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Au coeur de cette étude du Comité sur le système électoral des députés à la Chambre des communes se trouve le problème de la représentation proportionnelle des partis politiques. Jusqu'à présent, les députés ont été élus dans des circonscriptions uninominales. Toutefois, le travail quotidien du Parlement dépend d'une affiliation aux partis, et non à la provenance régionale des députés. Cette incohérence a suscité de nombreux débats et déclenché des initiatives de réforme électorale. Au cours de son histoire, l'Allemagne s'est heurtée à des problèmes électoraux similaires. Nous allons donc tirer de cette expérience quelques suggestions qui pourraient contribuer à trouver des solutions possibles aux problèmes du Canada.
Dans la deuxième section de notre allocution, nous présenterons un survol du système électoral du Bundestag allemand. Dans la troisième section, nous tracerons un système électoral hypothétique pour la Chambre des communes du Canada. Nous l'avons appelé « SMUT-RPP »; nous le considérons comme une amélioration naturelle du système majoritaire uninominal actuel.
Je vais donc entamer la deuxième section.
Je suis très heureux de pouvoir témoigner devant vous et de vous présenter les caractéristiques principales du système électoral allemand. Le système de vote double pour l'élection des membres du Bundestag est devenu une sorte de vedette d'exportation démocratique. À l'encontre d'autres produits d'exportation, comme le moteur diesel, celui-ci n'a pas causé trop de dommages; bien au contraire, il suscite une grande admiration qui est sans aucun doute bien méritée. Il vous faudra cependant tenir compte de quelques facteurs en appliquant le système allemand.
Le système allemand est l'un des plus compliqués au monde; il serait donc extrêmement ardu de l'expliquer. Toutefois, il représente une solution valide uniquement à cause de son fonctionnement, et non pour la manière dont on l'applique. D'ailleurs, sa complexité découle avant tout de sa structure fédérale et de son adaptation très particulière à cette structure.
Le Canada est aussi une fédération, mais ses contraintes constitutionnelles, surtout le nombre de sièges fixé pour chaque province, nous empêcheraient probablement de l'y appliquer. La seule solution que nous pouvons imaginer, par conséquent, serait d'appliquer ce système séparément dans chacune des provinces. C'est d'ailleurs ce que nous avons fait lors de l'élection fédérale de 1949. Il sera donc beaucoup plus facile de l'appliquer séparément dans chacune des provinces. Je vais vous présenter uniquement les caractéristiques principales du système électoral allemand.
Dans la documentation, on l'appelle souvent un système de représentation proportionnelle mixte. Il repose principalement sur la combinaison de deux bulletins de vote utilisés en deux paliers: l'élection directe et personnelle de candidats dans des circonscriptions uninominales puis, au palier supérieur, l'élection à partir de listes de parti qui sont assez longues pour assurer une répartition proportionnelle des sièges entre les partis. On visait ainsi à conserver le système proportionnel de la République de Weimar tout en y ajoutant l'avantage d'élire directement les représentants locaux avec lesquels les citoyens pourraient établir une relation personnelle.
Le système électoral allemand accorde deux votes à chaque citoyen. Au premier scrutin, le Erststimme, l'électeur choisit l'un des candidats de sa circonscription. Au second scrutin, le Zweitstimme, il vote à partir de ce que nous appelons une Landesliste, une liste de parti pour l'un des 16 Länder de la République fédérale d'Allemagne. Pour simplifier les choses, j'appellerai le second scrutin le « vote de parti ».
La moitié des sièges du Bundestag allemand sont des sièges de circonscription; on les attribue aux candidats qui ont gagné le scrutin plurinominal dans leur circonscription. Les autres sont des sièges de liste. Seuls les partis qui ont gagné plus de 5 % de tous les bulletins valides du second scrutin ou qui ont gagné au moins trois sièges de circonscription peuvent prendre part à la répartition proportionnelle des sièges effectuée selon la méthode de Sainte-Laguë.
Pour simplifier les choses, je ne décrirai pas la répartition complexe des sièges entre les Länder. En fin de compte, chaque parti a droit à un certain nombre de sièges calculé en fonction de sa part du scrutin. On soustrait de cela le nombre de sièges de circonscription que le parti a gagné dans ce Land. On répartit alors le reste des sièges en fonction de la classification de la Landesliste.
Comme on ne tient pas compte des personnes de la liste qui ont déjà gagné un siège de circonscription, il est possible qu'un Land reçoive un nombre de sièges de circonscription supérieur au nombre de sièges auquel le parti a droit selon sa liste. On appelle ces sièges des « sièges surnuméraires », ou « en surnombre ». Tant qu'il n'y a pas de sièges en surnombre, la répartition des sièges entre les partis demeure plus ou moins proportionnelle une fois que l'on a arrondi les chiffres et respecté le seuil efficace.
Le lien entre le palier d'élection uninominale dans les circonscriptions et le palier supérieur du scrutin dans le Land réside dans le fait que le nombre total de sièges qu'obtient un parti — ce qui comprend les sièges de circonscription qu'il a reçus — provient du second scrutin. Par conséquent, le premier scrutin n'a généralement d'importance que pour élire les personnes qui occuperont les sièges. Ce premier scrutin n'a aucun effet — à part dans le cas de sièges surnuméraires — sur le nombre de sièges que les partis obtiennent.
Le lien entre ces deux paliers du scrutin vise principalement à corriger les écarts de proportionnalité qui se manifestent pendant l'attribution des sièges à la suite du scrutin uninominal dans les circonscriptions.
Comme je l'ai dit, la situation se complique lorsqu'il y a des sièges en surnombre. Pour ces sièges, on n'augmente pas adéquatement [Note de la rédaction: inaudible], ce qui crée un écart de proportionnalité.
Pour corriger cet écart on peut, entre autres choses, améliorer le Parlement jusqu'à ce que l'on ait attribué ces sièges en les répartissant proportionnellement entre les partis. Toutes les lois électorales des Bundesländer allemands exigent que l'on applique cette solution. En effet, ces Länder appliquent aussi des systèmes de représentation proportionnelle mixte et, depuis 2012, la loi électorale fédérale exige aussi l'application de cette solution.
Il est évident que l'on ne peut pas appliquer cette solution si le nombre de sièges parlementaires est fixe. On ne peut pas rétablir la proportionnalité tant que l'on garantit le gain d'un siège de circonscription. On violerait bien entendu le principe fondamental d'équité en refusant son siège au gagnant du premier scrutin plurinominal. Il sera donc indispensable d'accepter ces écarts de la proportionnalité parfaite pour préserver le principe de représentation directe de députés élus personnellement par un scrutin uninominal dans les circonscriptions; ce serait le prix à payer, mais ce prix ne devrait pas dépasser le degré d'équité que nous désirons établir.
La meilleure solution à ce problème serait d'essayer d'empêcher autant que possible la création de sièges surnuméraires. Ces sièges proviennent parfois de la structure du système de partis. Comme il reflète la préférence des électeurs, on ne peut rien y changer. Cependant, certains sièges surnuméraires proviennent de votes stratégiques, surtout de la division d'un ticket; cela se produit lorsqu'on accorde le premier scrutin à un candidat qui ne représente pas le parti qui a gagné le second scrutin. On peut tout simplement éviter de créer ces sièges surnuméraires en éliminant le système à deux scrutins. Les électeurs n'ont alors qu'un seul vote par lequel ils élisent des candidats de leur circonscription. On calcule ensuite les votes de parti, qui sont à la base de la répartition proportionnelle des sièges, en additionnant tous les votes personnels attribués aux candidats des circonscriptions.
Ce système a aussi servi à l'élection fédérale allemande de 1949, et on l'utilise encore aujourd'hui à Baden-Württemberg. Il comporte aussi l'avantage d'inciter fortement les partis à nommer des candidats qui plairont à la population.
M. Pukelsheim poursuivra maintenant cette allocution.
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Depuis la fondation de la Confédération en 1867, les députés de la Chambre des communes sont élus par un système plurinominal majoritaire à un tour qui vise à représenter des circonscriptions.
D'un autre côté, au cours des sessions parlementaires, l'affiliation aux partis domine, mais pas la représentation locale. Malgré cela, le nombre de sièges que les partis détiennent à la Chambre ne correspond pas du tout au soutien des électeurs. Nous proposons donc de nous inspirer du contexte allemand pour corriger cette mauvaise représentation en orientant les procédures en vigueur vers un système de scrutin majoritaire uninominal avec représentation proportionnelle des partis.
La Constitution canadienne décrit en détail la procédure à suivre pour déterminer le nombre de députés de la Chambre des communes qu'on affecte à chaque province et territoire. En jargon électoral, cette garantie du nombre de sièges se traduit par « magnitudes de circonscriptions ». Pour respecter la magnitude des circonscriptions exigée dans la Constitution, notre système hypothétique attribue les sièges séparément à chaque province et territoire. Donc selon notre modèle, il y a 13 sièges individuels à attribuer. Le calcul de l'attribution de ces 13 sièges se divise en deux catégories. La première comprend les circonscriptions dont la magnitude est trop petite pour assurer la proportionnalité. La deuxième catégorie réunit toutes les autres circonscriptions.
Dans les circonscriptions de la première catégorie, nous suggérons de maintenir le système majoritaire uninominal tel quel. Les trois territoires se situent dans cette catégorie, parce qu'ils n'ont qu'un siège chacun; il est bien évident qu'un seul siège ne suffit pas pour établir de la proportionnalité. En fait, pour établir une proportionnalité adéquate, les résultats d'études théoriques recommandent que la magnitude de la circonscription comprenne le même nombre de partis participants, ou le double. Par conséquent, nous plaçons aussi dans la première catégorie l'Île-du-Prince-Édouard, qui a quatre sièges, et Terre-Neuve-et-Labrador, qui en a sept. La décision de le faire ou non reviendra aux politiciens. De cette façon, il ne sera pas nécessaire d'agrandir les circonscriptions de grande magnitude, et c'est une bonne chose. Mais les votes récoltés par des candidats qui ne représentent pas la circonscription en question seront gaspillés, ce qui n'est pas une bonne chose.
Bref, les circonscriptions de la première catégorie maintiennent le système électoral qu'elles utilisent depuis toujours. Dans les huit provinces de la deuxième catégorie, on améliore l'ancien système majoritaire uninominal en y ajoutant la représentation proportionnelle des partis. Pour qu'il reste quelques sièges permettant d'assurer la proportionnalité dans le système, nous suggérons que l'on réduise le nombre de circonscriptions. Il est évident que la détermination du nombre de sièges à attribuer à chaque province est une décision entièrement politique. Dans notre modèle hypothétique, nous avons décidé de réduire le nombre de circonscriptions de moitié — par exemple en fusionnant deux circonscriptions en une. Ainsi, on attribue environ la moitié des sièges aux circonscriptions qui n'ont qu'un député et l'autre moitié à partir de listes de parti.
Plus exactement, pour les deux dernières élections, notre modèle répartit la magnitude des circonscriptions entre les partis à l'aide de la méthode de Sainte-Laguë, comme on l'appelle en Nouvelle-Zélande et en Europe continentale, ou la méthode Webster dans le monde anglo-saxon. Il s'agit en fait de la méthode de diviseur avec arrondissement standard. Voici comment on fait ce calcul: on divise le vote du parti par un dénominateur électoral — le diviseur —, et l'on arrondit le résultat pour déterminer le nombre de sièges à attribuer au parti. Par exemple, en 2015 en Colombie-Britannique, chaque tranche d'environ 56 000 votes représentait un siège; je dis environ, parce que les résultats sont arrondis. Dans tous les cas, il se trouve que le nombre de sièges est égal ou supérieur au nombre de circonscriptions remportées par un parti dans la province au cours des deux dernières élections.
On dispose toujours d'assez de sièges pour les élus des circonscriptions. Les sièges de circonscription qui restent, le cas échéant, sont attribués à partir de listes de parti fermées. Ces listes fermées encouragent les partis à promouvoir la cohésion sociale et à soutenir des groupes sous-représentés. En général, les dispositions légales devraient codifier la variante restreinte directement selon le nombre de sièges plutôt que la méthode ordinaire du diviseur avec arrondissement standard. La variante empêche l’occurrence de sièges surnuméraires, ce qui assure la conformité aux magnitudes de circonscription prévues par la Constitution.
Cette variante impose des restrictions minimales, ce que néglige la méthode ordinaire. Un parti se voit attribuer au moins autant de sièges que nécessaire pour ses élus. Dans les cas où la restriction minimale s’applique, les sièges requis sont transférés des partis rivaux aux partis qui présentent un nombre excédentaire d’élus. Autrement dit, la représentation proportionnelle est compromise pour favoriser la représentation des circonscriptions.
Enfin, il reste à savoir quel modèle de scrutin utiliser. La réponse est toute simple: on ne change rien. Les électeurs reçoivent les bulletins de vote auxquels ils sont habitués. Chaque électeur exerce un seul vote qui reflète son point de vue quant à l’admissibilité d’un candidat et sa préférence pour un parti. Le modèle que nous proposons ne fait que modifier la façon dont l’information fournie est évaluée aux termes de la loi. Dans les provinces de la seconde catégorie, où l'on améliore le système habituel en y insérant la représentation proportionnelle des partis, chaque vote est compilé deux fois: une fois pour le candidat qui a remporté la majorité des voix dans sa circonscription, et une fois pour le parti selon la proportionnalité à l’échelle de la circonscription. La grande nouveauté que les gens doivent comprendre, c’est que leurs voix sont évaluées plus attentivement en accordant un poids particulier à l’affiliation politique. À ce moment-là, chaque vote compte.
Nous illustrons dans notre mémoire le système hypothétique proposé en l'appliquant aux deux dernières élections générales. Ce modèle produit une meilleure proportionnalité entre les partis que le statu quo. De par sa nature hybride, ce modèle ne produit pas une proportionnalité parfaite, mais il maintient le charme des traditions du passé.
Merci beaucoup de votre attention. Revenons au Nouveau Monde.
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Monsieur le président, je vais présenter l'allocution tout entière. Merci de nous avoir invités à témoigner devant votre Comité.
Je vais vous présenter une brève allocution qui, je l'espère, vous incitera à nous poser des questions. Je vais vous expliquer très brièvement qui nous sommes et ce que nous faisons. Ensuite, je vous présenterai les systèmes électoraux utilisés en Écosse ainsi que nos quatre méthodes de scrutin. Je vous expliquerai pourquoi nous nous retrouvons avec quatre systèmes électoraux différents, et enfin je soulèverai certains problèmes auxquels nous nous sommes heurtés en essayant de tenir diverses élections en Écosse; ces difficultés éclaireront peut-être vos délibérations.
Tout d'abord, nous avons le Conseil de gestion des élections en Écosse et une commission électorale. Je ne vais pas m'arrêter longtemps là-dessus. Les huit premières diapositives de notre présentation ne vous servent que d'information générale. Toutefois, je vais souligner quelques facteurs importants, parce que notre administration des élections est légèrement différente de ce que vous faites au Canada. Ni le Conseil de gestion des élections ni la Commission électorale ne se charge d'administrer les élections en Écosse; c'est un fait très important. Cette responsabilité revient aux 32 directeurs et directrices de scrutin. Mary fait partie de ce groupe.
Le Conseil de gestion des élections s'efforce de coordonner les directeurs de scrutin pendant qu'ils administrent les élections. Dans ses fonctions de responsable du conseil, Mary dirige les élections des gouvernements locaux et recommande des mesures à prendre pour d'autres élections, comme la date de publication de tous les bulletins postaux en Écosse.
À la Commission électorale, nous donnons aux gouvernements des conseils sur la loi électorale ainsi que de l'orientation aux directeurs de scrutin et aux responsables de l'inscription. Nous inscrivons les partis politiques qui se lancent en campagne électorale. Nous veillons à ce que les candidats, les directeurs et les partis comprennent les règles financières qu'ils doivent observer pendant leur campagne. Nous administrons un système pour les observateurs des élections. Nous menons des initiatives de sensibilisation pour que les électeurs sachent comment s'inscrire et comment voter; ce rôle est important, parce que l'Écosse applique quatre systèmes électoraux différents. Le conseil et la commission veillent avant tout à l'intérêt supérieur des électeurs. Nous examinons les répercussions de nos initiatives sur les électeurs et nous veillons à ce qu'elles aient des effets positifs.
Nous passons à la diapositive 10, qui présente brièvement les quatre élections principales de l'Écosse; nous utilisons chaque fois un système électoral différent. Établi en 1999, le Parlement écossais compte 129 membres. Il utilise le système de membres additionnels — le système mixte pour tout le reste du monde sauf pour le Pays de Galles, mais nous l'appelons le système de membres additionnels. C'est une combinaison de scrutin majoritaire uninominal et de liste de parti fermée, et nous utilisons une version modifiée du système D'Hondt pour effectuer les calculs. Dans le cas de nos 32 conseils, nous élisons les 1 223 conseillers par un vote unique transférable dans 353 quartiers plurinominaux. La Chambre des communes du Royaume-Uni utilise le scrutin majoritaire uninominal à un tour. Pour le Parlement européen, nous élisons au Royaume-Uni 73 députés à partir d'une liste fermée, dont l'Écosse élit six députés.
Passons à la diapositive 11. L'Écosse compte 4,2 millions d'électeurs. Nous estimons qu'à l'heure actuelle, 86 % de l'électorat admissible est inscrit. Depuis quelque temps, les jeunes Écossais de 16 et de 17 ans peuvent voter aux élections du Parlement écossais et des gouvernements locaux.
Passons à la diapositive 12. Je ne vais pas trop m'attarder sur le système électoral du Parlement du Royaume-Uni, parce que vous comprenez bien le scrutin majoritaire uninominal à un tour. Les six représentants que l'Écosse envoie au Parlement européen sont élus pour toute l'Écosse; aux fins de cette élection, l'Écosse représente une seule région électorale. Nous inscrivons une seule croix sur dans liste fermée, et les sièges attribués sont calculés par le système D'Hondt intégral.
Quant aux élections du Parlement écossais, les premières ont eu lieu en 1999, et nous avons 129 membres. Nous élisons 73 de ces sièges — soit 57 % des sièges — par un scrutin majoritaire uninominal, et nous avons 56 sièges régionaux, pour lesquels nous élisons 7 membres dans chacune des huit régions électorales de l'Écosse. Nous faisons une croix sur deux bulletins de vote, une sur chaque bulletin, et les listes régionales ne peuvent pas afficher plus de 12 noms.
Si vous passez à la diapositive 15, nous verrons les deux bulletins de vote. Le bulletin lilas est celui du vote de circonscription. Vous marquez une croix pour votre candidat. Sur un bulletin de vote écossais, vous verriez le nom du candidat, son parti et une description. Vous ne voyez pas cela sur celui-ci, mais il y aurait aussi un emblème ou un logo à côté de la case que vous marquez d'une croix.
Pour les élections régionales, vous pouvez être inscrit comme candidat indépendant, ou individuel, à la liste régionale. Les candidats individuels sont inscrits au bas de la liste par ordre alphabétique. Les partis y sont inscrits au-dessus des candidats individuels, aussi par ordre alphabétique. Nous utilisons deux bulletins de vote. Si je ne me trompe pas, l'Allemagne et la Nouvelle-Zélande n'en ont qu'un. Nous avons essayé de créer un bulletin de vote conjoint en 2007. Malheureusement, il était mal conçu et a produit un grand nombre de votes rejetés. Les politiciens ont décidé de ne plus utiliser de bulletins conjoints, alors en 2011, nous sommes retournés aux deux bulletins de vote.
Vous voyez à la diapositive 16 le calcul effectué pour la liste régionale. Pour attribuer les sièges par la méthode modifiée D'Hondt — qui, essentiellement, établit un lien entre les votes de circonscription et les votes régionaux —, on ajoute 1 au nombre de sièges que le parti remporte dans sa région électorale pour créer le diviseur. Par exemple dans ce tableau, le parti 1 a remporté deux sièges de circonscription, alors le diviseur est 3, et ainsi de suite. Il suffit alors d'effectuer une simple division, et le parti qui a remporté le plus de sièges et le plus de votes reçoit le premier siège, jusqu'à ce qu'on ait attribué les sept sièges. À mesure que vous gagnez un siège, votre diviseur augmente d'un chiffre.
Passons à la diapositive 17. Pour les élections au Conseil de l'Écosse, nous utilisons un scrutin unique transférable depuis 2007 pour élire les 32 conseils. Je le répète, nous avons 353 quartiers plurinominaux. Chaque quartier élit un nombre différent de sièges. Cette question a provoqué des débats envenimés lors de l'adoption du projet de loi au Parlement écossais. Les quartiers ont soit 3, soit 4 membres, et je crois que les gens qui pensent que le scrutin unique transférable est le meilleur système électoral diraient que les quartiers plurinominaux devraient offrir plus de sièges, mais les politiciens ont décidé qu'en Écosse, les quartiers doivent offrir soit 3, soit 4 sièges.
La diapositive 18 présente le bulletin de vote écossais. Vous indiquez vos préférences — 1, 2, 3, 4, et ainsi de suite. Vous n'avez pas besoin de voter pour tous les candidats; vous vous arrêtez quand vous voulez. Nous avons mis ce bulletin de vote à l'essai auprès des électeurs avant de l'utiliser, et nous avons remarqué qu'il est très important d'y fournir de bonnes instructions.
C'est le seul système électoral d'Écosse où l'on utilise des chiffres. La première fois que nous l'avons utilisé, nous tenions une élection de représentants de l'Écosse le même jour, et nous craignions d'utiliser une croix et des chiffres, alors nous avons passé beaucoup de temps à faire comprendre la différence aux électeurs.
Le comptage des scrutins à vote unique transférable fait appel à la méthode de Gregory de moyenne pondérée, et le calcul se fait électroniquement. On estime qu'il faudrait deux jours pour effectuer manuellement le comptage d'un scrutin VUT. Nos collègues d'Irlande du Nord, qui comptent à la main les suffrages d'élections au VUT ont invariablement besoin d'un deuxième jour. Toutefois, le gouvernement écossais a accepté de financer l'initiative de comptage électronique maintenant répandue dans toute l'Écosse, où on dénombre 32 centres de dépouillement. Ces centres ne sont pas reliés entre eux, chaque dépouillement étant établi de manière autonome, mais par souci d'uniformité, le système est le même partout en Écosse.
Les diapositives 20 et 21 illustrent le fonctionnement du VUT. Je n'ai pas l'intention d'entrer dans les détails, même si mes collègues qui sont chargés de l'administration des élections se font un plaisir de répondre aux questions. J'aimerais passer tout de suite à la diapositive 22 et essayer d'expliquer pourquoi l'Écosse utilise quatre systèmes électoraux.
En fait, la décision relève des politiciens et du gouvernement. Mary, Chris, et moi sommes ici pour parler de l'applicabilité des systèmes électoraux utilisés en Écosse. Ce n'est pas à nous de vous dire lequel est le meilleur; en fait, nous n'avons pas d'opinion là-dessus.
Pour ce qui est de ces quatre systèmes, le Parlement du Royaume-Uni a toujours utilisé le système majoritaire uninominal à un tour, le SMUT. C'est une loi du Parlement britannique. Pour les élections européennes, lorsque, dans les années 1970, les États membres ont convenu d'opter pour un système proportionnel, le Parlement du Royaume-Uni a alors adopté une loi sur l'utilisation d'une liste fermée. C'était un point très important à l'époque, car la liste fermée permettait à l'électeur de voter par un seul X et de ne voter qu'une seule fois, comme c'est le cas avec le SMUT.
Pourquoi le Parlement écossais utilise-t-il le système de membres additionnels, le SMA? On sait qu'en Écosse, les politiciens veulent maintenir des liens entre l'électorat et la circonscription. Ils tenaient donc mordicus à préserver les sièges de circonscription. On considérait également qu'il était très important d'inscrire une croix, parce que c'était ce que l'électorat connaissait le mieux.
Voilà ce à quoi nous en sommes arrivés après que la Scottish Constitutional Convention, une organisation multipartite de la société civile des années1980 et 1990, ait proposé l'utilisation du SMA qui, à son tour, a mené à la création du document Scotland's Parliament. Scotland's Right, publié en 1992, avant une élection parlementaire du Royaume-Uni. En 1997, lorsque le gouvernement travailliste a été élu, il a adopté la Scotland Act de 1998 qui a introduit le SMA, utilisé pour la première fois en 1999. Au bout du compte, le VUT est retenu pour les élections aux conseils locaux, constituant ainsi une rupture avec le principe du vote avec un X ou une croix.
En fin de compte, pour la petite histoire, nous retiendrons qu'en 1999, la Commission McIntosh sur le gouvernement local ainsi que le Parlement écossais ont proposé l'adoption de la représentation proportionnelle. En 2000, le groupe de travail sur le renouvellement de la démocratie locale, connu sous le nom de comité Kerley, nous a suggéré d'envisager le vote unique transférable. Puis, il y a eu l'élection législative écossaise de 2003, à laquelle les négociateurs entre les partenaires de la coalition —le Parti travailliste et les Libéraux-démocrates — ont convenu d'introduire le vote unique transférable. Pour les Libéraux-démocrates, très pro-VUT à l'époque, le VUT constituait une condition sine qua non. Tout cela a mené à l'adoption, en Écosse, de la Local Government Act 2004 et à notre première utilisation du VUT en 2007.
Nous avons souligné certaines questions que vous voudrez peut-être prendre en considération dans vos délibérations. Premièrement, quoi que vous fassiez, gardez à l'esprit qu'un changement réussi exige temps, planification, ressources et mises à l'essai. Ce n'est pas une surprise. Nous sommes des bureaucrates, après tout. Je pense qu'il est quand même juste de dire que nous avons connu une période de grands changements, de 2005 à 2007. Nous nous sommes heurtés à certaines difficultés électorales locales. Tout le monde s'entend pour dire qu'il s'est produit trop de changements dans un très court laps de temps et qu'à cause de cela, les taux de rejet ont été plus élevés que prévu, sans compter que le système de comptage électronique n'a pas fonctionné comme il aurait dû. Même que la nuit des élections, il est tombé en panne dans certains endroits.
Nous insistons sur l'importance de faire une mise à l'essai du matériel de l'électeur, notamment, bien sûr, le bulletin de vote. Il faut s'assurer du bon fonctionnement de ce que l'on met entre les mains de l'électeur et fournir des directives claires, ce que la Commission électorale d'Écosse a fait après l'événement de 2007. Nous avons créé la directive Making your mark pour expliquer comment nous croyons qu'un bulletin de vote efficace doit être conçu puis mis à l'essai.
Une autre leçon que nous avons tirée de l'événement de 2007, est qu'il ne faut pas se laisser aveugler par les processus. Il faut d'abord penser à l'électeur. Les besoins en matière de dispositifs de comptage électronique sont bien secondaires par rapport à ceux de l'électorat. En 2007, dans deux de nos régions électorales, à cause de la taille du papier acceptée par les machines de comptage nous avons dû, à la dernière minute, réduire la quantité d'instructions à l'intention des électeurs, inscrites dans la partie supérieure du bulletin de vote. Résultat: le nombre de bulletins rejetés dans ces deux régions a été de 2 % supérieur à la moyenne du reste de l'Écosse. Nous l'avons appris à nos dépens et je peux vous dire que la chose ne s'est pas reproduite en 2011.
Nous vous invitons également à repenser la taille de vos circonscriptions. Il va de soi que, de l'avis général, les six représentants de l'Écosse au Parlement européen sont reconnus pour leur difficulté à entretenir des liens avec leurs électeurs. Ils représentent littéralement l'Écosse tout entière. Même si l'Écosse est un petit pays, celui-ci est tout de même relativement grand quand il est question de maintenir le contact avec 4 millions d'électeurs.
Du point de vue de l'électeur, le vote unique transférable permet d'être représenté par trois ou quatre conseillers, ce qui peut être vu comme un « plus ». Cela signifie aussi que dans les zones rurales éloignées, les conseillers doivent représenter des régions très vastes, des régions qui englobent plusieurs îles dont certaines sont privées de liaison par traversier. Il faut donc penser à la taille des quartiers.
Le comité Kerley a suggéré que dans certaines régions éloignées, les quartiers soient représentés par deux élus. Dans les années 1960, Lord Steel avait recommandé que, si l'on envisageait d'introduire le vote unique transférable, il fallait aussi examiner la possibilité de quartiers à un seul élu dans les régions très éloignées. Je dois dire qu'aucune de ces deux propositions n'a encore été intégrée aux dispositions législatives, mais elles représentent tout de même un moyen de pallier le problème de l'isolement vis-à-vis de vos électeurs.
Le vote unique transférable pose également d'autres problèmes. Je me dois de préciser que la commission électorale du Royaume-Uni ne partage pas ce point de vue. Ces problèmes ont été relevés par John Curtice, professeur à l'université Strathclyde, célèbre commentateur et spécialiste du vote en Écosse et au Royaume-Uni. Des problèmes liés à l'alphabet ont été signalés par des universitaires en 2007. Bien sûr, nous sommes au courant de ce problème parce que nous avons le comptage électronique et qu'il existe des données disponibles sous une forme anonyme, que les gens peuvent analyser après l'événement.
Lors de la première élection tenue par VUT en 2007, environ 60 % des électeurs ont accordé leur première préférence à un candidat dont le nom sur le bulletin de vote figurait avant celui des candidats auxquels ils avaient donné leur deuxième préférence. En outre, on a constaté que, si un parti nommait plus d'un candidat dans un quartier, l'électeur était plus enclin à voter pour le candidat dont le nom sur le bulletin était placé plus haut que celui du deuxième candidat de ce parti. C'est ce qui est arrivé dans 80 % des cas en Écosse lors des élections dans les administrations locales, en 2012. Évidemment, ce n'est pas ce qui se produit à tout coup. En 2012, par exemple, si un des deux candidats était connu de la majorité de la population ou était député sortant, cette tendance était inversée.
Les politiciens d'Écosse sont conscients du problème et réfléchissent à des solutions, notamment la rotation — la rotation de Robson — de l'ordre dans lequel les candidats apparaissent sur le bulletin de vote, de sorte que tous occupent toutes les positions de manière égale. Ils envisagent également le regroupement des candidats d'un parti et peut-être même leur rotation à l'intérieur de ce regroupement, de sorte que tous les candidats d'un parti apparaissent en différentes positions.
La commission n'a pas d'opinion sur le sujet. Nous lui avons demandé de se pencher sur deux choses. Comme les électeurs ont l'habitude de voir les candidats figurer en ordre alphabétique sur le bulletin de vote, il est nécessaire d'évaluer les conséquences possibles d'un tel changement.
En règle générale, il faut effectuer une mise à l'essai du bulletin de vote avant de le proposer à l'électorat; nous vous recommandons donc de tester ce que vous allez soumettre à l'électeur. Vous pourriez également vous pencher sur les points suivants: lorsqu'ils remplissent leur bulletin de vote, les électeurs comprennent-ils vraiment ce qu'est un système électoral? Quand on regarde, par exemple, le SMA en Écosse...