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Bienvenue à la séance n
o 29 du Comité spécial sur la réforme électorale. Nous sommes à la quatrième journée de notre tournée pancanadienne qui vise à consulter les Canadiens et les Canadiennes sur le changement du mode de scrutin fédéral.
Quelle belle journée à Joliette! Quelle belle ville! Nous l'avons beaucoup appréciée en entrant en autobus. Le centre-ville est vraiment magnifique. On sait que c'est un pôle culturel, ici au Québec; il y notamment le Festival de Lanaudière.
Nous avons eu le plaisir d'avoir M. Ste-Marie avec nous, pendant les quatre derniers jours. Régulièrement aussi, lorsque le comité siège à Ottawa, il se joint à nous.
Nous recevons trois groupes de témoins aujourd'hui, ici, à Joliette. Suivra une période où les membres du public auront l'occasion de venir au micro et de nous faire part de leurs points de vue sur la question de la réforme électorale.
Je vais faire un bref survol de notre marche à suivre. Les témoins auront 10 minutes chacun pour témoigner, pour nous présenter leurs idées, leurs perspectives sur la question de la réforme électorale. Ces témoignages seront suivis d'une ronde de questions de la part des députés présents autour de la table. Chaque député aura l'occasion d'intervenir et de s'entretenir avec le témoins pendant cinq minutes. Cela comprend la question et la réponse. On passe ensuite à un autre député pour permettre à tous les députés de s'entretenir avec les témoins.
Nous allons commencer avec le professeur Csaba Nikolenyi.
Je souligne qu'il y a des écouteurs pour l'interprétation. Même si vous n'avez pas besoin d'interprétation, si vous êtes comme moi à la Chambre où on n'entend rien parce que l'acoustique n'est pas extraordinaire, vous pouvez vous servir de l'oreillette simplement pour mieux entendre la discussion.
Professeur Nikolenyi, vous avez la parole pour 10 minutes.
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Premièrement, je vous remercie de m'avoir invité ici aujourd'hui et de m'offrir la possibilité de présenter quelques idées sur la réforme électorale et mon opinion quant aux cinq principes directeurs du mandat de ce comité et quant au choix d'un autre mode de scrutin pour le pays.
J'aimerais répéter ces cinq principes: efficacité et légitimité, pour diminuer les distorsions dans les résultats d'élections; participation, pour encourager le vote et la participation; accessibilité et inclusion, pour que la mesure proposée évite une complexité indue du processus de scrutin; intégrité; et renforcement de la représentation locale.
J'aimerais commencer en disant que, à mon avis, le quatrième principe devrait être traité séparément. Aucune des options de mode de scrutin que nous avons envisagées, et certainement que j'ai étudiées, ne peut directement, par des règles électorales, assurer l'intégrité électorale... Il y a d'autres moyens, des moyens administratifs ou législatifs, qui pourraient mieux promouvoir cela.
Quant aux principales options de mode de scrutin, comme vous le savez sans doute, ceux-ci s'inscrivent dans deux grandes catégories: les systèmes de représentation proportionnelle, d'une part, et les systèmes majoritaires/plurinominaux d'autre part. Les premiers, bien sûr, offrent l'avantage de promouvoir une plus grande participation, et nous savons...
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Oui, je vais ralentir un peu.
Sans répéter ce que j'ai dit précédemment, j'aimerais poursuivre avec l'aspect important qui distingue les deux principales catégories de mode de scrutin.
Les systèmes de représentation proportionnelle de toutes sortes, et il y a de nombreuses façons d'atteindre la proportionnalité, créent une plus grande participation électorale. En d'autres termes, si une plus grande participation est une considération importante pour notre corps électoral, le vote obligatoire n'est peut-être pas forcément l'option à adopter. Un système de représentation proportionnelle réduirait le nombre de votes gaspillés et produirait, toutes choses étant égales, une plus grande participation électorale.
Bien sûr, les systèmes de représentation proportionnelle produisent cela au détriment de la force du gouvernement. Avec un système de représentation proportionnelle, la majorité d'un seul parti disparaîtrait, à toutes fins pratiques. Les pays — et le Canada ne fera probablement pas exception — qui adoptent un système de représentation proportionnelle obtiendront une structure de coalition d'une forme quelconque pour la gouvernance. C'est là le coût.
Les systèmes majoritaires fonctionnent exactement à l'inverse. Ils tendent à promouvoir et à produire généralement de solides gouvernements formés d'un seul parti. Bien sûr, ils produisent ces résultats au prix d'un grand nombre de votes gaspillés. À moins que la concurrence ne soit serrée, ce qui motive généralement les électeurs à se présenter aux urnes en grand nombre, la participation électorale diminue.
J'aimerais porter rapidement mon attention sur trois options de systèmes électoraux, dont deux ont fait l'objet d'une attention particulière dans les médias et en général. Le vote préférentiel est l'un d'entre eux. Une version particulière des systèmes électoraux mixtes en est un autre. Le troisième, qui fait l'objet d'un peu moins d'attention peut-être dans la présente ronde de discussions, est le vote unique transférable. Je vais démontrer que, à l'exception de l'intégrité dont je parlerai séparément, le vote unique transférable semble répondre un peu mieux aux quatre autres principes que les deux autres formes de système électoral. Ensuite, je terminerai mon exposé par une présentation, si vous voulez, ou au moins un argument en faveur d'une loi sur l'intégrité politique ou électorale, qui pourrait être vue comme un guide pour la réforme électorale.
Je dirai quelques mots au sujet du vote préférentiel. Comme vous le savez, le vote préférentiel est un mode de scrutin majoritaire auquel le Canada et les Canadiens s'adapteraient facilement, bien sûr, car il conserve un grand nombre des caractéristiques de notre mode de scrutin actuel. En particulier, il maintient la représentation locale. Il conserve la caractéristique de circonscription. Il continue de n'y avoir qu'un seul gagnant par circonscription.
Cependant, il est important de souligner que le vote préférentiel n'est pas un système de représentation proportionnelle. Il est caractérisé et défini par un député par circonscription, ce qui signifie qu'il n'y a qu'un gagnant par circonscription. Avec un seul gagnant par circonscription, ce système ne peut être proportionnel, puisqu'une seule personne gagne tout. On ne peut répartir un seul siège entre plusieurs candidats; ce n'est donc pas un système de représentation proportionnelle.
Puisqu'il n'est pas un système de RP, il est peu probable qu'il entraîne une plus grande participation. Il est important de noter, bien sûr, que les électeurs auraient plus de choix qu'ils n'en ont à l'heure actuelle. Présentement, le choix des électeurs est un choix catégorique, ce que le classement de préférence atténuerait. Si l'on examine la documentation et étudie les résultats, les pays qui utilisent le VP, et il n'y en a pas beaucoup, ne tendent pas à avoir une participation supérieure à la nôtre.
Les systèmes électoraux mixtes sont souvent perçus comme une option intuitivement très attrayante, car ils promettent le meilleur des deux mondes. Un système mixte conjuguant le scrutin majoritaire à un certain élément de proportion ou de palier au Parlement, semble offrir la possibilité d'un gouvernement à la fois stable et efficace, d'une part, et une plus grande participation grâce à la proportionnalité, d'autre part.
Cependant, les auteurs de la réforme électorale doivent être très prudents dans la combinaison des systèmes électoraux mixtes. Ceux-ci se présentent en deux variantes principales. Selon la façon dont on conjugue ces deux éléments, selon le nombre de sièges proportionnels au Parlement, selon la façon dont on permet aux paliers proportionnels et aux paliers majoritaires du système de se combiner et de se contaminer mutuellement, on peut obtenir des conséquences imprévues en bout de ligne.
Je souligne aussi que, bien qu'au début du millénaire, les systèmes mixtes étaient souvent considérés comme le mode de scrutin de prédilection pour le siècle suivant, si on regarde un peu autour de nous, plusieurs de ces systèmes mixtes ont maintenant disparu. Ce n'est pas un mode de scrutin stable. C'est avec plaisir que j'entrerai dans les détails si vous êtes intéressés à les connaître.
L'Allemagne semble être le seul pays qui fonctionne selon ce système depuis bien longtemps, presque depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, tant au niveau national qu'au niveau infranational. La Nouvelle-Zélande est passée à un système de représentation proportionnelle mixte semblable à celui de l'Allemagne, mais même la Nouvelle-Zélande étudie sérieusement la possibilité de le remplacer, comme en témoigne le référendum tenu il y a quelques années.
Les systèmes électoraux mixtes sont clairement plus complexes. Selon la façon dont on conçoit le système, les électeurs peuvent devoir voter deux fois, une fois pour un parti et une fois pour un candidat. L'idée du partage des allégeances et du vote pour un autre parti que celui de son choix peut créer plus de confusion que ce à quoi nous sommes habitués aujourd'hui. La participation serait supérieure, et si le système de représentation proportionnelle mixte est bien conçu, les distorsions du processus électoral seraient diminuées.
J'aimerais préciser une chose au sujet du système électoral mixte et de la façon dont il fonctionne. La conception technique du système est très délicate et exige beaucoup de compétence technique et d'attention.
Le vote unique transférable, lui, n'en exige pas du tout. Il est bien connu dans le monde anglo-saxon et c'est la raison pour laquelle il est qualifié de « système de RP anglais ». L'Irlande, Malte, la chambre haute d'Australie, il est bien connu dans le monde anglo-saxon. Il conserve la représentation locale. Il est difficile à gérer, mais extrêmement facile à utiliser. Il n'est pas plus compliqué pour l'électeur que le vote préférentiel le serait. Il serait beaucoup plus difficile pour les administrateurs électoraux de calculer les votes et de gérer les transferts de votes.
Le VUT mène effectivement à une plus grande participation, nous le savons, principalement parce qu'il est proportionnel. Il est important de se rappeler qu'à l'encontre du vote préférentiel, le VUT est proportionnel. Il a des circonscriptions à plusieurs députés. Il a, par conséquent, plus d'un gagnant par circonscription. Plus le nombre de candidats qui peuvent gagner dans une circonscription est élevé, plus le VUT est proportionnel.
J'aimerais conclure en disant que si vous voulez que l'intégrité électorale fasse partie de cet exercice de réforme du système électoral canadien, il serait prudent de jeter un coup d'oeil sur les efforts qui ont été consacrés précédemment à l'adoption d'une loi sur l'intégrité politique électorale qui pénaliserait les députés ayant changé de parti ou, à tout le moins, les découragerait de le faire. Je mentionne cela parce que, quand certains pays ont modifié leur mode de scrutin — la Nouvelle-Zélande est un exemple important —, cela leur a effectivement nui... Quand on change le mode de scrutin, la dynamique au Parlement change; la nature de gouvernance par rapport à l'opposition change; la dynamique de coalition est trop rapide, et le passage d'un parti à un autre pourrait devenir très attrayant pour certains de nos représentants élus.
La Nouvelle-Zélande l'a appris à ses dépens, et a adopté par la suite une loi sur l'intégrité politique pour pénaliser les défections. Cette loi est restée en vigueur cinq ans, ce qui a accordé aux représentants néo-zélandais suffisamment de temps pour s'habituer de nouveau à la discipline de cohésion de parti dans le cadre du nouveau système, et au titre de la clause de temporisation, elle pourrait venir à échéance.
À mon avis, c'est une chose que nos dirigeants devraient envisager.
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Mesdames et messieurs, je vous souhaite la bienvenue au Québec et je vous remercie beaucoup de cette invitation.
[Traduction]
Cette commission a reçu le mandat de recommander un mode de scrutin qui comprenne la représentation proportionnelle et conserve la représentation locale sous une forme non complexe; pourtant, tous les systèmes qui ont été proposés exigent des compromis inacceptables au niveau de ces deux critères.
Prenons deux exemples. Selon le scrutin de liste, l'électeur vote pour le parti et non pour le candidat. Bien que cela produise une représentation proportionnelle, de nombreuses circonscriptions se voient attribuer des candidats d'une autre circonscription ou d'un autre parti au lieu du candidat préféré par la majorité. C'est un prix inacceptablement élevé pour la représentation proportionnelle.
L'autre option préférée est la RPM, selon laquelle on a deux catégories de députés, les députés de circonscription et les députés de liste. Les députés de liste constituent les sièges nécessaires pour une représentation proportionnelle approximative. Mais le prix de cette formule, selon le professeur Massicotte, que vous connaissez, c'est la nécessité soit de réduire le nombre de députés de circonscription, de 338 à entre 160 et 200, soit d'augmenter le nombre total des sièges à entre 500 et 675. Le prix de la représentation proportionnelle dans ce contexte est soit une réduction du niveau de représentation, soit une Chambre des communes gonflée, plus onéreuse. Aucune de ces deux formules ne serait un succès politique; en fait, ce serait bien le contraire.
Les Canadiens n'aiment tout simplement pas ces options de système. La Colombie-Britannique a rejeté le VUT dans une proportion de 61 % en 2009. L'Ontario a rejeté le scrutin de liste dans une proportion de 63 % en 2007. L'Île-du-Prince-Édouard a rejeté la RPM dans une proportion de 63 % en 2005. Ils ne les ont tout simplement pas aimées.
Alors, qu'allons-nous faire? L'hiver approche. Le 1er décembre arrive à grands pas.
Il y a un très grand nombre de ces méthodes, mais en bout de compte, elles sont toutes spéciales, présentent toutes des coûts inacceptables et tombent toutes dans le même piège. Le concept voulant que le nombre de sièges détenus par un parti corresponde au pourcentage des votes reçus par ce parti n'est pas le critère approprié. Le critère approprié, c'est que le poids des votes d'un parti en Chambre corresponde au suffrage exprimé en faveur de ce parti. Si un parti a reçu 40 % des votes, le poids de ses votes en Chambre, son pouvoir, doit être de 40 %.
Cela peut facilement être accompli si l'on adopte le vote pondéré. Si les Conservateurs remportent 50 % des sièges et 40 % du suffrage, le vote de chaque député du Parti conservateur est alors pondéré à 0,8. Le vote de chaque parti est simplement la proportion des votes remportés par le parti divisée par la proportion des sièges du parti: 40 divisé par 50 égale 0,8.
Si le Parti conservateur vote en bloc, il a 40 % du vote, 0,8 multiplié par 50 %, ce qui représente exactement les 40 % du suffrage qu'il a remportés. Si le Parti Vert remporte 5 % des sièges et 10 % du suffrage, le vote de chaque député de ce parti a un poids de 2. C'est ce que j'appelle la représentation fractionnaire. C'est le scrutin majoritaire uninominal à un tour avec la pondération des votes à la Chambre: une représentation proportionnelle instantanée et sans douleur.
Quant aux précédents, au Québec, nous avons 11 conseils d'agglomération, conseils régionaux, dans lesquels chaque municipalité a un poids de vote proportionnel à sa population.
De même, le Conseil de l'Union européenne utilise les mêmes pondérations, où la valeur de la pondération est proportionnelle à la taille de chaque État membre. Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale — importants, n'est-ce pas? — ont le système de pondération, et ces valeurs de pondération sont proportionnelles à la contribution de chaque membre. Bien sûr, dans toutes les sociétés ouvertes, quand vous votez par procuration, votre pondération est proportionnelle au nombre d'actions que vous détenez.
Le vote pondéré est quelque chose que nous connaissons tous, et il ne présente rien d'exceptionnel. La façon dont vous attribuez la valeur de pondération dépend simplement de votre critère. Notre critère ici, c'est la représentation proportionnelle.
Les avantages sont évidents. Ce système est bien compris puisqu'il ne représente aucun changement par rapport au mode de scrutin actuel. Il est familier, puisque le vote par procuration est utilisé dans toutes les sociétés. Il permet une relation directe entre une circonscription et ses représentants élus. Il permet une représentation proportionnelle exacte au niveau du parti. Il n'exige aucune nouvelle structure administrative. Il peut être mis en oeuvre immédiatement et il constitue, de loin, la méthode la plus efficace permettant d'avoir une représentation proportionnelle.
Permettez-moi de mentionner un ou deux détails, puis nous partirons de là.
Qui forme le gouvernement? Selon n'importe quel système, le gouvernement est formé par le parti qui a le plus de poids. Selon notre système actuel, c'est le parti qui détient le plus grand nombre de sièges. Selon celui-ci, c'est le parti qui a la plus grande proportion du suffrage. Des gouvernements minoritaires formeraient des coalitions, comme ils le font aujourd'hui.
Le changement est-il compliqué? Non. Pour une élection générale, le coefficient de pondération est déterminé pour chaque parti de la façon que j'ai décrite. Ces coefficients de pondération sont ensuite appliqués à chaque circonscription et demeurent fixes jusqu'à l'élection générale suivante. S'il y a une élection partielle, le coefficient de pondération ne change pas pour cette circonscription. Si un député décide de traverser le parquet ou de devenir indépendant, là encore, le coefficient de pondération étant fixe, il n'y a aucune motivation pour lui de poser un tel geste. Les coefficients de pondération changent une fois tous les quatre ans.
En ce qui concerne les votes libres, le gouvernement peut déclarer qu'un article particulier, à l'exclusion du budget, fera l'objet d'un vote libre, et la défaite ne représentera pas un vote de censure. Si tous les partis permettent un vote libre, ce n'est donc plus un vote de parti; c'est un vote unitaire et cela serait approprié. On ne peut pas avoir le vote unitaire pour certains partis et le vote pondéré pour d'autres partis. C'est illogique. Un vote libre selon le système de vote unitaire ne serait permis que si tous les whips en chef en convenaient à l'unanimité.
La constitutionnalité est un bon point. Les droits démocratiques sont traités aux articles 3, 4 et 5 de la Charte. L'article 3 accorde à chaque citoyen le droit de voter, et cela ne change pas avec ce système. Le paragraphe 4(2), qui permet la continuation de la Chambre des communes au-delà de cinq ans, exigerait un vote unitaire. La Constitution n'exige pas qu'un vote soit compté d'une certaine façon, et il n'y a donc aucune disposition qui rende inconstitutionnelle la représentation fractionnelle.
Chaque système de RP a un seuil. En général, le seuil est une proportion minimale des votes, disons 5 %. Si un parti obtient plus de 5 %, plus que le seuil, et ne gagne pas de siège, un siège compensatoire lui est attribué. Cependant, indépendamment du seuil, un parti obtient la représentation s'il gagne au moins un siège.
Permettez-moi de résumer.
L'exigence voulant que le nombre de sièges obtenus par un parti corresponde à sa part du suffrage n'est pas le critère pertinent. L'important, selon la représentation proportionnelle, c'est que le poids de vote d'un parti corresponde au suffrage obtenu. Un système de représentation fractionnelle établit exactement cela. De façon simple et directe, il maintient le système actuel avec représentation locale qui est bien compris, sans ajouter de complexité ni de coût. Comme il conserve le mode de scrutin actuel, il ne crée pas de dissidence, ni de la part du public, qui n'apprécie pas le changement généralement, ni de la part des députés qui craignent de perdre leurs sièges avec un nouveau système. Il est politiquement acceptable.
En bout de compte, les recommandations de ce comité, si elles doivent avoir un impact quelconque, doivent faire en sorte que le consensus soit assuré.
Chaque parti cherchera à protéger ses propres intérêts, donc n'importe quoi de radical sera rejeté d'emblée ou nécessitera au moins un référendum qui, si l'on se fonde sur les antécédents historiques, produira aussi un refus. Avec un petit changement marginal, soit le vote pondéré, la représentation fractionnelle constitue la meilleure façon d'assurer le consensus qui est nécessaire à l'adoption d'un changement au mode de scrutin fédéral canadien, certainement dans des délais réalistes.
Si vous me le permettez, je propose que la représentation fractionnelle, qui est une solution incisive, intuitive et novatrice répondant aux cinq principes de votre mandat, soit prise sérieusement en considération comme option viable de mode de scrutin fédéral pour le Canada.
Merci.
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Merci de cette question. La réponse dépend du mode de scrutin que vous avez en place. Je vais vous donner deux options.
La première est un exemple avec le scrutin majoritaire uninominal à un tour. L'exemple porte sur l'Inde qui a le même système électoral, le même patrimoine et le même patrimoine politique institutionnel que le Canada a aussi hérité en tant que membre de la famille de la tradition de Westminster. La loi indienne sur l'intégrité, ou une partie de la constitution indienne, exige simplement... Elle n'enlève pas aux députés de la chambre basse ou de la chambre haute la liberté de changer de parti, mais si un membre quitte le parti de la liste duquel il a été élu, il doit y avoir une élection partielle. Pour un indépendant, ce n'est pas le cas. C'est vraiment important. La liberté de mouvement n'est pas enlevée; elle s'accompagne simplement du prix d'avoir à défendre ou à redéfendre son territoire sous de nouvelles couleurs en tant que membre d'un autre parti, ou en tant qu'indépendant, selon la façon dont il veut chercher à gagner l'élection partielle.
L'autre cas est le Portugal qui a adopté le système de représentation proportionnelle à liste fermée. C'est un système dont je n'ai pas traité, mais il fait certainement partie du menu. La Constitution l'interdit, simplement. Comme le vote est fondé sur des lignes de parti claires, quand une personne est élue, elle ne peut quitter. Si elle veut quitter le parti de la liste selon laquelle elle a été élue, elle doit abandonner son siège. C'est tout. Ensuite, la personne suivante sur la liste qui n'a pas été élue est promue.
Les choses deviennent un peu plus compliquées dans d'autres parties du monde. Pour faciliter mon explication, je voulais simplement vous donner les deux extrêmes, si j'ose m'exprimer ainsi: la RP pure et le scrutin majoritaire uninominal à un tour, et la façon dont les lois empêchent le changement de parti.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie toutes les personnes présentes de s'être déplacées, en ce bel après-midi que connaît la ville de Joliette, pour entendre les travaux du comité.
Monsieur Breslaw, hier à Québec, une personne nous a décrit un système mathématique dans le cadre duquel le poids ou la valeur de chaque électeur est modifié selon le résultat de l'élection afin d'atteindre une certaine proportionnalité. C'était assez choquant pour la plupart d'entre nous, était donné que ce système empêche l'égalité du vote de chaque citoyen.
De votre côté, vous considérez la question par l'autre bout de la lorgnette. C'est en effet dans la foulée des résultats électoraux que vous établissez une distorsion entre le poids des votes et l'égalité des votes des députés. C'est beaucoup moins choquant pour les citoyens, mais ce l'est passablement pour nous. En fait, je verrais mal que ma valeur, mon poids, diffère de celui de Mme May, par exemple.
Vous avez donné comme exemple des compagnies ou le Fonds de solidarité de la FTQ. Effectivement, le poids de chaque acteur n'y est pas nécessairement égal.
Cependant, j'aimerais savoir si ce système, où les élus n'ont pas tous le même poids à la Chambre, a déjà été adopté dans certains pays.
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C'est une bonne question.
Des voix: Oh, oh!
M. Jon Breslaw: Puisque le système que je recommande est exactement le même que le système actuel, sauf que chaque député en Chambre a un vote pondéré au lieu d'un vote unitaire, mon système n'a qu'un seul véritable inconvénient, c'est-à-dire que je demande aux députés d'accepter un vote pondéré — de renoncer à la notion d'un vote entier par personne et d'accepter plutôt une pondération de 0,6, 0,7 ou 1,2, selon le cas. C'est une nouvelle façon de voir les choses, et les nouvelles façons de penser sont toujours difficiles à faire accepter.
Ce n'est pas aussi grave que cela en a l'air, parce que si nous devions adopter un système de RPM, votre vote unitaire serait dilué en raison des 300 autres personnes qui auront été parachutées à la Chambre. Vous me suivez? Mais avec un système de RPM, des sièges supplémentaires serviraient à augmenter le nombre de votes de chaque parti, de sorte que le vote individuel se trouve alors dilué. Au lieu d'être le 1/334e, il est maintenant le 1/625e.
Cela est-il très important pour vous? Je l'ignore, mais voilà où les choses deviennent intéressantes. L'hypothèse ici est que nous, en tant que corps, acceptons le principe voulant que nous souhaitions avoir la représentation proportionnelle. Si nous acceptons ce principe comme point de départ, si — sans chercher à savoir si c'est bon ou mauvais — nous acceptons l'idée que nous aurons un système de représentation proportionnelle, la nature des votes utiles changera inévitablement. C'est ce que la représentation proportionnelle signifie.
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J'avais bien compris cela. Certains experts nous ont dit que le vote stratégique était ce qu'on voulait pallier, du fait que les gens votaient stratégiquement et non selon une idéologie, une conviction.
Le caractère stratégique pourrait-il avoir un effet pervers sur un système comme celui-là?
Par exemple, selon la répartition d'une clientèle électorale, une région pourrait être surreprésentée. Ce pourrait être le cas de milieux urbains par rapport à des milieux ruraux, par exemple.
Est-ce que cela ne serait pas un effet pervers du système?
C'est une intuition que j'ai. Je n'ai pas beaucoup réfléchi à votre modèle, mais pourrait-il arriver qu'un député d'un milieu urbain, compte tenu de la clientèle qu'il couvre, se retrouve en situation de surpondération par rapport à un député d'un milieu rural? Il ne s'agit effectivement pas de la même démographie.
Cela pourrait-il être un effet pervers de votre système?
Les votes, plutôt que d'être en fonction des partis, pourraient être en fonction de l'appartenance x, y ou z, qui n'aurait rien à voir avec un parti politique.
C'est une bonne question, n'est-ce pas, monsieur le président?
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Certainement. Merci beaucoup.
Quand je dis un gouvernement faible, il faut faire attention; permettez-moi de nuancer cet énoncé précis.
En général, les systèmes de RP font éviter d'obtenir un parlement majoritaire. En d'autres termes, si un parti gagne la majorité du suffrage, la RP en tiendra compte, mais c'est rare. Normalement, on aboutit à un parlement sans domination, c'est-à-dire un parlement où aucun parti politique n'a la majorité. Il faut alors soit former un gouvernement de coalition, soit accepter un gouvernement minoritaire.
Si un gouvernement de coalition sera plus faible qu'un gouvernement majoritaire formé d'un seul parti, cela est fonction de plusieurs variables. Deux ou trois partis politiques qui s'unissent et sont idéologiquement proches les uns des autres sur de nombreux points politiques pourraient être non moins forts et non moins faibles qu'un gouvernement majoritaire formé d'un seul parti uni, solide. Ce qui détermine si un gouvernement de coalition est plus faible ou non, c'est la mesure dans laquelle les partis de coalition partagent leur idéologie.
Je précise bien, cependant, que la prépondérance de telles situations de coalition est bien plus grande avec la représentation proportionnelle qu'avec un système majoritaire. Je ne dis pas qu'il n'y a pas d'exceptions, parce qu'il y en a.
Quant au vote unique transférable, il y a bien une raison pour laquelle l'électorat et le monde politique anglo-saxon le préfèrent comme choix proportionnel. C'est principalement parce qu'il conserve la représentation locale, et principalement parce que l'électeur continue à s'identifier aux candidats. Cela demeure, mais il offre aussi un choix. Contrairement au vote préférentiel, il devient proportionnel parce que chaque circonscription a plusieurs sièges; il est donc possible d'attribuer et d'offrir des récompenses proportionnelles aux candidats des divers partis en fonction du nombre de votes qu'ils ont reçus.
Le transfert des votes devient compliqué quand on commence à calculer les votes des candidats qui ne se sont pas qualifiés ou qui n'ont pas atteint le quota électoral — c'est un terme qu'on utilise pour déterminer si un candidat a droit à ces sièges —, mais c'est une question qui concerne l'administration. Nos collègues en Australie en savent plus que quiconque. C'est quelque chose de possible. L'Australie offre des leçons très utiles à cet égard par le fait que les électeurs ont la possibilité, essentiellement, de choisir un parti politique.
Je suis en faveur du VUT parce qu'il convient au contexte canadien. Si le Canada souhaite adopter un système électoral qui soit davantage proportionnel et qui modifie le moins possible le système que les citoyens et nous, la classe politique, connaissons bien, dont les cinq éléments sont décrits dans le mandat, alors pour les raisons que j'ai mentionnées, c'est le système qui se rapprocherait le plus, en fait qui serait plus proche de la proportionnalité que les deux autres.
Le vote alternatif n'est pas vraiment proportionnel. La RPM est trop technique. C'est le système le moins complexe qui introduit la proportionnalité et qui permet tout de même de conserver ces valeurs. Ce n'est pas mon système favori, mais cela importe peu.
Sa mise en oeuvre, pour ce qui est de l'électeur, est en fait très simple. On vous remet un bulletin de vote, pas très différent de celui qu'on remet dans n'importe quelle circonscription canadienne, sauf qu'il permet de classer les candidats. Comme pour le vote alternatif, vous classez les candidats dans l'ordre que vous préférez.
Étant donné que la circonscription sera plurinominale, les partis politiques présenteront plusieurs candidats. Il est même possible, pour ce qui est de la présentation du bulletin de vote, de laisser les partis politiques décider de la façon dont les préférences seront exprimées. C'est un détail important qui facilite la tâche des électeurs qui ne connaissent peut-être pas bien les choix qu'offre le système. Laissons de côté cet aspect complexe.
Voici comment fonctionne ce système pour l'essentiel. Vous prenez une formule mathématique. Elle peut être aussi simple que V sur M plus un. Le nombre de suffrages exprimés, divisé par le nombre des candidats plus un dans la circonscription, vous donne un quota. C'est ce quota qui détermine le seuil, le nombre de votes qui garantit à tous les candidats, et à tous les partis, un siège s'ils obtiennent ce nombre de votes. Il y aura toutefois des surplus, et il y aura des candidats qui auront obtenu beaucoup plus ou beaucoup moins de votes que ce quota. Leurs préférences seront transférées conformément à l'ordre des préférences qu'ont choisi les électeurs. La décision de savoir qui en bénéficiera, qui profitera de ces transferts de vote, relève pour l'essentiel des électeurs. C'est un système proportionnel parce que les circonscriptions sont plurinominales et parce que le quota que j'ai mentionné le garantit.
Encore une fois, lorsqu'il y a plusieurs candidats dans une circonscription, et qu'il y en a beaucoup qui ont obtenu un faible pourcentage des suffrages, il faut transférer ces suffrages. C'est pourquoi j'ai dit que l'administration de ce système peut être longue et complexe. Il existe toutefois maintenant des algorithmes qui permettent de faire cette tâche.
Je tiens à souligner que le système n'est pas infaillible. Si vous suivez le débat qui se déroule actuellement en Australie au sujet des moyens de modifier le système applicable à la chambre haute, vous constaterez que cette question est discutée. Le système n'est donc pas infaillible, mais compte tenu du mandat donné au Comité, c'est celui qui respecte le mieux ces principes.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins de leur présence.
Gens de Joliette, je vous remercie de nous accueillir dans votre belle ville.
Monsieur Breslaw, vous avez principalement parlé des systèmes potentiels. Je vous trouve très original et j'aime la formule Keep it simple and stupid. C'est un peu la formule que vous proposez d'une certaine manière, parce que vous semblez dire que votre système est un système simple et facile à mettre en oeuvre rapidement.
Au-delà des systèmes, le Canada aura 150 ans l'an prochain et le parti politique qui vient d'être élu majoritairement a décidé d'étudier la possibilité de changer le système électoral en disant, lors de la dernière campagne électorale, que 2015 serait la dernière année où on voterait de cette façon.
Croyez-vous que nous, les 12 élus de ce comité, qui participons à des tables rondes partout au Canada pour rencontrer la population, pouvons et devons avoir le mandat de changer le système électoral?
Par ailleurs, il reste huit semaines avant le 1er décembre et le directeur général des élections a clairement indiqué qu'il faudrait un minimum de deux ans pour instaurer un nouveau système électoral.
Croyez-vous que le temps de réflexion soit un peu court? Je suis d'avis qu'on pourrait améliorer notre système électoral. D'ailleurs, tout le monde s'entend là-dessus.
Monsieur Breslaw, croyez-vous que le temps est un peu court pour faire tous ces changements d'ici la prochaine élection?
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Tout d'abord, je vous remercie de me recevoir. Je veux vous informer que le contenu que je vais livrer sera transmis dans un mémoire plus formel mais, qu'en attendant, ce ne sont que mes notes de présentation.
Je vous l'ai dit, je milite pour la réforme du mode de scrutin depuis bien longtemps — depuis 2003 au Québec —, mais toujours dans un esprit de combinaison d'objectifs. Ce n'est pas seulement la proportionnalité qui est visée, mais un ensemble d'objectifs. Pour le Parlement canadien et pour l'Assemblée nationale du Québec, j'ai les mêmes aspirations démocratiques. J'estime que pour le gouvernement fédéral, pour le Parlement, le modèle proportionnel mixte compensatoire est le mieux adapté à la situation, afin de mieux répondre aux différents objectifs que vous avez en tant que comité mais également aux objectifs que je vais vous présenter.
Selon moi, c'est une nécessité que toutes les composantes fondatrices d'une société contribuent à la prise de décision. Présentement, ce n'est pas le cas. Nous avons des valeurs d'équité, d'égalité et d'inclusion, mais au sein du Parlement, cela ne se reflète pas. Pour que cela devienne réalité, il faut instaurer, en même temps qu'un changement de mode de scrutin, des mécanismes institutionnels, donc inscrits dans la loi électorale.
On parle, dans le fond, d'une analyse différenciée selon les sexes et d'une analyse différenciée selon l'inclusion — si cette expression existait. On parle donc d'avoir une vision multiculturelle et multiraciale. Cela doit être, à mon avis, inclus dans l'analyse de la réforme du mode de scrutin, et dans le contenu du mode de scrutin qui va être mis sur pied. Je vais donc me concentrer sur cet aspect qui vous a été peu présenté jusqu'à présent, je crois. Je vous fournirai des exemples de la manière que cela se réalise ailleurs au le monde, de même que des exemples de la manière que cela pourrait se faire ici.
Il est certain que le mode de scrutin de la famille proportionnelle offre de meilleures chances de diversifier la représentation mais, pour que les résultats soient vraiment consistants, il faut dès le début y intégrer des mécanismes qui fixent des objectifs. On doit choisir les modalités en fonction de leur capacité à remplir deux buts: respecter tous les votes et respecter toutes les personnes qui votent. Dans le monde, il y a énormément de pays qui ont instauré des modes proportionnels ainsi que des mécanismes pour atteindre la diversité. Je vais vous présenter des chiffres qui viennent de l'analyse de la documentation pour les femmes. Il s'agit simplement de les transposer pour aussi les appliquer à la représentation des personnes racisées. Car, là aussi, il y a un déficit de représentation, bien entendu.
Mes chiffres sont pour l'année 2016, en règle générale, et pour la Chambre basse. On a beaucoup dit que le Canada se classait au 62e rang pour ce qui est de la représentation des femmes dans les parlements nationaux ,mais on a peu parlé de ce qui se passait dans les pays qui se classaient mieux. Des 28 pays au monde qui ont 35 % et plus de femmes élues, il y en a 25 qui ont des formules proportionnelles. Ce n'est pas un hasard. De ces 25 pays, il y en a 14 qui combinent mode proportionnel et différentes modalités. J'inclus là-dedans les modèles mixtes proportionnels. Il y en a donc 14 qui combinent mode proportionnel et mécanismes pour atteindre l'égalité. Je vous en nomme quelques-uns: Rwanda, Bolivie, Sénégal, Mexique, Équateur, Finlande, Nicaragua, Espagne. Il y en a d'autres.
Revenons au portrait global. Il y a donc 86 pays dans le monde qui ont instauré des mécanismes pour viser l'égalité hommes-femmes. Cela correspond à 44 % de l'ensemble des pays du monde, et à 37 % des pays de l'OCDE, si vous préférez. Ce n'est donc pas marginal. Ce qui qui caractérise ces 86 pays, comparativement à la centaine d'autres qui n'ont pas de mécanismes pour favoriser la représentation égalitaire, c'est qu'ils sont bien plus souvent que les autres dotés de modes proportionnels. Cinquante-huit sur 86 pays ont des modes proportionnels en plus de ces mécanismes. Ils comptent en moyenne plus de femmes élues que ceux qui n'ont pas de mécanismes: 24 % versus 18 %. Quand on examine la performance des pays dotés de modes proportionnels avec des mécanismes, on atteint 27 % de femmes élues.
C'est donc énormément mieux que dans le cas des pays ayant des modes majoritaires, où la proportion est d'environ 17 %. Les pays qui ont adopté la combinaison dont je vous parle, soit des mécanismes et un mode de scrutin proportionnel, ont progressé davantage. Entre 1999 et 2016, ils ont grimpé de 14 points de pourcentage en moyenne, comparativement à 6,7 % pour les pays qui n'ont pas utilisé cette combinaison. Cela produit donc de meilleurs résultats que lorsque c'est combiné avec un mode majoritaire et, bien entendu, que lorsqu'il n'y a que le mode majoritaire, qui n'est absolument pas la proposition.
On se rappellera que la moyenne mondiale des femmes élues est de 20,7 %. Lorsqu'on regarde une certaine combinaison — il y a évidemment plusieurs formes de mécanismes —, soit celle de l'alternance sur les listes, le nombre de femmes élues dans les pays proportionnels atteint 34 %. C'est majeur.
À quoi est-ce que cela pourrait ressembler ici? Grosso modo, même si les modes et les mécaniques sont variés, il y a quand même deux grandes catégories de mécanisme: on fixe des objectifs quant au pourcentage de candidatures des femmes ou des personnes racisées — ce sont des objectifs au chapitre des efforts des partis politiques —, ou on fixe des objectifs quant aux résultats atteints par l'élection en termes de personnes élues. Ensuite, on établit des règles pour assurer le respect de ces mécanismes.
Nous sommes dans un contexte où il y a une loi électorale qui encadre toutes les étapes du processus électoral. Tout y est, y compris les délais. Ce serait logique d'inclure des règles pour faire appliquer les principes que, comme société, on juge importants. Dans le contexte où on alloue des fonds publics aux partis politiques pour le bien de la démocratie, ce serait logique qu'on demande des comptes aux partis politiques en fonction des résultats qu'ils atteignent. Il serait logique aussi qu'on leur demande de rendre des comptes quant à l'usage qu'ils feraient des fonds. Les conditions socioéconomiques des femmes et des personnes racisées sont bien moins bonnes que dans l'ensemble de la population; il faut prendre cela en compte dans les embûches à poser sa candidature.
Je vais maintenant faire des propositions bien concrètes. Il faut mettre nos principes à l'abri des conjonctures et affirmer les principes, l'égalité et l'inclusion, dans les documents importants; il faut intégrer les mécanismes dans la loi électorale. Il faut agir sur les deux fronts, les efforts et les résultats, donc en pourcentage de candidatures et en pourcentage d'élus. Plus particulièrement, dans un mode proportionnel mixte compensatoire, il faut encourager les femmes et les personnes racisées à poser leur candidature. Pour cela, on pourrait augmenter le remboursement de leurs dépenses électorales et tenir compte de leurs différences socioéconomiques. On pourrait encourager les partis politiques à présenter les candidatures en accord avec les principes qu'on donne. On doit leur demander d'atteindre des objectifs et fixer les règles pour y arriver.
Dans un modèle mixte compensatoire, évidemment il y a deux composantes de modèle des sièges: la liste de circonscription et la liste de compensation. Il y a des mécanismes qui sont bons tant pour les candidatures de circonscription que de compensation. Si on inscrit bien la valeur de l'égalité à l'intérieur de la loi, on peut ensuite inclure comme règle que les partis doivent déposer un minimum de 40 % et un maximum de 60 % de candidatures par genre. Cela est valable autant pour le bloc des sièges de circonscriptions que pour celui des sièges de compensation.
Un parti devrait aussi déposer un pourcentage indiqué, fixé, de candidatures de personnes racisées. Ce pourcentage est facile à établir, il y a des statistiques. Les statistiques sont variables selon les régions, il s'agit de suivre l'état statistique de la répartition territoriale des personnes racisées pour avoir des objectifs. C'est valide pour les circonscriptions et pour les compensations. Le pourcentage à atteindre est donc basé sur des données probantes.
En particulier, en ce qui a trait aux candidatures des sièges de compensation, il y a des mécanismes qui ne s'appliquent que dans ce contexte, et là je parle de l'alternance des deux genres sur toute la longueur de la liste. On peut même inscrire des règles. Il peut y avoir plein de variantes, mais qui visent toutes à ce que les personnes racisées ne se retrouvent pas en fin de liste.
Pour que les fonds publics servent à l'atteinte de nos objectifs — l'égalité, l'inclusion, la non-discrimination dans un sens large —, le remboursement des dépenses électorales devrait être majoré en fonction des performances atteintes, du pourcentage de femmes élues et du pourcentage de personnes racisées élues.
Il y aurait moyen d'avoir des mécanismes basés sur la situation au moment des élections et la marche à faire pour augmenter la représentation de ces groupes par palier, par étape.
Combien de temps me reste-t-il, monsieur le président?
Mon nom est France Robertson. Je suis une Innue de Mashteuiatsh, au Lac-Saint-Jean. Cela fait maintenant 23 ans que je vis à Montréal, en milieu urbain. Je suis directrice au Centre d'amitié autochtone de Lanaudière et également vice-présidente du Regroupement des centres d'amitié autochtones du Québec.
D'abord, je voudrais souligner que nous sommes en territoire atikamekw. Je remercie les Atikamekw. La communauté de Manawan est tout près. Pour moi, il est important de le souligner.
Le Mouvement des centres d'amitié autochtones est implanté au Canada depuis plus de 60 ans. Il y a 118 centres d'amitié autochtones au Canada, dont six associations provinciales et territoriales, et l'Association nationale des centres d'amitié, ou l'ANCA. Dans la province de Québec, l'association provinciale est le Regroupement des centres d'amitié autochtones du Québec.
Le Mouvement des centres d'amitié autochtones est établi au Québec depuis plus de 45 ans. En effet, le premier centre d'amitié a ouvert ses portes en 1969, à Chibougamau. Au cours des années 1970, il y a eu la création des Centres d'amitié de Val-d'Or, de La Tuque, de Montréal, de Senneterre et de Québec. Celui de Joliette est récent — il existe depuis 2001. Ces villes étaient déjà des carrefours de rencontre pour les citoyens autochtones qui convergeaient pour avoir accès à des services et qui s'y installaient de façon permanente.
De plus en plus de personnes autochtones quittent les communautés — ce que vous appelez les réserves — pour s'établir dans les milieux urbains pour étudier, travailler, avoir une meilleure situation de vie, ou pour des raisons de santé. Dans l'arrondissement de Joliette, 60 % des personnes autochtones sont des Atikamekw qui parlent encore leur langue.
Nous sommes la plus grande infrastructure de services pour les Autochtones dans les villes au Canada. Les centres d'amitié autochtones partagent une mission commune, c'est-à-dire l'amélioration de la qualité de vie des citoyens autochtones vivant ou transitant en milieu urbain. Ce sont des centres multiservices situés en milieu urbain qui s'adressent à une clientèle autochtone, soit aux membres des Premières Nations, aux Métis et aux Inuits, tout en privilégiant une politique de porte ouverte sans égard au statut, à la nation d'appartenance ou au lieu de résidence.
Nous sommes des organisations communautaires autochtones démocratiques et apolitiques qui oeuvrent dans un esprit de complémentarité avec les partenaires du milieu. La force de notre mouvement repose sur notre instance démocratique qui permet à tous les citoyens autochtones d'exprimer leurs aspirations et de participer au processus de prise de décisions pour la réalisation des objectifs en siégeant à nos conseils d'administration et en participant aux assemblées générales annuelles, ainsi que de prendre en compte leur expérience comme usagers des services, afin de les améliorer pour qu'ils répondent à leurs besoins.
Nos structures de gestion et de gouvernance sont orientées vers les citoyens autochtones, Donc, notre engagement premier est envers les Autochtones vivant dans les villes ou qui y sont de passage.
Le phénomène de déplacement des Autochtones vers les villes est en croissance constante: 60 % des Autochtones vivent hors réserve. Au Québec, plus de la moitié des Autochtones, soit 53,2 %, habitent dans les villes. C'est une tendance qui s'accentue. On dit qu'au Québec, la population est vieillissante, mais dans notre cas, la population est jeune: 55 % de notre population a moins de 25 ans. De plus en plus de jeunes viennent s'établir dans les villes.
Je vais ouvrir une parenthèse. Dans ma vie, je n'ai fait mon devoir de citoyenne qu'à deux reprises. Lorsque j'ai quitté ma communauté, je considérais qu'aller voter ne donnait rien et ne concernait pas les Autochtones. Je trouvais qu'il n'y avait pas d'intérêt à le faire et que cela ne me regardait pas. Je me demandais ce que cela pouvait changer, étant donné que ce sont des candidats non autochtones qui siègent et que la Loi sur les Indiens resterait. J'avais toujours cette mentalité. Or un jour, un des aînés m'a dit que, si on veut changer quelque chose, il faut changer notre mentalité, s'impliquer et aller voter pour que les choses changent. J'ai voté deux fois et j'en suis fière. Je parle aussi à mes enfants de l'importance de voter. Je n'aurais jamais pensé un jour me retrouver à parler de mode de scrutin un vendredi après-midi, à Joliette. Merci, monsieur Ste-Marie!
Je sais que vous allez entendre très peu d'Autochtones, mais ce serait à mon avis important de les entendre.
Tout à l'heure, j'entendais Mercédez qui était rendue assez loin dans le mode de scrutin. De notre côté, nous faisons une grande démarche en sensibilisant nos consoeurs et nos confrères à l'importance d'aller voter. Nous avons toutefois besoin que le mode électoral s'adapte à notre approche, à notre façon de faire.
Lors de la dernière campagne électorale en 2015, le Mouvement des centres d'amitié s'est beaucoup mobilisé pour sensibiliser les peuples autochtones à l'importance de l'exercice de leur droit de vote. On a créé un programme électoral pour faire comprendre aux Autochtones qu'ils devaient aller voter, que c'était un devoir de citoyen. Nous avons vraiment fait une démarche. Au Centre d'amitié, à Joliette, nous avons rencontré tous les candidats de chaque parti pour leur poser des questions. Nous leur avons demandé quels étaient dans leur programme électoral les enjeux qui touchaient les Autochtones. Ils nous ont fait part des enjeux prévus dans le programme du parti, mais aussi de leurs préoccupations personnelles pour les Atikamekws et pour leurs familles vivant à Joliette.
Par la suite, nous avons organisé un atelier. Nous avons invité nos membres, nos familles à venir entendre les présentations des différents candidats. Nous avons fait une analyse des programmes de chaque parti. Notre but n'était pas de dire de voter pour telle personne ou pour tel programme. Notre but était de présenter nos enjeux et de voir l'importance que leur accordaient chaque parti et chaque candidat. Notre but était aussi d'expliquer aux participants comment s'inscrire sur la liste électorale et les raisons pour lesquelles il est important d'aller voter et de déterminer quel parti se rapprochait le plus de nos valeurs autochtones. Donc c'est ce type de réflexion que nous avons eu avec les familles.
Il ne suffit pas de dire aux familles que c'est important d'aller voter, que c'est une obligation, un droit de citoyen. Ce n'est pas comme cela qu'on est venu me chercher. On est venu me chercher en me disant que tel parti accorde de l'importance aux Autochtones, qu'il les écoute enfin et que, pour ces raisons, c'est important d'aller voter, d'accorder son vote à tel parti ou à tel candidat Ce sont ces points que nous avons fait valoir et nos gens sont allés voter.
On savait que les électeurs autochtones devaient surmonter différents obstacles pour exercer leur vote. On savait qu'ils ne connaissaient pas le processus électoral et qu'ils avaient de la difficulté à trouver l'information concernant les partis et les candidats. On savait que les cartes que nous pouvions présenter pour confirmer notre identité ne font pas mention du lieu de résidence et que nos nations sont encore aujourd'hui largement nomades. Même si nous avons des réserves, beaucoup de familles restent nomades. Donc la présentation au bureau de scrutin de la carte électorale portant l'adresse de résidence constitue un défi. Certains la perdent, d'autres ne vont pas la chercher ou n'ont pas le goût de le faire. Lorsqu'un obstacle se dresse, les Autochtones on souvent tendance à ne pas aller voter. C'est pour toutes ces raisons que nous avons cherché un moyen de faciliter le processus pour encourager les électeurs autochtones à exercer leur devoir de citoyen.
Pour contrer le manque de motivation et d'intérêt des électeurs autochtones, nous avons investi beaucoup d'efforts pour les motiver à exercer leur droit de vote. Nous avons partagé l'information facile à comprendre sur le fonctionnement du système électoral et sur le processus de vote. Nous avons utilisé aussi les réseaux sociaux pour mobiliser nos membres, dont Facebook qui est un outil de communication très fort. Nous avons favorisé le partage de l'information sur les partis politiques et sur les candidats locaux. Je trouvais cela très important et je remercie les partis et les candidats qui ont fait preuve de beaucoup de collaboration. Les Autochtones accordent beaucoup d'importance à l'intérêt qui leur est accordé et peuvent entrevoir les retombées de leurs votes.
Le jour de l'élection, nous avons aussi offert un service de transport au bureau de scrutin. C'est banal, mais important. Pour nos activités, nous offrons généralement le service de transport et nous avons décidé de le faire aussi le jour de l'élection pour encourager nos membres à aller voter.
Donc, vous connaissez maintenant l'importance que nous accordons à sensibiliser les électeurs autochromes à l'exercice de leur droit de vote. Les Centres d'amitié sont des organisations non partisanes et il est important de respecter ce fait.
Pour nous, le plus important est que les gens puissent aller voter.
Peu d'Autochtones votent lors des élections fédérales et des élections provinciales. Selon Élections Canada, 30 % des membres des Premières Nations vivant dans des communautés au Québec pouvaient voter lors de l'élection fédérale de 2011, comparativement à 63 % dans le reste du pays. On sait que lors de la dernière élection — on en a entendu parler —, il y a eu des candidats autochtones, dont nous étions très fiers.
Pour nous, l'important était vraiment que les gens puissent aller voter, et pas seulement pour un parti qui présentait des candidats autochtones. Bien sûr, nous espérions que des candidats autochtones soient élus, mais nous voulions surtout qu'il y ait des changements en matière de programmes. En ce moment, par exemple, les populations urbaines constituent un enjeu grandissant. C'était important pour nous.
Je souhaite qu'un jour, en m'exprimant par mon droit de vote, on arrive à un dialogue de nation à nation. Ce n'est pas demain que cela va se faire, mais je souhaite qu'un jour on dira à chaque population autochtone qu'elle peut voter et que tout sera possible. Je sais que la Loi sur les Indiens ne sera pas abolie demain, mais si on dit aux Autochtones de voter, cela va peut-être se faire un jour.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être parmi nous.
Madame Roberge, nous rencontrons beaucoup d'experts, de professeurs d'université, de citoyens et d'organisations qui disposent de beaucoup de documentation. Or ces données sont parfois contradictoires les unes par rapport aux autres. Dans ce contexte, j'aimerais savoir si vous avez des documents qui confirment les chiffres et les affirmations que vous avez énoncés.
Hier encore, un expert universitaire qui était venu nous parler des modes de scrutin a affirmé avec certitude que, dans les pays où il y avait des modes de scrutin proportionnels, cela n'avait aucun impact sur la participation des femmes et sur le nombre de femmes élues. Il a dit que ce n'était pas cela, mais plutôt les moyens qu'on se donnait pour changer la culture politique, qui engendrait du changement.
Je me rappelle qu'à Ottawa, au cours de la dernière semaine, une dame appartenant à une université — de Vancouver, je crois — a comparu par vidéoconférence. Chaque fois que nous parlions des modes de scrutin, elle nous reprenait et disait qu'en faisant preuve de volonté et en imposant des règles strictes, les résultats voulus seraient nécessairement atteints, notamment pour que 50 % des candidats soient des femmes.
On cherche bien des choses. On veut changer le mode de scrutin. Si l'objectif est vraiment d'établir une proportion de 50-50 et que la majorité de la population n'est pas préoccupée par les modes de scrutin — on dit en effet que cette discussion n' intéresse que 3 % des gens —, pour vraiment changer les choses, il faudrait peut-être recourir à de plus petits moyens.
Nous parlons des femmes et des minorités. Or hier, un témoin a tenu des propos qui m'ont frappé. C'était la première fois que je prenais conscience de ces questions. Selon ce qu'il disait, nous voulons que les femmes soient représentées selon le pourcentage qu'elles représentent au sein de la population, soit 50,4 %. Elles sont maintenant plus nombreuses que les hommes.
Il a demandé si tous les groupes religieux, les minorités, les immigrants, les homosexuels, les transgenres, les jeunes, les aînés et les Autochtones — peut-être divers groupes, dans le cas des Autochtones — seraient représentés et où la ligne serait tracée pour que les gens décident et prennent leur place.
Ma question est un peu vaste. J'aimerais entendre vos commentaires à ce sujet.
Madame Robertson, votre présentation était intéressante et touchante aussi. Comme M. Aldag, je suis heureux que vous ayez commencé à participer et à voter aux élections. Cela me fait chaud au coeur, comme démocrate.
Simplement pour nous mettre en perspective, vous aviez auparavant l'impression que voter ne changerait rien et que votre vote ne comptait pas. En fait, c'est une impression qui est nourrie par le mode de scrutin actuel. Dans certaines circonscriptions, des gens ont pu gagner l'élection avec 35 % des votes. Cela veut dire que 65 % des gens qui ont déposé leur bulletin dans l'urne ne sont pas représentés au Parlement. Ils auraient pu rester chez eux et cela n'aurait rien changé.
Dans l'ensemble de la fédération canadienne, lors de la dernière élection, 9 millions de votes n'ont servi à élire personne. En fait, ces votes ne trouvent pas un chemin pour que la voix de ceux qui les ont exprimés se fasse entendre au Parlement. Donc, ce n'est pas juste une impression, c'est un fait.
Vous avez présenté des suggestions intéressantes, telles des bureaux de vote dans des centres d'amitié autochtones, notamment. Que pourrions-nous faire de plus pour améliorer la participation des diverses nations autochtones, des Métis, au processus électoral et, peut-être aussi, pour avoir des Autochtones et des Métis au Parlement?
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J'élargis votre question pour qu'elle porte aussi sur le processus de consultation. Je trouve aberrant qu'après presque 30 rencontres de ce comité, nous soyons seulement le deuxième groupe composé exclusivement de femmes à comparaître. Cela n'aurait pas dû arriver. Votre comité aurait dû faire une analyse différenciée selon les sexes depuis le tout début du processus.
D'un point de vue extérieur, il a été très frustrant d'attendre que l'expertise vous soit livrée, parce que c'est l'objectif du processus de consultation. Le Comité s'est privé d'une expertise importante. Je ne parle pas uniquement de la présence des femmes, mais aussi des personnes racisées et des peuples autochtones.
En ce qui concerne la validation, je ne suis pas favorable à ce qu'il y ait un référendum pour valider le résultat de vos travaux. Nous sommes en train de travailler sur la loi électorale. Une loi électorale, c'est une loi. Toutes les lois n'ont pas besoin de passer par un référendum. Pourquoi celle-ci aurait-elle davantage besoin de passer par un référendum? Je ne trouve rien de concluant à ce sujet, surtout dans le contexte où on poserait une question aux gens sur quelque chose qu'ils ne connaissent pas et qu'ils n'ont pas expérimenté. Cela m'apparaîtrait comme une tentative de faire avorter le tout et de faire accepter le statu quo.
Je ne suis pas contre le fait d'examiner après trois élections si on a fait les bons choix. C'est différent. À ce moment-là, on pourrait en reparler. On pourrait alors trouver comment améliorer la situation. Pour l'instant, c'est une loi et vous avez la responsabilité de déposer un rapport. J'espère que vous allez compléter les expertises qui n'ont pas été présentées pour qu'elles contiennent les analyses dont je vous ai parlées, non seulement la mienne, mais d'autres sur une plus vaste échelle.
Je pense aussi que vous avez la responsabilité de suggérer les étapes suivantes, et ce, non pas au niveau de la validation, mais au niveau des réflexions. C'est sûr que je ne peux pas parler pour les Premières Nations. Toutefois, il serait intéressant que le Comité manifeste une ouverture pour qu'il y ait des discussions de manière à voir si les peuples autochtones souhaitent que des mécanismes soient prévus pour améliorer leur représentation. Les mécanismes que j'ai trouvés et ceux que d'autres ont trouvés ont été pensés en se disant qu'on ne peut pas parler au nom des Autochtones, mais on peut s'assurer que ces mécanismes ne sont pas nuisibles et qu'ils sont transférables.
Il est donc important que le Comité soulève la question pour établir le fait que les revendications que pourraient soumettre les peuples autochtones dans le cadre de la présente réforme électorale soient prises en compte. Si aucune revendication n'est soumise, le Comité pourrait quand même engager la discussion pour tenter de tendre la main aux Première Nations.
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Merci, monsieur le président.
D'entrée de jeu, il a été souligné que Mme Roberge a été, de 2003 à 2010, présidente du Mouvement pour une démocratie nouvelle. Je remercie les deux témoins de leur présentation.
J'aimerais dire à mes collègues que Mme Roberge est à l'origine de mon intérêt pour la réforme touchant les modes de scrutin. Si ma mémoire est bonne, elle a animé en 2008, à Sainte-Hyacinthe, un atelier où, pour la première fois, j'ai été sensibilisée au fait qu'on utilisait un certain mode de scrutin, mais qu'il en existait d'autres qui pourraient nous aider à faire en sorte que chaque vote compte.
Je vous remercie Mme Roberge d'insister sur le fait que nous devons saisir l'occasion de réformer le mode de scrutin pour augmenter le nombre de femmes à la Chambre des communes. Nous représentons actuellement 26 % des personnes élues.
Esther Lapointe, du Groupe Femmes, Politique et Démocratie, nous a dit que si on attend que cela se fasse naturellement, on attendra encore 100 ans. De plus, rien ne garantit que ce sera fait. Effectivement, il faut saisir l'occasion d'établir des modalités à cet égard. Cela ne se fera pas tout seul. Lors des dernières élections, le NPD avait 43 % de candidates. Il a fallu avoir des règles d'équité, y tenir et les imposer de façon très claire.
En outre, Mme Roberge a remporté le Prix Réformera, en 2014, en reconnaissance de l'ensemble de son travail. Elle a vraiment pris son bâton de pèlerin pour se rendre partout au Québec et parler des modes de scrutin.
Madame Roberge, à la fin de votre présentation, vous avez rapidement parlé de l'incidence des ratios dans le cadre d'un mode de scrutin proportionnel mixte avec compensation. J'aimerais mieux comprendre cette notion.
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Je vais vous parler de mon expérience personnelle.
J'habite à Pointe-aux-Trembles, dans la région de Montréal. Je me suis tenue au courant de la dernière campagne électorale. Je connaissais les candidats de la circonscription de Joliette, où est situé le Centre de l'amitié. Nous avions fait de la sensibilisation. Or lorsque je me suis retrouvée devant le bulletin de vote, j'ai vu le le nom des candidats et des partis. Bien sûr, j'ai voté pour le parti que je préférais bien que je ne connaissais pas le candidat. Je ne savais pas non plus si les Autochtones faisaient partie de ses préoccupations.
Le parti est important, mais il faut avant tout connaître le candidat. J'ai trouvé dommage d'avoir voté pour un parti sans connaître la personne. En effet, la personne pour laquelle j'ai voté et qui a été élue n'a aucun intérêt pour les Autochtones. Je l'ai su par la suite. Pour moi, cela a représenté un genre d'échec.
Pour ce qui est des bulletins de vote, on peut parfois voir la photo ou le nom du candidat, et c'est intéressant. Quoi qu'il en soit, il doit d'abord y avoir un processus de sensibilisation.
Dans certains comtés, il y a très peu d'Autochtones. J'ai un peu souri quand j'ai vu que Michèle Audette se présentait dans le comté de Terrebonne, où il y a très peu d'Autochtones. C'est dommage, mais elle n'avait assurément aucune chance de remporter l'élection. C'est triste de voir qu'on choisit souvent un candidat autochtone dans de tels endroits.
Pourquoi ne lui trouverait-on pas un comté constitué majoritairement d'Autochtones? Nous sommes assurément favorables à la présence de candidats autochtones. Pour ma part, j'y crois.
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Merci. Bienvenue à Joliette.
Avec tout ce que j'ai entendu aujourd'hui, je me demande encore pourquoi nous avons cette discussion au sujet de la réforme électorale. Je suis devenu cynique. Comment la modification du système électoral peut-elle influencer les décisions des partis au pouvoir qui sont prises par le Parlement, comme celle de février dernier qui condamnait l'occupation de la Palestine? Je ne comprends vraiment pas ce qui se passe. Vous avez des êtres humains dont le territoire est militairement occupé et la majorité des députés ont déclaré que c'était acceptable.
Comment peut-on voter pour un parti au pouvoir qui a l'intention d'appuyer le PPT? Je crois que Mme Freeland souhaite qu'il soit adopté. Il s'agit d'un accord commercial selon lequel le Canada va renoncer à ses intérêts en autorisant les sociétés à poursuivre le gouvernement si celles-ci n'obtiennent pas les bénéfices qu'elles s'attendaient à enregistrer. Il y a à l'heure actuelle 37 poursuites en cours. La plupart d'entre vous le savent.
Il y a un parti au pouvoir qui appuie un système de justice auquel les Canadiens n'ont pas accès pour des raisons financières. Beverley McLachlin, dans un discours devant l'Association du Barreau canadien, a déclaré que le système ne fonctionnait pas. Les gens comparaissent, ils ne sont pas représentés, ils se représentent seuls, et ils se font botter les fesses dans ce système. Ce n'est pas juste.
Vous avez un parti au pouvoir qui ne fait rien pour changer la façon secrète dont fonctionne l'ARC.
Notre Parlement soutient un système économique dans lequel il y a la Banque du Canada, notre banque nationale, et au lieu de nous en servir comme nous l'avons fait au cours des années 1930 et 1940 pour construire le Canada, nous utilisons maintenant un système bancaire malhonnête qui crée frauduleusement de l'argent à partir de rien.
Ce sont là les questions qui me préoccupent. Comment la modification du système électoral, qu'il s'agisse de représentation proportionnelle ou d'un autre système, pourrait influencer ces changements ainsi que les idées des partis au pouvoir? C'est ce qui me préoccupe et voilà ce que je voulais pendant mes trois minutes.
Je vous remercie d'avoir été patient.
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Merci, monsieur le président. Vous êtes très généreux. D'habitude, on ne nous accorde que deux minutes pour prendre la parole.
J'aimerais revenir sur la question du référendum. Il me semble obligatoire de tenir un référendum sur le choix à double majorité, soit une pour les anglophones du Canada et l'autre pour le Québec. Si cela ne se fait pas, il est certain que Justin Trudeau va adopter la formule préférentielle parce que cela va l'avantager. C'est de cette façon que cela fonctionne. Les gens ne veulent jamais perdre le pouvoir. Ils n'en ont jamais assez et, en définitive, c'est toujours la population qui paie.
J'essaie de faire passer ce message. Cela s'adresse directement au gouvernement fédéral. Il faut se baser sur trois piliers pour que la population gère les finances de façon à ce que ce soit géré pour elle et par elle. Je vais vous donner un exemple à ce sujet. À cet égard, j'essaie de faire passer mon message au Québec et au Parti québécois.
Je vois que vous êtes très à l'écoute. Disons qu'on garde 125 députés comme piliers et 125 sages, qui ont fait leurs preuves comme bénévoles — en temps normal, on ne se fait pas voler par des bénévoles — et un autre groupe de 125 personnes, qui sera élu par une sorte de jury issu de la société. Autrement dit, nos élus n'auront plus le pouvoir en matière de finances, et ces 125 personnes décideront des projets de loi, des lois et des finances.
Le pouvoir de dépenser de Justin Trudeau, c'est bien beau, mais on voit ce qu'il a fait pour obtenir du prestige auprès de l'OTAN, qui est la plus grosse machine de guerre. Je ne sais pas si vous êtes au courant de cela. En définitive, qu'est-ce que cela va donner? Cela va protéger les mines en Afrique. Comprenez-vous ce que je dis? On n'en a pas assez ici, au Canada. Il n'y a plus de redevances et on n'est même pas en mesure d'utiliser des drones pour savoir combien de matières sont prélevées par pied cube.
Concernant les forêts, par exemple, lors des travaux de la commission Coulombe en 2000, on avait besoin de 22 milliards de dollars pour avoir des redevances. Vingt-deux milliards de dollars, cela veut dire 22 000 millions de dollars pour une redevance de 90 millions de dollars. Au bout du compte, nous avons reboisé. Voyez-vous comment le système est pourri?
Pour ce qui est des Panama Papers, de quoi craignent-ils? Craignent-ils la mafia? Il n'y a plus d'enquête. Cela concerne tous les capitalistes.
Au moins, vous êtes à l'écoute. Je dois dire que je suis malentendant et que j'ai du mal comprendre ce que je dis. Du moment que le son porte et que vous êtes à l'écoute, c'est tant mieux.
Il y aurait peut-être un autre bienfait pour la société. La circulation de l'argent n'a pas sa raison d'être. En effet, les cartes de crédit laissent des traces? On laisse seulement en circulation de la petite monnaie. Je ne sais pas ce qu'on va faire avec cette montagne d'argent.
Je vous donne un autre exemple relatif aux tribunaux et à l'opération SharQc. Les criminels n'ont aucune sentence et ils sont en liberté. Seuls les citoyens honnêtes se présentent devant les tribunaux.
J'ai l'impression que ma période de temps est écoulée. Je vous remercie de votre générosité et de m'avoir écouté.
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Merci, monsieur le président.
D'abord, je remercie le Comité d'être venu dans notre région. Je trouve très intéressant que vous parcouriez le Canada afin de savoir si les gens préfèrent le statu quo. J'espère qu'ils seront peu nombreux à vous dire qu'ils souhaitent conserver le statu quo.
Mon but aujourd'hui n'est pas de vous suggérer des mécanismes sur le mode de scrutin proportionnel, mais plutôt de vous demander très fortement de faire la recommandation, quand vous ferez votre proposition principale, de tenir un référendum.
Je ne sais pas pourquoi ce mot fait effraie tellement les gens. Pourtant, selon le dictionnaire, le mot « référendum » veut dire « consulter le peuple ». S'il y a quelque chose de beau, c'est bien de consulter le peuple. Vous consultez la population pour avoir des idées, sauf que, contrairement à la dame qui a parlé précédemment, il me semble que le peuple est assez intelligent pour faire un choix une fois que vous leur aurez proposé quelque chose. Cela peut être un ou deux scénarios — je ne sais pas sur quoi vos travaux vont déboucher —, mais lorsqu'il faut décider de la façon dont les représentants et les représentantes seront élus, je dois avoir un mot à dire à cet égard. Il me semble que la population, que ce soit les Québécois, les Manitobains et tous ceux qui font partie du Canada, doit avoir la possibilité de dire ce qu'elle pense à cet égard.
Je ne donnerais jamais en exemple les Américains, mais j'ai des amis qui demeurent en Californie et ils sont fréquemment consultés. Ils n'ont pas peur du mot « référendum ». Ils sont même consultés sur des questions que je considère idiotes, mais ils sont consultés et très fiers de l'être. Or au Canada, 175 ou 200 personnes vont décider de la façon dont nous allons élire les représentants qui vont travailler pour nous pendant quatre ans.
J'espère grandement que la consultation ne se limitera pas à nous demander d'exprimer des idées. Vous allez faire un beau travail et il serait bien de dire ceci à tout le monde: « Voici ce qu'on vous propose. Qu'est-ce que vous en pensez? »
J'espère fortement que cela va se terminer ainsi. De cette façon, la démocratie se rendrait jusqu'au bout.
Je vous remercie de m'avoir écoutée.
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Je m'appelle Linda Schwey. Je suis née à Montréal et j'y ai grandi; je suis venue ici aujourd'hui parce que je pense que ces audiences et ces réunions sont une chose magnifique.
J'ai longtemps vécu au Danemark qui utilise un système électoral proportionnel. C'est un système qui est courant dans de nombreux pays européens parce qu'il existe de nombreux partis. Lorsque je suis revenue à Montréal en 2005, il y avait au Danemark huit partis politiques pour une population de 5,5 millions. Ce n'est tout de même pas terrible. Là où je vivais, nous n'avons jamais eu un député qui résidait dans ma circonscription, mais cela n'avait pas une grande importance parce que le Danemark est un très petit pays. Sa superficie représente deux fois et demie celle du lac Ontario.
Si la personne qui me représentait ne résidait pas dans ma circonscription, elle n'habitait quand même pas très loin. Au Canada, cela ne fonctionnerait jamais. Il ne faut pas que la personne qui vous représente ne vive pas près de vous. Au Danemark, il y a une liste de personnes qui seraient être élues députées si elles obtenaient tous les votes parce que ce résultat n'est pas lié à l'endroit d'où ils viennent. Je ne pense pas que les gens de Joliette aimeraient que leur député vive à Montréal. Ce ne serait pas correct.
Par ailleurs, lorsque vous constatez qu'à la fin d'une élection vous obtenez 40 % pour avoir la proportionnalité, vous vous diriez que le NPD, par exemple, devrait avoir cinq députés de plus. D'où peuvent provenir ces députés? Ils viennent d'une liste qu'établit lui-même le parti. Les électeurs ne participent aucunement à l'établissement de cette liste. Les gens ont accès à la liste des personnes qui peuvent être élues députés, mais c'est le parti qui dresse ces listes. Habituellement, les gens, les électeurs, acceptent les personnes qui figurent sur cette liste; il arrive toutefois parfois que le parti souhaite récompenser quelqu'un et qu'il place le nom de cette personne sur la liste pour cette raison.
Il ne s'agit pas uniquement de faire inscrire son nom sur la liste, mais il s'agit également de savoir à quel rang votre nom est placé sur la liste. Si vous venez au dixième rang sur la liste, et qu'il faut élire cinq députés supplémentaires, alors vous ne serez jamais député. Si vous occupez un meilleur rang sur la liste, alors vos chances sont meilleures.
Nous sommes en train de rejeter un système qui élit un député qui a obtenu 38 % des suffrages et nous acceptons un système où nous obtenons un député qui n'a obtenu aucun vote, parce que le député vient d'une liste et qu'il n'a pas été élu.
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Monsieur le président, je vous remercie de m'accorder la parole.
Pour la forme, je déclarerai que le système actuel convient assez bien à la représentation des électeurs d'un comté par une personne élue. La représentation proportionnelle, même si elle garantissait une meilleure distribution des sièges aux partis en fonction du vote, serait d'une arithmétique désincarnée pour l'électeur. Celui-ci verrait ainsi son choix de candidats appartenir au parti qu'il a choisi selon une liste préférentielle.
La seule correction proportionnelle qui me semble envisageable serait de détacher le chef du parti de sa circonscription en le faisant élire en fonction du vote fait pour ce même parti. Autrement dit, il siégerait automatiquement au Parlement s'il obtenait un minimum de 1 % du vote canadien exprimé, le chef demeurant l'incarnation de son parti lors du vote.
Maintenant, sur le fond, je dirais que la mesure que je propose pour corriger l'inégalité du vote serait double. Quoiqu'un parti ait plus de chances de se retrouver majoritaire au Parlement, comme c'est le cas actuellement sans obtenir une majorité des votes, il serait quand même tenu, autant que possible, d'avoir une seconde légitimité en s'assurant qu'à la Chambre, il obtienne le consentement de suffisamment de partis pour former une majorité, et ce, selon le vote exprimé lors de l'élection et, en cela, pour toute mesure législative.
La double approbation augmenterait la portée de la législation. Ce serait comme un appui moral et un ralliement qui serait au-dessus de toute partisanerie. De plus, le temps de parole accordé à chaque parti, quel qu'il soit, le serait en fonction du pourcentage de votes obtenus par ce parti lors des élections. La Chambre des communes consacrerait ainsi l'égalité des partis sans autre privilège accordé, sauf pour le parti qui est arrivé en tête du scrutin de conserver son droit de gouverner et de mettre la table pour les mesures législatives.
Deuxièmement, comme pour le financement des partis, les budgets de recherche pour les travaux parlementaires seraient alloués aux partis au prorata des appuis électoraux qui auraient été obtenus. Les partis ayant obtenu moins d'élus, mais un fort pourcentage du vote, bénéficieraient par toutes ces mesures d'une plus grande visibilité, appuieraient ou désavoueraient les mesures gouvernementales et s'en donneraient parfois le crédit.
Ce que j'ai en tête est ni plus ni moins qu'une véritable révolution de nos moeurs politiques. Au-delà de nos différences et de nos intérêts, puissions-nous créer ici même une marque canadienne de démocratie.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Au nom du Réseau FADOQ, je vous remercie de m'accueillir dans le cadre de vos travaux. Je suis très heureuse que les aînés puissent avoir une voix aujourd'hui dans le cadre de cette consultation.
En 2014, le Réseau FADOQ avait déposé un mémoire sur la réforme électorale, une réforme qui avait déjà été entamée par l'ancien gouvernement. Je me suis beaucoup inspirée de ce mémoire pour vous transmettre quelques idées que nous avions alors élaborées. Nous insistions, entre autres, sur la grande importance de la carte d'information de l'électeur. En fait, souvent, les aînés n'ont plus de carte d'identité comme telle, c'est-à-dire que leur photo n'apparaît plus sur la carte d'assurance-maladie. De plus, plusieurs aînés n'ont plus de permis de conduire. En fait, il est difficile pour eux de pouvoir s'identifier de façon adéquate.
Ces personnes devraient avoir une carte d'identification de l'électeur. Je crois qu'elle existe, mais elle est très peu connue ou très peu utilisée. Cela pourrait être un moyen démocratique d'inciter davantage de personnes, surtout les aînés, à aller voter, et ce, même si ces derniers sont majoritairement les personnes qui votent le plus, comme nous le savons très bien. Cependant, il n'en demeure pas moins que pour certains, c'est peut-être un frein puisque c'est très compliqué de s'identifier.
Souvent, les aînés vendent leur maison pour aller habiter en résidence et le fait de devoir se déplacer pour aller voter peut s'avérer fort compliqué. Installer des bureaux de scrutin dans les résidences pourrait représenter une solution intéressante.
Pour ce qui est de l'inclusion et de l'accessibilité, selon nous, toutes les personnes qui vivent au Canada devraient avoir la possibilité de pouvoir voter selon des préceptes établis par tout le monde, c'est-à-dire dans le respect qui leur est dû.
Le financement des partis politiques nous tracasse aussi au Réseau FADOQ. Il faudrait, comme cela se fait dans certaines provinces, imposer un montant limite au chapitre des contributions. Cela pourrait aider à prévenir certains abus et les partis seraient davantage à égalité en ce qui a trait aux montants dont ils disposent pour mener une campagne électorale.
Au sujet de la participation et de la valorisation du droit de vote, il a été question, à une certaine époque, de modifier le rôle du DGE. Cette idée nous préoccupe. Je ne sais pas si elle est encore dans les plans, mais elle l'était en 2014. À notre avis, le rôle du DGE est très important puisque ce dernier s'occupe, pendant une certaine période de temps, de sensibiliser toutes les personnes au geste qu'elles vont poser lorsqu'elles seront appelées aux urnes.
Aussi, nous aimerions que le parachutage de certaines personnalités soit mieux défini parce que, dans certaines régions, les candidats sont souvent des personnalités qui n'y vivent pas et qui se retrouvent en situation d'affrontement avec des gens qui y habitent, comme c'est le cas entres autres ici dans Lanaudière. Cela se fait au détriment des résidants qui sont ancrés dans leur milieu et qui pourraient apporter un éclairage différent de celui de quelqu'un qui vient de l'extérieur. Comme il s'agit d'une personnalité en vue, on décide de l'envoyer dans une certaine circonscription parce que cela fait l'affaire du parti. Toutefois, pour la région en question, il n'est pas aussi profitable d'avoir quelqu'un qui ne provient pas du milieu et qui ne connaît pas tous les besoins des citoyens.
Le Réseau FADOQ avait déposé, il y a deux ans, un contrat social en faveur des aînés. Ce contrat social a été appuyé par l'Organisation mondiale de la Santé parce que, de l'avis de celle-ci, les quatre piliers qui étaient énoncés, soit le bien-être, la santé, la sécurité et l'appartenance, sont importants.
De ces quatre piliers, il y en a trois qui peuvent très bien s'arrimer à la réforme électorale dont nous parlons. Sur le plan du bien-être, l'accès au bureaux de vote devrait être acquis pour tout le monde. Il faut donc que cet accès, comme je l'ai dit un peu plus tôt, soit facilité.
Lanaudière, surtout dans sa partie nord, est une région où habitent des personnes plus vieillissantes qui ont moins de facilité à se déplacer. Le transport en commun est différent ici. Nous ne sommes pas à Montréal et il n'y a pas de wagons de métro ou de trains qui circulent. Il y a différents inconvénients qui font que plusieurs personnes ne peuvent pas voter. L'accès au vote est un autre sujet dont nous aimerions qu'on se préoccupe.
Il est également important d'inclure tout le monde, que la voix de tous soit entendue et que cela ne soit pas simplement fait une fois de temps à autre, comme la dame le disait précédemment. Aujourd'hui, on nous écoute, mais il faudrait que cela se fasse aussi durant la période du scrutin.
J'ai parlé également du fait de pouvoir compter sur le DGE pour que le processus de votation et de scrutin soit bien entouré et bien contrôlé. La période pour voter peut être très courte, mais elle peut être aussi très longue si cela n'est pas fait de façon adéquate.
Au fond, il nous apparaît dommage que très peu de gens se prévalent de leur droit de vote. Quand on voit le pourcentage de Canadiens qui votent comparativement au nombre qui y auraient droit, c'est quand même déplorable. En démocratie, s'il y a un seul droit qui nous appartient comme individus, c'est bien notre droit de vote. Il y aurait peut-être une façon, sans le rendre obligatoire, d'inciter plus fortement les gens à se prévaloir de leur droit de vote.
Cela pourrait donner des résultats différents de ce à quoi nous sommes habitués depuis quelques années. Des gens ont été élus et c'est bien, sauf que si tous se prévalaient de leur droit, il y a aurait peut-être des modifications et des changements qui surviendraient. Les résultats ne seraient probablement pas les mêmes. Il existe peut-être un mécanisme quelconque à envisager en vue de favoriser la participation citoyenne.
Je reviens à l'accès au vote et à la possibilité, pour plus de gens dans leur milieu, d'avoir des bureaux de vote à proximité de l'endroit où ils habitent. Les étudiants pourraient voter sur les campus. Cela se fait à certains endroits. Pourquoi les aînés ne pourraient-ils pas voter dans leur milieu? Cela inciterait probablement davantage de personnes à poser le geste de voter et à devenir des citoyens qui se préoccupent de leur démocratie.
Je n'ai peut-être pas utilisé les 10 minutes qui m'étaient attribuées, mais c'est assez complet. C'est ce que je voulais partager avec vous.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président. Je remercie le Comité de permettre à la jeunesse de Joliette d'exprimer son opinion dans le cadre de cette consultation.
Au Regroupement des étudiants et étudiantes du Cégep de Lanaudière, ce débat dure depuis assez longtemps. Nous avons consulté plusieurs organismes qui prônent un changement électoral, notamment le Mouvement pour une démocratie nouvelle. Nous avons écouté également le point de vue des étudiants de la Fédération étudiante collégiale du Québec, soit la fédération nationale à laquelle nous sommes affiliés. Nous avons convenu que le mode de scrutin actuel n'était plus représentatif et adapté aux besoins actuels. Après avoir consulté nos membres, nous avons décidé de prôner l'imposition d'un mode de scrutin proportionnel mixte compensatoire à compensation régionale. Je vais m'expliquer plus en détails à cet égard.
Nous nous sommes opposés à la proportionnelle pure pour la simple et bonne raison que ce système est idéal dans un pays où la population est homogène. Or comme il y a notamment au Canada des anglophones, des francophones et des Premières Nations, nous nous sommes dit que cela noierait le poids de chaque groupe
Nous avons décidé d'ajouter le scrutin préférentiel parce qu'il favorise le bipartisme. Souvent, les deux partis qui sont alternativement au pouvoir sont le deuxième choix des électeurs. Le fait de recourir au scrutin préférentiel assurerait l'existence des deux partis qui sont au pouvoir alternativement depuis à peu près 50 ans.
Pour ce qui est du mode de scrutin proportionnel mixte, nous avons décidé de favoriser un ratio selon lequel un tiers des députés serait élu par compensation sur des listes électorales et les deux tiers restants seraient élus comme ils le sont actuellement, c'est-à-dire par l'entremise du système uninominal majoritaire à un tour. Ils représenteraient une circonscription locale.
En ce qui a trait aux listes régionales, nous ne voulons pas d'une liste électorale pour l'ensemble du Canada. Comme pour le mode de scrutin proportionnel pur, auquel nous ne sommes pas favorables, nous voulons éviter que les groupes linguistiques du Canada se noient dans la masse. Il s'agit donc de laisser une place au Québec aux communautés plus anglophones et aux Premières Nations.
Chaque province adopterait une liste électorale comportant un certain nombre de députés établi au prorata de la population de la province. Les listes seraient déterminées par un congrès provincial dans chaque parti. Un parti donné tiendrait donc un congrès dans chacune des provinces et les membres de ce parti adopteraient une liste électorale par province. Cette liste indiquerait l'ordre des députés élus.
Le directeur général des élections donnerait une allocation supplémentaire aux partis dont la liste comporterait une alternance homme-femme, au moins 10 % de candidats de moins de 40 ans et des membres des Premières Nations. Comme on ne peut pas forcer les gens à se présenter aux élections, ce ne serait pas une obligation. Cette allocation serait octroyée par le directeur général des élections pour favoriser l'égalité des sexes, des nations et de la jeunesse.
En ce qui concerne le vote, dans un système mixte, chaque citoyen disposerait de deux votes. Il voterait pour un député de circonscription, qui représenterait davantage les intérêts locaux et qui assurerait la représentation de la circonscription au Parlement. L'autre vote serait destiné au parti qui défendrait des enjeux nationaux et qui représenterait davantage le programme général du gouvernement. On éviterait ainsi une situation relativement fréquente, c'est-à-dire que des électeurs votent pour un candidat, mais n'aiment pas son parti. Il peut arriver aussi que des électeurs aiment le parti, mais considèrent que le candidat de la circonscription ne représente pas assez bien sa région. Nous préférerions éviter cette situation en permettant qu'il y ait l'expression de deux voix distinctes. Les électeurs pourraient voter sur le même bulletin, mais il y aurait deux types de députés.
Les listes seraient fermées. Par conséquent, le parti choisirait l'ordre des députés. Celui-ci serait conservé en fonction de l'élection de chaque député. Comme je l'ai dit déjà, il y aurait un vote pour la circonscription, les enjeux locaux, l'expérience des députés et le programme du parti à une échelle surtout locale, et un vote pour le parti, essentiellement au niveau national.
Nous avons décidé d'adopter une proportion un tiers-deux tiers pour conserver un certain équilibre dans la compensation et pour éviter de créer de trop grandes circonscriptions. Si l'on accorde trop de votes par l'entremise du système compensatoire, les circonscriptions des députés comme celles que l'on connaît présentement seraient trop grandes. Il serait donc plus difficile de rejoindre les gens.
Nous prônons plutôt un tiers pour les députés élus par les listes électorales et deux tiers pour les députés élus par le scrutin uninominal majoritaire à un tour. Les candidats auraient le droit de poser leur candidature aux deux types de députation, mais ils ne pourraient évidemment exercer qu'une des deux fonctions. Nous souhaitons le droit à la double candidature pour la simple et bonne raison que cela permet une certaine légitimité de l'élection par la liste électorale. Il ne faut pas que certains aient le réflexe de dire que celui qui est élu par la liste électorale n'a pas autant de légitimité à siéger à la Chambre des communes que le député élu par circonscription.
Cela permet également de maintenir les ratios en ce qui touche les hommes et les femmes, les jeunes et les Premières Nations, comme je l'ai mentionné plus tôt.
Pour ce qui est du seuil de représentation, plusieurs pays qui ont adopté le scrutin proportionnel mixte ont établi un seuil minimal de représentation pour éviter que des partis qui obtiennent 0,5 % des voix puissent être représentés et que cela puisse diviser la Chambre des communes. Nous avons pris l'exemple de l'Allemagne, où le seuil de représentation est de 5 %. Ainsi, le premier député élu dans un parti élu par liste électorale doit avoir au moins 5 % des voix. Nous trouvons que c'est trop élevé et que cela renforce, encore une fois, le bipartisme. Nous proposons donc un seuil à 3 %, et ce, afin de contrôler quelque peu la division, la fracturation de la Chambre des communes, mais aussi de permettre à des nouveaux partis de prendre leur place.
Les ratios hommes-femmes ont fait leurs preuves dans les pays qui ont déjà adopté ce type de scrutin. La représentation hommes-femmes est beaucoup plus présente et se maintient davantage sans qu'il y ait nécessairement d'obligation. Pour nous, c'est vraiment intéressant. C'est également bon pour les partis eux-mêmes. En effet, si les membres devaient désigner, lors d'un congrès provincial, les députés qui seront sur les listes électorales, cela stimulerait un peu l'adhésion à des partis politiques. Nous savons que, depuis 50 ans, le nombre de membres de chaque parti diminue. Cela pourrait permettre de le rehausser, en plus d'assurer une plus grande participation citoyenne.
J'ai pris l'exemple de la Chambre des communes. Nous ne sommes pas nécessairement en faveur d'une révision du nombre de députés. Donc, nous garderions les 338 sièges. Il y aurait 225 circonscriptions et 113 sièges élus par liste électorale, donc par compensation. Ces 113 sièges seraient divisés en fonction du poids de chaque province pour éviter que les 113 sièges proviennent de l'Ontario ou de l'Ouest canadien et pour assurer la représentativité même dans les sièges de compensation.
Également, le regroupement s'oppose à toute mesure visant à rendre le vote obligatoire. Si cela revient dans le débat, nous nous prononcerons contre tout vote obligatoire ou toute forme de compensation pour les personnes qui vont voter. Nous sommes contre le fait d'imposer des pénalités à ceux qui ne vont pas voter, ou de donner une récompense financière ou autre aux gens qui vont voter. Nous trouvons que cela enlève un peu le principe du droit de vote. Cela ne doit pas devenir un devoir, une obligation. Cela doit rester un droit. Les gens doivent avoir le choix, ils doivent en décider eux-mêmes. Donc, nous sommes opposés à cela.
Par ailleurs, peu importe le mode de scrutin qui sera recommandé par le Comité et choisi par la Chambre des communes, nous sommes en faveur de l'imposition d'un référendum. Il faut consulter la population sur le mode de scrutin. Évidemment, un référendum sera tenu seulement si on décide de changer le système majoritaire uninominal à un tour. Nous voulons tenir un référendum national sur la question, avec une double majorité, c'est-à-dire qu'il faudra obtenir 50 % plus un parmi les citoyens pour que le référendum passe, mais aussi parmi les provinces, pour veiller à ce que ce ne soient pas les grosses provinces qui décident du mode de scrutin pour tout le Canada.
Pour nous, c'est important d'être démocratique dans un processus de réforme démocratique.
Je vous remercie.
Je remercie de nouveau les citoyens et citoyennes qui sont toujours présents dans la salle, et je remercie ceux qui viennent d'arriver.
Merci beaucoup également aux témoins.
Honnêtement, je pense que tous les partis, et même le Réseau FADOQ, vont tenter de recruter M. Mireault. Dans trois ans, il est certain que nous allons nous parler.
Merci beaucoup à vous tous. Vos commentaires nous donnent une idée de tous les défis auxquels nos électeurs, nos concitoyens et nos concitoyennes font face durant les élections.
Madame Perreault, je ne savais pas qu'il y avait eu des problèmes liés aux cartes d'identité. Pendant votre témoignage, j'ai vérifié auprès de la Régie de l'assurance maladie du Québec. J'ignorais qu'il n'y avait plus de photo sur la carte émise par la Régie dès qu'on atteignait l'âge de 75 ans. Je comprends maintenant pourquoi des personnes âgées se présentent parfois dans un bureau de vote sans carte d'identité avec photo. Je saisis mieux le problème.
Je sais que, par le passé, nous pouvions apporter un carte d'information de l'électeur qui indiquait l'identité, mais je crois comprendre qu'une loi a été adoptée et que nous n'avons plus le droit de le faire. C'est bien cela?
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Merci, monsieur le président.
[Difficultés techniques] du Canada. Je me suis présenté aux élections d'octobre 2015. Toutefois, si je ne siège pas parmi vous, c'est que je n'ai pas gagné.
J'ai néanmoins participé à environ huit rencontres publiques sur la réforme électorale. J'ai rencontré des dizaines de Québécois à ce sujet. Le message que j'aimerais transmettre au Comité ce soir, c'est que la population est prête pour un changement. La population a compris que le système actuel n'était pas démocratique. On demande plus de démocratie dans ce pays.
Si j'ai l'occasion d'être invité à titre de témoin devant votre comité — j'en ai fait la demande auprès de la greffière —, je pourrai vous faire ma présentation sur la réforme du système électoral en utilisant des blocs Lego. Vous pourriez voir ce qu'est un vote poubelle. Après le scrutin du mois d'octobre, des gens m'ont dit qu'ils auraient aimé voter pour moi, mais qu'ils ne voulaient pas que leur vote vert soit perdu. Les gens ne votent plus pour la personne qu'ils préfèrent, mais bien contre celle qu'ils ne veulent pas voir élire. Ce n'est pas une démocratie.
Je suggère au Comité — et je pense que les Canadiens vous le demandent — d'en arriver à un consensus. Toute division pourrait être perçue comme l'équivalent d'un jury qui n'a pas pris de décision. Je recommande donc à M. Scarpaleggia, le président, qu'après avoir entendu tous les témoins et tous les intervenants, il ferme la porte et n'en sorte pas tant et aussi longtemps qu'il n'y aura pas de consensus.
En tant qu'électeur, en tant que contribuable et en tant que Canadien, je vous demande de nous donner le cadeau de la démocratie. Je vous demande de vous enfermer dans une pièce afin de trouver un consensus pour améliorer le système démocratique du pays.
Merci beaucoup.
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Je veux attirer l'attention du Comité sur des principes qui sont importants à mes yeux en ce qui concerne le représentant local, soit son obligation de rendre des comptes, son accessibilité et sa représentativité. Il est important d'avoir un député à qui on peut s'adresser et dont le rôle est notamment de rendre des services à ses électeurs, quitte à ce que la taille des circonscriptions soit réduite et à ce que le nombre de députés soit accru, si nécessaire.
Il est important aussi que votre projet final soit soumis à la population au moyen d'un référendum. À mon avis, il est essentiel qu'une consultation populaire ait lieu et qu'elle inclue une composante régionale. Je verrais d'un très mauvais oeil qu'une réforme électorale soit adoptée si le Canada anglais y était favorable, mais que le Québec s'y opposait. Nous avons déjà vécu une telle situation.
J'aimerais aussi qu'il n'y ait pas de vote préférentiel. Comme on le sait, cela favorise le bipartisme. Nous préférons la représentation proportionnelle mixte. Tout le monde parle d'une proportion de deux tiers et un tiers, mais je suggère au Comité d'essayer la formule de trois quarts et un quart. Un quart serait peut-être suffisant pour corriger les choses. Ce qu'on veut d'une proportionnelle, c'est qu'elle corrige les défauts du système actuel et qu'elle représente les pourcentages totaux.
Il est aussi fondamental que les banques de candidats fournies par les partis soient nationales et non régionales. On nous a déjà proposé une formule du genre au Québec. Or le fait que les régions voteraient en bloc pour un parti aurait pour effet de créer encore une distorsion dans les pourcentages. C'est un point très important.
Je vous suggère aussi une idée novatrice, c'est-à-dire que ces listes ne soient pas soumises par des partis. Ainsi, on éviterait que l'establishment d'un parti exerce un contrôle sur les listes et que certains candidats, en se présentant à la fois dans une circonscription et sur la liste, soient assurés d'être élus. Il pourrait s'agir plutôt d'une liste des meilleurs deuxièmes. Chacun des députés devrait se soumettre à une campagne électorale, rencontrer la population et participer à des débats. Si, en consultant les résultats électoraux des circonscriptions, on se rendait compte qu'il manquait trois candidats conservateurs pour corriger les pourcentages, on vérifierait lequel a obtenu le plus de voix ou le pourcentage le plus élevé dans sa circonscription. Je trouve que cette approche ferait en sorte que tous les élus aient la même légitimité. Cela ne sera pas le cas, selon moi, si on fournit une liste pouvant être constituée de diverses façons.
En outre, il est très important de reconnaître tous les partis. Un parti comptant un seul élu devrait disposer du même budget qu'un parti qui en compte 150. Nous reconnaissons ici le problème auquel fait face le Bloc québécois, qui compte présentement 10 députés.
La portion de financement populaire devrait aussi être rétablie pour assurer la pluralité des voix. C'est fondamental.
Peut-être pourrions-nous aussi profiter de l'occasion pour réglementer l'affichage électoral et cesser de polluer l'environnement avec le coroplaste. En effet, nous faisons valoir dans nos discours la nécessité de porter attention à ces questions, d'utiliser des voitures électriques, et ainsi de suite. Or il y a une contradiction là-dedans.
Je vous lance l'idée d'un référendum d'initiative populaire. Je ne sais pas si c'est l'endroit approprié pour le faire. Si un gouvernement est élu après avoir fait des discours et des promesses, mais que, trois mois plus tard, il se met à faire complètement le contraire de ce qu'il avait annoncé, la population doit composer avec lui pendant quatre ans. Est-ce de la démocratie? Je ne le crois pas. La population pourrait peut-être avoir un droit de rappel ou être en mesure de demander un vote ou une consultation à ce sujet.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs les députés.
Bonjour à tous.
Je veux d'abord dire que je suis favorable au fait qu'il y ait un élément de proportionnalité dans le système électoral fédéral canadien, et ce, pour permettre aux petits partis sérieux d'être représentés.
Deuxièmement, je suis favorable au fait que les députés des circonscriptions électorales fédérales soient élus selon le principe de 50 % plus un.
Troisièmement, dans l'éventualité où l'on opterait pour un système électoral incluant une composante proportionnelle, je serais favorable au fait que les candidats élus selon le principe de la proportionnelle soient des candidats non élus à l'élection, en allant du plus haut résultat en pourcentage jusqu'au plus bas. C'est ce qu'a expliqué la personne qui est intervenue avant moi dans une partie de son commentaire.
Quatrièmement, je suis favorable au renforcement des critères pour qu'un parti soit reconnu officiellement à Ottawa. Par exemple, on pourrait exiger un nombre minimum de membres en règle, un programme politique complet et 75 % de candidats présents dans les 338 circonscriptions électorales. Le but serait d'empêcher que soient reconnus de petits partis qui manquent de sérieux ou dont l'idéologie est parfois extrémiste. En effet, cela n'ajoute rien de bon aux débats.
Cinquièmement, lorsqu'une personne se porte candidate à une élection, il faudrait qu'il y ait plus de critères de sélection. Cela concerne surtout les candidats poteaux, naturellement. Il faudrait que la personne connaisse bien la langue parlée dans la circonscription où elle se présente. Il faudrait éviter qu'un anglophone de l'Ouest canadien soit élu dans une circonscription francophone du Québec. Je pense que cela s'est déjà vu, bien que je n'en sois pas certain.
Voilà qui met fin à mon propos. Je vous remercie de m'avoir écouté.
:
Je salue messieurs et mesdames les députés, ainsi que toutes les personnes présentes.
Je viens donner mon opinion personnelle.
J'aimerais que, lors des élections, il y ait une proportionnalité. Disons, par exemple, que 10 % des électeurs votent pour le Bloc québécois, mais que ce parti ne réussisse à faire élire que cinq députés. J'aimerais qu'on donne un siège à cinq autres députés de ce parti qui n'auraient pas été élus, afin de mieux représenter la proportion de 10 % des électeurs qui auraient voté pour des candidats de ce parti. Il faudrait donner un siège aux candidats de ce parti ayant eu le plus de votes. Il se pourrait qu'un député conservateur soit élu en ayant récolté 9 000 votes, alors que le député du Bloc québécois ne soit pas élu malgré le fait qu'il en ait récolté 8 000. Je voudrais que cette dernière personne soit élue pour représenter ses électeurs.
Présentement, on ne respecte pas le choix des électeurs. Les gens vont voter en souhaitant que tel parti gagne, mais il ne gagne pas. Finalement, il y a juste cinq ou dix députés qui reflètent leurs valeurs et qui les représentent très bien. Si 10 % de la population veut des députés de cette qualité, des députés qui représentent bien leurs valeurs, alors il faut élire ces députés.
Aussi, il faut vérifier les candidats. Je ne sais pas pourquoi on permet à des députés de partis très spéciaux de se présenter aux élections. Je trouve cela aberrant.
Je n'ai rien de plus à dire. Je veux absolument qu'on considère les gens. Il faut respecter les gens. Ce sont les électeurs qui élisent les députés.
De plus, la mission du parti ne devrait pas changer. Le fait que des députés élus changent d'avis et ne respectent pas leur programme m'offusque totalement.
Nous, les députés, savons que les mots sont importants.
Monsieur le président, je n'ai pas compris de vos commentaires que vous proposiez que la décision vienne du peuple, qu'elle doive venir du peuple.
Dans l'intervention que j'ai faite il y a un moment aujourd'hui, je voulais ajouter mon opinion personnelle. Je vous ai dit que j'étais devenu cynique à cause de mon grand âge. J'ai maintenant 65 ans. Si le vote était important, il serait interdit. C'est ce que je pense. Par conséquent, si la population n'est pas invitée à se prononcer par référendum, alors cette opération ne sera que pure rhétorique. Réfléchissez à celle-là. De la pure rhétorique.
Le premier ministre a rédigé la lettre de mandat pour la réforme électorale et l'a envoyée à L’honorable Maryam Monsef dans laquelle il déclarait: « En tant que ministre des Institutions démocratiques, votre objectif primordial sera de remplacer l'ouverture de l'équité des institutions publiques du Canada. Vous serez responsable de la réforme électorale et du Sénat afin de rétablir la confiance et la participation des Canadiens dans nos processus démocratiques. »
Eh bien, mes amis, je vais vous dire une chose. Il faudra faire bien davantage que modifier le système électoral pour rétablir la confiance et la participation.
[Français]
Je suis complètement d'accord avec M. Green, qui a fait un commentaire plus tôt. S'il n'y a pas de décision unanime, de tous les partis, cet exercice sera bidon. Vous êtes des êtres humains trop honorables pour faire en sorte que cet exercice si important soit bidon. Le dernier mot revient à la population, revient au peuple, rien d'autre.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, mesdames et messieurs les députés.
J'ai entendu une chronique à Radio-Canada où on disait que l'évolution démographique du Québec allait bientôt faire en sorte que lors des élections, la génération des baby-boomers, la génération X et la génération Y représenteront chacun un tiers des électeurs. Ce sera donc une des premières fois où les jeunes pourront avoir une influence plus grande sur l'élection d'un gouvernement.
J'aimerais d'abord parler du vote préférentiel. Il y a quelque chose que j'aime moins dans cette option: on élimine les petits partis. Le message que cela envoie aux jeunes est que, si on vote pour quelqu'un et qu'on se fait couper l'herbe sous le pied, dans le fond, il vaut mieux rester chez soi parce que cela ne sert à rien de voter. En fait, les petits partis sont aussi bons que les gros, la démocratie parle. Il n'y en a pas un qui est moins bon que l'autre, c'est le choix du peuple. Si un parti n'existe qu'au Québec et pas ailleurs, je pense qu'il a autant le droit d'exister que d'autres partis dans l'Ouest ou qui sont plus indépendants.
Parlons maintenant du financement des partis politiques en se basant sur les votes obtenus. Je pense que cela devrait être rétabli. Si les partis manquent de fonds, les citoyens vont payer au bout du compte. Les citoyens vont subir ces pertes d'argent et je crois qu'il est important de refinancer ces partis.
Reconnaître les petits partis est aussi important. Que l'on soit un, que l'on soit deux, que l'on soit 150, tous ont droit à la reconnaissance.
Dans le cas de la proportionnelle mixte, j'ai peur qu'on se trouve toujours avec des gouvernements centristes, avec le même vieux bois mort à la même place et qu'on ne soit jamais capable de s'en débarrasser. Cela fait en sorte qu'on se trouve toujours la même place. Au bout du compte, il y toujours une province, on essaie de diminuer le poids et cela semble encore être une guerre entre deux peuples.
Dans le fond, je pense que la démocratie et un référendum vont de pair. La démocratie, c'est demander au peuple ce qu'il veut. Je ne comprends pas que certains se disent démocrates et ne veulent pas de référendum. Je ne sais pas à qui vous parlez, mais je pense qu'il est important de voir que c'est la population qui décide, qui vous élit, qui vous donne un travail. Je crois qu'il est important de demander aux gens ce qu'ils veulent.
Dans le fond, je ne suis ni pour ni contre. Je pense qu'un travail doit être fait afin de nous présenter ce qui est bon, les avantages et les inconvénients. Ce sera alors à nous de choisir ce que nous voulons.
Je vous remercie.
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Bonjour. J'ai la chance de ne pas être un parlementaire. Je ne suis donc pas obligé d'utiliser la langue de bois.
J'ai l'impression que nous nous trouvons un peu dans un flou artistique. Il y a votre comité, qui siège aujourd'hui, mais faites le tour de vos voisins pour vérifier qui est au courant de votre démarche. Il n'y a pas beaucoup de gens, sauf les initiés, ceux qui sont informés, qui font partie des cercles, qui sont au courant.
Pourtant, un changement éventuel du mode de scrutin va tous nous toucher. On dit que le diable est dans les détails, mais des détails, on ne nous en donne pas, parce que peu importe le mode de scrutin qui sera choisi, il y a différentes façons d'y arriver. Il y en a des centaines.
Lors de la campagne électorale, le gouvernement a promis une modification du mode de scrutin. Il a fait beaucoup d'autres promesses, dont on n'a pas encore vu les résultats. Si on veut accorder sa confiance à quelqu'un, il faut pouvoir vérifier si cette personne est en mesure de réaliser ce qu'elle promet. Jusqu'à présent, peu de choses ont été accomplies.
Ensuite, comment appliquer cette réforme? Je vous l'ai dit tout à l'heure: il y a des milliers de façons de l'appliquer. Lorsqu'un projet de réforme sera présenté à la population, on devra nous dire exactement ce qu'il en est, et non seulement proposer un projet global. Actuellement, le gouvernement ne propose rien. Il recueille des idées et, un jour, il va nous présenter sa proposition.
Même le whip du gouvernement, , a insisté sur l'importance de mener une discussion avec les citoyens et non pas avec quelques citoyens. Il affirme que les sept mois au pouvoir des libéraux — à l'époque où il a déclaré cela — étaient finalement bien peu pour tenir une consultation complète et inclusive. Donc, c'est une improvisation semblable à la démarche concernant l'aide médicale à mourir. On sait que ce sujet suscite encore des débats, même si la loi a été adoptée.
En ce qui a trait au projet de loi en vue de légaliser la marijuana, il doit être présenté au printemps, mais on ne consulte pas tellement la population.
Donc, le gouvernement doit vraiment faire ses preuves.
Votre comité d'étude est assez restreint. Vous êtes peu nombreux autour de la table. En plus — étant donné que je ne suis pas obligé d'utiliser la langue de bois —, il y a des gens qui se servent actuellement de leur cellulaire. Il y en a d'autres qui comprennent peu notre langue. Cela ne favorise pas la consultation.
Je propose que chaque parti politique puisse consulter ses membres et soit subventionné par le gouvernement pour le faire. Le professeur Kenneth Carty de l'Université de Colombie-Britannique, a dit craindre que les changements apportés affaiblissent le pays.
Si le but est d'améliorer le système en effectuant des changements, il faudrait commencer par se changer soi-même, cesser l'hypocrisie systématique et le mensonge lors des débats à la Chambre, estimer et respecter ses adversaires. La dernière fois où j'ai assisté aux débats parlementaires, un député au pouvoir a dit à un autre d'un tiers parti qu'il avait hâte que son parti disparaisse et que ce dernier ne valait rien. Je pense qu'avec ce genre de langage, on n'est pas prêts à parler de scrutin proportionnel ou d'autres choses du genre.
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Bonjour. Mon intervention survient à la dernière minute, mais je voulais prendre le temps d'écouter les autres avant de dire des insignifiances. J'espère que mon propos ne sera pas insignifiant.
J'ai une préoccupation. On a parlé de proportionnalité mixte, géographique, de régions, de députés, et ainsi de suite, mais je n'ai pas entendu parler des réalités nationales qui existent au Canada. Je sais que le sujet de la nation est délicat, au Canada, mais il est aussi incontournable. Que l'on soit souverainiste ou pas, il faut « franchir le Rubicon », comme on le dit. Je pense qu'une réforme des institutions devrait inclure cette dimension.
Je parlerai d'abord des Premières Nations. J'ai travaillé quelque temps à Manawan, avec les Atikamekws, et comme ils sont dispersés dans plusieurs régions, ils se retrouvent toujours minoritaires. Il faudrait donc créer une place pour les Première Nations qui serait bien ancrée. Je sais que c'est complexe. Comment pourrait-on y arriver? Malgré le fait que la question soit taboue, il faut l'affronter.
L'autre élément concerne les communautés culturelles. Je sais, encore une fois, que ceux qui sont en faveur de l'approche nationale diront que cela fait partie du jeu du multiculturalisme canadien. Cependant, n'en déplaise aux souverainistes, cela existe. Plusieurs communautés culturelles sont présentes ici, ce ne sont pas seulement des individus. Les souverainistes ont une démarche à effectuer en vue de reconnaître ces communautés, et ceux qui ne sont pas souverainistes ont aussi un bout de chemin à faire en vue de reconnaître qu'il existe une nation québécoise et des Premières Nations.
C'est ce que je voulais mentionner.
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J'y suis allé rapidement tantôt, car je voulais avoir le temps de tout dire.
J'ai parlé de la liste des meilleurs deuxièmes candidats. Au fond, il n'y aurait pas deux différentes listes de candidats. Tous les candidats élus auraient fait une campagne et rencontré la population. Je pense que c'est important dans notre système politique. Il est important aussi que les gens puissent rejoindre leur député et que ce dernier soit accessible.
Dans le système actuel, il y a 338 circonscriptions. Je crois que c'est M. Boulerice qui a parlé des jumelages. Ce serait peut-être possible dans les milieux urbains, mais dans les milieux ruraux, peut-être pas. J'ai été candidat dans Berthier—Maskinongé, et je peux vous dire que c'est une grande circonscription. La campagne électorale était longue, mais elle ne l'était pas assez pour quelqu'un qui a à coeur de rencontrer tout le monde dans sa circonscription.
Monsieur Généreux, vous avez dit que votre circonscription était énorme, et cet argument m'a touché. Cela n'a pas de sens. Il faudrait réduire la taille des circonscriptions, afin de rapprocher le député de sa population et d'augmenter notre niveau de démocratie et l'importance du geste d'aller voter. Si le candidat pour lequel je vote n'est pas élu, mais que son parti fait une bonne performance à l'échelle nationale, il serait peut-être pertinent de revenir le chercher dans une sorte de deuxième tour ou de deuxième chance.
Le fait de ne pas changer le système de vote présente un très grand avantage en ce qui concerne les personnes âgées. Il ne faut pas arriver avec un bulletin de vote comme ce qui existe aux États-Unis, où les gens votent pour huit choses en même temps et qui fait en sorte qu'ils sont tout mêlés. Il faudrait voter pour le candidat du parti qu'on a choisi, et le reste se ferait par la suite.
Je vous invite à envisager cette possibilité.
Pour ceux qui ne le savent pas, j'ai été stagiaire auprès de M. Scarpaleggia pendant l'été. J'ai fait l'aller-retour entre Pointe-Claire et Ottawa pendant tout ce temps, et je suis heureux que ce soit le contraire, cette fois.
Quand nous travaillons de l'autre côté, nous n'avons pas accès aux microphones. Je profite donc de l'occasion qui m'est offerte ce soir.
Comme M. Scarpaleggia, je suis allée en Amérique latine. J'y ai passé cinq ans. Je suis rentré au pays en avril. La politique, là-bas, fonctionne un peu différemment. Il y a un exemple que j'ai trouvé intéressant, là-bas. Concernant la tenue d'un référendum, dont il a été question à maintes reprises, l'idée est de faire une consultation populaire sans toutefois se concentrer sur une seule question.
Si le référendum finissait par être considéré comme une bonne idée, j'envisagerais pour ma part la possibilité d'y inclure plus qu'une question. Par exemple: « Voulez-vous une réforme électorale? » « Faudrait-il établir une période maximum pendant laquelle un député peut-être élu? » Ne me lancez pas de tomates, s'il vous plaît. Une dizaine de questions pourraient être incluses.
Tant qu'à faire un référendum qui mobilise des fonds publics, on pourrait traiter plus d'une question. Cela pourrait être intéressant. Un témoin disait que le fait d'inclure plusieurs questions confondrait les citoyens. Cependant, s'il s'agissait de questions claires présentées dans un ensemble assez distinct et dont la réponse serait oui ou non, cela pourrait être profitable. Je crois que nous pourrions explorer divers thèmes et régler des questions qui, comme il a été mentionné plus tôt, sont assez délicates.