AGRI Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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¿ (0900)
[Traduction]
Le président (M. Charles Hubbard (Miramichi, Lib.)): Bonjour tout le monde. Conformément à l'article 108(2) du Règlement, notre comité poursuit son étude sur le rôle futur de l'agriculture, et en particulier sur le rôle que le gouvernement devrait assumer dans ce domaine.
Nous faisons une tournée nationale. Nous nous sommes tous déjà présentés. Howard, vous avez rencontré le ministre. Nous attendons un autre groupe de témoins pour 9 h 45, et je pense que nous allons simplement attendre son arrivée, Ernie.
Nous avons déjà visité six provinces et celle-ci est notre septième. Nous avons entendu plus de 200 témoins. Demain, nous irons dans l'Île-du-Prince-Édouard, après quoi nous terminerons notre tournée jeudi au Nouveau-Brunswick. Nous entendrons des témoins de Terre-Neuve à notre retour à Ottawa, ce qui fera donc que les 10 provinces auront pu intervenir dans le cadre de notre étude.
Nous vous souhaitons donc la bienvenue ce matin et je sais que, au niveau du gouvernement provincial, vous avez probablement beaucoup de pain sur la planche car c'est le moment de l'année où les budgets sont en préparation et où les gouvernements provinciaux préparent les activités qu'ils entreprendront pendant l'année.
Nous disposons d'environ trois quarts d'heure et il est certain que nous aurons des questions à vous poser. Nous sommes reconnaissants au ministre d'être venu lui-même au lieu de nous envoyer un fonctionnaire. Je sais que les fonctionnaires font de l'excellent travail, mais il est bon de savoir qu'il y a des gens ici parce que quelqu'un les a élus pour cela.
¿ (0935)
Bienvenue à vous donc, Ernie. Nous sommes prêts à vous entendre, après quoi nous ferons un tour de table pour que les membres du comité puissent vous poser leurs questions.
¿ (0940)
L'hon. Ernest Fage (ministre de l'Agriculture et des Pêches, gouvernement de la Nouvelle-Écosse): Merci beaucoup, monsieur Hubbard.
Pour commencer, je voudrais à mon tour vous souhaiter à tous la bienvenue en Nouvelle-Écosse. Le météorologue de service a assurément été très gentil.
Le président: Avant de vous laisser poursuivre, je voudrais demander s'il y a quelqu'un qui a besoin du service d'interprétation, auquel cas la greffière vous remettra un récepteur.
Une voix: Pour pouvoir comprendre l'anglais de la Nouvelle-Écosse?
Des voix: Oh, oh!
Le président: Excusez-moi encore une fois pour cette interruption, poursuivez je vous prie.
M. Ernest Fage: Monsieur le président, nous avons beaucoup d'accents ici en Nouvelle-Écosse, et nous en sommes très fiers.
Je souhaite la bienvenue dans notre province au président et à tous les membres du Comité permanent de la Chambre des communes de l'agriculture et de l'agroalimentaire. Je suis ravi de vous accueillir aujourd'hui ici à Truro.
Au cours des deux dernières semaines, j'ai pris part à plusieurs réunions: D'abord, une réunion du Comité sénatorial de l'agriculture; ensuite, une réunion à Halifax de la Fédération canadienne de l'agriculture, au cours de laquelle j'ai eu l'occasion de m'adresser aux participants; et en troisième lieu, j'ai rencontré à plusieurs reprises le ministre de l'Agriculture, M. Vanclief.
En mai, je coprésiderai en Arizona les réunions sur l'accord agricole regroupant le Canada, les États-Unis et le Mexique. J'aurai également le plaisir d'accueillir à Halifax en juin prochain la conférence des ministres de l'agriculture, que je coprésiderai avec le ministre fédéral Lyle Vanclief; lui et moi nous attendons à avoir beaucoup de pain sur la planche puisque nous discuterons de l'avenir de l'agriculture au Canada. Sachez, enfin, que j'ai eu le plaisir de comparaître l'été dernier à Baddeck devant le caucus rural sur l'agriculture.
Soit dit en passant, le fait que ma province ainsi que notre industrie soient ainsi exposées me semble de bon augure pour tous et me semble confirmer un intérêt certain dans l'avenir de l'agriculture. Au nom du gouvernement provincial et de l'industrie agricole, étant donné les changements d'orientation qui s'effectuent de nos jours, je confirme qu'il s'agit d'efforts importants que déploie ici même la Nouvelle-Écosse.
Il est certain que la conférence des ministres de l'Agriculture portera surtout sur les mesures prises par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux dans le cadre du plan d'action national ou cadre de politique agricole. Voilà pourquoi il faut voir dans le plan national d'action l'exemple du rôle que le gouvernement joue et jouera à l'avenir dans l'agriculture. Le gouvernement, à mon avis, doit être un chef de file, un gestionnaire et un membre de l'équipe à laquelle appartiennent l'industrie agricole et d'autres intéressés.
Laissez-moi vous expliquer pendant quelques secondes la situation de l'agriculture en Nouvelle-Écosse.
L'agriculture est un élément clef de la stratégie provinciale de croissance économique et est considérée comme une industrie fondamentale chez nous. Le secteur de l'agroalimentaire contribue aujourd'hui un milliard de dollars par an à l'économie néo-écossaise. L'agriculture de la province emploie presque 15 000 personnes dans les localités rurales. Cinquante six mille autres sont également à l'emploi des secteurs alimentaires du gros, du détail et des services. Notre industrie génère 418 millions de dollars en rentrées de fonds au niveau primaire. Quant aux secteurs représentant les rentrées de fonds les plus importantes, ce sont par ordre décroissant: le secteur laitier, celui de la volaille, celui de l'horticulture et celui du bétail. Les secteurs de la volaille, des oeufs et des produits laitiers, qui sont assujettis à la gestion de l'offre, ont un rendement de 45 p. 100. Enfin, nous avons investi l'année dernière 54 millions de dollars en immobilisations.
La Nouvelle-Écosse compte la proportion la plus élevée d'agriculteurs ayant un diplôme de premier cycle en science agricole au pays. D'ailleurs, nos étudiants du Collègue agricole de la Nouvelle-Écosse ont trois fois plus de chance de se trouver un emploi que les autres lorsqu'ils obtiennent leur diplôme.
Nous avons investi 750 millions de dollars dans la recherche, et cet investissement s'est multiplié à hauteur de 1,8 million de dollars répartis sur 128 projets.
L'année dernière, nous avons exporté plus de 175 millions de dollars de produits agroalimentaires, et nous avons atteint depuis 1974 une croissance annuelle de 12 p. 100. Nous exportons principalement nos bluets, notre fourrure, des carottes congelées et des arbres de Noël.
Nous continuons à prendre de l'expansion. L'an dernier, la société Oxford Frozen Foods a investi 70 millions de dollars afin d'élargir ses opérations, grâce à un prêt de 38 millions de dollars de la province. Le projet d'expansion a fait appel à des contrôleurs de gestion et à des entreprises de construction locaux, et l'ouverture n'a été retardée que d'un jour après six mois de travaux. Trois jours après son ouverture, cette usine atteignait son objectif de production en surgelant un million de livres de bleuets par jour.
La Appel Valley Foods a également construit une nouvelle usine à Kentville pour pouvoir apprêter des tartes aux fruits. De plus, le groupe laitier Scotsburn, connu surtout sous l'appellation Co-op Scotsburn, a également construit une nouvelle usine pour pouvoir doubler sa production de crème glacée.
L'industrie agricole de la Nouvelle-Écosse fait également face à des défis dont plusieurs se retrouvent aussi ailleurs au Canada. Les défis qui se posent aux producteurs agricoles incluent notamment une diminution de leur marge de profit, la gestion du risque en fonction du climat et des marchés, ainsi que de nouveaux défis d'ordre environnemental tel que le changement climatique, les contraintes imposées relativement au sol, à la qualité de l'air et de l'eau. Ils se posent aussi la question de l'interaction entre la villes et la campagne, ainsi que la question du droit à l'activité agricole, de la salubrité des aliments et de la compétitivité; toutes ces questions se posent sans relâche au milieu agricole et au gouvernement.
Les grandes questions qui prédominent, sont celles du vieillissement de la population agricole, la cession des exploitations d'une génération à l'autre et la difficulté pour notre industrie d'attirer de nouveaux intéressés. Les nouveaux marchés tel que celui des produits biologiques et des produits à valeur ajoutée constituent également des défis que doit relever notre industrie. Il faut ajouter à cette liste les nouvelles technologies, la sensibilisation de la population et son appréciation des questions agricoles, la technologie et la recherche, de même que leur déploiement et leur application dans les champs.
Même si l'industrie agricole progresse en Nouvelle-Écosse, elle n'est pas sans faire face elle aussi à des défis. J'aimerais vous les décrire brièvement et vous expliquer ce que nous avons fait et comment ils s'inscrivent dans le cadre de politique agricole.
L'agriculture du Canada et de notre province est actuellement sur une lancée technologique. Toutefois, beaucoup de technologies agricoles existent en fonction d'un lieu précis. Nos conditions physiques et économiques sont souvent uniques, surtout si on les compare aux grands centres de production du Canada et aux centres de recherche et de développement technologiques. Les marges de profit entre le coût de production et le prix du marché diminuent.
La pénurie de main-d'oeuvre agricole fait du tort également à notre province. La Nouvelle-Écosse compte pour 1,5 p. 100 de la production agricole du Canada, mais plus de 2 p. 100 de la main-d'oeuvre agricole du Canada se trouvent chez nous. Le gouvernement a donc un rôle clé à jouer en matière de politiques de la main-d'oeuvre. Il faut qu'il instaure une réforme du marché de la main-d'oeuvre pour réduire le nombre d'éléments dissuasifs au travail et afin de mieux récompenser ceux qui sont disposés à travailler de longues heures au moment des récoltes.
La façon dont le secteur des produits agricoles de la Nouvelle-Écosse est composé rend la vie dure aux travailleurs du milieu de l'horticulture intensive et de l'élevage du bétail. Ainsi, les cotisations actuelles de l'assurance-emploi sont fixées bien au-delà des taux nécessaires pour financer le programme, et les excédents sont versés au Trésor. Or, le fardeau que constituent les cotisations excessives est assumé principalement par les petits salariés, ce qui nuit particulièrement aux travailleurs saisonniers des récoltes dans une province comme la nôtre.
Outre le fait que cela pourrait rendre plus attrayant le travail à la ferme, la correction des iniquités de ces charges sociales pourrait avoir des aspects sociaux très positifs pour les travailleurs agricoles. En effet, les employeurs et ouvriers agricoles méritent que le gouvernement se penche sur leur sort de façon opportune. L'impossibilité de trouver des ouvriers saisonniers cause des difficultés économiques aux producteurs, notamment une perte de récolte. Or, ce problème se traduit à son tour souvent par un rétrécissement du revenu disponible et des dépenses moindres dans la collectivité.
L'évolution rapide de la technologie combinée à des conditions très compétitives ont entraîné à la baisse les prix des denrées.
De plus, l'endettement agricole est à la hausse. Dans notre province, la majorité des emprunts servait traditionnellement à améliorer et à élargir les opérations agricoles. Une grande partie des prêts consentis aux agriculteurs de la Nouvelle-Écosse servait exclusivement aux secteurs des produits laitiers et des volailles. Certes, il coûte moins cher d'emprunter aujourd'hui, car les taux d'intérêt sont beaucoup plus bas que depuis plusieurs années.
¿ (0950)
L'évolution du paysage démographique pose problème dans notre province comme dans le reste du Canada. L'urbanisation des régions rurales et la multiplication des plaintes concernant l'environnement et les nuisances en est un symptôme. Par ailleurs, les conditions climatiques que nous connaissons—sur les cinq dernières années, nous avons eu quatre années successives de sécheresse—aggravent le problème.
Qu'a fait la Nouvelle-Écosse pour remédier à ces problèmes? Dans notre province, l'agriculture fait inextricablement partie de la société rurale, de sorte que nous nous employons à réduire le risque écologique et l'effet social de l'agriculture. Voici quelques modifications législatives que nous avons adoptées depuis deux ans et qui en sont la preuve concrète.
La Dairy Industry Act a été proclamée en avril, abrogeant l'ancienne Nova Scotia Dairy Commission Act. Cette loi donne une série de moyens d'action à l'industrie laitière par l'entremise des producteurs laitiers de la province, et étend même ses pouvoirs au-delà de l'exploitation laitière par le biais du Natural Products Marketing Council, mais elle donne par là même à l'industrie laitière et aux producteurs laitiers le contrôle de leur destinée et de leurs activités, ainsi que du fonctionnement interne de l'organisation des producteurs.
La Farm Practices Act a été proclamée en mars. Elle protège les producteurs qui utilisent des pratiques agricoles reconnues; elle permet au Farm Practices Board d'entendre des appels, et elle permettra l'établissement de critères qui préciseront ce que sont les pratiques agricoles normales en Nouvelle-Écosse, de manière à protéger mais aussi à consulter la collectivité agricole.
Par ailleurs, l'Agricultural Marshlands Conservation Act a été proclamée en novembre 2000. Elle prémunit la plus grande partie de cette ressource précieuse que sont nos marais contre l'exploitation non-agricole, en plus de s'opposer à toute utilisation indésirable des terres inondables. La province compte en effet plus de 46 000 acres de terres endiguées qui se trouvent sous sa protection.
En outre, nous avons institué une politique sur les nouveaux venus en agriculture. En effet, pour remédier à l'évolution du paysage démographique et aux changements transitoires qui ont lieu dans les régions rurales, le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a dû continuer à mettre l'accent sur des programmes permettant aux nouveaux venus de se lancer et de réussir dans l'agriculture.
En 2000, nous avons ainsi institué un programme de soutien aux nouveaux exploitants agricoles qui a coûté 600 000 $. Par ailleurs, d'autres programmes ont été modifiés pour donner la priorité aux nouveaux venus se réclamant d'autres programmes directs de soutien au développement agricole. Ces programmes encourageront le nouveau producteur agricole à s'implanter ou à racheter des exploitations agricoles, et ils faciliteront également le transfert des exploitations agricoles d'une génération à l'autre.
Nous avons également mis au point de nouveaux programmes en pensant tout particulièrement aux nouveaux venus dans l'agriculture, afin de faciliter l'épanouissement des nouvelles entreprises, les projets de recherche et de démonstration, de même que la gestion des terres et de l'eau ainsi que la protection du monde agricole et du public. En Nouvelle-Écosse comme ailleurs au Canada, une bonne partie de la population connaît mal, ou pas du tout, le monde de l'agriculture, et nous nous employons à sensibiliser le public à l'agriculture et à faire mieux comprendre celle-ci.
Un autre domaine dans lequel nous avons fait des progrès est celui des services et de l'expertise-conseil en matière agricole. L'Agricultural Development Institute a été créé en l'an 2000 dans notre province. Nous avons opté pour un autre mode de prestation de ce service d'expertise-conseil. En l'occurrence, il s'agit d'un fournisseur de services indépendant qui répond aux besoins de l'industrie et qui s'est fermement implanté dans notre province. Le conseil d'administration de cet organisme indépendant est composé de représentants du gouvernement et de l'industrie, mais la majorité des membres du conseil appartiennent au monde agricole. Pour que le ministère puisse directement intervenir, le sous-ministre de l'Agriculture siège également au conseil. Pour que les travaux de recherche effectués par l'institut soient le plus pertinent possible, le président ou le recteur du Nova Scotia Agricultural College fait également partie du conseil d'administration.
Ce modèle a été fort bien accepté, à tout le moins à en juger par les résultats de l'an dernier. Plusieurs autres pouvoirs publics canadiens et américains s'y sont intéressés. Il est manifeste que d'ores et déjà, la réaction du monde agricole et l'orientation imprimée par celui-ci qui est majoritaire au conseil, sont très encourageantes pour nous. L'institut offre très rapidement des services conseils dans tous les cas de figure, mais il permet également de cibler plus précisément certains types d'activités et, essentiellement, il fonctionne un peu comme le service de triage dans un hôpital.
Le ministère a également créé un groupe de travail interne sur les eaux intérieures dont le but est d'évaluer la qualité de l'eau dans la province. On y traite de questions comme l'accès, la qualité et la quantité dans l'ensemble du secteur agricole, de la pêche et de l'aquaculture. La province a profité de l'expertise du gouvernement fédéral, par l'entremise de l'administration du rétablissement agricole des prairies (ARAP) et a obtenu 300 000 $ cette année pour aider à résoudre les problèmes de sécheresse en Nouvelle-Écosse.
Le gouvernement de notre province traverse une période de compressions budgétaires. Notre gouvernement a été élu parce qu'il a promis de dépenser d'une manière responsable et d'équilibrer le budget. Nous avons donc dû prendre des décisions difficiles. Et cette année, notre gouvernement présentera à la province le premier budget équilibré en quarante ans.
Notre province est assurément partie prenante à l'Entente cadre nationale. Nous sommes impatients de travailler étroitement avec les intervenants du secteur dans cette province ainsi qu'avec le gouvernement fédéral en vue de mettre en oeuvre cette politique nationale.
D'après ce que nous avons vu dans le passé, dans le secteur agricole, on a toujours mis l'accent sur les priorités figurant dans le plan national. Les agriculteurs ont toujours bien géré leurs terres, ils ont fait preuve d'esprit d'entreprise et d'innovation, en plus de se préoccuper de la salubrité des aliments et d'adopter une approche reposant sur la gestion des risques. Ces caractéristiques ont toujours été essentielles au succès du secteur agricole et continuent de l'être aujourd'hui.
Je crois que la différence dans leur convergence dans le cadre d'un plan action intégrée vient de ce que le gouvernement et le secteur reconnaissent maintenant que ces éléments sont inter-indépendants. On les intègre maintenant en vue de bien axer les orientations futures du secteur agricole.
Les plans environnementaux en agriculture sont essentiels à cet avenir. Déjà dans notre province, sous l'égide de la Nova Scotia Federation of Agriculture, une centaine d'exploitations sont maintenant inscrites au programme des plans environnementaux en agriculture. Le ministère de l'Agriculture et des pêches a également des programmes de planification de la gestion des nutriments; il a élaboré des lignes directrices sur les pratiques de gestion optimale en ce qui concerne l'entreposage du fumier, et il fait de la recherche appliquée en vue de trouver des solutions écologiques sur la ferme, comme par exemple l'utilisation de milieux humides artificiels pour traiter les déchets.
Et pourtant, en dépit des tentatives d'aménagement du territoire de manière à protéger l'agriculture, de plus en plus de citadins vont s'établir à la campagne. Cette tendance expose davantage les agriculteurs à l'examen de leurs activités agricoles par ces nouveaux voisins et augmente le risque que certaines pratiques agricoles aient des répercussions sur le mode de vie des gens. Des conflits surviennent inévitablement quand ces nouveaux résidents ruraux s'opposent à certaines activités agricoles et exigent l'intervention du gouvernement. La révision récente de la Loi sur le droit à l'exploitation agricole, la Farm Practices Act, est un exemple des efforts que déploie le gouvernement pour protéger les bonnes pratiques agricoles et établir la norme pour l'avenir.
La relève: Notre population agricole est très instruite, comme je l'ai déjà mentionné. Cette province a proportionnellement le plus grand nombre d'agriculteurs munis d'un diplôme de premier cycle en agriculture et dans d'autres disciplines. Comme dans bien des secteurs, cependant, cette population vieillit. Notre priorité, dans nos programmes en vue d'assurer la relève, sera d'assurer à ces agriculteurs compétents l'accès à des moyens de financement, c'est-à-dire aux sommes dont ils auront besoin pour assurer la relève dans le secteur agricole au XXI siècle. Les principaux sujets de discussions avec nos intervenants comprendront notamment l'accès à des possibilités d'apprentissage et d'information, des conseils en matière d'exportation, de planification successorale, de planification financière, et d'autres questions liées au transfert intergénérationel et aux nouveaux venus dans le secteur.
¿ (0955)
Dans le domaine de la salubrité des aliments, les agriculteurs de la Nouvelle-Écosse produisent de la nourriture saine et de haute qualité. Ils sont des chefs de file dans les méthodes agricoles progressives et continuent de travailler à rendre la production alimentaire plus écologique. De la ferme à l'épicerie, le secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire de la Nouvelle-Écosse met continuellement à profit les derniers progrès de la recherche et de la technologie pour améliorer la qualité, la salubrité et la fraîcheur des aliments. Nous reconnaissons qu'il faut adopter une approche exhaustive en matière de salubrité des aliments, à partir de la ferme même, pour pouvoir soutenir la concurrence au niveau national et international. La salubrité des aliments est axée sur les besoins des consommateurs et des détaillants. Ces deux groupes exigent la plus grande salubrité possible, mais les producteurs qui répondent à cette demande doivent assumer des coûts supplémentaires. Le gouvernement doit donc aider le secteur à surmonter cet obstacle. L'élaboration et la mise en oeuvre de ces programmes présentent aussi un défi en matière de ressources humaines, et le gouvernement devra relever ce défi aussi.
L'agriculture est une industrie fondée sur la science et la technologie. Ce n'est pas d'hier qu'en Nouvelle-Écosse, la science et l'innovation sont au coeur de l'agriculture. Si vous comparez les différents secteurs agricoles de la planète où des progrès ont été réalisés avec les autres, vous constaterez que les ressources affectées à la science et à la technologie sont un des facteurs déterminants.
La science agricole a permis aux Canadiens d'aujourd'hui d'accroître leur niveau de vie et leur qualité de vie. Les études scientifiques et les nouvelles connaissances qu'elles génèrent et les fondements qu'elles établissent pour l'élaboration de nouvelles technologies sont la pierre angulaire du développement économique et du progrès humain.
Ici, en Nouvelle-Écosse, le collège d'agriculture de la Nouvelle-Écosse offre un programme d'études dans les domaines émergents des sciences de la vie, du génie de l'environnement, de la biologie, des affaires agricoles, de l'élaboration de produits nouveaux et à valeur ajoutée, de l'agriculture biologique et de l'aquaculture. Les programmes techniques de deuxième cycle du CANE offrent aux Canadiens de la région de l'Atlantique la possibilité d'accroître leur expertise dans ces domaines en émergence. À l'heure actuelle, on met l'accent sur les sciences de la vie et la biotechnologie, mais nous devons nous assurer que la commercialisation et la production agricole primaire font l'objet de discussions et de mesures de développement en parallèle.
Ces progrès pourraient s'inscrire dans les travaux actuels du Conseil de recherches agroalimentaires du Canada en vue de concevoir une stratégie nationale quinquennale de recherche agricole. Nous avons certainement l'intention d'y participer.
Quant à la protection du revenu, l'agriculture fait face à de nombreux défis liés à la gestion du risque. Un examen national des formes de soutien du revenu a récemment été mené et des représentants de la Nouvelle-Écosse se sont entretenus avec des membres de l'industrie agricole pour s'assurer que leur voix serait entendue au niveau national. Il y a des problèmes.
Comme vous le savez, ces programmes coûtent cher et la demande d'aide financière circonstancielle ne cesse de croître. La solution, c'est d'élaborer un programme national suffisamment souple pour répondre aux besoins des agriculteurs de chaque région du pays et tenir compte des dimensions et des genres différents d'exploitations agricoles et des différentes denrées produites. La coordination est aussi un problème. Il faut éliminer le chevauchement entre les programmes. De plus, il faudrait revoir la façon dont les fonds fédéraux sont distribués aux régions. La Nouvelle-Écosse appuie la formule actuelle qui se fonde sur les recettes monétaires agricoles.
Pour conclure, sur le cadre national, la Nouvelle-Écosse appuie fermement une approche intégrée pour élaborer le cadre national de politique agricole et son plan d'action. Il est essentiel qu'on reconnaisse, dans ce processus, la nature très diversifiée du secteur agricole canadien. C'est cette diversité qui fait notre force comme secteur. Je ne saurais trop insister là-dessus.
Les membres de votre comité proviennent de diverses régions agricoles du pays et ont des antécédents diversifiés. La diversité du pays est aussi positive sur le front agricole. La diversité sur le plan de la taille, des marchandises et des régions en croissance crée de nouvelles perspectives autant dans ce que nous pouvons offrir localement, dans nos provinces, et au Canada, que pour notre balance commerciale au niveau international.
Ce qui est nouveau, et très enthousiasmant, c'est que ces enjeux font l'objet d'un consensus national au sein du gouvernement et de l'industrie. Ensemble, nous pouvons entreprendre des activités pour promouvoir le Canada comme premier fournisseur de produits agroalimentaires sûrs, novateurs et écologiques produits de façon efficiente, durable et rentable. Ce doit être notre objectif à tous.
Voilà sans aucun doute le rôle futur du gouvernement. Il devra délaisser l'intervention intensive et s'orienter davantage vers des initiatives en partenariat dans la collégialité. On devra accorder plus d'attention, à l'échelle nationale, aux questions de nature régionale, faire converger les questions d'intérêt commun pour le gouvernement et l'industrie et travailler collectivement pour saisir toutes les occasions qui s'offriront à nous.
À (1000)
Un gouvernement qui sait mettre à profit sa capacité de fournir des informations pour aider les gens d'affaires à prendre des décisions éclairées—autrement dit, un gouvernement qui est en mesure de recueillir des informations numériques, de les analyser et de les disséminer—est essentiel pour l'avenir du secteur et les décisions qu'il prendra. Grâce aux économies d'échelle qu'ils peuvent réaliser, les gouvernements sont en mesure d'assumer ce risque, surtout en ce qui a trait à la recherche, à l'innovation et à l'adoption de nouveaux rôles et de nouvelles techniques de gestion. De plus, il incombe au gouvernement d'assurer la protection et la sécurité du public, et d'adopter les lois et règlements qui sont dans l'intérêt de la communauté agricole et du public en général.
En terminant, je tiens à vous remercier de m'avoir écouté ce matin. Je sais que vous avez entendu beaucoup d'autres témoins de toutes les régions du pays et que vous en entendrez d'autres aujourd'hui. Je suis heureux que vous m'ayez donné l'occasion de vous présenter des extraits d'une longue thèse sur l'agriculture en Nouvelle-Écosse, qui est un secteur extrêmement important pour notre province. Je serai heureux de répondre à vos questions.
Merci, monsieur le président.
À (1005)
Le président: Merci, monsieur Fage. Je constate que plusieurs de vos collaborateurs vous accompagnent.
Dans ses déplacements à l'échelle du pays, notre comité a eu du mal à susciter l'intérêt des médias; je peux vous dire qu'il est rudement difficile d'obtenir une certaine couverture médiatique pour l'agriculture.
Je vous lance donc le défi de demander à vos collaborateurs de rédiger un communiqué de presse à l'intention des journaux de la Nouvelle-Écosse où vous indiqueriez que vous avez présenté un témoignage important au nom de la communauté des agriculteurs de la Nouvelle-Écosse et que vous avez fait valoir certains points. Peut-être cela fera-t-il les manchettes des journaux de Truro, de Halifax et d'ailleurs en Nouvelle-Écosse, car vous venez de nous présenter un rapport détaillé et très articulé.
Howard, aimeriez-vous commencer?
M. Howard Hilstrom (Selkirk--Interlake, Alliance canadienne): Merci, monsieur le président.
À l'instar du président, je vous félicite de votre excellent exposé. Il devrait certainement faire les manchettes, particulièrement vos remarques sur l'assurance-emploi, qui intéresse tout le pays, et son effet dissuasif sur les gens qui veulent travailler. Je pense plus particulièrement aux changements qui ont été apportés récemment.
Peut-être devrions-nous aborder d'abord le filet de sécurité. Le ministre Vanclief nous a dit que le CSRN et le PCRA ne fonctionnent pas; il n'a pas promis de les éliminer, mais si ces programmes sont inutiles, je présume que c'est ce qu'il fera. Il a aussi déclaré son intention de concevoir un régime à prendre ou à laisser.
Vous coprésidez, avec le ministre Vanclief, le comité pour le plan d'action national. Est-ce que vous tenez des consultations dans toutes les régions du pays?
M. Ernest Fage: Je coprésiderai la conférence fédérale-provinciale-territoriale qui se tiendra à Halifax cette année.
M. Howard Hilstrom: Je vois. Pouvez-vous nous donner des détails? Nous n'avons pas obtenu de détails du ministre fédéral et je présume que vous n'avez pas non plus d'information à nous donner. Où en est-on?
M. Ernest Fage: Nous avons eu quelques rencontres préliminaires. Nous avons discuté de la meilleure façon d'en venir à un nouvel accord national avec le ministre fédéral à notre dernière rencontre qui s'est tenue à Toronto. Le premier document traitant de cette question est probablement celui-ci, qui vient d'être rendu public.
Je peux vous garantir que, en ce qui a trait à la gestion du risque, notre province a soulevé de nombreuses préoccupations relativement à l'assurance-récolte qui n'est pas assez souple de l'avis des producteurs, lesquels estiment aussi que le CSRN, qui convient très bien à certains producteurs, dans son approche agro-globale, n'est pas idéal pour la Nouvelle-Écosse qui est davantage axée sur la polyculture que sur la monoculture. En ce qui a trait au PCRA, ce programme, qui devait aider les producteurs agricoles en cas de catastrophe, n'a pas permis à tous les agriculteurs qui en avaient besoin de recevoir une indemnisation. Nous avons donc déjà apporté notre contribution dans le cadre des consultations.
Le processus progresse. Bien sûr, avec nos partenaires de l'industrie, nous voulons être au premier plan de l'élaboration d'une meilleure méthode. Le ministre fédéral vient de proposer une orientation novatrice. Mais je crois qu'il faudra en discuter encore longtemps avant que tous soient prêts à signer.
M. Howard Hilstrom: Êtes-vous d'accord pour dire que certaines denrées souffrent davantage des subventions étrangères, par exemple les céréales et les oléagineux, et que, par conséquent, un programme universel pour tout le pays ne convient pas?
C'est ce qu'était le Programme canadien du revenu agricole. Bien sûr, les groupements de producteurs spécialisés préconisent l'adoption de cet autre régime. Croyez-vous à l'approche universelle? Nous faudrait-il pour chaque denrée des programmes particuliers qui seraient conformes aux règles de l'OMC?
À (1010)
M. Ernest Fage: Je ne crois pas qu'un seul programme puisse convenir à tous. Tout programme doit être suffisamment souple pour tenir compte des préoccupations des régions et du secteur.
J'ajouterai toutefois, au sujet de la distorsion ou des subventions étrangères, que c'est un problème qu'il est extrêmement difficile de solutionner dans le cadre d'un programme de gestion du risque. À mon sens, il faudrait un programme particulier pour traiter des effets de distorsion des politiques commerciales de nos partenaires, car elles ne cadrent pas avec les conditions normales du marché, les risques liés aux conditions météorologiques ou les autres risques inhérents à l'agriculture. Cela doit faire l'objet d'un plan distinct.
M. Howard Hilstrom: Je vois. Merci beaucoup.
Le président: Je cède maintenant la parole à Odina.
Odina.
[Français]
M. Odina Desrochers (Lotbinière--L'Érable, BQ): Je dispose de combien de temps, monsieur le président?
[Traduction]
Combien de temps ai-je?
Le président: Je vous donne quatre minutes.
M. Odina Desrochers: J'ai quatre minutes? D'accord. Merci.
[Français]
Monsieur le ministre, d'abord, je vous remercie de vous être déplacé aujourd'hui pour rencontrer les membres du Comité de l'agriculture et nous permettre d'en connaître davantage sur la situation agricole dans votre province. J'aurais quelques questions à vous poser au sujet du partenariat qui existe entre votre province et le gouvernement canadien au niveau des programmes de soutien et des programmes d'aide face aux turbulences mondiales et aux crises plus régionales.
Monsieur le ministre, quel pourcentage votre gouvernement verse-t-il par rapport à celui du gouvernement canadien en vertu des ententes qui existent avec le gouvernement fédéral?
[Traduction]
M. Ernest Fage: Merci beaucoup.
Pour tous les programmes de gestion du risque qui se fondent sur la formule qui constitue la norme pour notre province et le Canada, la contribution fédérale est de 60 p. 100 et celle de la province, 40 p. 100. C'est l'accord type qui sous-tend tous les programmes établis depuis deux ou trois ans. C'est là la part de chaque palier de gouvernement.
[Français]
M. Odina Desrochers: Est-ce que cet accord répond à la réalité agricole de votre province?
[Traduction]
M. Ernest Fage: Il ne fait aucun doute que, compte tenu des pressions budgétaires qui s'exercent, de la taille de l'agriculture, de la péréquation et des paiements de transfert, il est difficile pour nous d'apporter notre pleine contribution de 40 p. 100. Nous devons tenter de faire des rajustements non seulement au sein du ministère, mais dans tous les domaines, des soins de santé jusqu'aux ressources naturelles en passant par l'environnement et l'agriculture pour trouver l'argent nécessaire.
Notre gouvernement accorde une grande priorité à l'agriculture. Les dépenses de programme dans le domaine agricole constituent le seul secteur où les sommes versées à la communauté agricole de la Nouvelle-Écosse ont doublé. Si notre contribution était inférieure à 40 p. 100, nous pourrions en faire davantage pour les agriculteurs.
[Français]
M. Odina Desrochers: J'ai une dernière question. Plutôt que de standardiser 60 ou 40 p. 100, ne croyez-vous pas que le gouvernement Canadien devrait établir des normes plus réalistes selon les besoins de chacune des régions et des provinces?
[Traduction]
M. Ernest Fage: On peut établir une norme en fonction de deux choses: le pourcentage d'argent et la méthode de répartition. La Nouvelle-Écosse estime avoir fait un gain important lorsque, il y a deux ans, il a été entendu qu'on se fonderait sur les extrants ou la proportion de vente au détail de la province, car cela tient davantage compte de la taille des différents secteurs.
Le montant en dollars est réparti selon la formule des 60 p. 100-40 p. 100. Bien sûr, nous continuerons de négocier avec le gouvernement fédéral en vue de faire abaisser notre contribution et d'amener le gouvernement fédéral à assumer une part accrue. Les discussions se poursuivront, mais je ne m'opposerais pas à ce que la répartition soit plutôt de 70 p. 100 et 30 p. 100 ou de 80 p. 100 et 20 p. 100.
À (1015)
Le président: Merci.
Paul.
M. Paul Steckle (Huron--Bruce, Lib.): Tout d'abord, monsieur le ministre, merci d'être venu comparaître aujourd'hui. Voilà un exposé vraiment complet sur l'agriculture en Nouvelle-Écosse. J'ai beaucoup de questions à poser en très peu de temps.
Vous avez parlé de la population rurale vieillissante et des exploitations agricoles transmises d'une génération à l'autre. À votre avis, que devrait faire le gouvernement fédéral pour aider les agriculteurs qui partent à la retraite à transférer leur exploitation afin que la fiscalité soit clairement définie, que ce soit les gains en capital, un accroissement de cette portion... Que faudrait-il faire pour accélérer les choses et encourager de jeunes agriculteurs à se lancer dans cette activité? Nous savons évidemment que si l'on réinvestit les bénéfices dans l'agriculture, on incitera peut-être de nombreux jeunes à revenir vers ce secteur. Mais faute de cela, à court terme, que peut-on faire?
M. Ernest Fage: Vous avez très bien résumé le problème le plus délicat du secteur agricole au Canada. Dans cette province, la moyenne d'âge est de 55 ans environ. Nous pourrions parler toute la journée de la question du marché, et je pense que nous allons laisser cela de côté. Mais le gouvernement fédéral dispose de la Société du crédit agricole qui est très active en Nouvelle-Écosse. Nous avons la Nova Scotia Farm Loan Board. Il est clair que toute formule qui permet de faire durer l'argent à long terme avec un minimum de risque est avantageuse pour la collectivité.
À très court terme, la Nouvelle-Écosse a lancé un nouveau programme pour les jeunes agriculteurs. La première année, ils peuvent avoir une exonération de 10 000 $ sur les intérêts à payer et s'en servir pour avoir des liquidités, et l'année suivante ils peuvent avoir de nouveau 10 000 $, soit un total de 20 000 $. Si le gouvernement fédéral le souhaitait, ce serait aussi une bonne politique à adopter pour la Société du crédit agricole. Non seulement elle laisse le choix aux agriculteurs, mais elle assure une certaine équité dans le pays et elle laisse à ces deux institutions un choix équitable.
L'autre question est le traitement fiscal et l'octroi de garanties sur une deuxième hypothèque, que ce soit de la part de la famille ou du précédent propriétaire. Cela permettrait d'avoir une situation plus équilibrée. Il faudrait que la province aussi bien que le gouvernement fédéral étudient des possibilités d'atténuer les risques aussi bien pour ceux qui quittent le secteur que pour ceux qui y entrent. Si l'on proposait des garanties pour la deuxième hypothèque, ce serait sans doute très utile et cela ramènerait les risques du contribuable à un niveau acceptable. Nous recommandons vivement ce genre de programmes.
Il y a par ailleurs le financement de la formation obligatoire des gestionnaires dans ce contexte. Quand on débute dans l'agriculture avec un tel niveau d'endettement, on n'a pas le droit à l'erreur. Une autre suggestion serait de financer des programmes de gestion parallèlement à ces politiques de façon à donner aux nouveaux venus les meilleurs outils possible pour affronter ces défis.
M. Paul Steckle: À propos de sécurité alimentaire, vu ce qui s'est passé le 11 septembre, comment votre gouvernement et vous-même, en tant que ministre de l'Agriculture, voyez-vous l'agriculture dans le contexte de la sécurité nationale? L'alimentation est-elle suffisamment importante au Canada pour que les provinces et le gouvernement fédéral soient prêts à en faire l'un de nos principaux problèmes de sécurité? Dans l'affirmative, votre gouvernement serait-il d'accord pour appuyer une politique affirmant le droit à la sécurité alimentaire au Canada? Seriez-vous d'accord pour participer à ce genre de discussion?
À (1020)
M. Ernest Fage: Bien sûr que nous participerions au débat, mais je ne pense pas qu'on puisse le délimiter de façon aussi précise. À mon avis, l'exemple de la fièvre aphteuse serait un meilleur exemple. Dans ce cas-là, il y a des questions de sécurité, on a un aliment qui entre au pays ou qui en part, il y a des expéditions d'animaux vivants, du sol qui peut même provenir d'autres pays. Cela vous donne probablement une meilleure idée de la situation à laquelle nous sommes confrontés.
Ce dont il faut être bien conscient aussi, à mon avis, c'est le fait que nous sommes un pays exportateur. Nous sommes une province exportatrice. Si nous imposons au nom de la sécurité des restrictions telles que nous n'autorisons plus rien...
M. Paul Steckle: Eh bien, permettez-moi simplement...
Le président: Paul, un instant. Vous avez dépassé votre temps.
M. Paul Steckle: Eh bien, vous alliez dans une autre direction. Je n'ai pas dit clairement ce que j'essayais... J'y reviendrai plus tard. Merci beaucoup.
Le président: Il faudra y revenir plus tard. Désolé.
Dick.
M. Dick Proctor (Palliser, NPD): Merci beaucoup, monsieur le ministre.
Quand vous avez parlé de mécanismes de protection du revenu agricole tout à l'heure, vous avez dit être en faveur des recettes monétaires agricoles et de ce que l'on appelle la formule de Fredericton. N'importe quel observateur impartial qui a accompagné le comité dans ses déplacements—nous en sommes à nos dernières visites—admettra volontiers que la plupart des situations difficiles que nous avons rencontrées se trouvent dans l'ouest du pays, en particulier dans les Prairies, où la gestion des approvisionnements est minime et où l'on souffre beaucoup. En Saskatchewan et au Manitoba en particulier, on est d'avis que les recettes monétaires agricoles ne font qu'aggraver la situation. Je parle pour ces régions.
Comment la Nouvelle-Écosse justifie-t-elle les recettes monétaires agricoles?
M. Ernest Fage: C'est une excellente question sur le plan national. Pour moi et mon gouvernement, les recettes monétaires agricoles sont une formule juste.
Ce que j'ai dit à Howard à propos des subventions ou des pratiques commerciales déloyales—de mon point de vue à moi et de celui de l'est du pays, c'est qu'il s'agit d'une question distincte. C'est pourquoi il nous faut une politique distincte pour lutter contre le problème de la distorsion des échanges au lieu de l'amalgamer à la question de la gestion du risque et de la protection du revenu agricole parce que cela vient fausser pour toutes les autres provinces le débat autour de la gestion du risque.
Cela ne signifie pas que nous ne soutenons pas—c'est tout à fait le contraire—le secteur des céréales et les exportations, mais il faut ajuster cette aide. Elle pourrait devenir un poste de dépense distinct, sans lien avec la gestion des risques. C'est ce que je proposerais.
Ce n'est pas vouloir faire disparaître l'aide. Il y en a et je suis pour, mais j'aimerais que ce soit un poste de dépense distinct qui ne s'enferre pas dans les subtilités et les méandres de la gestion du risque. Il faut une compensation pour ces pratiques déloyales, mais cela vient fausser pour tous les autres ce que l'on essaie d'accomplir en matière de gestion du risque.
M. Dick Proctor: L'ennui actuellement, c'est précisément qu'il n'y a pas de compensation.
Je ne suis pas certain d'avoir bien compris lorsque vous avez parlé de diversification des modes de prestation des services. Pourriez-vous nous en dire davantage sur ce que vous faites?
M. Ernest Fage: En Nouvelle-Écosse, le secteur évolue rapidement et nous voulions offrir des services spécialisés dans tous les domaines de la technologie, qu'il s'agisse des plantes ou du bétail. Grâce à la diversification des modes de prestation, nous pouvons compter sur des spécialistes sur-le-champ ou rapidement en cas de problème.
Je vais vous donner un exemple. Je sais reconnaître le charbon ou le mildiou. D'autres aussi en sont capables: le conseiller agricole, le marchand d'engrais ou le vendeur de produits chimiques. Ce que je veux savoir, c'est si je vais faire des économies si j'applique un traitement? Inversement, sans traitement, est-ce que j'y gagne financièrement?
Voilà le genre de renseignements spécialisés en matière de technologie de culture et de production, à incidence financière, que le groupe peut fournir.
À (1025)
Le président: Merci, Dick, et monsieur le ministre.
Larry.
M. Larry McCormick (Hastings--Frontenac--Lennox and Addington, Lib.): Merci, monsieur le président.
J'aimerais rappeler au ministre que toutes les provinces ont donné leur accord et j'aimerais savoir si... Vous savez, l'impression—c'est le mot le plus utile que j'ai appris en huit ans et demi—c'est que le gouvernement fédéral est inflexible. Peut-être le ministre peut-il nous dire s'il n'y a pas là une occasion à saisir, comme je le pense?
J'aimerais ensuite céder mon temps de parole à mon collègue, Paul, pour clarifier la question concernant la sécurité alimentaire, si vous me permettez.
M. Ernest Fage: Bonne question, Larry. Nous sommes en période de discussion. Un cadre a été tracé. Lors de la dernière réunion, nous nous sommes tous entendus pour nous retrouver et en discuter; les choses sont donc en marche. Dans notre province, nous faisons participer directement le secteur aux discussions de manière à ce que le résultat final soit de meilleure qualité, si nous arrivons à nous entendre. Plus il y aura de participants, mieux ce sera.
M. Larry McCormick: Merci, monsieur le ministre.
Paul, si vous voulez...
M. Paul Steckle: Désolé, monsieur le ministre. Vous répondiez correctement à ma question; c'est ma question qui aurait dû tourner autour des approvisionnements.
Le comité se déplace et il devra prendre des décisions sur ce que sera le rôle de l'État dans l'agriculture. En ce qui concerne les approvisionnements et la sécurité alimentaire, si nous partons du principe que la production nationale est la bonne façon de nourrir notre population—ce n'est évidemment pas la seule source des approvisionnements, mais c'est la principale—il revient alors à l'État de soutenir l'agriculture.
Êtes-vous prêt à participer aux discussions? En tant que ministre, estimez-vous que le Canada devrait avoir une politique de production alimentaire nationale?
M. Ernest Fage: Oui, nous sommes tout disposés à participer à de telles discussions. Je représente la province et nous sommes convaincus qu'il devrait y avoir une politique concernant les approvisionnements. Quant aux modalités et aux définitions, c'est là-dessus que porteront les discussions: les pourcentages, ce qui est acceptable, ce genre de choses.
Mais cela ne fait pas de doute, nous tenons à participer à ces discussions.
M. Paul Steckle: Je suis prêt à recéder à Larry le temps qu'il me reste, mais il n'est pas ici.
Comme il n'est pas là, j'aimerais savoir comment la Loi relative aux pratiques agricoles et au droit à l'exploitation agricole fonctionne dans votre province. Est-ce efficace? Avez-vous une loi qui donne des résultats?
M. Ernest Fage: Oui. On a d'abord eu une loi relative au droit à l'exploitation agricole. Nous l'avons modifiée et elle est devenue la Loi sur les pratiques agricoles, un texte beaucoup plus musclé. On y définit les pratiques agricoles normales.
Il y a actuellement un groupe composé de membres du grand public et de représentants du secteur qui... Qu'il s'agisse de gestion intensive du bétail ou des pratiques agricoles, au lieu de s'adresser à un tribunal, la personne peut comparaître devant la Commission pour se plaindre de telle ou telle exploitation. La Commission se prononce sur...
Il y a donc obligatoirement d'abord une conciliation pour éviter que cela n'aboutisse à un procès. Bien sûr, n'importe qui peut s'adresser au tribunal.
M. Larry McCormick: Monsieur le président, en vertu de la Loi sur le droit à l'exploitation agricole, quand j'entends parler de M. Kennedy qui était en Alberta hier... et il ne fait pas de doute que c'est un orateur dynamique; à Ottawa, il a parlé des rivières du New Jersey qui étaient en feu il y a quelques années.
Mais ici, monsieur le ministre, en ce qui concerne les permis d'exploitation d'une ferme porcine, par exemple, quelle que soit sa taille, est-ce la province ou la municipalité qui a le dernier mot? C'est une question que nous allons poser partout au pays.
M. Ernest Fage: Ici, il faut obtenir un certain nombre de permis provinciaux. Le promoteur qui les a obtenus doit ensuite s'adresser au comté pour obtenir un permis de bâtir ordinaire. Nous avons eu quelques cas de ce genre et les comtés ont accordé les permis de bâtir une fois que les autres permis provinciaux—environnementaux et autres—ont été obtenus.
M. Larry McCormick: Merci, monsieur le président et monsieur le ministre.
Le président: Merci, Larry.
Rick.
M. Rick Borotsik (Brandon--Souris, PC/RD): Merci, monsieur le président.
Bienvenue, monsieur le ministre; c'est toujours un plaisir. Je vous félicite de votre participation à l'échelle nationale. C'est le sujet de ma première question.
Vous avez parlé de la conférence trinationale en Arizona. Je crois comprendre que vous en êtes le président?
M. Ernest Fage: Je suis le coprésident.
M. Rick Borotsik: Vous êtes le coprésident.
Pour les États-Unis, le Mexique et le Canada, il y a de nombreux thèmes qui reviennent constamment lors de nos séances, dont entre autres la US Farm Bill (Loi agricole américaine). Cette loi a naturellement des ramifications considérables, particulièrement pour les céréales et les oléagineux, mais dans d'autres domaines de l'agriculture au Canada également. Avez-vous eu l'occasion d'aborder la question de la Loi agricole américaine avec vos homologues américains? Quelle est la position de la Nouvelle-Écosse en ce qui concerne cette loi?
À (1030)
M. Ernest Fage: C'est une très bonne question. Mon rôle de coprésident commencera lors de cette réunion. À ce moment-ci, je prends connaissance de la documentation et je reçois de l'information.
Ce que je dirais, c'est que le débat porte en partie sur la Loi agricole américaine, la politique du travail et la politique relative à la production alimentaire au Mexique dans les trois pays. Je pense que je suis assez réaliste. Cela m'étonnerait beaucoup que nous puissions influer sur la Loi agricole américaine. Nous abordons tout au moins la question d'une compétence commune et nous présentons des recommandations à ce sujet.
M. Rick Borotsik: À votre avis, monsieur le ministre, est-ce que les Américains comprennent les conséquences de leur loi agricole pour l'agriculture canadienne? S'en préoccupent-ils?
M. Ernest Fage: Si je voulais être vraiment méchant, je dirais que la plupart de ceux qui ont été élus à une assemblée législative peu importe le pays, en fin de compte, se préoccupent de leurs électeurs, non pas de ceux qui se trouvent dans les pays voisins.
M. Rick Borotsik: C'est une réponse très honnête. Merci beaucoup.
Dans votre exposé, il y a une chose que vous avez mentionnée à deux reprises et qui m'a vraiment intéressé. Vous avez dit que la Nouvelle-Écosse avait le pourcentage le plus élevé de producteurs ayant un diplôme en agriculture. Vous avez dit par ailleurs à la toute fin de votre exposé, que s'ils devaient avoir accès à un programme provincial ou fédéral, il devrait y avoir un programme de formation obligatoire en gestion. Cela m'intéresse beaucoup. Bon nombre de producteurs dans nos régions, particulièrement, n'ont peut-être pas à l'heure actuelle les compétences nécessaires en gestion des affaires.
Voulez-vous nous parler un peu des conséquences positives pour la Nouvelle-Écosse, mais nous dire aussi comment à votre avis cette formation obligatoire en gestion devrait être offerte?
M. Ernest Fage: Merci. Je pense qu'il faut être prudent lorsqu'on donne des exemples. Je pense que cela est essentiel en agriculture mais aussi dans tout autre domaine. Il faut avoir une idée ou un produit. Il faut avoir les ressources et le capital. L'élément le plus important est l'élément humain et une capacité de gérer les éléments.
Nous avons beaucoup de gens très brillants qui ont opté pour un rendement de l'investissement moins élevé et qui ont choisi l'agriculture. Nous sommes sans contredit fermement convaincus que le gouvernement devrait faciliter le transfert d'une génération à l'autre en recourant à des organismes de financement et en adoptant des politiques pour aider à la constitution de liquidités les deux premières années.
Il importe de trouver des solutions. L'accréditation en gestion en est certainement une. Pour les gens qui ont choisi de le faire et pour nous, en tant que gouvernement, qui avons choisi de les appuyer par l'intermédiaire des organismes subventionnaires et de prêts, cela permet de leur donner toutes les chances de faire en sorte que ce soit une réalité. C'est pour leur propre protection, non pas celle du gouvernement.
M. Rick Borotsik: Très bien. Nous parlons du rôle futur du gouvernement. Il est très important de mettre en place ce genre de politique. J'ai vraiment aimé vos observations.
J'ai une toute petite question au sujet du CSRN. La Nouvelle-Écosse appuie-t-elle ce programme? À votre avis, devrait-il être modifié?
M. Ernest Fage: À mon avis, ce sujet doit faire l'objet d'un débat national au cours des discussions que nous avons sur les orientations à adopter pour un nouveau plan de gestion des risques.
En Nouvelle-Écosse, le CSRN a été positif pour certains secteurs, les monocultures notamment.
Le problème du CSRN en Nouvelle-Écosse, c'est qu'il a été plus dur à l'endroit du secteur de l'élevage. Il s'agit généralement de fermes plus petites, exploitées à mi-temps. C'est beaucoup dire que de parler de l'avantage du soutien du revenu. Le soutien du revenu et la gestion du risque sont interreliés. C'est le problème du CSRN dans cette province.
Le président: Merci, Rick.
Rose-Marie, à vous la parole.
Mme Rose-Marie Ur (Lambton--Kent--Middlesex, Lib.): Merci, monsieur le président. J'ai moi aussi apprécié votre exposé qui était des plus instructifs.
Pour rester dans la même veine que Rick, je vous ai entendu dire que la province avait le plus grand nombre de diplômés en agriculture. Cela veut-il dire que les gens restent sur la ferme? Est-ce productif, en ce sens?
M. Ernest Fage: Je pense que c'est très productif. Le Collège d'agriculture de la Nouvelle-Écosse, l'une des plus petites provinces du Canada, a formé la majorité des personnes qui sont revenues exploiter des fermes et qui y ont obtenu une formation ou un diplôme de premier cycle. On a ainsi fourni de solides bases pour bon nombre de disciplines de production, mais aussi en gestion, par exemple. Je pense vraiment que c'est un élément très positif pour le secteur de l'agriculture au Canada.
L'Île-du-Prince-Édouard, le Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve comptent bon nombre de diplômés en agriculture qui exploitent maintenant des fermes. Ce sont des choses très positives, en cette époque axée sur le savoir et la technologie.
À (1035)
Mme Rose-Marie Ur: J'ai bien aimé que vous disiez que l'agriculture est une industrie fondamentale. Cela a beaucoup plu, ici. J'espère vraiment que J.-D. l'écrira dans notre rapport, puisque ces mots disent essentiellement ce qu'est l'agriculture.
Comme vous l'avez dit et comme nous le savons, les provinces ont convenu d'un cadre national qu'elles vont renforcer à leur prochaine rencontre. Je dois avouer que je suis un peu sceptique quant aux résultats, mais avec cette vision des provinces et ce cadre, ne croyez-vous pas qu'on a un souci réel? Il y a une vision, mais on se demande comment survivre, d'ici à ce qu'elle se concrétise. C'est un peu comme si des douves nous séparaient de cette vision. Combien y couleront, avant que la vision prenne corps? C'est ma plus grande crainte.
M. Ernest Fage: C'est certainement une grande préoccupation pour le secteur agricole et pour nous, le gouvernement provincial. Pendant ces discussions qui nous mèneront où on veut aller, soit à un programme amélioré, si trop de temps passe, des mois ou un an, il faudra prévoir une période de transition. On ne peut pas tout arrêter, parlementer pendant un an et croire que tout ira bien.
À mon avis, il est sous-entendu, évidemment, que les provinces et le gouvernement fédéral dans un prolongement de l'accord actuel ou dans le cadre d'un programme de transition... Il faut que cela soit implicite, pour l'industrie. Si on change d'orientation, il faut bien le faire. Si on ne peut pas y arriver en six mois seulement, tant pis, mais il faudra certainement une période de transition. Comme ministre, j'estime que c'est essentiel et qu'il est entendu que c'est la démarche que nous adopterons, si tout n'est pas terminé avant l'échéance fixée.
Mme Rose-Marie Ur: Quelle est la taille du secteur de la production biologique en Nouvelle-Écosse?
M. Ernest Fage: Ici, le secteur de la production biologique n'en est qu'à ses balbutiements. Nous avons lancé un nouveau programme d'agrobiologie, ici, au Collège. Pendant votre visite à Truro, j'espère que vous aurez l'occasion d'y faire une visite. Nous avons aussi, là-bas, un programme d'aquaculture. Il vaudrait certainement la peine de les visiter et de parler aux enseignants.
Nous estimons que c'est un secteur riche en possibilités pour une petite province dont l'agriculture est mixte et diversifiée. Non seulement les chaînes d'alimentation de détail adoptent rapidement ces produits, mais pour une province comme la Nouvelle-Écosse, disposant d'un petit territoire, il s'agit d'excellentes occasions d'exportation.
Notre histoire est celle de commerçants. Nous nous sommes détournés de cette voie au cours des 50 dernières années. Le gouvernement et la population y reviennent en force. Nos marchés sont les 40 à 60 millions de citoyens américains de la côte Est. C'est là que sont nos marchés traditionnels et c'est là que nous pourrons connaître une croissance importante visant à rééquilibrer les échanges de notre pays. C'et une orientation très nette pour nous.
Mme Rose-Marie Ur: Merci.
Le président: Merci, Rose-Marie.
Vous avez la parole, David.
M. David Anderson (Cypress Hills--Grasslands, Alliance canadienne): Merci pour votre exposé de ce matin.
Vous avez parlé d'une loi sur la conservation des marais.
M. Ernest Fage: Oui.
M. David Anderson: Dans mon coin de pays, nous avons des organismes qui se sentent obligés ou privilégiés de pouvoir venir dans notre région. Ils veulent que cesse toute production sur ces terres et imposer des servitudes permanentes, par exemple. Avez-vous des rapports avec ce genre d'organismes? Avez-vous décidé que ce serait la province qui protégerait les terres? Que faites-vous de cette question?
M. Ernest Fage: Dans notre province, traditionnellement, ce sont les municipalités qui émettent des permis pour les plaines inondables et les marais. Le secteur agricole était extrêmement préoccupé parce que dans la province, on voyait de plus en plus de constructions résidentielles et commerciales dans les plaines inondables. La majorité de ces terres endiguées remontent à plus de 300 ans et ont d'abord été créées par les Acadiens de Nouvelle-Écosse.
Évidemment, nous savons que ces terres sont inondées au moins une fois tous les 20 ans et nous avons jugé bon, comme gouvernement provincial, d'intervenir s'il devait y avoir une ruée sur la construction dans les plaines inondables. Le gouvernement provincial a assumé il y a 10 ans le rôle que lui cédait le gouvernement fédéral dans l'entretien de ces digues. Si on investit des millions de dollars pour empêcher l'eau de mer d'y pénétrer, il faut les préserver, comme elles sont. Il s'agit de terres agricoles de grande valeur et non de zones de construction commerciale.
À (1040)
M. David Anderson: Est-ce que des organismes comme Canards Illimités et d'autres, pour la conservation de la nature, viennent acheter des bouts de terre, ou y avez-vous mis un frein? Que faites-vous dans ces cas-là?
M. Ernest Fage: Ma position est assez unique, pour le Canada. Je suis ici aujourd'hui à titre de ministre de l'Agriculture et des Pêches, mais je suis aussi le ministre des Ressources naturelles de la Nouvelle-Écosse, et j'ai donc la responsabilité de tous les cours d'eau, les terres humides et les marais.
Nous travaillons en étroite collaboration avec des organismes comme Canards Illimités, la Société canadienne pour la conservation de la nature, Nature Trust of Nova Scotia et probablement une vingtaine d'autres sociétés de conservation de la province. Nous voulons certainement travailler avec elles et avec les collectivités. Si une zone est identifiée, on lance une procédure de gestion intégrée des ressources, ou IRM, pour optimiser sa valorisation et on travaille ensuite avec les différents groupes et les personnes intéressés pour trouver une solution qui, on l'espère, sera acceptée par tous.
Je dois préciser que nous n'avons pas eu de conflits majeurs dans ce domaine. Nos conflits se rapportent plutôt aux boisés et aux régions sauvages, qu'on veut réserver, et la confrontation ou la discussion est surtout axée sur l'industrie forestière, l'industrie minière, d'un côté, et les partisans de la conservation, de l'autre.
M. David Anderson: À votre avis, est-ce une bonne idée de permettre les servitudes permanentes, surtout sur les terres agricoles? C'est ce qui est proposé, surtout en Saskatchewan. Certains d'entre nous sont d'avis que nous aurons peut-être besoin de ces terres ultérieurement et qu'il vaudrait mieux accorder des servitudes à titre temporaire, mais cela relève du gouvernement provincial.
M. Ernest Fage: Oui. Nous ne nous sommes jamais vraiment occupés de la question des servitudes dans notre province—et en ma qualité de ministre responsable, c'est moi qui suis appelé à les accorder. Il y a un effort concerté de la part de ces organismes, mais c'est normalement nous qui devrions autoriser les servitudes pour bon nombre de particuliers ou d'organismes, à diverses fins. Nous prévoyons toujours un échéancier, et les modalités des servitudes peuvent varier. Pour une période allant de cinq à vingt ans, il s'agirait de servitudes normales. Il est rare que nous soyons appelés à accorder une servitude de durée illimitée dans notre province.
M. David Anderson: Merci.
Le président: Merci, David et merci à vous, monsieur le ministre.
Il y a quelques instants, vous avez posé une question à notre attaché de recherche. Je sais qu'en Amérique du Nord—en fait, mon propre village est limitrophe d'un petit village appelé The Indian Gardens—les Micmacs ont travaillé la terre pendant sans doute des milliers d'années. Vous allez sûrement obtenir cette réponse de moi sous peu, mais à moins que je connaisse mal mon histoire, il y a environ 400 ans que l'agriculture a commencé ici, en Nouvelle-Écosse, et que les Européens ont retourné le premier lopin de terre. On pourrait peut-être célébrer l'événement... vous savez, 400 ans de succès.
Je tiens à vous remercier, monsieur le ministre, de votre témoignage. Vous avez démontré une parfaite connaissance de l'un de vos nombreux portefeuilles. Il n'est pas facile de comprendre toutes ces questions, mais nous vous savons gré de votre bonne volonté et des remarques que vous avez faites ce matin. Au nom du comité, je vous remercie sincèrement de votre présence et je souhaite bonne chance à l'agriculture de la Nouvelle-Écosse à l'avenir.
Merci.
M. Ernest Fage: Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens à remercier tout le monde de m'avoir invité à comparaître. Je vous en sais gré. Merci.
Le président: Sur ce, nous allons faire une pause de cinq minutes environ.
À (1039)
À (1056)
Le président: Nous reprenons nos travaux. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous reprenons notre étude sur le rôle futur du gouvernement dans l'agriculture.
Le comité s'est déplacé et s'est rendu dans les diverses provinces du pays. La Nouvelle-Écosse où nous nous trouvons aujourd'hui est en fait la septième province où nous nous rendons et demain, nous serons à l'Île-du-Prince-Édouard. Nous voulons entendre la position des divers groupes d'agriculteurs, des agriculteurs eux-mêmes et en fait de presque toute personne désireuse de venir faire un bref exposé devant le comité pour expliquer quel rôle le gouvernement devrait jouer pour aider les collectivités agricoles.
Voici comment nous procédons: les membres du comité permanent de la Chambre des communes entendent des témoins, lesquels peuvent comparaître avec un mémoire ou nous le faire parvenir plus tard; le groupe chargé de la transcription verse au compte rendu tous les témoignages. À la fin, les attachés de recherche—dont l'un est assis juste à côté de moi—revoient tous les témoignages avec les membres du comité.
Nous allons rédiger un bref rapport, le passer au peigne fin et y apporter des changements au besoin. Parfois, nous essayons de présenter un rapport unanime, mais il arrive que les divers partis aient une opinion différente et qu'il y ait un rapport minoritaire en annexe au rapport principal. De toute façon, nous espérons que ce rapport sera présenté à la Chambre des communes un peu avant la fin de l'hiver, sans doute dans le courant du mois de juin. Quand je parle d'hiver, je parle de la séance d'hiver de la Chambre.
Notre groupe a adopté certaines règles de procédure. Nous donnons aux témoins environ cinq minutes pour faire leur exposé; il arrive que nous leur laissions un peu plus de temps s'il n'y a pas trop de monde dans le couloir. Lorsque les cinq minutes sont presque écoulées, je fais un signe pour indiquer au témoin qu'il doit conclure. Là encore, un certain temps est accordé aux membres du comité, au cours duquel chacun d'entre eux peut poser des questions et obtenir des réponses. Si vous voyez que je deviens parfois un peu nerveux, c'est parce que nous sommes sur le point d'arriver au bout de l'intervention.
Nous sommes heureux de nous trouver en Nouvelle-Écosse aujourd'hui. Cette province est très proche de la mienne, et je m'y rends souvent. J'aimerais maintenant vous présenter mes collègues députés. Je vais commencer par Howard, vice-président du comité, qui représente l'Alliance canadienne.
Vous avez la parole, Howard.
Á (1100)
M. Howard Hilstrom: Bonjour, messieurs. Je ne vois aucune femme parmi nous. J'ai été élu en 1997 au Manitoba. Je suis éleveur et j'ai une exploitation de naissage de 200 têtes à une soixantaine de milles au nord-ouest de Winnipeg. Nous retraçons l'origine de toutes nos bêtes.
Je suis le principal porte-parole pour l'agriculture de l'Opposition officielle depuis 1998. Nous examinons bien entendu les nombreux enjeux et possibilités qui existent dans le secteur agricole de notre pays, et je suis impatient de vous entendre.
M. David Anderson: Je m'appelle David Anderson, député de Cypress Hills--Grasslands, qui se trouve dans le sud-ouest de la Saskatchewan. Je suis l'une des dernières recrues de l'Alliance canadienne. J'ai passé 25 ans dans l'agriculture, comme producteur de céréales et de cultures spéciales. J'ai été élu en 2000 et tout cela est donc nouveau pour moi. Je siège aux côtés de Howard au Comité de l'agriculture et j'ai aussi hâte d'entendre vos exposés.
Á (1105)
M. Dick Proctor: Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Dick Proctor et je suis député néo-démocrate de Pallister, dans la région de Moose Jaw--Regina, en Saskatchewan. Je suis membre du comité depuis mon élection en 1997 et je peux vous dire que c'est un comité assidu à la tâche et où les choses tournent rond. J'ai hâte de vous entendre.
M. Rick Borotsik: Merci, monsieur le président. Je m'appelle Rick Borotsik et je suis député de Brandon, au Manitoba. Je suis le représentant du Parti progressiste-conservateur au sein du comité.
Brandon, au Manitoba, se trouve au coeur de l'agriculture de l'Ouest canadien, une région agricole très variée. L'agriculture revêt une extrême importance pour ma communauté au même titre que pour la vôtre, et je suis impatient d'entendre vos exposés.
Le président: Je reviendrai plus tard à M. Odina Desrochers, qui représente le Bloc québécois. Son siège se trouve entre les deux. Il va revenir dans un instant.
Rose-Marie.
Mme Rose-Marie Ur: Je m'appelle Rose-Marie Ur et je suis députée de Lambton--Kent--Middlesex, dans le sud-ouest de l'Ontario. Il s'agit évidemment d'une circonscription agricole, qui offre de grandes possibilités en matière de gestion de l'offre et dans le secteur céréalier et oléagineux. C'est une merveilleuse région du pays.
J'ai été élue pour la première fois en 1993 et je suis actuellement vice-présidente du caucus rural. J'ai hâte d'entendre ce que nos témoins auront à nous dire aujourd'hui.
M. Larry McCormick: Merci, monsieur le président, et bonjour messieurs. Je m'appelle Larry McCormick. Je viens de l'est de l'Ontario et j'ai été élu également en 1993. Ma circonscription s'appelle Hastings-Frontenac-Lennox and Addington. C'est un nom plutôt long, et c'est aussi la circonscription qui compte le plus long réseau routier du pays, avec plus de 8 000 kilomètres de routes. C'est pourquoi quand mes électeurs me disent d'aller me faire voir ailleurs, je ne manque pas d'endroits où aller.
Ma femme vient d'une région située plus à l'est de la province où nous nous trouvons aujourd'hui, en fait la province la plus à l'est, et j'ai donc eu l'occasion de visiter cette merveilleuse province à maintes reprises au cours de cette longue période.
Depuis deux ans, je suis secrétaire parlementaire du ministre de l'Agriculture, Lyle Vanclief.
Nous avons un excellent comité, réputé pour sa bonne entente parmi les autres comités sur la colline; puisque certains d'entre nous sont souvent en minorité, c'est formidable, et c'est pourquoi je le répète.
Merci, monsieur le président.
M. Paul Steckle: Je m'appelle Paul Steckle et je représente la circonscription de Huron--Bruce. Je suis un agriculteur de l'Ontario qui vient d'une petite ville côtière de l'ouest de la province où l'économie agricole est importante et diversifiée. Je siège à ce comité depuis de nombreuses années et j'ai hâte de vous entendre.
Le président: Merci, Paul.
Il arrive parfois que nous ayons toutes sortes d'autres occupations sur la Colline et je suppose que c'est la raison de l'absence d'Odina. On reçoit toujours toutes sortes de coups de téléphone. Il ne devrait pas tarder à nous rejoindre.
Nous avons plusieurs témoins et nous commencerons par ceux qui sont déjà assis à la table.
Paul Cook, des Producteurs de poulet de la Nouvelle-Écosse, à vous l'honneur. J'ai failli dire de l'Ontario car nous avons Murray Calder et Murray parle toujours de poulet.
Quoi qu'il en soit, Paul, soyez le bienvenu. Vous pouvez commencer.
M. Paul Cook (président, Producteurs de poulet de la Nouvelle-Écosse): Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour. Je m'appelle Paul Cook et je suis le président des Producteurs de poulet de la Nouvelle-Écosse.
Au nom des producteurs de poulet, nous vous remercions de nous avoir invités à participer ce matin et nous vous souhaitons la bienvenue en Nouvelle-Écosse.
L'industrie du poulet en Nouvelle-Écosse n'est pas un poids plume. Le producteur de poulet moyen crée plusieurs emplois directs et une multitude d'emplois indirects contribuant grandement à l'économie de la Nouvelle-Écosse. Les retombées positives de l'industrie du poulet en Nouvelle-Écosse sont très larges et les producteurs de poulet en 2001 ont réalisé le deuxième revenu en importance des agriculteurs de Nouvelle-Écosse, rapportant plus de 53 millions de dollars.
Soixante-deux pour cent de nos agriculteurs ayant moins de 44 ans, nous sommes optimistes quant à notre avenir.
J'aimerais aujourd'hui vous parler de trois problèmes qui ont et qui peuvent avoir des conséquences pour cet avenir.
Le premier est celui de l'accès aux navires étrangers. L'élimination au milieu des années 90 des programmes de financement d'achat de grains de provende a eu un effet considérable sur l'industrie du poulet de notre province. Pour faire face, nous avons mis l'accent sur la gestion de la production agricole et nous avons pu maintenir une industrie viable et en pleine croissance produisant certains des meilleurs produits du pays.
Nous aider au niveau du prix des grains est indispensable. Nous avons proposé aux membres du groupe de travail sur l'agriculture du premier ministre d'étudier la possibilité de modifier le règlement d'exemption pour le cabotage afin de réduire les restrictions imposées à l'utilisation de navires étrangers pour transporter le grain entre les ports canadiens dans des circonstances particulièrement définies. Sans amélioration de la concurrence sur l'eau, les tarifs élevés pratiqués par le rail pour le transport des grains de provende vers les exploitations de Nouvelle-Écosse et les provenderies placent nos producteurs dans une situation sans avantage comparatif.
Nous ne suggérons pas une révision totale de ce règlement. Un assouplissement limité et spécifique de ce règlement, comme accélérer la procédure de dérogation pour faciliter les achats sur le marché libre, la faire passer de plusieurs semaines à quelques heures, la suppression ou le remboursement des droits lorsque des dérogations spéciales sont accordées, et permettre de prendre en compte certains facteurs et certaines circonstances économiques pour l'attribution de ces dérogations, maximiserait le potentiel à long terme des silos à Halifax garantissant la compétitivité en termes de transport de nos approvisionnements en grain.
Deuxièmement, il y a le problème des regroupements au niveau des détaillants. Étant donné que la majorité des détaillants servent leurs consommateurs à partir de centres de distribution, il devient de plus en plus facile aux fournisseurs de l'extérieur de la province de servir le marché néo-écossais. L'Ontario et le Québec étant avantagés sur le plan de la taille, du volume et de prix de revient inférieurs, il est compréhensible que les producteurs de poulet de la Nouvelle-Écosse craignent pour la viabilité de leur industrie.
La région Atlantique est tout particulièrement sensible à la fusion des détaillants et à la tendance à la création de centrales d'achat nationales. Nous n'avons pas la chance du Canada central où de nombreux détaillants indépendants et solides parviennent à modérer les ardeurs dominantes des gros conglomérats.
En Nouvelle-Écosse, il y a deux acteurs dominants qui possèdent des magasins sous toute une variété de noms et qui contrôlent une grande partie de la vente en gros et de la distribution. Nos usines de transformation sont à la fois soumises aux pressions de ce petit nombre d'acheteurs et à la concurrence des provinces voisines. Les marges de nos transformateurs sont réduites, ce qui se traduit par des pressions supplémentaires sur les producteurs.
La conséquence de cette tendance aux regroupements et aux achats nationaux peut être observée en termes réels au niveau de la diminution considérable de la production de volaille à rôtir. En 2000, en moyenne, une de nos principales usines transformait de 25 000 à 30 000 volailles à rôtir par semaine. Aujourd'hui ce chiffre est de 5 000. Selon les prédictions, ce chiffre continuera de diminuer.
Le système de distribution centrale permet aux détaillants de contacter un fournisseur pour approvisionner tous les magasins de la région Atlantique plutôt que de négocier avec plusieurs fournisseurs l'approvisionnement en produits locaux. Résultat, c'est le plus bas prix de gros du Canada central qui devient notre meilleur prix de gros.
Le troisième et dernier problème concerne le commerce international. Les producteurs de poulet de la Nouvelle-Écosse croient que l'avenir de leur industrie dépend uniquement et avant tout de la politique commerciale du Canada. Il faut que le gouvernement canadien propose des politiques commerciales internationales qui favorisent le succès de nos industries nationales.
Le gouvernement fédéral ne cesse de répéter son soutien pour notre système de gestion des approvisionnements et l'a qualifié de question nationale et en conséquence non négociable par l'Organisation mondiale du commerce.
Bien que notre système de gestion des approvisionnements soit en constante évolution et ne soit plus le même aujourd'hui qu'il y a dix ans, un degré de contrôle de l'accès au marché et le maintien de barrières douanières pour les dépassements de quota sont des outils essentiels de la gestion des approvisionnements.
Nos engagements commerciaux internationaux dictent un certain degré d'accès au marché. Celui-ci est réglementé par un outil connu sous le nom de contingent tarifaire qui autorise des importations en franchise de poulet jusqu'à concurrence de 7,5 p. 100 de la production nationale. Le Canada est le huitième importateur de poulet du monde, importations qui correspondent à peu près à ce que le Canada atlantique et la Saskatchewan produisent par année. Étant donné que nous partageons une frontière avec le plus grand producteur de volaille du monde, les États-Unis, sans contingent tarifaire, notre marché national deviendrait une soupape de sécurité pour la production excédentaire des États-Unis.
Un autre outil important est le tarif hors quota. C'est le tarif appliqué à toutes les importations de poulet dépassant le niveau agréé d'accès de 7,5 p. 100. Les tarifs hors quota doivent être maintenus à un niveau suffisant pour contrôler le degré d'accès au marché et garantir un environnement de marché stable. Le message doit être clair: le libre-échange, oui, mais dans la réciprocité et la loyauté.
En guide de conclusion, permettez-moi de citer encore une fois les trois points sur lesquels il est selon nous indispensable que le gouvernement intervienne. Premièrement, il faut qu'il allège les restrictions réglementaires appliquées au transport des grains de provende au Canada. Deuxièmement, il faut qu'il se penche sur le problème de la tendance de plus en plus évidente aux regroupements dans le secteur de la vente au détail. Enfin, il faut que le gouvernement continue à défendre à l'OMC notre industrie nationale et notre système d'organisation méthodique du marché.
Merci, monsieur le président.
Á (1110)
Le président: Merci, monsieur Cook.
Suzanne a dû le faire exprès, d'abord les poulets et maintenant les producteurs d'oeufs de la Nouvelle-Écosse.
Monsieur Delong, ou Ralph.
M. Ralph DeLong (président, Producteurs d'oeufs de la Nouvelle-Écosse): Merci, monsieur le président, de nous avoir invités.
Je représente les producteurs d'oeufs de la Nouvelle-Écosse.
Mon frère et moi-même exploitons une ferme dans le comté de Lunenburg sur la rive sud. C'est mon père qui l'a créée dans les années 50. Nous produisons des oeufs, nous élevons des poulettes et des bovins, nous faisons la culture d'arbres de Noël et fabriquons aussi des couronnes de Noël que nous vendons par correspondance.
Notre groupe, Les Producteurs d'oeufs de la Nouvelle-Écosse, anciennement le Nova Scotia Egg and Pullet Producers' Marketing Board, représente les producteurs d'oeufs et de poulettes de la Nouvelle-Écosse. Le chiffre d'affaires de notre industrie est de 31 millions de dollars. Le quota d'oeufs de la Nouvelle-Écosse correspond à 557 000 poules pondeuses ou à environ 4 p. 100 du quota national.
L'agriculture dans les Maritimes, comme dans le reste du Canada et dans le monde, a de nombreux défis à relever. La réduction de l'intervention des gouvernements provinciaux et fédéral a laissé l'agriculture dans une situation impossible. D'un côté, les gouvernements réduisent le soutien qu'ils offraient à l'agriculture sous la forme de spécialistes, de recherche et de développement. D'un autre, les gouvernements accroissent le fardeau pour les industries primaires en imposant des exigences environnementales, des règles sanitaires, des règles de comptabilité et des normes de travail plus sévères et en se déchargeant de nombreux coûts. Ce changement de l'environnement pour les industries primaires fait que les petits producteurs et les petites régions ont beaucoup plus de mal à survivre et leur avenir devient incertain.
Monsieur le président, j'aimerais vous parler de quelques questions. La première concerne l'importance du maintien de structures de réglementation de la gestion des approvisionnements et la deuxième concerne l'infrastructure. La troisième concerne la nécessité de recherche dans le domaine de la volaille tant sur le plan régional que national et la quatrième concerne le prix des grains de provende dans la région atlantique et dans l'ensemble du Canada de même que la distribution de ces aliments.
En ce qui concerne la nécessité d'un cadre de réglementation de la gestion des approvisionnements, l'industrie ovocole en Nouvelle-Écosse dépend d'un système national de gestion des approvisionnements. Ce système a permis aux producteurs d'oeufs de travailler dans des exploitations modernes faisant appel aux meilleures technologies du monde. La stabilité que la gestion des approvisionnements offre à l'industrie ovocole nous permet de jouer un rôle de premier plan dans les domaines de la sécurité alimentaire et du bien-être des animaux.
Notre programme de sécurité alimentaire agricole est à la fine pointe sur le plan mondial. Les directives et la pratique des quotas de l'industrie fixent des normes élevées pour le bien-être et l'élevage des animaux et elles sont même actuellement examinées pour déterminer s'il n'est pas possible de les faire monter encore.
La gestion des approvisionnements sert également aux producteurs d'oeufs de filet de sécurité. Elle nous permet de tirer nos revenus directement du marché plutôt que de dépendre des gouvernements. En toute simplicité, la gestion des approvisionnements est une bonne chose non seulement pour les producteurs d'oeufs mais aussi pour les consommateurs, les poules et les gouvernements. Afin d'être certains que cela continue ainsi, nous demandons au gouvernement fédéral de continuer à s'engager à maintenir le cadre législatif et réglementaire qui régit le fonctionnement de la gestion des approvisionnements.
Le gouvernement fédéral doit défendre notre droit à un système de commercialisation national et faire respecter le taux d'accès et les tarifs douaniers pour des contrôles effectifs à la frontière canadienne dans le contexte des discussions actuelles de l'Organisation mondiale du commerce.
Le plus grand obstacle probablement à l'agriculture dans les Maritimes est la détérioration de nos infrastructures. Notre réseau routier se détériore de plus en plus chaque année. Les coupures de courant semblent devenir plus fréquentes pour des périodes plus longues. Prendre l'avion à destination ou en provenance des Maritimes a toujours coûté cher. Ce coût doit certainement dissuader les entreprises de s'installer dans notre région ou d'y élargir leurs activités. Nous entendons souvent parler de l'importance croissante du tourisme pour notre économie. Cependant, les touristes cesseront de venir si notre réseau routier continue de se détériorer. Nous encourageons le gouvernement fédéral à faire une priorité de la rénovation et de la réfection des infrastructures des Maritimes, surtout de l'infrastructure routière.
Les producteurs d'oeufs accordent une très grande priorité à la recherche dans notre région pour deux raisons. La première c'est pour que cette recherche réponde aux attentes locales, comme le recours à des éléments nutritifs ou à des oligo-éléments spécifiques pour lutter contre les agents pathogènes locaux ou les toxines locales, règle les problèmes d'élevage concernant par exemple l'utilisation du fumier, déclasse certains poulets de consommation pour des défauts de carcasse, introduise de nouvelles technologies ou développe et améliore des produits alimentaires tirés des oeufs ou de la volaille.
Les chercheurs devraient aussi être sur place pour servir d'éducateurs aux étudiants du collège agricole. Dispenser les connaissances techniques dernier cri aux futurs employés, au personnel de ressources et de soutien des diverses industries de la volaille ainsi qu'aux futurs producteurs est indispensable si nous voulons conserver notre industrie.
En plus des étudiants, les producteurs actuels cherchent constamment à s'informer, à se renseigner sur les dernières technologies et les dernières méthodes de gestion de production pour rester compétitifs, pour faire travailler l'Institut de recherche avicole de l'Atlantique et pour promouvoir la recherche dans notre région. Nous sommes passés de zéro chercheurs à deux—un chercheur fédéral avec Agriculture et Agroalimentaire Canada et un provincial avec le Collègue agricole de la Nouvelle-Écosse. La chaire de M. Rathgeber est financée conjointement par le gouvernement provincial et par l'industrie.
Á (1115)
Maintenant que des chercheurs sont sur place, les efforts portent sur le remplacement des installations de recherche avicole du collège agricole de Truro. Les installations actuelles ont été construites dans les années 60 et ne répondent plus aux besoins. Nous espérons qu'avec l'aide du gouvernement fédéral, ces installations deviendront une réalité.
La survie à long terme de l'industrie avicole des Maritimes a besoin de la présence de recherche sur place. Si les problèmes spécifiques des producteurs d'oeufs et de volailles ne sont pas réglés et s'ils ne peuvent continuer à se compter parmi les agriculteurs les mieux éduqués du Canada, un des avantages compétitifs importants de notre région disparaîtra. Il faut que le gouvernement fédéral continue à reconnaître l'importance de la recherche régionale et continue à soutenir la recherche avicole en Nouvelle-Écosse.
Nous avons regagné une partie du terrain perdu sur le plan local mais l'état de la recherche à l'échelle nationale demeure alarmant. De 1999 à 2001, seuls 10 p. 100 de la recherche d'Agriculture et Agroalimentaire Canada ont été consacrés à la recherche sur les animaux et la volaille alors que 47 p. 100 sont allés à la recherche sur les végétaux. De plus, le programme conçu pour la conservation des populations reproductives avicoles uniques au Canada n'est plus. Cela nous fait courir le risque de perdre des gènes qui pourraient s'avérer précieux à l'avenir. Nous prions le gouvernement d'augmenter le financement de la recherche avicole en consultation avec le nouveau Conseil canadien de recherche avicole.
Enfin, un obstacle durable à l'agriculture dans les Maritimes a toujours été le prix des grains comparativement au reste du Canada. Le prix du maïs à Truro, en Nouvelle-Écosse, est constamment 30 $ plus cher la tonne qu'au Québec. Il y a plusieurs années, le gouvernement fédéral a supprimé l'aide au transport des aliments du bétail. Il n'était plus disposé à subventionner l'élevage dans les régions excentriques du Canada. Depuis la production de bétail dans les Maritimes se meurt à petit feu.
C'est le secteur de la viande rouge qui en a le plus souffert. Si ce secteur se détériore encore plus, l'infrastructure pour tout le secteur du bétail des Maritimes risque l'effondrement. Si le secteur de la viande rouge est perdu, le coût actuel des aliments pour le bétail risque de connaître une forte augmentation pour les quelques industries d'élevage restantes des Maritimes. Le gouvernement fédéral devrait réexaminer le mécanisme d'égalisation des prix du grain dans les Maritimes avec ceux du Canada central.
Monsieur le président, je vous remercie de m'avoir permis de m'adresser à vous ce matin.
Á (1120)
Le président: Merci, monsieur DeLong.
Y a-t-il d'autres personnes dans la salle qui voudraient prendre la parole? Y a-t-il quelqu'un d'autre? Si cela vous intéresse, faites-nous le simplement savoir.
Maintenant, représentant le Collège de l'agriculture de la Nouvelle-Écosse, nous avons le docteur Bruce Gray.
M. Bruce Gray (vice-principal, Services académiques, Collège de l'agriculture de la Nouvelle-Écosse): Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs. Je m'appelle Bruce Gray et je suis le vice-principal responsable des services académiques du Collège de l'agriculture de Nouvelle-Écosse.
Notre collège a été fondé en 1905 et pendant de nombreuses années a dispensé des diplômes techniques en agriculture à la fin de chacune des deux premières années de son programme menant à une licence. Les étudiants qui terminaient ces deux premières années poursuivaient leurs études à l'Université de Guelph ou au Collège Mcdonald de l'Université McGill ou à l'Université du Maine.
En 1985, en association avec l'Université Dalhousie, le collège, pour la première fois, a décerné des diplômes de bachelier en sciences et en agriculture. En 1985 le collège comptait 480 étudiants. En 1993, encore une fois avec l'Université Dalhousie, le collège a accueilli quatre étudiants pour une maîtrise en sciences.
Notre collège est la seule faculté d'agriculture dans le Canada atlantique. Certains des collèges communautaires de la région atlantique offrent des diplômes d'un an dans des disciplines agricoles, mais notre collège sert d'établissement de formation agricole pour les quatre provinces atlantiques. Il relève du ministère de l'Agriculture et des Pêches de la Nouvelle-Écosse, financier principal de l'établissement.
En 1996-97, le collège a accueilli un maximum de 950 étudiants. Ce chiffre incluait 31 étudiants de troisième cycle. Depuis cette année, les inscriptions ont diminué dans tous les programmes sauf pour le programme de troisième cycle. Cet automne nous n'avons accueilli que 667 étudiants, ce qui est considérablement moins, malgré nos efforts accrus de recrutement.
Comme le ministre M. Fage vous l'a dit, le bureau du service de placement de notre collège offrait l'année dernière 600 postes pour une promotion de 200 diplômés. Le marché du travail est donc excellent, mais nous n'arrivons pas à trouver suffisamment d'étudiants qui s'intéressent à l'agriculture. Nous n'arrivons pas à les attirer.
Dans le courant de l'automne 2001, le collège a engagé un cabinet pour conduire une étude de marché concernant les études en agriculture dans les provinces de l'Atlantique. Le cabinet en question a conclu que le collège était mal connu dans l'Atlantique. Beaucoup de gens n'en avaient pas entendu parler et ignoraient ce que nous faisions. Un tiers environ des personnes interrogées pensaient que le collège était simplement une ferme-école. Cela montre je crois que la population comprend assez mal ce qu'est l'agriculture. Certes, l'agriculture c'est la culture, mais c'est bien autre chose aussi.
La demande n'est pas très forte dans le domaine des études en agronomie, mais malheureusement nous ne disposons pas d'une étude de marché qui puisse nous servir de repère comparatif. Il n'y a pas qu'à notre collège que le nombre d'inscriptions a diminué, c'est le cas dans toutes les facultés d'agronomie du Canada.
Mon sentiment est que l'agriculture ne semble pas quelque chose de très séduisant pour quelqu'un qui fait des études. Je me suis réveillé ce matin en écoutant Radio-Canada, et j'ai encore une fois entendu un reportage concernant une nouvelle catastrophe qui s'annonce pour l'agriculture dans les Prairies en raison d'un hiver trop sec sans chute de neige. En plus des reportages comme cela, la population semble s'inquiéter beaucoup au sujet de la salubrité des produits alimentaires, de l'impact de l'agriculture sur l'environnement et de la façon dont on produit ce que nous mangeons. En règle générale, les gens pensent que l'agriculture est davantage un problème qu'une ressource au Canada.
J'espère que le gouvernement du Canada saura mieux informer les Canadiens afin qu'ils aient une image plus positive de l'agriculture et qu'ils comprennent mieux ce que sont à la fois l'agriculture et tout le système de production dans le secteur alimentaire.
Le collège s'emploie à devenir un établissement de recherche en agriculture. Une de nos stratégies a ainsi été la création d'un programme de chaire de recherche financé conjointement par le gouvernement et par l'industrie. Je pense que cela fait intervenir un certain financement fédéral issu du filet de sécurité, mais en tout état de cause, cela vient s'ajouter aux interventions financières provinciales.
Nous avons donc actuellement des professeurs qui font également de la recherche sur les animaux à fourrure, sur les bleuets sauvages, sur l'herbe à gazon, sur la génétique des vaches laitières, sur les changements climatiques, sur la transformation des carottes, sur les systèmes culturaux, sur la physiologie de la pomme de terre, sur la biotechnologie de la pomme de la terre et sur la volaille.
Hier, je participais à une journée d'information au collège, et j'y ai entendu l'un de nos commanditaires de l'industrie—il paye la moitié du salaire de ce type—féliciter le professeur pour ses travaux de recherche pratiques en lui disant qu'il avait fait gagner de l'argent à beaucoup de producteurs agricoles. Cela m'a rempli de fierté.
Nous avons également profité de certains programmes fédéraux de financement de la recherche, par exemple la Fondation canadienne pour l'innovation, le Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie ainsi qu'une série de programmes offerts par Agriculture et Agroalimentaire Canada. Ainsi, notre corps professoral bénéficie d'un certain nombre de subventions de recherche offertes par Agriculture Canada, par le CRSNG et par certains de nos partenaires industriels. C'est un programme que nous aimons beaucoup et que nous pourrions peut-être utiliser à meilleur escient.
Pour pouvoir augmenter le nombre d'inscriptions à nos programmes de recherche de deuxième cycle en agriculture, il serait peut-être utile selon moi que le gouvernement fédéral rétablisse le système de bourses de deuxième cycle qui était jadis administré par Agriculture Canada.
Nous avons également au collège deux chercheurs d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, le premier dont les travaux de recherche portent sur la volaille et le second dont les travaux portent sur l'industrie laitière. Il s'agit d'un arrangement très satisfaisant parce que notre établissement n'est pas très gros et nous parvenons ainsi à constituer une masse critique dans certains secteurs de recherche. J'espère également que nous parviendrons à multiplier les arrangements de ce genre.
Enfin, je suis très heureux de l'implantation du Centre canadien d'agriculture biologique au Collège agricole de la Nouvelle-Écosse. Ce centre, financé par le FCADR, a pour mandat de développer la recherche et la vulgarisation concernant l'agriculture biologique. Il a suscité beaucoup d'intérêt partout au Canada et il a bénéficié de certains financements de contrepartie offerts par d'autres provinces.
Je vous remercie.
Á (1125)
Le président: Merci, monsieur Gray.
Nous allons maintenant entendre deux représentants de la Fédération agricole de la Nouvelle-Écosse, en l'occurrence M. Hunter, le président du comité de planification pour l'industrie, et M. Laurence Nason, le directeur général.
Avez-vous chacun un exposé à nous faire, messieurs?
M. Frazer M. Hunter (président, Comité de planification pour l'industrie, Fédération agricole de la Nouvelle-Écosse): Nous avons un texte qui a été préparé conjointement par Laurence et moi-même.
Le président: Frazer, vous avez la parole.
M. Frazer Hunter: Nous avons donc un texte qui va vous être distribué. Puisque nous n'avons que cinq minutes, je vais simplement en résumer certains des éléments principaux. Par ailleurs, Ralph, Paul et Bruce ont également fait valoir certains éléments que vous trouverez dans ce texte.
Bonjour, mesdames et messieurs. Je vous souhaite la bienvenue en Nouvelle-Écosse au nom du monde agricole de cette province. Nous vous remercions de nous avoir permis de venir vous présenter notre bilan, nos actifs et nos passifs.
Quelques mots si vous voulez bien à mon sujet. J'ai immigré au Canada en 1978 et me suis retrouvé au Cap-Breton. L'agent d'immigration à l'aéroport de Halifax m'a demandé pourquoi diable j'avais dans l'idée d'aller m'établir au Cap-Breton. J'y suis resté 20 ans. Je suis maintenant établi sur la partie continentale de la Nouvelle-Écosse dans une ferme où ma femme trait les vaches, je ramasse la merde et je nourris les animaux. C'est cela, notre partenariat.
Je suis accompagné par Laurence Nason, le président de la fédération. C'est une fédération qui représente environ 1 900 producteurs agricoles de la Nouvelle-Écosse et ces 1 900 producteurs agricoles représentent 90 p. 100 de la production totale.
Ce matin, le ministre vous a donné tout un tas de chiffres et de données. Je vais m'en abstenir, vous les avez déjà.
La fédération a pour objectif de promouvoir les entreprises agricoles rentables et viables qui produisent des aliments respectés par la population pour leur qualité et leur salubrité. Cela s'inscrit dans la vision même de la nouvelle politique agricole du Canada. À l'heure actuelle, l'industrie est fortement sollicitée parce que la population comme le gouvernement exigent d'elle d'améliorer l'environnement tout en étant compétitive sur les marchés planétaires.
Je vous ai apporté ce ballon de football comme exemple. Il manque un peu d'air. Il ressemble ainsi probablement un peu à l'agriculture en Nouvelle-Écosse, qui manque un peu d'air, mais qui va finir par rebondir. Ce n'est pas une industrie moribonde. Elle attend simplement de renaître.
C'est un ballon qui sert dans de nombreux sports. C'est un sport d'ailleurs que je ne connaissais pas avant de venir au Canada. Il y a le football américain ou canadien. En Australie, on utilise également un ballon comme celui-là pour jouer au football. C'est également un ballon comme celui-là qu'on utilise pour jouer au rugby. Il y a donc toute une série de sports qui se servent de ce ballon et c'est un ballon qui est pas mal bousculé.
Je voudrais également vous faire valoir que l'agriculture canadienne est un peu entre deux chaises. Lorsqu'on joue au football selon les règles australiennes, on doit jouer en chemise à manches courtes et on peut attaquer l'adversaire même à coups de poing, sans être aucunement protégé. Vous avez probablement déjà vu des matchs disputés en Australie à la télévision. C'est la même chose dans le cas de l'agriculture en Australie et en Nouvelle-Zélande. Il n'y a aucune protection.
Puis il y a les Américains. Vous avez entendu parler ce matin du Farm Bill. Les Américains et les Européens se sont protégés à 100 p. 100. Nous, nous sommes entre deux chaises, un peu comme des joueurs de rugby, et nous ne sommes pas très bien protégés. D'accord, le système de gestion de l'offre nous protège quand même un petit peu.
Ramenez donc ce ballon à Ottawa et dites-vous que c'est nous, coincés entre les deux, qui essayons de faire concurrence au niveau planétaire aux Américains et aux Européens, mais sans être protégés. Oui, le système de gestion de l'offre nous protège bien un peu, mais dans le cas des autres produits agricoles, vous qui venez de l'Ouest savez fort bien à qui vous devez vous mesurer à l'heure actuelle.
Vous avez donc ce ballon en face de vous et vous allez commencer à vous demander... Nous manquons un peu d'air, c'est certain, mais nous allons rebondir. Nous allons renaître. Par contre, c'est vrai que l'agriculture canadienne est un peu entre deux chaises.
Dans le texte que nous vous avons fait remettre, nous vous parlons de ce que nous considérons être l'actif et le passif de l'agriculture en Nouvelle-Écosse. Si nous regardons le bilan, on y trouve un certain nombre d'actifs. Il y a l'évolution des modes de vie, il y a l'évolution du paysage démographique, et ce sont effectivement deux actifs. Il y a tout un marché qui est en voie de création.
Moi, je suis un producteur laitier. Parfois, c'est le secteur laitier qui mène le monde, mais parfois c'est le contraire. J'ai été acheter ces bouteilles au magasin ce matin. La bouteille de lait contient 250 millilitres et la bouteille d'eau contient 500 millilitres. Le lait coûte 65c. et l'eau coûte 1,28 $. Si les deux bouteilles avaient la même contenance, le prix serait à peu près le même. Par contre, le prix de revient du lait et le prix de revient de l'eau sont totalement différents. Nous ne voulons pas nous, producteurs laitiers, que le consommateur s'en mêle.
Voilà donc la seule boisson qui soit vendue dans un contenant qui n'a pas un bouchon vissable. Même les capsules des bouteilles de bière se dévissent. Pour un gamin de cinq ans, pensez-vous que ce soit facile de boire cela à l'école? Et si vous êtes âgé et si vous souffrez d'arthrite, c'est un contenant qui est impossible à ouvrir.
L'industrie doit absolument embarquer et aller parler aux gens du gouvernement et aux consommateurs. Nous devons absolument offrir un contenant qui convienne aux consommateurs. Nous devons progresser tous ensemble car les modes de vie et le paysage démographique changent.
Ici, en Nouvelle-Écosse, on vend le lait dans des sacs en plastique. Avez-vous déjà essayé d'ouvrir un sac en plastique? Imaginez un peu un immigrant de fraîche date qui tient le sac de plastique d'une main et une paire de ciseaux de l'autre et vous pouvez imaginer ce qui va se passer. Tout le lait va se répandre. Avez-vous déjà essayé de donner cela à boire à vos enfants ou à vos petits-enfants à l'arrière de la voiture? Vous ne voulez pas parce que vous savez très bien que votre voiture va sentir mauvais pendant des semaines parce qu'ils auront tout renversé.
Á (1130)
L'industrie doit donc évoluer comme toute autre chose. Mais l'évolution des modes de vie et du paysage démographique représente un actif. La technologie aussi. M. Gray l'a déjà dit. La mondialisation est un actif mais également un passif. Notre situation est très particulière: la Nouvelle-Écosse est une petite province mais elle est bien placée sur le plan géographique et elle est très diversifiée-- tout cela, c'est un actif pour l'industrie.
Nous avons également des passifs, pour ce qui est de répondre aux attentes de la communauté. Que veut le consommateur? Veut-il un bouchon à visser? Je pense bien que oui, plutôt qu'un contenant qu'il faut déchirer pour ouvrir. Comment peut-on penser qu'un gamin de cinq ans à l'école primaire va pouvoir comprendre la mention «écartez pour ouvrir»? Qu'est-ce que cela veut dire? Avez-vous déjà essayé? S'adapter à une nouvelle technologie, cela peut être extrêmement difficile. Nous devons progresser mais avec un appui financier. Nous en avons besoin.
La concurrence planétaire—vous avez parlé du ballon de football—peut être un passif aussi bien qu'un actif.
Le régime de protection du revenu agricole est-il là pour vous aider à conserver ce que vous avez déjà ou pour vous aider à progresser? Je pense que c'est une question qu'il faut impérativement poser dans le cadre des programmes de protection de revenu agricole qui existent déjà. L'industrie doit progresser.
Les nouveaux venus dans l'agriculture: le ministre vous en a parlé ce matin, je l'ai entendu. Il nous faut du sang frais. Nous avons un collège qui produit des jeunes gens avec tout un bagage scolaire, mais comment leur permettre de s'implanter? Je sais de quoi je parle. J'ai un fils qui veut devenir producteur laitier. Si je veux récupérer ma part, je dois la lui donner afin qu'il puisse se lancer. Est-ce bien différent de ce qui se passe dans les autres secteurs? Je l'ignore, mais dans notre cas, au moment où je vous parle, c'est un vrai problème.
C'était Ralph ou Paul je crois qui vous ont parlé des regroupements dans le commerce de détail, lorsqu'il y a deux joueurs. Nous ne sommes pas de taille à leur faire concurrence. Il faut que nous fassions alliance avec eux, sans toutefois aller jusqu'à nous compromettre. Mais c'est de cette façon que les choses se passent dans l'industrie.
Allez donc acheter du lait dans un magasin Sobey's ou Loblaws. Ces chaînes regarnissent les tablettes 150 fois par an. En effet, le lait ne reste sur les tablettes que deux ou trois jours. Chaque fois que la chaîne regarnit son comptoir, elle gagne 20¢. Cela fait 20¢ de bénéfice par dollar investi. Si vous faites le calcul, pour chaque dollar investi, le détaillant retire 75 $ bruts. Fort bien. Qu'est-ce que je gagne moi pour chaque dollar que j'investis? Vous le savez fort bien, vous qui appartenez au comité de l'agriculture: rien du tout, comparé à ce que gagnent les détaillants.
Notre industrie a également de plus en plus besoin de capitaux, et l'absence de capital pose un problème.
Une des caractéristiques de l'agriculture en Nouvelle-Écosse, c'est que nous dépendons de la main-d'oeuvre. Charles d'ailleurs pourrait sans doute vous en parler à propos de l'horticulture. Nous avons besoin de travailleurs saisonniers.
Pour nourrir mon troupeau de 60 vaches laitières, je dois acheter pour 85 000 $ de céréales de provende par an. Cela, c'est aussi pour les génisses et ainsi de suite.
Nous sommes extrêmement diversifiés. Vous avez entendu Ralph vous parler de son exploitation. Même s'il est là comme représentant de l'industrie de la volaille ou des producteurs d'oeufs, il vous a également parlé de viande bovine et d'arbres de Noël. Pour nous, cette forte diversification est un avantage.
Charles va vous parler de la concentration dans l'horticulture.
Nous avons également une très forte concentration de la gestion de l'offre dans le secteur de la volaille et de la production laitière. Cela est un facteur de stabilité, mais je viens tout juste de constater de nouveaux éléments démographiques. Au Cap-Breton, la population a diminué de 7 000 âmes. Cela équivaut à une diminution de la consommation de lait de 7 000 litres, soit l'équivalent de 200 vaches laitières de moins pour alimenter le marché local. Les caractéristiques démographiques de cette industrie pourraient fort bien la contraindre à se déplacer là où se trouve le marché. Nous payons pour faire transporter notre lait jusqu'à la laiterie; c'est la laiterie qui prend le relais à partir de là. Mais le paysage démographique change. Il peut y avoir des avantages et des inconvénients.
La dernière chose dont je voudrais vous parler—Laurence ne m'a pas encore rappelé à l'ordre—c'est de la sécheresse qui nous a beaucoup touchés ici en Nouvelle-Écosse depuis cinq ans. Elle a eu un effet très marqué sur mes propres activités. Cela nous a coûté l'an dernier 30 000 $ pour 60 vaches laitières. Notre quota provincial est de 17 tonnes de matières grasses par jour. Si les producteurs laitiers avaient été dans mes souliers, ils auraient dû réinvestir 8 millions de dollars dans leur industrie, ce qui est beaucoup.
Je pourrais également vous parler d'environnement. Lorsqu'on parle de l'entreposage et du traitement du fumier, il faut beaucoup de capitaux. Entreposer le fumier sur notre propre terrain va nous coûter 150 000 $. Cet argent ne nous produira rien en retour, mais c'est ce que le public veut et c'est ce qu'on doit lui donner. Par contre, il faut que d'autres sources viennent à notre secours pour nous permettre de trouver l'argent nécessaire pour faire du réinvestissement.
Merci pour ces cinq minutes, monsieur Hubbard.
Laurence, avez-vous quelque chose à ajouter?
Á (1135)
M. Laurence Nason (directeur général, Fédération agricole de la Nouvelle-Écosse): Non.
Le président: Voilà un exposé qui était fort intéressant. Je ne sais pas trop comment vous vous y prenez pour compter les minutes, mais à part cela c'était très bien.
D'où étiez-vous originaire lorsque vous êtes arrivé il y a 20 ans?
M. Frazer Hunter: Du Northumberland, en Angleterre, là où a commencé l'épidémie de fièvre aphteuse.
Le président: C'est ce que nous tentions de savoir.
M. Frazer Hunter: Je suis né à Glasgow.
Le président: Ainsi donc, Laurence, vous êtes ici en renfort.
Á (1140)
M. Laurence Nason: Je suis ici comme personne-ressource, monsieur le président.
Le président: Je vous remercie.
Nous allons maintenant entendre Charles Keddy, qui représente Agri-Futures Nova Scotia.
M. Charles Keddy (président, Agri-Futures Nova Scotia): Monsieur le président, mesdames et messieurs, je vous remercie de m'avoir permis de venir vous faire cet exposé aujourd'hui. En arrivant ici, je ne savais pas trop qui j'étais censé représenter. J'avais reçu un coup de téléphone et on m'avait demandé si je voulais faire un rapide exposé, et comme je suis horticulteur en plus de faire de la production bovine, étant aussi président du conseil du FCADR de la Nouvelle-Écosse, j'aurais pu aborder la question sous différents angles. En tout état de cause, c'est toujours utile d'être parmi les derniers à comparaître parce que beaucoup de choses ont déjà été traitées par les témoins précédents. Comme je le disais, je ne savais pas trop bien sous quel angle présenter les choses.
En guise d'introduction, laissez-moi simplement vous dire que j'ai mon exploitation dans la vallée d'Annapolis où, depuis 25 ans, je produis du matériel de pépinière, des fraisiers, des framboisiers et bien d'autres choses encore. J'ai été le premier de ma famille à travailler dans l'agriculture. Nous exportons nos matériels de pépinière un peu partout en Amérique du Nord, et d'ailleurs, l'un des avantages de cela est que je viens de passer 10 jours en Floride pour rendre visite à nos clients que nous fournissons à hauteur d'environ 8 millions de plants par an. Cela nous donne donc la possibilité de nous échapper un peu pendant l'hiver et de voir ce qui se passe ailleurs.
C'est avec beaucoup d'intérêt que j'ai entendu l'un de vous poser une question au ministre au sujet de la nouvelle loi américaine, le Farm Bill. Vous savez, lorsque vous êtes producteur agricole, vous vous informez comme vous le pouvez en lisant les journaux et vous pensez souvent que certaines de ces choses n'auront pas vraiment beaucoup d'impact sur votre vie à vous. Mais il est probable que nous ne suivons l'actualité de suffisamment près parce que toutes ces choses comme le Farm Bill risquent d'avoir énormément d'impact sur notre industrie.
En Floride, j'ai rencontré ce monsieur qui est le président de l'association des producteurs de fraises de la Floride, qui s'apprêtait à aller faire un exposé au sujet du Farm Bill afin de persuader les pouvoirs publics de modifier le texte de cette loi pour lui permettre de continuer à utiliser le bromométhane comme insecticide. Les États-Unis étant signataires du Protocole de Montréal et ayant adopté la Clean Air Act, ils sont censés avoir complètement abandonné l'utilisation du bromométhane d'ici 2005. Mais toute l'agriculture américaine multiplie les pressions pour repousser l'échéance à 2007, voire à 2010. Étant donné tout ce qui se passe et connaissant la position du Canada, nous aurons probablement nous-mêmes complètement abandonné cet insecticide d'ici 2005. Voilà le genre de choses qui, parfois, tourne beaucoup à notre désavantage. Par conséquent, le Farm Bill, et ce n'est qu'un exemple, a un impact extrêmement important sur notre industrie.
Je vais essayer de parler de certains éléments qui n'ont pas été abordés par ceux qui m'ont précédé, et en particulier des attentes du consommateur en matière de salubrité alimentaire. À mesure que le consommateur devient de plus en plus conscient des cas de contamination de l'eau et des produits alimentaires, il est certain que le gouvernement et les détaillants insistent de plus en plus vigoureusement sur tout ce qui concerne l'origine des produits, et en particulier la traçabilité. La salubrité des aliments est quelque chose qui doit commencer au niveau de l'exploitation agricole, faute de quoi les marchés vont disparaître. Les autres intervenants dans la chaîne alimentaire doivent également pouvoir justifier la traçabilité du produit depuis l'exploitation agricole jusqu'au consommateur. Il n'est pas raisonnable de faire reposer la salubrité des produits alimentaires sur les seules épaules du producteur en lui faisant assumer tous les frais sans lui permettre d'augmenter de manière correspondante son prix de vente. Les grossistes et les détaillants, pour leur part, peuvent relever leurs prix sur le marché pour compenser le coût des initiatives nécessaires pour assurer la salubrité des aliments, mais ces augmentations de prix sont rarement répercutées au niveau du producteur lui-même.
Il faut également fonder nos attentes envers les agriculteurs sur des principes scientifiques éprouvés et non sur la perception de la population. Nous avons commencé à traiter de la question de la salubrité des aliments dans le cadre de colloques sur les directives relatives aux fruits et aux légumes publiées par le Conseil canadien de l'horticulture. Mais il reste encore beaucoup à faire. La population croit que le Canada possède le plus haut degré de salubrité qui puisse être obtenu pour les aliments.
Nous devons nous orienter vers un programme intégré de salubrité des aliments, de la ferme au consommateur, dans toute l'industrie. Cela dit, les agriculteurs ne sont pas en mesure d'ajouter grand-chose à leur coût de production aux fins de la salubrité des aliments s'ils ne peuvent s'attendre raisonnablement à une augmentation de leurs revenus.
Frazer a mentionné un sujet dont j'aimerais également parler, celui des ressources humaines. Comme on l'a probablement mentionné précédemment, l'agriculture en Nouvelle-Écosse emploie directement et indirectement 14 000 travailleurs. L'horticulture en Nouvelle-Écosse est en tout cas le secteur qui utilise le plus de main-d'oeuvre dans la province, à plein temps, à temps partiel et de façon saisonnière.
Ce secteur de l'horticulture dans notre province vit présentement une pénurie de main-d'oeuvre, surtout de main-d'oeuvre à court terme et saisonnière ainsi que de travailleurs affectés aux récoltes paysannes chez les maraîchers et pépiniéristes. Cela limite notre capacité de produire et de mettre en marché nos denrées. Il existe d'énormes débouchés pour l'expansion de la culture de denrées récoltées manuellement, entre autres les fraises, ou emballées à la main, comme les fraisiers de pépinières. Nous avons dû limiter nos installations et nos marchés par manque de main-d'oeuvre.
La récente diminution du nombre de travailleurs affectés aux récoltes doit être renversée pour le secteur de l'horticulture de la Nouvelle-Écosse. Cette diminution a commencé avec les modifications apportées à l'assurance-emploi en 1997. Les travailleurs canadiens refusent d'accepter des emplois à court terme à moins d'être payés comptant, puisque leur inscription à une feuille de paye entraîne pour eux toutes sortes de pénalités et de mesures de récupération lorsqu'on établit leur fiche T-4.
Il faut apporter des modifications importantes aux politiques gouvernementales qui découragent les Canadiens d'accepter des emplois à court terme et saisonniers et de travailler aux récoltes. Les obligations législatives applicables aux travailleurs canadiens, par les effets conjugués des règlements de l'assurance-emploi, de la Loi de l'impôt sur le revenu et de diverses règles provinciales et municipales, empêchent les travailleurs canadiens de se joindre à la main-d'oeuvre active dans des emplois à court terme.
Le recours au programme des travailleurs étrangers est limité dans le secteur de l'horticulture de notre province en raison de la dispersion géographique de nos entreprises agricoles, des différentes saisons de récolte, des volumes de production et de l'absence de la masse critique nécessaire pour offrir des périodes d'emploi suffisantes pour faire un usage efficace de la main-d'oeuvre importée. La présence de travailleurs étrangers est importante dans certaines exploitations maraîchères et dans des pépinières car elle permet la création d'équipes de base. Toutefois, l'essentiel de la main-d'oeuvre est constituée de travailleurs canadiens. Bon nombre de producteurs horticoles néo-écossais possèdent les compétences de production et de mise en marché nécessaires pour accroître leur production tant sur les marchés intérieurs que sur les marchés d'exportation. Mais ils ne peuvent compter sur un nombre suffisant de travailleurs de récoltes pour pouvoir exploiter ces marchés.
J'aimerais également parler des exigences imposées par la réglementation. Il existe toute une gamme d'exigences découlant de règlements et de protocoles imposés par le gouvernement et par les consommateurs, et l'industrie n'a ni la formation, ni le temps, ni les ressources matérielles nécessaires pour respecter toutes ces exigences. Il s'agit entre autres des règlements en matière de santé et de sécurité, des règlements sur la salubrité des aliments et l'utilisation des produits phytosanitaires, les plans environnementaux en agriculture, les plans de gestion des nutriments à la ferme et les approbations de l'accès à l'eau. Bon nombre de producteurs sont complètement dépassés par le nombre croissant de ces exigences et ils se demandent comment ils peuvent continuer à produire et à mettre en marché leurs produits tout en respectant ces exigences en temps opportun et de façon rentable sans que soit augmenté de façon correspondante leur revenu potentiel.
Parallèlement, notre secteur perd rapidement son accès aux produits phytosanitaires et de gestion des récoltes à cause d'un manque d'harmonisation entre les processus de réglementation canadiens et américains des produits antiparasitaires et d'une utilisation insuffisante des pouvoirs de réglementation. Tout cela a créé un obstacle non tarifaire au commerce et empêche les producteurs de la Nouvelle-Écosse de se procurer les outils modernes de production dont peuvent se prévaloir d'autres producteurs qui vendent leurs denrées dans notre province.
Ce sont là quelques-uns des points que je voudrais aborder.
Á (1145)
Il y a trois semaines, j'ai assisté à Ottawa à une réunion de tous les présidents des conseils du FCADR, où nous discutions du cadre de la politique agricole. Les conseils du FCADR de tout le Canada sont relativement prêts à collaborer avec les différents gouvernements au sujet du cadre de la politique agricole. Il est maintenant bien démontré que le modèle des conseils du FCADR est très efficace pour ce qui est de la prestation des programmes gouvernementaux dans la province.
Il est troublant de lire les statistiques montrant qu'au Canada les agriculteurs constituent maintenant 1 p. 100 de la population. Les organismes, les gouvernements et l'industrie doivent, à tous les niveaux, collaborer pour sensibiliser la population au fait que l'agriculture, c'est l'alimentation, et que si l'on mange, on est concerné par l'agriculture de ce pays.
Á (1150)
Le président: Merci, Charles.
Nous allons maintenant entendre M. John MacDonnell, porte-parole en matière d'agriculture du Nouveau Parti démocratique de la Nouvelle-Écosse.
M. John MacDonnell (porte-parole en matière d'agriculture, Nouveau Parti démocratique de la Nouvelle-Écosse): Merci beaucoup. Je suis heureux de venir vous rencontrer aujourd'hui au nom du caucus du NPD. Je vous souhaite à tous la bienvenue en Nouvelle-Écosse.
Les témoins que vous venez d'entendre sont la preuve que les agriculteurs de la Nouvelle-Écosse sont aussi innovateurs et possèdent autant l'esprit d'entreprise que tout autre groupe ailleurs au pays. Voilà pourquoi nous estimons, dans notre province, avoir de bonnes raisons d'espérer pour l'avenir de l'agriculture. Mais la garantie de cette avenir doit se fonder sur des politiques, des programmes et une vision du gouvernement fédéral.
À mon avis, il n'y a pas d'autres moyens, pas de meilleurs moyens en tout cas, que l'agriculture, l'exploitation forestière ou les pêches pour soutenir les collectivités à long terme. Ce sont des ressources renouvelables et durables, et les contribuables canadiens accepteront facilement une politique qui vise à consolider les collectivités.
Les contribuables doivent se rendre compte qu'il ne faut pas voir tout comme un coût, qu'il y a de bonnes raisons de considérer les sommes versées comme un investissement, comme de l'argent qui permettra de ne pas avoir à payer d'autres coûts plus tard. Ce serait peut-être la façon la plus rentable de consolider ces collectivités. Ce dont je parle, c'est de conserver des jeunes familles dans les régions rurales de la Nouvelle-Écosse. C'est ainsi qu'on pourra conserver des écoles dans ces régions. C'est ainsi également qu'on pourra attirer un médecin, probablement un jeune médecin qui voudra se bâtir une famille. Pourquoi voudrait-il aller s'établir là où il n'y a pas d'école?
Tous ces éléments sont interdépendants. Dans le choix de leur collectivité, les gens tiennent compte de tous les besoins de leur vie. Ils pensent au revenu dont ils ont besoin pour faire vivre leur famille et acquérir une certaine protection pour leur vieillesse et ils essayent également de voir comment tout cela est relié aux autres éléments de l'endroit où ils vivent. Personne n'envisage sa situation indépendamment du fonctionnement de la collectivité. On tient compte de la relation entre les besoins et la capacité du gouvernement de répondre à ces besoins.
En Nouvelle-Écosse, l'agriculture compte plus de 4 000 entreprises agricoles dont les revenus dépassent au total les 400 millions de dollars. Et pourtant, on constate dans les chiffres du dernier recensement fédéral qu'il y a un exode rural dans notre province. Cette tendance n'a rien de nouveau dans notre pays de plus en plus urbanisé, mais il est clair qu'il y a des problèmes graves dans l'agriculture en Nouvelle-Écosse.
Comme l'a indiqué GPI Atlantic dans son rapport intitulé Farm Viability and the Economic Capacity in Nova Scotia, les recettes monétaires agricoles ont augmenté de 12 p. 100 au cours des 28 dernières années, mais le revenu agricole net a diminué de 46 p. 100 au cours de la même période. Le rendement des investissements des agriculteurs a diminué et le ratio emprunts/revenu net a triplé, passant de 300 p. 100 à 900 p. 100. Parallèlement à la diminution des revenus, les paiements directs du gouvernement aux agriculteurs ont également diminué, passant en moyenne de 17 millions de dollars au début des années 80 à 11 millions de dollars à la fin des années 90.
Que signifie ces chiffres? GPI signale que l'agriculture de la Nouvelle-Écosse risque de perdre plusieurs secteurs, entre autres celui de la culture des pommes et des légumes ainsi que ceux de l'élevage des bovins et des porcs. Comment s'étonner alors qu'il y ait un exode rural, surtout chez les jeunes, qui vont chercher ailleurs, dans d'autres domaines, des emplois plus prometteurs.
Pour empirer les choses, la Nouvelle-Écosse a connu au cours des quatre à cinq dernières années des conditions de sécheresse qui ont réduit la production de bon nombre d'entreprises agricoles. Même si les recettes ont augmenté à la ferme, les coûts qui y sont associés ont fait de l'agriculture un secteur de moins en moins intéressant.
L'an dernier, les représentants du gouvernement fédéral et des provinces, y compris de la Nouvelle-Écosse et des territoires, se sont réunis à White Horse et ont adopté un plan d'action national visant à faire du Canada le leader mondial de la salubrité des aliments, de l'innovation et de la protection de l'environnement. Ce plan vise à accroître la capacité des agriculteurs de gérer les risques inhérents à l'exploitation agricole au moyen de programmes de soutien du revenu. Il tente également de renouveler les secteurs de l'agriculture grâce à des programmes qui répondent aux besoins particuliers du monde agricole et l'aident à s'adapter au changement.
Le but est certes louable, et j'espère que nous pourrons tous travailler de concert pour le réaliser. Parallèlement, cependant, la Nouvelle-Écosse semble s'être écartée des objectifs réels de ce plan d'action. Le gouvernement provincial a aboli la direction générale des services technologiques de son ministère de l'Agriculture, réduit au minimum le financement du poste d'évaluation du boeuf dans les Maritimes et mis fin à des programmes comme le Fonds d'investissement agricole et le Fonds de développement de l'industrie agroalimentaire.
Qu'en est le résultat? En amputant ces services du ministère de l'Agriculture, le gouvernement s'est privé des ressources dont il peut avoir besoin pour mettre en oeuvre un plan d'action national. En remplacement, il a créé un Institut de développement agricole, un organisme que le gouvernement s'est bien défendu de vouloir diriger. Comment ce même gouvernement pourra-t-il alors obtenir les compétences techniques dont il a besoin pour mettre en oeuvre ce plan d'action national?
Les éleveurs de bovins des Martitimes comptent sur le travail réalisé au poste d'évaluation du boeuf pour améliorer leur cheptel. Le poste d'évaluation mesure la qualité du boeuf des Maritimes, qui, je dois le dire, est aussi élevée que celle du boeuf de n'importe où ailleurs au Canada. Mais en éliminant ces évaluations par des mesures d'austérité, on sape les assises de l'industrie.
Pire encore, les deux programmes du gouvernement qui ont été abolis partageaient l'esprit et les objectifs de ce plan d'action national. Le Fonds d'investissement agricole était conçu pour appuyer la croissance durable des entreprises agricoles au moyen d'investissements publics à l'appui de projets qui accroissent la viabilité économique, la salubrité des aliments et des fermes et favorisent l'intendance environnementale.
Le Fonds de développement du secteur agroalimentaire favorisait une optique d'entreprise et de marché dans l'agriculture et le secteur alimentaire ainsi que leur participation à l'adaptation, à la croissance économique et au développement rural. Ce fonds avait pour objectif de créer des débouchés d'exportation agricole et alimentaire viables et à long terme sur les marchés nationaux et d'exportation; de permettre l'introduction de nouvelles technologies et de nouveaux systèmes de mise en marché des produits agricoles et des aliments; d'encourager les alliances et la collaboration dans toute la chaîne de commercialisation; d'améliorer la gestion, le leadership et les compétences techniques dans le secteur de l'agroalimentaire; de sensibiliser la population à la valeur de l'industrie agroalimentaire dans notre croissance économique et, enfin, de favoriser le développement autodirigé du secteur, l'innovation et la gestion du changement par le truchement d'organisations du secteur agricole.
Pourquoi le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a-t-il déclaré souhaiter la mise en place d'un plan d'action national alors qu'il faisait quatre pas en arrière? Je vais répondre à cette question et je laisserai le ministre s'occuper du reste. Si je fais ces critiques, c'est qu'il est clair pour moi que si le gouvernement fédéral, les provinces et les territoires veulent vraiment mettre en place un plan d'action national, ils doivent s'entendre sur les normes et les programmes qui sont nécessaires pour mettre ce plan en application. La seule chose que je dirai au sujet de ces normes et de ces programmes, c'est qu'ils devraient être élaborés au moyen de consultations étendues auprès des intervenants.
Suis-je partisan d'un plan d'action national? Oui, avec ferveur. Mais nous sommes tous confrontés au spectre de l'augmentation des subventions à l'agriculture dans toutes les régions du monde, plus particulièrement aux États-Unis et dans l'Union européenne.
L'Organisation mondiale du commerce essaie, dit-on, de forger un accord sur les subventions agricoles, mais il faudra pour cela attendre des années, peut-être même jusqu'en 2005. Entre temps, ces subventions continuent de nuire à nos marchés d'exportation et nous ne pouvons contrer leurs effets qu'au moyen d'une approche nationale coordonnée.
Ce que je veux dire à votre comité, en réalité, c'est que le gouvernement de notre province est encore loin d'avoir les programmes qui sont nécessaires pour compléter une approche nationale et que nous n'avons pas beaucoup de temps devant nous. Les parties intéressées doivent se réunir pour négocier une stratégie nationale uniforme avant qu'on abolisse d'autres programmes complémentaires ou des programmes qui pourraient facilement être adaptés à l'application de la stratégie nationale.
Mais le tableau n'est pas entièrement sombre dans notre province. Si j'ai bien compris, l'Administration du rétablissement agricole des Prairies d'Agriculture et Agroalimentaire Canada a examiné les problèmes de sécheresse qui sévissent dans notre province et présenteront un rapport à ce sujet, un peu plus tard au printemps, peut-être.
Á (1155)
En résumé, je souhaite que votre comité retire de tout cela que cela vaut la peine d'investir dans l'agriculture. Je suis persuadé que les contribuables canadiens le reconnaîtront également car ces investissements permettront de soutenir les collectivités et de réduire les coûts qu'ils doivent payer. Il y a également des variables qui échappent au contrôle des agricultures et qui rendent ces investissements valables. Je suis d'accord pour qu'on établisse un régime quelconque de sécurité alimentaire au Canada. On aurait dû prendre une telle mesure il y a longtemps déjà et nous n'avons pas besoin des événements du 11 septembre pour nous en convaincre.
Merci.
 (1200)
Le président: Merci, John.
Monsieur Ed Belzer.
Ed, vous pourriez peut-être nous expliquer d'où vous venez et ce que vous faites. Nous avons entendu des représentants des différents secteurs et il est toujours intéressant de voir que...
M. Ed Belzer (témoignage à titre personnel): Je m'appelle Ed Belzer. Je viens de la vallée Musquodoboit. C'est là que je vis et c'est là que j'exploite une entreprise agricole depuis maintenant 27 ans. Je suis moi aussi un immigrant. J'ai choisi d'être Canadien et, enfin, je suis si heureux de ce choix que j'ai renoncé à ma double citoyenneté il y a quelques années. Je n'ai aucun besoin d'être citoyen d'un autre pays.
Comme vous le savez, et comme vous le saviez avant d'entreprendre cette tournée pancanadienne, notre pays est très vaste et on y trouve une grande diversité. Ce qui fonctionne bien dans une partie du pays peut être mal adapté pour une autre. Dans cette partie-ci du pays, dans les Maritimes en général, et peut-être aussi dans d'autres parties du pays, il y a de nombreuses zones où l'exploitation agricole ne peut se faire qu'à petite échelle, par exemple dans les terrains côteux et là où les terres défrichées sont parsemées de boisés. Pour cette raison, certaines techniques agricoles fonctionnent mieux dans les Prairies qu'ici, même si certains agriculteurs tentent d'utiliser les mêmes charrues à soc, etc. Je me demande où cela nous mène du point de vue économique.
Je ne suis touché en aucune façon par le régime de gestion de l'offre. En tout cas, je n'y participe pas. Mais à titre d'éleveur mixte à petite échelle, je vous exhorte de ne pas laisser le pays céder aux pressions de ceux qui voudraient abolir le régime de gestion de l'offre.
Je pratique l'agriculture depuis un peu plus de 27 ans et j'exploite ma ferme actuelle depuis 27 ans, à temps partiel puis à plein temps depuis sept ans, depuis que j'ai ma pension de retraite de mon emploi à l'extérieur de la ferme. Durant tout ce temps, j'ai vu le nombre des petites fermes mixtes diminuer. Parmi mes voisins, les seuls qui sont capables de gagner leur vie sans revenu venant de l'extérieur de la ferme sont ceux qui produisent des denrées à gestion de l'offre. Je n'en suis pas jaloux. Je les admire et j'admire le pays d'avoir mis ce régime en place. Conservez-le.
Les autres entreprises agricoles ont constamment diminué en nombre. Je me souviens avoir entendu quand j'étais jeune, à Philadelphie, en Pennsylvanie, quelque chose qui revient constamment au fil des ans, c'est-à-dire le nombre de personnes que nourrit un agriculteur moyen. Quand j'étais enfant on disait par exemple qu'il fallait anciennement un agriculteur pour nourrir deux citadins et qu'il fallait maintenant un agriculteur pour 30 habitants des villes. Je ne sais pas quel est le chiffre aujourd'hui, mais le dernier recensement montrait que 1 p. 100 maintenant de notre population pratique l'agriculture. Jusqu'où faudra-t-il en arriver pour décider que c'est assez? Il ne faut pas confondre maximal et optimal. Il n'est pas possible de maximiser deux variables ou plus dans une même équation. Il faut faire des compromis et je ne crois pas qu'il soit nécessaire d'augmenter encore les chiffres dont autrefois on était fier et dont on se vantait.
Nos petites localités ont besoin de petits agriculteurs autant que d'agriculteurs qui peuvent gagner leur vie à plein temps à la ferme. Le fait d'avoir des petits agriculteurs contribue à la stabilité de l'approvisionnement en aliments. J'étais un peu gêné auparavant de ce que je ne pouvais pas gagner ma vie à plein temps sur ma ferme. Cette ferme n'a jamais pu faire vivre qui que ce soit même en y travaillant à plein temps. Il fallait aller chercher un revenu ailleurs.
Il y a 50 ans environ, la tradition des pères de famille qui partaient travailler dans des chantiers d'abattage pour gagner de l'argent à l'extérieur de la ferme a disparu. Les mères restaient à la maison pour s'occuper des enfants et du bétail. C'est ce qui se faisait à l'époque. Mais dans cette région du pays, il y a encore beaucoup de fermes qui possèdent des petits boisés à partir desquels on peut obtenir des revenus. C'est un revenu gagné à la ferme, mais à partir du boisé.
J'aimerais parler d'un élément précis. Je peux me tromper, mais si j'ai bien compris, celui qui fait la coupe à blanc d'un boisé doit maintenant payer de l'impôt, la moitié de l'impôt sur les gains en capitaux; c'est-à-dire qu'il paye de l'impôt sur la moitié de son revenu. Comparez cette situation à celle d'un agriculteur qui décide d'abattre chaque année une partie de son propre boisé pour obtenir un revenu d'appoint. Pourquoi notre gouvernement encourage-t-il la coupe à blanc et s'oppose-t-il à l'exploitation durable des boisés? Vous pourriez peut-être nous aider en modifiant la Loi de l'impôt sur le revenu.
Les agriculteurs à petite échelle favorisent également la stabilité du marché pour les autres agriculteurs. Quand l'économie japonaise a chuté en flèche, il y a quelques années, j'ai entendu à la radio que des agriculteurs de l'Ouest—les grosses fermes-usines d'élevage de porcs—tuaient au gaz leurs porcelets, etc.
Quand j'ai dû acheter des porcs d'engraissement, je les ai achetés d'un autre petit agriculteur local, un de ceux qui gagnent de l'argent à l'extérieur de leur ferme en travaillant à l'encan de bétail le jeudi et qui, pour le reste, élèvent des moutons, des porcs et d'autres animaux. Je n'ai pas payé mes porcs d'engraissement moins cher. Mon vendeur devait obtenir un prix suffisant pour que ce soit rentable. Je ne les ai pas vendus moins cher à mes clients non plus. Ils n'ont pas essayé de me payer moins cher parce qu'ils entendaient dire que d'autres tuaient leurs porcelets au gaz. Il m'en a coûté juste autant pour élever ces porcs d'engraissement et les vendre. En gardant des petits agriculteurs, on garantit une certaine stabilité.
Permettez-moi de mentionner un exemple de la façon dont les politiques peuvent nous nuire par inadvertance. Le problème a été corrigé, mais dans le programme fédéral CSRN, chaque province décidait des produits agricoles dont la production permettait l'accès au programme. Dans toutes les provinces à peu près, la vente de chevaux était admissible, tout comme la vente de bétail, de porcs ou d'autres choses de ce genre.
En Nouvelle-Écosse, le gouvernement a choisi pour une raison quelconque de ne pas inclure cela. La vente de mules était admissible. La vente de hérissons était également admissible—c'est vrai, je le jure. La vente d'émus et de furets également. Moi, j'utilise des chevaux comme animaux de trait. L'année avant que les chevaux soient admissibles, j'ai pu vendre trois chevaux de trait mûrs et bien entraînés. J'en ai retiré 7 000 $: 2 000 $ pour chacune des juments et 3 000 $ pour l'étalon. Il s'agissait d'animaux utiles et productifs; ce ne sont pas des animaux de race. Leur vente n'était pas admissible. Pourtant, le fourrage que j'avais utilisé pour les élever était déductible; on l'a soustrait de mon compte au CSRN. C'est encore le cas.
La vente de chevaux serait maintenant admissible. Mais malheureusement, il n'y a pas beaucoup d'acheteurs pour les chevaux de trait. C'est un problème pour ceux d'entre nous qui exploitent différemment nos entreprises agricoles. Le coût du carburant nécessaire à l'obtention de notre force de traction est déductible de nos ventes admissibles. Mais si j'achetais de l'essence pour mon tracteur, ce ne serait pas déductible. Nous sommes donc désavantagés.
Que sait-on de l'évolution, l'évolution sociale autant que l'évolution biologique? Dans une espèce, le fait de posséder un avantage sur une longue période assure la pérennité alors que ceux qui ne possèdent pas cet avantage sont voués à l'extinction. Je vous exhorte donc à examiner les mesures que vous prenez afin de voir si elles aident également les petits agriculteurs mixtes et les collectivités rurales.
 (1205)
Le président: Merci, Ed.
Nous avons obtenu ici toutes sortes de renseignements. Ces bleuets... vous avez probablement essayé de les vendre en Europe, n'est-ce pas? Est-ce là que vous vendez les bleuets?
M. Frazer Hunter: Au Tim Horton.
Le président: Au Tim Horton.
Des voix: Oh, oh!
Le président: Et vous vendez vos couronnes de Noël aux États-Unis?
Une voix: Directement en Californie.
Le président: Directement en Californie.
Vous parlez d'amener ici des céréales par navire, probablement en passant par le Mississippi, n'est-ce pas? À partir d'où?
M. Paul Cook: Pas nécessairement d'ailleurs.
Le président: Non, non. Dites-le nous. Cela a-t-il été envisagé? Il y a une façon moins coûteuse d'amener des céréales ici par voie navigable, en passant par le Mississippi jusqu'à la Nouvelle-Orléans puis de retour vers les provinces de l'Atlantique. C'est quelque chose que je voudrais que nos membres ici...
M. Ralph DeLong: En outre, si vous allez chercher du grain à l'étranger plutôt que d'acheter le grain canadien, il est plus facile de le transporter sur l'axe nord-sud que sur un axe est-ouest.
Le président: D'accord. Nous avons ici des Canadiens qui ne voient les choses que dans l'optique de nos Prairies. Certaines céréales des Prairies sont en fait transportées en passant par la tête des Grands Lacs et pourraient se retrouver au Sud, à partir de Duluth jusqu'au Mississippi. Howard, certaines de vos céréales produites dans l'Ouest sont peut-être arrivées ici par navire.
Howard, voulez-vous commencer la période de questions?
 (1210)
M. Howard Hilstrom: Je suis un peu vexé, monsieur le président.
Le président: Je savais que vous le seriez.
M. Howard Hilstrom: Vous semblez dire que certains députés ne pensent qu'à une certaine région du pays. Je trouve que cette observation est présentement déplacée.
Le président: J'en suis désolé, Howard.
M. Howard Hilstrom: Bon, d'accord. Ce sont des sujets plus vastes.
J'ai plusieurs questions à poser, mais nous voulons parler des céréales fourragères et, définitivement, des chemins de fer. Il y aura des questions à ce sujet.
Ed, vous avez dit que la gestion de l'offre ne vous dérangeait pas. Il est vrai que la gestion de l'offre n'est pas conçue pour s'appliquer aux petits agriculteurs. Les agriculteurs participant à la gestion de l'offre dans votre région sont en mesure de payer les terres plus cher que tous les autres agriculteurs. Par conséquent, s'il y a des quotas disponibles, les agriculteurs qui produisent des denrées à gestion de l'offre continueront de prospérer alors que les autres seront laissés pour compte. Il existe de la concurrence dans l'agriculture de la région.
La main-d'oeuvre est toujours une question importante. Charles, vous avez posé une question, où vous pensiez que ça ne faisait pas de différence. La gestion de l'offre a des répercussions. Voulez-vous faire une brève observation?
M. Ed Belzer: Oui. J'élève des dindons et je ne peux en élever que quelques-uns, par rapport à ce que je pourrais vendre. Peu m'importe. Comme je vous l'ai dit, j'ai une autre source de revenus et je n'envie pas ces gens.
Je vivais autrefois au Nouveau Mexique. C'était il y a plus de 30 ans. J'ai vu des fermes où l'on faisait la traite 23 heures par jour. Ils fermaient l'installation pour réparer les trayeuses ou d'autres pièces d'équipement, pour nettoyer le tout, et ils reprenaient. Je pense qu'ils trayaient beaucoup de vaches. Combien il y en avait? Est-ce que 1 200 têtes de bétail vous obligent à traire 23 heures par jour? Ils sont partis, ils ont vendu la ferme après mon départ du Nouveau Mexique pour la Nouvelle-Écosse. Ils se sont établis à un autre endroit et ont à nouveau augmenté la taille du troupeau.
Toutefois avec la gestion de l'offre, nos producteurs n'ont pas besoin de faire cela. Je n'aimerais pas qu'ils y soient obligés.
M. Howard Hilstrom: Très bien. Merci.
Charles, vous avez très clairement dit que les règles actuelles de l'assurance-emploi sont telles qu'elles jouent au détriment de ceux qui se livrent à des activités agricoles. Est-ce bien ce que vous avez dit?
M. Charles Keddy: Oui. Je dirais que compte tenu de certains des changements qui ont été apportés, on n'a certainement pas encouragé les gens à travailler dans les fermes, surtout pour ce qui est des travaux de récolte de courte durée quand il vous faut beaucoup de gens, vu ce que nous pouvons nous permettre de les payer.
Comprenez-moi bien. À ma ferme, personne ne commence au salaire minimum. Je ne sais même pas quel est le salaire minimum dans la province. On commence à travailler pour un salaire variant entre 6,50 $ et 7 $ l'heure. Je pense que le salaire minimum est de 5,95 $ environ. Le salaire minimum n'entre même pas en ligne de compte dans les calculs effectués à ma ferme.
Je n'arrive pas à recruter les travailleurs qu'il me faut pour effectuer le travail. Il existe des programmes municipaux qui leur permettent de rester chez eux à toucher des prestations d'assistance sociale ou, s'il s'agit de mères seules, elles touchent des prestations pour enfants ou bénéficient d'autres mesures. Je ne peux absolument pas leur en offrir autant. S'ils viennent travailler, chaque dollar qu'ils gagnent est entièrement défalqué de leurs prestations sociales.
C'est la même chose en ce qui concerne les changements apportés à la Loi sur l'assurance-emploi. Les choses en sont presque au point où l'on contraint tout le monde à trouver un emploi à temps plein. Or nous ne pouvons pas créer d'emplois à temps plein pour 90 ou 100 personnes dans notre ferme.
M. Howard Hilstrom: C'est bizarre. C'est ce que nous voyons pourtant à Ottawa. Un minstère peut avoir un effet négatif sur les efforts d'un autre ministère. En l'occurrence, dans le cas de l'assurance-emploi, le ministère du Développement des ressources humaines a une influence négative sur les efforts du ministère de l'Agriculture. Bien sûr, le ministère de la Santé, compte tenu des questions relatives à l'ARLA, a lui aussi un effet négatif sur le ministère de l'Agriculture.
Vous devez apporter quelques précisions sur cette affaire des grains de provende. La Nouvelle-Écosse ne produit-elle pas suffisamment de grains de provende pour assurer le système de gestion de l'offre en fonction du bétail attribué par le gouvernement fédéral? Ne pouvez-vous pas répercuter ces coûts par le système de gestion de l'offre, soit ce à quoi il est censé servir?
L'Ontarien qui produit ces grains de provende gagne très peu d'argent. Quel type de système voulez-vous pour faire venir ces grains de provende de l'Ontario et de l'Ouest, pour avoir votre système de gestion de l'offre? Pourquoi n'y a-t-il pas en Nouvelle-Écosse une politique visant à produire davantage de grains de provende? Qu'est-ce qui se passe ici?
 (1215)
M. Paul Cook: La fédération pourrait probablement en dire davantage sur la superficie disponible pour les céréales, mais il n'y a déjà pas vraiment suffisamment de terres disponibles pour assurer une production céréalière suffisante pour soutenir le secteur agricole en Nouvelle-Écosse.
D'une part, il y a les coûts élevés du transport des provendes du centre et de l'ouest du Canada jusqu'ici. Puis vous parlez de retirer de l'argent du système de gestion de l'offre. Nous devons aussi concurrencer la volaille produite en Ontario, au Québec ou ailleurs. La gestion de l'offre n'assure un gagne-pain à personne. Il faut négocier le prix des denrées. Cela coûte environ 30 $ la tonne par navire et 50 $ la tonne par rail pour faire venir les provendes jusqu'ici, mais ici nos provendes transformées nous coûtent de 70 à 90 $ la tonne de plus qu'en Ontario. Où est cet argent? Si nous l'avions nous pourrions faire concurrence.
Nous aimerions bien utiliser le grain des producteurs de l'Ouest canadien. Le problème, c'est que le grain transporté entre deux ports canadiens doit l'être à bord d'un navire canadien doté d'un équipage canadien. Nous estimons que si un navire étranger est disponible, on doit nous permettre de l'utiliser. Nous pouvons l'avoir pour moins cher.
M. Howard Hilstrom: Toute cette affaire des grains de provende et du transport des grains entre les provinces suscite beaucoup de questions. Souhaitez-vous que le gouvernement accorde des subventions? Nous n'allons certainement pas revenir à l'époque du tarif du nid-de-Corbeau, où l'ouest du Canada expédiait son grain partout au pays et partout dans le monde et était prétendument subventionné, pour faciliter le secteur agricole dans d'autres régions, au détriment de l'ouest du Canada. Dans l'Ouest, nous disposons enfin de parcs d'engraissement et d'un secteur de production porcine comme nous n'en avons jamais eus, et c'est justement parce que nous avons cessé d'expédier nos grains de provende à vil prix.
Alors comment peut-on concilier tout cela? Que recommanderiez-vous précisément au gouvernement pour permettre à la Nouvelle-Écosse d'obtenir des grains de provende à un prix abordable? Quelle mesure précise devrait-on prendre? Devrait-il s'agir carrément de subventions ou de quoi d'autre?
M. Paul Cook: D'abord, je ne veux pas dépendre de subventions—je ne l'ai jamais fait et ne veux jamais en dépendre. Je veux obtenir le prix que je veux pour mon produit sur le marché, ce que le système de gestion de l'offre vise à permettre.
Nous demandons au gouvernement fédéral de nous libérer de l'obligation de recourir à des navires canadiens entre deux ports canadiens. Nous pourrions obtenir du maïs américain à partir des Grands Lacs à bord de navires étrangers aussi, mais nous préférons utiliser des grains canadiens.
M. Howard Hilstrom: Merci, monsieur le président.
Le président: Merci, Howard.
Monsieur Desrochers.
[Français]
M. Odina Desrochers: Je dirai tout d'abord que je suis très heureux de voir que les opinions en Nouvelle-Écosse sont aussi variées et que, par ailleurs, elles ont un objectif commun, celui d'améliorer le sort de l'agriculture dans cette province et ailleurs au Canada. La tournée que nous effectuons n'a pas pour but d'entendre ce que nous savons déjà, mais plutôt d'entendre des suggestions qui nous permettront de conseiller le gouvernement actuel et de lui indiquer des pistes qui pourraient vraiment sauver l'agriculture.
La situation en Nouvelle-Écosse, dans l'Ouest canadien et dans d'autres provinces est soumise à beaucoup de contraintes et plusieurs secteurs, on ne se le cache pas, sont en état de crise.
J'aimerais poser une question à M. Hunter et M. Nason. De nombreux programmes fédéraux ont été mis en oeuvre pour soutenir l'agriculture. Ces programmes n'ont pas été d'une stabilité exemplaire puisqu'on les a modifiés à plusieurs reprises depuis cinq ou six ans. On en a même qualifié un de disaster program, ce qui est très positif pour la relance de l'agriculture canadienne.
J'aimerais savoir si ce qui a été fait correspondait à vos attentes et ce que vous aimeriez que le gouvernement canadien fasse pour vraiment sortir toute l'agriculture canadienne de sa léthargie actuelle.
 (1220)
[Traduction]
M. Frazer Hunter: Je regrette que M. Hilstrom nous ait quittés. Plus tard, j'aimerais parler de quelque chose qu'il a dit au sujet de la gestion de l'offre.
Mais revenons à nos moutons, monsieur Desrochers. Le système de gestion de l'offre canadien m'a très bien servi. Je suis venu au Canada en raison de la possibilité que ne m'offrait pas l'Europe. Le seul autre pays était la Nouvelle-Zélande. Quand j'ai dit à mes parents que j'allais émigrer, ils m'ont dit: «Au moins, en Nouvelle-Écosse, tu seras à 3 000 milles de nous, ce qui est plus près que si tu partais pour la Nouvelle-Zélande».
Alors, l'agriculture canadienne...nous offre d'extraordinaires possibilités. Cependant, le gouvernement fédéral doit nous aider à bénéficier des mêmes chances que nos homologues américains et européens. Nous n'avons pas des chances égales. Même entre les provinces ici, il y a des restrictions provinciales qui ne nous permettent pas d'être sur un pied d'égalité quand nous voulons commercialiser nos produits.
Quand vous parlez de ce que peut faire le gouvernement fédéral à l'avenir, du Cadre stratégique agricole (CSA)—et je ne savais pas jusqu'alors que c'était le sigle qu'on employait pour cela—c'est un bon début. Mais pour que mon exploitation passe de l'état actuel à celui où elle devrait être pour bénéficier du CSA, il faudra d'énormes immobilisations. Jusqu'à maintenant, je mets mon lait dans un réservoir, le camion vient et ça s'arrête là. Nous, du secteur agricole, nous sommes éloignés du consommateur. Il y a très peu de rapport entre moi en tant qu'agriculteur et le consommateur. La traçabilité est importante. Mais je suis content, comme le sont 90 p. 100 des autres travailleurs laitiers que je côtoie, quand ce camion vient et emporte le lait, parce que cela nous décharge de toute autre responsabilité. Or nous devons en tant qu'agriculteur commencer à assumer la responsabilité de ce que nous faisons.
La proposition du gouvernement fédéral et des provinces, ce que nous recherchons, est juste. Nous devons offrir au consommateur, comme notre vision l'énonce, les capitaux, la disponibilité des capitaux, ou quelque intérêt éventuel pour passer de cet état où nous nous trouvons à celui où nous voulons aller. C'est ce dont nous avons besoin en agriculture, soit passer de l'état où nous sommes à celui où nous devons nous trouver.
Comme je l'ai dit au début, notre secteur se meurt. Ce que nous devons faire, c'est renaître. Nous devons recourir à des partenariats. Le consommateur est un partenaire, comme le sont les gouvernements, les provinces, le gouvernement fédéral et les municipalités, parce qu'ils ont beaucoup de réglementation d'ordre environnemental en jeu. Nous devons tous nous rencontrer dans le cadre d'un partenariat, en tant que partenaires égaux. Nous sommes les producteurs.
Je vais parler du secteur laitier, parce que c'est de là que je viens. À l'origine, j'étais un producteur de bovins et d'ovins au Royaume-Uni, puis je suis venu ici. Et la seule façon pour moi de survivre, c'était le secteur laitier. Nous obtenions 1,4c. le litre. Les transformateurs ajoutaient encore une marge de 2,6c. le litre, ce qui ajoutait 4c. au prix payé par le consommateur. De ces 4c., nous touchions 1,4c. le litre, le détaillant lui obtenait 20 p. 100 du prix et le transformateur touchait le reste. Nous avons été floués et le système n'est pas correct. Le gouvernement doit examiner le système et le changer.
Nous avons besoin de capitaux, nous n'avons pas besoin qu'on nous accorde des subventions pour rien mais seulement de quelque chose qui nous permette de survivre et d'aller de l'avant.
J'espère vous avoir été utile.
Laurence, voulez-vous ajouter quelque chose?
M. Laurence Nason: Je pense que dans votre question, vous faisiez allusion aux programmes fédéraux et du même souffle, vous avez employé les expressions «non stable», «altéré», etc. Je pense qu'une des choses que nous avons constatée dans les deux ou trois dernières années ici, c'est que de nombreux programmes fédéraux sont conçus en fonction de la situation au Canada. Cependant, notre économie agricole est presque entièrement différente de la plupart des économies agricoles du reste du pays. Elle est probablement plus semblable à l'économie agricole québécoise qu'à celle de toute autre province. Les programmes semblent souvent nous pénaliser parce que, comme on l'a déjà mentionné, nous avons opté pour la diversification. Pour protéger nos revenus ici, les agriculteurs ont diversifié leurs exploitations.
Je pense qu'une des choses qui nous intéresse beaucoup depuis un an est le concept de gestion des risques. Nous avons un comité formé de représentants du secteur et du gouvernement qui y travaille depuis un an. Je pense que la meilleure façon pour le gouvernement d'aider le secteur consiste à nous aider à faire face aux risques que suppose la production agricole avant que nous nous trouvions dans une situation de crise. Ce matin, on a déjà évoqué presque tous ces risques. Il y a la question de la salubrité des aliments, les questions environnementales, les choses que les producteurs agricoles doivent maintenant faire pour produire dans une communauté où la quasi-totalité de la population ne pratique plus l'agriculture.
 (1225)
Le président: Merci.
Frazer, le lait que vous avez apporté, quelle marque porte-t-il ?
M. Frazer Hunter: C'est ma marque, Scotsburn Co-op.
Le président: Qui en est propriétaire, monsieur Hunter?
M. Frazer Hunter: Nous, les producteurs, en sommes les propriétaires mais nous n'avons que très peu d'influence sur la gestion. Les coopératives doivent retrouver leurs racines, là d'où elles sont parties. Cette coop devrait ajouter une valeur aux produits que j'offre. J'obtiens un dividende si nous faisons des profits, mais le consommateur ne me verse rien par l'intermédiaire de cette coop.
Quand les prix ont grimpé, j'ai obtenu ce que nous a donné la CCL. Je n'ai rien obtenu de ce que la co-op a reçu directement des consommateurs.
Le président: Pas directement, mais vous avez...
Je vais devoir poursuivre, je pense. À titre de président, je ne devrais pas poser de questions, mais je vais le faire un peu plus tard.
Rose-Marie.
Mme Rose-Marie Ur: Merci.
M. Frazer Hunter: Nous avons perdu le contrôle.
Le président: C'est une longue histoire. J'ai lu votre rapport. Vous vous en êtes très bien tirés avec cette laiterie de Scotsburn, mais peut-être n'êtes-vous pas de cet avis.
Rose-Marie, vous avez une question?
Mme Rose-Marie Ur: Oui. Merci, monsieur le président.
Je tiens à vous remercier pour vos exposés. C'est tellement diversifié. Je suis très impressionnée par les exposés des témoins. Des couronnes de Noël aux petites exploitations agricoles, vous savez certainement relever le défi. Vos témoignages le montrent bien.
Monsieur Hunter, tout le monde a très bien parlé mais je pense que vous vous êtes distingué. Vous avez très clairement exposé votre propos et je vous en félicite. Je ne suis pas amateur de football, mais c'était bon.
M. Frazer Hunter: J'aimerais passer le ballon.
Mme Rose-Marie Ur: J'aimerais aussi le faire, croyez-moi.
Pour ce qui est de certaines déclarations qui ont été faites ici ce matin au sujet de la fusion des détaillants, je pense que nous en avons eu une assez bonne idée au cours de notre trajet de l'aéroport à l'hôtel, où nous avons vu qu'on vend l'essence à 71,9c. le litre. Chez moi, mes commettants commencent à grogner quand le prix de l'essence atteint les 61c. le litre. À mon retour, j'aurai donc quelques munitions pour riposter et montrer ce qui se passe quand on recourt à la fusion. Je le savais déjà avant de venir, mais cela a encore retenu mon attention.
Pour ce qui est de ce que disait M. Keddy au sujet des travailleurs saisonniers, je représente une région où il y a des vergers, des producteurs de fraises, d'asperges et d'autres primeurs. J'étais dans la production d'asperges et de choux-fleurs et d'autres produits maraîchers. Nous avons connu la même situation. Des commettants se plaignaient du fait que les agriculteurs canadiens n'embauchaient pas de locaux. Eh bien, nous ne les embauchons pas parce qu'ils ne sont pas là pour y rester. Ils disent que nous obtenons des subventions en privant les locaux de possibilités de travail agricole, mais cela nous coûte de l'argent quand nous devons faire venir des travailleurs étrangers par avion. Le producteur agricole doit les loger. C'est un coût pour le producteur, et il est regrettable, compte tenu des taux de chômage que nous connaissons, de ne pas pouvoir faire appel à la main-d'oeuvre locale qui pourrait travailler pour nous. Je connais donc bien la situation.
Comme on l'a indiqué plus tôt, il y a une vision fédérale mais nous devons avoir un financement provisoire sinon un bon nombre d'entre nous vont faire faillite avant que nous en arrivions à concrétiser cette vision.
Cela dit, les témoins qui ont pris la parole ce matin ont employé à de nombreuses reprises l'expression «le consommateur veut». En tant qu'agriculteur, vous êtes aussi un consommateur, mais c'est toujours nous qui sommes touchés, nous les producteurs primaires, et cela ne semble pas se répercuter sur le consommateur. Comme je le disais à mon collègue pendant l'un des exposés, et l'un des témoins l'a d'ailleurs aussi dit, il n'y a que 1 p. 100 de la population qui se consacre à l'agriculture. Nous sommes presque une espèce en voie de disparition au Canada.
Cela étant dit, je crois que nous faisons face à un véritable défi au plan de la sensibilisation de la population—je parle ici au nom du gouvernement fédéral—parce que nous n'avons pas obtenu de bons résultats dans ce domaine. Nous devons faire comprendre aux consommateurs ce qui surviendra lorsque les agriculteurs restants disparaîtront. Comme l'ont fait remarquer les témoins précédents, de grandes pressions s'exercent dans les secteurs notamment de l'environnement et de la sécurité alimentaire. Ces mêmes pressions continueront de s'exercer en provenance d'un autre pays si nous perdons notre capacité de nourrir notre population. Un autre pays pourrait-il comme le Canada assurer un approvisionnement alimentaire sûr de grande qualité? Messieurs Hunter et McDonnell pourraient peut-être répondre à cette question. En fait, il s'agit plutôt d'une observation que d'une question.
 (1230)
M. Frazer Hunter: La sécurité alimentaire est évidemment importante et nous devons répondre aux besoins du consommateur. Les agriculteurs eux-mêmes n'ont cependant pas su faire passer le message qui convenait auprès des consommateurs. Nous parlons de sensibiliser les consommateurs et de leur faire comprendre d'où provient le lait, par exemple, mais nous n'avons rien fait en ce sens. Les milieux agricoles ont opté pour une attitude passive depuis plus de 50 ou 60 ans. L'agriculture a toujours constitué l'un des piliers économiques d'une société. L'agriculture doit cependant évoluer et les agriculteurs doivent établir des liens avec les consommateurs.
Les grandes chaînes alimentaires du Royaume-Uni ont établi des liens avec les consommateurs britanniques qui veulent une alimentation divertissante. Le consommateur moderne s'attend à ce que sa nourriture réponde à d'autres besoins qu'au simple besoin alimentaire. Il veut savoir d'où provient la nourriture qu'il consomme. Quand il voit une ferme, il peut pouvoir dire que c'est de là que vient sa nourriture.
Notre secteur connaît encore fréquemment des hauts et des bas, mais nous devons nous lancer dans cette alimentation divertissante. Qu'on songe à l'approche des McDonald ou des Wendy's, par exemple. Les agriculteurs, et le gouvernement également, ont laissé les transformateurs et les détaillants prendre le contrôle de l'industrie alimentaire. Nous devons reprendre en main cette industrie et nous devons établir des liens avec les consommateurs. Une fois que ce sera fait, le consommateur voudra de nous et nous ne serons plus une espèce menacée.
Je me souviens lorsque je suis arrivé au Canada—et je regrette si ce que je vais dire au sujet de l'Ouest semble désobligeant—, le gouvernement a accordé une année un milliard de dollars aux agriculteurs de l'Ouest parce que leur rendement avait été trop faible et l'année suivante, il leur a accordé un autre milliard de dollars parce que leur rendement avait été trop bon. Nous ne pouvons pas survivre au moyen de subventions. Nous devons évoluer. Le marché, lui, évolue. Nous devons aller de l'avant.
Nous sommes chanceux en Nouvelle-Écosse parce que l'agriculture peut être très diversifiée. Notre climat—il pleut comme dans l'Ouest—nous permet d'avoir une agriculture diversifiée. La production de nos agriculteurs est très diversifiée.
Le vice-président (M. Howard Hilstrom (Selkirk--Interlake, Alliance canadienne)): Est-ce la dernière personne à laquelle vous vouliez poser une question?
Mme Rose-Marie Ur: Je voulais poser une question à M. MacDonnell, mais je peux peut-être le faire plus tard.
Le vice-président (M. Howard Hilstrom): Voulez-vous faire une brève observation?
Mme Rose-Marie Ur: Je vous remercie, Howard.
M. John MacDonnell: Il ne fait aucun doute que le Canada aurait intérêt à investir dans la sécurité alimentaire. L'idée qu'un autre pays puisse répondre à nos besoins dans ce domaine est absurde. Je m'adonne à l'agriculture depuis quatre ans seulement. J'ai une petite ferme où j'élève quelques brebis Suffolk pur sang et des chevaux canadiens français qui, je vous l'assure, travaillent moins fort que moi. À mon avis, l'agriculture peut jouer un rôle très positif et très important dans notre pays.
Je ne pense pas que les élus fassent du très bon travail. Ceux qui représentent une circonscription urbaine n'attirent pas suffisamment l'attention de leurs électeurs sur l'importance de l'agriculture. Nous savons que le problème se pose notamment parce que les milieux ruraux et notamment les milieux ruraux de Nouvelle-Écosse ne représentent pas une grande force politique. Il faut que les députés qui représentent les circonscriptions urbaines se fassent les porte-parole des agriculteurs.
Je crois que les Canadiens tiennent à la Nouvelle-Écosse rurale. Les gens ont toutes sortes de raisons de venir dans notre région en été et en hiver. Il fut une époque où les gens de la ville avaient un grand-père ou un oncle agriculteur, mais c'est de moins en moins le cas. De nombreuses raisons militent en faveur d'un rôle accru pour l'agriculture dans notre société et notamment celle de la sécurité alimentaire.
Le vice-président (M. Howard Hilstrom): Je vous remercie beaucoup, John. J'accorde maintenant la parole à Dick Proctor.
M. Dick Proctor: Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Hunter, un des témoins que nous avons entendus la semaine dernière au Québec nous a vanté les mérites d'un programme de distribution du lait dans les écoles. Je m'en suis souvenu lorsque vous avez parlé de l'enfant de cinq ans qui essayait de comprendre comment boire son lait.
Je suppose que ce genre de programme n'existe pas non plus en Nouvelle-Écosse.
 (1235)
M. Frazer Hunter: Nous avons un programme de distribution du lait.
M. Dick Proctor: Comment fonctionne-t-il?
M. Frazer Hunter: Les ventes de lait diminuent continuellement parce que les enfants aiment presser sur le bouton d'une distributrice pour obtenir un coke ou un jus d'orange. Comme ils ne boivent pas au complet la boisson qu'ils achètent, ce n'est pas le produit qui les intéresse, mais le fait de presser sur un bouton. Nous devons présenter le lait dans des machines qui le garderont frais.
Dans notre province—le problème se pose moins à Terre-Neuve—les spécialistes de la santé ne veulent pas que nous vendions du lait au chocolat.
M. Dick Proctor: Pourquoi pas?
M. Frazer Hunter: Parce qu'ils craignent que le lait au chocolat soit mauvais pour la santé et pour les dents, mais la preuve du contraire a été faite.
Les ventes de lait diminuent parce que nous ne savons pas comment présenter le lait de façon attrayante. Il n'y a pas de distributrice pour le lait. On demande parfois à l'enseignant ou à l'enseignante de garder le lait au frais, mais ils ont d'autres choses à faire. Voilà donc le problème. Le programme existe et il a donné de bons résultats, mais la consommation de lait diminue pour de nombreuses raisons démographiques.
M. Dick Proctor: Merci du renseignement.
Monsieur MacDonnell, lorsque le ministre de l'Agriculture a comparu devant nous, il a parlé de la nécessité de légiférer dans le domaine agricole en Nouvelle-Écosse. À titre de représentant de l'opposition officielle, je me demande quelle est la position de votre parti sur la question.
M. John MacDonnell: Nous estimons certainement qu'il devrait exister un mécanisme permettant aux agriculteurs de mener librement leurs activités quotidiennes. Nous avons parlé des pressions qui s'exercent sur eux notamment dans le domaine environnemental. Le problème qui se posait au sujet de la loi actuelle réglementant le droit de s'adonner à l'agriculture est que la loi prévoit la création d'une commission à laquelle seraient soumises toutes les plaintes portant sur les pratiques agricoles.
M. Dick Proctor: S'agit-il de la commission indépendante dont nous parlions ou d'un autre organisme?
M. John MacDonnell: Je crois que ce le serait, mais la commission doit décider si elle étudiera la plainte. La commission se verra confier les pouvoirs d'un arbitre ou d'un juge et nous doutons que ce soit légal en vertu de la Constitution. Nous craignons que les milieux agricoles aient l'impression de jouir d'une protection en vertu de cette loi qui n'existerait pas vraiment si elle était contestée. Voilà donc quelle était notre inquiétude. Nous voulions éviter que les agriculteurs consentent des investissements dans leurs exploitations en pensant qu'ils jouissent d'une certaine protection lorsque ce n'est pas le cas.
M. Dick Proctor: Je vous remercie, Charles.
Le président: Je vous remercie, monsieur Proctor.
Paul.
M. Paul Steckle: J'aimerais faire quelques observations avant de poser ma question.
Pour ce qui est de la gestion de l'offre, je crois que la population est consciente que le gouvernement du Canada appuie sans réserve ce concept. Ce n'est peut-être pas ce qu'on entend, mais je pense que c'est le cas. Je ne peux pas me prononcer sur le contenu du prochain accord, mais le gouvernement a toujours appuyé les agriculteurs et continuera de le faire.
Il a été question de l'achat de terres. Les agriculteurs régis par la gestion de l'offre n'achètent pas beaucoup de terres. Ce sont essentiellement les céréaliculteurs qui achètent beaucoup de terres. Je viens d'une région où de nombreux producteurs sont régis par la gestion de l'offre et ces agriculteurs n'ont pas besoin de beaucoup de terres parce que leurs exploitations ne sont pas très grandes.
J'aimerais vous poser une question. Nous avons discuté de la sécurité alimentaire. Si tous les partis représentés au comité conviennent que le Canada doit se donner une politique en matière de sécurité alimentaire, nous devons mettre sur pied des programmes pour assurer la survie à long terme des agriculteurs. Une fois que nous nous serons engagés à adopter cette politique et ensuite à vous appuyer, la question qui se pose est de savoir quelle forme prendra cet appui et comment il sera financé.
Il est question depuis de nombreuses années de l'imposition d'une taxe sur les aliments. Je ne préconise pas nécessairement l'imposition de cette taxe. Il s'agit cependant d'une possibilité. Supposons qu'une taxe de 1 p. 100 permette de générer cinq milliards de dollars en recettes fiscales. Cette taxe pourrait cesser de s'appliquer lorsqu'on aurait atteint le plafond de 15 ou de 20 milliards de dollars. Cet argent assurerait le financement à long terme des programmes dont nous parlons. Que penseriez-vous d'une telle taxe? Comment le public la percevrait-il?
Comme je l'ai dit dans chaque province, je le répéterai ici. Nous donnons 10 p. 100 de la note à la personne qui nous amène la nourriture de la cuisine à la table dans un restaurant, mais nous nous opposons à l'idée de payer une taxe de 1 p. 100 qui permettrait d'assurer notre sécurité alimentaire. Je sais que nous pourrions débattre la question pendant deux jours, mais j'aimerais connaître vos vues sur la question.
 (1240)
M. John MacDonnell: Je pense que vous pourriez vendre cette idée assez facilement aux contribuables canadiens. Il pourrait s'agir d'une taxe ciblée puisque nous sommes déjà autonomes dans certains secteurs. Cette taxe ne devrait donc pas poser de problème à moins qu'elle ne serve simplement à assurer notre autonomie. C'est dans les secteurs où nous ne sommes pas autosuffisants qu'il nous faudrait investir. S'il s'agit de créer un nouveau fonds parce que le gouvernement fédéral ne dispose pas de l'argent nécessaire, je pense que les contribuables ne s'opposeraient pas à la mise sur pied d'un mécanisme de ce genre qui assurerait notre sécurité alimentaire.
M. Frazer Hunter: Pour favoriser le recyclage dans cette province, on impose de frais de 10¢ par bouteille et personne ne s'y oppose.
Une voix: Et nous nous retrouvons soudainement avec des contenants de lait en carton.
M. Frazer Hunter: C'est une autre histoire.
Les producteurs ont versé de l'argent dans un fonds renouvelable pour financer le recyclage. Ces frais auraient dû être imposés sur tous les contenants. Le consommateur récupère 5¢ sur les 10¢ imposés s'il ramène le contenant à un endroit donné. De ce point de vue, je ne pense pas que ce soit un problème.
Avant de nous diriger dans cette voie, nous devons cependant régler le problème de la propriété. L'agriculture doit appartenir au consommateur et celui-ci doit comprendre en quoi consiste l'agriculture.
M. Paul Steckle: Permettez-moi de faire une brève observation. Il est paradoxal que les agriculteurs ne représentent plus que 1 p. 100 de la population. Dans tous les autres secteurs au Canada comme peut-être dans le reste du monde, lorsque le pourcentage diminue à ce point, ils ont le contrôle du marché. Peu importe où vous allez, vous constaterez que lorsqu'il y a une concentration dans un secteur, qu'il s'agisse de l'alimentation ou des finances, ceux à qui appartiennent ce secteur jouissent d'une grande influence. Or, ce n'est pas le cas des agriculteurs qui ont perdu tout leur pouvoir parce qu'ils ne représentent plus que 1 p. 100 de la population.
M. Frazer Hunter: Nous nous sommes contentés de produire et nous n'avons pas commercialisé nos produits.
M. Paul Steckle: Vous avez raison. Vous vous êtes intéressés à la production et non pas à la commercialisation.
Le président: Larry.
M. Larry McCormick: Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais vous remercier tous de vos exposés.
Une voix: Qu'en est-il de Rick?
Le président: Je m'excuse.
M. Larry McCormick: Très bien. Je vais céder la parole à mon collègue de la capitale du porc, Rick.
M. Rick Borotsik: Je vous remercie beaucoup, messieurs.
Pour revenir à la question de la main-d'oeuvre dans le domaine agricole. Vous avez fait remarquer que la mise en oeuvre des programmes sociaux et du programme d'assurance-emploi pose des difficultés. C'est le cas dans de nombreuses industries, pas seulement en agriculture. Êtes-vous d'avis que des règles spéciales devraient s'appliquer aux travailleurs saisonniers dans le secteur agricole et que les dispositions sur la récupération notamment ne devraient pas s'appliquer afin de régler le problème de la pénurie de main-d'oeuvre?
M. Charles Keddy: Depuis des années, le secteur horticole réclame un crédit d'impôt pour inciter les gens à prendre leurs vacances. Bien des gens aimeraient à l'automne faire la cueillette des pommes. En fait, bien des gens prenaient autrefois deux semaines de vacances pour participer à la cueillette des pommes. Rien ne les incite cependant à le faire et à gagner un peu d'argent lorsqu'on...
M. Rick Borotsik: Vous parliez plus précisément de l'agriculture. Comme je l'ai dit, un accroissement du nombre de travailleurs saisonniers profiterait à d'autres industries également. Vous préconisez plus précisément l'octroi d'un crédit d'impôt ou une dérogation à la disposition de récupération dans les domaines de l'horticulture et de l'agriculture.
M. Charles Keddy: Je pense que nous avons présenté les raisons qui militent en faveur d'un crédit d'impôt horticole. Nous l'avons fait dans le rapport portant sur les travailleurs saisonniers et sur la réforme de l'assurance-emploi, dont nous fournirons volontiers des exemplaires au comité.
M. Rick Borotsik: Je vous en serais reconnaissant, monsieur Keddy.
Sur le même sujet, le gouvernement fédéral devrait-il adopter une politique facilitant l'accès aux travailleurs agricoles étrangers?
M. Charles Keddy: On peut déjà avoir facilement accès à des travailleurs étrangers. C'est la main-d'oeuvre la plus coûteuse au Canada, mais c'est aussi la plus fiable. Étant donné qu'il est facile d'avoir accès à des travailleurs étrangers, la politique fédérale ne favorise pas le recrutement de travailleurs canadiens.
 (1245)
M. Rick Borotsik: L'un des sujets dont vous ne nous avez pas parlé, monsieur Keddy—et je veux à un moment donné poser une question à M. Gray—et je suis surpris que vous ne l'ayez pas fait, c'est la relation entre l'industrie agricole et l'ARLA. Avez-vous des commentaires à faire au sujet de l'ARLA? Pensez-vous notamment qu'il faudrait y apporter des modifications?
M. Charles Keddy: Nous avons étudié au fil des ans l'ARLA et nous aurions aimé que ce même genre d'entente existe dans l'est du Canada. L'an dernier, nous avons eu accès à certains des spécialistes de l'ARLA qui ont étudié les problèmes auxquels nous faisons face en matière d'alimentation en eau et d'irrigation.
M. Rick Borotsik: Je parle de l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire et non de l'ARAP.
M. Charles Keddy: Je m'excuse, je songeais à l'ARAP. On ne s'y retrouve plus dans tous ces acronymes.
M. Rick Borotsik: Pour ce qui est de l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire, les fruticulteurs et les horticulteurs, en particulier, nous ont dit que les demandes d'usage mineur posaient des difficultés. Le même problème se pose-t-il en Nouvelle-Écosse?
M. Charles Keddy: Des restrictions très strictes sont imposées en ce qui touche l'usage mineur de certains produits chimiques dans le secteur horticole. Il est difficile d'obtenir l'autorisation pour un usage mineur. Nous n'avons pas accès à certains produits chimiques qui sont cependant utilisés aux États-Unis et au Mexique pour des cultures identiques...
M. Rick Borotsik: Je vais vous interrompre, monsieur Keddy. Je voulais simplement m'assurer que vous partagiez le même point de vue que d'autres témoins que nous avons entendus.
Monsieur Gray, le ministre a comparu juste avant vous et nous a dit quelque chose d'intéressant. Selon lui, les agriculteurs qui bénéficient de programmes provinciaux-fédéraux devraient suivre une formation obligatoire en gestion pour améliorer leurs compétences dans ce domaine. Êtes-vous d'accord avec lui? Si ce n'est pas le cas, je pense que vous devriez sans doute vous diriger vers un autre secteur.
M. Bruce Gray: Dans ce cas, je suis d'accord avec lui.
M. Rick Borotsik: J'aimerais savoir ce que vous pensez de cette idée de rendre cette formation obligatoire.
M. Bruce Gray: Nous offrons de la formation en gestion des affaires et en gestion agricole. Tous nos diplômés devraient posséder cette formation.
M. Rick Borotsik: Il ne s'agit pas cependant d'obliger seulement les étudiants à acquérir cette formation. Il est question d'obliger les producteurs qui bénéficient de certains programmes à suivre une formation obligatoire en gestion. J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
M. Bruce Gray: Tout ce que je peux dire, c'est que nous pouvons fournir cette formation. Je ne sais pas si j'irais jusqu'à dire qu'elle devrait être obligatoire.
M. Rick Borotsik: J'aimerais savoir quelle est la position à ce sujet de la Fédération de l'agriculture de la Nouvelle-Écosse.
M. Frazer Hunter: Certaines exigences doivent être respectées dans tous les secteurs au Canada pour avoir accès à des fonds gouvernementaux. Je ne pense pas que cette formation doive être obligatoire. Je crois qu'elle est cependant très utile. Ce serait peut-être une façon d'augmenter le nombre d'étudiants...
M. Rick Borotsik: Comment convaincriez-vous les producteurs qu'il leur faut acquérir cette formation?
M. Frazer Hunter: Nous offrons déjà des programmes de médiation en matière d'endettement agricole ainsi que des services de consultation agricole. De nombreux producteurs qui connaissent des difficultés financières se rendent compte soudainement que cette formation leur est nécessaire. Un agriculteur, un producteur, un spécialiste du marketing ou un homme d'affaire ne peut pas tout savoir. Il nous faut convaincre les agriculteurs de travailler en équipe. Ils peuvent recourir à d'autres personnes s'ils n'ont pas la formation voulue. S'ils ne veulent pas eux-mêmes acquérir cette formation, ils peuvent retenir les services de spécialistes.
Le président: Je vous remercie, Rick.
Larry et ensuite David.
M. Larry McCormick: Monsieur Gray, j'ai eu le privilège cette année de représenter le ministre Vanclief lors d'une soirée de remise des diplômes à votre grand collège. Vous avez dit que le nombre d'emplois potentiels dans le secteur s'élevait à 600. Nous voulons tous que les producteurs fassent partie de cette industrie lucrative, mais il faut qu'un partenariat s'établisse. Votre collège n'a formé que 200 étudiants.
Comme je l'ai fait dans certaines provinces, je veux mentionner un programme dans lequel les contribuables ont investi l'an dernier. Ce programme a été lancé il y a environ un an. D'ici quelques jours, de l'information sera dispensée dans toutes les écoles secondaires du Canada sur les programmes et les carrières qui existent dans l'industrie agricole et agroalimentaire. Ces programmes seront mis en oeuvre grâce à des fonds de DRHC. Je crois que cette information qui s'adresse aux élèves de niveau secondaire sera utile.
Voici la question que je vous adresse, monsieur Gray. Les gens de l'Ontario et d'ailleurs diront que c'est fantastique que nous ayons investi plus de 900 000 $ dans votre merveilleux collège pour favoriser l'agriculture biologique. Je voulais publiquement vous demander si votre collège partagera cette information et le fruit de ses recherches avec d'autres établissements du pays?
 (1250)
M. Bruce Gray: Absolument. À l'heure actuelle, nous travaillons à mettre sur pied quatre ou cinq cours à distance. Nous offrirons ces cours dans tout le pays.
Comme je l'ai dit, nous cherchons à trouver des partenaires dans tout le pays dans le domaine de l'agriculture biologique et nous nous sommes adressés surtout à cet égard à chacun des ministères de l'agriculture provinciaux. Nous sommes parvenus à trouver des gens dans chaque province.
M. Larry McCormick: Je vous remercie beaucoup.
J'aimerais faire une observation au sujet des liens qui doivent s'établir entre les producteurs et les consommateurs. J'aimerais que nous consacrions toute une séance à cette question.
Vous parliez de vos racines européennes, monsieur Hunter. Au Canada, nous hésitons parfois à aller de l'avant. Certaines personnes hocheront même de la tête lorsqu'elles entendent parler d'aliments multifonctionnels. Il en existe cependant en Europe. Y a-t-il un rapport avec le lien qui doit être établi entre les producteurs et les consommateurs? Hésitons-nous à adopter ce modèle parce que nous ne le comprenons pas? Il me semble présenter de réelles possibilités.
M. Frazer Hunter: Ils présentent certainement des possibilités. Nous devons nous souvenir que le Canada est un pays vaste. Il compte 30 millions d'habitants. En Europe, la population est plus concentrée. La Nouvelle-Écosse compte 900 000 habitants. Le multifonctionnalisme permettrait aux consommateurs de savoir d'où proviennent leurs aliments.
Le ministre a fait remarquer que ma laiterie avait investi huit millions de dollars dans la crème glacée. Les capitaux ont été levés sur le marché et sont garantis par les producteurs. Nous n'avons pas conclu d'entente avec Sobey's ou Loblaws. Nous aurions dû le faire parce que cela présentait des risques.
L'usine de crème glacée devra survivre avec de l'huile de beurre, une autre de mes bêtes noires qui m'exclut du marché. Il s'agit de ma propre coopérative. Toutes les autres laiteries canadiennes utilisent de l'huile de beurre pour produire de la crème glacée, mais Scotsburn ne le fait pas encore. Lorsqu'il faut faire concurrence à d'autres producteurs dans le pays, cela permet à la coopérative d'économiser de l'argent, mais elle consomme ainsi moins de mon produit.
M. Larry McCormick: Je vous remercie, monsieur le président. J'ai une brève question à poser à M. Keddy.
Vous avez mentionné que vous étiez président du conseil du FCADR. Vous pourriez peut-être nous expliquer ce que c'est. Quel rôle joue-t-il en Nouvelle-Écosse? Je vous demande d'être bref.
M. Charles Keddy: Lorsque le FCADR est devenu disponible pour la première fois, nous avons inclus dans notre conseil des représentants des agriculteurs et de l'industrie agroalimentaire. Nous avons jusqu'à maintenant distribué tous les fonds accordés à la Nouvelle-Écosse dans le cadre de ce programme. Il s'agit d'une subvention plutôt que d'une contribution et nous avons donc pu investir une partie de cet argent, jusqu'à ce que nous ayons des projets à appuyer. Les intérêts provenant de cet investissement ont été supérieurs au coût de fonctionnement de notre conseil jusqu'ici. Nous avons donc utilisé la totalité des sommes obtenues dans le cadre de ce programme.
Je pense que si le gouvernement fédéral examinait le modèle FCADR mis en oeuvre pour le secteur agricole dans l'ensemble du pays, et s'il l'appliquait à certains autres secteurs dans lesquels le gouvernement fédéral intervient, ce modèle pourrait fort bien fonctionner dans d'autres domaines pour lesquels des crédits fédéraux sont versés aux provinces pour répondre à leurs besoins.
M. Larry McCormick: Merci beaucoup, monsieur le président.
Le président: Merci, Larry.
David ou Howard.
M. Howard Hilstrom: Le FCADR est-il un moyen plus efficace pour le gouvernement fédéral que de simplement remettre 2 millions de dollars à la Nouvelle-Écosse en laissant le gouvernement provincial décider de la façon de les dépenser?
M. Charles Keddy: Je pense que c'est beaucoup plus efficace en premier lieu parce que ce sont les producteurs qui prennent les décisions quant à la façon de dépenser cet argent dans le secteur, et l'argent va donc directement là où il est nécessaire. Deuxièmement, c'est parce que les frais administratifs des conseils et... bien que nous devions rendre des comptes au gouvernement fédéral, à tous les égards les conseils créés en vertu du FCADR au Canada ont obtenu une excellente note dans leurs rapports avec le gouvernement fédéral. À mon avis, c'est la seule façon de distribuer des crédits fédéraux.
 (1255)
M. Howard Hilstrom: Très bien. Je vous remercie.
Ralph, vous êtes resté là sans rien dire, et ce n'est pas un reproche que je vous fais. Vous êtes dans la production d'arbres à feuillage persistant, comme des arbres de Noël et d'autres sortes, je crois. Le gouvernement fédéral examine différentes possibilités de commercialisation, de relance du marché, en donnant notamment plus de contrôle aux producteurs. Est-ce que vous et les autres producteurs d'arbres de Noël de la Nouvelle-Écosse seriez en faveur d'un office de commercialisation unique, d'un monopole, qui vous donnerait du pouvoir pour commercialiser ces arbres de Noël? Seriez-vous en faveur d'une telle idée?
M. Ralph DeLong: Eh bien, nous ne produisons pas des arbres de Noël pour le marché intérieur, nous les produisons pour un marché extérieur. C'est différent des oeufs et d'autres secteurs comme les produits laitiers, de sorte que la gestion de l'offre faite par un office de commercialisation ne fonctionnerait pas pour les arbres de Noël comme c'est le cas pour d'autres produits agricoles. Non, je ne serais pas en faveur d'une telle idée pour les arbres de Noël.
M. Howard Hilstrom: C'était une question biaisée, parce que nous exportons aussi notre blé et notre orge. Or, nous avons l'ordre encore maintenant dans l'ouest du Canada...je pense que les dernières modifications apportées à la Loi sur la Commission canadienne du blé remontent à 1998. Le gouvernement nous a alors dit que nous n'avions pas le choix, que nous devions passer par un seul organisme, et c'est fort constesté dans l'Ouest. Je voulais seulement savoir ce qu'on en pensait en Nouvelle-Écosse, si l'on estimait qu'un produit d'ici devrait passer par un office de commercialisation unique comme c'est le cas chez nous.
M. Ralph DeLong: Je ne peux pas vraiment faire de commentaires sur la Commission du blé, mais nous n'avons certainement pas une tradition de vente centralisée des arbres de Noël. Depuis toujours chaque producteur vend en gros à des grossistes ou à des fournisseurs, à des clients aux États-Unis et dans les Bahamas.
M. Howard Hilstrom: Merci beaucoup.
Mon ami peut encore poser une question, et ce sera tout.
M. David Anderson: On peut trouver aussi un autre parallèle intéressant, avec la question de la sécurité alimentaire. Il était question d'un plan quelconque pour assurer la sécurité alimentaire, et c'est là que la Commission du blé a été créée et rendue obligatoire, parce qu'on voulait un plan de sécurité alimentaire afin de fournir à l'Europe du blé à meilleur marché après la Seconde Guerre mondiale. Les producteurs de l'Ouest en paient le prix depuis, parce qu'il nous est interdit de transformer nos produits.
Vous parlez de perte de contrôle. Les particuliers et les groupes ne peuvent pas s'organiser localement pour transformer leur blé. Nous pouvons seulement le vendre sous sa forme brute, et il semble que nous faisions face à certains des mêmes problèmes. La solution que je propose dans notre partie du monde est de permettre aux gens de localement transformer ces produits bruts pour ensuite les vendre. Le problème vient de ce que ces offices de commercialisation obligatoires ne donnent aucun contrôle aux producteurs locaux.
M. Frazer Hunter: Il faut ajouter de la valeur aux produits bruts chez nous.
Le président: Merci.
Dick, aviez-vous une question à poser?
M. Dick Proctor: Oui. Je pense que lorsqu'on a parlé aujourd'hui du coût des céréales, il était question des céréales fourragères, et la dernière fois que j'ai vérifié, la Commission canadienne du blé n'avait rien à voir avec les céréales fourragères.
La question que je voulais vraiment poser vient du fait qu'à l'exception de Ed, tous les témoins ici présents représentent une organisation. Je me demandais seulement si notre comité avait mal fait son travail de commercialisation ou, étant donné que nous nous réunissons à Truro aujourd'hui, si les agriculteurs d'ici sont plutôt satisfaits de leur vie. Quand je regarde vers l'arrière de la salle, je vois qu'il n'y a pratiquement personne dans l'auditoire. Je me pose vraiment la question. Je suis simplement curieux de savoir pourquoi il n'y a pas plus de monde. Je pose seulement la question à la ronde. Je ne sais pas qui voudrait y répondre.
M. Frazer Hunter: Je n'étais pas au courant avant vendredi, lorsque j'ai reçu un appel téléphonique du bureau de la fédération, et je n'ai pas vu d'avis public dans les journaux locaux. Il s'agit peut-être donc d'une tare courante en agriculture au Canada: la mauvaise commercialisation.
· (1300)
M. Dick Proctor: Ed, comment se fait-il que vous soyez ici?
M. Ed Belzer: J'aimerais bien pouvoir vous le dire. Je participais à une réunion et quelqu'un—et je ne me rappelle pas qui c'était—est venu me demander si j'aimerais aller à une réunion. Je pensais qu'il s'agirait d'une table ronde, alors j'ai dit: «Écoutez, le sujet dont vous parlez m'intéresse, à savoir le gouvernement et l'agriculture, mais je ne fais pas tellement autorité en la matière. J'aimerais aller pour écouter et donner mon honnête opinion.» C'est ce que je pensais faire, jusqu'à ce que je reçoive un appel d'Ottawa il y a une semaine ou deux, ce qui a fait paraître ma participation très officielle. On m'a cependant assuré que je n'avais pas besoin d'apporter un mémoire, bien que j'aurais pu en rédiger un, je suppose.
N'eut été de cela, je n'aurais pas été au courant de votre venue, et je ne sais pas qui m'a invité. J'ignore qui a envoyé mon nom. Je ne le sais pas.
M. Dick Proctor: Que s'est-il passé dans votre cas, monsieur Nason?
M. Laurence Nason: La fédération n'était pas non plus au courant avant la semaine dernière, et il y a donc manifestement un problème. Vous savez, nous aurions certainement coopéré avec votre comité et pris des mesures pour que des représentants de tous les groupements de producteurs spécialisés—il y en a 23 dans la province—viennent vous faire part de leurs opinions et de leurs idées sur l'avenir de l'agriculture, mais nous n'avons pas eu cette possibilité.
Le président: C'est un problème auquel nous nous heurtons, et c'est très difficile à résoudre. Je ne sais pas quelle serait la solution. La greffière a envoyé un avis au Service de presse du Canada—c'était au début de janvier—et nous avons reçu une facture assez élevée pour cela. L'avis a été envoyé, je crois, à plus de 500 journaux, stations radiophoniques et réseaux de télévision, et dans la plupart des provinces on y a accordé très peu d'attention.
De fait, je disais au ministre ce matin: «Monsieur le ministre, vous devriez émettre un communiqué de presse au sujet de votre exposé afin de voir si les journaux le publieront». J'ai dit cela parce que nous avons énormément de difficulté à obtenir que les journaux fassent paraître quelque chose au sujet de l'agriculture.
Je suis vraiment désolé, et je pense que vous avez soulevé une excellente question, Dick.
Frazer, je vous ai vu désapprouver quelque peu ce que j'ai dit au sujet de Scotsburn. Je crois savoir, et je le dirai pour les fins du compte du rendu, que vous avez trois grandes laiteries qui vendent du lait ici dans les deux ou trois grosses chaînes d'épicerie en Nouvelle-Écosse, et vous, en tant que membres de Scotsburn, recevez probablement un rapport annuel. Vous êtes peut-être même membre du conseil d'administration; je n'en suis pas certain. Je crois que M. McConnell est votre directeur général. En tant que producteur, savez-vous combien Scotsburn paye à cette chaîne pour y obtenir un espace d'étalage pour son produit?
M. Frazer Hunter: C'est environ 20 p. 100—20 c.—pour chaque litre de lait; non, je suis désolé, c'est plutôt 19 p. 100.
M. Rick Borotsik: Parlez-vous d'acheter du linéaire?
M. Frazer Hunter: Non, nous n'achetons pas de linéaire.
Le président: Je tenais à le dire publiquement, parce que cela m'exaspère au plus haut point.
M. Rick Borotsik: Non, mais je tiens cependant...
Le président: Laissons le témoin nous répondre. Il est membre d'une coopérative...
M. Rick Borotsik: Mais parlez-vous de la marge...
Le président: Je parle de ce que les grandes chaînes font. Donnez-moi seulement une minute pour poser quelques questions. Je veux que vous disiez pour les fins du compte rendu, monsieur Hunter, combien il en coûte à votre laiterie pour mettre son lait en étalage.
M. Frazer Hunter: Cela coûte environ 19c.—19 p. 100—pour le lait de consommation. Il y a un prix de gros minimum en Nouvelle-Écosse, et c'est 19c.
M. Rick Borotsik: Oui, mais il s'agit là des marges; il ne s'agit pas d'acheter du linéaire, n'est-ce pas? Il s'agit là de marges.
Le président: Laissez-le expliquer comment cela fonctionne.
M. Frazer Hunter: Pour chaque dollar dépensé pour le lait—et chaque dollar est dépensé plus de 150 fois par année—ils gagnent 19c.
Le président: À la fin du mois, je crois que votre laiterie envoie à cette chaîne environ 20 p. 100 du chiffre de vente.
M. Frazer Hunter: En effet, de 18 à 20 p. 100—pour le lait de consommation; nous ne parlons pas de la crème glacée ni du fromage.
Une voix: Combien demande McCain?
Le président: Alors avec ce...
M. Rick Borotsik: Il ne s'agit pas de linéaire. Le magasin vend le produit; c'est la marge...
Une voix: Non, non.
M. Frazer Hunter: L'épicerie établit alors son prix. Oui, certaines le font. Tout dépend de la provenance; certaines le font. Mais si je pouvais obtenir 19c. pour chaque dollar investi pendant deux jours...
Le président: Il s'agit de remises, je pense.
C'est un très lourd fardeau pour votre laiterie. Je vois qu'elle ne gagne pas autant que dans le passé, ou qu'elle aurait pu gagner.
M. Frazer Hunter: Quand même, notre laiterie a fait 2,8 millions de dollars environ sur un chiffre d'affaires de 200 millons de dollars, mais ce n'est plus le producteur. Il s'agit maintenant des grandes entreprises. Il n'y a pas de lien entre le consommateur et le producteur. Sur notre site Web... et je ne veux pas critiquer ma laiterie, même si dans un certain sens c'est ce que je fais. Nous n'avons même pas une exploitation agricole qui figure sur notre site Web.
Le président: Merci à tous d'être venus ce matin.
Nous devons parfois admettre qu'il arrive que la quantité soit précieuse, mais ce matin, nous avons également eu de la qualité. Vous représentez à mon avis fort bien votre secteur. Lorsque notre rapport sera terminé, la greffière fera en sorte que vous soyez tous dans notre fichier afin que nous puissions vous le faire parvenir.
Au nom du comité, merci encore pour vos exposés. Il est à espérer que ce que nous allons suggérer en fait de solutions sera un élément de réponse à ce dont vous avez besoin. Je vous remercie.
La séance est levée.