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La séance est ouverte. Bienvenue à la 37
e réunion du Comité spécial sur la réforme électorale. Il est difficile de croire que nous nous sommes déjà réunis si souvent, mais nous avons été très occupés depuis… je crois que c’était juin ou juillet.
Pour information des témoins, nous nous sommes réunis assez souvent durant l’été à Ottawa, et très souvent en août.
Nous sommes maintenant en tournée depuis deux semaines et demie. Nous sommes heureux d’être à St. John's, Terre-Neuve. On dirait que, partout où nous allons, il fait beau. Peut-être que nous apportons du beau temps. C’est de bon augure pour notre rapport.
Nous avons un premier groupe de trois témoins ici aujourd’hui: Amanda Bittner, professeure associée à l’Université Memorial, ainsi que Christopher Dunn et Robert Ring.
Je vais expliquer rapidement comment nous allons procéder. Chaque témoin aura cinq minutes pour présenter un exposé. Nous aurons ensuite une période de questions, où chaque membre du Comité aura cinq minutes pour s’entretenir avec les témoins. Ces cinq minutes incluent questions et réponses. Si vous estimez que vous n’avez pas pu répondre dans le temps prévu, ça ne veut pas dire que vous ne pouvez pas terminer vos réflexions la prochaine fois que vous avez la parole. En fait, il arrive qu’un membre à qui c’est le tour de parler vous dise: « Vous n’avez pas terminé de répondre au sujet de ceci ou cela. Pourriez-vous continuer, s’il vous plaît? » Nous fonctionnons de façon souple dans le but de recueillir le maximum d’information.
Sans plus tarder, commençons par Mme Bittner. Vous avez cinq minutes, madame.
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Merci au Comité de m’avoir invitée aujourd’hui.
J’étude les systèmes électoraux et le mode de scrutin depuis un certain nombre d’années déjà. Je m’intéresse surtout au comportement des électeurs, au Canada et dans d’autres contextes, mais je réfléchis beaucoup également aux règles du jeu qui déterminent comment les partis, les candidats et les électeurs interagissent, comment ils perçoivent leurs rôles respectifs et comment ils prennent des décisions. Franchement, les règles, ça compte. Elles ont un effet sur tout, mais pas toujours comme on s’y attendrait.
Je ne suis pas ici pour défendre un système ou un autre, mais j’aimerais faire deux remarques principales. Je serai heureuse de répondre à vos questions par la suite, à ce sujet ou d’autres.
[Français]
Je ne suis pas francophone, mais j'espère que mon français sera assez bon pour me permettre de répondre dans cette langue. On va voir.
[Traduction]
Je sais que ce comité fait le tour du pays et a entendu toutes sortes de témoins, du milieu universitaire et d’autres, et j’imagine que, à ce stade, il n’y a rien de nouveau. Les universitaires ne s’entendent pas sur ce que pourrait être le meilleur système. Et les groupes d’intérêts non plus.
Par conséquent, il semble qu’il y ait plusieurs solutions, aux effets différents, et je crois que ça décrit assez précisément la situation. Il existe de nombreux systèmes, et chacun d’eux comporte des compromis. Donc, la moindre modification peut avoir des effets importants, et les changements importants peuvent avoir des conséquences imprévues.
Ma première remarque est que, avant de changer quoi que ce soit, il faut absolument parler des objectifs. On ne peut vraiment pas parler de solutions tant qu’on n’a pas clarifié les problèmes. Qu’est-ce que le gouvernement espère obtenir avec la réforme électorale? Qu’est-ce que le Comité espère obtenir? Qu’est-ce qui justifie tout ce travail et toutes ces audiences?
Qu’est-ce qui nous paraît aller de travers dans le système majoritaire uninominal à un tour? Tant qu’on n’aura pas répondu à cette question, il sera impossible de trouver une bonne solution. Tous les systèmes sont le résultat de compromis, comme je l’ai dit, et il y a, à la base de chacun d’eux, une idée normative de ce que devrait être la politique.
Quand on analyse le système majoritaire uninominal à un tour comme professeur de sciences politiques, en général, on dénonce très vite ce qui est très troublant, cinq lacunes principales.
Ce système a tendance à distordre les votes et à créer de fausses majorités, de sorte qu’on obtient une majorité au Parlement alors qu’il n’y en a pas dans la population. Il peut produire des gagnants qui n’en sont pas. Les intérêts minoritaires et les petits partis sont souvent exclus du Parlement. Ça peut produire du gaspillage de votes. Les observateurs qui suivent régulièrement la politique canadienne ont notamment attiré l’attention sur une importante lacune de notre système, à savoir qu’il exacerbe et amplifie les distorsions régionales dans la représentation des partis, ce qui contribue peut-être aux dissensions régionales.
Ces cinq points ne sont sûrement pas nouveaux pour vous, et j’imagine qu’on vous en a parlé une bonne cinquantaine de fois déjà.
Quand on parle des avantages du système majoritaire uninominal à un tour, on souligne généralement les trois caractéristiques suivantes. Premièrement, il nous est familier, nous le connaissons et nous le comprenons, jusqu’à un certain point. Deuxièmement, il comprend un représentant local identifiable. Vous êtes ces représentants et vous savez l’importance que ça a pour les Canadiens. Troisièmement, il a tendance à produire des gouvernements majoritaires stables. Là encore, rien de nouveau.
Alors pourquoi cette simple introduction aux sciences politiques et cette liste d’avantages et d’inconvénients?
Je ne suis pas sûre que le gouvernement ait clairement énoncé ce qu’il juge problématique dans le système majoritaire uninominal avant d’embarquer dans ce processus. De plus, le système que nous préférons dépend de nos priorités et de nos valeurs. Si nous valorisons la coopération, la négociation et la possibilité de plus de voix se fassent entendre au Parlement, on préférera peut-être un système plus proportionnel. Mais, si le candidat local est une priorité plus importante ou si nous préférons avoir un gouvernement qui prenne des décisions et qui jouisse de beaucoup de pouvoir pour « faire avancer les choses », on aimera peut-être mieux un système majoritaire comme le nôtre. Ce qui est important ici, ce sont les valeurs qui sont à la base de tout, et il est impossible de dissocier les deux.
Quant à savoir quel est le meilleur système, je suis agnostique. Comme je l’ai dit, tous les systèmes sont le résultat de compromis, et aucun d’entre eux n’est parfait. Il y a des avantages et des inconvénients dans notre système, et il y aura des avantages et des inconvénients, quel que soit le système que nous adopterons.
Là où j’ai une conviction, c’est au sujet de l’idée de changer les choses avant de clairement définir le problème lié au statu quo. Ça ne veut pas dire que je ne crois pas qu’il y ait des problèmes. Ce que je veux dire, c’est que je ne crois pas qu’on ait suffisamment informé les Canadiens de ce que nous pensons être le problème et de ce que nous voulons précisément pour le régler, parce que je pense que différents problèmes ont différentes solutions, et que chaque solution comporte des compromis. Il n’existe pas de système parfait.
Et j’en viens à mon deuxième point. Dans mon insistance à dire qu’il faut définir le problème avant de chercher une solution, je me rends compte que le Comité me demandera probablement de dire ce que je juge problématique. Eh bien, soit, je vais vous offrir matière à réflexion. Le Canada est un pays bâti sur la diversité, qu’elle soit géographique, historique, démographique, culturelle. Il compte des gens aux intérêts, aux priorités et aux valeurs différents, et en particulier aux idées différentes sur ce que devrait être leur société, ce que nous devrions faire et les buts que nous devrions poursuivre.
Notre système politique national, tel qu’il existe actuellement, nous fait faux bond parce qu’il ne représente pas les Canadiens comme il le pourrait ou le devrait. Notre premier ministre déclare que nous sommes en 2016, mais la sous-représentation des groupes traditionnellement marginalisés continue. Les femmes ne représentent que 25 % du Parlement, les minorités visibles, moins de 15 %, et 10 seulement des 338 députés sont autochtones.
C’est important pour deux raisons.
Premièrement, ça donne aux Canadiens une fausse idée de ce que veut dire faire de la politique. Des millions de gens, comme moi, ne voient pas dans le Parlement une institution qui les représente. Les enfants qui grandissent en ce moment apprennent ce que signifie être citoyen du Canada, mais ils regardent le parlement et ne s’y voient pas. C’est un problème de première importance.
Deuxièmement, le manque de diversité au Parlement paralyse le progrès. La diversité des expériences produit une diversité des voix et des perspectives et peut donner lieu à des solutions novatrices aux problèmes contemporains de la politique. Notre système nous trahit donc sur le plan symbolique, mais aussi sur le plan pratique.
C’est ainsi que je vois le problème et je suis convaincue que ça mérite d’être réglé.
C’est simplement une opinion éclairée. L’important ici, c’est que, avant de proposer des changements importants, le Comité doit définir le problème à régler. C’est mon avis. Je pense que c’est un problème, et il y a bien des solutions à ce problème. Je vous invite à prendre ma suggestion au sérieux dans le déroulement de ce processus.
À moins de définir clairement le problème, il sera vraiment difficile de trouver une solution. Changer les choses pour changer les choses n’est pas une bonne idée.
Merci.
D’abord et avant tout, je tiens à rappeler que mon domaine de recherche n’est pas les systèmes électoraux ni l’objet d’étude du Comité, mais que je suis plutôt un généraliste. J’espère offrir au Comité une perspective plus générale. En l’occurrence, une perspective internationale.
Je ne vais pas tellement vous recommander quelque chose, mais vous proposer matière à réflexion. Mon exposé prendra donc plutôt la forme de questions. Je vois un dilemme à l’oeuvre dans les systèmes électoraux. C’est que le leadership national, dans les pays de l’Atlantique Nord de langue anglaise, a tendance à centraliser le pouvoir, notamment en matière d’affaires étrangères. Par contre, la réforme électorale tend à le décentraliser. C’est un élément dont on ne tient généralement pas compte.
Le deuxième point est que le système majoritaire uninominal à un tour est remarquablement durable dans ces trois pays de l’Atlantique Nord. Ça doit être parce qu’il y a un calcul politique à l’oeuvre du côté du leadership, qui désigne une utilité. Cette utilité, selon moi, est que, selon eux, tout pouvoir partagé est un pouvoir diminué. Il ne faut donc pas ignorer cet argument.
Troisièmement, ces faits ont des conséquences sur les systèmes électoraux. Dans mon mémoire, je fais valoir une partie des raisons qui, je pense, sont avancées par ces dirigeants. Je parle du triangle de l’Atlantique Nord. Ce triangle est un concept employé par des historiens du passé. Il renvoie essentiellement aux liens entre l’Amérique, la Grande-Bretagne et le Canada. Je propose de l’appliquer à la réforme électorale simplement parce que ces trois pays sont les tenants du système majoritaire uninominal à un tour. Ce sont ceux qui résistent à la réforme électorale. Et ils résistent, je crois, en raison de la nature des avantages qu’il offre. Notamment en matière d’affaires étrangères, ces avantages sont importants.
Je crois qu’il y a une culture commune à l’oeuvre dans ces trois pays. Le leadership y considère la réforme électorale comme un élément contextuel.
Autrement dit, lorsqu’on modifie un élément, ça entraîne des modifications dans d’autres éléments du système. Ça suppose une certaine retenue quant à la réforme. Le leadership considère que ces questions sont alignées. Donc, il se méfie des réformes qui touchent un élément du système, parce que ça risque de toucher tout le système.
Je pense qu’il est particulièrement important de se rendre compte que les considérations soulevées par ceux qui s’intéressent à la réforme électorale sont particulièrement importantes à l’égard de tout ce qui concerne la diplomatie internationale, les conflits internationaux et le maintien de la paix, le commerce et l’environnement.
J’aurais bien d’autres choses à dire, mais peut-être que ce sera possible dans le cadre d’une discussion avec les membres du Comité.
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Merci, monsieur le président.
C’est merveilleux d’être ici à St. John's. C’est la première fois que je viens ici. C’est probablement l’un des plus beaux endroits que j’aie vus au Canada. Vous avez beaucoup de chance d’avoir cette vue tous les jours.
Ma question s’adresse à vous, madame Bittner. Nous sommes heureux de vous accueillir parmi nous. Je sais que vous avez fait des travaux sur les femmes et la politique. Nous sommes heureux d’avoir des femmes parmi les témoins. Nous n’avons pas souvent la possibilité de recevoir beaucoup de femmes parmi nos témoins.
Je suis entièrement d’accord avec vous pour dire que l’un des principaux problèmes de notre système est qu’il ne traduit pas la diversité de notre pays. Quand on entend des gens durant les périodes de tribune libre, qu’ils parlent de la diversité des points de vue politiques ou des idéologies, des femmes, des Autochtones ou d’autres minorités ou d’autres éléments qui devraient être représentés au Parlement, on constate que c’est un problème majeur et récurrent.
Vous dites, pour l’essentiel, qu’il faut d’abord définir le problème et, ensuite, trouver une solution. Si c’est là le principal problème, quelle serait la meilleure solution d’après vous? Pensez-vous que l’idée de M. Ring, l’application de son système, permettrait de régler le problème?
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C’est une excellente question. Et c’est l’une des réponses qui pourrait, ou non, satisfaire le Comité en dernière analyse. À chaque problème, il y a de multiples solutions. On pourrait s’engouffrer avec enthousiasme dans des changements massifs qui pourraient apporter des solutions, puis créer de nouveaux problèmes, ou on pourrait essayer d’apporter de petites modifications chemin faisant. Toutes sortes de solutions sont possibles.
Je voudrais dire qu’on a tendance à associer les systèmes proportionnels à une plus grande diversité, mais ce lien reste dépendant de l’engagement des partis à dresser des listes de candidats traduisant cette diversité. On parle souvent de l’exemple de la Nouvelle-Zélande ou de l’Allemagne, où il y a des listes de parti et des circonscriptions locales et où on alterne des candidats — des femmes et des hommes ou différents groupes ethniques, des choses comme ça —, ce qui peut se faire, et ça se fait beaucoup. Mais ce n’est pas nécessaire en fait. Si c’est ce que le Comité juge le plus problématique et ce qu’il estime devoir régler, il faut s’assurer que les règles adoptées garantissent que ce soit la priorité.
On peut faire beaucoup de choses sans procéder à des changements massifs pour encourager les femmes, les minorités et les Autochtones à participer au système et à être représentés au Parlement. Les partis ont un rôle important à jouer à cet égard. Ils pourraient faire beaucoup plus que ce qu’ils font actuellement pour encourager ces groupes à proposer des candidats et pour veiller à ce que les règles soient telles que ces groupes puissent participer ou qu’ils trouvent ces candidats.
Je sais qu’il y a en ce moment un projet de loi d’initiative parlementaire visant à pénaliser les partis qui ne favorisent pas la parité parmi les candidats aux élections. C’est un excellent moyen de s’y prendre. Beaucoup de gens disent qu’ils ne croient pas aux quotas. Ils ne croient pas aux politiques de discrimination positive. C’est correct, mais on peut bien être en désaccord tant qu’on veut avec les quotas, sauf que les faits prouvent que ça marche. Une fois les quotas en place, on prépare le terrain pour les générations suivantes. On parle de l’effet de modèle et du fait que, lorsqu’on voit des gens au Parlement, on se dit qu’on pourrait y être aussi. Il est plus probable que ceux-là estimeront aussi que c’est un emploi. Il est plus probable qu’il ne sera pas nécessaire d’être invité ou recruté 25 000 fois avant de dire oui. Une fois les quotas en place, le système évolue lentement. Les mentalités aussi changent, et ce n’est pas si compliqué. Tout à coup, les choses fonctionnent comme elles devraient.
Donc, on pourrait dire « Oh, je ne veux pas simplement embaucher des candidats de la diversité » ou « Je ne veux pas avoir un emploi juste parce que je suis une femme », parce que… eh bien qui voudrait se dire ça? Mais nous savons aussi que toutes les données confirment qu’il y a des tas de façons de justifier qui on embauche, qui on choisit et qui on recrute. C’est vraiment facile d’utiliser l’argument du mérite contre les groupes absents. Alors, je crois que c’est une excellente idée de contraindre les partis à faire ça.
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Merci, monsieur le président.
Et merci également à nos témoins. C’était une discussion extrêmement intéressante.
Je voudrais préciser, pour être tout à fait transparent, que j’ai un lien professionnel avec le professeur Dunn. Je suis le co-auteur d’un chapitre de l’une de ses publications, intitulée The Handbook of Canadian Public Administration, et j’ai reçu un gros chèque de 133,33 $ pour ça. La publication d’ouvrages universitaires a quand même ses avantages sur le plan financier.
J’ai quelques questions à l’intention des trois témoins. J’espère pouvoir toutes les poser, mais, dans le cas contraire, j’y reviendrai plus tard.
Je commencerai par le professeur Dunn.
Dans votre mémoire, vous proposez notamment de conserver le système majoritaire uninominal ainsi que les sièges régionaux complémentaires. Pourriez-vous nous expliquer ça un peu plus précisément et nous dire si le siège régional complémentaire pourrait être plutôt axé sur une réforme du Sénat, de telle sorte que le Sénat redeviendrait une chambre plus représentative des régions, au lieu de passer par un changement de la représentation dans le système électoral?
Professeure Bittner, merci à vous également. Vous avez dit tous les deux qu’il faut commencer par définir le problème, et c’est ce que nous faisons depuis un certain temps, parce que, si on ne fait pas ça d’abord…
Et merci de signaler le projet de loi de Kennedy Stewart au sujet du mode de remboursement public des partis. Si on ne cherche pas de meilleures réserves, plus diversifiées, de candidats... On peut décider de faire comme ça en vertu de son projet de loi, mais on n’aura pas autant de remboursement public. Suivez la trace de l’argent, comme on dit. C’est un stimulant important pour les partis. Parce qu’il n’y a aucun système électoral qui… eh bien, certains systèmes électoraux effectivement poussent dans le sens de…
Il y a eu un grand changement à la dernière élection, et pourtant on n’a enregistré que 1 % d’augmentation dans le nombre de femmes au Parlement. Ça classe le Canada au 64e rang dans le monde en termes de nombre de femmes au Parlement national, et je ne crois pas que les Canadiens le sachent ou le croiraient. Quand je dis que l’Irak, le Soudan du Sud et l’Afghanistan font mieux à cet égard, la plupart des Canadiens ne me croient pas. Et pourtant une consultation de Google peut le confirmer.
J’ai une question au sujet de ces compromis.
Vous avez parlé de faire valoir les voix locales par opposition aux députés locaux. Il existe des systèmes proportionnels, et M. Ring en propose un ici, mais il y en a bien d’autres, comme vous le savez, qui ont quand même un député local. Je ne vois pas pourquoi il serait nécessaire de choisir.
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Les opinions pourraient s’exprimer de deux façons.
Une façon serait d’aller voter pour se faire représenter au Parlement. Je pense qu’un certain nombre de gens seraient ainsi représentés au Parlement, pour revenir à votre question de tout à l’heure, mais aussi donner le sentiment d’avoir un certain pouvoir. Le fait de voter, comme un témoin nous l’a dit, est le plus souvent un acte irrationnel. Un vote change très rarement le cours d’une élection, mais, collectivement, nous le savons, ça compte.
Cela dit, comment savoir et sentir que ça compte si, comme à la dernière élection, 9,2 millions d’électeurs sur 18 millions n’ont obtenu aucune représentation et ont exprimé simplement une autre opinion? C’est quelque chose dont je voudrais qu’on tienne compte.
Il y a aussi ce qui se passe, et ça arrive souvent au Canada, quand des régions entières, de grands groupes métropolitains, sont complètement exclus du gouvernement, ou de l’opposition, ou parfois des deux, et c’est tout à fait remarquable. Des groupes entiers de Canadiens, comme dans le dernier gouvernement conservateur — le Canada atlantique ou Terre-Neuve, par exemple, ou des villes entières comme Toronto, Montréal, Vancouver, pour l’essentiel — n’ont pas voix au chapitre dans l’opposition… je pense que ces deux aspects méritent qu’on y réfléchisse.
Notre système nous emporte parfois dans une direction où… eh bien, aucune voix de l’opposition ne s’exprime depuis le Canada atlantique en ce moment. C’est important pour le pays, mais aussi pour les gens qui n’adhèrent pas aux idées du gouvernement actuel. C’est ça qu’on essaie de régler.
Est-ce qu’il y a des études ou des données sur les systèmes proportionnels et d’autres systèmes que le système majoritaire uninominal à un tour qui pourraient aider un pays comme le Canada à s’assurer qu’il y a effectivement une représentation régionale dans l’opposition et au gouvernement et que le vote de chaque électeur compte?
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Très rapidement, pas de jasette ici.
Je dirais que le meilleur moyen, sans doute, serait de faire quelque chose dans le genre de ce que Robert proposait, c’est-à-dire ajouter la proportionnalité dans le mélange électoral à l’échelle des circonscriptions. Quel que soit le mode de scrutin, que ce soit un système comme le sien ou un système mixte quelconque, il y aurait toujours un représentant régional clair.
Mais le problème le plus important — et c’est là que devient plus tangible le compromis entre les voix dont vous parliez et la représentation locale —, le problème est que, à moins de multiplier le nombre de députés, ce que beaucoup de gens ne veulent pas, on se retrouve avec de grandes circonscriptions où une personne qui me représente ici vient de l’autre côté de l’île, mettons, ou du Labrador.
Beaucoup de gens estiment que ce n’est pas souhaitable. Personnellement, je ne suis pas particulièrement fan de la représentation régionale. Je crois que nous exaltons la diversité régional aux dépens d’autres formes de diversité, et je préférerais en fait qu’on privilégie d’autre formes de quotas parce que c’est ce que fait le système actuel: il fournit des quotas aux régions. On dit que c’est la source de représentation la plus importante, mais je ne crois pas que ce soit en fait aussi prioritaire que d’autres formes de représentation.
Là encore, c’est une question de valeurs, de choix et de priorités. On peut certainement obtenir une représentation locale exprimant ces voix dont vous parliez et éviter de gaspiller des votes si on change de système. Mais ça ne garantira rien du côté de mon autre priorité fondamentale, qui est de savoir quelle sorte de gens sont élus. Donc, pour moi, c’est le principal enjeu, et une transformation du système pourrait le régler, mais pas nécessairement. C’est là que se fait sentir la tension.
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Oui. Le brouillard et la brume, c’est juste pour faire de l’effet aux tourismes. En tout cas, c’est merveilleux, et merci de m’avoir invitée ici aujourd’hui.
Je voudrais adresser quelques questions à Robert Ring, mais, avant, je voudrais revenir sur les questions que mon ami John a posées à M. Ring sur les délais. C’est facile de croire que les systèmes proportionnels donnent lieu à des calculs plus difficiles, mais le système australien, évidemment, est un système de vote préférentiel majoritaire, pas un système proportionnel. Et, bien sûr, un des derniers exemples les plus célèbres d’un long délai a été l’histoire des votes gonflés aux États-Unis.
Shawn Fraser, qui est allé à l’Université de l’Alberta — et certains étudiants brillants de l’université ont des idées géniales sur les systèmes électoraux envisageables — a proposé un système proportionnel à deux députés, et, quand on lui a demandé combien de temps prendrait le calcul, il a répondu « 60 secondes », parce qu’il a élaboré les calculs mathématiques et le programme informatique nécessaires.
Mais votre système est différent parce qu’il y a ce chevauchement de la région nationale. Donc, avant de poser ma prochaine question, j’aimerais savoir si vous avez pris connaissance du modèle proportionnel à deux députés dans le cadre de votre recherche à l’Université Memorial. Avez-vous examiné l’exemple de M. Fraser, de l’Université de l’Alberta?
Je tiens à remercier nos trois intervenants d'aujourd'hui. Il y a une grande diversité d'opinions. C'est une excellente façon d'entreprendre notre séjour ici à St. John's.
Professeure Bittner, je m'adresserai d'abord à vous. J'ai beaucoup aimé la façon dont vous avez présenté le dilemme dans lequel nous nous trouvons, la question primordiale: quel est le problème que nous cherchons à corriger? Vous en avez discuté quelque peu avec mon collègue M. Cullen, ainsi qu'avec Mme Sahota. Ce que nous tentons de faire comprendre, c'est qu'il y a tout un éventail de questions. Il ne s'agit pas simplement d'un seul problème bien défini, mais d'un manque de représentativité, d'un manque de diversité. Il y a un de multiples questions.
Une chose que j'ai constatée en faisant du porte-à-porte pendant la campagne électorale, c'est que bien des gens ont simplement décroché. Nous sommes au courant du déclin des taux de participation dans les démocraties occidentales. En cognant aux portes, j'ai rencontré beaucoup de gens qui avaient le sentiment, que nous avons entendu répété au cours de cette tournée, de n'avoir jamais voté du côté du gagnant, que leur vote n'avait jamais compté. Dans une de mes réunions électorales, j'ai rencontré une femme, octogénaire, qui n'avait jamais manqué d'exercer son droit de vote, mais qui n'avait jamais voté du côté gagnant. Elle était encore très active et croyait toujours en la démocratie, mais elle voulait que son vote compte réellement au moins une fois dans sa vie.
Ce que j'en retiens, et ce sur quoi j'aimerais connaître votre point de vue, c'est que nous entendons beaucoup parler des avantages de la représentation proportionnelle, et je pense qu'elle indique des pistes de solution à certains des problèmes auxquels nous sommes confrontés. Cependant, bon nombre de mes commettants sont d'avis que le système actuel fonctionne très bien.
Ma collègue Mme Romanado nous racontait qu'en se rendant aujourd'hui à l'aéroport depuis le centre-ville de Halifax, le chauffeur de taxi, apprenant la nature de nos travaux, y est allé de l'observation ou de la question suivante: « Eh quoi! Il n'y a rien qui cloche dans le système. Pourquoi alors voulez-vous y toucher? »
Il a donc toute une gamme de points de vue. Nous pourrions opérer un changement fondamental en adoptant un mode de scrutin proportionnel comme celui préconisé par M. Ring ou comme l'un des nombreux autres qui sont proposés. Par ailleurs, nous pourrions prendre du recul et dire: « À bien y penser, pourquoi ne pas nous en tenir à des retouches du mode de scrutin majoritaire uninominal? » Des mesures telles que le contingentement, les incitations à voter et l'obligation de voter pourraient aider à hausser les taux de participation. Il y a une foule de choses.
Avez-vous des idées à nous proposer quant à la meilleure façon de régler quelques-uns de ces problèmes? Devrions-nous y aller d'un changement en profondeur en adoptant un système représentation proportionnelle pour résoudre la série de problèmes qui se posent à nous ou devrions-nous plutôt conserver le système existant en y apportant toutes sortes de changements périphériques qui permettront de régler certaines de ces questions?
Avez-vous des idées à ce sujet, ou une réponse à la question primordiale?
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J'aurais quelques observations à faire.
Tout d'abord, je pense que vous avez raison de dire que l'engagement des électeurs est un problème majeur. Ce l'est tout particulièrement chez les jeunes. Si l'on s'attarde aux taux de participation des électeurs, on constate qu'il y a un énorme problème. Le taux a grimpé quelque peu à la dernière élection, ce qui est bon signe.
Il y aurait beaucoup de choses à faire éventuellement pour améliorer le fonctionnement du système sans y apporter des changements majeurs. Je dirais que les contingents en sont une et que la réforme du financement électoral serait probablement souhaitable. Je pense — et cela rejoint l'observation de M. Cullen — que la caractéristique la plus importante du régime parlementaire est l'opposition; il importe moins que ce soit tel ou tel groupe qui exerce les fonctions gouvernementales. Il est ici question, dans une certaine mesure, du partage du pouvoir, en ceci qu'une solide opposition favorise la formulation de meilleures politiques. On ne veut pas vraiment une concentration du pouvoir, pour revenir à l'observation du professeur Russell. Nous pourrions faire beaucoup d'analogies avec nos ménages: je suis plus heureuse si mon conjoint et moi partageons le pouvoir, alors que je ne le serais pas s'il dominait le ménage et m'imposait ses vues. Ce n'est pas, bien sûr, comme ça que les choses se passent dans mon ménage, mais juste une façon d'illustrer…
Si je n'avais pas de connaissances ou d'idées ou de choses du genre, je ferais piètre figure dans mon propre ménage faute de pouvoir y participer pleinement. Ainsi, ce qui importe le plus, c'est l'engagement des gens et une solide opposition. Beaucoup de faits indiquent que le taux de participation des électeurs augmente lorsque ceux-ci pensent que leur voix compte pour quelque chose, que cela soit rationnel ou non dans une optique économique d'électeur. Nous savons que ce n'est pas rationnel; un seul suffrage fait rarement, même à peu près jamais, une grosse différence.
Voilà deux choses que je proposerais, en plus de l'accroissement du nombre de comités ayant un réel pouvoir. Il y a beaucoup de mesures qui pourraient être prises pour que le Parlement lui-même restructure son mode de fonctionnement afin de l'améliorer. Un comité tel que le vôtre, dans lequel siègent tous les partis, est une excellente chose parce qu'il permet d'entendre les différentes voix en tout temps.
Accroître le pouvoir de gens comme vous serait probablement une bonne chose également. Vous ne voulez pas vous faire dire par le premier ministre ce que vous devez faire après avoir abattu tout ce travail, non? Vous voulez vraiment penser que votre travail est valable. Habiliter les parlementaires comme vous-mêmes, et en particulier les députés de l'opposition, à dire ce qu'ils veulent, leur donner les ressources nécessaires à leur travail pour rendre le gouvernement comptable de son action, tout cela amènera les électeurs à penser que leur vote importe. Cela s'explique par le fait que, même si l'électeur n'a pas voté du côté gagnant, il a quand même fait élire quelqu'un qui exerce beaucoup de pouvoir, bien qu'il soit dans l'opposition, ce qui, à certains égards, est plus important que d'avoir voté du côté gagnant.
Ce n'est pas une solution magique, mais…
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Je vais vous demander d'autres précisions.
Hier, je me suis amusé. J'ai lancé un sondage sur Facebook pour connaître l'opinion des citoyens et citoyennes de ma circonscription. Je vous dirais que cela a débordé un peu partout au Québec. Ce qui ressort de façon assez évidente, c'est que les gens sont extrêmement attachés à leur député local. Cela confirme ce que je crois personnellement et ce que pensent plusieurs personnes aussi.
Je prends souvent ma circonscription comme exemple, où il y a 40 municipalités. Il serait presque impossible de doubler ma circonscription. Nous passons huit mois par année à Ottawa et les quatre autres dans notre circonscription. J'ai de la difficulté à imaginer comment maintenir cette proximité.
D'après les commentaires des gens, ils aimeraient que leur député les représente. Ils ne parlent même pas de parti politique. Une fois qu'un député est élu, il représente tous les citoyens et citoyennes. Que le citoyen qui vient me voir ait voté pour le Parti vert, pour le NPD ou pour le Parti libéral, je m'en occupe de la même façon que s'il avait voté pour le Parti conservateur.
Dans votre système à deux députés, supposons que je finisse deuxième. Un député de l'extérieur, qui a fini deuxième, pourrait venir dans ma circonscription comme complément selon votre calcul proportionnel. Vous ai-je bien compris?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
[Traduction]
Je remercie nos trois témoins qui ont comparu aujourd'hui.
Merci aussi aux membres du public qui se sont déplacés. C'est la première fois que je viens à St. John's, et je suis frappée par la beauté de la ville. J'aimerais que nous puissions y rester plus longtemps et en jouir un peu plus.
D'entrée de jeu, professeure Bittner, je dois vous dire que je suis tout sourire aujourd'hui. Je n'en dirai pas plus parce que vous savez, si vous avez suivi mes interventions, que je suis à la recherche de quelqu'un qui reconnaisse que notre système électoral n'est pas forcément la raison qui décourage les femmes de se lancer en politique. Je pense que vous avez visé dans la mille dans votre témoignage d'aujourd'hui. C'est exactement ce que je cherche à faire comprendre. Bien des raisons expliquent pourquoi les femmes ne se font pas élire. Commençons par le recrutement.
Vous avez fait mention du type de personne qui se fait élire. Je pense que l'exemple est parfait. Au départ, il y a les partis. Qui recrutent-t-ils comme candidats? Dans le système actuel, après avoir trouvé un candidat, ils le présentent à l'électorat. Si les candidats qu'ils présentent sont, selon la description d'un témoin précédent que j'ai trouvée assez amusante, des hommes pâles et fades, devinez quel sera le résultat. Ce sont eux qui seront élus.
Vous avez décrit la réaction du Canadien moyen devant le Parlement: « Je ne pourrais pas faire ça. Regardez un peu, ce n'est qu'une bande d'avocats, plutôt âgés, de race blanche, qui siègent au Parlement. » Mais s'il y voyait aussi des enseignants, des agriculteurs, des femmes, des jeunes hommes, des autochtones, il dirait plutôt: « Vous savez quoi? Je pourrais y être aussi. »
Cela me ramène au point que je soulevais au sujet de l'engagement. S'agissant d'engagement, il n'est pas simplement question de trouver moyen d'accroître la participation des électeurs, mais aussi de susciter l'intérêt des gens à poser éventuellement leur candidature à une charge publique. Pourriez-vous développer un peu cette idée? Je sais que mon collègue John a discuté du fait que ce n'est pas nécessairement un seul changement dans le système électoral qui réglera notre problème. Mais il y a beaucoup de petites choses que nous pouvons faire. Peut-être pourriez-vous élaborer quelque peu, puisqu'il me semble que vous êtes dans la bonne direction?
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Je suppose que j'aime les gens tout sourire. C'est un bon départ.
Il n'y a pas de solution magique, et c'est un peu ça le problème. Tous ces facteurs ne sont que des facteurs, et c'est en effet souvent le cas que, dans un système de scrutin proportionnel, on tend à voir plus de femmes, plus de membres de groupes minoritaires, une plus grande dispersion des partis, beaucoup de diversité, plus de collaboration et de coopération, ainsi que plus de gouvernements de coalition. Beaucoup de gens pensent que ce sont de bonnes choses et constatent que leur voix se fait entendre du parti gouvernemental puisque les partis, en un certain sens, partagent le pouvoir. Il n'y a toutefois pas de garantie à cela parce qu'en définitive ce sont toujours les partis qui établissent la liste de leurs candidats, et si ces listes restent ce qu'elles sont traditionnellement, ce problème ne sera réglé.
Je ne cesse de répéter que les règles importent et qu'elles doivent être claires. Nous parlons de réforme constitutionnelle, du besoin d'un referendum dans le cadre de la réforme électorale, par exemple, mais les règles ne sont pas tellement claires. Nous avons l'occasion d'établir certaines règles passablement claires et de lier ainsi les mains des partis pour les obliger à certains choix, parce qu'en bout de ligne… Je n'avais pas entendu la description des « hommes pâles et fades ». Je la trouve amusante, mais tous les candidats qui sont des hommes blancs ne sont pas pâles et fades… Bon, ce sont des hommes, mais cela ne signifie pas qu'ils sont mauvais candidats. Cela signifie simplement que c'est ainsi que nous fonctionnons depuis longtemps, que nous connaissons la force électorale des sortants de charge et que, par conséquent, nous avons tendance à continuer avec ceux qui sont en place depuis un certain temps. Il existe une habitude persistante qui empêche certains groupes de participer et qui diminue leur engagement, leur participation, leur intérêt et ainsi de suite, parce que nous n'y accordons pas vraiment beaucoup d'importance.
J'aime la politique et les politiciens, mais les électeurs tendent à les mettre sur le même pied — je dis « les » et non pas « vous » — que les vendeurs de voitures usagées. Il y a un manque de confiance qui persiste. Est-ce que cela a changé?
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Merci, monsieur le président. Je remercie aussi tous ceux qui sont ici aujourd'hui.
Je m'adresserai d'abord au professeur Dunn et à la professeure Bittner.
Vous avez tous deux signé en janvier dernier une lettre portant sur le processus de redécoupage des circonscriptions électorales. Vous avez exprimé votre déception à l'égard de la Chambre d'assemblée à ce sujet, faisant valoir que c'est un principe établi de longue date au Canada qu'il faut faire en sorte que le processus de redécoupage soit juste et non partisan.
De toute évidence, nous ne parlons pas forcément de redécoupage dans ce cas-ci, mais il est certainement question d'un processus qui concerne notre système électoral, et je ferais valoir que ce processus, tel qu'il se déroule actuellement, risque de ne pas être tenu pour non partisan. Il donne toutes les apparences d'une opération inspirée par des politiciens, dont beaucoup arrivent avec une position préalable, une position bien arrêtée quant aux résultats souhaités.
Je dirais que nous n'avons pas vraiment suscité à un degré appréciable l'intérêt du public sur cette question. Si vous regardez derrière vous, vous constaterez qu'il y a peut-être une quinzaine de personnes, et c'est pourtant la seule réunion qui se tiendra sur le sujet à Terre-Neuve. Partout où je suis allé au pays, dans ma circonscription ou ailleurs, j'ai évidemment gardé cela présent à l'esprit du fait que je participe à ce processus en tant que membre de ce comité et j'en ai parlé aux gens. Beaucoup sont étonnés d'apprendre ce qui se passe. Beaucoup me disent, comme nous l'avons entendu quelque fois de l'autre côté aujourd'hui: « Quel est le problème, au juste? Pourquoi cherchez-vous à changer le système? » Les gens ont l'impression qu'il s'agit d'un processus inspiré par les politiciens et les partis politiques.
Je me demande si vous pouvez nous donner quelque idée de la façon qui vous paraît propice pour améliorer ce processus de manière à conférer une légitimité aux changements qui pourraient être apportés et de le soustraire autant que possible à son image d'opération politicienne.
J'aimerais savoir ce que tous deux vous en pensez. Dans l'ordre qui vous plaira.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Professeure Bittner, j'ai beaucoup aimé votre témoignage aujourd'hui et j'apprécie hautement le fait que vous vous soyez déplacée pour nous parler, notamment de vos travaux sur les femmes en politique. Je suis père de deux jeunes filles et je serais enchanté qu'elles soient un jour intéressées à faire se lancer en politique, mais ayant été témoins de mes expériences, elles pourraient bien être réticentes à l'envisager.
Lors de notre passage à Halifax hier, l'une des premières personnes à nous parler était le professeur James Bickerton, qui a prononcé une expression qui m'a vraiment frappé, à savoir les « changements institutionnels de comportement ». Je suis très heureux que vous ayez fait mention du projet de loi C-237 présenté par mon collègue Kennedy Stewart. Je suis heureux qu'on en parle dans les médias parce que les projets de loi émanant d'un député ont tendance à passer inaperçus. Je suis d'avis que ce projet de loi, s'il est adopté, aura de très heureux effets, mais le fait demeure que, dans notre système actuel, son adoption dépend du bon vouloir du gouvernement libéral, c'est-à-dire d'un gouvernement majoritaire qui a recueilli 39 % du vote populaire.
Je me demande si vous pouvez nous livrer vos pensées sur cette expression de « changements institutionnels de comportement » dans le contexte de cette exigence qui nous est faite de nous appuyer sur le bon vouloir des libéraux pour faire adopter un projet de loi de ce genre. Si je pose ainsi la question, c'est que, si nous devons apporter ces changements, il nous faut espérer qu'ils agréent au gouvernement, mais c'est un peu comme l'histoire de l'œuf et de la poule. Modifierons-nous le système grâce auquel ce gouvernement a été élu ou devrons-nous demander la permission d'aller de l'avant avec ces changements?
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Il pourrait aussi s'agir de sentiers à deux voies.
N'ayant pas entendu le témoignage de Jim, je ne peux pas le commenter de façon sérieuse. Je pense qu'il ne fait aucun doute que les règles du jeu influent sur la façon dont nous jouons et je soupçonne qu'il y a probablement au sein du caucus du gouvernement des députés qui seraient favorables à l'élection de députés, y compris de femmes, reflétant une diversité plus grande. Ce que je veux dire, c'est qu'il y a des femmes qui vous font face à la table, qui seraient en faveur de cette mesure.
Peut-être est-il possible de les convaincre que cette question ne devrait pas faire l'objet d'un vote partisan, mais n'oubliez pas que vous touchez là à une structure parlementaire fondamentale et qu'il y a d'autres parlements ailleurs au monde qui fonctionnent dans un esprit de collaboration plus poussée et qui ordinairement n'ont pas un gouvernement majoritaire, n'est-ce pas? Nous parlons ici de gouvernements de coalition, situation amène les partis à négocier. En bout de ligne, cela donne aux parlementaires le pouvoir de négocier les projets de loi, de discuter, de débattre et de décider des meilleures politiques à adopter. Ne nous faisons pas d'illusions: sur beaucoup de questions, il y a un vrai marchandage.
Je pense que, de certaines façons, cela ouvre la voie à une meilleure politique, tandis que d'autres pourraient dire qu'ils sont attachés à la politique libérale. C'est réellement une très bonne chose. Il y a un gouvernement qui applique sa politique et fait adopter des lois, et ce sera notre tour plus tard, peut-être, si les électeurs en décident ainsi. Ce n'est pas rien. Et puis, il y a toujours la question des concessions mutuelles. Voulez-vous négocier chaque texte législatif, que ce soit un projet de loi émanant d'un député ou un texte présenté par le gouvernement, ou préférez-vous y aller tour à tour, si c'est ainsi que les choses se produisent effectivement?
Voilà, je pense, la question fondamentale.
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Merci, monsieur le président, et merci aussi à nos témoins à tous ceux présents ici aujourd'hui. C'est toujours un plaisir de revenir dans la province du granit.
Je m'adresserai d'abord à vous, professeure Bittner.
Je vous remercie vivement de votre témoignage et de nous avoir donné un aperçu du problème dont nous sommes saisis et de nous avoir bien fait comprendre qu'il n'y avait pas de solution facile au problème de favoriser la diversité des engagements en politique, tant dans la façon dont les citoyens et électeurs participent au système que dans la façon dont ces engagements se traduiront effectivement par une plus grande diversité au Parlement.
Je garderai en mémoire ce que vous avez dit, à savoir que l'accroissement de la diversité que permet la représentation proportionnelle dépend quand même d'un engagement renforcé des partis politiques à instaurer des mécanismes pour l'institutionnaliser.
Il y a, je pense, deux approches à la diversité, et mon collègue M. Cullen a peut-être abordé la question d'un angle différent. Il y a la diversité visible, qui tient à l'apparence des gens, qui fait qu'on les reconnaît comme hommes, femmes, membres de minorités ethniques ou raciales, Autochtones ou personnes handicapées. Puis il y a la diversité dans les tendances partisanes ou idéologiques que des gens ont en commun.
Avez-vous des idées, tant sur les recoupements que sur les divergences de ces deux sortes de diversité, qui pourraient nous aider à voir un peu plus clairement comment les aborder l'une et l'autre?
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Oui, c'est effectivement un problème.
J'ajouterais qu'un changement de système ou un accroissement de la diversité ne garantissent pas un regain de la participation, ni de l'engagement. Il y a beaucoup de choses qui entrent en ligne de compte. La question est complexe, ce qui me permet de nouveau de dire que je ne vous envie nullement votre tâche.
Ce qui m'apparaît important en tant qu'enseignante, que politicologue, qu'électrice et que citoyenne, c'est qu'il ne suffit pas de dire que la présence d'hommes blancs progressistes, favorables aux droits des femmes, nous dispense d'avoir des femmes à l'assemblée législative. À certains égards, la représentation substantive importe moins, à mon sens, que la représentation symbolique, bien qu'il y ait beaucoup de féministes qui sont en désaccord avec moi sur ce point.
Je pense que, quoi qu'on en dise, les apparences importent. Nous ne pouvons nous permettre d'avoir une assemblée législative qui, visiblement, exclut de larges segments de la population. C'est une priorité incontournable.
S'il est des femmes parlementaires qui sont en désaccord avec mes opinions particulières, je peux l'accepter parce que telle est la nature même des parlements. Il y a bien des gens à l'assemblée législative qui ne partagent pas mes vues, mais je veux que soit confirmée la possibilité pour des gens comme moi d'y faire leur entrée — et j'utilise l'expression « comme moi » de façon très générale. Je me préoccupe des femmes, mais tout spécialement de celles qui ne sont pas de race blanche parce que je suis d'avis qu'elles ont des obstacles particulièrement difficiles à surmonter. Elles peuvent avoir ou ne pas avoir des idées qui reflètent leur apparence, mais ça ne me dérange pas.
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Merci beaucoup de m'avoir invitée ici.
J'aimerais commencer en disant que j'appuie sans réserve la représentation proportionnelle. Toutefois, je suis ici parce que je crois que les modèles plus conventionnels de RP ne fonctionneront pas pour Terre-Neuve-et-Labrador. Nous n'avons pas suffisamment de sièges pour obtenir une proportionnalité réelle avec la RPM ou les circonscriptions à sièges multiples, et je crois sincèrement que les Maritimes pourraient avoir un problème similaire. Cela m'a amenée à me pencher sur la pondération des votes.
Je sais que d'autres personnes ont abordé cette question avec le comité, mais comme vous le savez, lorsqu'il y a pondération des votes, la proportionnalité est obtenue en appliquant simplement un poids à chaque vote de parti au Parlement. Il peut s'agir d'un poids inférieur à un si un parti a plus que sa juste part des sièges, ou supérieur à un, si le parti n'a pas obtenu sa juste part.
Toutefois, j'ai découvert quelque chose lorsque j'ai commencé à expliquer la pondération des votes aux gens, qui m'ont souvent dit: « Je n'aime pas l'idée que mon député ait un poids inférieur à un. » En fait, ce qu'ils voulaient réellement dire c'est: « Pourquoi mon député devrait-il avoir un poids inférieur à un en raison d'une disproportion à des kilomètres de distance? »
Cette préoccupation m'a amenée à réfléchir à un système de pondération des votes appliqué à l'échelle provinciale, ou même infraprovinciale. Le résultat final serait le même, mais en pondérant les votes au niveau régional, ces milliers de kilomètres disparaîtraient dans l'esprit des gens, ou à tout le moins c'est ce que je pense qui se produirait. Comme la raison qui motive la pondération s'inscrit dans un contexte local, cette dernière semble représenter une façon plus juste et utile de faire compter le vote de chaque personne.
J'ai assisté aux autres présentations, et je crois que la pondération des votes pourrait être appliquée à un grand nombre de systèmes de RP, dès le départ, juste pour les améliorer. Toutefois, j'ai mon propre système, que je vais vous exposer. Il nécessite l'ajout d'au moins deux sièges supplémentaires dans chaque province. Le nombre de sièges ajoutés n'a pas à être le même dans chaque province.
Qui obtiendrait les sièges supplémentaires? Eh bien, si on se fonde sur les élections de 2015, le NPD et les conservateurs auraient obtenu chacun un siège supplémentaire dans les quatre provinces de l'Atlantique, parce que les libéraux détiennent la totalité des 32 sièges là-bas. En Colombie-Britannique, les deux sièges supplémentaires seraient allés au Parti vert, parce que c'est celui qui a été le plus désavantagé proportionnellement lors des élections de 2015.
Une fois les sièges attribués, les partis nommeraient les députés pour les occuper. Cela serait fondé, évidemment, sur les candidats ayant obtenu les meilleurs résultats, sans être élus dans leurs circonscriptions. Puis, la pondération s'appliquerait à tous les sièges, tant les sièges supplémentaires que ceux des circonscriptions.
Prenons Terre-Neuve-et-Labrador, par exemple. Nous aurions alors neuf sièges plutôt que sept. Dans le Parlement de 2015, les libéraux auraient obtenu sept de ces neuf sièges, avec 64 % des électeurs. Toutefois, 64 % du soutien des électeurs ne leur donnent droit qu'à 5,8 des neuf sièges. Chaque fois que les sept libéraux voteraient au Parlement, leur vote serait pondéré, ce qui réduirait leur pouvoir électoral collectif, ou le pouvoir de leur siège, à 5,8.
Dans ce cas, le NPD obtiendrait 21 % des voix, ce qui lui donnerait un poids de 1,9, et le poids des conservateurs serait de 0,9. Si vous additionnez 5,8, 1,9 et 0,9, vous obtenez un poids de 8,6. L'objectif visé est neuf, ce qui correspond aux neuf sièges de la province, le poids de 0,4 restant pouvant être expliqué par le vote indépendant et celui du Parti vert. Le poids du Parti vert serait transféré à l'extérieur de la province.
Même si les poids des partis seraient différents dans chaque province, et c'est ce qui se produirait certainement dans les faits, le résultat serait un parlement à représentation proportionnelle. Évidemment, à chaque élection, les poids changeraient. Il faudrait prendre des dispositions différentes pour les territoires du Nord et les petits partis, et j'ai mon idée à ce sujet, mais gardons cela pour un autre jour.
Quels sont les avantages? Tout d'abord, la pondération des votes produit la représentation proportionnelle la plus grande de tous les systèmes.
En deuxième lieu, les sièges supplémentaires permettent de résoudre de façon très simple les distorsions régionales extrêmes, comme ce que nous avons connu dans les provinces de l'Atlantique, où les libéraux ont récolté tous les sièges.
En troisième lieu, les sièges supplémentaires font intervenir le concept de partage du gâteau, plutôt que d'aller tous au gagnant, parce qu'ils sont attribués aux candidats des circonscriptions. Si le concept est populaire auprès des électeurs, je peux concevoir qu'on puisse introduire un plus grand nombre de sièges supplémentaires, grâce à une répartition entre les circonscriptions, au fil du temps, mais ceci n'est qu'un point de départ.
En quatrième lieu, comparons les autres systèmes en ce qui a trait à une modification minime ou à l'absence de modification des circonscriptions existantes. Je souhaite réellement mettre l'accent sur ce dernier point, parce que les listes de représentation proportionnelle ont été mises au point dans des pays comportant des densités de population élevées sur un petit territoire et que, essentiellement, la représentation proportionnelle ne tient pas compte des aspects géographiques. La géographie joue un rôle important au Canada. Si nous adoptons un des systèmes de RP les plus répandus, il existe un réel danger de se mettre à dos ou de décevoir les Canadiens des régions rurales, qui ne souhaitent surtout pas être regroupés avec les habitants de villages ou de villes dans des circonscriptions comportant plusieurs sièges. En outre, dans certaines régions du pays, il serait même impossible d'obtenir une proportionnalité véritable.
Je crois que les Canadiens attendent trois choses d'un système de représentation proportionnelle: un système de scrutin qui est véritablement proportionnel, un système de scrutin qui respecte l'identité des régions rurales du Canada, et un système de scrutin qui est simple à comprendre. Je me rends bien compte qu'il est difficile d'obtenir ces trois choses, parce que chaque système proposé comporte des lacunes. C'est pourquoi je sais que votre démarche sera très difficile, et je vous souhaite de la patience et de la perspicacité dans le défi auquel vous faites face en tant que comité.
Merci d'être venu à St. John's.
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J'aimerais commencer en remerciant tout le monde de nous avoir invités, moi et mon organisation, le Newfoundland and Labrador Youth Parliament, à venir ici et à témoigner. Nous l'apprécions vraiment. Cela montre clairement ce que pensent le gouvernement et les comités de l'engagement et de la voix des jeunes. Nous vous en sommes reconnaissants.
J'étudie ici à l'Université Memorial. Je fais une double concentration en science politique et en histoire. Je préside aussi le Newfoundland and Labrador Youth Parliament. Cette organisation vise à faire participer les jeunes de l'ensemble de la province, et du Labrador plus particulièrement. Nous avons à coeur d'inclure les Labradoriens dans notre programme.
Nous prenons le contrôle de l'Assemblée législative durant quelques jours, et pendant une courte période, nous devenons des députés provinciaux, comme en Ontario. Nous devenons les représentants de la province. Le gouvernement soumet des résolutions, dont nous débattons en profondeur, et nous proposons des amendements. L'opposition, qui est en minorité, joue le rôle de critique, souvent de façon constructive, même si parfois cela est difficile. Parfois aussi, cela se fait facilement.
Tous les participants, soit dit en passant, sont des députés indépendants. Nous n'attribuons pas d'allégeance politique à quiconque, mais nous affectons les sièges de façon que les participants aient réellement l'impression d'être députés provinciaux. Nous sommes une organisation non partisane, ce qui fait qu'il est très satisfaisant pour nous de demeurer non biaisés.
Ce qu'il y a de vraiment bien au sujet de ce programme et de très pertinent pour cette discussion est que, une année, nous avons dû débattre d'une résolution sur la représentation proportionnelle mixte. Nous en avons débattu et nous avons fini par l'approuver. L'exercice a été très intéressant. Cela montre à quel point la question sur laquelle vous devez vous pencher est complexe. Parmi les débats que nous avons eus, un portait sur la pertinence d'avoir un système de RP fondé sur une liste fermée ou une liste ouverte. Une liste régionale? Ou une liste nationale? Comment faut-il procéder? C'est donc dire que, même en tant que jeunes, nous comprenons très bien la tâche difficile qui vous échoit.
D'abord et avant tout, notre programme vise à faire participer les jeunes, et nous tentons aussi d'atteindre une parité entre les sexes. L'an dernier, nous avions une représentation égale d'hommes et de femmes, ce qui était extraordinaire.
Je vais m'arrêter là. J'ai pris connaissance de cette séance hier soir et j'ai décidé de vous faire une présentation. Vos questions sont les bienvenues.
Merci beaucoup.
Quelles sont leurs opinions au sujet du système actuel? Je crois que le consensus général au sujet du système actuel chez les jeunes à qui j'ai parlé, lorsqu'ils comprennent le système, et il y a un grand problème d'éducation derrière cela, est celui-là. J'ai déjà eu un professeur qui décrivait les systèmes électoraux en utilisant certains... termes qu'il n'est pas approprié d'utiliser devant ce comité. Prenons le terme RPM, qui a une consonance négative. Il y a tous ces noms, et beaucoup de confusion qui les entoure.
Je crois que la première étape est que, lorsqu'ils comprennent comment nos systèmes fonctionnent, on entame une discussion, mais essentiellement, la plupart des étudiants à qui j'ai parlé ne sont pas en faveur du système uninominal majoritaire à un tour. Selon le premier ministre, les récentes élections ont été les dernières à utiliser ce système. À peu près tous les jeunes à qui j'ai parlé qui connaissent le système, qui sont renseignés au sujet du système, ont voté en souhaitant qu'il s'agisse effectivement des dernières élections utilisant le système uninominal majoritaire à un tour.
À l'heure actuelle, nous n'avons pas l'impression que notre vote compte. Je crois que de nombreux jeunes sont de cet avis. Le système actuel repose sur une culture de « votre vote ne compte pas ». Je crois que pour nous, il s'agit d'un grand problème, probablement parce que nous n'avons pas l'impression d'être pris au sérieux.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins d'être présents ici aujourd'hui.
Merci aux personnes dans l'auditoire.
Je souhaite avoir la chance de poser davantage de questions à Brendon Dixon. Je veux mentionner combien il est impressionnant de voir des jeunes engagés. Vous dites que vous l'avez fait parce que vous êtes un mordu, mais je crois que vous l'avez fait parce que vous êtes un bon citoyen.
Je vais poser quelques questions à Marilyn Reid, parce que j'ai lu un article rédigé par elle dans The Independent. J'espère qu'il n'est pas abusif de vous poser des questions au sujet des deux séances sur la réforme électorale auxquelles vous avez assisté dans la presqu'île d'Avalon. Je crois que ces séances ont été organisées par les deux députés, et .
Je voulais particulièrement vous poser quelques questions concernant l'état d'esprit là-bas et ce que vous avez vu, parce que je sais qu'une discussion s'est tenue sur le vote en ligne, ainsi que sur l'abaissement de l'âge de droit de vote. Je crois comprendre que, dans les deux séances, vous étiez la seule personne qui croyait qu'un référendum était une bonne idée. Je me suis demandé pourquoi.
Avez-vous des observations à faire au sujet de ces deux séances? Cela m'intéresse beaucoup.
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Je remercie tous nos témoins de s'être déplacés.
Je remercie aussi les membres de l'auditoire, dont certains étaient ici tout à l'heure. Je suis impatiente d'échanger avec eux, plus tard, durant la séance à micro ouvert.
Madame Reid, j'ai hâte de lire votre mémoire. Nous venons tout juste de le recevoir et soyez assurée que je vais le lire. Votre proposition semble intéressante, mais comme l'a fait remarquer ma collègue Mme Sahota, c'est en mettant en pratique un système de scrutin que nous serons en mesure d'en juger les effets.
L'un de ces effets, ce sont les votes à la Chambre. Si les députés n'ont pas le même poids à la Chambre, la pondération des votes sera un facteur qui pourrait déterminer s'ils se présenteront ou non à un vote en Chambre. Si leur vote a une grande valeur, ils ne souhaiteront vraisemblablement pas siéger à comité, contrairement à un autre dont le vote a moins de poids.
Ce n'est que spéculation, mais nous allons certes vérifier si ce système serait applicable. Nous arriverons peut-être à étoffer certains éléments.
Comme j'ai fait carrière dans le milieu de l'enseignement, j'accorde une très grande importance à l'opinion des jeunes et à celle d'une enseignante à la retraite. Nous n'avons aucun pouvoir sur les champs de compétence provinciale. Comme l'éducation relève des provinces, nous pouvons nous évertuer à recommander la réintroduction de l'éducation civique dans les programmes scolaires, mais cela ne relève pas de notre compétence. Nous espérons qu'il en sera ainsi, mais attendons de voir. Nous pouvons tous nous faire les champions de cette cause.
Je serais curieuse de connaître le niveau connaissance de nos jeunes à l'égard de la situation actuelle. M. Dixon leur donne une note de 1,5 sur 10. Ce qui me préoccupe, c'est de savoir où ils puisent leur information. J'essaie simplement d'examiner toutes les facettes de la question.
Lorsque nous avions des cours d'éducation civique à l'école, ce n'était pas de l'information partisane, dictée par un parti, mais de l'information très objective. Aujourd'hui, une génération entière de Canadiens se renseigne sur internet et auprès de groupes de revendication et de partis politiques. Honnêtement, je ne pense pas qu'ils reçoivent une information complète. Ils ne connaissent pas tous les tenants et aboutissants.
En fait, vous avez... je ne parle pas seulement de vous. Beaucoup de gens se renseignent sur internet. Si c'est sur internet, ce doit être vrai, n'est-ce pas? Ils surfent sur internet pour obtenir de l'information. Ils n'ont qu'une information partielle. Ils se mettent ensuite à défendre une cause, sans avoir toutes les connaissances requises. Moi-même, je ne savais pas grand-chose avant de me lancer en politique. Je pensais savoir beaucoup de choses, mais lorsque vous vous retrouvez dans le feu de l'action, c'est là que vous vous rendez compte que vous avez beaucoup à apprendre.
Qui devrait avoir la responsabilité d'éduquer les Canadiens au sujet de notre système électoral? Il y a tellement de gens qui réclament un changement, sans savoir de quoi ils parlent. C'est ce qui m'inquiète. Ceux qui assistent à nos réunions sont des personnes qui ont un intérêt particulier ou qui en ont entendu parler par un militant ou par un groupe de défense. Qui devrait être responsable de l'éducation des Canadiens. Nous ne pouvons forcer les provinces à assumer cette responsabilité.
Je n'ai qu'une question pour le moment. Je sais que nous allons très bientôt laisser la parole à l'auditoire, et je sais que c'est la partie qui vous intéresse le plus.
Je vais m'adresser à vous, madame Reid, bien que vous sembliez prête à changer d'avis à ce propos. Vous avez écrit dans votre mémoire, et je vous cite, parce que j'aime beaucoup cette observation: « Je pense que quelque chose d’aussi important qu’une réforme électorale doit ultimement être présenté à la population, et je suis favorable à la tenue d’un référendum pour savoir si nous devons conserver notre système majoritaire uninominal à un tour ou introduire la représentation proportionnelle. »
Je ne cite pas cette phrase pour parler de référendum, comme la plupart de mes collègues le supposeraient. J'en parle souvent, parce que je pense que c'est une question importante. En fait, je suis tout à fait d'accord avec ce que vous faites remarquer. Mais je la cite plutôt pour parler d'une question que l'on ne mentionne pas beaucoup, celle du scrutin préférentiel. Au cours de nos séances à micro ouvert, nous avons entendu de nombreux défenseurs de la représentation proportionnelle mixte, et d'autres qui soutenaient différents types de représentation proportionnelle. Nous avons également entendu bien des gens désireux de conserver le scrutin majoritaire uninominal à un tour.
En discutant de ces choses avec mes électeurs, j'ai découvert un nombre incroyable de personnes qui espèrent que nous maintiendrons le système majoritaire uninominal. Bien des gens parlent de vote préférentiel. Dans votre mémoire, vous affirmez qu'on ne devrait pas offrir ce choix, et aujourd'hui vous nous avez expliqué pourquoi vous pensez ainsi.
Je dis cela pour souligner que nous devons choisir entre maintenir le système actuel et adopter un type de représentation proportionnelle. Il semble que ce soient les choix qui s'offrent à nous.
Pour passer à la proportionnelle, nous aurons probablement beaucoup de changements à apporter. Le directeur général des élections nous a dit qu'il faudrait s'y atteler bien à l'avance. Nous commençons à manquer de temps pour le faire. Nous risquons de ne plus avoir d'autres choix que le scrutin alternatif ou le scrutin préférentiel.
En vous écoutant vous et bien d'autres, nous avons l'impression — et vous me direz si je me trompe — que vous préféreriez que nous n'agissions pas à la hâte et que nous vous laissions assez de temps pour tenir un référendum et pour bien éduquer le public. Je crois que M. Dixon semble acquiescer, lui aussi.
Est-il plus important que nous choisissions le bon système ou que nous nous hâtions pour respecter la date d'échéance, qui arrive à grands pas?
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Je m'appelle Helen Forsey. Je vis dans une région rurale de Terre-Neuve trois mois par année et dans une région rurale de l'Est de l'Ontario le reste du temps. Notre démocratie a vraiment besoin d'une forme de représentation proportionnelle conçue spécialement pour le Canada. Je sais que la tâche ne sera pas facile. Je m'en rends encore plus compte aujourd'hui en entendant les gens parler, mais il est crucial que nous atteignions cet objectif d'une manière ou d'une autre.
J'aime les critères présentés par Marilyn Reid, qui a dit que le système choisi devra être facile à comprendre — du moins je crois que c'est ce qu'elle a dit — et qu'il devra tenir compte de la situation des habitants des régions rurales et des zones peu peuplées. Il s'agit d'une adaptation de certains systèmes existants qui s'appliquera mal aux provinces de l'Atlantique et à d'autres régions rurales du Canada. J'espère que le comité tiendra compte de ce qu'ont dit Mme Reid et M. Dixon. J'espère qu'il y pensera très sérieusement et qu'il trouvera une solution qui présente tous les avantages de ces systèmes et aucun de leurs désavantages.
Je m'oppose résolument au scrutin préférentiel et au vote alternatif pour les raisons qui nous ont été exposées ici. Ces systèmes ne donnent pas un résultat proportionnel. À mon avis, ils sont pires que le scrutin majoritaire uninominal parce qu'ils sont trompeurs.
Ne permettez pas le scrutin en ligne, il présente trop de risques. Il est exposé au piratage, aux erreurs comme celles du système de paie Phoenix, par exemple, aux défaillances, aux pannes d'électricité — surtout dans les régions rurales —, aux manipulations et à la coercition. Par exemple au sein d'une famille, si l'un des membres veut qu'un autre membre plus faible, comme un jeune ou un conjoint, vote d'une certaine façon, il peut regarder par-dessus l'épaule de celui qui vote... non, ce n'est pas sécuritaire du tout.
Ne permettez pas la tenue d'un référendum. Cette question est très complexe et, en général, les référendums échouent quand la question est complexe. Selon moi, vous faites exactement ce qu'il faut: vous y réfléchissez, vous écoutez, vous consultez. Merci.
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Bonsoir. J'ai 61 ans et j'ai voté à 26 élections fédérales et provinciales. Aux élections provinciales, 25 % de mes votes ont compté, et aux élections fédérales, mes votes n'ont jamais compté. C'est pourquoi je me suis jointe à l'organisme Représentation équitable au Canada.
Cet organisme vous a déjà remis un rapport, alors je ne vais pas le répéter, mais je vous dirai que je suis une idéaliste invétérée. Je crois toujours au gouvernement pour le peuple et par le peuple. À l'heure actuelle, nous avons un gouvernement pour les affaires et par les grandes entreprises. Mais je crois à la démocratie. Je ne pense pas que les élections constituent l'élément le plus important de la démocratie, et elles ne sont certainement pas le seul élément de la démocratie, mais leur rôle est très important: elles nous permettent d'élire notre gouvernement.
Comme j'aime la démocratie, je me suis toujours intéressée à la politique, comme M. Dixon, depuis tout jeune. J'ai toujours participé aux événements politiques dans la mesure où j'en avais le temps, l'argent et l'énergie. J'ai discuté de cette question avec mes deux députés, avec Scott Simms, quand j'habitais dans cette région, puis avec Ken McDonald, qui est maintenant mon député. J'ai défendu la représentation proportionnelle dans mes conversations avec mes voisins et au sein du parti politique auquel j'appartiens, et j'ai participé à des rencontres pour soutenir ce système.
Le plus important, selon moi, est que nous ayons des opinions diverses. Tout bon gouvernement démocratique a besoin d'une opposition solide ainsi que de médias solides et vigoureux qui s'expriment librement, ce que nous n'avons plus. C'est l'une des raisons pour lesquelles les électeurs ne vont plus voter, parce que pour le moment j'ai l'impression — surtout lors de la dernière élection — d'être de retour à l'école et de voter pour la reine et le roi du bal. Nous ne votions pas sur des enjeux, nous votions simplement pour le candidat le plus populaire.
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Je vous remercie tous d'être venus à St. John's, et je vous remercie du travail que vous accomplissez. Il y a longtemps que nous désirons cela. Je crois qu'on parle de réforme électorale depuis bien 100 ans au Canada. Mais les gouvernements n'aiment pas la contestation, tout comme les grandes entreprises n'aiment pas la concurrence. Les gouvernements aiment le pouvoir, et les entreprises aiment le profit. Tous deux cherchent à réduire la contestation et la concurrence à un minimum, mais nous tenons à maximiser ces deux comportements.
La démocratie est déstabilisée à tous les niveaux. Le système majoritaire uninominal est incomplet. Je pense qu'en un sens, c'est la raison pour laquelle un grand nombre d'électeurs n'ont pas voté ces vingt dernières années. La démocratie est déstabilisée par les circonscriptions pourries et par le trucage électoral. Hitler avait été élu, ce qui prouve qu'on peut manipuler la démocratie à volonté.
Au Canada, le scrutin majoritaire uninominal, ce système ouvert, a favorisé le gouvernement Chrétien pendant 10 ans, alors que la droite était divisée en deux partis, les réformistes et les conservateurs. Il a ensuite favorisé M. Harper pendant que la gauche était divisée entre le NPD et le Parti libéral, durant une autre décennie. Bien qu'au cours de ces deux décennies, de 60 à 70 % de la population ait penché vers la gauche, son gouvernement ne la représentait pas. Alors les gens, les jeunes gens, sont allés voter une fois, peut-être deux, mais leurs votes n'ont pas semblé leur apporter des résultats ou leur donner une représentation.
Je crois que cet énorme fossé a beaucoup découragé les électeurs de cette génération. Ils ont cessé de voter, mais ils ont continué à s'intéresser à la politique. Ils ont agi différemment, ils ont voté pour le rejet et pour la non-participation. Ce vote de démobilisation a aussi son importance au sein du système politique. Je ne crois pas qu'il faille interpréter ces faits plus profondément que cela.
Oui, je soutiens fortement la réforme électorale. Mais il faut le faire prudemment. Disons que le référendum tenu à Terre-Neuve en 1949 était frauduleux. Je ne me considère pas comme étant Canadien de par la loi, et cela s'explique très bien. Ce référendum a probablement été le plus frauduleux de notre histoire. Nous avons fini par nous faire avaler par le Canada. Notre destin face au Canada a été très similaire à notre destin face à la Grande-Bretagne. Dans notre grand pays peu peuplé, nous votons pour des gens, et non pour des administrations.
L'effondrement de notre industrie de la pêche à la morue découle de notre faible taux de participation, parce que, bien sûr, la pêche à la morue était gérée par la grande administration, par le Canada; mais c'est une ressource cruciale pour la petite administration qui en réalité gère un très grand territoire. Nous avons 500 000 personnes qui s'efforcent de gérer une région de 6 000 à 10 000 milles de lignes côtières, si l'on y inclut le Labrador. Nous avons 10 000 milles de côtes à administrer. C'est un travail très particulier pour ces 500 000 personnes.
Il est bien évident que ces gens ne peuvent pas protéger l'industrie de la pêche. Le vote du Québec ou de l'Ontario l'emporte sur le leur, parce que ces provinces veulent échanger les quotas de pêche pour des usines de fabrication d'automobiles ou pour des quotas de vente de blé, ou pour d'autres choses. Cela s'est d'ailleurs produit dans les années 1970. Notre vote n'a pas pu empêcher le Québec, l'Ontario ou l'Alberta de voter pour se débarrasser de ces quantités de poisson. Finalement, nous avons perdu cette ressource qui appartenait à notre province, bien sûr, parce que nous n'avions pas le poids électoral pour la conserver.
Nous nous trouvons dans la situation d'une grande région peu peuplée qu'administre un propriétaire absent, replié à Ottawa. Évidemment que le MPO l'administre, mais c'est une tout autre histoire.
Il faut faire preuve de considération pour les faibles populations qui administrent un vaste territoire. Elles n'administrent pas simplement une grande ville. Elles font face à de nombreux problèmes que d'autres gouvernements n'ont souvent pas, alors qu'ils ont le nombre de votes qui leur donne du pouvoir sur ces territoires.
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Je salue tous les membres du comité. Je vous remercie pour tout le travail que vous accomplissez, et je vous souhaite la bienvenue à Terre-Neuve, où chaque jour est comme celui-ci, soit dit en passant.
Je m'appelle Kelsey Reichel et j'habite à Carbonear. Je vais vous expliquer en quelques mots, la raison pour laquelle je pense que le Canada devrait adopter un système de représentation proportionnelle. Mais avant cela, je vais parler de l'idée de tenir un référendum sur la réforme électorale. Je ne suis pas d'accord pour plusieurs raisons.
D'abord, j'ai entendu dire que cela coûterait environ 300 millions de dollars. Ce serait une dépense inutile pour une question qui ne devrait de toute façon pas se décider par voie de référendum. Si j'ai bien compris, les référendums ne devraient trancher que des questions liées à la Constitution et, pour autant que je le sache, cela ne s'applique pas à la réforme électorale.
La deuxième raison pour laquelle je m'oppose à un référendum, et c'est la plus importante, c'est qu'il ne ferait que protéger le statu quo. Regardons un peu la réalité bien en face. La plupart des Canadiens ont d'autres préoccupations que de réformer le système électoral. Je crois qu'il est probable que, si l'on tient une sorte de référendum, la plupart des gens ne s'y intéresseront pas ou alors ils ne comprendront pas assez la complexité de la réforme électorale pour faire un choix éclairé. Nous ferions mieux de laisser nos élus déterminer le système qui conviendra le mieux au Canada et de leur en confier la mise en oeuvre.
Comme je le disais, ce n'est pas un sujet qui anime les conversations autour des tables de cuisine. Il est bien possible que la plupart des gens ne s'aperçoivent même pas que la façon d'élire nos représentants n'est pas adéquate. Quand on essaie de comprendre, on s'aperçoit que ce sujet et complexe, déconcertant et intimidant. Je n'ai aucune expertise à ce propos, mais je vois clairement qu'il y a un problème, si ce n'est que, par le fait que ce thème a pris tant d'importance dans la plateforme libérale à la dernière élection. Les libéraux ont promis que l'élection de 2015 serait la dernière tenue au un scrutin majoritaire uninominal. Je félicite le gouvernement d'avoir lancé cette initiative.
À l'heure actuelle, environ 85 % des pays membres de l'OCDE utilisent une forme ou une autre de représentation proportionnelle. Le Canada, les États-Unis et le Royaume-Uni sont les trois seuls qui appliquent encore le scrutin majoritaire uninominal. En deux mots, la représentation proportionnelle repose sur le fait que, si un parti obtient 20 % du vote, il reçoit 20 % des sièges au Parlement. Le système de représentation proportionnelle établit un juste équilibre de représentation en assurant que les partis qui obtiennent une part considérable des votes obtiendront un nombre adéquat de sièges pour bien représenter les électeurs qui ont voté pour eux.
Il est facile de s'embourber dans les détails des différents types de représentation proportionnelle, et je ne vais pas essayer de les présenter aujourd'hui, mais ils ont tous beaucoup de critères communs. Sous un système de représentation proportionnelle, on restructurerait les circonscriptions de manière à élire plusieurs députés dans chacune, généralement de différents partis. Cela permet aux électeurs de décider à quel député ils s'adresseront pour parler de leurs problèmes. Cela leur offrira une meilleure possibilité d'être représentés par un député dont les valeurs correspondent aux leurs.
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Bonjour à tous, et merci pour votre visite.
Je vais m'efforcer de parler rapidement, parce que j'ai beaucoup de choses à dire. Premièrement, si l'on tient un référendum, la question devrait être: « Est-ce que tous les votes devraient avoir le même poids? ». À l'heure actuelle, ce n'est pas le cas.
Je vais vous poser une question, et je vous demanderai d'y répondre silencieusement, par la pensée, parce qu'il est évident que je ne peux pas en discuter avec chacun de vous. Trouvez-vous que nous vivons dans une démocratie représentative? Je pense bien que non. Dans une démocratie représentative, le vote de chaque électeur aurait le même poids. La question de représentation proportionnelle repose sur des valeurs. L'égalité a-t-elle de la valeur, selon vous?
Le scrutin proportionnel mixte résout le problème principal, mais il en crée un autre. Au niveau national, ou au niveau de la région que l'on créerait, les résultats sont proportionnels, mais ils ne représentent pas mon opinion au sujet du député qui me représenterait le mieux. Ils représentent le parti que je soutiens. À mon avis, le système de partis est la cause principale du désengagement des électeurs. La représentation proportionnelle ne constitue pas une partie optionnelle de la démocratie, c'est la différence entre la démocratie représentative et la démocratie non représentative.
Quel système électoral devrions-nous choisir? Si je ne peux pas exprimer mon soutien pour le candidat que je préfère sans gaspiller mon vote, alors je ne pourrai pas être représenté adéquatement au Parlement. Je serai peut-être mal représenté par les idées d'un candidat qui, selon moi, sont moins horribles que celles d'un autre candidat, mais je ne serai pas représenté de façon précise.
Le vote unique transférable est le seul système axé sur les candidats. Autrement dit, c'est le seul système centré sur le candidat et non sur son parti. Si vous appuyez la représentation régionale, vous n'adopterez pas vraiment un système entièrement proportionnel. Si vous appuyez la représentation régionale, le seul système qui la préserve tout en donnant un résultat proportionnel est le vote unique transférable. Mon vote me permettra d'indiquer qui est mon candidat préféré, mais s'il n'obtient pas assez de votes, mon candidat de deuxième choix pourra être élu; ce scrutin pourra donc être proportionnel. Je peux quand même redésigner le candidat qui, selon moi, me représentera le mieux, et mon vote compte quand même.
Je trouve que vous n'avez pas assez parlé du vote unique transférable. Il est évident que tout le monde désire la représentation proportionnelle. C'est très évidemment le plus gros problème ici. Si vous discutez du système que vous allez choisir pour appliquer la représentation proportionnelle, vous devrez vous concentrer sur les systèmes de représentation proportionnelle mixte et non sur le vote unique transférable. Le problème avec un système centré sur les partis plutôt que sur les candidats...
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Merci beaucoup d'avoir modifié votre liste d'intervenants pour me laisser parler. J'ai cinq jeunes enfants, donc il m'aurait été difficile de revenir plus tard.
Je suis médecin spécialiste. J'appuie la représentation proportionnelle depuis au moins 1972 ou 1973. Je suis membre du Parti libéral depuis ce temps-là, ici au Canada et à l'étranger, entre autres au Royaume-Uni.
Une élection dont les résultats ne représentent pas la volonté des électeurs manque de légitimité. Votre comité, comme tous les Canadiens, doit s'inquiéter de constater qu'un gouvernement largement majoritaire a été élu par moins de 40 % des électeurs. Il est difficile de passer à côté. Le système majoritaire uninominal a un effet séparateur. Il divise les différentes régions du Canada. Il est possible, par exemple, qu'aucun candidat libéral ne soit élu en Alberta malgré le grand nombre d'électeurs de cette province, et qu'aucun candidat conservateur ne soit élu dans les provinces de l'Atlantique. Cela devrait nous troubler tous profondément, parce que cela crée des divisions démesurées dans notre pays. Nous ne pouvons qu'espérer que les politiciens décident de travailler ensemble, de collaborer au Parlement et à l'extérieur afin d'accomplir ce qu'ils doivent faire pour le bien du pays. Nous avons là un résultat dénaturé du scrutin majoritaire uninominal.
Personnellement, je préfère le vote unique transférable, mais il a aussi ses défauts. Nous voulons que les députés élus représentent les gens et non leurs partis. Il faut trouver un bon système proportionnel qui favorise ce lien entre les députés et leurs électeurs. Il est agréable de s'adresser au député que l'on soutient, mais est il aussi très important d'avoir ce lien. Si nous formons de très vastes circonscriptions — disons, par exemple, une circonscription pour tout Terre-Neuve-et-Labrador —, le défaut de ce système est que si je suis candidat et que je fais campagne à St. John's et que je ne suis pas extrêmement riche, il me sera difficile de mener une campagne efficace dans le Nord du Labrador et à Corner Brook. Examinons des systèmes réels. Y a-t-il une raison pour laquelle nous devons appliquer exactement le même système dans toutes les régions du pays? Ne pourrions-nous pas varier un peu, appliquer divers systèmes dans différentes provinces, et même à l'intérieur des provinces, afin de tenir compte des enjeux géographiques réels qui influencent notre vie?
Le système de représentation proportionnelle a ses avantages. Il est bon de représenter adéquatement les femmes, les différents sexes et différents handicaps. Nous ne sommes pas obligés d'adopter un système déjà tout fait. Essayons de faire preuve d'un peu de créativité.
Selon moi, les référendums créent souvent beaucoup de division, comme nous l'avons vu dans les cas du Brexit et du Québec. Je pense que, pour trouver un système qui conviendra au pays et peut-être même aux provinces et aux régions des provinces, il faudra créer une assemblée constituante, faire participer les Canadiens et tenir avec eux un dialogue sérieux.
Merci.
En fait, j'ai deux ou trois questions à poser, et je ne suis pas d'accord avec ce que vient de dire le dernier intervenant, parce que je voudrais vraiment que l'on tienne un référendum national ou un plébiscite.
À la dernière élection fédérale, le Parti libéral a obtenu 39,47 % du vote populaire. Je demande à ce comité et au Parti libéral si ce pourcentage suffit pour mandater le gouvernement afin qu'il prenne une décision aussi historique pour le Canada? Cette décision aura des répercussions légales, économiques et politiques à très long terme. Est-il normal de lui confier cette décision sans tenir un plébiscite ou un référendum national? C'est là ma question.
De manière plus générale, je croirais que le Parti libéral, et ce comité, pensent que les Canadiens sont assez sages et judicieux pour prendre des décisions qui favoriseront les intérêts supérieurs de notre nation. Par conséquent il est logique que, si la majorité des Canadiens sont en mesure de le faire, nous tenions un référendum national ou un plébiscite sur la réforme électorale.
Nous ne nous contentons pas de choisir entre le système majoritaire uninominal et un autre système. En répondant au questionnaire hier soir, j'avais l'impression de choisir des plats au menu, un repas McValeur chez McDonald. il nous faut des choix tangibles à examiner et à comparer. Il nous faut des exemples vivants de systèmes qui réussissent dans d'autres nations. En lisant le document PDF que vous avez affiché dans votre site Web, j'ai eu l'impression que vous aviez deux ou trois nations à l'esprit.
Pourquoi ne pas nous donner plus de détails sur ces pays? Dites aux Canadiens ce que vous proposez et présentez-leur une comparaison entre ces systèmes et le scrutin majoritaire uninominal. À mon avis, c'est ainsi que vous devriez agir pour faire preuve de respect pour les Canadiens. Autrement, votre façon d'agir pue l'élitisme.
Merci beaucoup.
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Merci. Je vous remercie de l'occasion qui m'est donnée de comparaître. J'ai participé à de nombreux comités du Parlement et du Sénat au cours des années. Il m'est arrivé un jour de devoir prendre un taxi à mon hôtel pour assister à un comité à Ottawa. La réunion se tenait dans une salle de conférence dans l'édifice de l'Ouest. J'ai sauté dans le taxi et j'ai dit: « Pouvez-vous me conduire à l'édifice de l'Ouest s'il vous plaît? » Le conducteur m'a répondu: « Je suis nouveau en ville. Pourriez-vous m'indiquer comment on va à l' l'édifice de l'Ouest? » Alors j'ai dit: « Eh bien, monsieur, je crois qu'il faut d'abord obtenir l'investiture dans le parti de votre choix et ensuite qu'il faut se faire élire. Après, ça va tout seul. »
Des voix: Oh, oh!
M. Earle McCurdy: Je suis quelqu'un qui a beaucoup voté dans sa vie, ce qui, en fin de compte, n'a pas semblé compter pour grand-chose si ça n'est la sensation de participer à quelque chose au moment de marquer mon bulletin. J'ai clairement été content d'obtenir du gouvernement la promesse que nous venons d'avoir notre dernier scrutin majoritaire uninominal à un tour au Canada.
Je commencerais, pour ma part, par définir ce que sont les objectifs du nouveau système. Je suis personnellement convaincu qu'il nous faut un changement. Nous avons le même système depuis l'époque des voitures à cheval. Il n'a pas du tout été conçu dans l'esprit du Canada actuel.
Je voudrais citer quelques objectifs d'un nouveau système. Je suis plus préoccupé par les caractéristiques fondamentales que par la mécanique précise elle-même. Je crois que, ce qui est important, c'est qu'il traduise les votes en sièges de façon juste et à un niveau national, ce qui supprimerait donc le poids disproportionné que donne le système actuel à des blocs de votes concentrés au niveau régional. Il devrait s'agir de quelque chose qui retienne le principe de la représentation locale comme une caractéristique de la Chambre, au moins en partie. Ce système devrait être conçu, ce que je crois possible, pour aider à atteindre des objectifs en matière de représentation des genres, des minorités, des autochtones et ainsi de suite et cela devrait être un système dans lequel les gens ont le sentiment que lorsqu'ils votent, cela va compter, quelque soit leur circonscription.
Si je regarde le système actuel, je vois qu'il a certainement produit des distorsions régionales majeures. De mémoire, l'exemple le plus extrême de décalage entre le résultat en sièges et le vote des Canadiens était peut-être l'élection de 1993. Le Parti Progressiste-conservateur — pas grâce à mon vote, je dois dire — a reçu plus de voix que le Bloc, mais les Conservateurs n'ont obtenu que 2 sièges et le Bloc, 54. Quelque chose là-dedans n'a aucun sens. Lors de cette élection, un parti qui a eu 2 sièges à reçu les voix de beaucoup plus de Canadiens qu'un parti en ayant obtenu 54.
Il y a d'autres exemples. Comme vous le savez sans doute, je suis le chef du NPD provincial, si vous ne le saviez pas, voilà qui je suis. Au Québec, lors de l'élection de 2011, notre parti a obtenu d'excellents résultats en nombre de votes, mais notre pourcentage de votes s'est vu quasiment doublé par notre pourcentage de sièges. Les conservateurs en Alberta, au cours de nombreuses élections ont bénéficié d'un vote important, mais ils n'ont pas reçu tous les votes et pourtant ils ont obtenu tous les sièges lors de certaines élections. Il y a un certain nombre d'exemple dans lesquels c'était vraiment en dépit du bon sens.
La pire des situations pour un parti est sans doute d'avoir un niveau de soutien modéré réparti de manière assez homogène dans le pays. Vous pouvez obtenir 20 % des suffrages et ne pas obtenir un seul siège, selon la répartition de votre électorat.
De plus, le scrutin majoritaire uninominal à un tour a donné de fausses majorités lors des deux dernières élections et dans un certain nombre d'autres aussi, en ce sens que des gouvernements ont été élus avec une majorité de sièges au Parlement sans avoir eu le soutien de la majorité des Canadiens lors de ce scrutin.
L'un des arguments que j'ai entendus en faveur du scrutin majoritaire uninominal à un tour, est celui de la stabilité gouvernementale; vous n'êtes pas obligés d'avoir des gouvernements minoritaires et une autre élection, puis une autre et ainsi de suite. Mais si vous regardez la réalité, notre durée moyenne de mandat depuis la seconde guerre mondiale est à peu près la même que celle de beaucoup de pays qui ont d'autres systèmes que le scrutin majoritaire uninominal à un tour, pour la plupart. En fait ils ont plutôt eu, dans certains cas, des mandats plus longs en moyenne depuis la seconde guerre.
Et puis, bien entendu, qui dit qu'un gouvernement minoritaire est instable? Il me semble que nous en avons eu 13 dans le pays au fil des années. Notre programme d'assurance-maladie, notre régime de pensions et notre drapeau ont tous été le fruit de gouvernements minoritaires, alors je ne pense pas qu'on puisse dire que c'est forcément quelque chose d'affreux.
Je sais que c'est un comité fédéral, mais j'ai pensé qu'il serait peut-être instructif de se référer aux résultats des deux dernières élections provinciales dans le cadre du scrutin majoritaire uninominal à un tour. Il est intéressant de noter qu'en 2011, un gouvernement progressiste-conservateur a été élu et que, l'an dernier, c'est un gouvernement libéral qui a été élu. Dans les deux cas ils ont obtenu entre 56 et 57 % des voix. Dans les deux cas ils ont obtenu environ 77 % des sièges. Autrement dit, dans les deux cas nous aurions eu des gouvernements majoritaires avec n'importe quel autre système électoral. En revanche, nous avons eu des gouvernements majoritaires déséquilibrés, ce qui, à mon avis, ne permet pas à l'organe législatif de fonctionner aussi bien qu'il le pourrait ou qu'il le devrait.
Je ferais passer, à un moment donné, un graphique qui montre l'élection de 2011 en haut et celle de 2015 en bas, on y voit la répartition réelle des sièges sur la gauche et sur la droite, ce qu'aurait été cette répartition si les sièges avaient été attribués en proportion des votes. Comme vous le voyez, cela serait plus équilibré tout en donnant quand même une majorité au parlement dans les deux cas. Une singularité de l'élection de 2011 étant que notre parti a obtenu 24,6 % des suffrages, me semble-t-il et les Libéraux en ont obtenu 19,1 %. Ils ont fini par être l'opposition officielle parce qu'ils ont obtenu six sièges et nous cinq, simplement parce qu'ils ont remporté trois ou quatre circonscriptions incertaines et nous en avons perdu trois ou quatre, ou deux; et bien que nous les ayons nettement dépassé au nombre de voix, nous sommes arrivés troisièmes.
Je voulais juste souligner le fait que, ce qui s'est produit au niveau fédéral s'est également produit au niveau provincial, puisque de la même façon nous avons eu un résultat déformé par rapport à la manière dont les Terre-Neuviens et Labradoriens ont voté et leur vote n'a pas été reflété dans la répartition des sièges.
Par exemple nous avons actuellement 31 sièges sur 40 du côté du gouvernement, 7 dans l'opposition officielle et 2 pour nous dans le tiers parti. Si ces sièges avaient été attribués selon le vote populaire, il y aurait eu 23 sièges du côté du gouvernement, 12 dans l'opposition officielle et 5 pour le tiers parti, ce qui je crois, aurait potentiellement été un parlement beaucoup plus dynamique et efficace, tout en ayant un gouvernement majoritaire.
J'ai fait des remarques sur certains des objectifs qui pourraient fonctionner. J'ai entendu quelque part l'idée d'un seuil de nombre de voix minimum pour obtenir un siège et je crois que ce minimum devrait être assez modeste. Mais je crois qu'il devrait y en avoir un pour réduire le risque que des partis extrémistes ou des partis à cause unique n'obtiennent des représentants alors que cela ne serait pas possible dans le système actuel.
Si les gens avaient le sentiment que chaque vote compte, je crois que cela pourrait potentiellement augmenter la participation. Il n'y a pas de quoi être fier de notre niveau de participation actuel au Canada. Dans notre province, lors des deux dernières élections fédérales, la participation a été la plus faible de toutes les provinces, je n'en suis pas fier. Je ne crois pas que c'était un bon résultat.
Je ne crois pas que le système donne vraiment aux gens l'impression que leur vote va faire une différence, si bien que beaucoup réagissent en restant chez eux.
Sur la question de la représentation des femmes, la représentation proportionnelle sous une forme ou une autre n'aboutit pas, en soi, à une représentation égale des femmes. Par contre, je crois qu'elle fournit une occasion de s'attaquer à la question de la participation des femmes. Si vous voulez ajouter un autre objectif, disons la participation autochtone ou la participation des minorités, ou je ne sais quoi, si une partie de la composition de la chambre venait de listes soumises par les partis, il serait possible de soumettre la composition de ces listes à des critères qui aideraient à atteindre ces objectifs d'équité.
Je crois que l'important, dans le choix d'un système, c'est que celui-ci doit refléter le vote populaire. Les détails d'un système en particulier sont secondaires pour moi. Je crois qu'un comité multipartite devrait être en mesure de trouver une formule qui convienne à la situation canadienne. Je ne crois pas au scrutin préférentiel. Il conserve — et peut potentiellement exacerber — beaucoup des faiblesses du scrutin majoritaire uninominal à un tour et ne garantit pas du tout que l'attribution des sièges reflète généralement la manière dont les Canadiens ont voté.
Pour terminer je ne crois pas qu'il y ait besoin d'un référendum dans cette affaire. Je crois que la position des partis était claire au moment de l'élection. Je pense qu'il y a un mandat. Reste la question technique de savoir quel système nous allons choisir et quels en sont les principes. Fondamentalement il s'agit de dire que la répartition des sièges à la Chambre des communes doit être le reflet de la volonté populaire telle qu'elle s'est exprimée par le vote. Je crois que cela compte vraiment.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur McCurdy, d'être parmis nous.
Je suis content que vous apportiez une dimension provinciale à tout ceci. C'est approprié et cela nous aide à penser la direction. Il y a eu un certain nombre de tentatives au niveau provincial pour une réforme du vote. Il y a des gens qui disent que la direction ne se voit qu'au niveau national et puis soudain les provinces se réveillent.
Je veux en venir à ce problème difficile à résoudre, le faible taux de participation, pourquoi les gens ne votent pas.
Mes collègues m'ont entendu en parler à de nombreuses reprises, donc je vais le faire une fois de plus. Après l'élection au Manitoba, Élections Manitoba a fait une étude sur les non-votants, ceux qui n'avaient pas participé. Ils ont aussi eu un taux de participation de 57 %, je crois, si cela peut vous consoler. Au sein de ce groupe, au moins la moitié de ces électeurs avaient le sentiment que le résultat était prédéterminé, qu'ils vivaient dans une circonscription de tel ou tel type. Ils avaient une approche rationnelle d'un acte irrationnel, celui d'aller voter. Ils avaient compris de manière rationnelle qu'ils votaient d'une façon différente de celle dont on votait typiquement dans leur circonscription. Il n'y a rien de rationnel à aller voter si ça n'a aucun effet sur la marche du monde. On appelle parfois cela un « vote gaspillé ». Je sais que des gens autour de cette table on dit que ce n'était pas un vote gaspillé, que c'était quand même une expression de... Vous avez dit vous même avoir fait de nombreuses fois cette expérience de voter et de ne jamais voir votre vote incarné d'une manière ou d'une autre. Nous cherchons simplement des moyens de motiver les gens à aller participer à notre démocratie parce que nous savons ce qui se passe lorsqu'ils ne le font pas. Nous avons une politique dégradée et davantage de cynisme.
Pouvons-nous réussir cela pour les électeurs de Terre-Neuve-et-Labrador, qu'ils aient le sentiment que leur vote va compter un peu plus?
Je voudrais vous remercier, monsieur McCurdy, de votre présence ici, ce soir.
Je remercie également les membres de l’auditoire qui passent leur temps avec nous. La réforme électorale est un sujet rigolo, je le sais, alors merci d’être ici. C’est un vrai plaisir d’être à St. John’s. J’espère qu’un peu plus tard ce soir, nous aurons droit au traditionnel « screech in », comme on dit ici, cela pour le compte rendu.
On nous a beaucoup parlé des avantages et des inconvénients des différents systèmes électoraux. Comme vous le savez, en application des principes directeurs de notre mandat, nous sommes tenus de présenter des propositions qui soient tout à la fois légitime, efficace, simple, etc.
Nous avons également des délais serrés. Il faut que tout soit en place pour le 1er décembre. Si nous voulons modifier le régime électoral actuellement en place pour les élections de 2009, le temps presse. Vous avez dit vous-même que le public manquait d’information, qu’il fallait éduquer les Canadiens. Quoi que nous fassions, il nous faudra absolument mener une grosse campagne publique d’information.
Compte tenu de toutes ces contraintes, quelle forme de représentation proportionnelle devrions-nous envisager, selon vous, si nous devions nous engager dans cette voie?
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Merci, monsieur le président.
Je voulais m’en tenir à l’aspect régional de la discussion, parce que, s’il est vrai que réformer le système électoral ne va pas résoudre tous les problèmes de notre démocratie, c’est un aspect de la discussion dont nous sommes tous conscients, il reste que cela peut contribuer à résoudre le problème du déséquilibre régional qui caractérise nos élections.
Vous avez fait référence aux élections fédérales de 1993 où le parti conservateur a obtenu plus de suffrages que le Bloc québécois, mais avait obtenu 52 sièges de moins qu’eux.
En Colombie-Britannique, nous avons eu des résultats déséquilibrés en 2001, lorsque le NPD n’avait obtenu que deux sièges sur 79 sièges à l’assemblée, alors qu’il avait recueilli les suffrages d’un électeur sur cinq en Colombie-Britannique. Il n’avait pas assez de sièges pour avoir le statut de parti officiel et n’avait pas non plus les ressources pour former l’opposition officielle.
À propos de la composition actuelle du Parlement fédéral, j’aimerais avoir vos commentaires en ce qui concerne l’expression des différentes régions au sein des partis. Les provinces atlantiques ont 32 députés libéraux, avec moins de 60 % des suffrages. Je suis certain qu’il y a des Canadiens dans la région qui souhaiteraient avoir des députés néo-démocrates et conservateurs, juste pour que ces caucus puissent avoir une vision complète des questions qui se posent.
De même, si vous prenez la Saskatchewan, nous avons un seul et unique député libéral, bien que presqu'un quart de la population ait voté pour les libéraux. Je suis sûr qu’il y a des libéraux qui ont le sentiment d’être laissés-pour-compte. Le ministre Goodale est là depuis longtemps.
J’aimerais entendre votre point de vue sur la question parce que je pense que c’est très important que les caucus des partis reflètent cette diversité régionale.
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Ce sont de mauvais résultats, je trouve. Lorsqu’un parti obtient 25 % des suffrages et n’obtient qu’un député sur je ne sais pas combien — je ne sais pas quel est le nombre de députés pour la Saskatchewan maintenant, mais un nombre considérable de sièges quelque chose comme 17 — la représentation ne reflète en rien le vote de la population pas plus que les deux sièges sur 79, et quantité d’autres exemples.
Lorsqu’une région, ou une province se voit exclue de la Chambre des communes, c’est malsain comme résultat. C'est particulièrement vrai quand un grand nombre d'électeurs a voté pour un certain candidat autre et qu'à cause du mode de fonctionnement du scrutin uninominal majoritaire, un autre rafle tous les sièges. Pour ce qui est des habitants de la région de l’Atlantique aujourd’hui, il n’y a pas un seul député à la Chambre des communes qui puisse prendre la parole à la période des questions et s’exprimer en leur nom. Il faut qu’il y ait un député de l’opposition, qui ne soit pas subordonné au whip, qui puisse prendre la parole à la Chambre pour aborder les sujets qui fâchent. Il faut que quelqu’un puisse donner voix au problème, faire que les médias en parlent et que les gens puissent voir au moins qu’il est abordé à la Chambre des communes, indépendamment du résultat obtenu. Mais du moins, on aura discuté du sujet qui leur tient à cœur.
Je pense qu’avec un système mixte permettant d’élire des députés sur la base des circonscriptions telles qu’elles existent aujourd’hui et prévoyant des sièges supplémentaires pour équilibrer le nombre des sièges, cela pourrait se faire sur une base régionale.
Cela pourrait être au niveau provincial ou de régions plus grandes, je suppose, cela reste à débattre. Par exemple, ça ne réglerait pas le problème si les partis d’opposition avaient une poignée de sièges à choisir à partir d’une liste et si ils les choisissaient tous dans certaines provinces, mais pas dans celles de l’Atlantique. Cela ne réglerait alors absolument pas le problème. Ce serait illogique. Je ne pense pas qu’un parti d’opposition le fasse, mais il serait logique de leur imposer une distribution régionale d’une manière ou d’une autre pour obtenir que la composition de la Chambre des communes ne reflète pas simplement l’ensemble des suffrages, mais également leur distribution régionale.
Si 25 % de la population de la Saskatchewan a voté pour les libéraux et que le résultat soit tel que 25 % environ des sièges reviennent aux libéraux, alors cela serait plus représentatif de la volonté du peuple.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci, monsieur McCurdy de vous être joint à nous ce soir.
J’entends témoins après témoins nous dire que la participation aux élections augmentera si l’on adopte un système de représentation proportionnelle. Je pense que nous devons nous efforcer d’obtenir une participation plus active des électeurs au moment des élections, qui pourrait porter à une participation démocratique plus active en dehors des périodes électorales.
Les statistiques des démocraties occidentales, tant celles qui ont un régime de représentation proportionnelle que celles qui ont le régime majoritaire uninominal, indépendamment donc du type de système, révèlent une tendance générale partout en Occident à une diminution de l’engagement des électeurs et de leur participation aux élections.
Au Canada, cela pourrait être dû en partie au fait que de plus en plus de gens estiment ne pas être représentés au Parlement issu des élections. Nous devons nous efforcer, je crois, de renforcer la diversité en politique. Un peu plus tôt aujourd’hui, j’ai eu une conversation avec monsieur Bittner, on se demandait si cela voulait dire renforcer la diversité des personnes, de leur apparence, que l’on voit au Parlement, des hommes, des femmes, des autochtones, des personnes handicapées, des personnes venant de minorités raciales, ou renforcer la diversité des points de vue politique ou des idéologies qui sont représentées? C’était une intéressante conversation sur ce sujet de la diversité et de la représentativité du Parlement.
Que pourrions-nous faire d’après vous pour encourager les partis à présenter des candidats représentant une plus grande diversité? D’après monsieur Bittner, quel que soit le système que l’on adopte, même si c’est la représentation proportionnelle, il nous faudra trouver le moyen d’amener les partis à présenter davantage de candidats femmes, autochtones et de minorités ethniques.
En guise d'introduction, je voudrais dire que j’espère réellement que notre parlement, avec votre aide, prendra cette décision. Aujourd’hui encore, par exemple, on pouvait lire, dans le New York Times, un article fabuleux sur les problèmes que posent les référendums. Nous en avons eu des exemples, le plus douloureux concerne ce qui vient de se passer en Colombie, comme chacun sait.
Le référendum peut porter sur le choix du système électoral, mais les gens peuvent participer au référendum pour résoudre d’autres questions ou faire passer d’autres messages, d’ordre politique, en particulier.
Je souhaite féliciter le comité pour son travail. Plus de 64 % des parlementaires élus cette fois représentent des partis qui disaient vouloir adopter un système de représentation proportionnelle. C’est la première chose que je tenais à dire.
La deuxième, c’est que notre système a cessé d’évoluer. Nous sommes des créatures évolutives nous vivons dans un contexte cosmique en évolution. Notre système n’a pas évolué. Nous restons embourbés dans un système qui est militariste, patriarcal et repose sur la longueur des épées que brandissent les partis en opposition et en duel. Cela doit prendre fin. Nous ne sommes plus dans un système bipartite et nous ne sommes pas deux aristocrates aux prises dans un duel. Nous vivons dans un système multiculturel aux nombreuses facettes. Il n’est pas dans notre intérêt de continuer à nous accrocher à un vieux système.
Je ne suis pas directement engagée dans la politique, mais ma vie durant, je me suis engagée dans les questions sociales, tout comme mon père. Je dois dire qu’il ne s’agit pas ici de réinventer la roue. D’autres pays et la plupart des démocraties parmi les plus avancées ont un système très élaboré. Je prends parti en faveur d’un système de proportionnelle mixte.
Je ne veux pas que vous pensiez que je ne suis pas capable. J’ai beaucoup lu et beaucoup étudié, raison pour laquelle j’ai décidé de dire quelques mots. Les femmes devraient prendre la parole chaque fois qu’elles en ont l’occasion. Il nous incombe de le faire, je pense. Comme l’a dit un orateur précédent, ce n’est peut-être pas un sujet qu’on aborde sur le pas de la porte, mais il intéresse beaucoup de Canadiens qui ne se sentent pas représentés.
En qualité de personnes souffrant d’un handicap majeur qui a eu de nombreux problèmes lorsqu’elle a essayé de voter, je pense que, bon Dieu! passons sans plus tarder à un système de vote électronique numérique pour simplifier le vote.
Je pense que c’est très important, même si, c’est vrai, ça ne réglera pas tous nos problèmes, mais ça enverra sans aucun doute un message aux citoyens à savoir que l’on souhaite entendre des voix différentes, des avis différents et voir des têtes différentes dans notre système.
Merci.
J’ai l’impression que vous avez de beaux principes. Le problème avec les principes, et ici le problème, c’est de décider le système en général, c’est qu’ils sont contradictoires. Si l’on doit renoncer à un de ces principes, je dirais, renonçons à la simplicité. On n’a guère qu’une chance dans une génération de remédier aux problèmes du système électoral. N’optez pas pour un système qu’il est facile d’expliquer aux gens qui de toute façon ne sont pas engagés aujourd’hui. Choisissez le système qui donnera les meilleurs résultats et une solution made in Canada qui puisse résoudre autant de problèmes que possible d’un seul coup. Essayez, par exemple, d’améliorer la représentation régionale. J’appuierais le vote unique transférable, mais ça ne marche pas pour les grandes régions faiblement peuplées, alors travaillez là-dessus. Proposez une solution de compromis réalisable que d’autres pays n’ont pas encore essayé parce qu’ils n’en ont pas eu besoin. De même, efforcez-vous d’améliorer la représentation des Premières nations, des femmes et des autres minorités. Intégrez cela au système en forçant, au besoin, les partis à présenter des listes qui représentent mieux les gens dans le système que vous choisirez.
Je veux dire que ces idées n’ont pas nécessairement été essayées ailleurs, il sera peut-être difficile, au début, de les faire accepter par les gens ou de leur expliquer sous la forme d’un référendum, par exemple, c’est pourquoi nous avons un gouvernement représentatif. Vous tous avez beaucoup cogité. Vous avez parlé avec quantité d’experts. Le public a donné au gouvernement, généralement parlant, le mandat de modifier le système électoral. Avec ça, j’en ai pour mon argent. J’ai un doctorat, et ces trucs m’intéressent. J’ai compulsé la documentation et j’ai eu du mal à me faire ma propre idée sur le système qu’il faudrait. Demander au public canadien d’examiner, dans un délai restreint, une proposition qui, je l’espère, serait raisonnablement compliqué, c’est trop demander.
Si vous deviez arriver à quelque chose qui est réellement difficile et que le public n’aime pas, alors le public aurait parfaitement le droit de se retourner et de voter pour revenir en arrière et choisir quelque chose d’autre. C’est ça pour moi la priorité.
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Salut à tous, de nouveau. Me voici de retour.
Pour commencer, le plus gros problème avec la proportionnelle mixte, c’est que si vous avez des sièges complémentaires et qu’un des élus décide qu’il ne soutient plus le parti, il y a une espèce de conflit d’intérêts. Ils sont élus sur la base d’un soutien du parti, mais ils ne soutiennent plus ce parti, que faire alors avec eux. Sont-ils toujours élus? S’ils le sont, alors ils ne représentent pas réellement les gens qui ont voté pour eux.
Je continue de croire à la représentation proportionnelle. Je pense que le système du vote unique transférable est le meilleur. Il y a de gros problèmes avec le vote unique transférable. L’un est la complexité, mais, comme nous l’avons dit, ce n’est pas une raison raisonnable de ne pas l’utiliser. Avec le vote unique transférable, l’autre véritable problème, c’est celui de la représentation dans les zones rurales.
Il y a deux solutions à cela. La meilleure est d’augmenter le nombre de députés à la chambre pour qu’elle soit plus proportionnelle. Naturellement, beaucoup de gens n’aiment pas ça parce que ça va coûter davantage aux contribuables d’avoir plus de représentants.
L’autre solution est de n’avoir qu’un seul député dans certains endroits, comme les Territoires et le Labrador, et d’appliquer le système alternatif dans les régions plus petites. Même si je n’aime pas beaucoup cela, parce que ce n’est pas proportionnel, cela concerne un nombre réduit d’endroits et cela permet de représenter le premier choix des gens. Si cela n’est pas possible, alors d’après moi, ce n’est pas très démocratique, et on n’a pas vraiment une démocratie représentative.
Je dois dire également qu’il est un peu frustrant d’être ici entendre toutes ces bonnes questions que vous posez est de ne pas pouvoir y répondre.
Je pense que nous allons conclure tôt. Si quelqu’un veut me poser les questions difficiles pour lesquels ils n’ont pas encore trouvé de réponse, n’hésitez pas, mais je comprends que vous ayez besoin d’une pause après un emploi du temps aussi chargé.
Merci d’avoir écouté et bonne chance.
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Bienvenue à Terre-Neuve et merci de nous avoir amené le beau temps.
Permettez-moi de vous dire quelques sur mon compte. Je suis devenu accro à la politique lorsque j’ai vu Joe Smallwood haranguer les gens du haut de la plate-forme d’un camion quand j’avais 10 ans.
À l’université où j’ai étudié le droit, j’étais un fervent supporter du NPD et j’ai eu la chance de travailler avec Tommy Douglas. Si je n’avais pas été si jeune, je me serais sans doute présenté aux élections pour le NPD.
En 1974, je me suis présenté aux élections fédérales pour les libéraux, et, dans les années 1990, mon fils aîné s’est présenté pour le Parti vert, tout cela à St. John’s Est. Au cours des dernières élections, mon fils s’est présenté pour les libéraux dans la même circonscription.
J’ai soutenu les candidats des principaux partis, y compris le Parti vert, financièrement et par mon travail. J’ai toujours essayé, à défaut d’une question nationale, de voter pour le meilleur candidat. Je pense que c’est quelque chose qu’il est très important de faire — et j’y reviendrai très brièvement.
Je pense qu’il est également important de reconnaître d’une façon ou d’une autre que quantité de personnes votent pour des candidats qui ne sont pas élus — et j’en dirai un mot pendant mes deux minutes.
Je suis très attaché à l’idée que la personne pour laquelle vous votez représente la circonscription, les gens de la circonscription. Si ce système, que je préfère, avait été en place, Jack Harris siègerait probablement à Ottawa à la place de mon fils. L’un avait 45 et l’autre 47 % des suffrages. Mais il importe de souligner que les votes des autres personnes auraient dû être pris en compte.
Il y avait un système en place avant le régime Harper qui reconnaissait d’une certaine façon les votes des individus, parce que les partis étaient financés en fonction du pourcentage des suffrages qu’ils recueillaient. Cela du moins nous aide à obtenir cette représentation. Nous n’avons pas le temps d’en parler maintenant, mais je pense qu’il y a des arguments très convaincants tendant à montrer qu’un vote préférentiel, par rapport au système proportionnel, constituerait la bonne solution. Il y a peut-être un moyen de combiner les deux, mais en fin de compte, nous aurons un parti vert à Ottawa.
Merci.