Au nom de tous les membres du Comité et du personnel, je tiens à dire que nous sommes très heureux d'être à Whitehorse. Les gens ont été très accueillants et chaleureux et c'est un endroit magnifique. C'est une excellente occasion pour nous d'en apprendre davantage sur le sentiment des gens vivant dans ce territoire et ce qu'ils pensent de la réforme électorale.
C'est notre trentième réunion. Nous avons tenu des audiences à Ottawa dans l'été et désormais nous sommes en déplacement durant trois semaines. C'est la première journée d'audience de notre deuxième semaine de voyage. Nous partons demain pour Victoria.
Je vais vous donner un aperçu de la manière dont nous avons procédé jusqu'à présent. Chaque témoin aura 10 minutes pour faire son exposé. Nous sommes un peu juste pour ce groupe alors si vous réussissez à parler huit ou neuf minutes, disons que vous marquerez des points auprès de la présidence. Mais vous disposez de 10 minutes entières. Au bout des 10 minutes, nous devons arrêter la présentation, mais cela ne veut pas dire que vous n'aurez pas l'occasion d'exprimer votre point de vue pendant la séance de questions.
Après les exposés nous aurons une séance de questions lors de laquelle chaque membre du Comité se voit attribuer cinq minutes pour échanger avec les témoins. Les cinq minutes englobent les réponses. Il ne reste parfois que 30 secondes pour un député sur cette tranche de 5 minutes.
Je suggère aux députés, s'ils en sont capables à ce stade, d'utiliser les 30 secondes restantes pour faire une déclaration ou pour une question très rapide, parce que vous savez que cela va dépasser la barre des 5 minutes.
Pour les témoins, si nous atteignons la fin des cinq minutes et que vous n'avez pas le temps de répondre, ne vous inquiétez pas. Vous aurez l'occasion la prochaine fois que vous aurez le micro de répondre à la question précédente, si vous le souhaitez. Nous sommes assez souples là-dessus, mais nous devons respecter des règles strictes concernant les temps de parole.
Nous avons trois témoins cet après-midi. Comparaissant à titre personnel nous avons Kirk Cameron et Peter Becker. Puis, comparaissant au nom du Parti vert du Canada, de la section du Yukon, nous avons Gerald Haase.
Nous allons commencer par M. Cameron, vous avez 10 minutes, je vous en prie.
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Merci monsieur le président et merci aux membres du Comité. Bienvenue au Yukon. C'est un plaisir de comparaître devant vous sur cet important sujet national.
Ces 10 minutes vont passer vite alors je vais en venir à l'essentiel. Je ne vais pas passer de temps sur les différents modèles que vous envisagez; vous avez entendu et entendrez encore de nombreux experts informés à ce sujet. Mon sentiment général, cependant, est qu'un modèle différent qui ferait mieux correspondre le vote populaire et la représentation à la Chambre des Communes est souhaitable et cela devrait être ce qui vous guide tandis que vous vous frayez un chemin parmi les innombrables possibilités qui s'offrent à vous.
Ce dont je souhaite parler cet après-midi se rapporte largement aux trois principes que vous avez été chargés d'explorer dans votre énoncé de mandat, en l'occurrence le principe numéro deux sur l'engagement, le principe numéro trois sur l'accessibilité et le principe numéro cinq sur la représentation locale. Je vais évoquer ces trois domaines avec un parti pris du Nord et j'espère que vous en tiendrez compte tandis que vous vous occuperez de l'intérêt général et des enjeux de cette nation immense et complexe qu'est la nôtre.
Concernant le deuxième principe sur l'engagement, je voudrais souligner que, parmi d'autres choses, vous devez encourager la participation, améliorer la cohésion sociale et offrir des occasions d'inclusion des groupes sous-représentés par le processus politique. Au sujet de ce principe, voici ce que je vous suggère.
Dans le Canada actuel, nous avons fixé comme priorité éminente la recherche d'une voie de réconciliation avec les premiers peuples de ce pays — les Premières Nations, les métis et les peuples Inuits. Une des voies qui s'ouvre à vous pour contribuer à cette réconciliation est d'envisager une forme de représentation garantie à la Chambre des communes pour les peuples autochtones. Je ne sais pas si le directeur des élections de Nouvelle-Zélande a évoqué cet aspect singulier du système parlementaire néo-zélandais, mais ce pays a garanti des sièges aux Maoris en 1867, c'est remarquable. Aujourd'hui, il y a sept sièges maoris à la Chambre des représentants, qui est élue au moyen d'un système de représentation proportionnelle mixte. Il y a deux listes, une pour le vote Maori. Les Maori peuvent choisir s'ils veulent voter sur une liste générale ou sur une liste spécifique aux Maoris.
Je ne suggère pas l'adoption de ce modèle précis. C'est simplement pour citer cet exemple dans lequel un système parlementaire a employé une approche unique afin que les premiers peuples — dans le cas de la Nouvelle-Zélande, les Maoris — puissent, je cite, se voir directement représentés dans le système.
Cela me rappelle l'exposé que vous a fait Jean-Pierre Kingsley. Le cinquième point qu'il vous a demandé d'envisager était que la « réalité canadienne doit être reflétée par le système de représentation ». Et aussi que « les Canadiens doivent pouvoir se reconnaître en leurs représentants et dans le système par lequel ils les choisissent ».
Je pense que la meilleure manière de réussir cela, est que votre Comité s'engage activement aux côtés de groupes de représentants des autochtones tels que l'Assemblée des Premières Nations et les organisations des Inuits et des Métis, entre autres, pour déterminer s'il existe un moyen d'avancer vers la réalisation de ce principe pour les peuples autochtones de notre pays. Je ne sais pas si vous avez des audiences prévues avec ces groupes, mais si ce n'est pas le cas, je vous conseillerais de les contacter.
Je note qu'il existe un intérêt des autochtones pour la réforme parlementaire qui permettrait de créer un pont entre nos citoyens autochtones et le Parlement. Vous savez peut-être qu'en 1996 la Commission royale sur les peuples autochtones a recommandé qu'une chambre des premiers peuples soit mise en place en tant que troisième chambre du parlement. Les détails de ses rôles et responsabilités sont inscrits dans le rapport de la Commission. En bref, le rapport recommande une chambre ayant une responsabilité législative sur les projets de loi qui ont un impact important sur les peuples autochtones du Canada.
De plus, dans sa publication de 1996 Four-Ten Declaration of Dedication and Commitment la Land Claims Agreements Coalition, un organisme représentant tous les groupes autochtones ayant des ententes modernes sur les revendications territoriales au Canada, en appelle à la création d'un corps indépendant de mise en oeuvre et d'évaluation, semblable peut-être au Bureau du vérificateur général, rendant compte directement au parlement des progrès en matière de réalisations concernant les affaires de revendication territoriales liées aux traités modernes d'aujourd'hui.
Cette proposition ne concerne pas le processus électoral proprement dit, mais j'utilise cet exemple et celui de la proposition de la Commission royale sur les peuples autochtones, pour souligner que les premiers peuples considèrent le parlement comme étant une institution d'une importance fondamentale vu leur relation au Canada. En bref je vous suggère de réfléchir à la manière dont la réforme électorale peut contribuer à notre chemin de réconciliation au Canada.
Le troisième principe sur l'accessibilité et l'inclusion réclame un changement pour promouvoir l'accès à tous les électeurs admissibles. Cela fait immédiatement penser à la possibilité du vote en ligne. En effet, dans le premier paragraphe du mandat du Comité, le vote en ligne est expressément indiqué comme étant un sujet à considérer pour le Comité. Je voudrais porter à l'attention du Comité qu'il y a de nombreuses communautés dans le Nord qui ne disposent pas des infrastructures de communication fiables qui permettraient de mettre en oeuvre cette solution de vote de façon satisfaisante.
En effet, même au Yukon, si une pelle mécanique en Colombie-Britannique sectionne notre unique câble de fibre optique, le territoire entier est dans le noir. Une deuxième ligne est en cours de construction, mais je m'appuie sur cette réalité que connaissent les habitants du Yukon pour dire que les secteurs ruraux et isolés du Canada ne bénéficient pas du même niveau de connexion ou de fiabilité de ce mode de communication. Le vote en ligne peut certainement aider de nombreux secteurs du Canada mais ne tenez pas pour acquis que cela constitue une possibilité valable pour toutes les régions et toutes les communautés.
Je vais maintenant passer au cinquième principe concernant la représentation locale. Il reconnaît la valeur qu'attachent les Canadiens à la communauté, à ce que les députés comprennent les conditions locales et défendent les besoins locaux au niveau fédéral et l'importance qu'ils accordent à l'accès qu'ils peuvent avoir aux députés pour faciliter la résolution de leurs préoccupations et à leur participation au processus démocratique.
Je voudrais raconter brièvement l'histoire du parcours démocratique du Yukon. Cela n'a pas été un long fleuve tranquille. Une partie de l'histoire que je vais vous raconter ne concerne pas la relation du Yukon avec le parlement, mais c'est un contexte de gouvernance à prendre en compte lorsque l'on réfléchit aux intérêts d'une juridiction infranationale au Canada, en l'occurrence, le Yukon.
Notre parcours démocratique a été irrégulier, pour le moins. À la fin des années 1890, la population du territoire a dépassé les 40 000 personnes grâce aux chercheurs d'or du Klondike. Entre 1898 et 1908, l'organe législatif du Yukon nommé à l'époque le Yukon Council, s'est agrandi pour accueillir huit représentants. C'était une assemblée entièrement élue, à l'instar de l'évolution suivie par la plupart des provinces au cours de leur histoire. À la suite d'une baisse brutale de la population combinée à la pression fiscale extrême au Canada pendant la Première Guerre mondiale, je cite, cette évolution normale d'un gouvernement représentatif au Yukon à pris une mauvaise tournure.
La constitution du Yukon de 1918, connue sous le nom de Yukon Act, une loi fédérale, a été modifiée pour donner au gouverneur en conseil l'autorité d'abolir le conseil élu et de transmettre le pouvoir législatif à un corps désigné. Bien que cela n'ait pas eu lieu, étant donnée la pression considérable émanant de la population du Yukon, le Yukon Council a vu son nombre de représentants réduit de 10 à 3. Cette chose est restée en place jusqu'en 1951 lorsque le nombre de membres du conseil est passé à 5 et aujourd'hui nous en avons 19.
Durant ces années, un autre événement a menacé l'existence même du Yukon en tant qu'entité infranationale distincte au Canada. En 1937, un accord a été annoncé entre le premier ministre de Colombie-Britannique Duff Pattullo et le Canada pour l'annexion du Yukon à la Colombie-Britannique. Ce n'est que grâce à un enjeu politique particulièrement épineux autour des écoles catholiques que cet accord n'a pas abouti. Nous sommes passés très près de n'être qu'une région septentrionale de plus dans la province de Colombie-Britannique.
C'est important de le noter parce que l'évolution des droits politiques au Yukon a été turbulente, c'est le moins que l'on puisse dire. Nous ne voulons pas que ce processus de réforme électorale nous retire des avancées pour lesquelles nous nous sommes battus au cours de ces longues années. Je recommande, à la lumière de cette évolution incertaine du développement politique au Yukon, que vous fassiez très attention à la manière dont une forme de représentation proportionnelle, si c'est effectivement le choix que vous faites, affectera non seulement le Yukon, mais les trois territoires du Nord.
Il ne fait aucun doute que nos identités sont distinctes. En 1995 j'ai cosigné un livre avec M. Graham White, de l'Université de Toronto, intituléNorthern Governments in Transition. Nous sommes notamment arrivés à la conclusion suivante:
... le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut diffèrent fortement les uns des autres. En même temps des différences culturelles et de mode de vie complexes sont observables au sein de chaque région.
Tout comme vous pourriez risquer votre peau en disant qu'il y a peu de différences entre Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse, ou entre l'Alberta et la Colombie-Britannique, il vous faut peut-être faire attention en disant que les trois territoires ont des caractéristiques sociales, ethniques, économiques ou politiques similaires. En réalité ce n'est pas le cas.
Par conséquent, je dirais que quelque soit le ou les modèles que vous proposerez, vous ne devriez pas suggérer l'existence de traits communs à l'ensemble de la région septentrionale. Je pense que vous ne devriez pas envisager de circonscriptions proportionnelles qui recouvriraient plusieurs provinces. De la même façon ne considérez pas le « Nord » comme étant un État politiquement homogène qui peut être traité comme une entité politique unique. Procéder de la sorte serait une grave erreur et serait en complète contradiction avec les principes locaux que l'on vous a chargés de soutenir au cours de vos délibérations concernant le modèle de votre choix.
Nous reconnaissons que chaque territoire est privilégié dans la mesure où il dispose d'un représentant à la Chambre des Communes en dépit de sa population relativement faible. Cependant, il s'agit de caractéristiques régionales et de distinction. La reconnaissance de l'identité canadienne, une somme de ses nombreuses régions, ne doit pas se perdre au cours d'un effort visant à trouver le bon dosage proportionnel.
Je voudrais dire une dernière chose et cela n'a rien à voir avec le caractère unique du Nord. Je crois que l'ancien greffier du Conseil privé, avec lequel j'ai eu le privilège de travailler brièvement lorsque j'étais secrétaire du Cabinet du Yukon, vous a faire part d'un point de vue que je partage. La sélection des candidats dans un système proportionnel devrait correspondre aux intérêts ayant la préférence des électeurs. Autrement dit, comme vous l'a indiqué M. Himelfarb, cela devrait être « les électeurs plutôt que les partis [qui] déterminent l'ordre des candidats ».
Bien que les partis soient très importants pour donner un choix aux Canadiens sur les possibilités de politiques publiques, je suis d'accord avec l'ancien greffier pour dire que nous ne devons pas confier aux partis la capacité de choisir qui nous aimerions voir à la Chambre pour nous représenter sur des questions d'importance nationale. C'est notre travail en tant qu'électorat au Canada.
Merci, monsieur le président.
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Merci aux membres du Comité.
Merci à tous les présents. Merci à la nation Kwanlin Dün et au Conseil Ta’an Kwäch’än, sur le territoire desquels nous nous réunissons aujourd'hui. Merci de me donner l'occasion de m'exprimer.
Lors de mes remarques liminaires, je voudrais ajouter des éléments de contexte à une discussion qui est peut-être trop souvent excessivement technique. Par conséquent, je commencerai par une seule observation d'un point de détail. Les six mots suivants constituent le premier élément dont je voudrais parler concernant la communication publique de ce projet. Nous devrions essayer de bâtir un consensus dans notre pays en utilisant la connaissance qu'il y a du système actuel. Ces six mots sont « système majoritaire uninominal à un tour » comme faisant partie de la réforme électorale, avec des composantes possibles telles que la représentation proportionnelle et le scrutin préférentiel.
Ces six mots devraient constituer le titre. S'appuyer consciemment sur les fondations de la démocratie canadienne, je crois que c'est ce qui déterminera le résultat de ce projet courageux, notamment en le faisant survivre espérons-le à la prochaine élection.
Au Canada et au-delà, il existe un dangereux malaise constitué de désenchantement et de cynisme vis-à-vis de la représentation politique et du leadership politique. La réforme électorale peut devenir un élément constructif d'une restauration démocratique plus vaste. Une partie de la réussite du premier ministre lors de l'élection tient à ce qu'il a évoqué le sujet de l'autoritarisme technocratique de son père et des procédures du Conseil privé de Michael Pitfield.
Depuis l'époque de Trudeau père, le passage du creuset des idées à la dictature des idées s'est fortement accentué. Beaucoup de gens ne regardent pas les détails corrompus et protectionnistes du soi-disant libre-échange mondial, qui n'a rien à voir avec les échanges et imputent simplement aux politiques ces défauts qui paralysent la démocratie comme s'ils étaient une espèce quasiment maléfique.
Pour être concis, s'il était possible de réduire ce problème du cynisme, qui concerne la réforme électorale, à une seule cause, il faudrait peut-être citer le Mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États qui sert de protectionnisme pour les grandes industries pharmaceutiques, les grands cartels pétroliers et ainsi de suite.
Le Mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États nous assène trois coups violents en permettant aux monopoles multinationaux de légiférer de fait, de miner la réputation et l'intégrité des parlements tout en bafouant l'honneur de la couronne. Premièrement, en enfreignant la loi. Deuxièmement en pillant le Trésor grâce à des pénalités de tribunaux d'arbitrage. Troisièmement en pillant ou en détruisant des moyens de subsistance et en empoisonnant la terre.
Récemment, le premier ministre nous a présenté une nouveauté, en tout cas en ce qui concerne les positions gouvernementales nord-américaines, en déclarant que le Mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États devrait peut-être être retiré de l'AECG, Accord économique et commercial global et de l'accord de libre-échange avec l'Europe, puisque c'est devenu un point de blocage total avec tous les gouvernements restants de l'Union Européenne.
Pour continuer sur le retrait des accords des dispositions antidémocratiques du mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États, cela pourrait devenir une marque de sagesse du gouvernement canadien et cela indiquerait clairement que cette réforme électorale ne sert pas de feuille de vigne pour la santé de la démocratie.
J'ajouterais que j'espère que notre député, M. Bagnell, s'inspirera de l'idée du premier ministre. Il aurait pu le devancer de toute façon, puisqu'au fil des années il a eu l'occasion d'être bien informé du contenu du mécanisme.
Nous devons rejeter la dictature des idées pour revenir à un creuset des idées que l'on pourrait identifier. Avec la mode actuelle des élites politiques qui ignorent le langage, toutes les langues de notre pays, et qui, à la place, préfèrent des solutions langagières artificielles et trompeuses, comme la mondialisation, qui en réalité ne veut pas dire internationalisme mais simplement provincialisme européen de l'école économique de Chicago, les effets délétères continueront. Le mécanisme pourrait attaquer de nouveau et tenter de pénaliser, avec tentative d'extorsion, la loi sur la réforme électorale elle-même.
L'établissement d'un prix du carbone revient à établir un permis social de s'en prendre à la survie économique et écologique en repoussant les économies renouvelables et soutenables grâce à des subventions pour le pétrole et le gaz. L'un des résultats est que le protectionnisme et les restrictions commerciales à l'encontre des investissements dans le secteur du renouvelable pourraient se poursuivre, à l'instar de l'attaque de l'ALENA au titre du chapitre 11 en 2011 sur l'approvisionnement national pour le développement énergétique de l'Ontario. Le colonialisme de la finance racialisée contre les pays du G77, qui continuent à sauter les étapes dans le domaine du renouvelable et qui s'opposent aux entraves à l'importation de pétrole par l'établissement d'un prix du carbone en combinaison avec d'autres pénalités d'ajustement structurel prévues dans l'Accord de Paris, aurait pu être évité.
Le Canada est le pays de la diplomatie créative de Lester Pearson, de Harold Innis et de Marshall McLuhan, qui ont inspiré la haute technologie autant que la conscience de la langue. Le Canada peut proposer un leadership important en matière de climat en tant que pionnier historique dans la prise de conscience de la crise climatique.
Comment est-il possible que la dernière remarque des Premières Nations dans le Traité No. 3 à Énergie Est, au sujet de leurs terres, n'ait même pas atteint l'ordre du jour de la coalition politique des pipelines, si ce n'est par un manque de représentation juste? Voilà une raison très importante pour laquelle le scrutin majoritaire uninominal à un tour doit être amélioré avec des éléments tels que les scrutins préférentiels et la représentation proportionnelle.
Je crois que les détails de ces systèmes dépassent ce qu'il est possible d'évoquer en 10 minutes, mais je parle en connaissance de cause. J'ai passé la première partie de ma vie en Allemagne de l'Ouest, qui utilise un système majoritaire uninominal mixte à un tour. Je le connais très bien. Beaucoup des défauts qui sont pointés peuvent être facilement évités par des seuils de pourcentage. Nous ne voulons pas d'une Chambre des communes comportant 57 partis, comme la République de Weimar. Ces choses sont faciles à éviter.
Après avoir introduit le vote des femmes, des Premières Nations, des non-caucasiens et des non-propriétaires fonciers, la réforme électorale ne fait que se rapprocher une fois de plus de la vieille aspiration à une représentation juste. Lorsqu'il s'agit de vieilles aspirations, il est important d'invoquer l'esprit des fondements de notre pays, qui remontent à l'époque du grand ministère de notre premier premier ministre Louis-Hippolyte LaFontaine et son vice-premier ministre, Robert Baldwin qui, entre 1848 et 1851, ont rejeté le système britannique des propriétaires fonciers et ont très fortement élargi la base électorale au Canada. C'était peut-être la première véritable réforme électorale au Canada.
Merci encore.
Bonsoir, honorables membres du Comité spécial et bonsoir aux personnes dans le public. Je voudrais remercier le Comité d'être venu à Whitehorse et d'avoir inclus des voix du Nord dans ces consultations très importantes. Merci aussi de me donner l'occasion de faire cet exposé au nom du Parti Vert fédéral du Yukon.
Je m'appelle Gerald Haase. Cela fait deux ans que je suis le président de circonscription du Parti Vert fédéral du Yukon. C'est vrai, nous sommes peut-être le parti fédéral qui a le plus été touché par le vote stratégique lors de l'élection fédérale de 2015. Au niveau local, notre part de votes est passée de 19 % en 2011 à 3 % en 2015. Beaucoup de nos électeurs nous ont dit qu'ils ont senti qu'ils devaient voter de façon stratégique afin d'écarter le précédent gouvernement du pouvoir.
Certains disent que les verts dans tout le Canada seraient ceux qui bénéficieraient le plus du passage à une forme de représentation proportionnelle. C'est peut-être vrai actuellement et cela aurait certainement été le cas lors de l'élection en octobre dernier. La plupart de formes courantes de représentation proportionnelle auraient permis au Parti Vert du Canada d'obtenir davantage qu'un siège. Toutefois, je crois qu'il est clair que le Nouveau Parti démocratique aurait bénéficié tout autant de n'importe quel type de RP et il est certain que dans certaines conditions, les libéraux et les conservateurs bénéficieraient de la représentation proportionnelle.
Prenez par exemple l'élection fédérale canadienne de 1993, dans laquelle le Parti progressiste-conservateur du Canada n'a obtenu que deux sièges malgré avoir obtenu 16 % des suffrages dans tout le pays. Le Bloc québécois, d'ailleurs, avait obtenu 13,5 % des suffrages et a gagné le statut d'opposition officielle avec 54 sièges. Dans ces cas, l'électorat aurait pu bénéficier d'avoir un organe dirigeant à la Chambre des Communes qui reflète nettement mieux la volonté du peuple canadien.
Citoyens du Canada, les chiffres sont éloquents. Même dans ce grand pays, où les élections font l'objet d'une réglementation précise, le scrutin majoritaire uninominal à un tour ne permet pas d'aboutir à un résultat électoral juste, en particulier à l'époque actuelle dans laquelle il y a plus de deux partis en lice.
Je crois que quiconque prétend que le scrutin majoritaire uninominal à un tour est le meilleur système électoral pour le Canada ignore une grande quantité de faits qui prouvent le contraire. Le Parti Vert du Canada a reconnu depuis un certain temps que le système électoral actuel ne peut pas correspondre à la diversité culturelle et aux réalités politiques du Canada. Nous soutenons fermement le gouvernement actuel dans ses efforts pour développer un système d'élections des représentants fédéraux qui reflète ces réalités. Pour de nombreuses raisons, le scrutin majoritaire uninominal à un tour est un système qui appartient au passé.
Le système canadien actuel de scrutin majoritaire uninominal à un tour a pour résultat un monopole des pouvoirs de décision dans un environnement global en rapide évolution dans lequel l'adaptabilité sera une qualité cruciale pour une gouvernance réussie. En réalité pourquoi devrions-nous continuer à utiliser un système dans lequel un gouvernement choisi avec 35 % des voix pourrait gouverner, sans mécanisme adéquat de freins et contrepoids et avec une population qui rejette ses politiques?
Le scrutin majoritaire uninominal à un tour peut aussi avoir comme résultat et c'est arrivé, de forts virages politiques. Voulons-nous vraiment que les politiques sociales, économiques et environnementales changent radicalement selon le caprice du dernier gouvernement?
La tendance à la baisse de la participation est un effet secondaire du scrutin majoritaire uninominal à un tour. Beaucoup d'électeurs sont découragés par un sentiment d'impuissance et d'autres ne voient simplement pas de raisons de s'engager, moins de citoyens votent. Je ne vois pas qui pourrait voir cela comme une situation positive.
Le scénario dans lequel le vainqueur des élections emporte toute la mise qui découle du scrutin majoritaire uninominal à un tour est une illustration de ce qui est présenté comme à ne pas faire dans les enquêtes de sciences politiques. Grâce au travail d'universitaires comme Arend Lijphart, Salomon Orellana, Dennis Pilon et d'autres, nous avons des études de sciences sociales qui illustrent que les systèmes proportionnels font mieux que le scrutin majoritaire uninominal à un tour dans un certain nombre de domaines primordiaux. En essayant de donner du poids à chaque vote et en permettant à une plus grande diversité d'opinions d'être représentées au Parlement, la RP donne le pouvoir aux citoyens ordinaires. On peut s'attendre à ce que cela ait progressivement des effets sur les inégalités et l'accès aux services sociaux et de façon plus générale cela pourrait conditionner la manière dont un pays gère la diversité.
C'est l'argument central d'un livre récent de Salomon Orellana paru en 2014. Les informations suivantes viennent du site Web du Mouvement pour la représentation équitable au Canada sur lequel Orellana soutient que davantage de diversité et de possibilités de désaccord font que les pays à RP réussissent mieux dans quatre domaines clés. Le premier domaine cité est l'innovation en matière de politiques. L'un des exemples est la rapidité à laquelle le public accepte et permet au gouvernement d'agir avec des idées neuves et innovantes. L'autre avantage est que ces nouvelles idées sont approuvées par un plus grand nombre de participants d'opinions diverses, ce qui renforce l'innovation.
Le deuxième point défendu par Orellana est que la RP limite la tendance des politiciens en quête d'électeurs à faire du racolage en promettant des solutions miracles. Je crois que c'est éloquent. Au sujet de ce mot « racolage », j'ai cherché un mot plus gentil, plus doux à utiliser dans une assemblée de politiciens et Microsoft Word ne m'a rien donné. C'est acheter des votes et nous savons que cela peut conduire à proposer des solutions miracles.
Le troisième point défendu par Orellana est que la RP augmente la sophistication politique de l'électorat. N'est-ce pas un objectif louable?
Le quatrième point est que la représentation proportionnelle limite le contrôle des élites sur la prise de décision.
Pour terminer, je voudrais saluer le Mouvement pour la représentation équitable au Canada et dire au Comité que cette organisation a fait un important travail préparatoire pour son exposé devant le Comité et pour proposer des ressources aux Canadiens engagés dans la réforme électorale. Le Mouvement pour la représentation équitable au Canada soumet à la réflexion trois systèmes électoraux différents. Je ne parle pas au nom du Parti Vert à ce stade, mais je crois que chacun de ces trois systèmes, ainsi que le système proportionnel de circonscriptions préférentielles proposé par Dave Brekke de Whitehorse, constituerait une immense amélioration par rapport à notre système actuel.
Les électeurs de plus de 90 pays dans le monde sont assez intelligents pour comprendre les systèmes de RP. Je suis sûr que les Canadiens le sont aussi.
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Merci pour votre question.
Vous soulevez une question très intéressante. Récemment j'ai eu une conversation avec deux personnes, deux femmes d'ailleurs, qui envisageaient de se présenter comme candidates au conseil municipal ici à Whitehorse. J'ai été conseiller municipal. Dans les deux cas, elles disaient avoir une vie bien trop remplie pour occuper le rôle de conseiller municipal. Nous avons réfléchi afin de savoir s'il existe des moyens de nous adresser au gouvernement territorial pour qu'il donne la souplesse nécessaire, via la Loi municipale, pour permettre à deux individus, deux femmes, de se présenter pour un seul siège au conseil, comme une idée nouvelle.
Je suis conscient que c'est audacieux. Cela va très loin, mais je crois qu'il faut abandonner la normalité, si vous voulez et commencer à chercher des idées créatives pour ceux qui sont désavantagés économiquement, dont la vie est difficile — c'est le cas de nombreux parents seuls — et ceux qui auraient besoin que les frontières soient repoussées. Il nous faut envisager des manières uniques de les amener à endosser ces rôles cruciaux dans notre État et dans notre société.
Dans le cas du Territoire du Yukon, nous avons un autre niveau de gouvernement. Je ne sais pas si vous le savez, mais grâce aux accords de revendication territoriale établis dans le territoire, nous avons désormais 11 Premières Nations autonomes au Yukon. Ce qui est intéressant c'est qu'il y a un nombre assez élevé de femmes dans les rôles de chef et de conseillers dans tout le territoire, mais je sais que c'est quelque chose de très important. C'est un engagement considérable d'être impliqué et investi au niveau politique au sein du gouvernement des Premières Nations, du gouvernement municipal, territorial ou bien sûr fédéral comme ici.
Je crois que l'engagement à vie de Larry Bagnell de passer son temps dans des avions est l'un des facteurs inhibants qui peuvent exister dans un pays si gigantesque, dans lequel nous attendons de nos députés, y compris dans les zones les plus reculées du pays, qu'ils prennent l'avion sur de grandes distances pour venir parler avec les habitants du Yukon et rapporter ces conversations au Parlement.
Voilà qui effleure à peine la surface des choses. Pour chaque thème et pour chaque sujet, il y a d'innombrables façons dont nous pourrions commencer à débattre de différents biais pour essayer de satisfaire ou d'impliquer les citoyens qui sont confrontés à ces difficultés supplémentaires afin qu'ils soient représentés dans nos institutions de gouvernement.
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Nous aurons l'occasion de le faire demain. Votre observation est tout à fait opportune.
Je voulais attirer l'attention sur une difficulté d'ordre pratique. Examinons ces deux modèles... Le moment est venu de vous faire part de mes observations. Je crois que vous n'aurez pas suffisamment de temps pour y répondre. À mon sens, certaines choses nous distinguent de la Nouvelle-Zélande et du Maine. Premièrement, ils possèdent une structure centrale alors que la nôtre est fédérale, et nos sièges doivent respecter nos... C'est une chose.
Deuxièmement, la Nouvelle-Zélande n'a qu'un seul traité pour l'ensemble du pays, le Traité de Waitangi. Cela est cause de bien des problèmes. Les Maoris sont en fait une seule nation. Je ne sais pas s'il est juste de dire qu'ils ont tous la même origine ethnique, mais ils sont certainement plus homogènes que les peuples autochtones du Canada, lesquels sont tout aussi homogènes que, disons les Européens.
Vous avez proposé le recours à des traités. C'est ce qu'ils ont fait dans le Maine. Ils ont déclaré essentiellement que les groupes distincts, peu importe leur population, avaient droit à un représentant. Nous ne nous préoccuperons pas d'une représentation égale quant au nombre, mais cela n'a pas d'importance, car ils n'ont pas droit de vote.
Je m'arrête ici, car mon temps est écoulé. Mais vous avez soulevé des points intéressants. Je crois que si nous nous penchons sur ce sujet, nous devrons tenir compte de ces grandes questions.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les membres du Comité. Je remercie aussi les Ta'an Kwäch'än et les Kwanlin Dün qui nous ont permis de mener nos travaux sur leur territoire aujourd'hui.
Je souhaite également la bienvenue à mon ami Larry. Depuis des années, nous n'arrivons pas à nous entendre sur qui a la plus belle circonscription du Canada. Je lui dis que le Yukon arrive bon deuxième, tout juste derrière Skeena, dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique, où je me trouvais d'ailleurs la fin de semaine dernière. Nous avons eu une assemblée publique à Atlin avec les Tlingits de Taku River et la population locale. Au cours d'une réunion, j'ai dû me brancher à Internet J'ai demandé à la personne du café comment était la connexion ce jour-là. Elle m'a répondu qu'elle n'était pas mauvaise, le temps n'était pas pluvieux. Quand il pleut, Internet ralentit, car la transmission se fait par micro-ondes d'Atlin vers une autre tour, pour ensuite se connecter à la ligne principale, qui est une ligne unique vers le sud. Une erreur, et c'est fini. Nous retournons tous à une « société de paiement en espèces », de commerce et de troc, tous ces bons moyens fiables.
Je commence par vous, monsieur Cameron. Je crois que M. Reid a soulevé d'excellents points au sujet de l'aspect pratique, ou même du désir des dirigeants et des membres des Premières Nations, avec qui je travaille, d'avoir des sièges à la Chambre des communes. Je n'en suis pas encore convaincu, mais je suis disposé à entendre cette discussion. De plus, c'est une bonne chose que le Comité se penche sur le sujet.
Quant à la fonctionnalité d'Internet, elle nous cause bien des tracas. C'est une question risque-récompense: quels seront les gains si nous fournissons une meilleure accessibilité, et obtenons peut-être une plus grande participation, versus les risques encourus de voir le système ou la connectivité piratés ou perturbés? Envisageriez-vous la possibilité de mettre en place une sorte de système hybride permettant à certaines personnes de voter en ligne et à d'autres de voter de manière traditionnelle? Êtes-vous ouvert à cette possibilité?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie nos témoins. Je suis heureuse de vous revoir. Je vous ai tous déjà rencontrés et je suis ravie de revenir à Whitehorse et au Yukon.
J'aime beaucoup l'oeuvre de Robert Service. Pendant votre présentation Kirk, je me disais, mon dieu, il s'est passé des choses étranges sous le soleil de minuit, des choses commises par des hommes à la recherche d'or — comme tenter inlassablement de mettre en péril votre démocratie. Bien que Robert Service n'en ait jamais parlé, c'est un rappel opportun.
J'aimerais vous poser une question à tous les trois. Un de nos témoins était notre ancien directeur général des élections, M. Jean-Pierre Kingsley. Je ne sais pas si vous avez entendu son témoignage, mais je vais le résumer. Il a proposé, en somme, une façon d'assurer une proportionnalité dans notre Parlement et d'éliminer un mode de scrutin inéquitable, et ce, sans accroître le nombre de sièges au Parlement ni créer un scrutin de liste à caractère politique. Il suggère de regrouper les circonscriptions des régions urbaines du sud du Canada au moyen d'un mode de scrutin à vote unique transférable et de laisser les territoires tranquilles. Évidemment, cela soulève la question suivante: comment les habitants des territoires réagiront-ils en sachant que tous les Canadiens auront un mode de scrutin plus équitable, sauf eux?
Cela montre l'importance du point que vous avez soulevé Kirk, que nous ne voulons pas agir de façon irrespectueuse à l'égard de l'identité des habitants du Nord qui possèdent un passé politique distinct et très différent?
Je crois que je vais simplement y aller dans l'ordre. Si vous êtes d'accord, je commencerai par Gerald, puis Kirk et finalement Peter. Avec un peu de chance, j'aurai peut-être le temps de poser une autre question.
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Merci pour votre question et votre intervention.
Je suis d'accord avec Jean-Pierre Kingsley. Je crois que cette proposition est totalement réalisable. J'aimerais suggérer que, lorsqu'on parle de proportionnalité, d'équité au sein de notre mode de scrutin, on adopte un point de vue national. C'est à cet échelon que la proportionnalité devient utile. Ce n'est pas tant une question d'attachement à une région particulière du pays. C'est dire que notre pays est remarquable, que nous voulons faire en sorte que les députés choisis pour siéger au Parlement soient représentatifs du nombre de votes que chacun des partis a obtenus au pays, pas dans une région en particulier, mais dans l'ensemble du pays.
Je reviens au point que j'ai soumis plus tôt. Sur le plan de la population, nous sommes une très petite circonscription. Je crois que nous devons nous réjouir d'être bien représentés au bureau national et que notre circonscription soit prise en compte. Toutefois, je ne voudrais pas qu'un député, disons de Yellowknife, qui vit à Yellowknife, s'occupe des affaires du Yukon. Vous n'avez pas idée à quel point il est difficile de s'y rendre. Jusqu'à récemment, avant qu'Air North, la compagnie aérienne du Yukon, offre cette destination, il fallait se rendre à Vancouver, puis à Calgary ou Edmonton, pour ensuite remonter vers Yellowknife. Cela prenait environ une journée pour se rendre à Yellowknife qui se trouve juste de l'autre côte, dans les Territoires du Nord-Ouest.
Croire qu'ici ce sera facile, avec 40 % du territoire canadien et un pourcentage considérable de côte... Le Nord est pancanadien, comme n'importe quelle autre région au sud. Je crois que nous devons laisser les choses telles qu'elles sont et conserver ses trois régions distinctes. C'est mon opinion.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Chers collègues, messieurs les témoins, mesdames et messieurs, c'est un grand privilège pour moi d'être avec vous aujourd'hui.
Je suis un type de la ville de Québec. J'y ai passé ma vie. Cependant, j'ai toujours eu non pas le rêve — il ne faut pas exagérer, quand même —, mais l'ambition secrète de venir un jour dans les Territoires du Nord-Ouest ou au Yukon, dans le Grand Nord canadien. Aujourd'hui, c'est réalisé. Vive la démocratie et vive le Canada. Cela démontre toute la force, la grandeur et la puissance de ce pays. Votre présence ici témoigne de la vitalité de cette communauté. Mes respects au collègue qui représente ces citoyens, mais qui aussi fait tout ce travail et ce voyage pour les représenter à Ottawa.
[Traduction]
Monsieur Cameron, vous avez soulevé une chose en répondant à l'excellente question de mon collègue du Bloc québécois, M. Ste-Marie, sur la manière d'aborder le fait que la population accorde beaucoup d'importance à ce problème. Nous pourrions parfois faire un compromis en appliquant la représentation proportionnelle, mais il est plutôt difficile de mener un scrutin de représentation proportionnelle dans un territoire ou dans une province qui n'a qu'une circonscription.
Vous avez dit que les collectivités de Yellowknife et de Whitehorse sont très différentes. L'exemple que je vais présenter n'est pas scientifique, mais ce matin je me suis levé très tôt pour profiter de ma visite en touriste. Je suis allé me promener, mais je me suis surtout mis à parler avec des gens. Je suis allé prendre une pause dans un café canadien très populaire et j'ai bavardé avec des gens. Il s'agissait d'anciens employés de la CBC à la retraite — des amis tout naturels pour nous, vous pouvez l'imaginer.
Je leur ai dit que j'étais heureux parce que dans trois jours, j'allais partir visiter Yellowknife. Oh la la! Qu'ai-je dit? J'ai mis les pieds dans les plats! Ils m'ont réprimandé en me disant de ne pas comparer Yellowknife à Whitehorse. Que c'est incroyable, que c'est pire que de comparer Québec à Montréal. La conversation s'est poursuivie sur les Nordiques de Québec et sur les Canadiens de Montréal, le bon vieux temps. Cet incident est comique, mais c'est une réalité.
Monsieur Cameron, je voudrais vous reposer la question de M. Ste-Marie du Bloc québécois, qui était très juste. Comment aborderiez-vous le fait d'appliquer la représentation proportionnelle avec une seule circonscription au Yukon, une seule aux Territoires du Nord-Ouest et une seule au Nunavut?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins qui sont parmi nous aujourd'hui et les gens qui ont pris la peine de se déplacer pour venir participer à cette importante discussion. Il s'agit d'un débat fondamental pour la qualité de notre vie démocratique.
Je suis très heureux d'être à Whitehorse aujourd'hui. C'est la première fois de ma vie que je m'y trouve. Ce matin, comme M. Deltell, j'en ai profité pour faire une longue promenade et contempler les paysages, qui m'ont vraiment impressionné.
Je représente une circonscription de Montréal, une situation qui est probablement aux antipodes de la vôtre. Je représente une circonscription où 110 000 personnes vivent sur 11 kilomètres carrés.
J'allais poser une question qui est un peu dans la même veine que celles de Mme May, M. Ste-Marie et Mme Sahota, soit sur le système Kingsley et sur deux manières possibles de répartir les sièges au sein de la fédération. Vous avez répondu assez complètement, nonobstant les nuances à apporter sur cet éventuel super député du Nord.
On peut se dire que la proportionnalité est un mandat du Comité, mais en fait, son mandat est de remplacer le système uninominal à un tour. Une des façons de le faire consiste à fusionner des circonscriptions de façon à ce que quatre, cinq ou six députés représentent un plus grand territoire.
Évidemment, personne ici ne pense amalgamer le Yukon ou les Territoires du Nord-Ouest à quoi que ce soit. Ce serait complètement absurde. Ne vous inquiétez pas. Par contre, à Montréal ou à Toronto, cela se ferait très bien. Les électeurs ne s'en rendraient probablement même pas compte.
Monsieur Cameron, s'il n'y a pas de sièges réservés pour les gens des Premières Nations ou les Innus, que pourrait-on faire pour augmenter leur participation électorale ainsi que leurs candidatures aux élections? Je parle ici d'un système qui ressemblerait au système actuel. Avez-vous des idées là-dessus?
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Il n'est pas facile de répondre à cela.
D'abord, il y a l'aspect géographique. Le Yukon s'étend sur 440 000 kilomètres carrés — je ne sais pas si vous le saviez — que l'on ne peut pas comparer à vos 11 kilomètres.
On en revient à ce qu'a soulevé M. Kingsley dans son allocution: les représentants et le système par lequel on les élit devraient refléter les Canadiens. Cette affirmation est au coeur de mon opinion sur cette question. Il vous a présenté cela d'une manière très adroite.
À l'heure actuelle, dans bien des régions du pays et de bien des façons, les membres des Premières nations et les Autochtones ne ressentent aucun lien avec les institutions qui gouvernent notre pays. Je crois que le Yukon est très en avance sur tout cela parce que les revendications territoriales et les ententes d'autonomie gouvernementale que nous avons négociées ici au Yukon reposent sur la notion de cogestion et d'identité reflétée dans les institutions de la fonction publique.
Nous en avons un bon exemple avec l'Office d'évaluation environnementale et socioéconomique du Yukon auquel je siège à titre de représentant du gouvernement fédéral. On y a instauré un processus très complexe par lequel le gouvernement fédéral et ceux des territoires et des Premières nations nomment ou recommandent les personnes qui se joindront à ce groupe. De cette façon, le Yukon dispose d'un organisme cogéré et réellement indépendant qui effectue toutes les évaluations environnementales dans toutes les régions du territoire, qu'il s'agisse de terres fédérales, territoriales ou appartenant à des Premières nations. C'est extraordinaire, parce que maintenant, vous l'imaginez bien, les citoyens des Premières nations ne sont pas toujours d'accord avec les conclusions des analyses environnementales de cet organisme, mais au moins ils s'y sentent reliés. Ils savent qu'il s'y trouve des gens auxquels ils peuvent aller se plaindre et qui, en un certain sens, protègent leurs intérêts. Nous avons l'Office des eaux, qui lui aussi jouit d'une compétence indépendante et qui découle d'un accord de revendication territoriale.
Un grand nombre d'aspects de la gestion des terres et des ressources de notre territoire réussissent à relier les intérêts et l'identité des Autochtones aux institutions de la fonction publique. À mon avis, nous devrions examiner cette notion plus en profondeur pour voir si elle s'appliquerait aussi au niveau parlementaire.
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Bonjour, mesdames et messieurs.
Je tiens tout d'abord à remercier la Première Nation Kwanlin Dün et le Conseil Ta’an Kwäch’än d'avoir accueilli cet événement sur leur terre traditionnelle. Je remercie aussi le Parlement du Canada de nous avoir donné l'occasion de présenter nos suggestions sur la réforme du système électoral de notre pays.
Comme vous le savez, notre système actuel, le scrutin majoritaire uninominal, a grand besoin d'une mise à niveau. En gros, ce système permet à un parti qui a gagné une minorité des votes disponibles de former un gouvernement, même parfois majoritaire — en fait, la plupart du temps il produit un gouvernement majoritaire —, qui peut alors imposer sa volonté malgré le fait qu'une majorité des citoyens ont voté contre lui. Les seuls électeurs qui influent sur la formation du parti au pouvoir sont ceux qui ont voté pour le candidat élu dans leur circonscription.
Cette situation n'est pas incontournable. Tous les votes pourraient compter. La majorité des nations du monde industrialisé, à part les États-Unis et la Grande-Bretagne, ont remplacé ce système, qui n'a rien de démocratique, par des systèmes conçus pour refléter plus exactement les désirs de la majorité de leurs citoyens.
Le système que je suggère corrigerait très efficacement la partialité du scrutin majoritaire uninominal tout en demeurant très simple. En gros, on diminuerait le nombre de circonscriptions de moitié en les fusionnant à des circonscriptions adjacentes.
Avant de poursuivre, je vous dirai que les gens auxquels j'ai posé la question m'ont principalement répondu qu'ils ne voulaient plus de politiciens, qu'il y en a un très grand nombre, mais qu'aucun d'eux ne semble avoir d'influence, s'il vous plaît, plus de politiciens.
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Excusez-moi: oui, bien sûr.
Le nombre de circonscriptions serait réduit de moitié par fusionnement avec des circonscriptions adjacentes, donc nous aurions des circonscriptions jumelées, mais le nombre de représentants dans toute la région demeurerait le même. On élirait un candidat par scrutin préférentiel pour chaque circonscription. On élirait ensuite le deuxième représentant parmi les autres candidats pour déterminer le pourcentage du vote qu'auront gagné les partis politiques qui font campagne dans cette division électorale.
Je tiens juste à souligner que ce système de scrutin proportionnel préférentiel pour les circonscriptions a pour objectif d'utiliser l'inclusion et le lien communautaire pour que les collectivités participent à la gouvernance. Je ne connais personne qui s'opposerait à cela. J'espère que ce nouveau système combiné aidera le comité spécial à concevoir le système utilisé au Canada à l'avenir. Ce mode proportionnel de scrutin préférentiel pour les circonscriptions est un système hybride qui englobe les aspects désirables de plusieurs systèmes. Il comprend des circonscriptions, les électeurs choisissent les candidats par scrutin préférentiel dans chaque circonscription ainsi que le parti qu'ils désirent pour assurer la représentation proportionnelle.
La mise en oeuvre de ce système nécessite une réorganisation, mais je pense qu'on la simplifiera en utilisant les limites des circonscriptions et la structure électorale actuelles ce qui, je pense, sera très avantageux.
Je n'ai pas reçu de réponse de notre directeur général des élections, mais je vous serais reconnaissant de présenter ce modèle. Nous devrons déterminer plus tard ce que nous économiserions en temps et en argent.
Vous verrez dans le premier document que nous vous avons distribué les résultats de l'élection de 2008 dans la division électorale d'Ottawa. Si l'on applique ce système aux résultats de 2008, le taux d'électeurs efficaces — de gens capables de désigner un candidat qu'ils ont élu — a passé de 47 % à 91 %. Ce taux ne compte même pas leurs deuxième et troisième choix, dont nous disposerions avec ce système.
Avez-vous tous le document qui présente l'exemple d'Ottawa?
:
Oh, je comprends, merci. Je vous l'ai envoyé par courriel, mais je n'ai pas pu le traduire en français. Je suis désolé.
L'élection de 2008 à Ottawa, tenue par scrutin majoritaire uninominal, visait six sièges de circonscription à Ottawa. Le vote populaire s'est soldé par l'élection de 39 % de conservateurs, de 8 % de candidats du Parti vert, de 36 % de libéraux et de 16 % de candidats du NPD. Je suis désolé de vous donner tant de chiffres. Quoi qu'il en soit, ce sont les résultats obtenus. Les conservateurs ont gagné trois sièges, dont ils ont obtenu une représentation de 50 % avec 38 % du vote. Le Parti vert, avec son 8 %, n'a obtenu aucun siège. Les libéraux, avec 36 % du vote, ont reçu deux sièges, donc 33 % de la représentation, ce qui est assez proche. Le NDP a reçu un siège, ce qui n'est pas beaucoup moins, avec un taux de représentation de 16 à 17 %.
À ce moment-là, le nombre total d'électeurs efficaces était de 47 %; autrement dit, 47 % des électeurs pouvaient désigner un candidat qu'ils avaient contribué à faire élire. C'est le pourcentage d'électeurs; non pas d'électeurs admissibles, mais de personnes qui se sont dérangées pour aller voter.
Maintenant, comment obtient-on des sièges proportionnels par le mode proportionnel de scrutin préférentiel pour les circonscriptions? J'ai demandé si c'était assez simple. J'espère que vous le trouverez assez simple, mais peut-être que non. Je suis sûr que vous me le direz, dans ce cas. La zone électorale d'Ottawa comptait six sièges, chacun d'eux représentant 16,7 % du vote. Au lieu des six sièges de circonscription, en jumelant les circonscriptions, on obtient trois sièges de circonscription plus six sièges proportionnels pour Ottawa. Le vote populaire ne changera pas, mais puisque nous n'avons plus que trois circonscriptions, les conservateurs gagnent deux sièges, et les libéraux un. Il nous reste trois sièges proportionnels, alors les conservateurs ont maintenant 33 % des votes qu'ils ont gagnés et qui sont représentés par deux sièges sur six. Les libéraux ont 17 % de leurs votes représentés par un siège sur six. Est-ce suffisamment équitable? Leur représentation était de 33 % et de 17 % respectivement.
Avec ce système, nous cherchons à donner du poids aux votes des gens qui ne sont pas encore représentés. Pour les votes non représentés qui restent, les conservateurs en auraient 5 %, le Parti vert 8 %, les libéraux 19 %, et le NPD 16,18 %, ce qui ne suffit pas pour obtenir un siège. Regardons d'abord les sièges proportionnels entièrement appuyés. Il n'y aurait qu'un seul siège proportionnel entièrement appuyé, celui des libéraux. Une fois qu'on leur a attribué ce siège, quel pourcentage de votes non représentés nous reste-t-il? Eh bien, nous avons 5,6 %, 8 %, 3 % et 16 %, non...
Aux membres du Comité qui ne sont jamais venus au Yukon,
[Français]
je vous souhaite la bienvenue.
[Traduction]
À ceux qui reviennent nous voir, nous vous souhaitons à nouveau la bienvenue. Je sais que vous ne resterez pas bien longtemps, mais j'espère que votre visite sera productive.
Je voudrais tout d'abord reconnaître que nous sommes sur le territoire traditionnel de la Première Nation de Kwanlin Dün et du conseil de Ta’an Kwäch’än.
Je m'appelle John Streicker, et je vous parle à titre d'habitant du Yukon et de citoyen canadien. Je me présente: je suis le président sortant du Parti vert du Canada. J'ai fait campagne à deux élections fédérales au Yukon pour le Parti vert du Canada. Je viens de terminer un mandat de conseiller municipal à Whitehorse avec Kirk Cameron, qui vient de témoigner devant vous. À l'heure actuelle, je suis candidat libéral aux prochaines élections territoriales. J'étais aussi l'un des premiers membres de l'organisme Fair Vote Yukon à sa fondation.
Je vous présente mes antécédents, mais je ne suis pas ici pour promouvoir un point de vue partisan. Je suis ici avant tout, comme je le disais, à titre de citoyen du Canada et de résidant du Yukon.
Je tiens à vous remercier pour le travail important et, j'ajouterais, critique, que vous avez entrepris pour examiner la question de la réforme électorale. Je vous remercie aussi d'être venus au nord du 60e parallèle au Yukon et aussi aux Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut. Nous, les habitants du Nord, sommes très heureux que vous vous intéressiez à nos points de vue.
On n'a pas souvent l'occasion de restructurer et d'améliorer le système électoral canadien. Je tiens donc à reconnaître l'importance de la composition de votre comité. Je remarque qu'elle ne reflète pas la composition des sièges au Parlement. Elle reflète en fait le vote populaire de la dernière élection fédérale. Je sais qu'elle n'est pas parfaitement proportionnelle, mais ceux d'entre nous qui s'intéressent à cela ont remarqué que la composition du Comité penche vers la notion de proportionnalité.
Je suis sûr que vous prenez le rôle collectif de votre comité très au sérieux, et vous avez raison. J'espère vraiment que vous ne vous fierez pas uniquement à la proportionnalité de la composition de votre comité. Je vous encourage à aller plus loin, à réfléchir, à délibérer, à présenter, et ultimement à proposer un système qui ne se limitera pas à vos appartenances partisanes — à toutes vos appartenances partisanes. Pour concevoir un système électoral solide pour le Canada, vous devrez avant tout penser en députés canadiens, et beaucoup plus tard, en députés de chacun de vos partis.
Je crois fermement au processus démocratique, malgré ses défaillances. Je suis donc fermement convaincu que la conception de notre système électoral devrait rallier les divers points de vue de tous les Canadiens. Nous ne sommes pas toujours d'accord les uns avec les autres, mais je suis persuadé que quand nous partageons respectueusement cette diversité, nous produisons de bien meilleurs résultats.
En parlant d'un nouveau système électoral pour le Canada, je l'ai qualifié de « solide », et non de « meilleur ». Je l'ai fait exprès. Je ne crois pas qu'un système de scrutin puisse répondre à toutes les préoccupations. Je suis cependant convaincu que notre système électoral actuel a besoin d'améliorations. Comment concevoir un système équitable, simple et inclusif? Comment l'utiliser pour capturer aussi bien que possible les désirs des électeurs?
Ces dernières décennies, notre monde a grandi, rétréci et s'est diversifié. Je pense que cela se voit dans la manière dont les gens votent. Nous votons pour un parti et un chef, nous nous prononçons sur une foule d'enjeux et nous continuons de voter pour la personne de la région. À mon avis, c'est la raison la plus évidente pour laquelle nous devons passer à un système de représentation proportionnelle.
La représentation proportionnelle n'est pas une panacée. Le vote stratégique continuera d'exister, mais dans une moindre mesure. Même chose pour la division du vote. Je pense que la représentation proportionnelle incitera les électeurs à voter selon leurs convictions. Je ne peux exagérer l'importance de la représentation proportionnelle. D'une part, ce mode de scrutin encouragera le vote et la mobilisation de l'électorat — les gens seront plus nombreux à aller voter — et de l'autre, il assura une représentation plus fidèle de l'intention des électeurs.
Ayant affirmé que je crois en un processus populaire pour déterminer le système électoral canadien et que je suis personnellement pour la proportionnalité, j'en arrive maintenant à la principale raison de ma présence ici aujourd'hui.
Incidemment, j'ai entendu les témoignages précédents. Je vais certainement répéter des arguments déjà avancés, mais il est toujours bon de répéter.
La circonscription du Yukon compte environ trois fois moins de citoyens que la circonscription canadienne moyenne. La population des Territoires du Nord-Ouest est un peu plus élevée et celle du Nunavut un peu moins — notre circonscription est peut-être la plus petite du pays, en nombre de citoyens. Je vais vérifier les chiffres de l'Î. du P.-É. pour être sûr de ce que j'avance.
Par ailleurs, les trois territoires du Nord représentent 40 % de la masse territoriale du Canada. La représentation prend un tout autre sens lorsque les collectivités sont dispersées sur une si vaste superficie. Demandez à Larry ou à vos collègues des T. du N.-O. et du Nunavut ce qu'ils en pensent. Ils vous répondront que dans le Nord, nous nous définissons comme des collectivités. Nous dirons bien sûr que nous habitons au Yukon, mais en fait, c'est en tant que collectivités que nous sommes interreliés. Essayez d'imaginer combien il est difficile de communiquer avec nos citoyens qui sont disséminés sur un si grand territoire.
En tant que résidants du Nord, l'une des choses que nous partageons et qu'à certains égards, nous apprécions, c'est que nous sommes loin d'Ottawa. Cela m'amène à mon point principal. Quel que soit le système que vous proposerez, je vous supplie de ne pas renoncer à la représentation locale pour le Nord.
Je voudrais juste expliquer, aux fins du compte-rendu, ma compréhension de la Constitution, même si, je suppose, vous savez tous que nous avons un député par territoire, en vertu de l'Acte constitutionnel de 1975, pour le Yukon et les T. du N.-O., et de la Loi sur le Nunavut de 1993. De plus, le nombre de députés pour une province ou un territoire ne doit pas être inférieur au nombre de sièges sénatoriaux; nous avons donc aussi un sénateur de chacun des territoires. Malgré cela, en vertu de certains systèmes de scrutin proportionnel, une personne de l'extérieur d'une circonscription pourrait être choisie pour représenter cette circonscription. Je vous demande instamment de concevoir et de recommander un système électoral qui empêchera un tel cas de figure chez nous. Cela nuirait à la croissance et au développement des territoires, à notre histoire. Je crois également que cela serait contraire à l'esprit et à l'intention de nos revendications territoriales et de nos ententes d'autonomie gouvernementale.
Il est possible d'éviter que cela se produise. Il existe de nombreuses façons de réaliser la proportionnalité ou la quasi-proportionnalité, tout en maintenant la représentation locale dans les circonscriptions qui s'identifient comme étant à part. La circonscription de M. Cullen est probablement l'une de celles-là.
Selon toute vraisemblance, la solution retenue sera une approche mixte sur mesure pour le Canada. Elle s'inspirera peut-être des suggestions de Jean-Pierre Kingsley ou du système proposé par Dave Brekke, le défenseur de la réforme électorale au Yukon
Je vais essayer de vous donner un exemple. Si nous utilisions ici le système de PCP proposé par Dave, nous constaterions qu'il y a beaucoup de circonscriptions... Par exemple, juste de l'autre côté du pont, nous avons Riverdale-Nord et Riverdale-Sud, mais en réalité, les résidants s'identifient à Riverdale tout court. Il pourrait y avoir deux représentants: un élu au scrutin uninominal majoritaire ou proportionnel et l'autre, au scrutin proportionnel à partir de la liste locale. J'ai entendu les questions que vous avez posées plus tôt et je ne crois pas qu'il faille sacrifier la représentation locale au profit de la proportionnalité.
Nous avons également une circonscription dans l'extrême nord du Yukon, appelée Vuntut Gwitchin, et nous ne voulons pas qu'elle perde son identité.
Pour conclure mes observations, je dois dire que je suis ravi de débattre des éventuelles modalités d'un système purement canadien. Je pense qu'il faut choisir un système qui prend en compte l'opinion des citoyens canadiens, un système proportionnel, tout en conservant la représentation locale dans les circonscriptions éloignées.
Lorsque la ministre a dirigé un débat sur la réforme électorale ici même il y a un mois, elle nous a gentiment surnommés les mordus de la démocratie. Je pense que je vais dire la même chose de vous. Je suis content qu'on nous donne ce surnom parce qu'il ne faut jamais tenir la démocratie pour acquis.
Je vous remercie.
Je vais répondre en anglais, je m'excuse.
[Traduction]
Je ne suis pas un grand amateur de listes. En revanche, le système de Dave me plaît bien, jusqu'à un certain point.
J'aimerais d'abord apporter une précision. Si nous finissons par adopter un système, et que le Yukon demeure ... qu'il conserve le système uninominal majoritaire ou le scrutin préférentiel, ou tout autre système de base, cela ne veut pas dire... J'ai entendu la réponse de M. Cameron, et j'aimerais y revenir. Le Yukon continuerait et peut encore utiliser le scrutin proportionnel, surtout si on parle de proportionnalité nationale.
Ce que propose M. Brekke, ce n'est pas vraiment la proportionnalité nationale, mais la proportionnalité sous-régionale. Il choisit une petite région de quatre circonscriptions mais, comme l'a fait remarquer M. Reid, elle pourrait être beaucoup plus grande. Vous pourriez demander à votre commission électorale de délimiter les régions. Je pense qu'il a eu la sagesse de ne pas demander une redélimitation du reste des circonscriptions, n'est-ce pas? Il suffit d'utiliser les limites naturelles qui existent déjà.
Concernant la liste, je préfère la représentation locale. M. Brekke et moi nous sommes rencontrés à quelques reprises pour discuter de ce système en prévision de la réunion d'aujourd'hui. L'un des aspects que je préférerais, c'est que... La façon dont les choses fonctionnent avec ce système, c'est qu'à l'intérieur d'une région, on utiliserait le scrutin proportionnel et on prendrait le pourcentage le plus élevé des votes obtenus par les partis qui n'ont pas fait élire de candidats. C'est super, pourvu que ... et la raison pour laquelle il préconise un petit nombre de circonscriptions, c'est parce que cela permet de préserver la représentation locale.
Mais il est possible d'avoir une représentation locale; par exemple, nous pourrions — désolé de vous embêter avec les chiffres, mais je suis le fils de deux professeurs de mathématiques — regrouper les circonscriptions par deux ou par trois. Comme il le dit, regroupons-les lorsque la situation s'y prête. Autrement, gardons-les séparés, parce que le Yukon est à part. Ensuite, nous pourrions penser à la proportionnalité. Tenir une élection et maintenir la proportionnalité à la grandeur du pays, tout en optimisant le vote local dans chaque circonscription. Il y a une foule de combinaisons possibles, c'est mathématique. Cela voudrait dire qu'il faut s'appuyer sur le pourcentage de votes le plus élevé.
Par ailleurs, certains partis ayant obtenu un pourcentage plus faible du vote total seraient choisis, mais ils n'auraient pas nécessairement une forte représentation dans ces circonscriptions; par contre, il y aurait un nombre plus élevé de ces gens. On aurait quand même une représentation locale.
Je n'aime pas le système de liste. Mais si vous me demandez de choisir entre les deux, j'opterais pour le système irlandais.
:
Je crois que nous sommes face à un choix ici: est-ce que nous imposons ou est-ce que nous encourageons la mise en place d’un système qui garantisse que nos institutions reflètent la diversité de nos collectivités. Je crois qu’il est terriblement important de mieux représenter les femmes et les Premières Nations; je devrais dire les Autochtones, en fait, parce que le Nord n’est pas seulement occupé par les Premières Nations. Vous le comprendrez, au fil de votre tournée.
Je ne sais pas ; pour moi, cette question nous ramène au débat sur le Sénat. Nous avions une idée du rôle que le Sénat devait jouer, et il y a clairement des choses qui se préparent de ce côté. Je ne sais pas où cela va aboutir. Je ne sais pas ce que vous allez finalement choisir pour le Canada. Dès que l’on aborde ces questions, je deviens nerveux, parce que l’on risque alors de changer la donne, et notamment le nombre de sièges dans le Nord.
Je veux revenir à cette question des sièges supplémentaires. Juste avant cette séance, nous nous sommes rencontrés, David et moi, pour discuter du système. Il a dit qu’il allait proposer d’ajouter un siège proportionnel par territoire, et je lui ai dit: « Bonne chance! », pas parce que je suis contre sa proposition, mais parce que je crois qu’elle sera difficile à faire accepter. Je crois que si l’on proposait un système qui s’en rapproche mais dont la seule exigence était d’ajouter quelques circonscriptions dans le Nord, on pourrait s’en tirer.
Une chose est sûre: le Nord n’est pas défini par le 60e parallèle. Cela est la définition géopolitique, mais ce n’est pas la définition qu’en donnent les gens du Nord. Je n’irais pas dire à Old Crow que je vis dans le Nord. Je serais très prudent là-bas. C’est une définition relative. Et donc, c’est très difficile de faire la distinction. Je vous renvoie à M. Cullen, qui est confronté à cette question lui aussi.
Pour cette raison, il n’est pas simple d’ajouter ces sièges. Je comprends que trois, c’est peu de choses comparé aux trente que nous venons de créer, mais j’aurais peur d’ouvrir une boîte de Pandore.
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Bonjour, monsieur Brekke. Je suis heureux de vous voir ici aujourd'hui.
M. Brekke m'a rendu visite dans ma circonscription de Brampton-Nord, il n'y a pas longtemps, et nous avons eu tous deux une très bonne conversation sur sa proposition de réforme électorale.
Je tiens à vous féliciter pour avoir emporté la médaille d'argent au Canada 55+ Games. Le Yukon s'en est très bien sorti, puisque nous avons dépêché 98 participants à Brampton, pour ces jeux Canada 55+. Ils sont revenus avec 63 médailles — 28 d'or, 25 d'argent et 10 de bronze. Le territoire a donc fait belle figure. Je tiens à vous féliciter, ainsi que le territoire du Yukon pour avoir obtenu de si bons résultats lors des jeux et pour vous être bien représentés.
Monsieur Brekke, nous avons entendu un grand nombre de propositions depuis que nous nous sommes rencontrés tous deux, que les choses commencent à s'embrouiller. Je trouve votre proposition particulièrement fascinante. J'ai aimé toutes les propositions très novatrices qui traduisaient une pensée originale, sous l'angle des besoins particuliers du Canada. J'apprécie donc votre effort à cet égard.
Cependant, j'ai besoin d'un éclaircissement. Je comprends le système de points et son rapport avec le pourcentage final ainsi que les deux parties du bulletin de vote, l'une où l'on classe le parti et l'autre où l'on classe les candidats. Toutefois, vous disiez que, pour le vote proportionnel, ce serait quelqu'un ayant obtenu de bons résultats en tant que candidat, un deuxième ou...
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« Nous allons devoir » passer à M. Cullen, dites-vous? Ce n'est certainement pas la présentation la plus chaleureuse que vous n'ayez faite, monsieur le président.
Des voix: Oh, oh!
M. Nathan Cullen: Mais au moins, j'aurai mes cinq minutes.
M. Pat Kelly: Malheureusement.
Des voix: Oh, oh!
M. Nathan Cullen: Eh oui, malheureusement, il faut maintenant passer à M. Cullen.
Monsieur Brekke, j'ai beaucoup apprécié ce que vous avez dit à la fin. Je crois que ce n'est pas la première fois que vous dites vouloir donner un sens au vote populaire. Je crois qu'il vaudrait la peine de s'arrêter à cet aspect qui intéresse d'ailleurs nos deux témoins.
Élections Manitoba a effectué une étude des dernières élections provinciales auprès des personnes qui n'avaient pas déposé leur bulletin afin de savoir pourquoi. Une des principales raisons données par ces personnes, est qu'elles n'avaient pas estimé que leur vote changerait quoi que ce soit. Invitées à dire si elles auraient voté en vertu d'un scrutin proportionnel, où les bulletins sont comptabilisés d'une autre façon, où leur voix aurait compté, la moitié des abstentionnistes ont dit qu'ils le feraient.
Le Yukon peut se vanter d'enregistrer d'impressionnants taux de participation par rapport au reste du pays. Il faudrait vous célébrer pour votre amour de la démocratie, tant aux élections territoriales qu'aux élections fédérales. Je cherche une façon de faire en sorte que chaque vote pèse dans la balance et vous nous avez proposé un modèle novateur que j'apprécie énormément.
Je vais me tourner vers M. Streicker pour un moment. Il est important de tenir compte de la perspective de l'électeur. Souvent, on se pose la question de la perspective du Parlement, vous voulez savoir ce que les partis vont tirer d'une élection et la façon dont les votes sont comptabilisés, mais quels résultats les électeurs constatent-ils sur le plan de la gouvernance? De meilleures politiques, des avis plus équilibrés? Selon vous, qu'est-ce qui justifierait surtout la nécessité de passer à la proportionnalité et laisser tomber le système que nous avons actuellement?
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[Le témoin s'exprime en langue autochtone]. Il est bon de vous voir tous. Je voudrais remercier le Ta'an Kwäch'än, sur les terres de qui nous nous trouvons aujourd’hui ainsi que tous ceux présents ici.
Je voulais simplement dire, en tant que membre du Conseil des Tlingits de Teslin, que je ne parle pas au nom du conseil. Je parle en tant que citoyen. Nous sommes une Première Nation autonome. Nous sommes l'un des premiers peuples de cette terre. Nous étions ici avant le Yukon. Nous étions ici avant qu'il y ait un Canada. Nous avions notre propre système de gouvernance. Nous avions notre propre système de démocratie. N’oublions pas les gouvernements qui étaient ici à l’origine. Les aïeux de mon père ont émigré ici, venant de France, en 1640. Avant l’arrivée des Européens, il y avait déjà des gouvernements ici.
Ma communauté est constituée de cinq clans. Tous les clans sont égaux, peu importe leur taille et nous fonctionnons par consensus. C’est une manière plus compliquée de gouverner car plus lente, mais meilleure en ce que la voix de chacun doit être entendue. Ce n’est pas un compromis, je n’aime pas ce mot. C’est la collaboration qui existe entre les cinq clans pour arriver à un accord commun sur ce qui est le mieux pour notre peuple. Je ne suis pas ici seulement pour mon peuple, et les autres représentants ne sont pas là pour leurs clans, l'important, c’est ce qu’il y a de mieux pour nous tous.
Quel que soit le système choisi, s'il vous plaît mettez de côté la politique partisane et demandez-vous ce qui est le mieux pour le Canada.
Je viens de rentrer d'Ottawa et je pense que je suis tombé malade. J'y ai attrapé une maladie ou alors c'est une réaction allergique à la politique partisane.
Des voix: Oh, oh!
M. Duane Aucoin:En tant qu’un des premiers peuples de cette terre, je voudrais vous donner un conseil: s'il vous plaît, proposez-nous une idée qui sera la meilleure pour tout le monde et pour le peuple.
Gunalchéesh . Merci. Thank you.
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Bonjour, merci beaucoup pour votre attention.
Je tiens également à remercier notre gouvernement de répondre à l'appel lancé par tant de Canadiens sur la nécessité d'une réforme électorale. Quantité de Canadiens en sont venus à considérer qu'il y a un énorme problème avec notre système actuel, le scrutin majoritaire uninominal à un tour.
C’est exactement comme ça que je le vois. Je pense que je parle au nom de pas mal de Canadiens quand je dis que la fausse majorité que ce système crée en concentrant le pouvoir accordé à des partis qui recueillent une minorité de votes et en leur donnant tout le pouvoir, remet vraiment en question le caractère démocratique de nos institutions politiques. Lorsqu'on accorde tout le pouvoir à un parti qui n’a recueilli qu’une minorité des voix, il semble oublier ses promesses électorales et ignorer la volonté du peuple. Il se consacre à la réalisation de son propre programme sans se soucier des autres. C’est un problème que beaucoup de gens perçoivent.
Facteur aggravant, alors qu'une opposition efficace est essentielle, on fait comme si elle n'existait pas. C’es ce qui fait que nos systèmes parlementaires sont devenus si rancuniers et querelleurs. Un parti qui a tout le pouvoir n’a plus à faire de compromis. Les partis d'opposition, qui représentent en fait une majorité de l'électorat dans notre système multipartite, sont ignorés et un parti peut poursuivre son propre programme sans résistance. C’est un énorme problème dont nombre de Canadiens ont pris conscience.
Dans un système où le pourcentage des sièges obtenus par les partis correspond à celui des suffrages recueillis, ils se sentent représentés. Oui, nous sommes des êtres humains, nous pouvons être querelleurs et bien d’autres choses, mais quand les partis ont un but, un programme et un moyen d’atteindre leur objectif, ils coopèrent. C’est très important. Même si un parti a seulement 8 % ou quelque chose comme ça, il a une certaine influence sur le résultat, quoique un peu petite, mais il a quand même un moyen d'infléchir la politique. Cela a été prouvé dans des systèmes qui utilisent la représentation proportionnelle, le système politique est plus efficace au final.
Le président: Merci.
M. Jimmy Burisenko: Je voudrais vous donner quelques exemples illustrant mes propos. On a établi des rapports en Écosse et en Nouvelle-Zélande, les deux derniers pays qui ont adopté des systèmes représentatifs proportionnels.
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Je remercie les membres du Comité qui ont consacré leur temps, leurs efforts et leur énergie à ce processus. Je sais que c’est épuisant et c’est sans doute l’une des choses les plus importantes dont nous aurons à nous occuper en tant que Canadiens.
Je m’en tiendrai également à des commentaires très généraux plutôt que de parler d’un système électoral particulier. J’ai vécu dans pas mal de juridictions différentes au Canada, j’ai voté à toutes les élections municipales, provinciales, territoriales et fédérales depuis que je suis en âge de voter. Le fait que dans le système majoritaire uninominal à un tour ma voix ne compte pas, me préoccupe. Elle ne compte pas parce que les gouvernements qui ont été formés étaient des gouvernements faussement majoritaires bien souvent. Le nombre des députés élus dans un gouvernement majoritaire excède souvent de beaucoup la proportion des suffrages qu’il recueille. Les partis pour lesquels j’ai voté ont rarement été dans la majorité et ont été sous-représentés au Parlement.
On peut voir dans la campagne en cours actuellement aux États-Unis combien il est destructeur de n’avoir que deux partis qui se passent les rênes du pouvoir à intervalles réguliers.
J’aimerais avoir un système électoral qui donne à chaque électeur et à chaque voix le même poids au Parlement. Je crois que le système de représentation proportionnelle assurerait cette égalité des voix que je recherche. Un parti qui recueille 5 % des voix dans le pays devrait avoir 5 % des sièges au Parlement. Un parti qui recueille 40 % des suffrages ne devrait jamais avoir une majorité des sièges. Recommandez, s’il vous plaît, au Parlement l’adoption d’un système électoral à la représentation proportionnelle.
Je ne suis pas non plus partisan de tenir un référendum sur cette question. Au mois d’octobre, il y a eu un référendum, en substance, lorsque plus de 60 % de l’électorat canadien a appuyé les libéraux, le NPD ou les verts, qui tous avaient fait de la réforme électorale un élément fondamental de leur plateforme.
Merci d’être venus à Whitehorse vous enquérir de nos préoccupations, et merci beaucoup pour cette occasion de participer à notre processus démocratique.
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Merci de me donner l’occasion de présenter mon point de vue sur la réforme électorale.
J’ai voté à toutes les élections depuis que j’ai l’âge de voter, ce qui remonte à de nombreuses années maintenant. J’ai voté aux élections fédérales, provinciales, territoriales et municipales, parce que mes parents m’ont appris que la démocratie était importante et avait besoin de mon soutien. Au cours des années, beaucoup de mes votes n’ont pas compté. Les gouvernements étaient formés par des partis qui n’avaient pas une majorité des voix, mais qui souvent avaient une majorité des sièges. Nombre de ces gouvernements n’étaient pas très efficaces, en raison bien souvent de l’extrême étroitesse de leurs vues.
Lors des dernières élections fédérales, j’ai voté stratégiquement. J’ai voté pour un parti que je ne soutenais pas pour me débarrasser d’un parti qui détruisait notre pays. Ça ne me plaisait pas de voter stratégiquement. Je préférerais savoir que mon vote me donnerait une voix au parlement, aussi fluette fût-elle.
Je suis partisan de la représentation proportionnelle. Je crois qu’elle permettra à chaque électeur au Canada d’avoir une voix au Parlement. La diversité du Canada sera mieux représentée lorsque chaque voix sera entendue. La représentation proportionnelle permettra également d’aborder les questions et d’en débattre comme il se doit dans le cadre des élections fédérales, et d’éviter les questions bidons comme celle sur le port du niqab ou la question de savoir quel est le parti qui dépense le plus d’argent du contribuable.
Je prie instamment le Comité de tenir la promesse faite par trois ou quatre partis pendant les dernières élections: que l’année 2015 soit la dernière année où se seront tenues des élections sous le régime majoritaire unilatéral à un tour. Je reconnais que vous avez une tâche difficile, je demande à chaque membre du Comité de faire abstraction des intérêts de leur parti et de soutenir un système de représentation proportionnelle qui permette à tous les Canadiens de faire entendre une voix qui compte.
Je vous remercie de votre attention.
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Je voudrais commencer par vous remercier d’être venus. Je ne me souviens pas qu’un groupe d’hommes politiques de différents partis représentant tous les partis, actifs au niveau fédéral, soient venus discuter avec nous, nous écouter, avant de repartir pour se mettre ensemble au travail à la recherche d’une réponse aux problèmes que se posent les gens et que les gens leur ont exposés. C’est une première, je crois et c’est magnifique.
Je voudrais également exprimer mes remerciements à qui était ici dans cette pièce avec un grand groupe de personnes. Elle a fait preuve de beaucoup de compétence, a passé beaucoup de temps avec les uns et les autres, s’est montrée non partisane et nous a encouragés à nous informer davantage sur le fonctionnement du système électoral et sur ce que nous pouvons faire pour le transformer. Elle a été merveilleuse et très chaleureuse. Les gens se dégelaient à son contact, apprenaient et poursuivaient sur leur lancée. Nous n’avons pas cessé de parler depuis ni d’essayer d’apprendre. L’apprentissage tombe un peu à court, comme vous le verrez quand je vous expliquerai ce que j’aimerais.
Je voudrais que le système majoritaire unique nominal change. Je souhaite une forme de représentation proportionnelle. Je ne sais pas exactement laquelle donnera les meilleurs résultats — vos cerveaux sont plus vastes que le mien — mais j’aimerais que vous travailliez là-dessus ensemble pour trouver une solution qui permette à la plupart des gens d’être représentés.
Quant au référendum, nous n’en avons absolument pas besoin. Pourquoi consacrer son argent, ses efforts et son temps à cela? Nous avons eu un référendum lors des élections, et nous avons tous voté pour donner à un gouvernement majoritaire. Certains se sont précipités vers les libéraux, d’autres fuyaient quelque chose d’autre, mais ensemble nous avons donné à Justin Trudeau une majorité pour qu’il puisse agir. Nous aimerions que vous retourniez avec cette majorité et que vous travailliez ensemble pour trouver une solution qui marche pour tous les Canadiens.
Changer le système électoral, c’est donner plus de choix à plus de Canadiens, créer de meilleures possibilités pour une meilleure qualité de vie pour tous, et en fin de compte pour nos enfants et nos petits-enfants. Pourquoi faisons-nous cela? C’est parce que nous sommes concernés. Nous aimons le Canada, nous aimons nos familles, nous aimons nos enfants, et nous voulons pour eux un avenir sûr, productif, qui leur donne une vie qui leur soit précieuse.
Je m’appelle Richard Price. Je suis professeur d’études autochtones à l’Université de l’Alberta. Je vis ici depuis quatre ans.
Je soutiens la représentation proportionnelle parce que je pense que c’est un meilleur système pour notre démocratie que le système actuel. Je pense que la représentation proportionnelle résout les problèmes que pose le système majoritaire uninominal. Nous avons souvent un gouvernement qui est élu avec 35 ou 40 % des voix, et le parti au pouvoir obtient souvent un pourcentage de députés beaucoup plus élevé que ce pourcentage des suffrages. Si ce parti au pouvoir gouverne comme l’a fait le gouvernement Harper, qui semblait uniquement préoccupé de plaire à son propre électorat, le résultat c’est que tous les autres d'entre nous, nous sentons exclus du processus politique et privé de toute possibilité d’influencer les nouvelles orientations. Cette situation suscite de la colère et du ressentiment, et même, je dirais, un désenchantement.
Je crois que la représentation proportionnelle donne aux citoyens le sentiment d’être plus inclus dans le processus politique. Elle élimine l'impression de ne pas être adéquatement représentée au Parlement, en particulier pour ceux d’entre nous qui votons pour des petits partis de gauche, comme le NPD ou les Verts.
En outre, avec un nouveau système proportionnel, le lecteur aura plus de possibilités de voter pour le parti qui a selon lui le meilleur dirigeant et les meilleures politiques plutôt que d’être obligé de faire des compromis en votant stratégiquement pour la personne qui a le plus de chances d’être élue.
J’ai eu l’occasion d’observer le processus de réforme du système électoral de la Nouvelle-Zélande pendant une année de congé sabbatique en 1992 et à l’occasion de visites ultérieures pour faire des recherches. Comme vous le savez, en 1992 et 1993 les Néo-Zélandais ont eu deux référendums et ils ont voté pour changer leur système électoral. C’est alors qu’ils ont abandonné le mode de scrutin majoritaire en faveur d’un mode de scrutin mixte avec compensation proportionnelle.
Par la suite, en 2011, 57 % des Néo-Zélandais ont confirmé leur choix en faveur de ce nouveau système. En 2012, la commission électorale recommandait de nouveaux changements encore plus importants.
Par conséquent, je crois que l’expérience de Nouvelle-Zélande a été positive et notre recherche d’amélioration pour le Canada pourrait utilement s’inspirer de l’expérience d’un autre membre du Commonwealth.
Merci beaucoup pour cette possibilité.
Nous avons un système qui existe depuis longtemps au Canada, le système uninominal à un tour, et nous voulons un changement. Nous le voulons afin d'adopter un système proportionnel ou un système mixte proportionnel.
Les gens ont peur du changement, en général. C'est normal, parce que cela représente l'inconnu. Nous sommes habitués au système qui existe en ce moment, qui élit des gouvernements majoritaires ou minoritaires. Dans le cas d'un gouvernement majoritaire, cela fonctionne bien, mais dans celui d'un gouvernement minoritaire, une coalition, cela ne fonctionne pas bien.
Je suis enseignant et je me suis rendu à Québec, à Victoria et à Ottawa avec mes élèves. Je suis désolé de vous le dire, mais lorsque nous regardons les députés travailler au Parlement, nous constatons que vous n'êtes pas un exemple à suivre.
Notre premier ministre, qui était professeur aussi, n'a sûrement jamais dit à ses élèves que lorsqu'on travaille ensemble, on doit travailler l'un contre l'autre et ne pas écouter ce que l'autre a à dire. Non. Nous disons à nos élèves, ou à nos enfants en tant que parents, de travailler ensemble en vue de coopérer et de ne pas être l'un contre l'autre, parce que cela n'avance à rien. Si, au contraire, nous travaillons ensemble, nous irons plus loin que nous le faisons en ce moment.
La politique que nous pratiquons — et c'est pire aux États-Unis, nous n'en parlerons pas — ne fait pas progresser le mouvement de la politique canadienne et les idées des Canadiens. D'après les statistiques que les autres intervenants ont fournies, je crois qu'en nous dotant d'un système qui vise l'entraide et en adoptant un système proportionnel, nous commencerons à penser différemment, dans l'espoir que les députés travailleront ensemble. Ils n'auront pas le choix s'ils veulent faire avancer le pays.
Merci.
Merci d’être ici aujourd’hui. Je suis une nouvelle résidante du Yukon et c’est très excitant de participer à ce processus au niveau local.
Je suis enseignante, et le fait de parler devant vous me rend nerveuse, ce qui est bizarre. Cela fait longtemps que je n’ai pas eu le trac. J’enseigne à des étudiants qui ont de 5 à 18 ans. Je suis spécialisée en études sociales. Mon objectif c’est de faire participer les étudiants par tous les moyens dès le plus jeune âge possible et aussi souvent que possible.
Au secondaire, j’étais assez convaincue que je serais devenue première ministre, mais en fin de compte j’ai décidé de devenir enseignante pour pouvoir faire la différence. J’espère, que ma perspective ne se réalisera pas entièrement, ce qui donnera un excellent exemple de la façon de faire la différence à un niveau plus élevé.
J’enquiquine mes amis, en les poussant à voter depuis les premières élections où nous étions en âge de voter. Je me heurte constamment au désenchantement et à l’apathie parce que nous avons l’impression que notre voix n’est guère écoutée ou carrément ignorée. Je sais que ce n’est pas nécessairement délibéré, mais c’est en tout cas l’impression que l’on a. Une fois que j’ai obtenu mon permis de conduire, j’ai proposé aux gens de les accompagner au bureau de vote, mais la réaction était du genre, « Bof... je ne sais pas. »
L’espoir de réforme électorale donne la possibilité de redynamiser la participation du public. Je sais que mes amis et mes étudiants sont excités à l’idée que notre vote a un sens. Ce n’est pas seulement excitant, je pense que c’est la seule façon possible de continuer dans la voie des promesses que je fais tous les jours à mes étudiants et que notre premier ministre nous a faites à savoir que les voix de tous les Canadiens comptaient.
Merci beaucoup.
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Je m'appelle Shelby. Je suis ici au nom de BYTE-Empowering Youth Society.
Pour ceux d'entre vous qui sont en visite au Yukon, BYTE est une organisation pour les jeunes et par les jeunes, qui travaille depuis bientôt 20 ans au contact de la jeunesse du Yukon. Notre travail vise à donner aux jeunes la possibilité de devenir autonomes, de faire entendre leur voix et de les aider à créer le changement dans leur communauté.
Nous mettons en oeuvre différents moyens, l'un d'entre eux étant la campagne menée sous le nom de Yukon Youth Want, soit ce que veulent les jeunes du Yukon. Nous parlons aux jeunes du Yukon de leur vision de l'avenir du Yukon et en général on le fait en marge de notre campagne. Nous affichons ces photos sur nos médias sociaux pour tenter de montrer aux dirigeants politiques ce que pensent les jeunes.
On m'a invitée à venir ici pour vous parler de l'engagement des jeunes. Pour avoir mené cette campagne pendant plusieurs années, l'idée que nous avons que la jeunesse est apathique en matière d'engagement politique et civique n'est qu'un mythe. Nous voyons tous les jours sur notre territoire universel des études universitaires qui le démontrent également. Je ne sais pas si vous avez lu l'étude Samara Canada, mais il ressort de cette étude que le pourcentage de jeunes Canadiens ayant un engagement politique officiel est beaucoup plus élevé que parmi leurs aînés. Le rapport examine également d'autres formes d'engagement civique comme l'activisme et le travail volontaire pour des organismes de charité. Là encore, les taux de participation des jeunes sont parfois beaucoup plus élevés également.
Cela m'amène à poser une question que beaucoup d'entre vous vous posez: si les jeunes sont tellement engagés, pourquoi ne votent-ils pas? Rien sans doute de ce que je vais vous dire ne vous surprendra, mais c'est le résultat, je pense, d'un cercle vicieux dans lequel les jeunes ne votent pas parce que les responsables politiques ne s'adressent pas à eux et les responsables politiques ne s'adressent pas à eux parce qu'ils ne votent pas.
Le degré de participation des jeunes qui avaient été contactés par des dirigeants politiques était plus élevé de 15 % que pour les jeunes qui ne l'avaient pas été, ce qui indique que les partis et les candidats doivent réellement établir un contact direct pour améliorer le taux de participation des jeunes, qui sont beaucoup plus susceptibles de voter s'il est facile d'obtenir les documents nécessaires, s'ils savent où ils doivent déposer leur bulletin de vote et s'ils ont les moyens de s'y rendre facilement. Il peut être difficile pour beaucoup de jeunes de donner une preuve de domicile, en particulier s'ils sont à l'université, au collège ou qu'ils déménagent presque à chaque année. Dans certains cas les bureaux de vote sont inaccessibles. On m'a parlé d'une communauté qui n'avait pas de bureau de vote, les gens devaient se transporter à une heure de là pour pouvoir déposer leur bulletin. Beaucoup de jeunes ne sont pas en mesure de le faire.
Ce qui m'amène au sujet de la réforme électorale. Je suis une fervente partisane de l'abaissement de l'âge du vote. Les jeunes paient des impôts et sont affectés tous les jours par les politiques que nous menons. Dans notre territoire, ils sont engagés politiquement et physiquement. Ils forment des clubs de justice sociale dans leurs écoles. Ils recueillent de l'argent pour des actions qui leur semblent importantes. Et je le répète, il y a cette étude qui prouve qu'ils sont engagés.
De plus, voter est une habitude. Si nous leur apprenons à voter lorsqu'ils sont à l'école secondaire et qu'on supprime certaines des barrières à partir du moment où ils ont une adresse permanente et qu'ils vont à l'école, qu'ils ont des personnes qui s'occupent d'eux et peuvent les aider, nous pouvons les habituer à un plus jeune âge et faire en sorte qu'ils participent davantage quand ils sont plus grands.
Je voudrais également ajouter que la participation des jeunes augmente lorsque les jeunes pensent que l'enjeu est important et qu'ils croient que chaque vote compte. Nous sommes tous ici aujourd'hui, je crois, parce que nous savons que le système majoritaire uninominal n'accorde pas le même poids à chaque vote.
Pour terminer, j'aimerais simplement déclarer, en tant que représentante de la jeunesse et étant moi-même une électrice de moins de 30 ans, que les jeunes veulent que nos hommes politiques entrent en communication avec eux en dehors de la période des élections. À part une réforme électorale, nous voulons que le vote soit plus qu'une expérience de nature transactionnelle. Nous ne voulons pas seulement avoir des nouvelles de nos députés quand ils veulent quelque chose de notre part. Je pense qu'une façon d'amener les jeunes à participer en plus grand nombre aux élections serait d'être présents les autres années de vos mandats.
J'ai terminé.
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Je vous remercie, monsieur le président, mesdames et messieurs du Comité spécial sur la réforme électorale. Comme vous le savez, nous nous trouvons sur le territoire traditionnel de la Première Nation Kwanlin Dün et du Conseil des Ta’an Kwäch’än.
Merci d'être venus au Yukon. Ayant participé au cours des années à divers groupes de discussion et commissions, il semble y avoir une constante, c'est-à-dire que ce n'est jamais le bon moment pour nous rendre visite. Les Yukonnais, à cette époque de l'année, sont bien sûr occupés à préparer la visite royale imminente, laquelle débute demain. Nos nombreux accros de la politique sont soit avec nous ici ce soir ou en train d'écouter le débat Clinton-Trump. Beaucoup de nos adeptes des sports, bien sûr, sont absorbés par la Coupe mondiale de hockey. Il ne reste plus beaucoup de temps aux Yukonnais pour abattre un orignal. La question qui brûle les lèvres des Yukonnais, c'est de savoir s'ils ont bûché assez de bois pour passer l'hiver. Ma femme n'avait pas le temps de venir ce soir, parce qu'elle devait cueillir les dernières airelles avant la première neige. Donc, la foule réunie ce soir montre l'intérêt pour la réforme électorale au Yukon, étant donné toutes ces autres activités qui auraient pu occuper les Yukonnais une soirée comme ce soir.
À titre de conseiller principal sur la réforme électorale auprès du gouvernement du Yukon, dans le rapport publié le 1er février 2005, je conclus qu'à mon avis, à un moment donné de l'histoire du Yukon, la population yukonnaise exprimera haut et fort à ses dirigeants sa volonté de revoir le système électoral, et je laisse entendre que toute initiative du genre ne donnera des résultats qu'à la condition d'une pleine participation du gouvernement du Yukon et de tous les gouvernements des Premières Nations du Yukon. Le rapport mentionne également que M. Dave Brekke, ancien directeur du scrutin au Yukon, avait proposé d'organiser et de promouvoir un groupe de citoyens du Yukon favorables à un changement des systèmes électoraux, qui pourraient annoncer le début d'un mouvement pour un vote plaçant le Yukon au premier rang. On m'a dit que vous avez entendu M. Brekke cet après-midi. Ses idées remontant à une décennie, elles se sont certainement réalisées jusqu'à un certain point au Yukon.
Vous avez maintenant entendu des experts nationaux et internationaux vous parler des quelque 300 modes différents de représentation proportionnelle conçus un peu partout dans le monde. Les deux plus populaires sont le vote unique transférable et la représentation proportionnelle mixte compensatoire. Vous serez heureux d'apprendre que je n'ai nullement l'intention d'essayer de remettre en question leur expertise devant vous ce soir.
J'aimerais simplement, pour ne pas trop prendre de votre temps, vous soumettre des points de vue nordiques et yukonnais dont vous devrez tenir compte lors de vos délibérations. Le mode proportionnel d'élection des députés ne me pose aucun problème. Je ne vois tout simplement pas, pour le moment, une solution à la proportionnalité véritable dans les vastes circonscriptions canadiennes peu peuplées.
J'aimerais souligner quelques faits yukonnais dont vous avez peut-être entendu parler aujourd'hui. Le nombre total d'électeurs dans les trois territoires septentrionaux du Canada, lesquels couvrent plus d'un tiers des masses continentales du pays, est moindre que le total des électeurs dans bien des circonscriptions au pays. Les Yukonnais ont élu la deuxième femme à siéger au Parlement, Martha Louise Black. Les Yukonnais ont choisi la première femme au poste de chef d'un parti provincial-territorial, Hilda Watson. La députée yukonnaise Audrey McLaughlin est devenue la première femme à la tête d'un parti politique national; 76 % des électeurs admissibles au Yukon ont voté lors de la dernière élection fédérale, précédés en cela des Princes-Édouardiens, avec 77,4 %; finalement, plus de 75 % des électeurs admissibles au Yukon ont voté lors des 10 dernières élections territoriales. Les commissions de délimitation des circonscriptions électorales au Yukon ont judicieusement dessiné, au cours des années, des circonscriptions adaptées avec sensibilité aux communautés d'intérêts. On a ainsi généré une forte participation électorale dont tous les Yukonnais sont très fiers, avec raison, et que beaucoup d'autres territoires et de provinces ne peuvent que leur envier.
Permettez-moi d'expliquer rapidement comment la version yukonnaise d'une réforme électorale a occupé une grande place dans le développement constitutionnel du Yukon au cours des années. En 1969, l'Assemblée territoriale et le commissaire se sont rendus à Ottawa pour discuter de la formation d'un embryon de cabinet yukonnais avec le premier ministre Trudeau et le ministre d'alors des Affaires indiennes et du Nord canadien, Jean Chrétien. Les négociations ont été couronnées de succès et le Conseil exécutif a vu le jour, composé de deux membres de l'Assemblée, de deux adjoints au commissaire et du commissaire en qualité de président.
En 1973, le Conseil des Indiens du Yukon présentait ses revendications territoriales au gouvernement du Canada dans un document, intitulé Together Today for Our Children Tomorrow. Il restait cependant un obstacle infranchissable à la formation d'un gouvernement responsable au Yukon. Même si, entre guillemets, les Indiens inscrits avaient été émancipés en 1960, aucun membre des Premières Nations n'avait été élu à l'Assemblée territoriale.
C'est tout à son honneur que le gouvernement fédéral ait admis qu'en l'absence d'un changement radical de la Loi sur le Yukon, il ne serait pas possible, dans un proche avenir, de créer des circonscriptions où seraient élus des députés des Premières Nations. Néanmoins, des changements profonds ont été finalement apportés à la Loi sur le Yukon en 1974. La taille de l'Assemblée est passée à 12 députés et le commissaire a reçu la permission d'en augmenter la taille, jusqu'à concurrence de 20 députés. Le 18 avril 1974, l'Assemblée créait la Commission de délimitation des circonscriptions électorales, laquelle, pour la première fois, devait ainsi prendre en considération la composition démographique du Yukon lors de la création de nouvelles circonscriptions électorales.
La commission a fini par recommander 12 circonscriptions, dont, pour la première fois, au moins trois comptaient une majorité d'électeurs des Premières Nations. Les limites des circonscriptions ont été rajustées après la parution du rapport de la Commission de délimitation des circonscriptions électorales le 28 octobre 1977, qui accordait 16 circonscriptions, dont au moins cinq comptaient une majorité d'électeurs des Premières Nations.
Le scrutin de 1978 a été le premier à mettre des partis en concurrence au Yukon, le premier à être entièrement organisé par le gouvernement du Yukon et le tout premier à élire des députés des Premières Nations dans les circonscriptions d'Old Crow et de Kluane. J'ai parlé à quelques responsables de ces commissions. Bien que tous aient maintenu n'avoir jamais, bien sûr, demandé un remaniement arbitraire des circonscriptions, ils étaient tout à fait conscients que la progression vers un gouvernement responsable et un règlement des revendications territoriales du Yukon constituaient d'importants facteurs à prendre en compte dans leurs décisions. Cela fait moins de 40 ans que des membres des Premières Nations ont été élus au Yukon, et il faut admettre que les décisions relatives aux limites des circonscriptions électorales prises en 1974 et en 1978 ont changé à jamais le visage de la politique au Yukon et les élections au Yukon.
Je souligne ces éléments simplement pour vous donner une idée de la manière dont les Yukonnais ont pris des décisions électorales importantes de leur propre chef dans le passé, en insistant sur des modifications à la législation fédérale et en utilisant ensuite les processus finalement disponibles pour apporter de façon spectaculaire des réformes majeures aux institutions gouvernementales du Yukon.
Pour terminer, je sais que vous envisagé les systèmes hybrides pour résoudre les problèmes d'une faible démographie dans des zones géographiques immenses dans les circonscriptions essentiellement nordiques. Ce genre de circonscriptions différentes, certaines uninominales, avec toujours un scrutin majoritaire uninominal, et les autres plurinominales, avec une forme ou l'autre de représentation proportionnelle, ont été rejetées d'un revers de la main par les assemblées citoyennes en Colombie-Britannique. Les membres de ces assemblées s'opposaient à la création de deux catégories d'électeurs et de deux sortes de députés.
Si je me souviens bien, lors des référendums sur le vote unique transférable en Colombie-Britannique, les circonscriptions du nord ont été celles qui ont défendu le plus farouchement le scrutin majoritaire uninominal et ont voté en grand nombre contre la recommandation d'un vote unique transférable. Il sera intéressant, pour les circonscriptions du nord, de voir comment votre comité va tenter de solutionner ce problème très épineux. Je n'arrive tout simplement pas à piger comment une véritable proportionnalité peut être conçue pour les vastes régions faiblement peuplées de notre pays. Je pense que la plupart conviendront que le scrutin préférentiel n'est qu'une variante du scrutin uninominal majoritaire à un tour. Je ne crois pas qu'il existe un véritable scrutin proportionnel qui n'exige pas, dans son application pratique, des circonscriptions plurinominales. Est-ce possible dans les circonscriptions urbaines? Bien sûr. Est-ce possible dans les circonscriptions du nord? Je ne vois tout simplement pas, pour le moment, comment on peut y arriver.
Je vous remercie d'être venus voir ce Yukon grouillant d'activités et aimé de tous. Un travail incroyablement important, significatif et difficile vous attend. Je ne pense vraiment pas que j'aimerais être à la place de mon ami Larry en ce moment.
Des voix: Oh, oh!
C'est un plaisir de revoir plusieurs d'entre vous ici ce soir. Merci de me visiter dans mon nouveau chez-moi.
[Traduction]
Étant donné que je représente ici le NPD fédéral, j'utiliserai le plus souvent l'anglais pendant mon exposé, mais n'hésitez pas à me poser des questions dans la langue officielle de votre choix. J'utiliserai parfois le français.
À l'instar de beaucoup de Canadiens et de Yukonnais, je considère le scrutin uninominal majoritaire à un tour comme étant dépassé. Trop souvent, il amène les électeurs à voter contre ce qu'ils ne veulent pas plutôt que de voter pour ce qu'ils souhaitent. Ce mode de scrutin semble aussi attiser l'apathie des électeurs, qui ont le sentiment que leur vote ne compte pas et que leur voix n'est pas entendue, car tout un paquet de votes sont écartés. Bien sûr, beaucoup de ces Canadiens se demandent pourquoi ils iraient voter si leur suffrage ne compte pas. La représentation proportionnelle, où chaque vote influe sur le résultat du scrutin, renforcerait la démocratie canadienne.
La représentation proportionnelle peut prendre plusieurs formes, dont un grand nombre assurent la représentation régionale, ce qui est important dans un pays de la taille du Canada et assurément très important dans le nord également. En tant que membre de longue date du NPD, je suis très fière de faire partie d'un parti qui croit en la lutte constante pour l'équité et la représentativité de notre régime politique.
[Français]
À l'époque où j'étais encore députée et où je siégeais aux côtés de certains d'entre vous, mon collègue Craig Scott avait présenté une motion de l'opposition, en décembre 2014, pour demander qu'on procède rapidement à une réforme électorale d'envergure, et qu'on remplace le mode de scrutin actuel par un mode de scrutin proportionnel mixte. Sa proposition n'avait pas été adoptée, mais elle avait quand même reçu certaines formes d'appui.
Cela démontre à quel point le NPD travaille depuis déjà longtemps en vue d'une réforme électorale.
[Traduction]
Le NPD est un ferme défenseur d'une réforme électorale où chaque électeur compte. Nous croyons que la représentation proportionnelle est le meilleur choix pour le Canada et pour les Canadiens.
Ce système offre aux Canadiens l'occasion de donner un poids véritable à leur vote. Au lieu d'un système qui exige seulement d'atteindre un certain seuil de soutien pour gagner, que ce soit la majorité absolue ou la majorité ordinaire, la représentation proportionnelle veille à ce que les partis politiques qui obtiennent le soutien populaire reçoivent une part équitable des sièges au Parlement. Ce n'est pas le cas actuellement. Ce n'est pas le cas depuis la fondation de ce pays, et c'est certainement le temps de changer les choses.
La représentation proportionnelle est un mode de scrutin qui a fait ses preuves. Plus de 80 % des pays de l'OCDE utilisent une forme ou l'autre de cette méthode, et notamment l'Allemagne, la Suède et la Nouvelle-Zélande. Beaucoup de pays qui appliquent la représentation proportionnelle ont également la représentation locale, ce qui est essentiel dans un pays aussi vaste que le Canada.
Les partis politiques qui fonctionnent dans un système de représentation proportionnelle ont appris à faire quelque chose que nous tous voulons faire plus souvent, soit travailler ensemble et trouver des terrains d'entente.
[Français]
Le système actuel encourage la partisanerie. Je l'ai constaté au cours de mon expérience de parlementaire, et vous le vivez certainement encore tous les jours, chers collègues. Souvent, la défense d'une idéologie particulière prend le dessus et devient plus importante que la défense des intérêts des Canadiens. C'est pourtant pour cette dernière raison que les parlementaires sont élus.
[Traduction]
En votant pour un parti et un candidat, les Canadiens choisiront du coup leurs représentants locaux préférés au lieu de devoir choisir entre les défenseurs locaux d'une cause et un parti politique, ce qui représente très souvent un choix difficile.
La réforme électorale est également un enjeu important pour les groupes qui revendiquent l'égalité, telles les femmes du Canada. Dans un rapport rédigé en 2002 pour l'Association nationale de la femme et le droit, Nancy Peckford a écrit que les femmes canadiennes seraient bien représentées dans un système de représentation proportionnelle. Les femmes canadiennes ont lutté pour avoir le droit de voter et le droit de se porter candidate. Nous luttons toujours pour l'égalité. Un changement structurel du mode de scrutin donnera aux femmes une meilleure chance de se faire entendre et d'être représentées. Actuellement, les femmes sont encore sous-représentées au Parlement. Les principaux décideurs et les représentants élus ne sont pas toujours réceptifs aux demandes des femmes en faveur d'une égalité politique, sociale et économique.
Je crois que s'il y avait un plus grand nombre de femmes au Parlement, nous aurions déjà un programme national de garderies à prix abordable. Mais nous sommes encore largement sous-représentées, donc il reste beaucoup de travail à faire. Il est possible d'avoir des listes comprenant un plus grand nombre de femmes, donc un système électoral plus représentatif qui entraînerait un accroissement du nombre de femmes au pouvoir. De même, là où il y a un modèle électoral à représentation proportionnelle, nous assistons à une plus large coopération entre les partis en vue d'obtenir l'égalité des femmes.
La représentation proportionnelle est un principe unificateur parmi une variété de modes de scrutin, donc beaucoup de pays exigent que les listes de parti comprennent un nombre égal d'hommes et de femmes. C'est une sorte de réforme structurelle nécessaire pour favoriser l'égalité des femmes. Le gouvernement fédéral a franchi une première étape importante en formant un cabinet composé d'un nombre égal d'hommes et de femmes, mais il reste un long chemin à parcourir.
En conclusion, je veux simplement dire quelques mots sur le vote préférentiel ou le vote alternatif. On le présente comme un système qui sera plus juste et qui permettra aux Canadiens de se faire entendre, mais il ne faut pas se fier aux apparences. Le vote préférentiel est simplement une variante du vote majoritaire uninominal à un tour, donc, même si le vote préférentiel oblige à obtenir la majorité absolue pour gagner, le reste des votants sont laissés sans porte-parole dans le nouveau Parlement. La situation ressemble en gros à celle que nous dénonçons actuellement. C'est pourquoi le vote préférentiel, à mon avis, et de l'avis du NPD, ne semble pas une solution. Il ne fait que perpétuer les défauts du système électoral actuel que le peuple veut voir changé.
Avec la représentation proportionnelle, chaque parti obtient la même proportion des voix au Parlement que la proportion des suffrages obtenus, donc c'est juste.
Le mode actuel de scrutin déforme les résultats de l'élection en accordant de fausses majorités à des partis qui n'ont pas gagné la confiance de la majorité des votants. Cette déformation des résultats électoraux crée un malheureux sentiment d'apathie des électeurs. Avec la représentation proportionnelle, chaque vote compte parce que votre vote pour un parti est recensé, que votre candidat préféré gagne ou non.
Je vous remercie beaucoup de votre temps.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Mesdames, messieurs, soyez les bienvenus à ce comité.
Permettez-moi de saluer particulièrement Élaine Michaud, ancienne députée de Portneuf—Jacques-Cartier, la circonscription voisine de la mienne. Je pense que la dernière fois que nous nous sommes vus, c'était dans un débat à CHOI-FM, il y a bientôt un an. Elle a été ma codéputée fédérale alors que j'étais au gouvernement provincial. Le tiers de ma circonscription provinciale était dans cette circonscription.
Je me disais tout le temps que je ne serais jamais capable d'être député de Portneuf—Jacques-Cartier, car c'est une circonscription beaucoup trop grande. Elle a à peu près 75 kilomètres de large. Elle monte du fleuve Saint-Laurent jusqu'à L'Étape. Cela n'a pas de sens. Je trouvais cela immense comme circonscription, jusqu'à ce que je vienne ici, au Yukon, bien entendu.
Monsieur le président, je tiens à m'adresser à M. McKinnon.
[Traduction]
Je tiens à vous rendre hommage, monsieur, pour ce que vous avez fait pour votre pays, spécialement ici dans votre territoire, et pour vos terres. Je vous en suis très reconnaissant. Nous nous souvenons tous qu'il y a 11 ans, en 2005, vous étiez conseiller spécial d'un comité sur la réforme électorale et que vous avez, cette année-là, publié un rapport déposé par le gouvernement au pouvoir à l'époque.
Tout d'abord, y a-t-il des leçons tirées de votre expérience il y a 10 ans que nous pourrions mettre en application aujourd'hui dans le cadre de ce comité?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie également les trois témoins de leur présentation ainsi que tous les gens qui se sont déplacés ce soir.
J'avise les interprètes que même si je parle français, je vais utiliser l'expression first past the post, parce que c'est plus punché et plus rapide que de parler du système uninominal majoritaire à un tour.
Le comité spécial a reçu le mandat d'étudier la question d'un nouveau mode de scrutin pour la fédération canadienne. Le premier ministre, lors de la campagne électorale, a été très clair. Il a dit que l'élection fédérale de 2015 serait la dernière avec le système first past the post, et ce, pour des raisons très évidentes. Ce système crée de fausses majorités et des distorsions importantes de la volonté de l'électorat, des citoyens et des citoyennes. Ces fausses majorités font en sorte qu'on trahisse la volonté populaire. Les résultats n'ont plus rien à voir avec la réalité, avec les choix des gens et avec leur volonté que leur voix soit représentée au Parlement.
Madame Michaud, vous proposez un système proportionnel mixte qui viendrait en partie résoudre ces problèmes, tout en gardant le lien avec l'élu local, ce que tout le monde souhaite. Cependant, il y a plusieurs manières de le faire: soit par des listes provinciales, régionales ou alors par des circonscriptions plus vastes — peut-être pas pour le Yukon — avec trois, six ou sept députés par grande circonscription.
Lequel des deux systèmes privilégiez-vous?
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Je vis au Yukon depuis plus de 50 ans. Je suis venu ici comme éducateur, comme directeur d'école, et j'ai pris ma retraite comme administrateur d'école. Je me suis toujours intéressé à la politique, d'une façon ou d'une autre.
J'ai vraiment profité du moment de ma retraite et j'ai décidé que j'avais peut-être quelque chose à apprendre. Je suis allé en politique et je suis devenu ministre au gouvernement à ce moment-là, soit en 2000. Je n'ai occupé mes fonctions de ministre que pendant deux ans et demi, parce qu'essentiellement, je remettais le système en question. Je remettais le chef en question.
Le système uninominal majoritaire à un tour peut presque s'apparenter à une dictature lorsque les dirigeants ne savent pas comment traiter avec les gens. Vous devez vous rappeler que j'étais un administrateur d'école, ce qui m'appelait à traiter avec des gens tout le temps. Essentiellement, il fallait collaborer, travailler ensemble, et non pas essayer de jouer au plus fort. Nous avons beaucoup de chance ici d'avoir un député qui collabore, mais cela n'est pas toujours le cas. Essentiellement, dans le système politique territorial, la situation est encore pire. De nombreuses personnes au Yukon, et je dois dire que j'ai frappé à de nombreuses portes, nous disent: « Nous n'avons pas besoin de politique partisane ici au Yukon ». Avec 15 000 électeurs, les problèmes à résoudre sont nombreux. On est appelé à rencontrer ces gens tout le temps, que l'on gagne, perde ou se retire.
Ce qui importe pour moi, c'est que nous avons besoin d'un changement. Je ne vous dirai pas quel genre de changement est nécessaire, parce que les modèles sont nombreux. Nous en avons d'ailleurs parlé aujourd'hui.
Je suis heureux de pouvoir vous faire part de mes préoccupations. De nombreux Yukonnais veulent un changement. Ce changement peut prendre une forme ou une autre, mais nous devons nous assurer qu'il rend compte de la situation dans le nord.
Merci.
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Tout d'abord, je tiens à vous souhaiter la bienvenue à tous et à remercier le comité de s'être déplacé à Whitehorse. J'aimerais aussi remercier toutes les autres personnes qui ont participé au processus, de façon réfléchie et respectueuse.
Aucune solution ne sera parfaite, et il y aura toujours des mécontents, peu importe le résultat de ce que vous mettez de l'avant ou de ce que le gouvernement finira par mettre de l'avant. Si une solution est adoptée, il y aura encore des Canadiens qui seront mécontents pour diverses raisons.
Je crois que nous avons besoin d'un système qui garantira une représentation locale et qui sera uniforme dans l'ensemble du pays, parce que nous devrons aussi défendre ce système. Il doit fonctionner dans les circonscriptions rurales et urbaines. Une des questions soulevées en ce qui a trait au nord est que, si nous obtenons un statut spécial, il faudra le défendre. À peu près le tiers des circonscriptions du pays sont rurales. Il faut quelque chose qui peut fonctionner dans l'ensemble du pays.
Le système doit aussi être facile à comprendre et à communiquer, certains des systèmes proposés ici étant tout sauf cela.
Il y a aussi des enjeux constitutionnels, un certain nombre de secteurs de compétence ayant un nombre de sièges garanti en fonction du nombre de sénateurs. Certains des changements proposés pourraient entraîner des problèmes constitutionnels. Je ne crois pas que personne souhaite rouvrir la Constitution.
Lorsque l'on pense au Yukon, où nous avons seulement un siège, tout comme les autres territoires, ou même aux provinces plus petites, qui ont 4, 7, 10 ou 11 sièges, nous voyons que ce ne sont pas toutes les solutions proposées qui sont applicables tout en maintenant une représentation locale. Avec une représentation proportionnelle, ou une représentation proportionnelle mixte, comment les territoires ne détenant qu'un siège pourraient-ils élire leur député? Par conséquent, il n'y a que deux solutions possibles qui fonctionneraient dans les territoires. L'une d'elles est l'actuel système uninominal majoritaire à un tour. Comme nous l'avons vu depuis 1979, les trois territoires ont élu des députés des trois partis nationaux. Le processus a fonctionné pour tous les grands partis. L'autre option possible est le scrutin préférentiel. Je crois que la majorité des experts qui se sont prononcés et ceux qui ont parlé d'un scrutin préférentiel favorisent le Parti libéral, comme parti centriste par rapport aux autres partis.
En ce qui a trait à la question d'un référendum, on a prétendu que 68 % des Canadiens ont voté pour l'un des partis proposant des changements au système électoral. Toutefois, les trois partis n'ont pas proposé le même type de changements. Des sondages récents ont démontré qu'entre 55 % et 73 % des Canadiens favorisaient un référendum si on devait changer de système de scrutin.
Enfin et surtout, notre démocratie est beaucoup trop précieuse pour que nous laissions moins de 1 % des Canadiens décider de la façon dont nous allons élire notre gouvernement pour les générations à venir.
Merci de m'avoir donné la parole.
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Bonsoir. Je m'adresse à vous ce soir à la fois comme mère de deux adolescents de 16 et 18 ans, mais aussi comme quelqu'un qui a grandi dans le sud de l'Ontario, dans des circonscriptions comptant un très grand nombre d'électeurs. J'ai aussi vécu dans le nord, plus précisément dans les Territoires du Nord-Ouest, où j'ai fait l'expérience de ce système, et je vis maintenant au Yukon.
Je m'adresse aussi à vous comme analyste politique. Dans cette optique, j'ai eu une discussion avec M. Aldag pendant la pause. Ici au Yukon, nous faisons les choses en collaboration. Il en va de même dans les Territoires du Nord-Ouest. Essentiellement, avec une petite population, il est essentiel de travailler ensemble. Nous nous connaissons tous personnellement. La moitié du temps quand quelqu'un me demande le nom de famille d'une personne, je réponds: « Je ne sais pas. C'est , notre député ». C'est comme cela que nous fonctionnons ici. Nous avons besoin les uns des autres.
Il y a autre chose toutefois. Lorsque nous avons dû prendre des décisions réellement difficiles, nous l'avons fait, même si la solution était complexe, en déterminant d'abord essentiellement les valeurs que nous souhaitions conserver et les principes. Ce n'est qu'après que nous nous sommes assis pour trouver la formule, une formule mathématique, pas un système simple. Pour tenir compte des collectivités rurales, ainsi que des municipalités plus importantes, c'est ce que nous avons dû faire.
Par la suite, nous avons soumis cela à tous, parce que tous avaient le droit de savoir et de se prononcer. Puis, nous avons pu vérifier et dire: « Soit dit en passant, cela respecte ces valeurs-là. Cela respecte ces principes-là ». Nous pouvions le prouver. Nous avons dû essentiellement montrer les calculs, afin que les gens puissent constater ce que cela représentait pour eux. Ils avaient besoin de ce genre d'exemple.
En ce qui a trait aux jeunes, je suis désolée, mais une part importante de la solution réside effectivement dans le système d'éducation, ainsi que dans une expérience concrète de la chose. Même un enfant à la maternelle se rappelle ce genre d'événement. Nous avons donc amené nos enfants avec nous chaque fois que nous sommes allés voter.
Merci.
:
Bonsoir. Je suis honorée et enchantée de pouvoir m'adresser au comité ce soir. Votre présence ici et votre mandat sont extraordinaires. Cela me donne de l'espoir.
J'ai trois points à soulever. J'espère que je pourrai le faire en deux minutes.
Tout d'abord, en ce qui a trait à la proposition de soumettre la décision à un référendum, qui, si je ne m'abuse, est préconisée par au moins un parti, je m'y oppose fermement. Je crois qu'il s'agit d'une façon détournée et un peu lâche de changer le système. Les libéraux ont été élus selon un programme clair de changement du système électoral, et c'est là tout ce qu'il faut pour le changer dans les faits.
En deuxième lieu, je suis fermement en faveur de la représentation proportionnelle. Je n'endosse pas de système particulier, étant donné que je ne suis pas une experte du domaine, mais j'aimerais vous faire part de mon expérience du système uninominal majoritaire à un tour. J'ai voté à chaque élection pour laquelle j'avais le droit de vote, sauf la dernière, parce que j'étais en voyage. Jamais personne pour qui j'ai voté n'a été élu. Cela vient peut-être du fait que mes valeurs ne correspondent pas à celles d'un grand nombre de Canadiens. En même temps, je crois que je devrais avoir une voix au sujet de mes valeurs, de mes opinions et de ce que je veux voir notre gouvernement faire.
En troisième lieu, comme un grand nombre des membres du comité semblent mettre l'accent sur la question de la représentation locale par rapport à la représentation proportionnelle, et plus particulièrement sur le témoignage de M. McKinnon, je souhaite me prononcer à ce sujet. Dans notre système actuel, avec le scrutin et le pouvoir centralisés dans le bureau du premier ministre, je n'accorde pas beaucoup d'importance à la représentation locale, et certainement pas à la mise en place d'un système de représentation proportionnelle.
J'aimerais mentionner que j'ai collaboré avec la section du Yukon de Représentation équitable. Nous avons obtenu des centaines de signatures de pétition pour que le gouvernement territorial se penche sur une réforme électorale. Je ne suis donc pas la seule à accorder la priorité à la réforme électorale, s'il y a un choix à faire, par rapport peut-être à une représentation locale forte.
Merci.
:
Merci à tous pour votre travail ici. Il est réellement encourageant que nous discutions de cette question.
Je participe aux élections depuis l'âge de 10 ans. J'ai grandi à Edmonton et je vis ici depuis maintenant 16 ans. J'ai fait beaucoup de porte-à-porte dans les deux camps.
Je crois réellement que les gens souhaitent que leur vote compte. Nous avons besoin d'une forme de représentation proportionnelle, peut-être une représentation proportionnelle mixte, mais je ne suis pas une experte de la question. Je ne sais pas comment cela fonctionnerait au Yukon, mais nous avons réellement besoin d'un scrutin équitable et proportionnel.
Lorsqu'un gouvernement qui n'a pas la majorité peut nuire à l'environnement comme l'a fait le précédent gouvernement fédéral, nous avons un grave problème. Nous n'avons pas une démocratie fonctionnelle. Il existe de nombreux autres exemples de cela. Il n'est pas juste que des personnes qui forment le gouvernement puissent faire fi de l'ensemble de l'opposition. Au moins, lorsque le gouvernement est minoritaire, les gens se parlent et doivent coopérer, faire des compromis et écouter tous les points de vue. Cela est plus équitable, pas parfait, mais beaucoup plus équitable et beaucoup plus approprié et juste.
Je ne crois pas qu'il devrait y avoir un référendum. Le a été très clair, au moment des élections d'octobre dernier, en disant qu'il s'agissait du dernier scrutin majoritaire uninominal à un tour. Il faut aller de l'avant avec ce mandat de changement.
Je crois aussi qu'il ne devrait pas y avoir de scrutin forcé, ni d'amende imposée aux gens. Les gens qui ne votent pas ont tendance à être ceux qui ne sont pas réellement au courant de ce qui se passe; je crois donc qu'ils ne devraient pas être forcés de voter.
Je viens de quitter mon travail... que je faisais depuis de nombreuses années auprès de personnes désavantagées et ayant des difficultés au chapitre du logement. Notre marché du logement est très serré, et il est injuste de priver de leur droit de vote des personnes qui n'ont pas d'adresse leur permettant de l'exercer. C'est ainsi que des personnes sont privées de leur droit de représentation.
Merci de votre attention.
:
J'aimerais vous remercier, ainsi que le Comité spécial sur la réforme électorale, de la tenue de cette réunion aujourd'hui.
J'aimerais pouvoir vous dire que je suis heureux d'être ici ce soir pour participer à ce qui est peut-être le dialogue le plus important que les Canadiens ont eu au sujet de la démocratie canadienne, mais ce n'est pas le cas, monsieur le président. En fait, je suis loin d'être heureux d'être ici aujourd'hui. Je suis là parce que le Parti libéral du Canada tente de modifier la démocratie canadienne sans le consentement de la population.
Les Canadiens doivent savoir que les libéraux ont l'intention de changer la démocratie canadienne au moyen simplement d'un vote majoritaire à la Chambre des communes. Les Canadiens savent que notre droit de vote est l'un des plus importants droits que nous avons dans ce pays. La démocratie canadienne est l'une des démocraties les plus stables et enviées dans le monde, et les libéraux ont l'intention de faire adopter une modification et une réforme sans précédent de notre démocratie sans le consentement des gens.
Les électeurs doivent avoir leur mot à dire. Si la démocratie canadienne doit être modifiée de façon fondamentale, cela doit se faire au moyen d'un mandat direct de la population. La seule façon de s'assurer que tous les Canadiens ont leur mot à dire au sujet d'un changement aussi important est un référendum national sur la réforme électorale. Il s'agit du seul moyen de s'assurer que chaque Canadien a son mot à dire, mais les libéraux refusent de tenir un référendum.
Le simple fait que les libéraux envisagent de modifier notre démocratie sans même tenir un référendum, ce simple fait démontre clairement le mépris complet des libéraux à l'égard de la volonté de l'électorat — le peuple, monsieur le président, la population. Notre démocratie appartient à la population et non pas au Parti libéral du Canada.
Il existe déjà des précédents dans les provinces en ce qui a trait à la tenue d'un référendum lorsqu'une réforme électorale est envisagée. En Colombie-Britannique, à l'Île-du-Prince-Édouard et en Ontario, on a tenu des référendums sur la réforme électorale. Les discussions et les réunions qui ont lieu actuellement représentent simplement une tentative des libéraux de valider leur processus illégitime et de ne pas tenir compte de la volonté des Canadiens. Ce soi-disant processus de consultation ne peut pas remplacer un mandat direct de la population.
Monsieur le président, on parle là de la valeur de notre vote. Il n'y a qu'une façon de consulter chaque Canadien, et il faut tenir un référendum national sur la réforme électorale.
Merci, monsieur le président.