:
Merci au comité spécial de m'avoir invité ici aujourd'hui. Bienvenue dans les Territoires du Nord-Ouest et dans ce nouvel hôtel.
Je suis ministre de la Justice, procureur général, ministre de l'Administration des terres, ministre responsable de la Société d'énergie des Territoires du Nord-Ouest et, curieusement, ministre responsable de l'Engagement public et de la Transparence du gouvernement des Territoires du Nord-ouest. Notre cabinet est petit, alors nous devons jouer plusieurs de rôles.
Premièrement, je veux remercier le comité pour son travail sur la réforme électorale et surtout pour avoir inclus les Territoires du Nord-Ouest dans son itinéraire à la faveur de son étude de la réforme électorale fédérale.
J'espère que votre expérience ici renforcera ce que vous avez déjà appris. Les Territoires du Nord-Ouest sont une partie unique du Canada et toute réforme électorale envisagée devrait tenir compte de l'unicité de notre territoire.
J’espère aider le comité en le renseignant sur le contexte particulier de notre territoire, contexte pouvant influencer les options de réforme à l'étude. Mon propos se limite à vous donner ce contexte. J'ajoute que le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest ne prend pas position sur la réforme électorale.
Les vastes Territoires du Nord-Ouest sont constitués de 33 collectivités éparpillées sur environ 1,4 million de kilomètres carrés. Géographiquement et démographiquement cela influe sur les questions dont vous êtes saisis. Mes commentaires porteront sur certaines de ces considérations, dont la première est la nécessité de parler en langage clair.
Environ 25 % de la population n'a pas de diplôme secondaire. Hors des quatre grandes agglomérations, ce chiffre grimpe à 32,2 %. Tout changement au système électoral existant nécessitera un plan de communication expliquant le nouveau processus dans un langage clair et simple, évitant ainsi de priver les électeurs de leur droit de vote.
Les journaux et la radio demeurent la norme pour informer les collectivités. Partout dans les territoires, les jeunes utilisent les médias sociaux, surtout Facebook.
Concernant le faible taux d'accès à internet, 79 % des foyers des Territoires du Nord-Ouest ont accès à internet comparativement à 83 % au pays. Ce chiffre chute de façon radicale en dehors de Yellowknife et des centres régionaux de Hay River, d'Inuvik, de Fort Smith, de Norman Wells et de Fort Simpson. Au pays, 75 % des foyers ont l'accès internet à l'extérieur des zones métropolitaines. Ici, moins de 50 % des foyers dans 13 de nos 33 collectivités ont l'accès internet.
Dans nos plus petites collectivités, le pourcentage de foyer sans accès internet varie de 17,5 % à 66,7 %. Beaucoup d'entre elles dépendent de l'Internet par satellite qui est sujet à interruption. Si cela se produit le jour de l'élection, des collectivités entières seraient privées de leur droit de vote.
Seulement 72 % des résidents des Territoires du Nord-Ouest ont une photo d'identification, si on fait abstraction de Yellowknife où 82 % des gens en ont une, les chiffres chutent d'un coup. Dans une des collectivités à peine 3 % des résidents ont une pièce d'identité émise par le gouvernement. La majorité des résidents de 20 des 33 collectivités n'ont pas de pièce d'identité avec photo.
En mars 2014, le directeur général des élections des Territoires du Nord-Ouest a comparu devant le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre concernant les amendements proposés à la Loi électorale du Canada. Il a spécifiquement demandé l'abrogation des amendements visant l'élimination du répondant. Lors des élections territoriales de 2011, 15 électeurs sur 1 000 ont eu recours à un répondant pour confirmer leur identité et lieu de résidence.
Les Territoires du Nord-Ouest élargissaient l'utilisation de répondants alors que le Canada la restreignait. Lors de l'élection territoriale de 2015 un électeur pouvait répondre pour cinq autres électeurs, au lieu d'un seul dans le passé. Même si les chiffres ne sont pas encore disponibles, je note que le nombre de votes exprimés lors de l'élection de 2015 a augmenté de 873 par rapport à celle de 2013, sans augmentation correspondante de la population.
Concernant le vote obligatoire, d’ordinaire, dans les Territoires du Nord-Ouest, le taux de participation aux élections fédérales est faible. Il a atteint un pic de 63,36 % lors de l'élection de 2015, en hausse par rapport à 53,95 % en 2011 et à 47,71 % en 2008. Territorialement, la participation fut de 44 % en 2015 et notre Directeur général des élections a noté un plus grand nombre de votes exprimés par rapport à 2011 sans accroissement de la population, ce qui signifie peut-être l'existence de problèmes avec la liste électorale.
Toutefois, la faible participation aux élections territoriales est un phénomène récent, car elle était de 67 % en 2007, 68 % en 2003 et 70 % en 1999. Avant la séparation du Nunavut et des Territoires du Nord-Ouest, elle variait dans les soixante-sept, de moyen à élevé.
Au sujet du vote obligatoire, je crains toute pénalité proposée pour abstention.
Quoique Yellowknife fausse la moyenne salariale des territoires dans toutes les données nationales, selon Statistiques Canada, les Territoires du Nord-Ouest affichent le plus haut salaire hebdomadaire au Canada, soit 1 421,46 $. C'est le cas à Yellowknife et dans les plus grandes localités. Selon le Bureau de la statistique des Territoires du Nord-Ouest, en 2015 le salaire moyen à Inuvik était de 130 340 $. Non loin de là à Paulatuk, le revenu annuel moyen était de 6 005 $.
Les amendes pour manquement au vote toucheraient plus durement ces résidents déjà aux prises avec la réalité quotidienne du chômage et du sous-emploi sans aucune perspective économique, du coût de la vie trop élevé et une forte dépendance sur les programmes gouvernementaux.
En conclusion, dans ses diverses recommandations au Parlement, le Comité doit assurer l'accessibilité aux ressources et aux systèmes de votation équitables pour tous les résidents.
Merci.
:
On m'a invité à comparaître et j'étais ravi de l’occasion. J'habite dans une petite ville appelée Fort Smith qui se trouve franc sud d'ici. C'est un plaisir d'être ici avec vous.
Je veux d'abord vous parler de mon expérience de député. Quand on vote pour un député, on s'attend à qu'il vous rende service.
Pendant 10 ans j'ai siégé dans l'opposition et, à titre de député des Territoires du Nord-Ouest, j'ai souvent senti que le gouvernement m'ignorait dans ses tractations. C'est le problème de beaucoup de députés. Nous sommes élus par le peuple pour le représenter. À mon sens, il est très important de respecter les députés et, dans le cadre de la réforme électorale, nous devons tout faire pour bonifier le rôle des députés au lieu de le réduire. À l'évidence, au cours des années, l'importance des députés a décliné aux yeux du parti au pouvoir, peu importe le parti.
En qualité de membre du Comité permanent des parlementaires de la région Arctique, j'ai eu l'expérience unique de siéger avec d'autres parlementaires des pays nordiques, et la plupart étaient dans un système de représentation proportionnelle.
C'est intéressant, en Suède, les parlementaires ne siègent pas en tant que groupe politique, mais ils siègent avec d'autres personnes de leurs régions. Un conservateur et un social-démocrate siègent côte à côte et, lorsqu'ils prennent la parole ils le font devant l'assemblée plénière.
Comme parlementaire, nous devons envisager les divers processus existants. Il est aussi important d'avoir une relation fonctionnelle entre tous les députés élus. Voilà pourquoi, dans un certain sens, j'appuie la représentation proportionnelle. Nous allons créer une situation où il sera nécessaire de travailler avec les députés.
Avec la représentation proportionnelle et plus de gouvernements minoritaires, il est fort probable qu'on voit apparaître une situation où aucun parti ne contrôle le parlement en tout temps. Par nécessité, il y aura des coalitions, plus de collaboration, une meilleure compréhension entre nous et un respect mutuel comme représentants du peuple.
À mon avis, ce sera là l'aboutissement de la représentation proportionnelle. Si l'on regarde les pays industrialisés de tradition démocratique ayant ce système, dont beaucoup sont dans la même situation, c'est là le résultat.
J'ai eu l'occasion de rencontrer le ministre danois de l'énergie au sujet des changements climatiques. Il a dit que, sans l'appui total de tous les partis, les Danois n'auraient jamais pu créer une politique énergétique comme celle qu'ils ont. C'était un ministre conservateur de l'énergie. Il était très évident que leur système, où la collaboration s’impose, donne des résultats dans un monde très complexe qui exige des solutions inclusives.
Au Canada, la politique c'est comme le hockey, il y a un seul gagnant. Cette attitude doit changer. Les parlements minoritaires sont meilleurs, car ils favorisent le député moyen. Et ce fut mon expérience dans les parlements majoritaires et minoritaires. Je pense que vous constaterez la même chose au parlement.
J'ajouterais que le Canada est un état colonial. Venant des Territoire du Nord-Ouest, je pensais vivre dans une partie coloniale du Canada, jusqu'à ce que j'aille à Ottawa et constate que nous sommes assujettis à ce que l'Empire britannique a mis en place pour nous il y a presque 150 ans.
Nous devons devenir notre propre pays, avec des systèmes qui représentent cette étendue immense et diversifiée. Nous devons cesser de nous présenter dans ce système uninominal majoritaire à un tour qui ne fonctionne pas pour nous.
Il faut à tout prix éviter le modèle américain lequel, comme on le constate, ne fait que désavantager de plus en plus le peuple américain.
J'appuie la représentation proportionnelle. Bien sûr, en tant que résident du nord, je veux une représentation proportionnelle mixte, car venant d'une région de 40 000 âmes, je comprends que, malgré tout, nous n'aurons pas beaucoup plus de députés ici. Notre député doit continuer de représenter cette vaste région. Tout comme ceux du Yukon et du Nunavut.
Ce sont des régions très importantes au niveau fédéral, car, en très grande partie, le pouvoir pour le contrôle des terres et des ressources relève toujours d'Ottawa. Cela peut changer, mais, pour l'instant, bon nombre de ces pouvoirs résident encore là-bas.
Les intérêts autochtones dans les trois territoires sont inséparables. La même chose s’applique actuellement à bien d'autres régions du Canada qui doivent avoir une représentation adéquate.
Je dois dire que les députés du nord avaient des intérêts communs, peu importe s’ils étaient du nord du Manitoba, de l'Ontario, du Québec, de la Saskatchewan ou des trois territoires ou de toute autre circonscription regroupant des Autochtones. Il y avait ce lien commun que j'ai constaté pendant mes 10 années là-bas. Il y avait des enjeux communs. Peu importe nos allégeances politiques, certaines choses faisaient que nous collaborions.
Dans le cas du système de représentation proportionnelle, même mixte, il y aura des listes où les partis politiques indiqueront leurs choix. Il est très important que vous songiez à la façon de contrôler ces listes. Si c'est la voie choisie, ces listes devront refléter les régionalismes. C'est le cas dans d'autres pays, je l'ai constaté dans la façon dont les partis politiques établissent leurs listes, il faut tenir compte des régionalismes et il faut respecter ce qu'est le pays.
Si vous envisagez de remplacer le système par la représentation proportionnelle, il y a plus de choses à prendre en compte sur la façon de le faire.
Je crois que les intérêts des régions nordiques et des autochtones sont les mêmes. Dans l'hypothèse d'un système de représentation proportionnelle, si l'on prend le Canada dans son ensemble et si l'on regroupe les circonscriptions nordiques et autochtones, cela donne une base démographique suffisante pour assigner la proportionnalité à ce groupe.
C'est là mon argument principal. Considérez le Nord sous l'angle de ses intérêts communs et non de ses délimitations politiques, car c'est la seule façon d'obtenir une représentation élargie et améliorée à la Chambre des communes pour les gens du Nord. Leurs enjeux relèvent dans une plus grande mesure du Parlement que ceux des autres parties du pays.
Ce que vous faites est très important et je suis très heureux de votre présence ici dans le Nord pour visiter différentes collectivités afin de comprendre nos besoins face aux changements que vous allez faire.
Merci beaucoup.
:
Je remercie nos témoins et les personnes dans l'auditoire d'être là aujourd'hui. Merci d'être venu.
Ce qui est magnifique dans de ce pays c'est de pourvoir rencontrer des gens sur les trois littoraux. Malheureusement, notre horaire est un peu serré, nous aurons donc peu de temps pour visiter et voir le panorama, mais nous l'avons aperçu dans le taxi de l'aéroport jusqu'ici. J'en ai vu un petit peu.
Je vais commencer par M. Sebert. Vous avez soulevé une chose inédite à cette table en parlant de la manière de rejoindre les gens ici dans les Territoires du Nord-Ouest, soit par la radio et les journaux, ça n’a pas été mentionné nulle part ailleurs au pays. Nous avons régulièrement entendu parler des médias sociaux, de l'Internet. Vous nous avez donné des informations très importantes sur la stabilité de la bande large ici dans les Territoires du Nord-Ouest.
Vous avez aussi mentionné le manque de pièces d'identité avec photo, ce que j'ignorais, et l'importance des répondants. C'est essentiel pour nous de connaître les défis uniques d'accessibilité au processus démocratique dans le Nord pour ceux qui désirent y participer, ce que j'ignorais. Merci de l'avoir soulevé.
Au sujet des répondants, pour les élections provinciales vous dîtes permettre aux gens de se porter garantes pour cinq personnes. Pouvez-vous nous donner un aperçu de l'incidence de l'élimination des cartes d'identité d’électeur comme preuve de résidence et des changements à la Loi électorale du Canada sur la l'aptitude gens de participer aux élections? Pourriez-vous élaborer un peu là-dessus?
Ensuite, j'aurai une question pour M. Bevington.
:
Dennis, j'ai quelques questions et c'est bon de vous revoir. J'ai constaté cela chez plusieurs collègues ayant quitté la vie politique, vous avez l'air mieux reposé, moins empâté que ceux qui sont restés derrière. De toute façon, c'est bon de vous revoir et d'écouter vos propos.
J'ai le fort sentiment... Je n'ai aucune connaissance particulière du Nord, mais étant historien je suis au fait qu'une grande partie de ce qui est maintenant le nord du Manitoba, de l'Ontario, du Québec faisait partie de ce qui était alors des Territoires du Nord-Ouest beaucoup plus vastes, et cela fut donné aux provinces souvent — et peut-être toujours — sans égards aux peuples qui y habitaient. Par exemple, les Inuits du nord Québec et le peuple du Nunavut ont une langue et une culture communes. Je suis sûr que cela n'a pas été pris en compte lors du transfert de ce territoire au Québec en 1912. J'imagine que c'est la même chose dans ces autres régions, alors je sympathise avec vous quand vous parlez d'intérêts communs.
Il y a un obstacle constitutionnel, je crois, qui empêche une personne élue dans une province — je dis province et non territoire — d'aller voter dans une autre. Je ne pense pas que les tribunaux le permettent, mais je crois qu'il serait possible — ce n'est pas une recommandation; je veux votre opinion, car cela a été soulevé à Whitehorse — d'envisager un genre de représentation conjointe trans-territoriale. Les territoires ne sont pas enchâssés dans la Constitution comme les provinces le sont.
Une idée discutée ici, de façon non concluante est un genre de système permettant aux trois territoires d'avoir un degré de proportionnalité entre leurs députés fédéraux. À l'évidence, il faut plus d'un député pour avoir un certain degré de proportionnalité, mais ce serait une façon d'y parvenir.
Quoiqu'il y ait des intérêts communs, vous perdez d'un côté car il y a aussi des distinctions évidentes. Vous avez trois gouvernements distincts travaillants tous avec Ottawa et adoptant leurs propres législations, et dont les compositions linguistiques et culturelles sont différentes également.
Je vous lance cette idée soulevée lors de notre passage à Whitehorse et je vous demande ce que vous en pensez?
:
Merci, monsieur le président.
Messieurs Dunbar, Sebert et Bevington, je vous remercie d'être avec nous aujourd'hui.
Nous avons vu de beaux paysages en atterrissant à Yellowknife, pas seulement en taxi. Je suis très content de mettre les pieds à Yellowknife pour la première fois.
Le Comité siège depuis un petit bout de temps. Nous avons siégé cet été et nous sommes en tournée depuis presque deux semaines maintenant. Nous avons le mandat, — M. Bevington le disait — important et historique, d'examiner un nouveau mode de scrutin, à la suite de la promesse du gouvernement libéral voulant que 2015 serait la dernière année avec le mode de scrutin actuel.
Monsieur Bevington, vous avez défendu la position de la proportionnelle mixte. Je trouve très intéressant que vous ayez parlé des relations que vous avez eues avec des parlementaires du Comité permanent des parlementaires de la région arctique, du Danemark, de Suède et d'autres pays qui utilisent depuis des décennies un tel mode de scrutin. Chez nous, une coalition est souvent présentée comme un péché qu'on ne doit pas commettre, une espèce d'épouvantail, alors que pour la plupart des démocraties occidentales, c'est la norme. Il est normal de discuter et de trouver des consensus, des solutions.
Arend Lijphart, l'universitaire américain, disait aussi que le fait de passer du système uninominal majoritaire à un tour au système proportionnel changeait la culture politique. Vous avez dit qu'il fallait augmenter le rôle des députés dans les Parlements et non le diminuer. Le système actuel a tendance à diminuer le rôle des députés individuels.
Hier à Edmonton, M. Green nous a dit ceci:
[Traduction]
À mon avis, nous n’élisons pas des singes savants.
[Français]
Cependant, on dirait parfois que c'est le cas.
J'aimerais savoir ce que, selon vous, un mode de scrutin proportionnel pourrait changer dans la culture politique canadienne au fédéral et au rôle des députés à titre de représentants de leur communauté.
:
Je suis très heureuse d’être ici. Je suis ravie de revenir à Yellowknife. J’ai eu la chance, au cours de ma vie, de passer du temps ici, à Hay River, à Inuvik et un partout dans les territoires.
Les habitants de Whitehorse au Yukon nous ont dit que peu importe ce que nous allions faire, il ne fallait pas les regrouper. La nordicité et l’identité culturelle sont trop différentes d’un territoire à l’autre.
La plupart de mes questions s’adressent à vous, Dennis, parce que nous — les députés — avons reçu un cours accéléré, en commençant par ce que j’appellerais les cours d’été. Nous avons passé l’été en audience à écouter de nombreux experts. Puis nous avons pris la route. Nous en sommes à notre 10e jour et avons entendu des Canadiens de partout au pays. Nous avons entendu des gens qui avaient conçu leur propre système, d’autres qui avaient beaucoup d’expérience dans d’autres pays et d’autres qui n’en avaient pas.
J’aimerais revenir sur un élément que vous avez mentionné Denis et qui n’est peut-être qu’une hypothèse, soit le fait que si nous adoptons le régime proportionnel, nous allons constituer des listes. Nous avons deux propositions qui n’exigent pas de listes. Une des propositions nécessite d’augmenter la représentation des trois territoires du Nord. Je souhaite vous la présenter.
Beaucoup nous ont proposé d’examiner le modèle de la Nouvelle-Zélande. Ils l’utilisent depuis plus de 40 ans; je ne me souviens pas de la date exacte. Je suis certaine que Scott se souvient depuis combien de temps quatre sièges représentent spécifiquement la population maorie au Parlement. Aujourd’hui, sept sièges représentent cette population et, de plus, grâce au régime proportionnel, d’autres députés maoris ont été élus.
Un jeune homme à Edmonton, Sean Graham, est venu nous présenter le système qu’il a conçu: la représentation proportionnelle binominale. Son système a attiré l’attention du gouvernement de l’Île-du-Prince-Édouard si bien que ce dernier l’a ajouté aux choix de son plébiscite. Une représentation proportionnelle binominale, consisterait, essentiellement, à fusionner deux circonscriptions et chacune des circonscriptions conjointes aurait deux représentants. Nous n’aurions pas à augmenter le nombre de députés. Le premier représentant serait élu par le processus normal et le second, par la proportionnelle. Le seul problème qu’il percevait à l’échelle du pays est au Yukon, au Nunavut et dans les Territoires du Nord-Ouest. La solution serait d’ajouter un siège pour que ces territoires puissent profiter de la proportionnelle. Le second siège serait attribué en fonction des résultats obtenus par le parti et non seulement en fonction du nombre de votes obtenus par une personne.
Je ne sais pas si je l’ai bien expliqué. Il me semble toutefois que nous pourrions facilement défendre l’ajout d’un second siège, même si la population est faible, s’il s’agit de mieux représenter les Autochtones au Parlement. Je pense tout haut ici et je sais que c’est risqué de le faire publiquement devant un comité. On pourrait accorder deux sièges chacun au Nunavut, aux Territoires du Nord-Ouest et au Yukon et faire du second un siège proportionnel et réservé à un représentant autochtone; je crois qu’il vaut la peine d’y penser.
Jean-Pierre Kingsley a également proposé un scrutin simple au moyen du vote transférable où toutes les circonscriptions qui peuvent être regroupées le seraient. En règle générale, ce mode de scrutin signifierait que les régions rurales et éloignées continueraient avec le scrutin majoritaire uninominal à un tour et que la représentation proportionnelle serait accordée seulement à ceux qui vivent dans des circonscriptions regroupées. Vous avez certainement laissé entendre Denis que vous ne trouviez pas ce mode de scrutin satisfaisant et que tous devaient profiter des avantages de la représentation proportionnelle.
Après avoir brossé un portrait quelque peu incohérent de quelques-unes de nos options, j’aimerais vous entendre sur ces propositions.
:
Merci à tous de me recevoir aujourd’hui.
Monsieur Sebert, merci beaucoup de vos observations. Je les ai trouvées très utiles et instructives, et elles m’ont permis de comprendre les difficultés des territoires. C’était très instructif.
La plupart de mes remarques renvoient à beaucoup de choses abordées par M. Bevington dans ses propres observations.
Si j’ai bien compris ce que vous avez dit au début, vous estimez que le système électoral actuel est défectueux parce que c’est un héritage colonial. Un héritage colonial, en admettant que la formulation soit juste, n’est pas une proposition de valeur. Beaucoup de choses et d’idées concernant ce à quoi notre société devrait ressembler et aspirer ont des racines très anciennes. L’idée que l’État ne peut saisir de propriété est une idée ancienne. On ne va pas abandonner ça parce que la Grande Charte a 801 ans. Nous n’allons pas abandonner les principes de tolérance et de liberté de conscience, dont découle le pluralisme, simplement parce qu’ils sont issus de l’époque des Lumières, il y a quelques centaines d’années.
Il faut en fait décider ce que serait le meilleur système selon le principe du bien-fondé et non jeter… Il n’y a pas qu’aujourd’hui qu’on a entendu ça: toutes sortes de témoins sont venus dire que, si le système actuel est vieux, il faut en créer un nouveau. À mon avis, ce n’est pas une raison valable d’abandonner un système. Si le système ne répond pas aux besoins actuels, c’est différent, et nous ferions bien de ne pas l’oublier.
Monsieur Bevington, beaucoup des difficultés et obstacles que vous avez signalés comme entraves à un gouvernement efficace, et ce que les Canadiens signalent très souvent, la frustration à l’égard d’une discipline de parti rigide ou peut-être le pouvoir disproportionné du Cabinet du premier ministre et l’érosion du rôle individuel et des pouvoirs des membres du Parlement, tout ça est très important, mais peut-être qu’on ne peut pas et ne doit pas s’attendre à le régler par un simple changement de système électoral.
La discipline de parti et l’imputabilité d’un cabinet et d’un premier ministre à l’égard du Parlement ont changé avec le temps, même dans le cadre du système actuel, pour le meilleur ou pour le pire. Il fut un temps où un gouvernement était, jour après jour, très conscient de ce qu’il devait au Parlement et non aux membres de son parti, parce c’était le Parlement, et non les membres d’un parti politique, qui choisissait un chef de parti. Toutes ces choses sont arrivées et se sont transformées à l’intérieur d’un système, et peut-être qu’on ne va pas régler tout ça en passant à un nouveau système.
Vous avez dit que le consensus est nécessaire et vous avez parlé de l’importance du consensus et du fait qu’il était souhaitable dans notre comité et entre les parlementaires, et, en fait, entre les Canadiens. Et pourtant vous avez entendu des spécialistes et des… [Note de la rédaction: difficultés techniques]
Je résume rapidement. J’ai probablement épuisé mon temps de parole et je ne sais pas s’il y aura des questions ou si j’en resterai à ma déclaration.
M. Bevington et d’autres témoins n’ont pas seulement dit que le consensus était souhaitable, mais qu’il était nécessaire. Nous avons parlé de la légitimité nécessaire à un changement de système électoral. Beaucoup de partisans de la représentation proportionnelle nous ont dit que c’est nécessaire, mais, du même souffle, que ça ne devrait pas faire l’objet d’un référendum parce qu’on échouerait probablement. On nous a dit qu’un référendum est simplement un moyen d’empêcher le changement d’advenir.
Je rejette cette idée tout en n’oubliant pas l’importance de formuler une question correcte, d’avoir un bon débat, d’avoir un débat civil solide et équitable, mais, vraiment, je ne vois pas à quoi pourrait ressembler cette légitimité si on ne fait pas un référendum. Je n’aime pas non plus l’affirmation que le maintien du système actuel est injuste parce que c’est un système injuste, mais que nous devrions utiliser le pouvoir conféré par ce système injuste pour instaurer quelque chose sans référendum.
:
Les traducteurs ont un exemplaire de mes notes, et je vais donc les suivre assez strictement.
Premièrement, je veux prendre acte du fait que nous sommes dans le territoire traditionnel des Dénés, le territoire du chef Drygeese.
Je vais vous parler un peu d’Alternatives North. C’est un petit organisme sans but lucratif. Nous sommes une coalition vouée à la justice sociale, dont les membres sont des églises, des syndicats, des organisations environnementales, des femmes, des avocats de la famille, des groupes de lutte contre la pauvreté, et un certain nombre de citoyens. Nous nous rencontrons une fois par semaine pour discuter de ce qui se passe dans les territoires.
En général, nous fonctionnons au consensus, ce qui veut dire que nous avons rarement besoin de voter sur une question. Je crois que, si on pense au mode de vie de tout un chacun, c’est comme ça qu’on essaie de prendre des décisions. Qu’on commande une pizza ou qu’on exploite une entreprise, peu importe ce qu’on fait, on n’a généralement pas besoin de voter sur tout. On trouve un consensus en tenant compte des différents points de vue pour aller dans la direction voulue.
C’est intéressant que M. Sebert, du gouvernement territorial, soit venu ici. Ce gouvernement se considère comme un gouvernement de consensus. Comme il l’a expliqué, nous élisons des députés, et ils choisissent les membres du Cabinet, qui reste tout le temps en position minoritaire. Ça les oblige à parler avec tous les députés, et c’est ce qu’ils font. Nous pensons que la représentation proportionnelle orienterait le gouvernement fédéral dans le même genre de direction et que ça permettrait d’écouter toutes sortes de points de vue. Et les décisions prises seraient plus représentatives.
Voilà pour l’introduction. Les membres d’Alternatives North se sont réunis en plénière et ont adopté une position consensuelle sur la réforme électorale du gouvernement fédéral. Nous appuyons vigoureusement la solution d’un système proportionnel pour le Canada en général. Dans ce système, chaque vote influencerait le résultat, et les sièges du Parlement traduiraient la proportion des votes obtenus par chaque parti.
Nous préférons l’instauration d’un système de représentation proportionnelle sans changer la Constitution, parce que nous pensons que ça représenterait un travail énorme, du moins à court terme. Peut-être que, quand on abordera la réforme du Sénat, on pourra aussi envisager d’autres transformations.
Pour l’instant, nous estimons que n’importe quelle proposition de Représentation équitable au Canada serait valable. Nous en avons examiné quelques-unes et nous pensons qu’un système proportionnel mixte serait le plus facile à expliquer aux gens. Nous avons lu le rapport de la Commission de réforme du droit, qui recommande et appuie ce genre de système sur un bon 600 pages.
Nous comprenons aussi, et nous avons été surpris de découvrir, que la représentation proportionnelle suppose la création de régions électorales au Canada. Quand on parle de représentation proportionnelle, on n’utilise pas tout le vote canadien. On a des régions qui franchissent les frontières provinciales. Nous comprenons aussi, même si nous ne sommes pas des spécialistes, que la Constitution canadienne n’interdit pas de franchir les frontières provinciales, comme on l’a dit tout à l’heure.
Comme on vous l’a dit au Yukon, je crois, les trois territoires tiennent beaucoup à conserver leur propre représentation, à raison d’au moins un député chacun. Nous comprenons que l’éventualité d’un système où nous aurions trois députés ne serait pas très bien accueillie. Nous comprenons la position du Nord à cet égard et nous la partageons.
Nous comprenons aussi que la représentation proportionnelle ne serait pas possible pour les Territoires du Nord-Ouest si nous avions seulement un député. C’est évident. S’il n’y en a qu’un, il ne représentera qu’un seul parti.
Nous avons quelques propositions. Premièrement, nous estimons qu’il y aurait une certaine proportionnalité dans les Territoires du Nord-Ouest si nous avions au moins deux députés. C’est intéressant, nous avons aussi écouté ce que disaient les témoins qui parlaient du Yukon. C’est très canadien, au fond, que les territoires disent: eh bien, nous avons découvert que, pour faire ça, on avait besoin de deux députés. Nous ne voulons pas dire que nous avons besoin de plus de deux députés, mais, puisque c’est comme ça que ça doit marcher, nous proposons d’avoir deux députés. Nous comprenons que notre population est peu nombreuse et tout ça et nous n’exigeons pas plus de représentation, mais, pour que ça marche équitablement, nous allons avoir besoin de deux représentants.
Ça pourrait fonctionner dans le cadre d’un système proportionnel mixte ou d’un système de vote unique transférable. Les résultats ne seraient pas aussi proportionnels que dans le reste du Canada, parce que, même avec deux députés, on pourrait avoir un premier et un deuxième choix, mais ce ne serait pas facile d’avoir un siège pour le troisième et le quatrième choix. Mais c’est mieux que rien.
Nous avons aussi examiné ce qui a été un peu discuté, à savoir l’idée de regrouper les trois territoires du Nord, avec des députés supplémentaires. Comme ça, le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut éliraient chacun un député directement, et les trois autres pourraient être regroupés, et on pourrait utiliser une forme de système proportionnel pour choisir ces trois représentants. Ça semble être le meilleur moyen d’obtenir une représentation proportionnelle mixte: il y aurait quelque chose comme une liste, et on voterait deux fois, une fois pour le député local et une fois pour un parti qui représenterait l’ensemble du Nord. Ça devrait marcher.
Enfin, nous sommes tombés sur le système de représentation proportionnelle binominale, dont on vous a parlé hier, je crois, et qui, si nous comprenons bien, est une forme de système proportionnel mixte. En ce qui me concerne, ça semble être la solution la plus élégante. Je n’entrerai pas dans les détails, mais ce serait un bulletin de vote très simple et ça permettrait aussi de faire fonctionner un système proportionnel mixte dans le Nord.
Pour résumer, nous sommes convaincus que la représentation proportionnelle est la solution idéale pour le Canada. Alternatives North accepterait des choses qui ne fonctionneraient pas très bien pour le Nord du moment qu’on l’obtient pour le Canada. Nous estimons aussi qu’il est important que les Territoires du Nord-Ouest et les deux autres territoires aient un député chacun. Enfin, dernière remarque, je trouve intéressant que notre propre ait déclaré qu’il faut trouver une solution simple et que les gens ont du mal à comprendre les différents systèmes. L’automne dernier, à Yellowknife, nous avons eu trois élections en un mois, à chaque fois dans le cadre d’un système différent.
Merci, monsieur le président et respectables membres du comité spécial de la réforme électorale. Comme citoyenne canadienne, je considère cette occasion de participer à l’amélioration de la démocratie canadienne comme un honneur et un privilège.
Mon mémoire sur la réforme électorale fournit les renseignements suivants: un, les antécédents personnels et l’expérience qui m’ont amenée à rédiger ce mémoire; deux, la raison pour laquelle j’appuie la représentation proportionnelle; trois, mon point de vue sur les Territoires du Nord-Ouest et la réforme électorale; quatre, la méthode de la représentation proportionnelle; et cinq, les espoirs liés à la mise en œuvre de la réforme électorale.
J’ai immigré au Canada il y a 35 ans. J’avais 28 ans. Durant les premières années, comme j’avais peu de relations et de réseaux, j’ai lutté sur les plans financier et professionnel pour garantir mon bien-être personnel. Plus tard, au cours des 28 années que j’ai passées en Ontario, j’ai eu la chance d’entrer en contact avec quelques partis politiques et je me suis familiarisée avec la démocratie canadienne et les prises de position des divers partis sur différentes questions. J’ai vite compris que les impôts payés par les Canadiens servent en partie à maintenir le système démocratique au Canada. J’ai donc considéré la politique comme un moyen d’améliorer mon bien-être. J’ai librement employé mon droit de vote comme citoyenne canadienne pour choisir le candidat qui serait le mieux placé pour me représenter.
Mais, aujourd’hui bien plus qu’il y a 20 ans, les campagnes électorales, au nom du vote stratégique, prennent un caractère alarmiste et nous invitent à voter contre quelqu’un et non à voter pour quelqu’un. Les derniers jours de la campagne sont généralement monopolisés par deux grands partis rivaux. Ça entraîne de la confusion, de la panique et de la frustration parmi les électeurs, outre des pertes inattendues pour certains candidats et leurs partisans. C’est le résultat du système actuel qui fait en sorte que le gagnant rafle toute la mise et ça ne contribue pas à maintenir l’intégrité ou à maintenir la démocratie canadienne.
Mes relations et mes réseaux ont fait de moi une fervente partisane de Représentation équitable au Canada, pour qui il faut que chaque vote compte. Le référendum sur la réforme électorale en Ontario m’a donné l’occasion de me familiariser avec la représentation proportionnelle grâce à Représentation équitable au Canada. Selon cette méthode, les votes obtenus par les partis seraient répartis en pourcentages équivalents de sièges. C’est ce qui m’a convaincue que mon vote ne me priverait pas d’un représentant.
Durant les derniers quatre ans et demi, j’ai découvert les avantages des gouvernements axés sur le consensus qui, dans le Nord, tiennent compte des enjeux et des questions qui touchent toute la population. Grâce à la représentation proportionnelle, il y aura une continuité dans les lois et les politiques adoptées, et la gestion des ressources, destinée à servir les intérêts des électeurs, sera efficace.
D’après ce que je comprends, toute proposition de changement dans les Territoires du Nord-Ouest doit faire l’objet d’une consultation. Mon mémoire traduit mon désir d’exprimer mon point de vue à titre personnel. Les Territoires du Nord-Ouest et les autres territoires ne sont représentés que par un député chacun, et un parti politique à la fois, quelle que soit la position occupée par le parti au Parlement.
Premièrement, la représentation proportionnelle est inapplicable avec seulement un représentant. Deuxièmement, malgré la place géographique des territoires, c’est à dire les deux cinquièmes de la superficie du Canada, seulement trois députés représentent le gouvernement du Canada. Les territoires ne sont pas seulement sous-financés, mais aussi très sous-représentés. Élections Canada peut fournir des données sur la répartition électorale par zone géographique.
Dans les 33 collectivités des Territoires du Nord-Ouest, compte tenu du manque d’infrastructure et des difficultés dues aux rudes conditions météorologiques de l’Arctique, un électeur et son représentant peuvent très bien ne jamais se rencontrer pendant le mandat du second, et même ne jamais communiquer. Le comité multipartite de la réforme électorale devra trouver un moyen d’être représenté par des membres de tous les partis en portant à cinq le nombre de représentants dans les Territoires du Nord-Ouest. Ce n’est pas trop demander, quand 19 députés territoriaux représentent les Territoires du Nord-Ouest.
La principale raison pour laquelle je témoigne ici est de défendre le principe de la représentation proportionnelle plutôt qu’une forme ou une autre de système proportionnel. En Ontario, je me suis familiarisée avec le système de représentation proportionnelle mixte. Dernièrement, grâce aux efforts de Représentation équitable au Canada, j’ai découvert d’autres systèmes, et je pense que le vote unique transférable est aussi une bonne solution. Je ne suis favorable à aucun système de liste fermée, qui prive les électeurs de la possibilité de choisir.
Quel que soit le processus qui sera mis en place, il doit être bien compris des participants, et ces participants devront répondre sans préjugés. L’enjeu d’un référendum n’est pas simple en général. Beaucoup de gens sont trop pris par leurs tâches quotidiennes et ne sont pas capables de s’occuper de ces questions. Au lieu de faire peser le fardeau sur les électeurs, les élus devraient assumer la responsabilité de décider ce qui est dans l’intérêt des Canadiens. La population s’appuie sur des organismes sans but lucratif et des groupes militants qui se spécialisent dans certains domaines et font valoir ses droits auprès des gouvernements.
Dans le passé, les référendums sur la réforme électorale organisés dans différentes provinces ont fixé le seuil bien plus haut qu’à 51 %, contrairement au strict principe démocratique. Le message indirectement transmis à la population est alors qu’il faut voter sur quelque chose d’indésirable. Et donc, comme citoyenne responsable, je demande humblement au comité spécial de limiter la réflexion sur la réforme électorale à des consultations publiques et de ne pas aller jusqu’à un référendum.
Je vous remercie encore une fois, monsieur le président et respectables membres du comité spécial de la réforme électorale, de m’avoir donné la possibilité de m’exprimer ici.
:
Bonjour, et bienvenue à Yellowknife.
C’est un privilège pour nous tous d’être ici, dans le territoire du chef Drygeese et dans la région du Traité no 8.
Je parle ici en tant que résidante du Nord, mais aussi vice-présidente du chapitre des Territoires du Nord-Ouest du Conseil des Canadiens.
Durant ma brève intervention, je veux me concentrer sur deux questions. D’abord la représentation, ensuite la primauté du droit. Ces deux principes sont les piliers de notre démocratie.
Concernant le principe de la représentation, je tiens à préciser tout de suite que je ne suis pas favorable au système uninominal à un tour. On ne peut pas admettre de vivre, en 2016, dans un pays où des millions de votes sont gaspillés à chaque élection fédérale. Pas étonnant que les rapports de Statistique Canada nous disent que les gens sont trop occupés pour voter, qu’ils ne croient pas à l’importance de la politique ou qu’ils ne s’y intéressent pas, quand leurs votes sont gaspillés. Il est clair que le système actuel doit changer.
Il y a aussi de quoi se révolter quand un parti peut gouverner avec 39 % des votes et que probablement un quart des électeurs admissibles du pays exercent un contrôle sur les politiques du pays et prennent des décisions pour toute la population. Si un système donne aux citoyens le sentiment qu’ils ne comptent pas ou que les responsables politiques ne s’intéressent pas à eux et se moquent de savoir s’ils participent, c’est bien notre système actuel. Nous ne sommes pas obligés de continuer comme ça. Il faut que ça change.
Je suis sûre que vous estimez tous que la représentation est un principe fondamental de notre démocratie, que nous devons donner la même importance à chaque citoyen et à chaque région et que nous devons mettre fin à ce système de fausse majorité et de gagnant qui rafle toute la mise.
Je suis sûre que, dans vos déplacements, on vous a dit que chaque région est unique. Les Territoires du Nord-Ouest sont eux aussi une région unique, et il faut que ce caractère unique se traduise à la Chambre des communes, et ça doit être le cas pour toutes les autres régions. Le meilleur moyen de s’y prendre, et d’autres en ont parlé, c’est la représentation proportionnelle. Compte tenu de notre expérience ici dans les Territoires du Nord-Ouest, ainsi qu’au Nunavut, nous savons comment choisir des gens en fonction de leurs connaissances, de leurs compétences et de leur compassion plutôt qu’en fonction d’un parti auquel ils sont ou non affiliés. Le système proportionnel mixte offre beaucoup d’occasions d’honorer des traditions qui nous permettent, ici, d’obtenir une représentation de bonne qualité.
C’est tout ce que je dirai pour l’instant du principe de représentation.
Je voudrais aussi vous parler de la primauté du droit, l’autre principe vraiment indispensable à la santé de notre démocratie.
Comme vous le savez, la Loi sur l’intégrité des élections a été adoptée il y a peu de temps. Son titre en anglais dit fair, et ça ne convient vraiment pas: elle n’a rien d’équitable. On devrait plutôt parler de loi sur les élections injustes. Je suis sûre que vous savez que le Conseil des Canadiens a déposé une contestation de cette loi en vertu de la Charte. La demande a malheureusement été rejetée, mais, par contre, je suis heureuse que Justin Trudeau se soit engagé à abroger cette loi. J’espère vraiment que vous ferez en sorte qu’il tienne parole.
La loi sur les élections injustes est punitive quand on en vient aux collectivités nordiques. Certains des témoins précédents vous ont parlé de la situation de nos collectivités, où des gens n’ont pas de carte d’identité et où, bien souvent, il n’y a pas d’adresses civiques. Les gens ne viennent pas aux bureaux de scrutin avec des cartes d’identité. Des gens perdent leur droit de vote et ils perdent leur droit à la citoyenneté. Je suis sûre que vous savez que beaucoup de gens, dans le Nord, ne sont pas reconnus comme citoyens et n’ont pas le droit de vote. Et ce n’est pas la loi sur les élections injustes qui risque de favoriser un changement d’attitude. Vous êtes tous au courant, bien sûr, du traumatisme intergénérationnel découlant des années de gouvernements coloniaux et de pensionnats. La non-reconnaissance de la citoyenneté et la privation du droit de vote ont des répercussions très profondes sur la participation des gens à notre démocratie. Nous avons besoin d’une solide loi électorale qui consolide le droit à la citoyenneté et invite à s’en prévaloir.
On a aussi besoin d’une loi électorale qui redonne la parole au directeur général des élections et qui donne à Élections Canada le pouvoir de jouer le rôle de facilitateur indépendant et impartial d’élections fédérales ouvertes, transparentes et totalement participatives. Compte tenu des manigances entourant les dépenses et les appels automatisés, vous saurez que le Conseil des Canadiens a aussi déposé une contestation judiciaire au sujet du scandale des appels automatisés. Les tribunaux ont reconnu qu’il y avait eu fraude généralisée. On a besoin d’une loi qui protège le droit de vote des citoyens, qui garantit qu’aucun parti ni candidat ne jouisse d’un avantage injuste et qui veille à ce que des intérêts privés n’achètent pas de candidat ou de parti.
Merci.
:
Merci à nos trois témoins d’être ici aujourd’hui. Merci également aux citoyens présents dans la salle.
C’est la première fois que je viens dans les Territoires du Nord-Ouest. J’aimerais bien être dehors à jouer, mais j’ai grand plaisir à être ici parmi vous.
J’ai une question au sujet de l’équité.
Beaucoup de Canadiens nous ont dit que notre système actuel n’est pas juste et qu’il faut adopter un système beaucoup plus juste.
Madame Balakrishnan, vous nous avez dit que, d’après vous, pour obtenir une juste proportionnalité, il faudrait que les Territoires du Nord-Ouest aient cinq députés au Parlement. Comme vous le savez, les difficultés surgissent dans les menus détails. Comment est ce que je pourrais dire aux gens de ma circonscription de Longueuil—Charles-LeMoyne, qui compte 83 719 électeurs, qu’ils n’auront qu’un député, mais que les 29 432 électeurs des Territoires du Nord-Ouest en veulent cinq? Chaque député du Parlement représenterait 5 886 électeurs. Le temps qu’un député pourrait accorder à ses électeurs serait bien plus important dans les Territoires du Nord-Ouest qu’au centre de Montréal ou de Toronto, etc. C’est important, et je pense qu’on devrait pouvoir donner bien plus de temps à nos électeurs.
Il faut aussi envisager les coûts. Pour chaque député supplémentaire dans les Territoires du Nord-Ouest, il faut compter environ 637 220 $ simplement en termes de dépenses de fonctionnement, de déplacement et de rémunération, sans compter la navette entre le Parlement et le domicile. On parle d’environ 2,5 millions de dollars par an pour quatre députés de plus. Quand on parle d’équité, il serait difficile de dire aux Canadiens que, simplement pour satisfaire la proportionnalité, il faut porter le nombre de députés de telle ou telle région à tel chiffre, mais que ce n’est pas proportionnel au nombre d’électeurs.
Je vous dis ça parce qu’on parle d’équité. Ce serait difficile. Je n’essaie pas d’embêter les Territoires du Nord-Ouest, ni ma circonscription, ni rien, mais comment convaincre les électeurs qu’ils ne verront pas leurs députés aussi souvent que les gens des Territoires du Nord-Ouest? Qu’en pensez-vous?
Il y a des préoccupations communes à tous les gens du Nord. Malheureusement, je parle seulement au nom des Territoires du Nord-Ouest. Si vous m’aviez demandé de parler pour cette collectivité, j’aurais employé le même argument.
Ce qui me préoccupe, c’est que, quand on examine les circonscriptions — et celle-ci est sujette à révision —, j’ai fait la liste du nombre de représentants de chaque province et au gouvernement fédéral. Par exemple, prenons l’Ontario: le nombre de députés fédéraux dépasse le nombre de députés provinciaux. Je ne sais pas pourquoi. Il faudrait accroître le nombre de députés provinciaux ou réduire le nombre de députés fédéraux.
Ça arrive partout. Il n’y a que dans les territoires que ce n’est pas arrivé depuis longtemps. On n’a toujours qu’un député. Peut-être qu’on n’a jamais soulevé cette objection à cause de la situation des gens qui vivent ici. Ils ont beaucoup d’autres problèmes à régler et ils n’ont pas demandé au Parlement de leur donner des représentants locaux.
Et vous avez aussi parlé des coûts. Je propose un autre moyen de les réduire.
Mme May a expliqué comment, en Nouvelle-Zélande, on a créé des sièges pour les Autochtones. On peut aussi former un caucus des Territoires du Nord-Ouest. Un représentant voyagerait pour siéger au Parlement, et les autres resteraient ici pour régler les problèmes locaux et veiller à aborder les enjeux communs à l’ensemble des Territoires du Nord-Ouest en travaillant dans les collectivités.
Ma proposition est la représentation proportionnelle. On aura tous les partis déjà représentés, et ils pourront travailler ensemble.
J’ai deux réflexions à partager. Premièrement, je dois dire que je suis d’accord avec ma collègue, Mme Romanado, concernant le problème qu’elle soulève. Je ne pense pas qu’on puisse ajouter des sièges pour le Nord à moins de faire la même chose dans le sud, et ça créerait des problèmes constitutionnels majeurs. Le projet de quintupler le nombre de sièges dans le Nord aurait également pour effet de rendre notre proposition très impopulaire. Étant donné que le Nord compte déjà la moitié ou moins de la moitié d’électeurs par député, je pense qu’il faudrait quintupler aussi le nombre de députés dans le sud, et je pense que les Canadiens ne seraient pas d’accord. Il y aurait environ 1 500 députés au Parlement.
Je tiens à préciser que la population des Territoires du Nord-Ouest est de 44 000 habitants et que, dans ma circonscription de Lanark—Frontenac—Kingston, il y en a 98 000, c’est à dire plus du double. On pourrait dire que ce sont des gens du sud et qu’ils ont bien de la chance, mais c’est en réalité une des circonscriptions les plus pauvres de l’Ontario. Certains de mes électeurs n’ont pas l’électricité. Il y a aussi des Autochtones qui sont très, très bien intégrés, mais dont les revendications territoriales ne sont pas encore réglées, comme c’est le cas ici. Et, comme c’est une zone rurale, la population est très disséminée. On ne peut pas dire qu’ils devraient être moins représentés. Je dirais qu’ils ont besoin d’être représentés et d’obtenir des services dans la même mesure, mais leur vote compte déjà pour moitié de celui des gens d’ici. Je n’ai vraiment pas la circonscription la plus peuplée de ma province, mais affirmer qu’un vote là-bas vaut un dixième d’un vote ici serait difficile à faire accepter et, en fait, ce ne serait pas défendable d’après moi, quoique je comprenne vos bonnes intentions.
Je suis très conscient du fait que les Territoires du Nord-Ouest doivent composer avec beaucoup de langues officielles compte tenu des nombreuses cultures autochtones, contrairement au Nunavut, où prédomine une culture autochtone relativement homogène. C’est d’une complexité effarante, et je ne sais pas très bien comment on pourrait régler ça, sauf à dire que votre député, s’il est bien choisi, devra être très compétent pour remplir ses fonctions.
Je commencerai par vous, monsieur Robinson. Vous avez dit trois fois « nous ne sommes pas des spécialistes », et vous vous êtes aussitôt après mis à corriger un certain nombre d’erreurs commises par un certain nombre d’universitaires devant le Comité. Je suis impressionné. Je pense que vous en savez plus que vous ne voulez le reconnaître.
Quand nous étions à Whitehorse, on nous a expliqué comment ça se passe en Nouvelle-Zélande. Il y a des districts maoris. Ça me fait penser au Maine, aux États-Unis, où il y a trois districts autochtones, qu’ils appellent des districts indiens. Un district est attribué à chaque tribu indienne, que nous appellerions Première Nation. Ces districts font l’objet de toutes sortes de restrictions, mais je n’entrerai pas dans ces détails.
D’un côté, le modèle maori est très impressionnant, mais, de l’autre, les Maoris sont un groupe ethnique essentiellement homogène. Ils ne sont pas répartis également dans le pays, mais ils le sont de telle sorte qu’on peut répondre à leurs besoins et que, de plus, ils ne font pas l’objet de restrictions constitutionnelles comme les nôtres. Ce n’est pas un État fédéral, de sorte qu’on peut créer des circonscriptions comme on veut. C’est pour cette raison qu’ils peuvent s’arranger avec sept districts.
Compte tenu de toutes ces réserves, que pensez-vous en général de trouver un moyen de fournir une représentation distincte aux Autochtones, en théorie, mais il faudrait penser à modifier la Constitution, ou peut-être en pratique?
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie tous d'être présents aujourd'hui. Je suis heureux d'être parmi vous. C'est la première fois que je viens à Yellowknife.
Je ne vais pas revenir sur ce qu'il va advenir des très grandes circonscriptions. Étant député d'une circonscription qui fait 11 kilomètres carrés, ce sujet dépasse un peu ma compréhension. Cela dit, je suis très heureux que vous vous présentiez ici avec des propositions à faire.
Le Comité a le mandat d'étudier un nouveau mode de scrutin, soit une nouvelle manière de faire en sorte que le vote des électeurs, une fois inséré dans une boîte, se traduise par l'élection de députés, donc par une représentation au Parlement. Vous avez aussi raison de dire que le système actuel crée des absurdités, des incohérences, et qu'il trahit la volonté des citoyens, dans la mesure où leurs choix ne sont pas représentés.
Il y a eu une très grande vague rouge dans les Maritimes et la région de l'Atlantique l'année dernière. Le Parti libéral — et c'est tant mieux pour M. DeCourcey et ses collègues — a obtenu 100 % des 32 sièges dans les Maritimes. Cela dit, je ne pense pas qu'ils aient obtenu 100 % des votes. Ils ont atteint 61 %, ce qui est très bon.
Il reste que 40 % des gens ont voté pour le Parti conservateur, le NPD et le Parti vert. Or ces 40 % ne sont pas représentés au Parlement. Leur voix n'y est pas entendue. C'est un peu la même chose sur l'île de Vancouver, où les néo-démocrates et Mme May occupent les sièges, mais où 20 % des gens ont voté pour le Parti libéral et 20 % ont voté pour le Parti conservateur. Or ces gens-là ne sont pas représentés au Parlement.
Par conséquent, je suis heureux que vous désiriez des solutions comportant une plus grande proportionnalité. Le rôle du Parlement est de refléter la société et la volonté des gens.
Madame Balakrishnan, vous avez abordé la question de la liste. Dans le cadre d'un système de scrutin proportionnel mixte, la question de la liste, qui est tout à fait légitime, se pose. Vous ne semblez pas favorable à une liste fermée, de façon à ce que les électeurs et électrices aient plus de contrôle et fassent leur propre choix. J'aimerais entendre l'avis de Mme Little et de M. Robinson à ce sujet.
Opteriez-vous pour une liste ouverte ou une liste fermée dans le cadre d'un scrutin proportionnel mixte?
Madame Little, la parole est à vous.
:
Merci, monsieur le président.
Avant de poser des questions, je veux moi aussi saluer le fait que nous sommes aujourd'hui dans les Territoires du Nord-Ouest. Sans vous raconter ma vie, je dois vous dire que c'est un petit rêve personnel que j'avais de venir au moins une fois dans ma vie dans les Territoires du Nord-Ouest. Nous ne pouvons pas passer 43 jours ici, mais nous pouvons au moins y passer quelques heures.
Je suis allé chercher un sandwich au supermarché tout à l'heure. J'ai marché dans les rues, où j'ai d'ailleurs croisé mon collègue du Bloc québécois. J'ai même dû lui rappeler l'heure! Je ne sais pas si c'est un adon, mais tous les gens que j'ai croisés dans la rue m'ont dit bonjour. Je ne sais pas si c'est une tradition locale de dire bonjour à tout le monde. Je ne pense pas que mon taux de notoriété ici soit très élevé, mais tout le monde me disait bonjour. C'est un élément dont je vais me souvenir, et cela va me faire plaisir de le dire à tous mes amis de Québec.
Parlons maintenant de ce pourquoi nous sommes ici aujourd'hui.
Tout à l'heure, votre ancien député, qui vous a représenté pendant près de 10 ans à la Chambre des communes, y est allé d'une proposition très audacieuse et qui mérite à tout le moins une réflexion. Je ne dis pas que je suis pour ou contre, mais ma curiosité a été extrêmement aiguisée.
Il a dit que si, dans un scrutin proportionnel, il y avait des députés pour compenser les distorsions du vote, il faudrait qu'il y ait des députés qui représentent le Nord. Je ne parle pas du Nord dans le sens de territoire, mais du Nord comme situation géographique, comme réalité humaine. Donc, il pourrait y avoir des représentants interterritoriaux et interprovinciaux, si on veut. Il n'y aurait pas de frontière dans les provinces ni dans les territoires, mais plutôt un élément global de la nordicité.
[Traduction]
J'aimerais recueillir vos commentaires sur cette question.
Tout d'abord, monsieur Robinson, la parole est à vous.
:
Bonjour à tous. Je vous remercie de votre présence aujourd'hui. Je suis très heureuse d'être ici.
Je viens d'une circonscription dans le nord de la Saskatchewan. De La Loche à Cumberland House, il faut compter 12 heures de route, et si je me rends jusqu'à l'extrême Nord, à partir de chez moi, il faut compter 20 heures, alors je m'identifie très bien à ce que vous dites.
Me voici ici à titre de députée. Je viens à Ottawa et j'entends mes collègues dire « Nous sommes Canadiens ». Or, dans les faits, je ne ressens pas cela, en tant que résidante du Nord, en raison des écarts et des exclusions et même en raison de la façon de discuter ici... Un citoyen canadien est un citoyen canadien. C'est ma perception de la chose et celle également des résidants du Nord. Alors je vous suis reconnaissante de me faire part de votre opinion pour valider ma réflexion et mon expérience même dans ma propre circonscription. Je vous en remercie et je vous en suis reconnaissante.
Je veux apporter des précisions au sujet du caucus du Nord. Il n'y en a pas. Nous avons établi un caucus autochtone et il s'agit d'une association. On y compte 10 députés, 7 libéraux, 1 indépendant et 2 membres du NPD. Nous essayons de nous réunir pour former ce caucus. Alors, nous nous en occupons de façon collective.
Pour les Autochtones que nous sommes, pour les résidants du Nord, pour ma circonscription, et je suis convaincue dans la circonscription de Nathan également, partout dans les Territoires du Nord-Ouest, le dialogue de nation à nation nous tient à coeur. Pour moi c'est être citoyenne canadienne comme les autres, que je puisse avoir accès aux services et aux programmes et à toutes les autres choses. Je suis vraiment intéressée à entendre, tout d'abord, comment nous validerons les 11 langues ici sur ce territoire et les autres territoires et dans le Moyen-Nord des provinces. La façon dont nous pourrions consacrer plus de temps sur cette question afin de veiller à mobiliser les résidants du Nord pique vraiment ma curiosité.
Y a-t-il d'autres suggestions?
:
Je remercie les témoins, ainsi que les membres de l'auditoire, d'assister à notre réunion.
Je tiens à remercier les trois organisations, le Conseil des Canadiens, Fair Vote Canada et Alternatives North pour le travail et les efforts qu'ils ont consacrés à leurs exposés. Ils étaient tous très détaillés. Notre comité a entendu divers experts et différents groupes de pression ou de défense des droits qui ont une opinion quant au système dont nous devrions recommander l'adoption. Beaucoup de gens sont également venus participer à ces réunions pour donner leur point de vue à titre personnel.
Un des experts que nous avons entendus, qui était en faveur de la représentation proportionnelle, a souligné que les consultations que nous avons menées n'ont pas incité les jeunes, les gens moins riches ou moins instruits que les autres, ou tout autre groupe marginalisé, à assister à un grand nombre de réunions. Cette personne nous a dit que ces dernières ont eu tendance à attirer un groupe particulier de gens qui s'intéressent de près à qui cette question et qui possèdent probablement des connaissances assez approfondies sur le sujet. J'ajouterais peut-être à sa liste des personnes que nous n'avons pas vues à ces réunions, celles qui s'intéressent simplement plus ou moins à la question. Il est probable qu'elles votent. Elles s'intéressent peut-être, de temps à autre, aux systèmes électoraux, mais sans être pour autant prêtes à renoncer à une journée de travail, à engager une gardienne d'enfants ou à renoncer à d'autres choses de leur vie quotidienne pour venir dire à notre comité ce qu'elles pensent.
Nous entendons le témoignage d'experts et de membres de l'auditoire très ferrés sur la question et on nous a demandé finalement de trouver un consensus, ce que ce groupe juge souhaitable. Il y aurait un véritable consensus si tout le monde était d'accord au Canada. C'est cela un consensus: tout le monde est d'accord. Il faudra probablement fixer la barre moins haut. Il n'est pas raisonnable de s'attendre à ce que des millions de gens soient tous d'accord sur une chose, mais la légitimité du résultat est extrêmement importante.
Madame Little, vous nous avez dit qu'il ne faut jamais sous-estimer l'intelligence des citoyens. Dans ce cas, pourquoi ne pas soumettre la recommandation finale du Comité à un vote direct, à tous les Canadiens, y compris ceux qui étaient trop occupés pour venir nous faire part de leur opinion, dans un micro, à l'occasion d'une séance publique?
:
Merci beaucoup d'être venus ici.
Je voudrais d'abord mentionner que nous sommes dans le territoire traditionnel du peuple déné. Mahsi cho.
Premièrement, je vous souhaite la bienvenue à Yellowknife. J'espère que vous avez pu constater vous-mêmes ce qui rend chaque territoire unique: sa population et sa terre.
La Fédération du travail des Territoires du Nord représente plus de 10 000 travailleurs des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut. Nous défendons les droits des travailleurs et nous consolidons et protégeons les institutions démocratiques de notre société, nous encourageons tous les citoyens à exercer leur droit de se faire entendre et nous faisons la promotion de la paix et des libertés dans le monde.
La population des trois territoires ne représente que 0,03 % de la population canadienne, mais les territoires forment 39 % de la superficie du Canada — 3,9 millions de kilomètres carrés — et possèdent les plus anciennes roches au monde, une abondance de ressources naturelles, certaines des conditions climatiques les plus rigoureuses, tant naturelles que causées par l'homme, et les gens les plus braves, les plus résistants, les plus gentils du nord du Canada, et les mieux renseignés sur le nord du Canada.
Souvent, on nous oublie et on nous ignore et les gens du sud nous disent quelle est la nature de nos problèmes et comment nous devrions les résoudre.
Il y a encore, un peu partout au Canada, un grand nombre de collectivités isolées qui n'ont pas accès à un service Internet à large bande fiable, qui ont souvent des déficits d'infrastructure qui créent des barrières pour les collectivités du Nord, surtout au Nunavut et dans les Territoires du Nord-Ouest.
Il est temps de laisser de côté les discours et les intérêts politiques et d'agir dans l'intérêt des Canadiens en adoptant un système électoral qui représente la diversité de la population canadienne.
Pour ce qui est du scrutin uninominal majoritaire à un tour, le problème est qu'il s'agit d'un système électoral dont nous avons hérité des Britanniques, avant la Confédération, à une époque où la politique et la société étaient très différentes de ce qu'elles sont aujourd'hui. Le scrutin uninominal majoritaire à un tour a malheureusement pour effet de pervertir les résultats électoraux et de créer des fausses majorités. Souvent, les électeurs votent contre quelque chose au lieu de voter pour ce qu'ils souhaitent. Cela suscite ou augmente les tensions régionales: nous nous dressons les uns contre les autres et c'est la loi du plus fort. Cela crée des obstacles pour l'élection des femmes et des minorités. Cela crée un environnement dans lequel les partis se battent entre eux au lieu de se battre pour les Canadiens.
Comme vous le savez tous, mais ceux qui nous écoutent ne le savent peut-être pas, aux dernières élections, en 2015, neuf millions de votes ont été gaspillés. Ils n'ont pas servi à élire un député. En juin 2016, le Comité sur la réforme électorale a été constitué pour consulter les Canadiens. Il doit présenter son rapport au Parlement d'ici le 1er décembre. Il a promis de présenter, d'ici avril 2017, le plan législatif de la réforme électorale et Élections Canada aura jusqu'en juin 2017 pour préparer un référendum, si besoin est.
Les trois principes de notre fédération au sujet de la réforme électorale sont qu'aucun parti ne devrait pouvoir emporter la majorité des sièges sans avoir obtenu la majorité des suffrages; que toute réforme devrait faire en sorte que le nombre de sièges attribués à un parti soit proportionnel au nombre de suffrages obtenus; et que la réforme devrait tenir compte de l'importance de la représentation locale, ce qui est surtout vrai et important pour le Nord.
La représentation proportionnelle n'est pas compliquée. C'est une simple question de justice. Disons simplement que 51 % des voix vous donnent droit à 51 % des sièges. Nous estimons que la RP aide à remédier au sentiment d'aliénation et au mécontentement des électeurs en ce sens que les votes comptent, qu'il y a plus de choix, que la participation des électeurs augmente comme on l'a constaté dans les pays qui utilisent actuellement ce système. D'autre part, si l'expression « chaque vote compte », qui ne veut pas dire grand-chose actuellement, prend vraiment tout son sens, cela peut améliorer la satisfaction à l'égard du mode de scrutin et l'attitude des gens vis-à-vis de la politique. Cela aide à combler l'écart entre riches et pauvres et à élire davantage de gens parmi les groupes sous-représentés grâce à l'équilibre que la RP assure en fixant le nombre de sièges en fonction du pourcentage de suffrages.
En favorisant la coopération et le dialogue et en comptant davantage de voix, la RP apportera à la Chambre des communes l'équilibre dont elle a besoin, ce qui devrait amener les partis à travailler ensemble pour parvenir à un consensus au lieu de se battre.
Nous appuyons deux modèles possibles de RP. À notre avis, la représentation proportionnelle mixte est, pour le Canada, le moyen le plus simple de changer les choses. Néanmoins, la simplicité n'est pas la principale raison. Cela donne une représentation assez équilibrée à la Chambre, ce que nous recherchons, et nous voulons un juste équilibre entre la représentation locale et celle des partis. Un parti conserve la possibilité de former un gouvernement majoritaire avec la représentation proportionnelle; néanmoins, c'est seulement s'il obtient la majorité des voix — c'est juste et proportionnel.
Le vote unique transférable n'est pas le moyen le plus simple pour le Canada d'avancer, mais ce système apporte le même niveau de représentation proportionnelle que le scrutin mixte. Cela pourrait entraîner des changements dans les circonscriptions électorales du Nord et créer des tensions entre les régions, car chaque territoire a son identité propre et les gens du Nord ne veulent pas être représentés en tant que territoire homogène.
Pour conclure, notre fédération est en faveur d'un système électoral fondé sur la représentation proportionnelle pour que la Chambre des communes reflète la diversité de la population canadienne; un système qui empêche un parti de former un gouvernement majoritaire sans recevoir la majorité des suffrages; des listes des partis ouvertes appuyant la représentation proportionnelle; quelle que soit la taille de la circonscription, chaque candidat doit avoir la même possibilité de se faire inscrire sur la liste électorale de sa circonscription.
Nous ne sommes pas pour un système électoral qui rendra le vote obligatoire, car ce n'est pas démocratique. Même si nous désapprouvons les gens qui ne votent pas, un pays qui valorise les droits et libertés doit respecter ce principe dans toutes ses lois et laisser chaque Canadien libre de voter ou non. Nous n'appuierons pas un système électoral utilisant le vote en ligne tant que nous n'aurons pas une technologie, un site Web fiable, exploitable, garantissant, hors de tout doute, aux électeurs que le processus démocratique se déroulera sous sa forme la plus pure. Nous n'appuierons pas un système électoral qui ne garantira pas que tous les Canadiens qui ont le droit de voter, surtout ceux des régions et des collectivités éloignées, auront accès à l'infrastructure Internet fiable nécessaire pour voter dans leur collectivité et non pas en dehors et que tous les Canadiens pourront comprendre facilement sur quoi ils votent.
Merci.
:
Je voudrais d'abord remercier tout le Comité d'être venu dans le Nord. Je sais que vous avez sillonné tout le nord et l'ouest du pays, mais il est vraiment agréable de pouvoir vous parler ici, en personne, au lieu de le faire seulement à distance, en vous envoyant des mémoires par écrit.
Tout d'abord, pour nous situer un peu, OpenNWT est une organisation de la société civile sans but lucratif mise sur pied pour promouvoir l'ouverture et la transparence du gouvernement dans le Nord. Nous nous sommes surtout intéressés aux moyens numériques d'accroître l'accès à l'information gouvernementale. Par exemple, nous avons une version territoriale de openparliament.ca. Nous avons conçu quelques systèmes pour favoriser l'accès à l'information financière du gouvernement et rechercher des renseignements électoraux, toute une série de systèmes de ce genre qui sont disponibles gratuitement sur la toile.
Pour ce qui est de moi-même, j'ai déjà présenté ma candidature aux élections territoriales et j'ai donc également une certaine expérience sur ce plan-là. Certaines des choses dont je voudrais parler aujourd'hui se rapportent aux questions que le Comité a soulevées.
Premièrement, l'amélioration du processus électoral au Canada est un sujet très important et les réformes doivent tenir compte de l'opinion de tous les Canadiens, et pas seulement de ceux qui viennent assister à la réunion d'un comité permanent. Il s'agit probablement d'un nombre limité de personnes. Il n'y a pas tellement de gens qui se sentent très à l'aise dans ce genre de situation.
Par le passé, il y a eu, par exemple, des changements concernant l'identité des électeurs et un certain nombre de choses qui ont fini par priver des Canadiens du droit de vote. Bien entendu, ce n'était pas leur but, mais si vous prenez les régions du Canada qui sont éloignées, les problèmes n'y sont probablement pas les mêmes que dans un grand nombre d'autres régions.
Lorsque nous parlons d'apporter des réformes, nous avons trop souvent tendance à jeter le bébé avec l'eau du bain. Nous cherchons comment démanteler le système. Comment faire les choses de façon entièrement différente plutôt que de chercher les améliorations graduelles, les ajustements et autres améliorations que nous pouvons apporter au système. Ce que nous avons fait présente certainement des avantages et il y a un certain nombre de choses que nous pourrions faire, mais je crois important de tenir compte de tout cela.
Par ailleurs, nous constatons souvent, lorsque nous parlons à des gens du sud, qu'ils ont tendance à considérer le Nord comme une entité s'étendant d'est en ouest et qu'il y a nombreux liens d'un bout à l'autre du Nord. En réalité, les territoires du Nord ont généralement des liens plus forts avec le sud. C'est surtout pour une question de logistique, de coût, de choses de ce genre. Même sur le plan culturel, les territoires ont tendance à avoir beaucoup de liens et de similarités avec les provinces au sud. Il y a davantage de vols directs, par exemple.
On a mentionné, plus tôt, qu'il coûte très cher, dans le Nord, de voyager en avion d'est en ouest. Souvent, il coûte moins cher de se rendre à Ottawa que d'aller en avion jusqu'au Nunavut. Jusqu'à récemment, il n'y avait pas de vols directs pour le Yukon. Une ligne a été établie l'année dernière, ce qui est une excellente chose, mais ces liens n'existent pas toujours. Lorsque nous parlons de la représentation du Nord, il y a vraiment une différence sur le plan de la culture et des gens qui doivent assurer cette représentation.
J'aurais plusieurs questions générales à aborder. L'une d'elles est la modernisation du processus électoral. Le Comité a, je le sais, entendu d'autres témoins dire qu'il y a beaucoup à faire pour moderniser la façon dont les élections se déroulent: l'envoi de la carte électorale par la poste, la liste des candidats normalisée quand vous allez voter. Toutes ces choses posent des problèmes du point de vue logistique. C'est complexe. Dans le Nord, vous pouvez même avoir de la difficulté à trouver du personnel pour tenir les élections.
L'année dernière, il y a eu un certain nombre d'élections. Nous en avons eu trois en l'espace de deux mois. Pour chacune d'elles, on a eu de la difficulté à recruter du personnel. Il est difficile de régler toutes ces questions en même temps et il y a de nombreuses façons dont la technologie peut servir à améliorer les choses. De toute évidence, la loi est désuète compte tenu de son origine.
En ce qui concerne la modernisation des élections, il a été beaucoup question du vote en ligne et je sais que le Comité l'a envisagé. Une des questions qu'il faut se poser à ce sujet est quel problème cela permet-il de résoudre. Il vaut la peine d'examiner cette possibilité, car elle présente certainement des avantages. Encore une fois, cela aiderait à moderniser les scrutins. Comme vous l'avez déjà entendu dire dans le Nord, la connectivité pose un sérieux problème. Même Yellowknife n'a qu'une seule connexion avec le sud. Dans le Nord, nous avons des collectivités entières qui ont l'équivalent d'un modem câble lent pour 1 000 personnes.
Il y a un certain nombre d'obstacles de ce genre qui créent des problèmes. En fait, nos collectivités les plus petites sont probablement celles du Nord où le taux de participation aux élections est le plus élevé. Les gens de ces petites localités semblent avoir un grand sens du devoir civique, ce qui est fantastique, et ils l'ont souvent plus que dans les grandes villes, même au Canada, où il y a parfois un manque de participation aux élections.
Un des problèmes, au Canada, ce n'est pas qu'il est trop difficile de voter. C'est assez facile d'aller voter le jour du scrutin. Il y a des bureaux de scrutin à chaque coin de rue. Il y a des dizaines de groupes qui vous signalent que les élections ont lieu demain ou qu'elles ont lieu aujourd'hui. On peut vous emmener voter en voiture; vous pouvez obtenir toutes sortes de choses. Si vous voulez voter de bonne heure, si vous voulez le faire plus tard, il y a toutes sortes de possibilités. Si elles sont offertes, ce n'est pas seulement pour une question de commodité, mais pour améliorer le processus électoral.
Une question connexe est celle du vote obligatoire. C'est un concept intéressant. Je crois que beaucoup de gens ont du mal à accepter cette idée, car cela semble les forcer à faire quelque chose.
En principe, je ne suis pas contre l'idée du vote obligatoire, mais il faut que le système permette aux gens de ne pas voter. Si vous allez aux urnes, cela ne veut pas dire que vous devez voter pour un candidat inscrit sur le bulletin. Nous devrions sans doute avoir cette possibilité, de toute façon. Je sais que dans un certain nombre de provinces canadiennes, les électeurs ont déjà la possibilité de déposer un bulletin blanc et c'est un message important qu'il faut pouvoir envoyer.
En même temps, nous devons souligner l'importance des élections et leur caractère festif. J'en parlerai un peu plus, mais nous oublions trop souvent de célébrer l'importance d'aller voter. Ce n'est pas qu'il soit nécessaire de festoyer à cette occasion. Ceux qui participent au scrutin de très près le font, mais il faut trouver un moyen d'amener le reste de la population à comprendre qu'il s'agit d'une occasion importante. Nous devons nous réjouir d'aller voter pour élire le gouvernement. Si cela entraîne un changement radical et des changements mineurs, c'est important et chaque personne qui va voter y contribue. Tout le monde peut compter.
Dans de nombreux pays, le vote obligatoire donne lieu à un jour férié. Cela devient une célébration collective et c'est une chose qu'il vaudrait la peine d'envisager, peut-être pas isolément, mais avec un certain nombre d'autres éléments. Cela aurait peut-être une certaine validité. Plus nous pourrons montrer aux Canadiens que chaque vote influe sur le système, même avec le système actuel, mieux cela vaudra. Même si vous êtes dans une circonscription où 80 000 personnes votent, cela ne veut pas dire que quelques votes n'auront pas un effet décisif sur le résultat des élections. Le phénomène est un peu amplifié dans le Nord où nous avons des élections territoriales. Au cours des dernières élections, la marge a été de trois votes dans certaines circonscriptions. C'est à une échelle quelque peu différente, mais c'est quand même sidérant; les gens ne comprennent pas toujours que leur vote compte. Quand vous voyez ce genre de chiffres, comment contacter tout le monde pour le faire savoir? Si ce n'est pas possible, nous devons trouver d'autres moyens de le faire.
La question fondamentale… une bonne partie des discussions d'aujourd'hui portait sur le pouvoir individuel des députés et de l'équilibre des pouvoirs entre les partis. J'ai entendu le premier groupe qui a beaucoup parlé de donner des pouvoirs aux députés et aux gouvernements minoritaires, et du fait que la RP favorise les petits partis et amène davantage les députés à travailler ensemble. Je crois que c'est important, mais pourquoi ne pas chercher des moyens de donner plus de pouvoirs aux députés à compter d'aujourd'hui? Je sais qu'on a cherché à le faire sous l'ancien gouvernement. Le projet de loi de prévoyait quelques mesures.
Au cours des dernières années, le pouvoir a été centralisé dans les partis; il a été centralisé au Bureau du premier ministre et un certain nombre d'autres facteurs ont créé un environnement dans lequel les députés n'ont peut-être pas le sentiment d'avoir de l'influence. Plus nous pouvons augmenter les pouvoirs des députés, mieux c'est. Je ne pense pas que l'adoption de la RP et l'élection des petits partis régleront forcément le problème, mais plus nous pourrons renforcer les pouvoirs des députés, plus nous renforcerons le Parlement, ce qui est la chose la plus importante à faire.
Les listes des partis — je sais qu'on a discuté d'autres modèles — ne renforcent pas forcément la responsabilisation. Si les gens votent pour un parti et reçoivent un représentant qu'ils ne connaissent pas et pour qui ils n'ont pas voté, je ne pense pas que cela va forcément les avantager. Les comptes qu'un député a à rendre à ses électeurs sont un principe solidement enraciné dans notre système. Je pense que nous devrions trouver un moyen de préserver ce principe.
Pour ce qui est des modes de scrutin, on a bien sûr proposé un certain nombre de systèmes et de changements. Je pense qu'un des principes les plus importants, et que d'autres ont mentionnés, est que dans le Nord, il ne faut surtout pas enlever les pouvoirs du député d'un territoire ou d'une province, bien que cela ne pose pas particulièrement de problèmes dans les provinces. Nous n'avons qu'un député et qu'un sénateur par territoire. Il est bien d'avoir cette représentation, mais il est important de n'apporter aucun changement qui nous l'enlèverait. Le rééquilibrage doit préserver la possibilité pour les territoires d'avoir au moins une voix au Parlement pour les représenter.
Nous sommes dans une situation constitutionnelle unique dans les territoires, mais il est important que nous ayons une représentation unique. Je sais que certains modèles de RP nous l'enlèveraient ou l'aboliraient et je ne pense pas que ce soit acceptable pour le Nord. Ce n'est tout simplement pas juste ou équitable pour les Canadiens.
Le nord offre déjà un paysage merveilleux. Un seul député de l'un ou l'autre des territoires ne pourrait jamais réussir à visiter toutes les collectivités en une seule journée et aurait même de la difficulté à le faire en une semaine sans noliser un avion. Je ne voudrais pas les voir faire cela ou devoir couvrir un territoire plus vaste.
:
Je tiens à remercier nos deux témoins d'être venus ce soir. Je remercie l'auditoire d'être venu. C'est fantastique d'être ici. C'est la première fois que je viens dans les Territoires du Nord-Ouest.
Ma première question s'adresse à M. Lambrecht.
Veillez pardonner ma franchise, je suis connue pour être directe, mes collègues vous le diront.
D'autres témoins nous l'ont dit et vous-même venez de le souligner, soit que, lors du dernier scrutin, neuf millions de suffrages n'ont compté pour rien. Nous avons entendu un autre témoin dire que, en fait, le chiffre est beaucoup plus élevé, parce que, en fin de compte, la médiane, le nombre de votes nécessaires pour gagner, c'est un de plus que le nombre obtenu par celui qui est arrivé en deuxième place. Avec tous les gens qui ont voté, l'excédent de votes, selon votre théorie, serait également considéré comme gâté, si je vous comprends bien.
Vous avez également indiqué que vous n'êtes pas favorable au vote obligatoire. Si nous avions eu un taux de participation de 68 % lors du dernier scrutin, est-ce que vous estimeriez qu'il est juste de dire que le suffrage de ceux qui ne sont pas allés voter a été gâté? Alors, pourquoi être contre le vote obligatoire? Je vous lance simplement la question.
Lorsque mon parti a dû choisir un chef intérimaire pour remplacer Stephen Harper, la majorité des candidats a été des femmes, et notamment celle qui a gagné, Rona Ambrose. Je suis prêt à vous faire part du système électoral que nous avons utilisé. Nous pourrions simplement l'utiliser.
Je crois qu'il faut faire un peu attention, quand on fait des hypothèses élémentaires voulant qu'un système ou un autre produiront des résultats substantiellement meilleurs relativement à l'inclusion, que ce soit la parité des sexes ou toute autre forme de parité. Je ne dis pas que ça n'a pas d'importance, mais je pense vraiment que si nous sommes vraiment sérieux à ce sujet, nous devons porter plus d'attention à d'autres problèmes.
Mme Sahota, qui siège avec moi à un autre comité, qui se penche sur ces mêmes enjeux, je pense qu'elle peut confirmer qu'il y a d'autres obstacles très significatifs qui existent. Je ne dis pas cela parce que je ne crois pas que nous devrions examiner d'autres systèmes. Je veux simplement dire que ce ne sera pas la panacée, peu importe le système que nous retenons.
Monsieur Wasylciw, vous avez parlé de la possibilité d'indiquer qu'aucun candidat n'obtenait votre suffrage et la manière de traiter cela dans le cas d'un vote obligatoire. Je crois que c'est vous qui avez fait cette observation, n'est-ce pas?
:
C'était vous. D'accord.
Je suis d'accord avec vous. J’ai déjà vécu en Australie, où ils ont le vote obligatoire. Bien sûr, ils n’obtiennent pas vraiment une participation totale, peu importe la mythologie, et ils n’appliquent pas non plus les amendes, sauf contre ce gars qui fait des manières pour montrer qu’il… Vous devriez voir ce gars, pour la simple raison qu’il y a toutes ces personnes qui sont les déshérités de la société et qui ne votent pas. Il y a la population indigène de l’Australie, les sans-abri, les personnes qui ne maîtrisent pas la langue anglaise, les personnes handicapées. Peu importe la loi, je crois qu’ils reconnaissent qu’il y a quelque chose de profondément pervers au fait de condamner à une amende ces personnes parce qu’elles ne participent pas au vote. Je suis donc d’accord avec vous.
L’autre chose à ce sujet, c’est que je pense que de rester à la maison et ne pas aller voter parce qu’on n’aime tout simplement pas aucun des candidats ni des partis représente en fait une expression légitime. La nature de l’élection ne les motive peut-être pas. Voilà des éléments légitimes qui pourraient être dissimulés si vous étiez forcés de voter. Il est peut-être mieux d’inclure l’option « aucune de ces propositions », une case que vous pourriez cocher. Je crois que ce serait en fait superbe. Je ne voudrais pas faire cela et avoir également le vote obligatoire, mais ça ne me ferait rien de l’avoir comme une façon de permettre aux électeurs mécontents d’exprimer leur point de vue.
C’était là mon éditorial. Maintenant, je veux vraiment vous poser une question.
Je crois moi aussi qu’il y a d’importants obstacles au suffrage des électeurs, qui n’ont pas de lien avec le système électoral. Vous avez fait allusion à quelque chose qui pourrait être utile, quand vous avez parlé des gens qui sont analphabètes. Plusieurs langues autochtones au Canada, et l’inuktitut en est une, n’utilisent pas les caractères romains. Cela amène la question de savoir si quelqu’un ne peut pas être alphabétisé mais non dans l’une des langues officielles, et, par conséquent, n’est pas en mesure de lire un bulletin de vote écrit dans notre alphabet, pas plus que je ne serais capable de lire un bulletin de vote écrit dans son alphabet. Est-ce que c’est un problème ou est-ce que je prends simplement une mauvaise tangente?
Vous voyez où je veux en venir. Si un territoire a une langue officielle qui utilise le syllabique, devrions-nous avoir des bulletins de vote imprimés dans plus d’un alphabet?
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie nos invités d'être ici avec nous.
Je suis très heureux de venir à Yellowknife. C'est la première fois pour moi aussi, et j'espère que ce ne sera pas la dernière. Je suis un gars du Sud et je viens d'une grande ville. Je suis député de Montréal, et ma circonscription est beaucoup plus petite que votre territoire.
Monsieur Lambrecht, je suis content de rencontrer le président de la Fédération du travail des Territoires du Nord et de pouvoir lui poser des questions. Je suis aussi un syndicaliste. Avant d'être élu député, j'étais conseiller syndical au Syndicat canadien de la fonction publique. Je suis en congé sans solde en ce moment.
Je suis heureux de votre position en faveur d'un mode de scrutin proportionnel que vous avez évoquée. En fait, il n'y a pas de mode de scrutin parfait, mais cela répond à certaines valeurs ou à certains principes. Pour certaines personnes, une élection sert d'abord et avant tout à élire un gouvernement fort qui sera capable d'appliquer son programme. À cet égard, le système actuel, first past the post, le scrutin majoritaire uninominal à un tour, fait très bien l'affaire.
D'autres gens pensent qu'une élection doit servir à représenter et à refléter la volonté, les choix et les voix des citoyens et des citoyennes au Parlement. Dans cette optique, le système à finalité proportionnelle donne de bien meilleurs résultats, parce qu'on n'a pas les distorsions ou les fausses majorités créées par le scrutin majoritaire uninominal à un tour.
Vous avez évoqué votre préférence et celle de votre organisation. Pourriez-vous donner plus de détails sur le type de mode de scrutin proportionnel mixte avec un vote unique transférable, avec des listes ouvertes, avec des listes fermées? Comment voyez-vous l'application d'un mode de scrutin proportionnel dans la fédération canadienne?
:
Je remercie les témoins. Je veux souligner que nous sommes sur les territoires traditionnels des Dénés et des Plats-Côtés-de-Chien et de bien d’autres premières nations.
Mahsi cho pour votre accueil à Yellowknife.
Je veux explorer certaines choses que nos deux témoins ont soulevées. Sans vouloir généraliser, je crois que M. Lambrecht est beaucoup plus prêt que M. Wasylciw à dire qu’un nouveau mode de scrutin transformera la culture politique. Je vous ai vus tous les deux de part et d’autre de ce clivage.
Je vais émettre une observation et j’aimerais ensuite vous entendre à ce sujet. Je penche plus du côté de M. Lambrecht pour la seule raison que la politicienne que j’ai été pendant 10 ans n’a jamais pensé qu’un des problèmes du scrutin uninominal majoritaire était lié au fait qu’il récompense la politique assassine qui fait passer un mauvais quart d’heure et punit la coopération.
Je ne crois pas que le scrutin uninominal majoritaire ait réduit à lui seul la part de collaboration et de coopération autrefois présente en politique, parce que j’ai travaillé au bureau du ministre de l’Environnement au gouvernement du Canada au milieu des années quatre-vingt. Ce mode de scrutin était en place à cette époque-là, mais la collaboration était beaucoup plus intense.
La tendance à mener des campagnes interminables fut la première des choses qui ont amené le scrutin uninominal majoritaire à récompenser la partisanerie. Les élections sont terminées, mais on garde les conseillers influents pour qu’ils puissent recevoir quelque part une formation en relations humaines et essayer de redevenir des êtres humains à part entière. Ils continuent en fait d’oeuvrer à détruire toute intention de bonne volonté. Le phénomène est très bien expliqué dans le livre de Susan Delacourt, intitulé Shopping for Votes: How Politicians Choose Us and We Choose Them, cette notion de ciblage, de sectorisation… Si vous savez que tout ce qu’il vous faut, c’est 35 % des suffrages à l’échelle du pays et le vote de la base de votre parti, alors ce que vous voulez trouver, c’est la question qui divisera la population, ou ce qu’on appelle maintenant la politique du jeu de mots.
Je dis à madame Romanado, en toute amitié, que l’on ne peut appliquer à tous l’expérience vécue par une seule personne. J’ai passé beaucoup de temps au téléphone à tenter de convaincre des femmes à se porter candidate, et l’une des raisons pour lesquelles elles refusent de le faire, c’est l’atmosphère toxique qui semble régner en politique.
Voilà mes observations. Je demanderais à nos témoins si cela influence leurs réflexions sur l’impact, ou non, de notre mode de scrutin sur notre culture politique.
:
Savez-vous quoi? Moi qui suis jeune — et j'ai probablement l'air beaucoup plus jeune que je le suis; pour que cela soit consigné, j'ai 31 ans, mais tout le monde pense que je suis dans la jeune vingtaine — personnellement, je suis dégoûté par la politique, l'ambiance, en quoi la politique consiste. La politique est plus antagoniste. Il s'agit de battre les autres. Il s'agit de faire mal paraître les gens, alors que l'on ne m'a pas élevé à croire cela ni à traiter les gens ainsi.
Les expériences d'intimidation que j'ai vécues aux États-Unis ont été terribles. C'est une des raisons pour lesquelles je suis revenu vivre ici, parce que j'ai grandi ici, parce que l'on n'y trouve pas cette ambiance, parce que les gens du Nord et au Canada n'ont tout simplement pas l'air si superficiels ni si vaniteux. La politique est presque devenue pur spectacle: comment pouvons-nous faire en sorte que l'autre candidat paraisse le plus mal possible afin d'amener les gens à se méfier de lui; comment pouvons-nous faire pour que les gens évacuent de leurs pensées l'idée que cette personne puisse être digne de confiance?
La quantité de psychologie négative qui est utilisée dans les campagnes et qui est une influence subtile de la politique américaine est absolument dégoûtante. Les psychologues et les médecins qui travaillent à l'autre bout du spectre, pour tromper, pour manipuler, et pour modifier les opinions des gens, utilisent des tactiques psychologiques. Je n'entrerai pas dans les détails à ce sujet, mais c'est dégoûtant. Est-ce le genre d'exemple que nous voulons donner à nos jeunes?
Lorsque l'on regarde les États-Unis, et lorsque l'on regarde les campagnes négatives contre Trump, ils viennent dire: « Voulons-nous que cette personne inspire nos enfants? » En tant que députés élus, toutefois, vous avez décidé de mener votre campagne, et si vous menez une campagne négative contre d'autres candidats, est-ce ainsi que vous voulez que vos enfants et les jeunes d'aujourd'hui mènent leurs campagnes? Ou voulez-vous promouvoir une culture de travail concerté et de collaboration qui est fondée sur les principes, les fondations de certaines des toutes premières personnes qui ont foulé le sol de ce territoire que nous appelons le Canada. S'ils ont survécu si longtemps dans des régions si reculées et si inhospitalières, c'est parce qu'ils ont travaillé ensemble, pour dire les choses simplement.
:
Merci, monsieur le président.
J'ai toujours pensé que nous devrions avoir une représentation proportionnelle, même avant d'entrer en politique. Je n'ai même pas adhéré à un parti politique avant d'avoir 52 ans. J'étais engagée relativement à différents enjeux, mais je ne faisais pas de politique partisane, et j'ai vraiment été surprise après être entrée en politique partisane de me rendre compte que, si vous deviez dire tout haut quelque chose comme ,« Oh, je pense que cet autre parti a une bonne idée », cela serait interprété comme quelque chose qui devrait vous valoir d'être puni parce qu'à l'évidence, vous ne savez pas comment jouer le jeu. Les médias détestent lorsque les gens veulent collaborer, mais les électeurs adorent cela. Un système de scrutin qui vous laisse dire...
Une des raisons pour lesquelles le scrutin uninominal majoritaire à un tour punit cela, c'est que, si vous êtes membres des partis qui sont proches les uns des autres sur l'échiquier politique... Si vous étiez un réformiste lorsque le Parti de la réforme s'est scindé des progressistes-conservateurs, vous ne voudriez vraiment pas accorder de mérite au Parti de la réforme pour quoi que ce soit parce que votre base risquerait de vous abandonner pour voter stratégiquement pour les progressistes-conservateurs. Dans le même ordre d'idées, je trouve qu'il y a beaucoup de compétition, ce que je n'aime vraiment pas, entre les partis comme les verts et le NPD, concernant, eh bien, si c'est ce parti-ci, vous allez perdre votre vote parce qu'ils vont voter stratégiquement. Si vous saviez que cela ne jouerait pas, et peut-être que je suis naïve, je pense que cela influerait sur le discours, qui deviendrait beaucoup plus civilisé.
:
Monsieur le président, malgré les libertés prises par mes collègues autour de cette table, je peux vous assurer que je continuerai de servir d'excellent exemple de la façon dont une personne peut respecter les limites du temps qui lui est alloué ici.
Je blague. C'est la fin d'une longue semaine.
Je ne suis pas si cynique au sujet de notre capacité à surmonter la toxicité dans laquelle les gens trouvent que la politique a sombré. J'ai le sentiment d'être sorti d'une campagne positive, et Mme May sait tout le respect que j'ai pour le candidat du Parti vert qui a fait campagne contre moi dans la circonscription de Fredericton. Nous avons eu de vigoureux débats tout au long de la campagne, mais nous partageons un respect mutuel l'un pour l'autre. Je pense que c'est tout autant une question de volonté politique et le style de leadership que vous adoptez comme politicien, comme groupe de politiciens, qui peut jouer un rôle important pour aider les gens à se défaire des sentiments qu'ils éprouvent en général à l'heure actuelle à l'égard de la politique.
Je pense que cela explique tout autant une part du désengagement et la raison pour laquelle les gens ne sortent pas pour voter. Ce n'est pas toujours parce qu'ils pensent que leur vote ne comptera pas. C'est parce qu'ils pensent que cela est sans importance parce que leur vote ne changera rien de toute façon, parce que la politique et les politiciens sont tous pareils. Je pense qu'il y a eu une certaine confusion de ces deux arguments tout au long des témoignages au cours des derniers mois. Je ne dis pas qu'il n'y a pas des gens qui pensent que leur vote ne compte pas. Je pense que c'est un argument valable, mais je pense que l'on confond les deux choses de temps à autre.
Monsieur Lambrecht, lorsque vous avez livré votre témoignage, j'étais à l'arrière de la salle, mais, simplement pour clarifier, ce n'est pas le comité qui présentera un projet de loi en avril. C'est le gouvernement qui a l'intention de présenter son projet de loi. Vous avez raison. Nous avons jusqu'au 1er décembre, et c'était peut-être une erreur, mais je vous ai entendu dire « comité ». Alors, je voulais simplement m'assurer que cela était clair sur l'enregistrement.
Lorsque vous parliez de changements graduels, j'ai d'abord pensé au scrutin préférentiel, puis vous avez commencé à parler de défis au plan de l'alphabétisation en rapport avec la façon dont les gens comprendraient comment remplir leur bulletin de vote, et je me demandais s'il s'agissait d'un défi au plan de l'alphabétisation ou au plan de la compréhension. D'une manière ou d'une autre, c'est un défi en matière d'éducation. J'ai alors pensé que cela amènerait logiquement à penser, de même, aux défis inhérents à un VUT, un vote unique transférable. Selon vous, les autres formes de scrutin qui seraient susceptibles de faire l'objet de recommandations de réforme électorale pourraient-ils poser d'autres défis liés à l'alphabétisation ou à l'éducation?
:
Messieurs, c'est un vrai plaisir pour moi de vous parler et de vous écouter. Je suis du Québec, et j'apprécie énormément d'être ici. Ce sera mon dernier commentaire cette semaine. J'apprécie énormément travailler avec vous tous. Nous avons eu beaucoup de plaisir, et beaucoup de sérieux aussi.
Sherry, pour que ce soit consigné au dossier, j'apprécie vraiment ce que vous avez dit il y a quelques minutes.
Messieurs, je pense que nous reconnaissons tous que le système actuel est tout sauf parfait et qu'il y a beaucoup de distorsion. Nous reconnaissons également qu'il n'existe aucun système parfait. Si nous remplaçons un mauvais système par un autre système qui n'est pas si bon, c'est un vrai problème. La question qui se pose est celle de savoir si nous sommes prêts à prendre ce risque, et qui sommes-nous pour décider?
Alexandre — je vais vous appeler par votre prénom — lorsque vous avez parlé de tout le monde qui avait témoigné devant notre comité, les gens instruits à nos réunions, vous avez dit qu'ils représentaient une très petite minorité et un très petit segment de la population, mais ils ne représentent pas le Canadien moyen qui essaye seulement d'arriver.
Ne pensez-vous pas que la meilleure façon de savoir exactement ce que pense le Canadien moyen consiste à le demander au Canadien moyen? La meilleure façon de connaître les sentiments et l'humeur des Canadiens consiste à tenir un référendum, comme nous en avons eu dans trois provinces, comme nous l'avons vu en Nouvelle-Zélande, où deux référendums ont été tenus au préalable, puis un autre après que le nouveau système a été mis en oeuvre, et comme l'a suggéré le président d'Élections Canada, qui disait il y a quelques jours que, si nous ne parvenons pas à recueillir 75 % d'appuis à la Chambre des communes, nous devrions tenir un référendum. Quelle est votre position à ce sujet?
:
En un mot: écoutez les gens. Respectez le fait que certaines personnes dans le Nord ont vécu ici toute leur vie. J'adore les émissions de téléréalité, et
Survivor en constitue un excellent exemple. C'est génial. Parachutez quelques personnes dans un endroit tropical, puis regardez-les survivre.
Si vous voulez avoir un vrai survivant, parachutez ces personnes quelque part au Nunavut et voyez comment elles survivent. Vous pourriez m'emmener au milieu des Territoires du Nord-Ouest, et, grâce aux connaissances que j'ai acquises en fréquentant l'école dans le Nord, en ayant des amis autochtones et en séjournant dans des camps autochtones quand j'étais plus jeune, je pourrais me débrouiller assez bien dans la nature dans les Territoires du Nord-Ouest. Le Nunavut est une tout autre histoire. La façon dont vous survivez là-haut est complètement différente.
Asseyez-vous et écoutez les gens sans parti pris, sans porter de jugements, sans aucune idée préconçue. Jetez tout dehors et écoutez tout simplement ce qu'ils ont à dire. Établissez un contact avec eux au plus profond niveau possible, et reconnaissez qu'ils vivent dans le Nord parce qu'ils aiment le Nord, si désolé et isolé soit-il.
Si nous devons être représentés démocratiquement, nous voulons avoir la même voix que le reste du Canada. Même si nous avons peut-être un député et l'on dirait que nous avons une grosse voix, ce n'est vraiment pas le cas. Nous sommes enterrés par les autres provinces. On parle de 40 000 personnes dans les Territoires du Nord-Ouest avec un député au Parlement, puis on a une plus grande circonscription — je ne pense à aucune circonscription précise — qui compte peut-être une population de 100 000 personnes représentées par un député. Est-ce que cela signifie que les Territoires du Nord-Ouest, le Nunavut et le Yukon devraient avoir 0,3 % d'un député parce que nous avons seulement 50 % de la population d'une circonscription plus grande qui a droit à un député?
Si 100 000 personnes vivaient dans chaque territoire, avoir plus d'un député ne poserait aucun problème. La question est simple: pourquoi les gens ne veulent pas vivre dans le Nord? Il y a une foule d'opportunités ici, mais il faut avoir un certain tempérament pour vouloir vivre dans le Nord et contribuer aux collectivités dans le Nord. Dans les collectivités où nous vivons, que ce soit Yellowknife ou Behchoko ou Inuvik ou n'importe quelle autre collectivité dans les Territoires du Nord-Ouest, chaque personne a une raison de vivre dans cette collectivité. Si vous vous rendez au Nunavut et vous allez à Iqaluit, vous y trouverez une population diversifiée.
Pour ma part, quand je vois des gens dont je sais qu'ils ne sont pas Canadiens, cela ne les rend pas moins humains ou canadiens que moi. Cela m'amène seulement à me demander pourquoi. Qu'est-ce qu'il y a dans ce Grand Nord, à Iqaluit, qui les a fait venir d'aussi loin que la République dominicaine ou la Jamaïque? Pourquoi quelqu'un quitterait-il un endroit si magnifique et si chaud pour venir s'installer dans un endroit si sec, si froid et si désolé? C'est parce que l'on y trouve des opportunités. Les collectivités, l'environnement, les cultures là-haut sont sans pareil nulle part ailleurs au Canada.
:
Voilà qui conclut notre troisième séance d'audition de témoins.
Merci beaucoup aux témoins pour votre éloquence et vos observations judicieuses. Je dois dire que vous avez fait certaines observations qui traduisaient une réflexion profonde, et vous avez ajouté aux perspectives que nous acquérons au cours de ce voyage d'un bout à l'autre du Canada, alors, merci beaucoup.
Naturellement, vous êtes libres de rester avec nous pendant la séance publique à venir, au cours de laquelle nous entendrons sept citoyens de Yellowknife qui aimeraient discuter du thème de la réforme électorale.
Je vais simplement expliquer brièvement comment nous fonctionnons et comment nous avons fonctionné dans d'autres villes. Chaque individu a deux minutes pour faire sa déclaration au sujet de la réforme électorale. Nous avons deux microphones. Nous nous efforçons de faire en sorte que les deux microphones demeurent occupés. Autrement dit, pendant qu'une personne parle, l'autre personne est à l'autre micro, à préparer son intervention.
J'appelle au microphone numéro un Tasha Stephenson, et j'appellerais au microphone numéro deux le chef George Erasmus.
C'est un plaisir de vous revoir, chef Erasmus. Je ne sais pas si vous vous souvenez... Eh bien, je mentionnerai cela quand viendra le temps de votre intervention.
Allez-y, madame Stephenson, pendant deux minutes, s'il vous plaît.
J'ai récemment appris l'existence de cet organisme appelé Représentation équitable au Canada, et j'ai eu l'occasion d'examiner leurs trois propositions différentes pour une représentation proportionnelle, une chose que j'ai fermement appuyée toute ma vie, bien que je ne sois jamais entré dans tous les différents détails. C'était très intéressant de lire leurs propositions et certaines de leurs idées. En dernière analyse, je suis favorable à tout ce qui nous amène le plus près possible d'une représentation à 100 % du vote de partout au Canada au Parlement. Je veux que les Canadiens puissent voter avec leur coeur et en accord avec leurs convictions, et qu'ils puissent dire avec passion: « Ce vote sera significatif parce que, maintenant, je vote finalement pour quelqu'un, je ne vote pas contre quelqu'un là-bas, mais je vote pour un parti pour lequel je veux vraiment voter. »
J'ai 68 ans. Je vote depuis que je suis en âge de le faire, et j'ai pu commencer à voter pas très longtemps après que les Autochtones ont obtenu le droit de voter au pays. Ce sujet m'a beaucoup passionné. Je me souviens d'avoir travaillé ici pour faire élire le premier député autochtone lorsque j'ai commencé à pouvoir voter, et d'avoir travaillé à faire élire Wally Firth sous la bannière du NPD. Pour nous, réussir à faire élire un Autochtone, c'était un événement majeur.
Que ce soit la représentation proportionnelle mixte, des circonscriptions plurinominales, une représentation proportionnelle urbaine-rurale, n'importe laquelle de ces solutions semble améliorer... Certaines sont meilleures que d'autres, évidemment. Ensuite, il y a toute la question de savoir combien de députés vous ajouterez. Est-ce que vous garderez le même nombre de députés à la Chambre? Cela signifie qu'il y en a seulement un certain nombre qui seront élus suivant un processus dans le cadre duquel, peut-être, c'est encore le scrutin majoritaire uninominal, puis les autres seront élus à la proportionnelle, ou je ne sais quoi, mais je recommande que vous tentiez de vous approcher le plus possible d'une représentation à 100 %.
Par exemple, dans une des versions, apparemment, nous aurions eu huit députés verts cette fois-ci. Cela n'aurait-il pas été une chose extraordinaire?
Je veux parler de quelque chose d'autre. Entre autres fonctions que j'ai exercées dans le passé, j'ai été coprésident de la Commission royale sur les peuples autochtones. Dans le rapport, dans le volume 2, intitulé « Une relation à redéfinir », il y a une section qui traite non seulement de l'autonomie gouvernementale des peuples autochtones, mais aussi d'un gouvernement partagé entre les peuples autochtones et le reste du Canada. Nous avons parlé de plusieurs choses. Ainsi, nous avons notamment parlé d'avoir peut-être quelque chose comme des sièges garantis, ou, si l'on ne modifie pas la Constitution, à défaut d'aller jusque-là, alors, évidemment, la recommandation faite par la réforme électorale recommandait la possibilité de, je pense que c'était, huit circonscriptions autochtones, plutôt que d'avoir des sièges garantis. Je pense qu'il s'agit de quelque chose que nous devons examiner.
À l'époque où la commission royale a présenté son rapport, il y aura de cela 20 ans dans un mois, nous avions peut-être moins de 20 députés qui n'avaient jamais été élus au Canada jusqu'à cette époque. Évidemment, nous faisons mieux; à la Chambre, je constate que nous avons passablement plus de députés, mais ce n'est pas encore vraiment assez. Je recommande donc que vous jetiez un coup d'oeil à cette section de notre rapport et que vous voyiez si vous y trouvez quoi que ce soit que vous pourriez en tirer et qui pourrait vous être utile.
:
C'est tout un honneur de voir autant de députés du Parlement dans les Territoires du Nord-Ouest. Je pense que c'est une première; je ne suis pas certaine, mais c'est extraordinaire. Quoi qu'il en soit, merci beaucoup pour votre travail sur ce sujet très important.
Je souhaitais moi aussi parler un peu de la représentation autochtone au sein de notre parlement et notre système électoral et de la nécessité de l'améliorer. Il y a ces études qui ont été mentionnées. Je ne suis pas certaine de ce que fera le comité en fait d'autres nouvelles études, mais une chose que je veux évoquer ce soir, c'est le thème de la vérité et de la réconciliation. Je pense qu'il est important que vous abordiez la réforme électorale dans le contexte d'un objectif plus général de réconciliation au Canada d'une manière historique. Je sais que la vérité et la réconciliation n'ont pas vraiment traité des votes électoraux au Canada, mais il est possible de tenir compte de certains de leurs aspects importants.
Je pense qu'il importe que notre nouveau système loge à l'enseigne de l'équité. Je crois fermement dans le système MCS. Je suis certaine que vous en avez entendu parler. Il s'agit du système « fait au Canada ». S'il est conçu au Canada, nous devons y inclure les perspectives autochtone et nordique. C'est de cela que je voulais parler aujourd'hui.
L'autre chose que je voulais mentionner, c'est qu'à l'étranger, notre système électoral a une très bonne réputation, et je ne jetterais donc pas le bébé avec l'eau du bain en disant simplement que nous détestons notre système. Nous avons besoin de changements, évidemment, mais nous avons une bonne réputation. Je pense que nous devons garder cela à l'esprit.
La dernière chose que je veux mentionner, c'est que nous travaillons tous en fonction de l'hypothèse qu'il n'existe aucun système parfait. En vérité, vous pouvez inventer le meilleur système possible, mais, si nous ne faisons pas attention aux lois sur le financement des partis politiques, nous n'atteindrons pas nécessairement les objectifs que nous visons. Nous devons prêter une grande attention aux lois sur le financement des partis.
J'ai suivi vos travaux à la télé. Merci beaucoup pour votre merveilleux travail. J'espère voir d'excellents résultats.
:
Merci à tous les députés et à tout le monde de faire ceci.
Je voulais vous parler du nombre croissant de Canadiens qui choisissent de ne pas voter. Beaucoup d'entre nous ont fait campagne pendant longtemps auprès de gens comme vous. Mon problème se trouve à être un système de droit de la famille brisé et comment notre famille est condamnée à mourir sans vraiment connaître nos enfants ni savoir où ils sont maintenant, et des choses comme cela.
Notre campagne a débuté en 1999. Si vous ouvriez vos dossiers, vous verriez que nous avons envoyé une feuille de signature de tous les membres de notre famille au Sénat canadien et à chacun des députés fédéraux à Ottawa, et, à ce jour, nous avons été laissés pour compte. La situation s'est tellement détériorée que nous sommes encore devant les tribunaux après 24 ans. Nous avons attendu trois ans et demi avant d'avoir une date d'audience, et nous avons attendu trois mois pour avoir une ordonnance judiciaire. Toutefois, nous avons perdu l'espoir de voir cette ordonnance judiciaire.
Je voulais vous parler des gens qui, pendant très longtemps, font campagne auprès de gens comme vous. Nous n'avons pas arrêté. J'ai remis une pétition comportant près de 2 000 signatures, avec des signatures de Hay River à Inuvik, à notre dernier député fédéral. Il n'y a accordé aucune importance. M. Ste-Marie a parlé de la discipline de parti ou d'accorder véritablement une certaine importance à vos électeurs. Notre dernier député fédéral a suivi la ligne de parti. Notre pétition a été décrite comme une des pétitions les plus volumineuses jamais présentées dans les Territoires du Nord-Ouest. Je pensais que c'était une question de premier plan, aussi importante que les changements climatiques.
Lorsque l'on pense au rôle d'un membre du Parlement qui consiste à améliorer la vie de famille ou la qualité de vie, ou à accorder véritablement de l'importance à ses électeurs, je ne vois aucun parti politique au Canada qui le fait, à l'exception d'Elizabeth May. Lorsque vous êtes acculé au pied du mur avec les libéraux, les conservateurs et le Nouveau Parti démocratique, qui n'accorde aucune importance à ceci, vous perdez confiance dans tout le Parlement canadien. Je suis une autre de ces personnes — il y a beaucoup, beaucoup de gens comme moi — qui choisissent de ne plus voter parce que leur vote n'a aucune valeur.
Je suis certain qu'il y a beaucoup de problèmes systémiques au Canada et beaucoup de groupes d'intérêt qui partagent mes sentiments, mais, lorsque vous y avez travaillé pendant aussi longtemps que des gens comme moi y ont travaillé et vous allez mourir sans même savoir où sont vos enfants, nous avons ce que je décrirais comme un gros problème systémique concernant la culture à Ottawa, tous partis confondus.
Merci. Bonne chance avec cela.
:
Merci beaucoup aux membres du comité pour leurs travaux et pour être venus ici.
Une des questions qui ont été évoquées était celle de savoir qu'est-ce qui rend le Nord si différent. Qu'est-ce que vous pourriez gagner à être dans le Nord? Plusieurs points ont été soulevés concernant les aspects ruraux, les distances, et différentes choses comme celles-là.
Voici ce que j'ajouterais aussi. Peut-être que le sujet a été évoqué. J'ai écouté toutes les interventions. Les représentants ici doivent également représenter des terres d'une manière différente de la manière dont ils le font dans la plupart des régions du Canada, lorsqu'un terrain est une propriété privée. En fait, cette terre est représentée par une personne et un vote. Ici, la majorité du territoire est détenue collectivement, soit par la Couronne ou par divers groupes de Premières Nations en vertu d'accords sur des revendications territoriales. Aussi, dans la pratique, le pouvoir électoral lié à ce territoire n'est pas le même que ce qu'il serait à bien d'autres endroits au Canada.
Je pense que cela constitue une autre raison pour laquelle nous devrions envisager un accroissement de la participation des Territoires du Nord-Ouest et du nombre de députés qui les représentent au Parlement: parce que les gens qui sont élus au Parlement représentent le territoire d'une manière très différente, le territoire qui n'est pas seulement pour les Autochtones mais aussi pour ceux d'entre nous qui choisissent d'être des gens du Nord.
Je pense que vous avez une tâche extraordinairement difficile à accomplir avec toutes les observations que vous recueillez, de sorte qu'à cet égard, je ne suis pas en faveur d'un référendum, parce que la pondération de tous les renseignements que vous recueillez de partout au pays est extrêmement difficile. Je suis heureuse de constater que la composition du comité qui est chargé de cette tâche est très diversifiée.
Nos besoins importants sont entre vos mains.
Merci.
vide
:
Je vous remercie, moi aussi, d'être montés ici.
C'est génial quand des gens du Sud peuvent monter dans le Nord et nous écouter parler de nos besoins particuliers, parce que nous avons de nombreux besoins particuliers. Nous sommes une petite population éparpillée sur un vaste territoire. Nous nous demandons souvent ce que nous faisons ici, parce que nous payons un prix pour être ici-haut.
J'aimerais attirer votre attention sur deux choses. D'une part, dans le Nord, étant donné que nous sommes attirés par le territoire de la façon dont nous le sommes, on dit souvent, dans le Nord, que vous ne possédez pas le territoire; c'est le territoire qui vous possède. C'est pour cette raison que nous sommes ici, et c'est une des raisons pour lesquelles nous sommes dévoués au territoire. J'espère que vous garderez cela à l'esprit lorsque vous vous pencherez sur des questions qui concernent le Nord.
L'autre chose que je voulais dire, c'est que, même si nous avons cette petite population ici haut, nous éprouvons certains des problèmes les plus graves auxquels le Canada est actuellement confronté. Les taux de suicide chez nos jeunes sont parmi les plus élevés où que ce soit au Canada. C'est une épidémie dans les territoires et au Nunavut, comme vous en avez peut-être entendu parler. Nous avons peut-être cette petite population, mais notre population éprouve de très graves problèmes. Au Nunavut, l'on entend de nombreux récits de gens qui vont au dépotoir pour trouver de la nourriture. C'est à ce point-là que les choses peuvent se détériorer ici haut.
Lors des dernières élections, j'ai travaillé comme membre du personnel électoral. Je ne sais pas ce qui se passait dans les collectivités, mais ces votes étaient si importants pour les gens. S'ils éprouvaient le moindre problème à se rendre au bureau de vote, ils appelaient en désespoir de cause pour savoir comment ils pourraient faire pour mettre ce petit bulletin de vote unique dans l'urne électorale, parce que c'est leur laissez-passer pour le Canada. Ils adorent le Canada, et ils veulent participer. Ce petit bulletin de vote est leur laissez-passer pour leurs enfants, et il fait partie de cette nation. Ils vivent peut-être dans des collectivités reculées, et ils ne parlent peut-être pas notre langue, mais ils considèrent qu'ils font tout autant partie de ce pays que n'importe qui d'autre.
En terminant, je vous demanderais seulement que vous gardiez cela dans vos coeurs lorsque vous prendrez ces décisions.
C'est tout. Merci.