-dessus, je parle d'un référendum avant et non après coup.
La raison qui nous fait dire avant par opposition à après peut s'expliquer facilement à l'aide de nombreuses analogies. Aurait-il été plus légitime pour le Québec de se séparer en 1995, puis de tenir un référendum après coup afin de voir si les gens donnaient leur approbation? On a souvent critiqué le référendum sur le Brexit. Les gens n'aiment pas les référendums, mais aurait-il été préférable que le Royaume-Uni quitte l'Union européenne et découvre ensuite si les électeurs y consentaient? L'accord de Charlottetown a quelque chose de similaire. On a dit à tous que cela serait très bon pour nous, que nous en avions besoin, et que cela réglerait notre crise d'unité nationale. Mais au bout du compte, les électeurs l'ont rejeté, et je crois qu'il aurait été très néfaste d'imposer cela aux Canadiens sans d'abord les consulter.
Je veux simplement que vous imaginiez le problème que cela pose. Disons que nous décidons de tenir un référendum après coup. Nous mettrons en place la RPM. Je ne manque pas de respect pour ce mode de scrutin; parmi toutes les possibilités, c'est celui qui est le plus sensé pour un ensemble de raisons. Mais disons que nous choisissons ce nouveau scrutin, nous procédons à une élection, puis nous faisons un référendum, et supposons que nous constations, une fois que nous venons de l'appliquer, que la majorité des gens n'y sont pas favorables. Ils disent, lors du référendum, que ce système, qui vient de servir à élire un gouvernement, était illégitime et que, dans une certaine mesure, la légitimité de ce référendum est entachée. Pour ma part, tout le processus est ainsi annulé.
Quelqu'un a dit: « Pourquoi ne pas tenir le référendum en même temps que la nouvelle élection? » Pouvez-vous imaginer ce qui arriverait si le mode de scrutin était rejeté et qu'un nouveau gouvernement était élu? Que faire à ce moment-là? Retarder le référendum pour éviter de connaître l'opinion de la population pendant un an ou deux, je ne vois donc pas en quoi cela améliore la situation. C'est une très mauvaise idée, et si on y réfléchit, ce n'est évidemment pas légitime.
Cela dit, je crois que l'idée d'un référendum, d'approuver un scrutin... C'est ce qu'on a fait en Nouvelle-Zélande. Ce pays a tenu un référendum, adopté un nouveau mode de scrutin, que les électeurs avaient approuvé, et en a fait un autre un peu plus tard pour vérifier si la population l'approuvait toujours. Bien sûr, les Néo-Zélandais ont entériné la décision prise quelque 10 ans plus tôt; ils étaient d'avis que le système était bon. Cela, à mon avis, a du sens et montre que, si l'on adopte un nouveau scrutin maintenant ou si on le change après coup, la population est souveraine. C'est l'observation que je ferais.
Les commentaires que vous avez formulés tous les deux à propos de la nécessité d'éduquer le public et d'examiner sérieusement ce processus sont absolument légitimes. Cela a été répété nombre de fois, y compris par ceux et par celles qui ont participé au processus en Colombie-Britannique où une majorité était favorable au changement de mode de scrutin et aurait adopté un nouveau mode s'il n'y avait pas eu ce seuil non démocratique de 60 %. Voilà, c'était ma sortie. Merci de votre attention.
Je veux utiliser les deux minutes qu'il me reste, monsieur Paradis, pour traiter de la question constitutionnelle qui, à mon sens, est essentielle et qui supprime nombre de nos options à moins que nous n'acceptions de composer avec la formule du 7/50, soit le principe de la représentation proportionnelle qui est inclus dans notre Constitution et qui ne peut être modifié sans une forme ou une autre d'amendement.
Tant qu'on produit un mode de scrutin qui ne modifie pas le nombre de sièges à la Chambre des communes — ce qui est faisable avec le VUT ou la RPM —, je ne vois pas de problème constitutionnel. Mais si l'on changeait la donne pour fixer le maximum par province à 15 %, ce qui est un des pourcentages lancés, il faudrait conserver cette proportion pour chaque province, me semble-t-il, sinon vous auriez des ennuis. Ce n'est pas forcément facile à faire, surtout avec les petites provinces.
Puis-je avoir votre point de vue sur la réserve que je viens exprimer dans ce cas? Selon vous, est-ce légitime ou pas?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci au professeur Wood et à Mme Paradis. Je suis très heureux que vous soyez ici avec nous aujourd'hui, dans cette grande tournée canadienne que nous faisons pour discuter de système électoral.
Ce comité a été mandaté pour étudier les nombreuses options qui s'offrent à nous pour modifier le mode de scrutin, mais également d'autres questions qui concernent le système électoral.
Professeur Wood, je tiens tout d'abord à vous remercier pour votre travail avec la Commission du droit du Canada, en 2004; c'est un excellent rapport. Vous restez avec ces recommandations d'un système proportionnel mixte.
Je vous remercie aussi de vos commentaires utiles pour combattre certains mythes véhiculés sur des modes de scrutin proportionnel mixte. Vous avez dit, entre autres, que ce genre de mode de scrutin donne des gouvernements stables, conserve un lien local entre les électeurs et les députés, et ne provoque pas une multiplication exagérée des petits partis politiques représentés à la Chambre.
Concernant le lien avec les électeurs, on a dit qu'en Allemagne, même les députés de liste sont proches de leurs concitoyens. Ils ont des bureaux et ils reçoivent des gens. Ils rencontrent les organismes de la société civile et ils traitent des dossiers individuels. Comme l'a dit M. Broadbent, ce mode de scrutin est peut-être le meilleur des mondes, car il présente l'avantage des deux systèmes proportionnels, soit le majoritaire et le mixte.
Vous avez changé d'opinion au sujet des listes fermées ou ouvertes. Je trouve cela intéressant. J'étais plutôt favorable aux listes fermées, mais je commence à être plus ouvert aux listes ouvertes. Selon vous, sur quelle base régionale les listes devraient-elles être constituées?
On comprend bien qu'il pourrait y avoir, par exemple, une liste pour la Nouvelle-Écosse, mais en Ontario et au Québec, les réalités régionales sont très différentes. Comment ferait-on ce départage entre les députés qui sont élus sur une base régionale plus grande ou provinciale parfois?
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Madame et monsieur, je suis vraiment ravi de vous rencontrer.
Je pense que nous sommes les premiers à admettre que notre système électoral n'est pas parfait, mais le système parfait n'existe pas.
[Français]
Si ça existait, on l'aurait,
[Traduction]
comme on dit en français. C'est la pure réalité.
Le système de scrutin soi-disant proportionnel soulève certaines questions. Vous savez, beaucoup de gens pensent que c'est une panacée, mais ce n'est pas vrai. Le système de scrutin proportionnel pose souvent le même problème que le système actuel.
[Français]
En effet, les spécialistes reconnaissent que le changement de mode de scrutin n'a pas vraiment d'influence sur le taux de participation. Ce sont davantage les enjeux électoraux et les personnalités qui font mousser la participation, et non le système électoral.
Par contre, tous reconnaissent qu'un système proportionnel fait en sorte qu'il y a beaucoup plus de petits partis politiques que dans un système régulier, ce qui, en soi, n'est pas mauvais. On appelle cela la « démocratie ». Je vais revenir là-dessus un peu plus tard.
[Traduction]
Parlons du vote stratégique maintenant. Durant la dernière campagne électorale, on a tellement entendu dire qu'il fallait un vote stratégique fort pour chasser les conservateurs du pouvoir et autres sottises du genre. Je sais de quoi je parle, je suis moi-même député conservateur. J'ai entendu cet argument très souvent, mais pas à Québec, parce que j'ai gagné. Mais j'en suis conscient. C'est pourquoi je peux me permettre d'en parler.
Quel que soit le système, quel que soit le contexte, il y aura toujours des gens qui voudront chasser le gouvernement au pouvoir et la meilleure façon de le faire, c'est de s'organiser pour qu'un seul parti recueille le plus grand nombre de voix. Peu importe le système de scrutin, il y aura des gens qui voteront stratégiquement. Force est de constater, toutefois, que le système actuel incite davantage les gens à voter stratégiquement que tout autre système, mais on n'y peut rien. C'est le jeu de la démocratie.
[Français]
Je vais maintenant vous parler du fameux vote perdu. Je suis désolé, mais aucun vote n'est perdu en démocratie, sauf si la personne ne vote pas. Un vote perdant n'est pas un vote perdu. C'est cela, la différence. Il y aura toujours des gagnants et des perdants. C'est ce qui se passe dans la vie réelle. Si 100 % des gens votent pour la même personne, il est certain que tout le monde va être gagnant. Autrement, il va de soi qu'il y aura toujours des perdants. Ce n'est pas parce que des gens sont perdants que leur vote est définitivement éliminé. Un vote perdant n'est pas un vote perdu.
Presque 99 % des Canadiens qui ont voté ont une voix à la Chambre des communes, et c'est parce qu'ils ont voté pour l'un des cinq partis représentés à la Chambre des communes. Tous les gens de ma circonscription sont représentés à la Chambre des communes. En outre, même s'il s'agit d'un petit nombre, il reste que 1,8 % des gens de la circonscription Louis-Saint-Laurent ont voté pour le Parti vert et sont représentés à la Chambre des communes. Je n'ai entendu personne dire que sa voix avait été éliminée et que c'était épouvantable. Non, leur voix est présente et rudement bien représentée par Mme May. Je crois qu'elle ne m'écoute pas. C'est dommage.
[Traduction]
OK, mais souhaitons qu'elle finisse par le comprendre un jour.
[Français]
Voici ma question.
[Traduction]
M. Mayrand, le directeur général des élections, a affirmé hier que si jamais nous décidions de changer de système électoral — je pense que M. Mayrand y est favorable — il faudra recueillir un vaste soutien à la grandeur du pays.
Selon lui, il y a deux options. La première consiste à obtenir le soutien de 75 % des députés, l'autre, à tenir un référendum. Que pensez-vous de cela?
:
Vous avez tout à fait raison, et je suis d'accord, les référendums présentent bien des difficultés. La clarté de la question est probablement l'élément le plus important. Il serait peut-être difficile de tenir un référendum de manière adéquate pour que la population puisse exprimer clairement son opinion.
Pourtant, quand j'entends parler de résultats problématiques d'un référendum, il est possible que certains expriment cette inquiétude parce qu'ils craignent de ne pas obtenir la réponse qu'ils désirent. Si la question est formulée adéquatement et que les gens comprennent le contexte, il n'y aura pas de résultats problématiques. Les résultats présenteront la volonté des personnes qui prennent la décision en participant au référendum.
Tout au long des débats, j'entends continuellement sous-entendre que le seul bon résultat serait celui que nous désirons, et cela m'inquiète beaucoup. Dans un contexte démocratique, vous n'obtenez pas toujours ce que vous désirez. Si vous obteniez toujours ce que vous voulez, nous n'aurions pas besoin d'une démocratie et d'élections parce que nous nous entendrions toujours sur tout. Qu'on l'applique par référendum ou par scrutin représentatif, la démocratie est un outil que nous avons convenu d'utiliser pour nous gouverner, et parfois certaines personnes ne sont pas d'accord.
Je suis aussi d'accord avec ce que vous avez dit. J'aimerais beaucoup que les membres de ce comité ou les députés en Chambre atteignent un consensus. Je crois que tous les législateurs qui déposent un projet de loi ou une motion espèrent obtenir un consensus, obtenir l'accord et le soutien des gens. Mais en réalité, on se heurte parfois à des points de vue qui s'y opposent et qu'il est impossible de réconcilier. C'est l'essence même de la gouvernance: essayer de gouverner dans l'ordre avec le soutien de la population.
Ces questions sont très difficiles. Comme de nombreux experts nous ont déjà dit dans leurs témoignages, il n'existe pas de solution magique. Quel que soit le système choisi, nous devrons faire des compromis qui causeront des difficultés, et en fin de compte bien des gens demeureront insatisfaits et affirmeront que le système n'est pas parfait.
Permettez-moi de sauter du coq-à-l'âne pour en revenir à la première chose que vous avez mentionnée — ce n'était peut-être pas votre première observation, mais vous en avez parlé au début de votre allocution —, le scrutin en ligne. Hier, une experte nous a présenté un témoignage absolument et totalement convaincant. Je vois que les membres du comité qui l'ont entendue hochent la tête. Cette experte a affolé tout l'auditoire et tous les membres du comité en parlant de la possibilité de pirater une élection, ou même de la possibilité de le faire sans que l'on ne s'en aperçoive. La nation pourrait découvrir un jour que les résultats de l'élection d'il y a deux ans avaient été produits par piratage.
Cette experte était très convaincante, et peu d'auditeurs dans la salle en sont sortis avec l'intention de voter en ligne. Elle a renforcé cette impression quand un autre témoin lui a demandé s'il y existe des moyens de contrer ces risques ou de les atténuer. Elle a répondu en disant qu'il serait aussi facile d'éviter ces risques que de forcer un homme ivre à conduire son auto en toute sécurité. Autrement dit, elle a répondu qu'il n'existe aucun moyen de prévenir le piratage.
Pourriez-vous suggérer un moyen de le faire?
Je tiens à remercier le Comité de m'avoir invité à témoigner aujourd'hui. Je remercie aussi les membres du Comité d'avoir décidé de se déplacer partout au pays pour entendre autant de personnes que possible sur cette importante question de réforme du système électoral fédéral.
Le mémoire écrit que j'ai remis s'articule autour de trois observations principales: le système de scrutin actuel ne responsabilise que très peu les députés aux niveaux local et national, il accentue les divisions régionales, et un système de représentation proportionnelle respecterait mieux que tout autre les principes de réforme électorale décrits dans le mandat du Comité.
Je suis très heureux que le Comité se soit déplacé pour recueillir le point de vue des Albertains sur cette question. Je suis né en Alberta, et j'y ai vécu dans les années 1960 et 1970. Je me souviens de la carte électorale fédérale du Canada où toute la province de l'Alberta était bleue. Cependant, quelle qu'ait été la couleur de ma province à cette époque, le gouvernement fédéral était toujours rouge. Cette image dissimulait la diversité des opinions politiques en Alberta et dans d'autres provinces. Pendant ma jeunesse ici, nous avions l'impression profonde d'être à l'écart de la politique fédérale même si nous sentions continuellement la présence du gouvernement fédéral. Cette image provenait essentiellement de notre système électoral.
Je suis profondément convaincu que la Chambre des communes est censée représenter la collectivité nationale tout entière. Au lieu de cela, elle représente la pluralité des groupes d'opinion de 338 circonscriptions locales. Elle exclut les autres opinions que les gens expriment localement. Par conséquent, l'expression globale de ces autres points de vue est mal représentée au niveau national. La responsabilisation des députés locaux est importante. C'est pourquoi il nous faut un scrutin de représentation proportionnelle pour éliminer la situation actuelle où dans certaines circonscriptions les différents groupes d'opinion réussissent tour à tour à élire le député de leur choix, alors que dans d'autres circonscriptions, un groupe conserve le droit exclusif de se faire représenter d'une élection à l'autre.
La représentation proportionnelle permet d'élire un groupe de députés responsables envers toute la collectivité. Imaginez par exemple une circonscription de trois députés dont deux appartiennent au parti A et l'autre au parti B. À l'élection suivante, le parti A sait qu'il ne gagnera pas les trois sièges, mais il tiendra à conserver les deux qu'il détient déjà. Le parti B voudra arracher un siège au parti A, et en même temps, les autres partis évalueront leurs chances d'enlever un siège au parti A ou au parti B.
Au lieu qu'une diversité d'électeurs choisisse un représentant pour toute la circonscription, divers groupes d'opinion participent à la sélection de plusieurs députés. Ce système de représentation serait plus inclusif et responsable.
Dans mon mémoire, j'évalue quatre systèmes électoraux: le scrutin majoritaire uninominal, le vote transférable unique, la représentation proportionnelle mixte et la représentation proportionnelle avec listes. Je les ai évalués au regard des principes de réforme électorale décrits dans le mandat du Comité. Chaque système a ses forces et ses faiblesses. Toutefois, le système actuel ne respecte pas du tout ces principes.
Par conséquent, j'exhorte le Comité à recommander que l'on choisisse un système de représentation proportionnelle. Le type de système de représentation proportionnelle que le Comité choisira dépendra du poids que ses membres accorderont à chacun de ces principes.
Merci.
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Tout d'abord, je tiens à vous dire que je suis très honoré de pouvoir présenter mon travail à ce comité. J'ai créé un système électoral de scrutin proportionnel binominal, que j'appellerai le SPB. Je suis ici cet après-midi pour décrire le SPB au Comité et pour expliquer pour quelles raisons il remplacerait mieux que les autres notre scrutin majoritaire uninominal actuel. Je vais d'abord expliquer pourquoi il serait bon d'envisager de choisir le SPB parmi tous les autres choix qui se présentent à nous. Ensuite, j'expliquerai brièvement le fonctionnement du SPB. Enfin, je soulignerai en quoi le SPB appuie deux des principes de la réforme électorale.
Plusieurs témoins ont recommandé au Comité d'adopter une forme de vote transférable unique ou de représentation proportionnelle mixte. Bien que ces deux systèmes représentent plus efficacement le vote des Canadiens à la Chambre des communes que le système actuel, chacun d'eux comporte des aspects pour lesquels les Canadiens hésitent à appuyer la réforme électorale.
Pour appliquer le vote transférable unique, il faudrait créer de grandes circonscriptions présentant de nombreux candidats. Non seulement ce système s'écarterait beaucoup du système actuel, mais il serait difficile de l'appliquer dans plusieurs régions rurales du Canada. Pour appliquer la représentation proportionnelle mixte, il faudrait établir un deuxième palier de députés élus à partir des listes de partis. De nombreux Canadiens se méfient un peu de ces deux aspects du système.
Le SPB, lui, a été conçu de manière à éliminer ces deux aspects. Il n'exige pas la création de grandes circonscriptions présentant de nombreux candidats, un second palier de députés et des listes de partis. Au contraire, il maintient le bulletin de vote unique et la représentation très locale du système actuel tout en assurant aux Canadiens que leur vote comptera. Nous avons distribué aux membres du Comité un exemple de bulletin de vote du SPB.
Par sa conception même, le SPB est complet et il a subi toutes les mises à l'essai et les révisions nécessaires. De plus, il conserve les aspects que les Canadiens souhaitent dans un système électoral. C'est pourquoi de nombreuses personnes l'appuient. Non seulement il compte de nombreux partisans partout au pays, mais il sera peut-être le premier système électoral proportionnel approuvé par référendum dans une province.
En effet, le 15 avril dernier, le comité spécial sur le renouvellement démocratique de l'Île-du-Prince-Édouard a recommandé officiellement l'inclusion de ce système dans le référendum que la Province tiendra très bientôt. Cette décision témoigne non seulement de l'efficacité de la conception du SPB, mais aussi du fait qu'il met les Canadiens plus à l'aise face à l'idée de réformer le système électoral.
En quelques mots, le SPB est caractérisé par des circonscriptions de deux candidats. Le premier est élu par une pluralité des voix et le second suivant un processus qui garantit la proportionnalité des résultats. Autrement dit, on atteint la proportionnalité en utilisant, d'une part, les résultats des scrutins régionaux pour déterminer le nombre de sièges à accorder à chaque parti et, d'autre part, les résultats du scrutin de chaque circonscription pour déterminer quel parti remporte les sièges de la circonscription. Par conséquent, le SPB optimise les résultats des élections en donnant à chaque circonscription la représentation que ses électeurs préfèrent et à chaque parti le nombre de sièges qu'il mérite.
S'il est vrai qu'il existe de nombreuses options quant au nombre et à la taille des régions, je recommande vivement une division du Canada en quatre régions, soit: le Québec; l'Ontario; le Canada atlantique, incluant Terre-Neuve-et-Labrador, l'Île-du-Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick; et l'Ouest canadien, incluant la Colombie-Britannique, l'Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba et les trois territoires. Cette répartition permettrait à l'ensemble des Canadiens de bénéficier de tous les avantages du scrutin proportionnel binominal, le SPB. En d'autres mots, chaque Canadien aurait la certitude que son vote a un effet concret sur les résultats électoraux.
Je souligne toutefois que ce principe important pourrait facilement être compromis si l'on s'écartait de ma recommandation. Je mets particulièrement en garde les membres du Comité contre la formation de régions plus petites. Par exemple, en faisant de chaque province une région distincte, les territoires seraient exclus de la réforme. Sans compter que, pour les petites provinces, pour l'Île-du-Prince-Édouard en particulier, l'amélioration serait bien moindre que pour une grande province comme le Québec. J'estime que le Comité a l'obligation de faire en sorte que chaque Canadien ait un vote qui compte, quelle que soit sa province de résidence. Ce principe ne devrait souffrir d'aucune exception.
J'aimerais maintenant me pencher sur les principes de la réforme électorale appliqués par le Comité. Bien que le SPB satisfasse à tous ces principes, je me concentrerai sur deux d'entre eux.
Le SPB cadre avec le principe de l'efficacité et de la légitimité en éliminant pratiquement toute distorsion dans les résultats des élections et en renforçant le lien entre l'intention des électeurs et l'élection des représentants. Contrairement à certains autres systèmes proportionnels, il respecte les suffrages exprimés en faveur des candidats indépendants. En fin de compte, le SPB donne à chaque Canadien la garantie que son vote contribuera à façonner la composition du gouvernement.
Comme chaque député appartiendrait à une circonscription binominale et la représenterait, le SPB préserve la représentation locale. Un autre aspect important est que les députés demeureraient responsables devant leurs électeurs et solliciteraient leur appui pour la réélection. Qui plus est, l'utilisation de circonscriptions binominales permettrait aux députés du Canada tout entier de conserver l'étroite relation qu'ils entretiennent avec leurs électeurs. En outre, le SPB ne ferait pas que maintenir le statu quo: il permettrait de bonifier cette relation. Des simulations d'élections canadiennes antérieures montrent qu'environ 80 % des circonscriptions seraient susceptibles d'être représentées par deux différents partis lors d'élections futures. Cela augmenterait considérablement le nombre de Canadiens représentés par un candidat pour lequel ils ont voté, tout en donnant à une grande majorité de ces électeurs la possibilité de choisir entre deux députés de différents partis à qui adresser leurs préoccupations.
Ce comité a la possibilité de recommander que le Canada entame un nouveau chapitre de son histoire démocratique. J'espère de tout coeur qu'il ne laissera pas passer cette occasion unique qui s'offre à lui.
Je serai ravi de répondre aux questions du Comité.
Merci.
J'aimerais tout d'abord vous remercier de m'avoir invité. Je suis ingénieur à la retraite, mais ces temps-ci, ma tâche prioritaire est d'être le grand-père de trois gamins.
J'ai préparé un texte. J'ignore où aboutira cette histoire de réforme, mais j'aimerais laisser quelque chose à mes petits-enfants, je voudrais qu'ils sachent à tout le moins que nous avons essayé. Quand je fais de l'insomnie, je regarde les audiences de la Cour suprême en webdiffusion. Quand je me lasse, je m'amuse à résoudre des problèmes mathématiques, histoire de m'assurer que mon lobe gauche est toujours connecté à mon lobe droit.
Je suis tombé sur un exercice de réduction. Il faut dire qu'en tant qu'ingénieur, je ne suis pas trop mauvais en mathématiques. Donc, il existe une façon de maximiser la représentation au sens numérique. La démocratie repose sur le principe de « un homme une voix ». Le fondement de notre système parlementaire, à Ottawa comme à Edmonton et dans les provinces, repose sur un principe qui correspond grosso modo à l'égalité équivalente entre les représentants. On ne devrait pas, par exemple, se retrouver dans une situation où une représentante comme Mme May a obtenu un seul siège avec 660 000 voix dans tout le pays.
Fait plus troublant encore... Ce qui me préoccupe, ce n'est pas la question de la représentation proportionnelle pour moi ou pour mes enfants, mais bien celle des clivages que le système majoritaire uninominal à un tour a créés. À entendre les gens de l'Ontario et du Québec parler de l'Alberta, comme cela m'est arrivé lors de mes nombreux voyages antérieurs, on aurait pu croire qu'il n'y avait ici qu'une mer de bleus purs et durs. Heureusement pour nous, à la dernière élection nous avons mis un terme à tout ce cirque qui se déroule actuellement aux États-Unis, un phénomène qui ferait dire à Cicéron et au Sénat romain, s'ils étaient là: « Donnez-leur du pain et des jeux! ».
Voici ce que j'ai conclu. En multipliant de nombre de sièges alloués dans chaque province par le nombre de voix obtenues par un parti, vous obtenez un chiffre. C'est une simple multiplication. Vous prenez ensuite le parti ayant recueilli le plus grand nombre de votes et attribuez les sièges à la Chambre par ordre décroissant de majorité. Jetez un coup d'oeil à votre propre site Web, vous verrez qu'on y publie deux chiffres: le nombre de votes et le pourcentage. Si les sièges des circonscriptions ayant la plus forte majorité relative sont pourvus en premier, ce qui va se passer à mesure que vous descendez la liste, vous arriverez à un nombre de sièges ... dans le cas de l'Alberta, je pense qu'il devrait y en avoir 21 — selon les calculs mathématiques — que vous comblez en commençant par les députés ayant été élus avec le plus grand nombre de voix.
Le deuxième parti ayant obtenu le plus de votes a ensuite l'occasion de pourvoir ses sièges par ordre de majorité décroissante, et devinez quoi? Tous les partis arrivés en deuxième, puis troisième place et ainsi de suite et qui avaient gagné haut la main avec le SMU obtiendront des sièges eux aussi. Au bout du compte, sur les 338 sièges, il n'y en a que 67 à ajuster pour s'approcher d'une situation dans laquelle chaque député représente, en gros, le même nombre d'électeurs. Ce serait différent de ce que nous avons aujourd'hui. Si j'ai donné l'exemple du Parti Vert, c'est pour l'unique raison que sa situation représente le cas le plus flagrant.
Si vous faites les mêmes calculs que moi, à condition que je ne me sois pas trompé vu l'heure tardive à laquelle je les ai faits, nous avions lors de la dernière élection... J'ai fait le calcul simplement pour voir quelle aurait été la composition de la Chambre selon la configuration de Joe Green. Plus d'un million de Canadiens qui se sont présentés aux urnes ne sont absolument pas représentés à la Chambre des communes, que ce soit par un député élu ou par le parti pour lequel ils ont voté. En ne faisant rien d'autre qu'attribuer les sièges par ordre décroissant de majorité, le nombre de Canadiens non représentés diminuerait de façon spectaculaire jusqu'à environ 200 000.
Ne rien faire d'autre que laisser la machine tourner toute seule est une attitude qui, comme vous le savez, est grandement respectée dans le monde entier... Ce pays ne connaît pas de problèmes de contestation de chad. La machine tourne rond. Les recomptages judiciaires fonctionnent bien. Il n'y a aucune pièce à remplacer dans cette machine. Tout ce qu'il faut, c'est un ajustement dans la façon de pourvoir les sièges officiels. Je me permets d'affirmer que si, pour ce faire, nous appliquons le principe de l'ordre de majorité décroissante, nous nous approcherons très près des objectifs de la RP et de toutes ses variantes.
Nous déboucherions sur un gouvernement minoritaire, mais laissez-moi vous dire une chose: nous n'élisons pas des phoques dressés. Nous élisons chaque représentant pour qu'il participe à l'élaboration de politiques d'intérêt public, et c'est vous qui déterminez et décidez où réside l'intérêt du public.
Voilà la contribution que je souhaitais apporter. J'ai fait l'exercice et distribué les feuilles de calcul, en espérant ne pas avoir fait d'erreurs de calcul cette nuit-là. C'est tout ce que j'avais à vous présenter. Je n'aurais peut-être même pas comparu devant vous, sauf que l'astuce que j'avais à présenter nécessitait des explications. C'est pourquoi je suis venu.
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Non, quatre. Mais quel que soit le système — scrutin proportionnel binominal ou scrutin proportionnel mixte —, le but de la division par région est de répartir proportionnellement les sièges selon les partis. Dans certains systèmes, régions et districts sont synonymes, dans d'autres pas. Dans le SPB et la RPM, par exemple, ils ne le sont pas. Ce sont deux entités différentes. Il s'agirait donc de fusionner les districts plutôt que de doubler le nombre de sièges à la Chambre des communes.
Dans mon mémoire, j'ai recommandé qu'on augmente de six le nombre de sièges à la Chambre, tout simplement pour tenir compte des provinces et des territoires qui actuellement n'ont pas un nombre pair de sièges à fusionner. Cela permet d'éviter l'augmentation massive des sièges à la Chambre des communes.
En ce qui concerne l'élection des députés, l'idée de base consiste à élire le premier candidat selon le scrutin majoritaire uninominal à un tour, afin de garantir que le candidat qui arrive en tête de peloton obtient un siège. Cela place également la représentation au même niveau, essentiellement, que le système actuel. Actuellement, le candidat qui arrive premier est l'unique vainqueur, et seuls les électeurs qui ont voté pour lui sont représentés. Selon ce système, puisque nous élisons toujours ce premier candidat, nous allons toujours nous situer au-dessus de la représentation du système actuel. L'élection d'un second député servirait à représenter localement un nombre additionnel de Canadiens, en plus de la représentation prévue par le système actuel.
Ce second député serait élu pour satisfaire aux exigences de la représentation proportionnelle au niveau régional. Si, par exemple, les libéraux ont besoin de 10 sièges dans l'Ouest canadien, c'est ce besoin que les seconds sièges viendraient combler. La façon dont ces candidats sont élus est fondée sur le principe du mérite. Si, par exemple, le Parti libéral a besoin de 10 sièges, vous attribuez ces sièges aux 10 candidats libéraux ayant obtenu le plus de voix dans cette région.
Des conflits peuvent surgir dans certains cas. Le Parti libéral pourrait, par exemple, se voir attribuer le même siège que les néo-démocrates. Dans une telle situation, il conviendrait de déterminer et d'élire le parti qui a obtenu les meilleurs résultats à l'échelle locale. Le parti non élu occuperait le meilleur siège suivant dans la liste.
Le système est conçu pour élire des candidats à la fois sur la base du mérite et du vote local, mais aussi en fonction des choix posés à l'échelle régionale par les Canadiens qui ont exprimé leur choix quant à la composition de la Chambre des communes.
Est-ce que j'ai réussi à rendre le processus un peu plus clair?
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Merci beaucoup, monsieur le président. Merci aux témoins qui sont ici avec nous cet après-midi.
Je vais m'adresser d'abord à M. Green.
Vous avez un nom de famille prédestiné pour parler de réforme électorale.
Vos insomnies servent à quelque chose puisque vous avez des suggestions à nous proposer.
Je suis d'abord et avant tout heureux que vous nous présentiez, tous les trois, des systèmes qui tendent vers une meilleure représentation des choix et des voix des citoyens, vers une certaine forme de proportionnalité. Je dois avouer que — je suppose comme l'ensemble des membres du comité —, j'avais quelques idées avant de commencer la tournée. Je me rends maintenant compte qu'il y a plus de choix possibles entre les systèmes électoraux que je ne le croyais auparavant. Vous avez passé du temps à étudier cela afin de nous proposer des modèles originaux.
Monsieur Green, avant de vous poser une question, je vais faire un commentaire.
Nous pouvons observer les élections et les résultats qui en ressortent avec plusieurs lentilles, sous plusieurs angles. L'un de ces angles a été utilisé, je crois, par l'ancien chef du NPD, Ed Broadbent. Il s'agit de calculer combien de votes sont nécessaires, en moyenne, pour faire élire chacun des députés de chacune des formations politiques.
Vous avez mentionné, monsieur Green, que pour élire un député du Parti vert il a fallu 602 000 ou 603 000 votes, si ma mémoire est bonne. Pour élire chaque député du Bloc québécois, cela a pris 82 000 votes. Pour élire chaque député néo-démocrate, 78 000 votes étaient nécessaires. Ainsi, chaque fois que le cap des 78 000 votes est franchi, il y a un nouveau député du NPD. En ce qui concerne les conservateurs, cela a été en moyenne 48 000 votes par député. Pour les membres du parti de la majorité, à cause de notre système actuel, cela a pris 38 000 votes seulement pour élire chaque député libéral. Nous pouvons donc dire que c'est une aubaine, parce que c'est rapide. Chaque tranche de 38 000 votes fait élire un nouveau député libéral.
Si je comprend bien votre système, monsieur Green, les gens voteraient encore dans les circonscriptions locales comme nous le faisons actuellement, mais la distribution des sièges se ferait en fonction des meilleurs résultats des candidats de chaque parti. J'éprouve de la crainte à l'égard de votre système.
Si je comprends bien, dans une circonscription où quelqu'un serait arrivé premier, donc aurait gagné l'élection, mais avec un très faible résultat à cause de la division des votes accordés au parti, cette personne pourrait ne pas devenir député, même en ayant gagné dans sa circonscription. Je crois que les gens auraient de la difficulté à accepter cela.
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Je dis qu’ils n’auraient pas dû en faire l’objet d’un référendum. Nous vous élisons, dans une démocratie représentative, pour prendre ces décisions en notre nom. Le problème avec le sujet qui nous intéresse, c’est qu’il est très technique et très complexe, et qu’il y a beaucoup de détails à saisir. C’est à vous d’étudier tous ces détails et de prendre une décision éclairée à la lumière des renseignements que vous auront communiqués les témoins et les autres experts. Ça, c’est une chose.
Il y en a une autre, et c’est de savoir comment on définirait la victoire; d’après moi, il vaudrait mieux le préciser avant le référendum, plutôt qu’après.
Une troisième chose, c’est que nous parlons d’un sujet qui touche un droit démocratique fondamental. Dans une véritable démocratie, on ne décide pas des droits par référendum. Quand on a donné le droit de vote aux femmes, par exemple, il aurait été injuste de trancher la question par référendum, alors que seuls les hommes blancs avaient le droit de vote.
Si nous débattons d’un sujet qui met en cause des droits fondamentaux, et je crois que c’est bien le cas… Les témoins précédents l'ont dit: aucun mode de scrutin n’est parfait. Néanmoins, certains modes de scrutin enfreignent ces droits démocratiques fondamentaux, alors qu’on peut dire que d’autres ne les enfreignent pas à un point qui justifie leur rejet. Je pense que le scrutin uninominal à un tour tombe dans la première catégorie. Et je crois que les modes de scrutin proportionnels, comme la représentation proportionnelle mixte et la représentation proportionnelle à deux députés, tombent dans la deuxième.
Si vous vouliez tenir un référendum sur un ou plusieurs modes de scrutin qui respectent ces droits et principes démocratiques fondamentaux — c’est-à-dire qui ferait en sorte que, lorsqu'un électeur ou une électrice vote pour le parti x dans sa circonscription, son vote compte et sa voix est représentées à la Chambre des communes —, si vous vouliez offrir un choix entre plusieurs options qui respectent ces conditions, alors oui, je reconnaîtrais à contrecoeur qu’un référendum pourrait être véritablement démocratique. Mais si vous demandez à la population de choisir par référendum entre le scrutin uninominal à un tour et un autre mode de votation qui respecte ces droits, pour moi, ce serait fondamentalement antidémocratique.
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Merci de me permettre d'intervenir aujourd'hui.
Je parle en tant que Canadien préoccupé qui a parcouru les 10 provinces ainsi que les Territoires du Nord-Ouest et le Yukon. J'ai participé à toutes les élections municipales, provinciales et fédérales depuis que j'ai obtenu le droit de voter, il y a 53 ans. J'ai voté parce que je savais que ma voix comptait. Chaque citoyen canadien à l'âge de la majorité a le droit de voter. C'est à chacun de décider de s'en prévaloir ou pas. Personne n'est exclu.
Tout changement atténuera le pouvoir de mon vote. Un de mes oncles a été appelé à prendre les armes pendant la Première Guerre mondiale; pour vous, pour moi, pour l'ensemble des Canadiens, pour protéger notre droit de vote. Un cousin a combattu au front pendant la Seconde Guerre mondiale; pour vous, pour moi, pour tous les Canadiens, pour notre liberté de voter comme nous le faisons aujourd'hui. Grâce à Dieu et à sa protection, il en est revenu sauf et a pu voter activement aux élections municipales, provinciales et fédérales.
Un de mes voisins actuels a survécu au Jour J. Il s'est battu pour la liberté de voter telle qu'elle est aujourd'hui. Un de mes oncles a sacrifié sa vie à la bataille d'Ortona. Il repose dans le cimetière militaire au côté de 1 375 autres Canadiens qui, comme lui, sont morts au combat. Ils ont été tués en défendant le droit de vote tel que nous le connaissons aujourd'hui. Nous devons appuyer, respecter et conserver notre mode de scrutin actuel pour honorer l'ultime sacrifice de mon cousin, de mon oncle, de mon voisin et des centaines d'autres qui se sont battus pour cette liberté. Je n'ai constaté d'aucune façon que ce soit une raison de modifier notre mode de scrutin actuel.
Mon cousin, mon oncle et mes voisins se sont battus pour la liberté de voter dont nous jouissons aujourd'hui, et moi je suis ici pour me battre afin que nos enfants et petits-enfants et mes concitoyens canadiens aient toujours cette même liberté. Le mode de scrutin n'est pas brisé; il n'y a rien à réparer. Si quelque chose m'a échappé, laissons les Canadiens décider en tenant un référendum.
Merci.
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Je tiens tout d'abord à dire que je ressemble beaucoup à M. Green, car je suis moi aussi ingénieur à la retraite. Je suis grand-père, mais je dors la nuit.
Mes remarques sont assez brèves. Je veux les résumer rapidement, mais avant, je paraphraserai Winston Churchill: Le système majoritaire uninominal à un tour est le meilleur système, sauf pour tout le reste. J'ai dressé sur papier la liste des avantages et inconvénients de la représentation proportionnelle et ceux du système majoritaire uninominal à un tour.
Parmi les avantages de la représentation proportionnelle, il y a le fait que plus de femmes sont élues au Parlement. La preuve en a été faite à maintes reprises dans des pays de l'OCDE dotés d'un système de la représentation proportionnelle. Les gouvernements ainsi élus sont plus diversifiés du point de vue ethnique. D'autres administrations le justifient. Ce système optimise le choix préférentiel des électeurs, et par conséquent, les politiques sont plus conformes aux souhaits du plus grand nombre. S'il y avait eu, aux États-Unis, un système de représentation proportionnelle, la guerre en Iran sous George Bush aurait été évitée.
Avec un système de la représentation proportionnelle, la possibilité qu'un gouvernement majoritaire soit élu avec moins de 50 % des voix, contrairement à 2011 et 2015, diminue et celle d'une coalition augmente; il favorise donc la mise en place d'un système de freins et de contrepoids à l'égard du parti principal, comme dans la plupart des pays de l'OCDE. Il réduit la possibilité de la partisannerie à outrance — c'est de la spéculation dans une certaine mesure — qui s'exprime, par exemple, par du chahut à la Chambre, par le népotisme, par des tractations de coulisse et par un manque de transparence. À mon avis, la situation s'en trouverait améliorée.
Enfin, cela rehausserait la performance environnementale, à l'instar de ce qu'on a constaté en Allemagne, au Danemark, en Hollande, en Norvège et dans bien d'autres pays européens qui sont beaucoup plus avancés dans leurs politiques environnementales.
Du côté des inconvénients, le système de représentation proportionnelle n'est pas parfait, mais comme bien d'autres l'ont déjà dit, aucun système ne l'est.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier les membres du Comité de leur bon travail et pour s'être déplacés jusqu'en Alberta. J'ai fait le chemin depuis Calgary pour faire part de mon opinion sur la façon d'améliorer notre démocratie.
J'ai 18 ans, bientôt 19, et comme bien des jeunes canadiens, la politique toxique, partisane et non représentative à laquelle le système majoritaire uninominal à un tour a contribué me dégoûte et me désillusionne et j'appuie sans réserve le système de la représentation proportionnelle.
J'ai moi-même été témoin des nombreux travers du système majoritaire uninominal à un tour quand j'ai bénévolement travaillé pour le NPD en 2015. Bien des personnes nous ont dit qu'elles voteraient pour nous si ce n'était qu'elles devaient voter de façon stratégique. C'est un simulacre de démocratie. Les Canadiens devraient voter en faveur de quelque chose, et non contre.
Il n'est pas question d'être mauvais perdants, comme certains l'insinueraient. En fait, même si j'aime le gouvernement NPD au pouvoir en Alberta, j'admets que c'est encore une autre fausse majorité. Le Parlement devait représenter la volonté et la diversité du Canada. Le temps est venu d'arrêter de parler d'élections comme nous parlons de hockey, soit en termes de gagnants et de perdants, et de plutôt bâtir une démocratie vraiment représentative.
Oui, nous avons recours au système majoritaire uninominal à un tour depuis des lustres, et aucun système n'est parfait, mais nous pouvons nous doter d'un système beaucoup mieux que celui-là, qui présente de graves lacunes. Ne laissez pas les défaitistes vous dissuader avec des exemples sans comparaison au Canada. J'implore le Comité de profiter de cette occasion historique et de ne pas la laisser filer à cause d'impasses sur certains des menus détails.
Les divers systèmes de scrutin proportionnel proposés ont chacun leurs avantages. Visez le compromis dans vos délibérations et ne vous liez pas au système que vous privilégiez.
Enfin, je tiens à dire que je m'oppose fermement au vote alternatif. Comme bien des universitaires vous l'ont dit, il modifierait très peu notre système électoral. Il suffit de regarder en Australie où le système en vigueur demeure pratiquement un système à deux partis. Ce n'est pas un véritable changement comme celui sur lequel les libéraux ont fait campagne.
J'estime que tous les membres de ce comité font un effort remarquable, mais je dois tout de même prévenir les libéraux qu'il serait tout à fait illégitime pour leur gouvernement majoritaire d'imposer unilatéralement le vote alternatif — sans vouloir les offenser.
Aux membres du Comité qui sont contre le vote alternatif, je vous exhorte à vous y opposer vigoureusement dans vos dernières délibérations.
Je vous remercie de m'avoir accordé votre attention.
J’ai 24 ans. Je suis ici parce que j’aime le Canada. Je suis fier d’être citoyen canadien, mais je suis également un Canadien profondément frustré. L’actuel système uninominal majoritaire à un tour présente de nombreuses failles très profondes. Parmi elles, le fait qu’à long terme, nous avons un système inefficace et contre-productif, car un type de politiques sera mis en oeuvre pendant le mandat d’un gouvernement ou un certain temps, puis défait par le prochain gouvernement qui mettra en oeuvre des politiques différentes. Il en résulte que le Canada, en tant que nation, n’a pas la possibilité de réaliser une vision à long terme pour notre avenir, et je crois qu’il s’agit là d’une grave erreur.
J’insiste pour que ce comité recommande un système de représentation proportionnelle afin de garantir que chaque vote compte. À mon avis, un système comme la proportionnelle binominale ou la représentation proportionnelle mixte conviendrait très bien au Canada, et nous devrions nous sentir libres de changer le type ou le format exact du système retenu pour l’adapter aux besoins particuliers du Canada.
Un problème plus grave encore que celui du système électoral et qui a peut-être échappé à l’attention du comité est que, sans égard au système électoral que nous choisissons, la façon dont le gouvernement est constitué et fonctionne, une fois que les députés ont obtenu leur siège, demeure le même, sous l’influence du système de Westminster. Nous pouvons changer la façon dont nous élisons les députés, mais cela ne résoudra pas les problèmes de base, qui ont à voir avec la façon dont notre gouvernement fonctionne. Nous devons changer la façon de fonctionner du gouvernement.
Les dérapages dus à la discipline de parti, les lois omnibus trop nombreuses, les caucus et la ligne de parti imposée de plus en plus souvent lors des votes et toute une panoplie de pratiques dysfonctionnelles doivent changer. Ce genre de tactiques signifient que les députés, malheureusement, ne sont plus que des porte-parole partisans face au public plutôt que des représentants du public au Parlement.
Imaginez un Parlement où les gens seraient assis non pas en rangées, les uns contre les autres, chacun de son côté de la Chambre, mais plutôt en formation circulaire, où la recherche de consensus, la délibération, la coopération et le respect des opinions des autres seraient encouragés afin de mettre en oeuvre une vision à long terme pour le Canada avec un système proportionnel.
S’il vous plaît, votez pour un système proportionnel et ne soumettez pas cette question à un référendum. Je pense que c’est la façon la plus démocratique d’aller de l’avant.
Merci beaucoup.
Je m’appelle Cori Longo. Je suis venue pour représenter le Congrès du travail du Canada. Notre organisation représente 3,3 millions de membres syndiqués dans tout le pays. Nous menons une campagne pour la représentation proportionnelle, et c’est ce dont je voudrais parler.
Je tiens à dire que les jeunes témoins avant moi étaient vraiment stimulants et passionnés. J’espère que le comité les écoutera.
J’adore voter. J’ai voté depuis que j’en ai eu la première occasion. Cependant, je ne suis pas satisfaite du système électoral dans son état actuel.
Je soutiens la représentation proportionnelle, la représentation proportionnelle mixte en fait, simplement parce que je ne crois pas que le système uninominal majoritaire à un tour soit juste. Il est injuste et il est grandement dépassé. De nombreux pays l’ont délaissé pour chercher de meilleurs systèmes électoraux. Je n’arrive toujours pas à comprendre comment un gouvernement majoritaire peut être formé sans avoir reçu une majorité de votes. Ça n’a aucun sens à mes yeux. Il ne faut pas regarder bien loin pour trouver des cas où un parti ayant récolté 30 % ou 30 et quelque pour cent du vote a pris plus de la moitié des sièges.
On peut voir des régions entières et des villes entières peintes d’une seule couleur. Bien sûr, tout le monde n’a pas voté pour ce parti. Les voix de toutes les personnes qui ont voté pour quelqu’un d’autre ne sont pas représentées et ne sont pas entendues. En 2015, je crois, j’ai vu une statistique qui disait que neuf millions de votes avaient été gaspillés et ne comptaient pas. Ce système ne fonctionne pas correctement, et il encourage le vote stratégique. Le vote stratégique est la chose la plus grave. Personne n’aime faire cela. Cela vous enlève toute envie de voter. Si vous ne votez pas selon vos valeurs et vos convictions, vous votez pour le candidat qui a le plus de chances de l’emporter. Vous ne pouvez pas choisir votre candidat. Si vous êtes vraiment en faveur d’un candidat et que vous ne pouvez pas voter pour lui, pourquoi iriez-vous voter? Notre système actuel démotive le public. La représentation proportionnelle aurait plus de sens à mes yeux. Si un parti reçoit 30 % du vote, très bien, il devrait recevoir 30 % des sièges.
Je voulais juste dire que la représentation proportionnelle attirerait les jeunes. Leur vote compterait. Elle ferait également en sorte d’augmenter la représentation pour les groupes axés sur l’équité.
Merci beaucoup.
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Merci pour cette chance de m’exprimer. C’est bien de voir la diversité des visages — ou l’absence de diversité — dans ce comité.
Je n’ai que deux minutes, alors je présenterai quelques points très rapidement. Le premier concerne mon opinion sur la tenue d’un référendum. On m’a montré une ressource, prvote.com, que vous pouvez consulter. On y voit comment la différence dans l’énoncé de la question référendaire peut créer une énorme distorsion des résultats. C’est pourquoi l’idée qu’un référendum sur cet enjeu soit considéré pertinent me terrifie.
Mon deuxième point est que vous avez un mandat, en tant que comité, et que des principes spécifiques guident votre recherche du système que vous recommanderez au Parlement. L’un de ces principes est l’efficacité et la légitimité, et je sais que vous l’avez probablement lu un million de fois, mais il est écrit qu’il doit réduire la distorsion, et c’est pourquoi je trouve déconcertant que le vote alternatif soit encore sur la table.
Même dans votre exemple, celui dans le document qui nous a été remis, on montre ce à quoi pourrait ressembler le vote alternatif, mais dans bien des cas — et je suis certaine que dans votre étude, vous examinerez les façons — il peut fausser les résultats encore plus que le système uninominal majoritaire à un tour. Par conséquent, je ne crois pas qu’il devrait figurer parmi les choix, et je crains, puisqu’il est la préférence du premier ministre — du moins, il l’a appuyé par le passé — qu’il ne soit encore sur la table pour des raisons politiques.
Un autre point est qu’on pourrait utiliser le principe d’accessibilité et d’inclusion pour faire pencher la balance en faveur du vote alternatif, en en faisant un enjeu d’accessibilité. Nous avons bien entendu de la part d’une autre personne que c’était trop complexe de parler d’un système proportionnel, mais à mon sens, le système le moins complexe est la dictature, alors nous devons accepter la complexité, nous devons considérer…
Bon après-midi. Je m’appelle Martin Stout. Je suis né et j’ai été élevé en Grande-Bretagne, ce que vous avez probablement déjà deviné, mais je suis Canadien par choix. J’habite Beaumont depuis 25 ans et je suis citoyen canadien depuis 21 ans. J’ai voté aux élections des deux pays aussi souvent que je l’ai pu.
La Grande-Bretagne et le Canada élisent tous deux des gouvernements démocratiques selon le système connu sous le nom de système parlementaire de Westminster. Dans un tel système, nous, les électeurs, n’élisons pas un président, un commandant-en-chef, un premier ministre ou même un gouvernement, comme dans d’autres pays. Nous élisons des députés, 338 d’entre eux, dans des comtés de tout le pays, et ce sont ces députés élus qui décident quel sera le gouvernement et qui sera premier ministre.
Ce pouvoir et cette autorité, d’où viennent-ils? D’où le gouvernement tient-il ce pouvoir de légiférer qui nous lie tous, et de prélever des impôts que nous devons tous payer? Cette autorité lui est conférée exclusivement par le mandat que nous lui confions en votant pour lui. C’est uniquement en votant que nous donnons notre consentement à être gouvernés de cette façon, sans égard à l’issue concrète du vote. Ce consentement, exprimé par le vote, est ce qui donne au Parlement le pouvoir et l’autorité de nous gouverner. Il s’ensuit logiquement et inévitablement que ni le gouvernement, ni un premier ministre n’a le droit, le pouvoir ou l’autorité de changer la méthode de dépouillement ou la valeur de chacun de nos votes sans notre consentement explicite. La meilleure façon de le faire serait d’offrir des options pour changer le système électoral, incluant l’option du statu quo, par un référendum ou un plébiscite dans les 338 comtés afin que chaque électeur y participe.
Dans tous les cas que j’ai pu recenser, dans un gouvernement de style Westminster — en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Afrique du Sud, en Grande-Bretagne, certains gouvernements provinciaux ici au Canada, l’Ontario, la Colombie-Britannique, l’Île-du-Prince-Édouard — lorsqu’ils ont tenté de changer de système électoral, tous ont tenu un référendum ou un plébiscite. Je crois fermement qu’un changement de système électoral sans référendum, sans avoir cherché à obtenir le consentement des électeurs, serait illégitime.
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Je n'ai pas apporté beaucoup de notes et je n'étais pas présent pendant toute la discussion. Je n'irai pas trop dans les détails techniques, parce que je crois que des personnes ici, plus intelligentes et mieux renseignées que moi, l'ont peut-être déjà fait, mais je souhaite faire un commentaire au sujet de notre système actuel et de la façon dont il fonctionne.
Lorsque j'avais 14 ans, j'ai participé à une sortie scolaire pour voir comment le Parlement fonctionnait en Grande-Bretagne, et après environ 20 minutes, je me suis tourné vers mon enseignante et je lui ai dit: « Vous ne nous laisseriez jamais agir comme cela en classe, n'est-ce pas? », ce à quoi elle m'a répondu: « Absolument pas ». Je ne sais pas combien de personnes ici ont déjà suivi toute la période des questions. J'ai réussi à tenir environ 20 minutes avant de commencer à m'arracher les cheveux, comme vous pouvez le voir, et je peux vous dire qu'avec le système que nous avons maintenant, soit essentiellement deux partis, la période des questions ressemble à un affrontement entre deux équipes de hockey qui tentent chacune de marquer des points.
Ils ne parlent pas de politique, ils ne parlent pas de la façon de gérer le pays, mais ils essaient de marquer des points chacun de leur côté, ce que favorise le système uninominal majoritaire à un tour. Nous avons besoin d'un parlement sans majorité, qui sera obligé d'aborder des choses. Cela serait tout un changement, mais il n'y a pas de signe que cela se produira dans le système actuel. Croyez-moi, en tant que Britannique, qu'ex-Britannique... Je ne sais pas si je peux renoncer à ma citoyenneté, compte tenu de la conduite du Parlement britannique, mais je crois que je devrais. Dans le système actuel, tout est confrontation et tout se perd. C'est très frustrant. Pas étonnant qu'à peu près personne ne se présente pour voter. Pas étonnant que les jeunes disent: « Qu'est-ce que c'est que ça? » Je ne suis pas jeune, mais je pense de la même façon.
Nous devons améliorer le système, qui est aberrant et qui ne fonctionne pas. On se trompe en continuant d'utiliser un système qui ne fonctionne pas, uniquement pour maintenir la tradition. Nous devons changer le système. De nombreux systèmes différents sont utilisés partout dans le monde, mais très peu de pays utilisent le système uninominal majoritaire à un tour, qui n'est pas démocratique.
Merci.
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Bonjour, je m'appelle David. Je vais vous parler du scrutin à vote unique transférable, la réforme électorale reposant sur le choix des électeurs. Je suis honoré de m'adresser à vous ici aujourd'hui sur les terres traditionnelles du Traité 7.
J'envisage la réforme électorale dans l'optique d'un électeur qui n'est pas associé à un parti politique. Mon but est de choisir un système électoral raisonnablement proportionnel, afin que tous les groupes d'électeurs soient représentés par un député dans chaque circonscription et que les électeurs aient du pouvoir. La mesure que nous devons prendre selon moi est de mettre en oeuvre un scrutin à vote unique transférable dans des circonscriptions à cinq députés et à sept députés, et d'appliquer des quotas pour augmenter la diversité.
Ma recommandation, comme je l'ai dit est le scrutin à vote unique transférable, dans des circonscriptions comptant de cinq à sept députés, en accordant la priorité à celles en comptant sept. J'augmenterais la taille des circonscriptions et je maintiendrais le nombre de députés à 338. Le Canada aurait 56 circonscriptions électorales, avec en moyenne six députés par circonscription.
L'élection d'un député signifie le choix d'un représentant par les électeurs. Le corps élu des députés devrait représenter chaque école particulière de pensée et la diversité de la population de chaque circonscription. Les tribunaux ont indiqué que la Charte nous donne le droit à une représentation efficace. Le scrutin à vote unique transférable constitue une occasion d'obtenir une représentation efficace et des pouvoirs législatifs égaux. Le gouvernement et l'opposition auraient chacun un député dans la plupart des circonscriptions électorales. La plupart des électeurs auraient un député correspondant à leur choix de parti politique dans leur circonscription. Le fait de permettre aux électeurs de choisir parmi les candidats de chaque parti leur donne du pouvoir.
En ce qui a trait à la taille des circonscriptions, on peut se demander si des circonscriptions à cinq ou sept députés sont trop importantes pour les électeurs, et je souligne le mot électeurs. Comparons le Canada et l'Australie. Les deux pays ont de grandes superficies et de petites populations. La taille de l'Ontario et du Québec correspond à celle de l'Australie-Occidentale, qui ne compte qu'une circonscription électorale. L'Ontario et le Québec, selon ce modèle, compteraient 31 circonscriptions. La taille moyenne d'une circonscription sénatoriale en Australie est 50 % plus élevée qu'en Alberta.
En ce qui a trait à la diversité, le scrutin à vote unique transférable peut la favoriser. L'Australie a élu 38 % de femmes au Sénat de cette façon, comparativement à 28 % de femmes à la Chambre des représentants au moyen du vote alternatif. Deux sénateurs autochtones ont été élus, ce qui correspond au pourcentage d'Autochtones dans la population. J'inclurais des quotas pour les femmes et les Autochtones, afin d'arriver plus rapidement à un équilibre au chapitre des sexes et de la diversité.
J'ai consulté certaines recherches en ligne, et celle de Carey et Hix montre que les petites circonscriptions comptant plusieurs députés sont l'idéal, les auteurs mentionnant de quatre à huit députés. Les circonscriptions à cinq députés réduisent de 75 % la disproportion. La performance du gouvernement dans les circonscriptions comptant un petit nombre de députés est meilleure ou égale à celle des circonscriptions à un député ou des circonscriptions comptant un grand nombre de députés.
Donnons à tous un député de circonscription aligné. Les recherches ont montré que seulement 4 % des électeurs non alignés accordent leur préférence à un député local. Environ 40 % des électeurs alignés accordent leur préférence à un député.
Ce sont là mes conclusions. Pourquoi ne pas offrir une représentation efficace à tous les électeurs? Pourquoi ne pas donner des pouvoirs législatifs égaux à tous les électeurs? Pourquoi ne pas avoir un député aligné dans chaque circonscription? Pourquoi ne pas avoir un député du gouvernement et un député de l'opposition dans la plupart des circonscriptions? Pourquoi ne pas avoir un choix de candidats dans chaque parti politique? Pourquoi ne pas augmenter la diversité? Pourquoi ne pas donner de pouvoir aux électeurs? Pourquoi ne pas opter pour le scrutin à vote unique transférable?
Merci.
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Je vais adopter une approche très directe, très similaire à celle de David Blain. Je vais faire la promotion d'un système et parler de certains des problèmes qui y sont liés.
La représentation proportionnelle est sans contredit la clé pour trouver un système électoral équitable pour remplacer notre actuel système inéquitable et illogique. Je vais vous parler un peu d'une représentation proportionnelle mixte à scrutin de liste ouverte, que j'appellerai RPM, pour plus de concision. Évidemment, je sais que cela ne comprend pas tous les systèmes de RPM.
Je suis en faveur de la RPM parce qu'il s'agit d'un système de scrutin simple, qui n'entraîne pas d'augmentation du nombre de députés, mais qui permet de relier géographiquement les députés et les électeurs, et j'expliquerai plus tard comment. Le système fait en sorte que chaque député fait face à l'électorat, ce qui explique pourquoi il s'agit d'un système ouvert, et qu'aucun pouvoir additionnel n'est accordé aux partis politiques. Évidemment, toutes ces choses pourraient être modifiées, mais cette possibilité existe. Je recommande un système à RPM conçu de façon que chaque électeur ait la possibilité d'inscrire un choix sur le bulletin de vote, exactement comme nous le faisons maintenant pour obtenir un scrutin complet.
Le deuxième système le plus approprié, celui dont nous venons de parler, permettrait de demander aux électeurs de classer selon leurs préférences les candidats à partir d'une liste de 20 ou plus. L'un des problèmes de ce système est qu'il nécessite d'exercer des pressions pour que les personnes utilisent les listes, les ordres d'élection que les divers partis souhaitent, et je crois que nous devrions éviter cela.
Je ne peux prédire la forme exacte de RPM qui serait nécessaire, sauf que les élections seraient indépendantes dans chaque province, afin d'éviter les contraintes constitutionnelles. Selon la RPM, les provinces plus grandes seraient subdivisées en ce que j'appelle des zones de proportionnalité, avec des populations d'électeurs 10 fois plus grandes, par exemple, que celles des circonscriptions moyennes actuelles au pays. Dans mon modèle, chaque zone comprendrait des circonscriptions, six dans ce cas, mais cela ne fait pas de différence, soit à peu près le tiers de plus que la moyenne actuelle. Chaque circonscription de chaque zone de proportionnalité élirait un député, tout comme nous le faisons maintenant. Les sièges restants qui seraient libérés grâce à l'augmentation de l'étendue des circonscriptions seraient comblés selon la popularité des partis dans la zone. J'appelle ces sièges « sièges généraux », pour éviter le terme « sièges supplémentaires », qui donne une impression de flottement et d'inaction.
Les électeurs pourraient choisir d'appuyer un candidat ou un parti différent pour combler les sièges généraux, s'ils le souhaitent. Tous les candidats pour les « sièges généraux » comprendraient tous les candidats de partis dans la zone, et peut-être certains indépendants. Si vous souhaitez que j'aborde cette question plus tard, je le ferai. Les allégeances politiques de l'ensemble des sièges et des « sièges généraux » rendraient compte de la tendance du soutien exprimé par les électeurs de la zone. Les députés élus aux « sièges généraux » seraient conjointement responsables avec les députés ordinaires de ce que l'on appelle maintenant le travail de circonscription. Cela s'appliquerait à l'ensemble de la zone. Rappelez-vous qu'il y aurait exactement le même nombre de députés que maintenant, pour le même nombre d'électeurs. Le travail devrait être fait, et il devrait l'être par la totalité d'entre eux.
Essentiellement, c'est ainsi que les élections devraient fonctionner à mon avis, mon exposé original faisant toutefois suite à une suggestion du mouvement Représentation équitable au Canada, dont je suis un très fier membre, une suggestion avec laquelle je ne suis pas à l'aise.
Tout d'abord, le système fait une distinction entre les circonscriptions rurales et urbaines. Il utilise deux systèmes électoraux très différents, soit le scrutin à vote unique transférable dans les régions urbaines et la représentation proportionnelle mixte dans les régions rurales, ce qui ne simplifie pas les choses, étant donné qu'à mon avis, il est beaucoup plus facile de voter dans un scrutin à représentation proportionnelle mixte que dans un scrutin à vote unique transférable. Pour être honnête, la représentation proportionnelle mixte est beaucoup plus complexe au niveau conceptuel que le scrutin à vote unique transférable, mais elle est relativement facile à utiliser par les électeurs.
Ma deuxième objection à cela est que la distinction pourrait être difficile à faire disparaître. Si l'urbanisation se poursuit au pays, la division du processus électoral en deux pourrait nuire de façon significative à l'ajustement aux changements démographiques.
Je propose que les régions urbaines et rurales utilisent la représentation proportionnelle mixte, et que les zones électorales incluent habituellement à la fois des circonscriptions urbaines et rurales. Compte tenu de la nécessité de zones électorales comportant des populations d'électeurs de taille égale, cela constituerait une nécessité d'ordre pratique.
En ce qui a trait à quelques autres problèmes, dans un pays aussi grand, il peut y avoir des circonstances spéciales à l'occasion. Par exemple, certaines circonscriptions actuelles sont grandes et sous-peuplées, et l'augmentation de leur taille ne serait pas pratique. Le système doit être suffisamment souple pour tenir compte de cette réalité. Je propose que ces circonscriptions soient intégrées telles quelles, ou avec quelques modifications seulement, dans des zones de représentation proportionnelle mixte, et considérées comme des circonscriptions standards. Le ratio trop élevé député-électeurs serait en partie au moins atténué par le moins grand impact des circonscriptions plus petites sur les élections des députés aux « sièges généraux ». Idéalement, toutefois, il ne faudrait qu'une de ces circonscriptions sous-peuplées par zone.
En ce qui a trait aux autres problèmes, de toute évidence, les trois territoires doivent être traités un peu différemment, et l'Île-du-Prince-Édouard pose aussi un dilemme, mais elle est protégée au niveau constitutionnel contre les modifications à sa surreprésentation. Toutefois, elle pourrait utiliser la représentation proportionnelle mixte avec son équipe de quatre députés, ce qui est garanti au niveau constitutionnel. Je propose deux circonscriptions et deux sièges généraux.
Enfin, nous devons tenir compte des Autochtones. Je suis assez scandalisé du peu de discussions qui semblent avoir eu lieu à ce sujet.
Le gouvernement fédéral a la responsabilité, de même que le Parlement, je suppose, d'interagir avec les Autochtones pour s'assurer qu'ils sont représentés d'une façon acceptable pour eux. Je crois qu'il s'agit là du noeud de la question. Ils doivent être représentés de la façon qu'ils jugent appropriée, mais aussi, évidemment, d'une façon équitable pour la population en général.
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Merci, monsieur le président.
Merci à nos deux orateurs, aux membres de l’auditoire et à ceux qui interviendront à notre séance à micro ouvert qui va suivre.
Si M. Blain veut bien continuer de répondre aux questions posées par M. Aldag, cela m’intéresse également.
À la lumière des témoignages que nous avons entendus cette semaine quand nous nous sommes rendus à Whitehorse... et également bien sûr des observations de notre membre du comité, Nathan Cullen, qui était avec nous plus tôt cette semaine, et qui représente une grande circonscription de la Colombie-Britannique. En notre qualité de députés, nous avons eu de nombreuses discussions avec les députés ici. Dans le cadre du système actuel, une fois terminées les élections, nous sommes — nous tous, j’espère — engagés à représenter tous les électeurs qu’ils aient ou non voté pour nous. Nous nous efforçons d’y parvenir notamment en organisant des réunions avec les électeurs. Dans une ville, là où le député peut avoir un bureau facile d'accès, c’est une chose, mais pour ces grandes circonscriptions, un député doit s’astreindre à de nombreux déplacements en plus de son travail de parlementaire à Ottawa.
Je suis content que M. Nash ait mentionné l’urbanisation. Ce processus d’urbanisation fait que les circonscriptions sont de plus en plus grosses, parce que la taille de la circonscription en général ne change pas. Lorsqu’il y a redistribution du fait de la croissance démographique, cela ajoute des villes où il y a déjà davantage de gens qui vivent, ce qui fait que les autres zones sont de plus en plus vastes. Quel que soit le système de proportionnalité, je pense qu’il est de nature à exacerber le problème dans le nord.
En particulier au Yukon, aucun des intervenants du groupe de travail ou du public n’a manifesté le désir de regrouper les territoires. Même ceux qui étaient partisans de la représentation proportionnelle pour le reste du Canada peut-être, n’en voulaient pas chez eux.
Je laisse à chacun de vous le soin de répondre.
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Merci, monsieur le président.
Ce que nous voyons ce soir, surtout depuis une dizaine de jours, c’est le meilleur de la démocratie. Vous avez devant vous 13 députés de 5 partis différents, qui ne partagent pas exactement les mêmes opinions, mais qui ont le même objectif: servir notre peuple. C’est ça la démocratie. C’est en cela que consiste notre système. C’est pourquoi je remercie de nouveau le président. Il m’a permis de m’exprimer seulement pendant quelques secondes lors de la dernière séance. À tous ici, je dis que ce que vous voyez ce soir, c’est exactement ce que nous faisons à la Chambre des communes, sauf pendant la période des questions. Je le reconnais. Je peux également vous dire que j’adore la période des questions, mais il ne s’agit pas de ça.
Parlons de démocratie. Vous partagez le principe de la démocratie comme nous tous, mais parlons de référendum. N’est-ce pas la meilleure façon de savoir quelle est la position de chacun?
Je reconnais que, oui, c’est un sujet complexe et que nous prendrons tout le temps nécessaire. Je suis certain que vous avez remarqué à mon accent que je suis du Québec et nous avons eu l’expérience d’une décision difficile, très délicate, à prendre: sortir du Canada ou y rester. Techniquement, constitutionnellement parlant, le gouvernement du PQ aurait pu déclarer l’indépendance simplement par un vote majoritaire à l’Assemblée nationale. Grâce à René Lévesque, il a dit que cette volonté devrait être exprimée par le peuple, par un référendum.
C’est de cela que nous parlons aujourd’hui, on peut ne pas partager le même point de vue, mais en ce qui me concerne, le système électoral est la plus précieuse institution de toute démocratie, parce que tout le reste dépend de la façon dont nous élisons nos représentants. Le premier ministre, le Cabinet, le budget, les affaires extérieures, la politique de défense, tout dépend de la façon dont nous élisons nos gens, c’est pourquoi, en ce qui me concerne, c’est la plus importante des institutions. Ceci changera-t-il cela sans que le peuple soit consulté? Je voudrais avoir vos points de vue là-dessus.
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Merci, monsieur le président.
Je voulais répondre à l’argument disant qu’on ne peut pas tenir un référendum sur des questions intéressant les droits de la personne, que c’est une position réellement hostile à la défense des droits. En tant qu’historien, je dirais que c’est un argument qui est ahistorique et inexact.
Je suis aussi ancien résident de l’Australie, pays très semblable au Canada à bien des égards, pays qui, toutefois, a cette caractéristique qu’il ne peut pas modifier sa constitution sans un référendum. Il a convoqué de nombreux référendums sur des questions de droits de la personne qui nous ont donné la possibilité de voir qui avait les positions les plus éclairées des responsables politiques ou des gens en général.
Au début des années 1950, le gouvernement Menzies, en Australie, a essayé de priver les gens du droit d’adhérer au parti communiste, de bannir le communisme. Les tribunaux, de manière assez raisonnable, ont jugé que cela était inconstitutionnel. Le gouvernement Menzies a ensuite essayé, par la voie d’un référendum, d’obtenir un mandat pour priver les communistes de leurs droits, et les gens l’ont rejeté. Les gens étaient plus éclairés et de meilleurs défenseurs des droits que ne l’était le gouvernement.
De même, dans les années 1960, les Australiens ont amendé leur constitution pour donner le droit de vote aux aborigènes. Il y a eu une majorité en faveur de l’octroi du droit de vote aux aborigènes de 90,77 %, la plus grande majorité jamais enregistrée dans un référendum, dans toute l’histoire de la nation. Les Australiens ont saisi avec ferveur la possibilité d’étendre la démocratie lorsque référendum leur en a donné l’occasion.
On a entendu un poncif. Aucun des deux témoins ne l’a dit, mais des gens dans l’audience l’on dit. On l’a dit hier soir et on l’a dit le soir d’avant à Victoria. Si nous avions eu la possibilité de convoquer un référendum sur le droit des femmes au Canada, les femmes n’auraient pas eu le droit de vote en 1917. Un référendum les aurait effectivement empêchées de se voir attribuer le droit de vote en 1917.
Il m’a semblé intéressant de vous lire un extrait d’un article de Wikipédia sur la Loi des élections en temps de guerre — Elizabeth, je crois que ça va vous plaire — la loi qui a accordé le droit de vote aux femmes. Voici ce qu’il dit:
la loi sur les élections en temps de guerre a été adoptée le 20 septembre 1917 par le gouvernement conservateur de Robin Borden pendant la crise de la conscription de 1917...
La loi accordait le droit de vote aux femmes, aux veuves, aux mères et aux soeurs des soldats qui servaient outre-mer...
Mais pas aux autres femmes.
... Elles étaient les premières femmes à pouvoir voter dans des élections fédérales canadiennes et elles formaient un groupe qui était également vigoureusement en faveur de la conscription. La loi privait également de ce droit les citoyens « ennemis–étrangers » naturalisés après le 31 mars, 1902, à l’exception de ceux qui avaient des parents servant dans les forces armées.
Cette loi visait à truquer les élections. Aurait-elle pu être adoptée par voie de référendum? La réponse est non. Dans le cadre d’un référendum, les gens se montrent meilleurs protecteurs des droits démocratiques que les politiciens de métier qui, tous autant qu’ils sont, cherchent à sauvegarder leurs propres intérêts lorsqu'une chance leur est donnée de changer le système électoral.
Monsieur Blain, vous avez affirmé... ou peut-être était-ce vous, monsieur Nash, que si les gouvernements essaient de manipuler le système électoral, les électeurs peuvent les punir. Cela est beaucoup plus difficile à faire une fois que les règles du jeu ont été changées. Je pensais bien pouvoir vous battre au hockey, mais il se trouve que vous avez décidé qu’on jouait au foot maintenant.
Au Canada, au Manitoba, au début des années 1920, le gouvernement de l’époque a modifié le système électoral pour adopter le vote unique transférable dans les zones urbaines et la proportionnelle dans les zones rurales afin de tenter de freiner les travaillistes, en plein essor à ce moment-là. La même chose s’est produite en Alberta. Ces gouvernements n’ont pas été punis pour cela. Ils en ont tiré avantage. Puis, lorsque ce système a commencé à se retourner contre ces gouvernements dans les années 1950, dans ces deux provinces, ils sont passés au scrutin majoritaire uninominal. Ils n’ont pas été punis pour cela non plus et ils en ont tiré avantage.
En 1918, en Australie, afin d’endiguer la montée du parti travailliste, les partis National et Libéral, se rendant compte que chacun pouvait bénéficier du second choix de l’autre, ont adopté le système de vote alternatif ou préférentiel. Ont-ils été punis? Non. Ils ont gardé le parti travailliste à l’écart du pouvoir, système qui continue de leur être bénéfique jusqu’à aujourd’hui au détriment du parti travailliste. Il est vrai qu’en Colombie-Britannique, en 1951, le gouvernement a mal calculé son coup. Par conséquent, une fois sur cinq, le gouvernement est sanctionné pour avoir abusé de la démocratie et avoir trafiqué les règles à son propre avantage.
C’est un piteux bilan. Je soutiens que les gens sont de meilleurs défenseurs des droits. L’histoire le démontre. Les hommes politiques sont les pires; nous sommes des parties intéressées.
J’espère que nous pourrons former un consensus au sein de ce comité. Ce consensus pourrait être en faveur de la proportionnelle plurinominale ou du vote unique transférable ou de l’une des nombreuses autres possibilités, y compris celle très intéressante dont nous a parlé plus tôt aujourd’hui M. Graham, mais il faut que ce soit sur le référendum pour confirmer que la population du Canada pense que c’est une bonne idée, sur lequel il puisse voter auparavant. Il n’est pas raisonnable de dire aux gens « nous allons choisir et adopter un système dans votre intérêt. Vous n’avez pas votre mot à dire là-dessus avant que ce ne soit fait ».
Que se passe-t-il si vous votez contre après coup, après que l’élection a eu lieu et que, finalement, on convoque notre référendum et qu'il se trouve que les gens n’en voulaient pas? J’entends les arguments, en Ontario, on l’a rejeté, dans l’Île-du-Prince-Édouard, on l’a rejeté, les gens ne sont pas suffisamment informés. Eh bien, je dirais que si vous ne pouvez pas convaincre les gens de changer quelque chose, vous n’avez pas le droit de dire « par conséquent, je le leur impose. C’est leur faute si je n’ai pas pu les convaincre de ça », cela est tellement antidémocratique. Et faire cela sous le prétexte de changer un système électoral qui est censé être plus éclairé, cela est tout à fait inacceptable selon moi.
Je sais que j’ai épuisé mon temps de parole avec mes tirades, au lieu de poser des questions, je voulais réellement dire à tout le monde ce que j’avais sur le cœur.
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Merci, monsieur le président.
Je suis ici pour exprimer mon soutien pour un référendum. J’avancerai deux raisons pour cela. Premièrement, les réunions publiques auxquelles j’ai participé à Edmonton jusqu’ici, n’ont pas permis de former un consensus parmi les participants. Deuxièmement, durant les élections de 2015, aucun parti politique n’a réellement fait campagne pour une forme spécifique de représentation proportionnelle, chacun se contentant de dire que nous ne voulions plus du scrutin majoritaire uninominal.
Pour ce qui est des réunions publiques à Edmonton, j’ai participé aux trois qu’il y a eu jusqu’ici, comme bien d’autres membres de l’auditoire aujourd’hui. À l’occasion de chacune de ces réunions, j’ai constaté que, même si l’on exprime de multiples points de vue sur différentes formes de représentation proportionnelle, et si les gens ont tendance à être d’accord pour dire que la représentation proportionnelle serait avantageuse d’un point de vue général, nous ne réussissons jamais réellement à déterminer quelle est la meilleure forme de représentation proportionnelle. Il y en a tellement, y compris le vote unique transférable et la représentation proportionnelle mixte, mais il n’y a pas de consensus sur laquelle est la meilleure.
Vous savez, on sort ces anecdotes sur les avantages potentiels — ça pourrait amener plus de jeunes à participer aux élections — mais ces affirmations sont dénuées de base réelle, en particulier compte tenu du fait que ceux qui les avancent ne réussissent jamais à s’entendre sur quelle forme de représentation proportionnelle donnera des avantages, quel genre davantage, ou quel serait le meilleur système. Enfin, j’ai constaté que lors de ces réunions publiques on n’arrivait jamais à un consensus. J’ai beaucoup de mal à qualifier ces processus de consultations alors qu’on ne sait même pas ce que les Canadiens veulent en fin de compte.
La deuxième raison pour laquelle j’appuie un référendum, c’est qu’aucun parti n’a réellement fait campagne pour une forme particulière de représentation proportionnelle lors des dernières élections. On a entendu les partis politiques déclarer que l’année 2015 serait la dernière année où des élections auraient lieu sous le scrutin majoritaire uninominal, mais aucune proposition de rechange n’a été mise de l’avant, une proposition que les Canadiens puissent appuyer. Le résultat, c’est que les Canadiens en fait n’ont pas voté pour la réforme électorale. Ils ont seulement voté pour des partis; ils avaient peut-être d’autres motifs d’aller voter et ils se sont rendus aux urnes pour ces autres motifs. On n’a pas eu un Parti libéral disant qu’il soutenait le vote alternatif ni un parti conservateur disant qu’il appuyait le scrutin majoritaire uninominal alors; c’est pousser le bouchon un peu loin, à mon avis, toutes ces déclarations que l’on entend, en particulier venant de la ministre, et selon lesquelles les Canadiens ont voté pour la réforme électorale. Je n'ai pas l'impression que tel soit le cas, puisque personne n’a proposé une forme précise de réforme électorale durant la campagne électorale.
Étant donné que les réunions publiques n’ont pas permis de former un consensus et qu’aucun parti politique n’a réellement fait campagne pour un type spécifique de système électoral lors des dernières élections, la seule façon de savoir réellement ce que veulent les Canadiens, c’est d’après moi, de convoquer un référendum.
Merci.
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Je tiens à remercier le comité de tenir une séance à micro ouvert et de nous donner l'occasion d'exprimer nos opinions.
J'appuie la représentation proportionnelle et je tiens à vous dire pourquoi je ne veux pas de référendum même si j'adore voter. Il y a deux principes en jeu. Premièrement, je travaille dans les soins de santé, je considère donc la connaissance du mal comme un principe. Je pense que nous avons entendu suffisamment de témoins experts pour convenir que notre système actuel est mauvais. Essentiellement, les gens sont privés de leur droit à une représentation complète.
En cas de référendum, les électeurs sont rarement pleinement informés du bon et du mauvais. Je suis de la Colombie-Britannique et j'étais là, lors du référendum de 2005 sur le vote unique transférable. Je connais beaucoup de gens qui ont voté contre sans avoir aucune idée de quoi il s'agissait. Une amie de ma mère a voté contre pensant que cela, quelque part, permettrait aux votes du Québec d'influencer le référendum de la Colombie-Britannique sur le vote légal transférable.
À défaut d'un genre de test, où les gens sont suffisamment informés de l'incidence d'un référendum sur la représentation proportionnelle afin de pouvoir donner un consentement éclairé, comme on s'y attend lors d'un consentement à un traitement médical, alors nous ne pouvons pas permettre aux gens de voter contre leurs meilleurs intérêts. Dans des cas de traitements médicaux et de droits des travailleurs, c'est interdit. Par exemple, une personne ignorant ses droits ne peut pas y renoncer pour faire des heures supplémentaires non rémunérées.
Voilà ce qu'on devrait considérer advenant un référendum sur quelque chose qui va dans le meilleur intérêt des gens et, dans la probabilité où ils le rejetteraient par ignorance.
À mon avis, le gouvernement libéral a le mandat de procéder sans référendum, car c'était là l'une de leurs promesses électorales. Ils n'ont peut-être pas précisé le type de représentation, mais les gens ont élu ce gouvernement en connaissance de cause, alors je pense que nous avons le mandat de procéder.
Merci.