(interprétation):
Merci, monsieur le président.
Je vais faire quelques remarques en inuktitut.
Merci pour cette réunion publique du comité spécial de la Chambre des communes et merci aux représentants élus fédéraux et bienvenue au Nunavut au nom de Nunavut Tunngavik Incorporated, de Cathy Towtongie et du conseil d'administration de NTI. Bienvenue à Iqaluit. Nous sommes heureux que vous nous ayez invités à la réunion du comité spécial de la Chambre des communes sur la réforme électorale.
Je reviens maintenant à l'anglais.
Nous sommes ravis que vous soyez venus ici pour entendre ce que nous avons à dire sur le système électoral fédéral. Une réforme de nos institutions démocratiques fédérales, en particulier de notre système électoral, touche tous les Canadiens, en particulier ceux qui sont également membres d'un peuple autochtone, comme nous le sommes. Votre travail est important pour nous.
Cela dit, comme de nombreux autres Canadiens, nous ne définirions pas la réforme du système électoral fédéral comme une fonction organisationnelle de base. Nous n'avons pas de position officielle soigneusement élaborée sur ce sujet pendant de longs débats ou discussions et étayée par des résolutions soigneusement formulées dans des AGA ou des conseils d'administration.
Mais nous apprécions que ce processus soit mené de façon ouverte et informelle. Dans un esprit de réflexion commune, nous aimerions aborder avec vous quelques points et préférences, dans notre contexte et nos perspectives.
NTI représente tous les Inuits du Nunavut pour tout ce qui touche l'Accord sur les revendications territoriales du Nunavut que nous avons signé avec la couronne en chef du Canada en 1993.
L'Accord sur le Nunavut est un traité moderne, ou accord sur les revendications territoriales, en vertu de l'article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982. En plus de leurs droits issus de traités, les Inuits ont conservé des droits autochtones sur des questions qui ne sont pas régies par l'Accord sur le Nunavut.
Notre responsabilité est de veiller à ce que l'Accord sur le Nunavut soit pleinement respecté et mis en oeuvre.
L'article 4 de l'Accord sur le Nunavut prévoit la création du territoire du Nunavut. Les Inuits ont eu beaucoup de difficulté à faire accepter l'article 4, mais nous avons réussi et le Nunavut a été créé le 1er avril 1999.
Nous avons connu le colonialisme, avec tous ses problèmes: lois imposées de l'extérieur, perte de contrôle sur les ressources, manque de respect de nos langues et écoles résidentielles. C'est une liste impressionnante.
Nous savons ce que c'est que d'être à l'extérieur du système électoral. Ce n'est que lors des élections fédérales de 1962 que les Inuits du Nunavut ont été autorisés à voter. Jusqu'en 1979, il n'y avait qu'un seul député pour l'ensemble des Territoires du Nord-Ouest.
Nous sommes conscients des problèmes que pose notre histoire, mais nous n'en sommes pas prisonniers et ils ne nous empêchent pas d'avancer.
Nous sommes déterminés à surmonter les aspects négatifs de la colonisation. Nous sommes particulièrement conscients du fait que le Canada doit définir ses processus et ses institutions démocratiques de la façon la plus inclusive possible. Alors que les valeurs et les principes démocratiques clés sont de nature universelle, ils doivent être exprimés de façon tolérante, adaptable et créative.
Dans la Loi constitutionnelle de 1982, les peuples autochtones du Canada sont définis comme les Inuits, les Indiens et les Métis. Il est reconnu que les droits constitutionnels des peuples autochtones comprennent un droit inhérent à l'autonomie gouvernementale.
Par conséquent, les peuples autochtones ne sont pas seulement des détenteurs de droits en common law pour l'utilisation des terres et des ressources; nous devons plutôt être perçus comme des éléments constitutifs fondamentaux de notre identité et de notre fibre nationales.
La Nouvelle-Zélande, par exemple, est un pays qui a bon nombre de similitudes avec le Canada. Dès le début, les Maoris ont été représentés au Parlement et cette caractéristique de sa vie démocratique existe encore aujourd'hui. Chacun des trois peuples autochtones du Canada devrait aussi avoir une représentation directe dans une Chambre des communes réformée. La présence de deux à quatre représentants de chacun des trois peuples autochtones du Canada suivrait à peu près le modèle néo-zélandais.
Les représentants des peuples autochtones devraient être élus par les électeurs autochtones. Dans le cas des Inuits de l'Inuit Nunangat, dans les quatre régions qui composent la terre arctique du Canada, l'électorat devrait logiquement être constitué de tous ceux qui y vivent, qui sont en âge de voter et sont parties aux quatre traités régissant l'Inuit Nunangat.
Il n'y a aucune raison pour que les représentants des peuples autochtones soient élus lors d'élections générales fédérales. Pour assurer la continuité de la représentation, il serait bien préférable d'élire des représentants pour une durée déterminée. Peut-être une période de six ans avec des mandats échelonnés semblables à ceux du Sénat américain. En l'absence d'élections liées à des élections générales ouvertement partisanes, il serait sans doute bon pour nous d'appliquer un mode de scrutin préférentiel pour assurer un soutien d'au moins 50 %.
Dans le cas de la géographie du Nunavut, même le coup d'oeil le plus rapide sur la carte électorale du Canada révèle que la circonscription du Nunavut est, de loin, la plus vaste. Il est presque impossible d'exagérer l'ampleur du Nunavut. Des régions entières du Canada y tiendraient confortablement. Le Nunavut contiendrait une grande partie de l'Europe occidentale. Le Nunavut couvre trois fuseaux horaires.
Contrairement aux grandes circonscriptions du Canada, la population du Nunavut n'est pas fortement concentrée dans un ou deux grands centres de population. La population du Nunavut est plutôt répartie entre 26 communautés dont les conditions physiques, socioéconomiques et culturelles sont très différentes. Le Nunavut a été servi avec énergie par ses députés — grâce à vous — mais les exigences liées aux voyages, tant les distances que la rareté et l'imprévisibilité des routes aériennes, sont exceptionnelles et extrêmes.
Les valeurs démocratiques ne sont pas respectées quand, dans une circonscription de cette taille extrême, toute personne qui n'a pas une parfaite santé ou qui ne veut pas risquer de perdre sa santé peut être exclue de se présenter aux élections. C'est pourquoi la réforme électorale devrait prévoir la division de la circonscription du Nunavut en deux circonscriptions plus petites.
Nous proposons deux députés pour chaque territoire et pour le Nunavut. Indépendamment de la taille unique du Nunavut, il semble logique que les provinces et les territoires aient au minimum deux députés. La présence de deux députés permet de refléter la diversité des opinions. En cas de maladie ou d'absence d'un député d'Ottawa, l'instance continuerait d'être représentée.
Il existe de nombreux précédents. L'histoire parlementaire montre qu'une représentation par deux députés pour chaque comté, quartier et deux anciennes universités a été la règle à Westminster dans l'Angleterre du Moyen-Âge jusqu'au XIXe siècle. Je crois comprendre que les circonscriptions à deux sièges existaient également au Canada jusqu'à la fin des années 1960. Bien entendu, au Sénat américain, il y a encore deux sénateurs pour chaque État de l'union.
Il y a des coûts liés aux campagnes électorales au Nunavut. Pour un engagement démocratique sain, il faut que les candidats aient la possibilité raisonnable de rencontrer les gens pendant une campagne, mais le coût d'un billet d'avion au Nunavut est prohibitif pour de nombreux candidats potentiels.
Les compagnies aériennes qui desservent le Nunavut ont déjà aidé les candidats, sur une base non partisane, en leur offrant des places gratuites quand elles étaient disponibles. C'est une initiative qui a été bien accueillie, mais les critères d'équité et de prévisibilité laissent penser que les coûts de transport raisonnablement prévisibles au Nunavut devront être assumés par une certaine forme de subvention publique. Ces subventions devraient se limiter aux candidats des partis qui obtiennent un pourcentage minimum du vote populaire.
Quant aux autres conceptions générales du système électoral, nous comprenons que de nombreux Canadiens sont mécontents de la façon dont les députés sont élus. Le système majoritaire uninominal peut fortement fausser le vote au niveau national en faveur d'un parti ou d'un autre. Au Nunavut, les élections ont parfois résulté en une division en trois partis. D'autres années, le choix a été très clair et la modification du mode de scrutin n'aurait probablement pas changé ce résultat. NTI ne détecte pas de grande vague d'opinion en faveur du maintien ou de la modification du système majoritaire uninominal. Nous croyons que la plupart des Inuits voient les avantages et les inconvénients du système actuel. Nous aimerions en savoir plus et nous gardons l'esprit ouvert.
Une alternative au système majoritaire uninominal est le système préférentiel dans lequel chaque électeur classe les candidats par ordre de préférence. Les voix pour les candidats ayant moins de premier choix sont calculées et redistribuées jusqu'à ce qu'un candidat soit le choix d'au moins 50 % des électeurs. Ce système a le mérite de surmonter un défaut du système majoritaire uninominal dans lequel il est possible qu'une personne qui a des positions extrêmes susceptibles de plaire à une minorité d'électeurs mais rejetées par une majorité soit quand même élue. Le système préférentiel semble être plus conforme à l'importance accordée à la recherche d'un consensus et à la préférence pour l'inclusion caractéristique de la culture inuite.
Nous comprenons que la Chambre des représentants d'Australie et d'autres pays utilisent le système préférentiel et qu'il semble bien y fonctionner. Si un autre système électoral est adopté, c'est le système préférentiel qui semble correspondre le mieux au Nunavut.
En France, il existe une variation du système préférentiel selon lequel un deuxième tour plusieurs semaines après les élections générales permet de choisir entre les deux premiers candidats lorsqu'aucun candidat n'a obtenu la majorité des voix à l'élection générale. Cette variation mériterait d'être étudiée plus avant, mais les coûts supplémentaires pourraient être considérables.
Quant à la représentation proportionnelle à scrutin de liste, nous sommes conscients que certains Canadiens sont en faveur d'une élection des députés sur liste de parti en fonction des voix pour le parti au niveau national ou d'un système de représentation proportionnelle mixte, comme en Allemagne et en Nouvelle-Zélande, avec quelques députés élus dans des circonscriptions avec scrutin majoritaire uninominal et d'autres par un scrutin complémentaire à partir des votes pour le parti au niveau national.
Il est difficile de voir comment ces systèmes pourraient fonctionner au Nunavut. L'élection des députés à partir des listes de partis ne permettrait pas aux Inuits d'évaluer les forces et les faiblesses des candidats alors que cette évaluation directe —cette touche personnelle —- correspond à nos valeurs et à notre expérience. Nous aurions également du mal avec un système qui ne permet pas d'identifier le ou les députés qui ont des responsabilités particulières en notre nom.
La solution proportionnelle mixte, comme je l'ai souligné, semble être légèrement plus attrayante, mais elle présente la difficulté majeure de mettre en place deux niveaux de députés, certains étant excusés du travail dans la circonscription qui les tient occupés, mais qui les tient aussi bien intégrés et informés. Compte tenu de la petite population du Nunavut, l'ajout de députés en fonction du total des voix pour un parti au niveau national réduirait la représentation relative du Nunavut.
S'agissant de la représentation fondée sur le genre, les membres du comité ne le savent peut-être pas tous, mais avant la création du Nunavut en 1993, un référendum a eu lieu sur la création d'un système électoral qui garantirait un nombre égal de députés hommes et femmes dans une législature équilibrée. Ce nombre égal d'hommes et de femmes serait possible en ayant deux circonscriptions binominales dans lesquelles les candidats masculins et féminins seraient groupés sur des listes séparées. Les électeurs pourraient voter pour chacun d'eux. Le référendum a rejeté ce système de très peu.
Il semble que l'approche fondée sur le genre prenait en compte la vision du monde des femmes, mais aussi la vision du monde très différente des hommes. C'est la raison invoquée pour représenter ces personnes.
Il semble que la question d'un meilleur équilibre entre les hommes et les femmes au Parlement ne figure pas en bonne place dans le processus actuel, mais le comité pourrait bien vouloir étudier plus avant l'expérience du Nunavut à cet égard.
Un bon article sur le référendum du Nunavut a été publié, et nous en avons apporté quelques exemplaires si certains d'entre vous veulent le lire.
En ce qui concerne l'appui de la population, on a parlé d'organiser un référendum ou un plébiscite national avant d'apporter des changements au système électoral. Des questions constitutionnelles complexes ont été posées dans un référendum national sur l'Accord de Charlottetown, qui a été rejeté, bien entendu. Les propositions de changements du système électoral en Colombie-Britannique, en Ontario et dans d'autres provinces n'ont pas obtenu de soutien. Si on remonte dans l'histoire du Canada, on voit que le soutien national à la conscription a été très difficile à obtenir pendant la Seconde Guerre mondiale.
Les Inuits du Québec et du Nunangat sont très conscients de certains des aspects négatifs des référendums du Québec en 1980 et 1995. Compte tenu de la faible population du Nunavut au Canada, notre voix aurait très peu de poids dans un référendum ou un plébiscite national . Ce serait un désavantage important en soi.
De façon plus importante et plus grave, un référendum risquerait de diviser les Canadiens, de rouvrir les anciennes fractures et d'en créer de nouvelles. Une campagne sur une seule question, où l'on gagne ou perd, comporte toujours des risques.
Plutôt que de tenir un référendum, on montrerait plus de respect pour le processus démocratique et notre histoire parlementaire si chaque parti majoritaire adoptait une position claire sur un programme détaillé de réforme électorale avant les prochaines élections fédérales et laissait les électeurs décider de ces propositions en exerçant leur droit de vote. Le Parlement suivant aurait alors un mandat lui permettant de poursuivre.
En conclusion, le Canada est un pays remarquablement diversifié où les nombreuses différences régionales, linguistiques, sociales et culturelles sont importantes et prononcées. Une des diversités fondamentales de notre pays est la présence et le rôle des trois peuples autochtones.
Quelle que soit la méthode utilisée pour améliorer la représentativité de notre système politique, elle doit être efficace et équitable pour les Autochtones et les non-Autochtones canadiens, pour l'Arctique et le Sud et pour les territoires et les provinces.
Je vais terminer dans ma langue.
Enfin, je voudrais vous remercier, monsieur le président, et le comité spécial d'être venus dans notre communauté. Je souhaite une réforme électorale très réussie au comité sur la réforme électorale. Elle bénéficiera à la population canadienne, ainsi qu'aux territoires.
Merci, monsieur le président. J'ai terminé.
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Merci, monsieur le président.
L'Association des municipalités du Nunavut représente 25 municipalités du Nunavut. Chaque maire est membre de la NAM. Les maires du Nunavut sont des gens qui ont un sens très pratique, et à juste titre, mais pour préparer notre témoignage, pour être franc, nous nous sommes perdus dans des discussions sur les modes de scrutin, la représentation proportionnelle et ainsi de suite et je n'ai donc pas grand-chose à dire sur ce sujet car dans le cadre du conseil, nous nous sommes tenus loin de tout ce débat.
J'ai quatre commentaires de notre conseil d'administration dont je voudrais vous faire part. Le premier porte sur le vote électronique.
Tout le monde a convenu que ce serait une bonne chose, mais avant que cela ne soit possible au Nunavut, il faudrait d'abord améliorer considérablement l'infrastructure de l'Internet et avant même de commencer, il faudrait fixer une norme canadienne pour que tout le monde participe de la même façon. Je sais que les connexions Internet dans le Nord, de Grise Fiord à Kugliktuk, varient beaucoup. Je peux imaginer que le soir des élections elles seraient probablement bloquées compte tenu de l'infrastructure.
Deuxièmement, nous avons parlé du vote obligatoire que nous ne soutenons pas pour le moment. Je sais qu'il y a toutes sortes de questions constitutionnelles à ce sujet, mais les maires se sont demandé comment on pourrait appliquer et surveiller le vote obligatoire car ici dans le Nord, les gens peuvent se trouver toute sorte d'excuses: ne pas pouvoir trouver une gardienne, avoir eu un accident en allant au bureau de vote ou être confronté au mauvais temps, ce qui n'est pas rare dans le Nord.
Troisièmement, nous avons parlé de la réforme du Sénat et tout le monde a estimé que le Sénat devrait être un organe élu.
Quatrièmement, le dernier point dont nous avons parlé est celui que NTI a soulevé ici, mais nous y sommes arrivés de façon complètement indépendante. Les maires ont estimé que dans les territoires tels que le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest, au Nunavut et peut-être même dans le nord du Québec — Nunavik — et au Labrador, on devrait avoir un minimum de deux candidats par circonscription. Les maires ont estimé que ce serait une approche plus responsable qui ne nous laisserait pas avec un seul candidat, comme c'est le cas actuellement.
Ce sont là nos commentaires. Je ne pense pas avoir pris les 10 minutes, mais c'est bien. Je peux répondre à vos questions si vous en avez.
Merci beaucoup.
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J'aimerais remercier tous les témoins de leurs témoignages très intéressants. Je ne sais pas qui remercier pour la magnifique température. J'ai dû sortir et je me suis promené dans la ville pendant une heure et demie. C'était très beau et très vivifiant.
Monsieur Arreak, j'aimerais tout d'abord vous poser quelques questions sur ce que vous avez dit. C'est la raison pour laquelle j'ai ouvert mon ordinateur. Pendant que vous parliez, j'ai cherché quelques données démographiques. La notion de représentation selon la population est inscrite dans l'ADN de la Chambre des communes au Canada, ou plus précisément, dans les dispositions constitutionnelles qui encadrent la Chambre des communes, une notion selon laquelle la taille de toutes les circonscriptions doit être à peu près équivalente dans une province. C'est en quelque sorte une règle impérative dans les provinces. Nous acceptons quelques fluctuations, mais le moins possible. Puis il y a une exception pour les territoires, parce qu'ils sont beaucoup plus petits.
Cela soulève une question. En réalité, j'ai trois questions. Je vais vous les lire d'un seul coup, parce que je pense qu'il serait préférable d'y répondre par thèmes.
La première concerne le fait d'avoir deux députés au Nunavut, si c'est ce que vous recommandez. À moins que nous augmentions considérablement le nombre de députés au Parlement ailleurs au pays, cela entraînera une disproportion marquée et une déviation du principe de la représentation selon la population. C'est le premier sujet sur lequel je vous invite à vous prononcer.
Deuxièmement, quand vous parlez de la possibilité d'avoir trois députés au Parlement, la répartition des sièges pourrait s'apparenter à celle des Maori en Nouvelle-Zélande, sans doute un pour chacun des trois principaux groupes, je suppose que ces trois groupes sont les Inuits, les Métis et les Premières Nations. J'y vois deux problèmes fondamentaux au plan constitutionnel. Le premier est qu'il n'existe aucune disposition dans la constitution canadienne permettant que des sièges chevauchent les frontières provinciales.
Vous pouvez en théorie compter un seul député pour représenter de multiples territoires. Nous avons posé cette question ailleurs dans les autres territoires et les gens n'étaient pas très enthousiastes. Certes, un grand nombre d'Inuits vivent dans le nord du Québec et à Terre-Neuve-et-Labrador. Je peux voir comment cela pourrait fonctionner sur le plan géographique, mais il y a un sérieux obstacle constitutionnel.
L'autre problème que j'y vois est la question de la justice et de la notion de représentation selon la population. Wikipédia indique qu'il y a au Canada — selon le dernier recensement, j'imagine — 59 445 Inuits, 451 000 Métis et 851 000 personnes issues des Premières Nations. Vous pouvez noter un déséquilibre important.
Je réalise que je fais une lecture mécaniste de vos propos. La différence entre la présente situation et celle des Maori en Nouvelle-Zélande est que les Maori représentent essentiellement une seule ethnie. Ils sont composés de différentes tribus qui ont combattu entre elles, mais ils sont homogènes quant à l'origine ethnique et cela simplifie grandement les choses.
Je vous lance ces problèmes et je vous invite à y réagir.
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Merci, monsieur le président, et merci aux témoins qui sont présents ici aujourd'hui.
J'ai eu le grand honneur et le privilège d'être venue ici auparavant. La première fois, en 1986, je travaillais avec le ministre Tagak Curley à la création de la réserve de parc national de l'Île-d'Ellesmere. J'ai eu l'immense chance de parcourir ce territoire. Peu de Canadiens en ont eu l'occasion.
J'ai eu également la chance de travailler avec votre présidente, je crois, Cathy Towtongie lors de la Conférence sur le climat de Paris. Les Inuits ont fait preuve de beaucoup de leadership dans le domaine du changement climatique. Je porte vraiment attention à vos propositions.
Peut-être simplement parce que je représente le Parti vert, je ne pense pas que ce soit une mauvaise idée que le caribou et l'ours polaire soient représentés à notre Parlement. Cela apparaît probablement excessif pour la plupart des gens, mais je pense que lorsque nous regardons un territoire et que nous le considérons comme un partenaire plutôt que comme un actif, c'est un puissant moyen de changer les perspectives.
Je tiens à ce que vous sachiez que même si vous êtes ici, si loin du sud du Canada, en réalité beaucoup de Canadiens nous écoutent présentement. Ils ne disposent pas de vidéo, mais ils sont branchés sur Twitter. Il y a de nombreuses personnes qui aiment ce que vous venez de dire. Elles aiment l'idée que le territoire soit un partenaire.
J'aimerais revenir au modèle de la Nouvelle-Zélande parce que vous avez exprimé beaucoup de scepticisme sur la façon dont la représentation proportionnelle mixte pourrait fonctionner au Canada. Je sais, parce que je connais Cathy Towtongie, que les Inuits ne veulent pas qu'on les définisse comme une Première Nation. Elle a été très claire à ce sujet. Il s'agit d'une relation différente. Ce sont des partenaires, comme les Canadiens issus des Premières Nations, mais avec un point de vue qui doit être entendu.
Premièrement, j'aimerais vous dire que l'un de nos témoins experts, Sean Graham de l'Alberta, a en réalité a soutenu officiellement cette proposition devant nous, vous n'êtes donc pas les premiers témoins à proposer qu'il devrait y avoir deux députés pour chacun des territoires. C'est contre nos principes de représentation selon la population, mais son modèle, qui est l'un de ceux que nous examinons, permettrait de regrouper deux circonscriptions dans la plupart des régions du Canada et de conserver encore deux députés. L'un serait élu de la façon actuelle et l'autre serait élu à la proportionnelle, mais pour que cela fonctionne, il proposait que nous ayons deux députés pour chacun des comtés au Nunavut, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Yukon.
L'autre modèle, assurément, est la représentation proportionnelle mixte, grâce auquel, comme nous l'avons dit, les Maori en Nouvelle-Zélande ont des sièges réservés depuis de nombreuses années. Il y a un nombre minimum de sept sièges garantis pour lesquels seuls les électeurs Maori peuvent voter, mais en raison du système de représentation proportionnelle mixte, les députés Maori sont également élus par le système proportionnel, ce qui fait que, maintenant, le nombre de députés Maori au Parlement représente parfaitement la proportion de la population Maori de Nouvelle-Zélande.
J'aimerais discuter un peu plus de la façon dont on pourrait imaginer un système lors de la réforme de notre système électoral, qui permettrait de réserver des sièges aux Autochtones mais sans provoquer de divisions en raison de l'appartenance ethnique. Autrement dit, aux fins de nousfaire entendre, nous demanderions aux Inuits, aux Métis et aux membres des Premières Nations de voter pour des représentants des Inuits, des Métis et des Premières Nations sans que le vote se fasse selon l'appartenance ethnique de chacun. Est-ce que ce serait réalisable? Avez-vous des réflexions à nous livrer à ce sujet?
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Qujannamiik. Merci, monsieur le président, de m'avoir invité à comparaître devant vous aujourd'hui.
Je souhaite la bienvenue à tous les honorables députés et je vous remercie beaucoup de m'offrir cette occasion de vous présenter mon point de vue sur la réforme électorale telle qu'elle s'appliquerait au territoire du Nunavut et ici dans notre ville d'Iqaluit.
Vous en êtes à votre dernière journée d'audiences hors d'Ottawa. Je tiens à vous remercier profondément d'avoir consacré tout ce temps à visiter chaque province et territoire du pays. Je suis sûr que ce n'était pas facile.
J'ai deux messages à vous transmettre aujourd'hui.
D'abord, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Yukon, nous suivons depuis très longtemps une tradition bien établie sur la façon d'aborder les questions de politiques publiques. Je vous demanderai donc respectueusement d'en tenir compte lorsque vous rédigerez les recommandations que vous présenterez au gouvernement.
Ensuite, je vous supplie de ne pas hâter ce processus extrêmement important. Ici dans le Nord, nous considérons qu'il est crucial de réfléchir mûrement à cette question qui est primordiale pour notre pays.
Comme vous le savez, le Nunavut s'est officiellement séparé de son territoire cousin, les Territoires du Nord-Ouest, le 1er avril 1999. Au cours de la période relativement brève où ils se sont trouvés entièrement responsables de gouverner leurs concitoyens, ces deux gouvernements ont établi des traductions solides dont nous devrions nous inspirer. Il s'agit d'un respect profond des peuples autochtones qui composent la grande majorité des résidents de ces deux territoires.
Nous avons aussi la tradition solide de rechercher le consensus au gouvernement. Cette tradition nous a aidés à faire de grands progrès dans des dossiers difficiles comme la résolution de revendications territoriales complexes et globales. Nous avons aussi cultivé ce que nous appelons notre « développement constitutionnel », qui se manifeste dans notre acquisition graduelle de responsabilités en santé et en services publics. En 2014, nous avons aussi obtenu la gestion et le partage des revenus des terres et des ressources des Territoires du Nord-Ouest. Le Nunavut négocie aussi ces privilèges à l'heure actuelle.
Nous avons accompli toutes ces réalisations sans recourir à une politique partisane aux Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut. Nous avons donc chez nous un excellent système que j'ai servi avec fierté pendant 16 ans. Je me sens très à l'aise au sein de ce système, que j'apprécie beaucoup au Sénat du Canada, qui gagne de l'indépendance et qui perd de son esprit partisan.
Je tiens donc à souligner aujourd'hui, messieurs et mesdames les députés, que nous savons aborder avec succès les grandes questions de politiques publiques. Nous nous sommes entendus pour diviser les Territoires du Nord-Ouest afin de créer au Nunavut un gouvernement public composé d'une solide majorité inuite, tout en réglant les revendications territoriales les plus vastes et les plus ambitieuses de notre histoire. Nous avons établi un nouveau régime de réglementation — parce que nous n'appliquons pas la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale ici au Nunavut — et nous avons déterminé les limites qui séparent nos deux territoires. Nous avons accompli tout cela sans nous quereller, et encore moins en versant du sang ou en causant des sentiments d'amertume.
Nous y sommes parvenus car nous y avons consacré tout le temps nécessaire: ce processus a duré plus de 20 ans. Nous y sommes parvenus en consultant nos citoyens à chaque étape. C'est donc le message que je tenais à vous transmettre très respectueusement.
Chers collègues parlementaires, je vous demande de respecter la solide tradition de consultation de la population que les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut ont établie. Dès leurs premiers jours au pouvoir, ces deux gouvernements ont créé un système de vote public — que nous appelons des plébiscites — afin de consulter leurs électeurs avant de prendre toutes les grandes décisions publiques, comme celle que vous étudiez à l'heure actuelle en vue de réformer le système électoral.
La loi sur les plébiscites du Nunavut régit les votes directs sur des questions qui concernent des communautés ou le Nunavut tout entier. Cet outil de base qu'utilisent les législateurs afin d'obtenir l'autorisation d'apporter des changements importants aux politiques publiques a été créé dans les Territoires du Nord-Ouest lorsque les législateurs de l'époque envisageaient de mener de grandes réformes électorales et constitutionnelles.
Notre loi sur les plébiscites, le Plebiscites Act, est entrée en vigueur en 1974. C'était un outil essentiel qui démontrait au gouvernement fédéral que la population des Territoires du Nord-Ouest appuyait les grands changements politiques. Je vais vous donner quelques exemples d'enjeux cruciaux sur lesquels la population du Nunavut s'est exprimée.
En 1982, lorsque le Nunavut faisait encore partie des Territoires du Nord-Ouest, nous avons tenu un vote très important visant à déterminer s'il faudrait, ou non, diviser les Territoires du Nord-Ouest en deux. Le résultat de ce vote, auquel 56,5 % des personnes qui résidaient dans les Territoires du Nord-Ouest depuis au moins trois ans ont répondu « Oui », s'est avéré crucial pour entamer la création du Nunavut.
En 1995, nous avons voté pour déterminer quelle communauté deviendrait la capitale du Nunavut. La population devait choisir entre Rankin Inlet et Iqaluit; 60 % des électeurs ont voté pour Iqaluit, et 40 % pour Rankin Inlet.
Soulignons que nous avons ensuite envisagé de modifier notre système électoral territorial d'une manière que je trouvais passionnante et très utile. Nous proposions de garantir qu'un homme et une femme soient élus dans chaque circonscription territoriale. Nous avons tenu un plébiscite pour savoir ce qu'en pensaient tous les électeurs. La question était la suivante: est-ce que la première Assemblée législative du Nunavut devrait se composer d'un nombre égal de députés et de députées, de manière à ce qu'un homme et une femme soient élus pour représenter chaque circonscription électorale? Le résultat m'a personnellement beaucoup déçu, car 57 % de la population a voté contre ce changement.
Si nous désirons modifier notre façon d'élire les députés, nous devons écouter la voix de la population et respecter son vote. Toutefois, pour que ce vote représente vraiment la volonté des Canadiens, je suis profondément convaincu que nous devons veiller à ce que tous les Canadiens aient l'occasion de prendre une décision parfaitement éclairée.
J'ai ouvert un page Facebook pour mon rôle de sénateur. On trouve Facebook partout dans le Nord, même si la connexion Internet y est très lente. Entre 4 000 et 19 000 personnes lisent ce que j'affiche sur cette page. Mon affichage le plus apprécié a suscité 933 interactions, et cela comprend les J'aime, les partages et les commentaires.
En septembre, j'ai lancé un sondage dans Internet demandant aux participants de nous dire à quel point ils comprennent les choix qui s'offrent à la réforme électorale. Jusqu'à présent, j'ai reçu deux réponses. J'en déduis qu'il faudra mieux mobiliser les gens et les aider à bien comprendre les autres systèmes électoraux qui s'offrent à nous.
En me préparant à comparaître aujourd'hui, j'ai examiné le mandat de votre comité. J'ai remarqué avec plaisir qu'il souligne les principes de mobilisation et de légitimité dans le cadre de votre étude des autres systèmes électoraux. J'ai aussi remarqué que l'article qui a créé ce comité lui demande d'étudier et de suggérer d'autres méthodes de consultation des Canadiens.
Je viens de vous décrire la tradition que les gouvernements territoriaux suivent depuis des décennies pour recueillir les points de vue de leurs électeurs sur les changements importants qu'ils proposent d'apporter aux politiques. Nous appelons ces méthodes de consultation des plébiscites. J'espère que cette description de l'expérience que nos gouvernements non partisans ont accumulée pendant ces décennies — bien que notre vie de gouvernements représentatifs élus ne soit pas bien longue — vous sera utile. J'espère également que votre comité examinera cette méthode d'engagement et de consultation des résidents du Nord. C'est ainsi que nous avons mobilisé nos majorités autochtones et établi d'excellents partenariats pour conclure les traités modernes qui allient les droits des Autochtones à ceux du gouvernement public. C'est ainsi que nous avons convaincu le gouvernement fédéral de redessiner les frontières des territoires du Nord, qui couvrent le tiers de la carte du Canada, et de créer le nouveau territoire du Nunavut en concluant un traité moderne.
Je suggère très respectueusement que l'on tienne aussi un vote public pour légitimiser les plans de réforme électorale au Canada.
Merci beaucoup de m'avoir offert cette occasion de vous parler.
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Je vais essayer de parler des enjeux principaux.
Avant de commencer, je voudrais offrir mes condoléances à la famille du maire Bryan Pearson.
Deuxièmement, je suis heureux que le gouvernement ait pris l'initiative de réviser le système électoral. C'est une occasion intéressante. J'entends parler de réforme électorale depuis mon arrivée au Canada, on en discute continuellement. Mais les sénateurs et les députés à la Chambre des communes n'en ont pas parlé souvent. Je m'adresse à vous aujourd'hui en tant que conseiller de la ville d'Iqaluit.
Mon allocution sera brève, parce que le sénateur Patterson vous a déjà présenté un historique complet et approfondi de la réforme électorale au Nunavut. Je n'aurais pas pu faire mieux, parce qu'il est ici depuis si longtemps qu'il comprend bien la transition que les territoires du Nord ont traversée, et je le remercie beaucoup.
Bien que le gouvernement canadien soit une démocratie solide très respectée, nous avons hérité du système majoritaire uninominal à un tour. Le gouvernement pense qu'il est temps de créer un nouveau système qui ait une plus grande portée et qui représente les points de vue des électeurs. Des 34 pays membres de l'OCDE, le Canada fait partie des trois seules nations qui continuent à appliquer le système majoritaire uninominal pour élire ses législateurs. Il est temps de rappeler à tous les Canadiens que le contrôle est entre leurs mains. Il faut que nous modernisions notre système électoral pour qu'il nous donne à tous l'occasion de participer plus activement à l'orientation de notre pays.
Dans le cas du système majoritaire uninominal, le candidat qui reçoit le plus grand nombre de votes gagne même s'il a obtenu moins de la majorité du suffrage.
Les gens qui préfèrent le système majoritaire uninominal soutiennent qu'il est simple à comprendre pour les électeurs et qu'il a plus tendance à produire des gouvernements stables et majoritaires. D'autres font remarquer que ce système produit des gouvernements qui ne jouissent pas du soutien de la majorité de la population et qu'ils obtiennent même parfois moins de soutien et un plus grand nombre de sièges que le parti élu en deuxième rang.
Le système majoritaire uninominal incite les électeurs à voter stratégiquement, ce qui fausse leurs intentions. Malheureusement, le pouvoir minoritaire et le vote stratégique amenuisent la légitimité des députés élus et de leur gouvernement.
Il n'existe pas de système électoral parfait, mais celui de notre pays devrait être meilleur. Nous méritons un système politique largement représentatif qui inspire les Canadiens à voter aux élections. Si l'on regarde le nombre d'électeurs qui se dérangent pour aller voter, on comprend l'importance de souligner cela.
Nous avons besoin de gouvernements stables qui répondent aux besoins des Canadiens et d'une représentation qui reflète la diversité de la population et de ses opinions politiques.
Les cinq principes sur lesquels repose cette étude du comité parlementaire sont très nobles: il s'agit d'examiner l'efficacité et la légitimité du système électoral, d'encourager l'engagement et la participation au processus démocratique, de favoriser l'accessibilité et l'inclusion de tous les électeurs admissibles, de renforcer l'intégrité du système et de tenir compte de la responsabilité des représentants locaux.
Le sénateur Patterson a parlé de tous ces enjeux, alors je vais me contenter de parler de la représentation locale.
Notre territoire est immense. Nous pensons qu'en adoptant un système électoral différent, nous serons mieux représentés. Il nous faudrait un système qui nous donne non pas un seul député, mais peut-être deux ou trois de plus. Ce système de devrait pas se baser sur un vote majoritaire uninominal, mais sur un vote qui représenterait mieux l'électorat.
Enfin, je voudrais souligner le principe d'efficacité et de légitimité. Du point de vue de la participation démocratique, il me semble qu'il est très important que le système que nous utiliserons acquière beaucoup de légitimité pour que les gens se sentent en confiance quand ils iront voter. Ils voudront être sûrs que leur vote comptera et que le système électoral utilisé assurera leur représentation en produisant une répartition du pouvoir qui ne le concentre pas entre les mains d'une seule personne élue avec une mince majorité — autrement dit, le type de situation où le gagnant rafle tout. Si nous réussissons à renforcer l'équité du système, je crois que beaucoup de gens y participeront.
Merci beaucoup.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour, mesdames et messieurs. C'est un grand privilège de pouvoir venir parler à ce comité sur ces questions d'une extrême importance. À mon avis, la réforme électorale est une question très importante. Elle se trouve au coeur même de la démocratie du Canada.
Je promets que mon allocution sera brève, mais je voudrais d'abord souligner qu'un grand nombre d'entre nous ici au Nunavut travaillent aussi pendant la journée, alors il nous est difficile de participer à des débats indépendants comme celui-ci. Je tiens cependant à souligner clairement qu'aujourd'hui, je comparais devant le comité en tant que simple citoyen. Je ne parle absolument pas au nom de l'organisme pour lequel je travaille quotidiennement ni au nom de quelque autre organisme dont je suis membre actif. Les opinions que je présente aujourd'hui sont uniquement les miennes.
Deuxièmement, je voudrais vous mentionner brièvement mes antécédents. J'ai grandi et fait mes études dans le Sud du Canada. J'étais dans des villes qui, même à cette époque, étaient très grandes: Toronto et Montréal. Après m'être diplômé de l'université, j'ai travaillé dans la région de Lakeshore, dans le West Island, où j'ai aussi vécu pendant les huit ans que j'ai passés à Montréal avant de venir vivre dans l'Arctique.
Pendant la moitié de ma vie adulte, j'ai vécu et travaillé dans le Nord. J'étais d'abord dans les Territoires du Nord-Ouest puis, au cours de ces 17 dernières années, j'ai vécu au Nunavut depuis la date de sa création. Ma femme Mehrun et moi avons vécu dans le Nord pendant 49 ans de notre vie. Mon expérience et mes intérêts professionnels se situent dans les domaines de l'éducation aux adultes, de la formation sur l'habitation, de la mise en valeur des ressources humaines et du développement économique. Ma femme Mehrun était infirmière autorisée et sage-femme.
Pendant toute cette période, j'ai travaillé de très près avec des Inuits et avec d'autres Autochtones, dans toutes les régions des trois territoires.
Je tiens à confirmer ce que vous a dit le sur la manière dont on prend les plus grandes décisions dans le Nord et sur la façon dont la démocratie parlementaire devrait fonctionner, au moins au cours de ces dernières décennies. Comme le sénateur l'a souligné, le projet de loi déposé pour la première fois à la Chambre en 1963 proposait que l'on divise les Territoires du Nord-Ouest en deux territoires qu'on appelait à l'époque le Mackenzie et le Nunassiaq. La décision de ne pas le faire a finalement découlé du rapport que la Commission Carrothers a publié en 1966. Excusez-moi si je fais l'historien pédant, mais je crois qu'il est important de souligner que cette idée de diviser les Territoires du Nord-Ouest n'était pas nouvelle. Elle datait du début des années 1960.
Deuxièmement, la Commission Carrothers — créée juste après que ce projet de loi meure au Feuilleton — a recommandé au bout de deux ans que l'on ne divise pas le territoire. Je crois que cette décision marque la dernière fois que l'on a envisagé d'apporter des changements importants et cruciaux dans nos trois territoires sans mener un vaste processus de consultation du public couronné par une sorte de référendum ou de plébiscite.
Comme l'a souligné le sénateur Patterson, le Nunavut a en fait adopté une loi régissant le vote direct de la communauté sur les questions qui touchent les communautés ou tout le Nunavut, le Plebiscites Act; j'y reviendrai dans une minute. Soulignons aussi cependant que la décision visant à déterminer si le Nunavut allait adopter un gouvernement public parlementaire ou l'autodétermination est un aspect critique de son processus de revendications territoriales.
À mon avis, la réforme électorale est une question extrêmement grave et importante qu'il faut poser à toute la population, surtout aux citoyens du Nunavut, qui sont arrivés à la fête plus tard que les autres. Je suis d'accord aussi sur le fait que les enjeux sont complexes et difficiles à comprendre. Il n'est pas facile d'expliquer les différents choix que nous envisageons. Toutefois, avec tout le respect que je vous dois, je ne crois pas que cela ne nous donne le droit de ne pas offrir à la population l'occasion de s'exprimer. Nous ne pouvons pas confier cette décision uniquement aux parlementaires.
De plus, je crois que le Parlement se doit de veiller à ce que l'on prenne toutes les mesures nécessaires pour que les électeurs canadiens comprennent les choix de systèmes électoraux que nous examinons. Je pense, de nouveau avec tout le respect que je vous dois, que nous ne pourrons pas le faire uniquement dans des sites Web et dans des audiences données dans tout le pays par un comité parlementaire. Selon moi, la toute nouvelle administration canadienne dans laquelle nous nous trouvons ici s'attend à ce qu'avant de décider d'un changement de règles aussi important que celles du système électoral fédéral, on tienne un référendum afin que tous les citoyens puissent voter pour le processus qu'ils préfèrent.
Si, à la suite des consultations que vous menez, on décide de ne prendre cette décision qu'en tenant un vote au Parlement, alors je suis d'accord avec la suggestion de M. Cullen. Le nouveau système ne devrait être que temporaire ou provisoire; il faudra le réexaminer une fois que les gens auront eu l'occasion de l'observer et d'en faire l'expérience pour en constater les répercussions. On pourrait alors réviser le système, y apporter des modifications en tenant compte des opinions de la population et, de préférence, en tenant un vote public à cet effet.
Il est aussi important de réfléchir à l'évolution historique des élections dans le Nord du Canada. Les Inuits, qui constituent encore la grande majorité de la population du Nunavut et des régions les plus nordiques des Territoires du Nord-Ouest, ne sont devenus admissibles au suffrage qu'en 1948. Si je ne me trompe pas, les Inuits qui vivent dans ce qui est aujourd'hui le Nunavut n'ont eu l'occasion de voter à une élection fédérale qu'en 1953. Quoi qu'il en soit, les documents que j'ai consultés indiquent que les Inuits n'ont eu cette première occasion de voter que des années plus tard, tout simplement pour des raisons de logistique.
J'ouvre une petite parenthèse. Quand j'ai rempli ma première déclaration d'impôt après avoir emménagé dans le Nord, je l'ai fait à titre d'étranger, de non-résident du Canada. Mon formulaire était celui que les citoyens qui vivaient en dehors du pays devaient remplir. Autrement dit, le Nord ne faisait presque pas partie du pays. Par conséquent, les Inuits ne participent activement au processus électoral fédéral que depuis environ 60 ans. Ce n'est pas beaucoup. Je me souviens qu'au début des années 1960, des candidats au Parlement faisaient campagne dans ces régions qui forment maintenant le territoire du Nunavut.
En 1968, j'ai eu l'occasion d'observer l'un des candidats faire campagne à Chesterfield Inlet. Ses méthodes étaient assez intéressantes, car il distribuait des oranges au cours des réunions qu'il organisait dans les communautés. Évidemment, il le faisait pour que ses électeurs potentiels se souviennent de son nom, qui était Bud Orange.
Monsieur le président, je crois que le comité devrait observer la manière dont le Nunavut tient ses référendums ou ses plébiscites sur les questions importantes d'intérêt public. Comme le sénateur Patterson l'a décrit clairement, nous l'avons fait à plusieurs occasions: la fusion des Territoires du Nord-Ouest, le choix de notre capitale et l'égalité des sexes dans notre assemblée législative. Nous avons aussi voté sur des décisions qui touchaient tout le territoire et qui concernaient des titres fonciers ainsi que la vente de bière, de vins et de spiritueux. Les communautés tiennent aussi de temps en temps des référendums sur l'interdiction de l'alcool et sur d'autres enjeux.
Personnellement, je pense que l'une des meilleures options pour le Canada serait l'un de deux systèmes majoritaires: le vote alternatif, comme on le fait en Australie, ou un scrutin à deux tours avec report automatique des voix, comme on le fait en France.
Je crois qu'un grand nombre d'électeurs ici au Nunavut pensent que nous utilisons déjà un mode de scrutin majoritaire, mais bien entendu, ils se trompent. En fait, avec tout le respect que je vous dois, notre député actuel n'a pas gagné avec une majorité des votes à la dernière élection. Il n'a obtenu que 47 % du suffrage. L'un des deux systèmes majoritaires que je viens de citer a produit un résultat différent ici au Nunavut, et cela serait probablement aussi survenu ailleurs au Canada. Mais ce ne sont que des spéculations.
J'avais promis d'être bref, alors je vais m'arrêter ici, monsieur le président. Je me ferai cependant un plaisir de répondre aux questions que les membres du comité pourraient avoir pendant la période de questions.
Merci.
Je vous remercie d'être venus à Iqaluit. Merci de m'avoir invité à me joindre à ce groupe d'experts. C'est un honneur d'être ici.
J'ai déposé un mémoire sur la réforme électorale. Je vais donc vous présenter rapidement mes suggestions. Je ne vais pas analyser les différents choix dont on parle généralement, sauf pour mentionner les points évidents. En effet, tous ces choix présentent des avantages et des inconvénients. Votre tâche est ardue, puisque non seulement vous devrez choisir un système de la multitude de choix qu'on vous présente, mais vous devrez ensuite le faire adopter par tout le monde.
Je commencerai par souligner nos particularités géographiques. Il est facile pour les Canadiens des régions urbaines, en rêvant de réforme électorale, d'appliquer le système allemand ou irlandais ou autre à une carte du Canada. Mais le Canada diffère des autres pays par sa population très dispersée. Évidemment que le Nunavut en est l'exemple le plus frappant, mais cette particularité ne s'applique pas seulement au Nunavut et aux territoires. Notre vaste géographie, avec notre longue tradition de scrutin majoritaire uninominal, rend la représentation locale plus importante chez nous que partout ailleurs au monde. Même en agrandissant les circonscriptions de 50 %, comme l'exigent les systèmes de représentation proportionnelle mixte, nous nuirons à la représentation locale de nombreuses régions du Canada. Il n'en sera pas nécessairement de même dans les régions urbaines, où les limites de circonscriptions sont souvent moins évidentes; il arrive souvent qu'une rue se partage entre deux circonscriptions.
Les Canadiens se trouvent souvent isolés. Il est donc crucial que les électeurs soient bien représentés localement pour qu'ils se sentent reliés au gouvernement pendant et entre les élections. De nombreux Canadiens vivant dans des villages ou même dans de petites villes, surtout dans les régions rurales et éloignées, se sentiront perdus dans de grandes circonscriptions. Nous risquons ainsi de réduire la participation électorale des groupes marginaux. Cela nuira beaucoup à l'inclusion des groupes autochtones, des agriculteurs et de toutes les personnes qui désireront s'exprimer dans une circonscription de 100 000 habitants ou plus. Nous risquons de perdre complètement leur engagement dans des circonscriptions plus vastes. Pour résoudre ce problème, il nous faut un système hybride alliant des circonscriptions à un seul siège à des circonscriptions à plusieurs sièges. Plusieurs autres personnes ont suggéré ce système, comme vous le savez certainement.
Je ne propose pas cela comme une solution magique. Selon moi, ce système hybride présente d'autres avantages que d'équilibrer les aspects local et proportionnel. Toutefois, les gens semblent vouloir maintenir la représentation locale tout en agrandissant les circonscriptions. Cela m'inquiète. Le problème, ou peut-être l'avantage ici, est qu'il est difficile de déterminer quelles circonscriptions devraient conserver un seul siège et lesquelles il faudrait fusionner. La solution ne réside pas tout simplement dans leur étendue physique. Certaines circonscriptions urbaines voudront conserver un aspect qui les distingue. Certaines circonscriptions rurales ou éloignées préféreront élire plusieurs députés au lieu de conserver une circonscription aussi locale que possible. Alors je suggère que l'on en laisse le choix aux circonscriptions — non pas seulement la première fois, mais continuellement.
Le choix entre une circonscription à un député et de grandes circonscriptions à plusieurs députés repose sur deux décisions importantes. La première concerne les aspects local et proportionnel. Ce sont les deux aspects de la réforme électorale dont les gens parlent le plus. Il est impossible de maximiser les aspects local et proportionnel au niveau des circonscriptions. Pour obtenir la proportionnalité, il faut réduire l'aspect local.
La deuxième décision, dont les gens parlent beaucoup moins, a trait à la façon de représenter les électeurs. En pratique, cet aspect est important. Dans une circonscription à un député chargé de représenter tous ses électeurs, il est impossible d'offrir aux électeurs une compétition et un choix entre plusieurs candidats comme dans les circonscriptions à plusieurs députés tout en conservant une forte représentation. Dans les grandes circonscriptions, les députés ne pourront que perdre leur sentiment pour leurs électeurs, puisque leur circonscription sera au moins 50 % plus vaste qu'elle ne l'est à l'heure actuelle, et il sera plus difficile pour les électeurs de s'attacher à leurs députés.
Ces facteurs sont très importants, car ils concernent le lien qu'ont les gens avec leur démocratie. Qu'arrivera-t-il si vous prenez cette décision pour eux? Les cinq principes de la réforme électorale s'appliquent au processus et aux résultats. En empêchant les électeurs de participer à la prise de ces décisions importantes et en leur présentant ce processus de réforme électorale que vous aurez choisi pour eux, vous risquez de retourner l'esprit de bien des gens contre le système que vous proposerez. Si vous laissez l'électorat en décider, les gens ne seront pas tirés dans toutes les directions et accepteront donc plus facilement le changement que vous apporterez.
Je propose que pour ce faire, on présente, au moment des élections, une question à laquelle l'électorat répondra oui, ou non, en lui demandant s'il désire conserver le même système ou changer. À la première élection, au moment de la mise sur pied du système, on demanderait si les électeurs veulent une circonscription à un seul député ou s'ils veulent se joindre à une circonscription à plusieurs sièges. Plus tard, ils pourront voter pour revenir à la situation première. Avant l'élection, on organiserait des pétitions pour décider des choix à présenter aux électeurs. Dans la plupart des régions du pays, le choix de fusionnement primaire serait assez évident.
C'est une version abrégée de ce que je propose. Ce système a certains avantages uniques.
Premièrement, bien que les systèmes mixtes ne soient pas terribles, c'est un outil direct. Pourquoi imposer un système fait de compromis à l'ensemble du pays quand il y a des solutions qui conviennent à un endroit en particulier?
Deuxièmement, c'est le plus démocratique, puisque ce sont les électeurs qui décident. C'est un premier petit pas en vue de laisser un peu du processus décisionnel aux électeurs, ce qui en fait le système qui passera le mieux auprès du public. Le changement doit se faire progressivement pour que l'électorat appuie la nouvelle initiative. La meilleure proposition au monde n'accomplit rien si elle est défaite.
C'est l'une des rares propositions dont les modalités pourraient être mises en place pour la prochaine élection, puisqu'aucune modification n'est apportée aux limites des circonscriptions électorales. Il faut seulement prévoir du temps pour faire signer dans chaque circonscription une pétition afin de pouvoir voter sur une option de regroupement au moment de l'élection.
Avec ce système, la proportionnalité serait renforcée et les circonscriptions seraient délimitées comme elles le sont maintenant, où et quand les électeurs le jugent important. Ce mode de scrutin est aussi proportionnel et local que les électeurs le souhaitent.
Certes, il comporte un élément de procédure particulier, mais ce que je propose s'appuiera sur des systèmes politiques éprouvés dans le cadre de l'élection en soi. Les élections fédérales ne se prêtent pas à l'expérimentation de systèmes électoraux complètement nouveaux.
Notre modèle, celui du choix par la circonscription, est modéré, facile à vendre auprès de l'électorat; il équilibre le caractère local et la proportionnalité et il est rigoureux aux plans de l'efficacité, de la légitimité et de la participation des électeurs et, qui plus est, il excelle à être démocratique, et c'est de quoi il est question.
Qujannamiik. Merci.
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Merci, monsieur le président. Je partage cette appréciation pour l'innovation.
La question de la compétence provinciale refait surface quand, comme l'a laissé entendre M. Arreak plus tôt, la représentation directe s'appuie sur l'ethnicité. Il y aurait représentation potentielle des Premières Nations, des Métis et des Inuits. Avez-vous l'intention d'inclure les électeurs sur le plan géographique dans cette représentation ou plutôt de la façon dont cela est présenté, comme en Nouvelle-Zélande? Je ne sais pas si nous avons d'autres exemples. Je suis persuadé qu'il y en a quelques-uns.
Monsieur Matshazi, tout d'abord, félicitations pour votre élection.
J'aimerais citer votre cousin, Beacon Khumalo, car j'ai été vérifié. Le soir de votre élection historique, il a dit de vous:
Il ne remportera vraiment la victoire qu'après avoir honoré ses promesses, et je dirais qu'il n'en est qu'à mi-parcours.
J'aime cette phrase, car le soir d'une élection, quand on célèbre les vainqueurs, on se dit qu'ils n'auront vraiment gagné — surtout aux yeux de votre cousin et d'autres — qu'après avoir donné suite aux promesses qui les ont fait élire. Cette phrase m'a frappé simplement parce que la formation de ce comité est le résultat d'une promesse. a remporté la dernière élection fédérale en vertu du système actuel, mais il l'a remportée en promettant, et c'est ironique, de se débarrasser de ce système. Comme je l'ai dit, 63 % des députés de la Chambre des communes...
Je vais transférer cette question au sénateur Patterson. Je vais vous lire une autre citation, celle-là d'un ancien sénateur. C'est étrange pour un néo-démocrate, mais nous nous engageons dans cette voie.
Le sénateur Len Marchand parlait de la force des Premières Nations dans notre pays en ce qui concerne la représentation. Il soulignait en 1990 que le système électoral en vigueur était mauvais et qu'il constituait un obstacle parce que selon lui, il fragmente le pouvoir du vote autochtone au point où le vote autochtone est pratiquement inutile.
D'après ce que j'ai entendu jusqu'à présent aujourd'hui, s'il y a un thème qui se dégage des témoignages, c'est qu'il ne faut pas causer de tort au Nord. Nos voix sont souvent uniques en ce qui concerne le Nunavut, mais dans les trois vastes territoires, le message est le même — il ne faut pas adopter un système qui causera du tort dans cette région — et il pourrait y avoir certaines améliorations.
Permettez-moi d'illustrer ces deux citations, monsieur Patterson. L'une porte sur le fait d'honorer une promesse et l'autre, sur la dilution des voix des Premières Nations, des Métis et des Inuits dans le système actuel.
Merci.
Comme je l’ai dit plus tôt, j’ai remarqué en entrant qu’il n’y avait rien d’écrit en Inuktituk pour m’indiquer où je devais me rendre. Si je ne parlais pas l’anglais ou le français, je n’aurais pas su où me rendre parce qu’il n’y avait aucune indication en Inuktituk. Vous êtes au Nunavut, et il y a trois langues officielles au Nunavut — l’anglais, le français et l’Inuktituk.
Merci d’être venus au Nunavut, je suis reconnaissant au comité de me donner la possibilité de m’adresser à lui pour parler des préoccupations des Nunavummiut au regard de la réforme électorale et de la démocratie.
Je reviendrai à l’anglais.
Nous avons 26 collectivités éparpillées sur un territoire aussi étendu que l’Europe de l’Ouest. Il y a plus de 400 millions d’habitants en Europe de l’Ouest. Au Nunavut, nous sommes 37 000. Nous représentons un dixième de 1 % de la population du Canada, alors que notre territoire couvre 20 % de la surface du Canada.
Dans un sens, le Nunavut est un microcosme du Canada, un vaste territoire, faiblement peuplé, au regard des paramètres internationaux. La façon dont les Américains nous voient, voient le Canada — pas seulement nous, mais le Canada —, est un sujet de plaisanterie entre nous. Pour eux, il n’y a que des igloos et des meutes de chiens et des bûcherons, et c’est comme ça aussi que bien des Canadiens du sud voient le Nunavut. Veuillez noter que nous n’avons pas de bûcherons ici.
Des Voix: Oh, oh!
M. Jack Anawak: Je m’adresse à vous aujourd’hui en ma qualité d’ancien conseiller d’un hameau d’une communauté, en ma qualité de maire, d’ancien membre de l’Assemblée législative, de ministres du territoire, d’ancien candidat à des fonctions fédérales, et d’ancien député.
Pour ce qui est de notre système électoral, nous avons deux types de préoccupations: promouvoir la participation et apporter un soutien aux candidats et aux électeurs, en veillant à ce que nos intérêts soient dûment représentés et défendus à Ottawa.
Comme vous l’avez sans doute entendu dire, le coût de la vie ici est très élevé, et cela entre en ligne de compte en ce qui concerne la promotion de la participation et le soutien apporté aux électeurs et aux candidats. J’encourage les membres du comité à se rendre en visite au Northmart et à Arctic Ventures pour vous faire une idée du niveau si élevé du coût de la vie et voir le prix de notre panier alimentaire. Quelqu’un qui envisage de se présenter aux élections ici doit envisager de renoncer à son revenu pour toute la durée de la campagne. Même si c’est le cas dans bien des circonscriptions, les coûts des produits alimentaires, du logement, de l’électricité, de l’huile de chauffage et de la garde des enfants sont très élevés ici. Pour nous, décider de se présenter aux élections veut dire vivre de nos économies dans la circonscription la plus chère du pays.
La question des moyens permettant à plus de candidats de se présenter aux élections est une question incontournable dans le cadre du débat sur la réforme électorale au Nunavut. Je ne sais pas quelles formes ils pourraient prendre, mais je sais que cette situation a découragé quantité de candidats de qualité de se présenter aux élections. Ils ne peuvent pas se permettre de prendre de quelques semaines jusqu’à 78 jours de congé.
Être candidat impose également de voyager tout au long de la campagne. Notre territoire est vaste. Alors qu’il se mesure en millions de kilomètres carrés, bien des circonscriptions dans le sud du Canada, dans les villes du Sud, ont une superficie de quelques kilomètres carrés seulement. À titre documentaire, lorsque je me suis présenté pour être réélu en 1993, il se trouve que je suis descendu à Ottawa et que j’ai pu sillonner six circonscriptions en l’espace de trois heures. Nous avons ici 26 communautés éparpillées sur quelque 900 000 milles carrés. Il faut chaque fois prendre l’avion. Il n’y a pas de liaison routière.
Vous pouvez comprendre notre situation quand nous sommes candidats aux élections ici au Nunavut.
Cela nous impose de faire un choix stratégique des communautés que nous aurons le temps de visiter et de celles que nous aurons les moyens de visiter. Les candidats ici dépensent des milliers et des milliers de dollars en billets d’avion à seule fin de rencontrer les électeurs. Vous imaginez-vous faire cela dans votre circonscription? Pour un candidat, cela signifie qu’il a peu de possibilités de rencontrer les électeurs de l’ensemble du territoire. Pour les électeurs, cela peut vouloir dire qu’il n’y a qu’une seule chance de rencontrer un candidat dans sa communauté, et encore, s’il peut se permettre de rendre visite à votre communauté.
La réforme électorale pour nous, c’est davantage que de changer le mode de scrutin. Il s’agit d’amener le système à encourager les candidats et les électeurs à participer au processus démocratique.
Iqaluit, la capitale du Nunavut, est la communauté la plus à l'est du Nunavut. Nous sommes presque pile au nord d’Ottawa. Kugluktuk est notre communauté la plus à l’ouest, presque pile au nord d’Edmonton ou de Calgary. Non seulement nos communautés sont très éparpillées dans l’espace, elles présentent également une grande diversité sur le plan de la géographie, de la culture, de la langue, des débouchés économiques et des priorités. Chacun de vous peut-il s’imaginer représenter une circonscription concentrant autant de diversité que celle qu’on trouve entre des communautés comme Ottawa, Winnipeg et Calgary, et tous ceux qui vivent le long de cet axe avec toutes ces différences?
Notre population est certes petite, mais un député du Nunavut doit affronter ces différences dans les dynamiques et les priorités des collectivités. Nous devons nous efforcer de représenter tout le monde de manière cohérente à Ottawa bien que nous n’ayons pas beaucoup de communications avec chaque collectivité. Il suffira de dire qu’il est très difficile de le faire de manière efficace, aussi dur que vous puissiez travailler comme député.
La réforme électorale en ce qui nous concerne doit prendre en considération pas simplement notre population, mais la taille de notre territoire afin de déterminer la façon d’élire les députés et le nombre de représentants que nous serons appelés à élire.
Je reviens à Inuktitut.
J’espère sincèrement que, quel que soit le mode de scrutin qui sera adopté, vous prendrez en considération la possibilité d’octroyer un siège de plus à la Chambre pour que soient reflétés les besoins et les défis uniques du Nunavut et pour garantir que nos espoirs, nos aspirations, nos priorités et nos politiques soient fidèlement reflétés à la Chambre des communes à Ottawa.
Je vous remercie de m’avoir donné la possibilité de m’adresser à vous et j’espère que votre visite ici est tout à fait fructueuse.
Qujannamiik. Merci.
(interprétation):
Qujannamiik. Merci.
Merci à vous tous de nous donner et de donner aux gens qui sont ici avec moi, mes collègues, la possibilité de prendre la parole devant vous.
Je vais pour l’essentiel parler des choses que vous allez prendre en considération. Je parlerai sans doute davantage en Inuktituk et également en anglais.
Tout d’abord, je voudrais parler des élections, alors je vais commencer par les arrangements à prendre pour que les personnes puissent voter. C’est ma préoccupation ici au Nunavut, une préoccupation que partagent les Nunavummiut.
Chaque année, à un moment de l’année, nous chassons pour nous procurer nos aliments, alors s’il devait y avoir une élection pendant la saison de chasse, cela créerait un conflit pour le chasseur. Il nous faut prendre en considération le fait que les gens partent effectivement à la chasse. Les élections sont très importantes, mais notre survie au moyen des aliments de notre pays est également importante, je commencerai donc par ça.
L’autre chose que vous pourriez envisager, c’est le vote électronique en ligne. Je l’ai fait moi-même, mais les adresses des sites Web sont en anglais et en français seulement. Ces sites ne représentent pas les Inuit. Comment vont faire les gens face aux questions techniques? Nous ne voulons pas qu’ils restent empêtrés avec le genre de problèmes qu’ils ont, juste parce qu’ils ne peuvent pas parler la langue.
Je vais repasser à l’anglais.
Le dernier point, peut-être, sur lequel je souhaite m’attarder dans ma brève présentation, c’est que la pratique courante du scrutin majoritaire uninominal ne me pose pas de problème particulier, du fait que c’est un système que nous avons depuis pas mal de temps. Si vous cherchez des systèmes de rechange, j’aurais quelques réserves à propos des modèles de représentation à la proportionnelle, qui tendent dans la pratique à la formation de gouvernements minoritaires en permanence, et cela en tant que tel est source de défis. Je n’envie pas les pays qui s’efforcent de gouverner au moyen de ce régime. Pour ma part, en tant que Canadien, je craindrais qu’un tel système ne débouche sur une fragmentation de notre nation en divisions régionales, linguistiques et culturelles.
Comme vous pouvez le voir dans notre propre système territorial, nous avons un modèle qui repose sur le consensus, qui est la même chose qu’un gouvernement minoritaire permanent, et cela ne va pas sans difficulté. C’est la raison pour laquelle je voudrais dire que le modèle de représentation proportionnelle me préoccupe quelque peu.
Si le comité désire et veut passer à un modèle différent, j’insiste pour dire qu’il doit être aussi simple et aussi clair que possible pour tous les intéressés. Le vote alternatif aurait ma préférence, en ce qu’il conserve cette clarté et cette simplicité pour les électeurs et correspond à leurs souhaits.
Pour conclure, si le comité pouvait également recommander de changer la façon dont sont choisis les sénateurs dans notre pays, je souhaite pouvoir élire le mien. Je vous prie de recommander une élection pour nos sénateurs. Ce serait un modèle parfait pour nous ici dans notre territoire, qui nous permettrait d’avoir une réelle représentation au Sénat également.
Qujannamiik. Merci.
Je parlerai des obstacles qui selon moi expliquent en partie la faible participation des électeurs du Nunavut.
Je commencerai par les toutes premières élections auxquelles nous avons eu le droit de vote. La première fois que les Innus ont eu le droit de voter remonte à 1953, à la 22e législature.
Puis, en 1977, 10 ans après que les Toronto Maple Leafs ont remporté leur dernière coupe Stanley, on a nommé le premier sénateur de la région maintenant connue sous le nom de Nunavut. En 1977, lors de la 31e législature, les Innus ont eu leur premier député au Parlement. Je n’en ai pas le souvenir, mais c’était il n’y a pas si longtemps.
En 1993, le Nunavut s’est vu attribuer un siège réservé au Sénat, alors qu’auparavant le représentant du Nunavut était l’un des trois représentants des Territoires du Nord-Ouest.
Depuis 1977, quand le Nunavut a eu son premier représentant, nous avons eu deux sénateurs différents et six députés différents. Depuis 2015, nous n’avons pas eu de député au Parlement capable de parler l’Inuktitut. Le Nunavut représente 21 % de la masse territoriale du Canada.
Il est 6 h 47 et le Nunavut couvre trois fuseaux horaires. Il est 5 h 47 à Arviat, 4 h 47 à Taloyoak, toutes sur le même territoire.
Si vous voulez voyager vers l’est ou vers l’ouest au Nunavut, il vous faudra deux jours. Il nous faudra sortir du territoire. Le député du Nunavut représente 2 millions de kilomètres carrés. Le député des Territoires du Nord-Ouest représente 1,3 million de kilomètres carrés. Le député du Yukon représente 483 000 kilomètres carrés. St. John's, Terre-Neuve, a 446 kilomètres carrés, et a deux députés. Charlottetown a 44 kilomètres carrés et un député.
Les autres obstacles dont j’ai constaté l’existence, c’est que durant les campagnes électorales, nombre de plateformes politiques comportent des plans pour s’attaquer aux questions dont le Nunavut demande la résolution depuis aussi longtemps que je me souvienne. Ceux qui ont la trentaine ont tous vécu dans des conditions ou ont été témoins de niveaux très élevés de pauvreté et de la crise du logement. Beaucoup souffrent du syndrome de dépression post-traumatique, et ne bénéficient d’aucun service de santé mentale ou presque pour les aider à y faire face... J’hésite à parler de traumatismes « historiques », parce que beaucoup de ces traumatismes remontent aux années 1950 et plus récemment aux années 1980, et beaucoup d’entre eux persistent aujourd’hui.
Il y a un manque de réconciliation entre le Canada et les Inuit. Il n’y a pas eu d’investissements substantiels dans les peuples de l’Arctique. Historiquement, les investissements qu’on a vus dans l’Arctique répondaient souvent à des impératifs militaires. Plus récemment à ceux du secteur minier.
On continue de refuser de reconnaître le massacre dévastateur de chiens accompli par la GRC depuis les années 1950. Si les députés représentent les Canadiens, les députés, au sens pratique, sont représentés par les ministères, les programmes et les services du gouvernement, et nos rapports avec le gouvernement bien souvent n’ont pas été des plus positifs, depuis les premiers jours.
Nous n’avons pas fait grand-chose pour régler cela. Il a fallu une forte organisation des revendications territoriales du Nunavut, de Nunavut Tunngavik Incorporated, pour que le gouvernement du Canada investisse dans un plan d’emploi inuit, qui figure dans l’accord signé par le gouvernement.
Le Nunavut a trois régions: le Kivalliq, le Kitikmeot, et le Qikiqtaaluk, plus connu sous le nom de Baffin. Je crois que si nous avions trois sièges au Sénat dans le modèle actuel, cela permettrait de résoudre certaines des questions de représentation dont nous souffrons dans notre vaste territoire. Si je dis cela, c’est parce que si nous pouvons avoir trois sièges réservés au Sénat, cela nous assurerait trois sièges de députés à la Chambre, selon le modèle actuel qui a été adopté en 1985.
La raison pour laquelle je soulève les problèmes de crise de logement, de pauvreté et d’abus, c’est que si vous ne savez pas où vous allez dormir, ou si vous dormez par roulement, et vous ne savez pas de quoi votre prochain repas sera fait ni quand vous le prendrez, et si vous ne savez pas non plus quand vous allez à nouveau faire l’objet d’abus sexuels ou de violences physiques, qui se soucie de savoir quand auront lieu les prochaines élections?
Je répugne à vous laisser sur une note si triste, mais telle est la réalité du territoire. Je m’en tiendrai à ça.
Merci.
[Le témoin s'exprime en Inuktitut.]
Je voulais remercier Franco d’avoir parlé de certaines des questions difficiles.
Je représente la Chambre de commerce régionale de Baffin. On m’a demandé de venir ici aujourd’hui en qualité de témoin. Je comprends que vous êtes ici pour chercher des moyens de mieux représenter le point de vue des Canadiens et de renforcer la confiance du public. J’ai lu ça sur la toile.
Le moyen de le faire ne consiste pas nécessairement à chambouler tout le système. Le système que nous avons n’est pas en panne. Le scrutin majoritaire uninominal représente le statu quo. Ce qui ne milite pas en sa faveur, c’est la difficulté de lancer des candidatures viables dans cet immense territoire, en particulier au Nunavut, et la faible participation électorale. Le problème est là, selon moi. La faible participation aux élections est un problème au Nunavut et partout au Canada.
Que faire face à l’apathie de l’électorat?
On dit que le faible taux de participation aux élections est le résultat du désenchantement, de l’indifférence et de l’autosatisfaction. Les gens s’en fichent. Est-ce parce qu’ils regardent la chaîne CPAC, et qu’ils voient ce qui se passe à la Chambre et se disent, « Je préfère ne pas voter pour quelqu’un comme ça? » Je ne sais pas si cela est juste ou pas, mais c’est une possibilité.
Parlons des différents types d’options ou de systèmes que nous avons vus ici et dans d’autres parties du monde.
En 2005, la Colombie-Britannique a mis en place le système du vote unique transférable, qui est peu ou prou un système de classement des candidats. Bien que le scrutin ait donné 58 % de oui, la consultation se faisait par la voie d’un référendum, il fallait obtenir 60 % pour que le changement puisse avoir lieu. Donc le mode de scrutin n’a pas changé en Colombie-Britannique. Cela est peut-être un indicateur des référendums dans notre pays et de leur efficacité, ou de leur manque d’efficacité.
Les options pour la réforme du système électoral ne manquent pas. Une autre option serait le système de représentation proportionnelle mixte que le Nouveau-Brunswick a mis de l’avant et sur lequel il a présenté un rapport. On peut avoir des listes de parti régionales avec ce système également. Il y a aussi le vote alternatif dont vient tout juste de parler Paul Okalik.
Une des choses que la plupart des témoins ici auront en mémoire c’est qu’avant 1999, lors de la division des Territoires du Nord-Ouest et de la création du Nunavut, il a également été question de circonscriptions paritaires mixtes. Il s’agissait d’élire un homme et une femme pour chaque circonscription de notre territoire. C’est un autre élément à prendre en considération.
Si l’on envisage de modifier le mode de scrutin que nous avons, ces éléments sont à prendre en considération, mais souvenez-vous de ce que j’ai dit au début, que notre système n’est pas en panne, d’après moi. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de le réparer. Cependant, vous devez vous attaquer au problème de la faible participation aux élections.
Il y a d’autres moyens de s’attaquer à ce problème. L’un concerne la conception du bulletin de vote. L’autre concerne l’équipement de vote; Paul a également parlé des choix des modalités de vote. De même, il y a des règles de nomination et des règles propres aux partis politiques.
Il y a également la question du droit de vote. Notre organisation s’appelle Nunavut Tunngavik Incorporated, et dans notre système de vote, en vertu de nos revendications territoriales, l’âge de l’éligibilité est fixé à 16 ans.
De quoi parle-t-on à propos de participation électorale? La théorie dit que la probabilité qu’une personne vote, multipliée par l’avantage que lui procure le fait de voter, plus l’obligation qu'elle a de voter, doit être supérieure au coût du vote.
La plupart des autres témoins aujourd'hui ont abordé les facteurs qui contribuent au coût des élections, ici au Nunavut, par rapport aux facteurs qui contribuent au coût des élections dans les circonscriptions dont vous venez. Je ne sais pas d'où vient chaque personne présente ici, mais je présume que vous avez moins de distance à parcourir dans votre circonscription qu'ici.
Comment pouvons-nous intéresser la population à voter à nouveau ici au Nunavut? Je crois que si l'on pense à quelque chose comme un bureau de scrutin mobile dans les petites collectivités, avec des personnes qui parlent couramment l'inuktitut et qui se rendent dans les centres pour aînés ou à leur domicile pour enregistrer ou obtenir leur vote, d'une façon ou d'une autre, cela ferait augmenter le taux de participation des électeurs du Nunavut, à un coût plus faible. Il n'est pas possible de faire cela à l'échelle du pays. Dans les grandes circonscriptions, il faudrait se rendre auprès de, je ne sais pas, 10 000 électeurs, mais dans une petite collectivité au Nunavut, pour joindre les aînés, on parle de 10, 20, 40 ou 50 personnes.
Paul a aussi mentionné le moment de la tenue des élections. Dernièrement, il semble que les élections au Nunavut n'ont jamais eu lieu pendant une chaude journée d'été, je ne me souviens pas que cela se soit jamais produit, lorsqu'il est le plus facile pour les personnes ayant une incapacité de se rendre quelque part. Vous avez marché dehors ici aujourd'hui à Iqaluit, et vous avez pu constater comment c'est glissant. Imaginez que vous êtes dans un fauteuil roulant et que vous essayez de vous rendre à un bureau de scrutin en décembre au Nunavut. Et ici nous sommes à Iqaluit, la capitale du territoire. C'est ce que notre territoire a de mieux à offrir aux personnes ayant une incapacité. Le choc culturel lorsque vous arrivez ici de Saint-Louis, à Montréal, est le même que celui que vous auriez en vous rendant d'ici à Qikiqtarjuaq ou Kimmirut, même si Kimmirut est à 100 milles seulement.
C'est donc dire que si l'on facilitait la tâche des électeurs au Nunavut, on augmenterait le taux de participation.
Je ne suis pas certain que la seule raison de votre présence ici aujourd'hui est de parler d'une meilleure représentation des points de vue des Canadiens et de l'amélioration de la confiance du public. Je sais que vous voulez évaluer d'autres options pour notre système électoral, cela est certain. C'est pour cette raison que nous vivons dans une démocratie: c'est pour que chacun puisse évaluer les différentes options qui lui sont offertes, mais je ne crois pas que notre système actuel ait besoin d'être corrigé. Je crois qu'on doit être en mesure d'inciter les gens à voter, et cela ne se fera pas avec la méthode du bâton. Il serait difficile d'adopter ou de mettre en oeuvre le scrutin obligatoire à Iqaluit, sans parler des petites collectivités du Nunavut. Je crois qu'on doit utiliser la carotte plutôt que le bâton, et publiciser les mesures qui sont prises pour montrer qu'il vaut la peine de voter.
C'est tout pour moi. Merci.
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Tout d'abord, j'aimerais remercier tous nos témoins pour ce que je crois être le meilleur groupe que nous avons eu au pays. J'ai beaucoup appris.
Je veux aussi remercier ma collègue, Mme Sahota, d'avoir soulevé une série de questions, qui ont été très éclairantes, je crois, et je veux poursuivre dans la même ligne. Je ne veux pas manquer de respect aux autres témoins, mais je poursuivrai avec M. Okalik.
Votre territoire, ainsi que les Territoires du Nord-Ouest, sont les deux seuls au Canada qui fonctionnent sans système de partis. Évidemment, le système parlementaire a été, je ne dirais pas conçu, parce que dans un sens, personne ne l'a conçu, mais a évolué sur une période de plusieurs centaines d'années avec les partis en place. Le concept de partis remonte au début des années 1700, en Angleterre, et a été maintenu par la suite. Par conséquent, nous disposons de très peu de modèles sur lesquels nous fonder pour savoir de quoi aurait l'air un gouvernement sans modèle gouvernement-opposition, modèle qui a vu le jour au départ en Angleterre. Par la suite, lorsque le système a été adopté au Canada, il y a eu énormément de pression. On s'attendait à la formation d'un gouvernement et d'un gouvernement fantôme, d'un gouvernement et d'une opposition.
Cela soulève un certain nombre de questions. Vous en avez abordé quelques-unes, quelques-uns des problèmes qui sont liés au fait de ne pas avoir de système de partis, par exemple, la difficulté de faire des promesses et l'incapacité d'avoir un programme ou un mandat, comme ce que nous connaissons à l'heure actuelle à l'extérieur de ces deux territoires.
Je veux vous interroger au sujet d'une question différente, qui pose ou non un problème. Vous y avez peut-être trouvé une solution.
Au niveau fédéral et dans nos provinces, on s'attend à ce que lorsque le premier ministre ou le premier ministre provincial et le Cabinet perdent la confiance de l'assemblée, ils soient démis de leurs fonctions, et que des élections soient déclenchées. Procède-t-on aussi de cette façon ici, ou procède-t-on différemment en remplaçant le Cabinet, sans déclencher d'élections?
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Merci, monsieur le président.
Je voulais aussi souligner la présence de la population d'Iqaluit, les citoyens qui font partie de l'auditoire ce soir, ainsi que les remercier, de même que cet excellent groupe de témoins.
J'ai eu la chance de parler avec Maatalii Okalik plus tôt, et j'espère qu'elle se présentera au micro, même si je ne veux pas mettre trop de pression sur elle. Elle est la présidente du conseil des jeunes de l'Inuit Tapiriit Kanatami.
Pas plus tard que le mois dernier, le comité parlementaire des affaires autochtones et du Nord était ici pour parler spécifiquement de certains des problèmes sociaux graves que Franco a soulignés. Ce comité s'est penché sur les risques de suicide chez les jeunes Inuits, une question qui nous préoccupe réellement, mais qui ne figure pas à l'ordre du jour ce soir. Je veux que vous sachiez que les préoccupations étaient graves, et j'espère que nous entendrons davantage de jeunes Inuits lors de la tribune.
Je vais poser mes questions à M. Anawak et M. Okalik, deux politiciens d'expérience aux niveaux fédéral et territorial. Je ne veux pas retourner vos paroles contre vous, monsieur Okalik, je ne voudrais surtout pas faire cela, mais vous avez dit qu'un parti politique a un mandat clair, ce qu'est arrivé aux libéraux lors des dernières élections. M. Trudeau a indiqué très clairement que les élections de 2015 seraient les dernières tenues dans le système uninominal majoritaire à un tour et, dans ma circonscription, mon ami, M. Tootoo, qui représentait les libéraux, a eu 47 % des voix, et notre ami M. Anawak, qui représentait le NPD, a obtenu 26,5 % des voix, ce qui signifie que parmi les électeurs qui ont participé au Nunavut, 73,5 % ont voté pour des partis et des candidats dont l'engagement était que les élections de 2015 soient les dernières selon le système uninominal majoritaire à un tour.
C'est pourquoi ce comité a été créé. Nous sommes ici parce qu'on nous a demandé de déterminer ce qui remplacera ce système. Il est inhabituel dans nos audiences au pays d'entendre autant de gens dire qu'ils ne voient pas de problèmes avec ce système. Cela est important, mais je veux vous retourner la question et vous dire que c'est là notre mandat. Il s'agissait d'un engagement électoral. Il s'agit aussi d'un engagement de mon parti, le Parti vert. Si vous posez la question aux verts, partout au Canada, 63 % des électeurs ont voté pour un parti qui avait pris l'engagement d'établir un système électoral permettant de s'assurer, d'une façon ou d'une autre, que la constitution du Parlement après une élection rende compte de la façon dont les Canadiens ont voté, 39 % des voix donnant lieu à 39 % du pouvoir, plutôt que 39 % des voix aboutissant à 100 % du pouvoir.
C'est le contexte dans lequel ce comité évolue, et je vous retourne la question. Je commencerai par M. Anawak, puis je passerai à M. Okalik. Je ne veux pas vous mettre sur la sellette, mais si l'on doit modifier notre système électoral, de quoi devrions-nous nous préoccuper selon vous? Quelles sont les choses qui sont importantes pour la population du Nunavut?
J'espère avoir le temps de poser la question aux quatre témoins. Je commencerai avec les politiciens au milieu, en allant vers les côtés.
Jack, aimeriez-vous être le premier à intervenir à ce sujet?
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Bonjour. Je m'appelle Peter Williamson. Je suis venu à titre personnel.
J'étais ici cet après-midi et j'ai trouvé la présentation de la Nunavut Tunngavik très intéressante. J'ai trouvé les questions des membres du comité vraiment très intéressantes, alors j'aimerais en parler un peu.
En revenant un peu en arrière, par contre, il y a également eu une discussion sur ce que le Nunavut représentait pour les témoins. Pour ma part, je me souviens qu'à la fin des années 1980 et au début des années 1990, lorsque la CBC avait annoncé que le gouvernement fédéral avait retiré l'article 4 de l'Accord sur les revendications territoriales du Nunavut, qui constituait l'engagement d'établir le Nunavut. Je me souviens de ma surprise lors du retrait de cet article.
La Tunngavik Federation of Nunavut, l'ancêtre de la Nunavut Tunngavik, avait dit: « si vous retirez l'article 4, il n'y aura pas de vote de ratification de l'Accord », alors ce n'est vraiment pas à cause de la bonne volonté du Canada que nous avons le Nunavut. C'est bien plus le fait de la détermination des Inuits de fonder le territoire et le gouvernement du Nunavut. Pour moi, c'est très important.
Lorsque j'ai écouté la présentation de la Nunavut Tunngavik cet après-midi, ce qui m'a vraiment frappé, c'est qu'ils croient que les Inuits du Nunavut devraient avoir un député pour représenter les Inuits du Nunavut et, à mes yeux, ça tombe sous le sens. Certains membres avaient des questions sur ce concept, et j'aimerais les aborder.
L'une des questions était, si vous avez un député du Nunavut qui représente les Inuits, qu'en est-il des Inuits dans les autres régions? Ce député pourrait-il les représenter, eux aussi?
Il y a eu une autre question sur l'article 35 de la Charte, en ce qui a trait aux Premières Nations inuites et métisses. Ce que cela voulait dire à mon avis était: quelle sorte de justification peut-il y avoir pour élire une personne inuite du Nunavut qui tiendrait compte de certaines des préoccupations que les gens pourraient avoir sur le sujet?
À mon avis, il y a des questions plus importantes en jeu ici. Si nous devons trouver des justifications pour le Nunavut et qu'on pose des questions quant à l'assurance que les Inuits des autres régions soient représentés, et qu'on cherche à s'assurer que ce ne sera pas seulement les Inuits mais également les Premières Nations et les Métis qui seront représentés, alors, ça pose problème. Dans chacune des compétences et chacun des territoires du Canada, les Autochtones sont confrontés à des problèmes eux aussi, et les Inuits du Nunavut ne devraient pas être les seuls à avoir quelqu'un pour donner voix à leurs problèmes.
Je pense qu'il faut mettre les enjeux autochtones dans chaque province et chaque territoire dans un cadre plus large. Leur garantir qu'ils auront voix au chapitre est très important. Je vais donner seulement un exemple.
L'une des questions de politique auxquelles le Canada est confronté quand vient le temps de négocier les revendications territoriales est l'occupation. Dans la politique globale de revendication territoriale, chaque groupe autochtone qui veut négocier une revendication territoriale doit prouver qu'il s'y trouvait le premier. Il doit pouvoir dire: « Nous étions là avant. C'est le territoire que nous occupions et voici quand nous l'avons occupé. » Ça ne vaut pas seulement pour les Inuits, mais pour tous les peuples autochtones du Canada. Ils étaient là avant — nous le savons tous — mais nous devons encore le prouver.
Ce sont ces enjeux qui sont importants aux yeux des peuples autochtones. Pouvoir élire quelqu'un de la province ou du territoire où ils vivent leur donnerait une voix au Parlement du Canada, où ils pourraient aborder ces enjeux.
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Je vous remercie de votre invitation.
Contrairement à pratiquement tous ceux qui ont pris la parole depuis la pause du dîner, je ne suis pas originaire d'ici. J'ai habité à Nunavut au cours des quatre dernières années et je suis citoyen canadien depuis les trois dernières années. Depuis ce moment-là, je vote aux élections fédérales, à l'élection territoriale et à l'élection municipale.
Ce que j'ai appris depuis que je vis au Nunavut, c'est qu'il s'agit d'un endroit unique, alors il faut conserver la voix du Nunavut. La seule façon d'y parvenir est de veiller à ce que ce territoire soit représenté au Parlement par des gens pour qui les gens du Nunavut ont voté. La représentation proportionnelle, que cela se produise ailleurs au pays ou non, ne peut pas affecter notre voix au Parlement. Il nous faut au moins un représentant — sinon davantage, comme vous l'avez entendu — pour qui seulement les habitants du Nunavut auraient voté.
De plus, je crois qu'une mesure de protection s'impose. Ce qui s'est produit lors de la dernière élection, c'est que le Nunavut — l'administration dont la croissance est la plus rapide au Canada — est passé d'une voix pour 308 députés à une voix pour 338 députés. Il s'agit d'une perte de 10 % de notre voix. Nous ne pouvons pas assister à une autre diminution. Si on étudie la question d'accroître le nombre de représentants au Parlement afin d'accommoder la représentation proportionnelle, on doit tout d'abord garantir que le Nunavut a un représentant élu par les Nunavummiut. Ensuite, si l'on prévoit augmenter le nombre de représentants au Parlement, on doit au moins compter un résidant du Nunavut qui en fait partie afin de ne pas perdre notre représentant sur un total de 338 députés.
De plus, lorsque j'ai voté lors de la dernière élection, comme l'a affirmé Mme May, j'ai voté pour un changement du système électoral. Cependant, je n'ai pas voté pour la représentation proportionnelle; j'ai voté pour éliminer le système majoritaire uninominal à un tour. Je voulais donc m'assurer, peu importe qui représente ma circonscription, que cette personne a l'appui d'au moins 50 % des gens de la circonscription et non pas de 38 % ni 47 % ou peu importe le nombre. Le taux devrait être de 50 %.
Il devrait y avoir un certain genre de système — un autre mode de scrutin, une mise en ballottage ou peu importe — pour s'assurer d'obtenir une représentation de 50 % dans la circonscription. Si nous avons recours à un autre système et avons une représentation proportionnelle, cela devrait constituer un ajout et non servir de remplacement.
Enfin, vous êtes ici au Nunavut. Vous êtes venus à Iqaluit pour consulter les Nunavummiut. En toute honnêteté, c'est comme si vous vous présentiez au centre-ville de Toronto ou de Montréal et affirmiez que vous avez consulté les gens de l'Ontario ou du Québec. Vous n'avez pas consulté le Nunavut, vous avez consulté les résidants d'Iqaluit. Je peux comprendre, car c'est très difficile de faire le tour, comme nous l'avons entendu, mais au moins un ou deux membres parmi vous auraient dû se rendre dans quelques-unes des petites communautés pour connaître réellement la voix du Nunavut.
Merci.
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Qujannamiik. Merci beaucoup.
Je m'appelle Maatalii Aneraq Okalik, et, comme l'a précisé Elizabeth May, je suis présidente du National Inuit Youth Council au sein du groupe Inuit Tapiriit Kanatami, alors je représente les jeunes Inuits au Canada.
J'ai maintenant l'occasion de vous informer brièvement, à savoir qui sont les jeunes Inuits et quelles sont leurs priorités en lien avec le travail de votre comité permanent au moment où vous examinez la question de la réforme électorale.
Comme vous le savez, 60 000 Inuits vivent sur l'ensemble du territoire canadien et la majorité de notre population se compose de jeunes inuits. Cette réalité est très différente de celle de la population canadienne du Sud.
Nous habitons dans quatre régions inuites situées dans quatre provinces et territoires. Il va sans dire que la représentation est l'un des plus grands enjeux relativement au système électoral et à la représentation fédérale.
Comme Elizabeth May l'a indiqué, j'ai témoigné devant quelques-uns de vos collègues du Comité permanent des affaires autochtones, en particulier sur la question de la prévention du suicide et, à ce moment-là, j'ai mentionné les iniquités sociales auxquelles sont confrontés les Inuits au Canada. Je crois que, lorsque nous nous penchons sur la question de la réforme électorale, ces iniquités doivent être prises en compte.
Les Inuits canadiens ne bénéficient pas de la même qualité de vie que la plupart de nos concitoyens: 39 % des Inuits et de l'Inuit Nunangat vivent dans des foyers surpeuplés par opposition à 4 % de l'ensemble des Canadiens; 29 % des Inuits de 25 à 64 ans obtiennent un diplôme d'études secondaires tandis que le taux est de 85 % chez l'ensemble des Canadiens; 70 % des ménages inuits au Nunavut seulement ne mangent pas à leur faim contrairement à 8,3 % de tous les ménages canadiens. Le nombre de postes créés par 100 000 habitants au Nunavut est de 30 lorsqu'il est question de l'accès par opposition à 119 postes dans les centres de santé en milieu urbain au Canada et la moyenne de l'espérance de vie chez les Inuits est de 70,8 ans, tandis que la moyenne est de 80,6 ans pour l'ensemble de la population canadienne.
Non seulement nous vivons mieux vieux en raison des iniquités sociales mentionnées précédemment, mais la cause principale de décès est le suicide. Dans l'ensemble des régions, le taux est de 5 à 25 fois plus élevé que celui du reste du Canada.
Il s'agit de graves iniquités sociales que nous devons affronter au quotidien. Elles ont des incidences sur notre vie au jour le jour, notre qualité de vie et elles ont de lourdes retombées sur la façon de participer aux élections et notre façon de collaborer avec le gouvernement fédéral dans son ensemble.
Par rapport à d'autres administrations qui sont représentées à la Chambre des communes ou au Sénat, notre représentation n'est pas la même. Dans le cas de l'Assemblée législative du Nunavut, j'ai remarqué que vous étiez nombreux à poser diverses questions au sujet du fonctionnement du gouvernement par consensus ainsi que de la représentation. Nous savons qu'il existe 26 communautés au Nunavut comptant 22 représentants. Certaines des communautés au Nunavut sont plurinominales car elles tiennent compte des réalités et des besoins uniques des petites communautés par rapport à votre situation dans certaines de vos circonscriptions.
On compte 30 comités permanents seulement à la Chambre des communes par rapport à ceux du Sénat. Lorsqu'il est question d'un député d'une région qui fait face à plusieurs iniquités sociales qui feraient l'objet de discussion aux comités permanents, comment pouvons-nous nous assurer que les besoins de base des habitants, qui sont censés être représentés comme étant des Canadiens égaux, sont gérés efficacement et qui reflètent notre réalité et notre culture?
Lorsque l'on formule des recommandations officielles à la Chambre, en plus de veiller à l'obligation de rendre compte des dépenses, des lois et des questions liées aux ministères et à leurs mandats respectifs, comment sommes-nous représentés lorsqu'il existe un seul député qui essaie de participer à l'ensemble des activités des 30 comités lorsqu'il s'agit de faire face à ces enjeux au quotidien?
Je suis membre d'un conseil d'administration d'un organisme inuit et je dirige le contingent jeunesse. Des organismes inuits comme celui-là doivent collaborer avec plusieurs ministères et faire du lobbying auprès de ceux pour lesquels vous travaillez par l'entremise d'un comité permanent afin de pouvoir gérer ces iniquités sociales et le manque de lien entre les Inuits et l'État. Afin de pouvoir lutter contre certains de ces problèmes, une plus grande représentation s'impose.
Beaucoup d'entre vous ont manifesté un intérêt à connaître le point de vue des jeunes sur le fait de voter. D'après mon expérience, j'ai participé à diverses activités pour sensibiliser et intéresser les jeunes lors de la dernière élection fédérale et j'aimerais vous faire part de quelques-unes de mes constatations.
À titre de présidente bénévole, occupant un emploi au National Inuit Youth Council, je me suis sentie investie de la responsabilité de sensibiliser les jeunes Inuits, au même titre que les Canadiens, au processus de scrutin. Ils doivent connaître la façon de pouvoir voter en s'identifiant ainsi que l'endroit où ils doivent se rendre en personne pour voter s'ils sont étudiants. Ni le Nunavut ni les autres régions inuites ne comptent de centre universitaire comme dans le Sud où les étudiants peuvent voter à l'extérieur de leur circonscription et savoir que leur voix est entendue. À vrai dire, cela ne relève pas de ma responsabilité.
Les jeunes Inuits ne se sentent pas nécessairement interpellés par le matériel distribué. Certaines de nos régions comptent des mesures législatives en place, car c'est ici que la langue inuite est utilisée. Nous avons des lois sur les langues officielles, ainsi que des lois en matière de protection, mais lorsque le matériel qui tient compte de cette réalité n'est pas diffusé, les jeunes Inuits ne sont pas interpellés par le processus et ils ne sont pas assez informés pour que leur vote compte. Cependant, en raison de notre composition démographique, les jeunes Inuits peuvent essentiellement faire pencher la balance du vote.
Les gens peuvent voter en se rendant à un bureau d'Élections Canada. Existe-t-il beaucoup de bureaux dans nos 53 communautés au Canada? Combien de bureaux de Service Canada sont disponibles aux personnes pour être en mesure de respecter les exigences d'identification pour l'exercice du suffrage?
J'ai fait un appel téléphonique au nom d'un jeune Inuit désireux d'obtenir un numéro d'assurance sociale afin de pouvoir recevoir un passeport. Cela s'est passé à Pangnirtung. On a dit à ce jeune de se rendre au bureau de Gatineau. Le prix du billet d'avion est de 3 000 $ et ce service n'est pas considéré comme étant essentiel au Canada. Nos communautés sont accessibles que par avion et il s'agit d'un périple de deux jours.
Quand seulement 1 % de la population canadienne est venue dans notre coin de pays et que les enjeux que nous devons affronter au quotidien ne sont pas représentés à la Chambre des communes, je m'inquiète que les iniquités sociales qu'il faut surmonter dans ce pays développé ne soient pas traitées en conséquence.
Qujannamiik. Je vous remercie de m'avoir accordé du temps pour vous faire part de mes réflexions.