Désolée, mais je suis enrouée et je vais donc essayer de projeter ma voix un peu plus.
Je suis reconnaissante aux membres de ce comité de m'accueillir pour présenter un exposé au nom de l'Association nationale de la femme et du droit.
Je m'appelle Margaret Denike. Je suis professeur en droit de la personne à l'Université Carleton. Je suis membre de l'Association nationale de la femme et du droit depuis plusieurs années, de même que membre du Fonds d'éducation et d'action juridiques pour les femmes. Je connais bien le Programme de contestation judiciaire, sans doute pour m'y être intéressée à ces différents titres, mais c'est seulement au nom de l'Association nationale de la femme et du droit que je vous parlerai aujourd'hui.
L'Association nationale de la femme et du droit est un organisme sans but lucratif qui, depuis 1974, cherche à améliorer la situation juridique des femmes canadiennes grâce à l'éducation juridique, la recherche et la réforme du droit. Nous reconnaissons que pour promouvoir le droit à l'égalité des femmes et de divers groupes qui ont toujours été désavantagés en raison de facteurs comme la race, les capacités, l'âge, l'ethnicité et l'orientation sexuelle, il faut mettre en oeuvre tout un éventail de stratégies visant à réformer le droit. Cela exige notamment un dialogue, de la recherche et des bourses pour informer les communautés locales et nationales, ainsi que nous-mêmes, sur la situation et les besoins des autres; de nouvelles lois et politiques pour favoriser le respect entre les personnes et les groupes et pour protéger ceux qui sont vulnérables aux préjugés sociaux et politiques; des interventions dans des causes-types et des contestations judiciaires pour contester les lois et politiques discriminatoires, surtout celles qui touchent les groupes déjà désavantagés en n'en tenant pas compte.
À notre avis, pour parvenir à une société juste et égalitaire, il est nécessaire d'offrir les moyens de parvenir à la justice et à l'égalité. Il faut pour cela financer les programmes et les services permettant d'atteindre cet objectif. Le Programme de contestation judiciaire est, à notre avis, l'exemple par excellence de ce genre de programmes. Il a pour mandat de favoriser la promotion du droit à l'égalité et des droits linguistiques qui sont enchâssés dans la Charte canadienne des droits et libertés. L'ANFD, l'Association nationale de la femme et du droit s'inquiète donc vivement des répercussions de l'annulation du financement du Programme de contestation judiciaire, surtout sur les groupes désavantagés de notre société.
Une caractéristique de notre héritage qui fait notre réputation sur la scène internationale est notre engagement vis-à-vis des valeurs constitutionnelles et des principes de justice. Le Canada est reconnu pour s'être engagé non seulement à accorder une égalité véritable dans une démocratie inclusive et participative, mais encore à mettre en place les moyens de défendre ces droits de façon proactive. Ces valeurs sont reconnues universellement dans les normes et les lois internationales sur les droits de la personne. Le Canada s'est distingué en concrétisant cet engagement avec le Programme de contestation judiciaire, ce qui lui a valu la reconnaissance explicite et les applaudissements des experts internationaux et des commissions des Nations Unies, y compris le Comité des Nations Unies pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes, en 2003, et le Comité sur les droits sociaux, culturels et économiques, en 2006.
Un des principes fondamentaux du constitutionnalisme — et je vais dire quelques mots à ce sujet — est que les droits qui sont inscrits dans les constitutions doivent être reconnus à tous et pas seulement aux privilégiés qui ont les moyens de les défendre. Depuis qu'il a établi en 1978, le Programme de contestation judiciaire du Canada a permis à des personnes et à des groupes qui n'auraient pas pu le faire autrement d'avoir accès à la justice et d'invoquer les garanties constitutionnelles prévues à l'article 15 de la Charte pour défendre leur droit à l'égalité devant les tribunaux. Ce programme a permis à tous les membres de la société canadienne d'obtenir les droits que prévoit la Charte en finançant ceux qui n'ont pas les moyens d'intenter une coûteuse action en justice.
Comme l'a déclaré un jour Beverley McLachlin, la juge en chef de la Cour suprême du Canada, lorsqu'elle a examiné qui devait bénéficier de la Charte et où ces droits devaient s'appliquer :
La Charte n'est pas un texte sacré que seuls les initiés des cours supérieures peuvent aborder. C'est un document qui appartient aux citoyens, et les lois ayant des effets sur les citoyens, ainsi que les législateurs qui les adoptent, doivent s'y conformer.
J'ajouterais que le Programme de contestation judiciaire du Canada a cherché à faire en sorte que tous les citoyens, particulièrement ceux qui sont défavorisés ou qui défendent les intérêts des défavorisés, puissent invoquer la Charte devant les tribunaux.
Notre régime constitutionnel, ou tout autre régime constitutionnel, exige un financement pour soutenir certaines contestations constitutionnelles. Sans cela, nous empêchons l'expression de tous les points de vue relatifs à la Constitution, et surtout des points de vue des personnes défavorisées sur le plan économique. Le constitutionnalisme et l'État de droit exigent que le gouvernement finance ceux qui n'en ont pas les moyens pour qu'ils puissent porter leurs litiges devant les tribunaux et qu'il fournisse la possibilité, à tous les citoyens, d'exiger du gouvernement qu'il rende compte de ses obligations constitutionnelles.
Dans la cause célèbre récente de Law c. Canada, la Cour suprême du Canada a défini et clarifié le but des garanties d'égalité énoncées à l'article 15 de la Charte en disant qu'elles avaient deux objectifs précis.
Comme l'a déclaré le juge Iacobucci :
En termes généraux, l'objet du par. 15(1) est d'empêcher qu'il y ait atteinte à la dignité et à la liberté humaines essentielles au moyen de l'imposition de désavantages, de stéréotypes et préjugés politiques ou sociaux, et de promouvoir une société dans laquelle tous sont également reconnus dans la loi en tant qu'êtres humaines ou que membres de la société canadienne, tous aussi capables, et méritant le même intérêt, le même respect et la même considération.
Ce deuxième objectif de la promotion de l'égalité et de la promotion d'une société qui favorise l'égalité de tous ses membres nécessite clairement un engagement positif de la part des gouvernements pour que ces droits et principes soient entièrement réalisés. Le droit constitutionnel à l'égalité ne peut pas être réduit à une simple notion de droits négatifs; autrement dit, il ne s'agit pas seulement de mettre fin à la discrimination lorsqu'elle risque de se produire. Selon la Cour suprême, il faut un engagement positif et proactif à promouvoir ces droits.
Le Programme de contestation judiciaire illustre cet engagement étant donné que son mandat caractérise ce double objectif en soutenant et favorisant les bourses, les débats, l'éducation et le dialogue sur l'égalité, de même qu'en parrainant des conférences, des colloques et des publications de recherche sur l'égalité.
Certaines des causes défendues avec l'appui du Programme de contestation judiciaire ont eu un impact très profond sur ce que l'égalité peut signifier et signifie pour les Canadiens, notamment en ce qui concerne la façon dont les tribunaux se sont attaqués au problème de la violence systémique à l'endroit des femmes.
Ce programme a accordé un financement aux groupes qui cherchent à obtenir l'égalité pour les femmes afin qu'ils puissent travailler en collaboration de façon à fournir des analyses des dispositions discriminatoires de nos procédures pénales, par exemple en ce qui concerne les mythes et les stéréotypes au sujet des victimes d'agression sexuelle. Des stéréotypes dégradants concernant le manque de crédibilité des femmes ont influencé les lois et les procédures relatives au viol pendant des siècles et ils ont empêché les femmes de dénoncer les agressions et de porter des accusations contre leurs agresseurs.
Par exemple, grâce à leur intervention, en 1999, dans l'affaire Ewanchuk, les groupes de femmes ont pu contester le raisonnement de la Cour d'appel de l'Alberta pour qui la façon dont une femme s'habille et le fait qu'elle ne soit pas mariée légalement témoignent suffisamment de son caractère et de sa crédibilité pour justifier que son agresseur soit acquitté des accusations d'agression sexuelle portées contre lui.
Ce financement a également été crucial pour faire valoir des arguments et des analyses dans la cause d'agression sexuelle de l'évêque Hubert O'Connor ainsi que dans l'affaire Mills. Les arguments portaient sur les circonstances dans lesquelles le dossier médical et psychiatrique des plaignants dans une cause de viol devait être communiqué aux personnes accusées d'agression sexuelle pour pouvoir mettre en doute la crédibilité des plaignants.
Ces interventions ont contesté des hypothèses et des pratiques établies de longue date qui touchent à la sécurité et la liberté de toutes les jeunes filles et femmes du pays. Dans ce genre de contexte, la possibilité de fournir à nos tribunaux, grâce à ces interventions, des analyses éclairées tenant compte des divers points de vue qui permettent de mieux comprendre les répercussions sur le droit à l'égalité, fait partie de ce que le Programme de contestation judiciaire du Canada nous a apporté. Le soutien de ce programme est essentiel pour que les tribunaux continuent de considérer la violence à l'endroit des femmes comme une question d'égalité.
Pour conclure, je dirais que lorsque nous sommes confrontés à des questions concernant les droits des minorités, et surtout de celles qui subissent le mépris et les préjugés de la majorité, nous ne devons pas perdre de vue l'ironie intrinsèque de la constitutionnalisation et de la protection du droit à l'égalité. Comme le professeur Jennifer Nedelsky l'a déclaré :
... lorsque nous choisissons de traiter une valeur telle que l'égalité comme un droit constitutionnel, cela revient à dire que nous reconnaissons l'importance de cette valeur et que nous pensons qu'elle est vulnérable, que les personnes qui la valorisent risquent de la violer par leur processus politique ordinaire.
C'est là une considération fondamentale du droit constitutionnel à l'égalité, car c'est ce droit qui permet à tous les membres de la société de s'épanouir et d'avoir des relations d'égal à égal les uns avec les autres, même si nous sommes très inégaux sur le plan de nos besoins, de nos capacités et de notre situation.
Les personnes et les groupes, tels que les minorités sexuelles, qui sont les plus exposés aux préjugés sociaux, au mépris et à la haine et qui risquent le plus d'être dépouillés de leurs droits fondamentaux sont ceux qui ont le plus besoin de la protection de la Constitution. Cette protection doit inclure les services et les programmes qui offrent des possibilités de dialogue et d'éducation concernant les différents besoins et les différentes circonstances, peu importe si la majorité répugne à les accepter. C'est là une caractéristique de notre héritage, de ce programme dont un grand nombre de Canadiens tirent fierté. Il s'agit de respecter la dignité de toutes les personnes, y compris celles au sujet desquelles nous pourrions nous-mêmes avoir des doutes, en leur donnant accès à la justice, à la protection et aux avantages de la loi.
Je vous remercie de votre attention.
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Quand je dis que je m'en suis occupée de façon périphérique, c'était vraiment périphérique, surtout dans certaines des causes auxquelles je pense.
Je veux dire par là que j'ai fait partie d'une organisation qui constitue des comités, des organisations différentes, pour s'attaquer à des questions précises. Ces comités sont toujours en mouvement. Par conséquent, pour répondre à votre première question concernant l'affiliation politique des avocats, les avocats ou les juristes qui sont engagés ne sont pas rémunérés, pour la plupart, et nous ne couvrons que quelques dépenses minimes. Les avocats sont engagés en fonction de leurs connaissances dans un domaine particulier.
Pour nous, c'est-à-dire pour l'Association nationale de la femme et du droit et le Fonds d'éducation et d'action juridiques pour les femmes... cela porte sur les aspects qui nous intéressent particulièrement, disons le droit pénal ou le droit de la famille ou un autre domaine ou sur la théorie et l'analyse de l'égalité. On constitue donc toujours un comité différent pour chaque contestation judiciaire.
Je voudrais vous en parler dans les grandes lignes avant d'entrer dans les détails. Pour ce qui est de gagner une cause, lorsque nous intervenons en tant que tierce partie, ce n'est pas vraiment « nous » qui la gagnons, car nous n'avons pas d'intérêts personnels en jeu et je dirais que nous avons souvent perdu. On a l'impression que les organisations ont des intérêts personnels dans une cause. Lorsque nous gagnons une cause, en ce qui me concerne, c'est au niveau de l'élaboration de la théorie et de l'approche des principes de droit tels que l'égalité véritable.
Le Canada est reconnu sur la scène internationale pour son approche de l'égalité, pour avoir compris que pour assurer l'égalité, par exemple, il ne s'agit pas de traiter les gens de la même façon, mais plutôt de tenir compte de leurs différents besoins, de leur situation et de la place qu'ils occupent dans la société. Un excellent exemple est celui de la cause Eldridge dans laquelle une femme enceinte malentendante n'a pas pu obtenir, à l'hôpital, les mêmes services médicaux que toutes les autres femmes sans handicap auditif.
À mes yeux, la victoire consiste à amener les tribunaux à participer aux efforts collectifs visant à mieux faire comprendre où se trouve l'égalité et j'ai participé de façon périphérique à des causes qui ont contribué à cette lutte.
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Je pense que c'est vraiment une question importante, car cela touche au coeur de ce programme à bien des égards, mais également à une question à laquelle nos tribunaux et nos assemblées législatives s'intéressent depuis longtemps, c'est-à-dire la mesure dans laquelle cela vise à assurer l'égalité.
Je reconnais que certaines personnes ne s'intéressent pas à l'égalité, mais c'est une autre question. Néanmoins, dans la mesure où nous nous engageons à assurer l'égalité, nous reconnaissons — et il est intéressant de voir, au cours de notre histoire juridique, comment on a progressivement reconnu ce que cela exige ou ce que l'égalité signifie, ou ce que nous voulons qu'elle signifie — et dans la mesure où il s'agit de traiter tout le monde de la même façon...
Non, je ne devrais pas commencer ma phrase ainsi.
Je pense que nos tribunaux, ou du moins la Cour suprême du Canada a reconnu que c'est une conception assez limitée de l'égalité. Quand nous disons que le Programme vise à promouvoir certains droits, je pense qu'il s'agit de promouvoir le droit à l'égalité, particulièrement du fait qu'il est reconnu dans la Constitution, non seulement dans notre pays, mais sur la scène internationale.
Si vous me permettez... D'accord, je ne vais pas raconter cette anecdote.
En réalité, cet engagement ne consiste pas simplement à donner la même chose à tout le monde, car si nous le faisons, cela ne changera rien dans notre société. Si vous avez la moitié des gens autour de la table qui n'ont pas accès aux services et des gens en fauteuil roulant, de l'autre côté de la table, qui y ont accès, si nous traitons tout le monde exactement de la même façon, la deuxième moitié ne pourra toujours pas se rendre à l'étage supérieur si nous ne leur fournissons pas d'ascenseur, par exemple.
En réalité, pour assurer l'égalité, il faut aider non pas tout le monde, mais ceux qui sont désavantagés. Bien entendu, nous devons pour cela établir que certains groupes méritent davantage certaines ressources, car nous voulons qu'ils puissent se rendre au deuxième étage ou avoir accès à des soins de santé. Cela peut vouloir dire qu'on accordera un financement plus important à ceux qui sont malentendants, par exemple, ou encore en fauteuil roulant lorsqu'ils ont besoin de services médicaux.
Bien des gens diront : « Ce n'est pas juste. Pourquoi ces gens-là obtiennent-ils ces ressources — disons les services d'un interprète — et pas nous? » C'est là que nous devons oublier nos propres intérêts et dire que c'est parce que nous nous sommes engagés envers ce que nous appelons maintenant l'égalité véritable, ce qui consiste à mettre ces ressources à la disposition de tous. Ce n'est pas seulement ce que vous donnez et distribuez, mais ce qui est disponible et les possibilités qui sont offertes.
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Merci, monsieur le président. C'est avec plaisir que nous sommes ici.
REAL Women s'est penchée sur le problème des contestations judiciaires, mais je dois dire que c'est un programme dont nous avons été entièrement exclues. Pendant des années, nous avons essayé d'obtenir un financement et une reconnaissance quelconque. Comme notre idéologie ne correspond pas à celle du Programme de contestation judiciaire, on nous a toujours refusé une aide financière.
Nous avons de sérieuses objections à l'égard du fonctionnement de cet organisme. Il s'agit, à notre avis, d'un bon exemple de corruption gouvernementale aux dépens des contribuables. Ce programme ne relève pas du Parlement et la Loi sur l'accès à l'information ne s'y applique pas. En conséquence, les administrateurs du Programme ont été libres de faire tout ce qu'ils voulaient.
Par exemple, selon son mandat, le Programme doit s'adresser aux groupes désavantagés, se fonder sur le mérite juridique et contribuer à l'égalité. Ces expressions n'ont jamais été définies si bien que les administrateurs du Programme les ont définies de façon à servir leurs propres intérêts. Je peux vous donner un exemple. Je crois que vous avez reçu copie de notre mémoire. À la page 2, nous donnons quelques exemples de financement. Par exemple, en 1992, une avocate de Bay Street, à Toronto, Elizabeth Symes, qui est l'une des fondatrices du Fonds d'action et d'éducation juridiques pour les femmes, a obtenu un financement pour pouvoir revendiquer une déduction d'impôt pour la nounou de ses enfants. Vos chances d'obtenir un financement dépendent de qui vous êtes et de vos liens avec le mouvement féministe et d'autres groupes d'intérêts particuliers.
En 1995, le PCJ a versé 5 000 $ à une travailleuse sociale de Saskatoon pour réunir des arguments en faveur de la suppression de l'article 43 du Code criminel. L'article 43 permet aux parents et aux enseignants de discipliner les enfants s'il est raisonnable de le faire dans les circonstances. Cette personne a fait pour 5 000 $ de recherches, après quoi le PCJ a accordé de l'argent à un autre groupe d'intérêts particuliers pour qu'il porte la cause devant les trois instances judiciaires pour supprimer l'article 43. REAL Women n'a pas obtenu le moindre financement. Pour protéger les parents, nous avons dû aller devant les tribunaux, aux trois niveaux, sans la moindre aide financière extérieure.
Un autre groupe prétendument désavantagé est le Syndicat canadien de la fonction publique, le SCFP. Ce syndicat est très riche étant donné que les cotisations syndicales sont obligatoires. Il a obtenu de l'argent pour deux causes dans lesquelles REAL Women a dû intervenir en payant de sa propre poche. Ces deux causes portaient sur les avantages sociaux et les droits des homosexuels. Comme nous protégions la famille traditionnelle, bien entendu, le Programme de contestation judiciaire n'a pas voulu nous aider.
Nous avons été particulièrement mécontentes de constater que, depuis le début, le Programme de contestation judiciaire a financé un groupe féministe, le Fonds d'éducation et d'action juridiques pour les femmes ou FEAJ, sous prétexte qu'il allait promouvoir l'égalité des femmes. Je peux vous dire que le FEAJ ne représente pas les femmes, mais seulement un groupe de féministes. Personne ne peut prétendre représenter les femmes. Nous sommes aussi diverses que les hommes. Pourtant, le PCJ a financé ce groupe pour plus de 140 causes. Ces causes sont toujours prétendument défendues au nom des « femmes », mais en réalité, c'est seulement au nom d'une idéologie féministe.
Je pourrais dire que l'ANFD, dont le témoin précédent fait partie, ne représente pas non plus les femmes. Dans certaines des causes qui ont été mentionnées... la majorité des femmes canadiennes n'appuieraient jamais les arguments qui ont été défendus devant le tribunal, à part un ou deux. La majorité de ces causes étaient extrémistes, féministes et idéologiques. On s'est servi des tribunaux pour contourner le Parlement à qui reviennent ces décisions. Grâce au financement du PCJ, les féministes radicales ont été financées pour contourner le Parlement sur un grand nombre de questions.
Nous avons constaté qu'il n'y avait aucune égalité d'accès au PCJ et nous en sommes un excellent exemple. Il est pour le moins sidérant que le FEAJ, dont on a financé 140 causes, soit considéré comme un groupe désavantagé. Grâce à la Loi sur l'accès à l'information, nous avons découvert qu'entre 1985 et 1989, le FEAJ a reçu plus de 800 000 $ de Condition féminine Canada. Il a obtenu un million de dollars de Ian Scott lorsqu'il était procureur général de l'Ontario. Il a obtenu plus 900 000 $ entre 1992 et 2002. Notre organisation, qui n'est financée que par nos membres et par des dons, a un budget total annuel de 120 000 $. Nous sommes certainement désavantagées, mais nous n'avons jamais pu bénéficier du Programme de contestation judiciaire, car notre idéologie ne correspond pas à celle des administrateurs du Programme.
Le PCJ est très discriminatoire. Il est vraiment ironique qu'un organisme qui est censé favoriser la justice et l'égalité au Canada est en réalité l'un des plus discriminatoires, inéquitables et injustes que nous ayons actuellement au sein du gouvernement canadien. Notre organisation a fait directement l'expérience de la discrimination du PCJ. À la page 6 de notre mémoire, nous vous citons trois cas dans lesquels notre demande a été rejetée sous prétexte que nos opinions ne favorisaient pas l'égalité. L'égalité figure pourtant dans nos statuts constitutifs. Le mot égalité figure également dans notre nom. REAL Women signifie « Realistic, Equal and Active for Life ». Nous croyons tous dans l'égalité des femmes, mais nous n'avons pas l'interprétation féministe de l'égalité; par conséquent, nous avons été victimes de la discrimination de ce programme de contestation judiciaire.
Chaque fois que nous avons demandé des subventions, on nous a dit que nous n'appuyons pas l'égalité. C'est toujours le FEAJ et d'autres organismes féministes qui obtiennent le financement, car apparemment ils sont les seuls à comprendre l'égalité. La majorité des autres femmes sont totalement laissées de côté, car de toute évidence nous ne sommes pas bien informées.
Je suis avocate et je suis allée bien des fois devant les tribunaux. REAL Women est intervenue devant la Cour suprême du Canada environ 12 fois, avec son propre argent, sur des questions pour lesquelles le FEAJ, l'ANFD et les organisations homosexuelles ont toutes été financées.
Nous craignons fort qu'on ait utilisé le Programme de contestation judiciaire pour changer les valeurs sociales de notre pays en finançant uniquement un des points de vue sans ouvrir la porte aux autres. Lorsque d'autres groupes, comme la femme qui vient de parler au nom de l'ANFD, parlent de l'égalité d'accès, c'est très insultant pour ceux d'entre nous qui ont dû aller devant les tribunaux à nos propres frais.
L'organisme activiste homosexuel du Canada, Égale, a déclaré dans son propre journal le 19 octobre : « Aucun groupe n'a bénéficié davantage du financement du Programme de contestation judiciaire que la communauté gaie », ce dont il se félicite. On peut lire que l'argent du Programme de contestation judiciaire a aidé Égale à obtenir le même droit au mariage par l'entremise des tribunaux de Colombie-Britannique, de l'Ontario et du Québec.
Ce groupe a été financé alors que REAL Women, qui lutte pour protéger la notion traditionnelle de mère, de père et d'enfants, a dû aller devant les tribunaux à ses frais. Nous avons essayé de protéger les valeurs traditionnelles. Nous avons essayé de protéger les lois que le Parlement et les assemblées législatives ont adoptées. Les groupes qui ne sont pas d'accord avec ces lois se sont servis de cet argent pour usurper les lois et faire triompher leurs propres objectifs et leur idéologie sur notre système de gouvernement.
Il est grave à nos yeux que la définition traditionnelle de la famille, qui se définit comme une mère, un père et des enfants, ait été sévèrement ébranlée par les causes que le Programme de contestation judiciaire a financées. Il ne fait aucun doute que les enfants s'épanouissent mieux dans un environnement familial où les parents sont de sexe opposé et où ils peuvent acquérir leur identité sexuelle et leurs attentes sexuelles en prenant exemple sur leurs parents biologiques. Ces enfants réussissent mieux sur le plan scolaire, financier, émotionnel, psychologique et comportemental, comme cela a été démontré.
Néanmoins, ces groupes extrémistes se sont servis des tribunaux, grâce à l'argent du Programme de contestation judiciaire, pour créer une situation préoccupante pour les enfants.
Par exemple, l'Assemblée nationale de France a déclaré, en janvier 2006, qu'elle ne pouvait pas accepter le mariage entre conjoints du même sexe à cause de ses effets sur les enfants. En juillet 2006, la Cour d'appel de l'État de New York et la Cour suprême de Washington ont également opposé un refus au mariage entre conjoints du même sexe.
Au lieu d'en faire autant, nos tribunaux nous disent que les adultes ont le droit de ne tenir aucun compte des droits des enfants. Il y a lieu de se demander pourquoi le Programme de contestation judiciaire canadien penche en faveur des féministes et des homosexuels. Après avoir étudié très attentivement la question, nous pouvons dire que c'est parce que des membres du groupe homosexuel Égale siègent à la fois au conseil d'administration et au conseil consultatif de cette organisation.
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Oui, merci, monsieur le président.
Il y a un conflit d'intérêts. Par exemple, la directrice exécutive actuelle de l'Association nationale de la femme et du droit est l'ancienne directrice exécutive du Programme de contestation judiciaire. Tout est relié et les fonds ne sont attribués qu'à leurs propres groupes. Encore une fois, à la page 11 de notre mémoire, nous donnons quelques exemples des relations étroites entre le conseil consultatif, le conseil d'administration et toute l'administration du Programme.
Pour résumer, le PCJ, qui est financé par les contribuables canadiens, a été créé pour soutenir l'inéquité et la discrimination au Canada. À quelques exceptions près, il n'a pas défendu les droits des minorités et des groupes désavantagés. Il a plutôt défendu les intérêts des groupes d'intérêts particuliers qui ne sont certainement pas désavantagés étant donné le financement considérable qu'ils obtiennent du gouvernement.
Par exemple, en 2004-2005, Égale a reçu du ministère du Patrimoine une subvention de 21 000 $. À quelles fins? Cela s'ajoutait au financement du PCJ.
Le FEAJ a touché des centaines de milliers de dollars et l'ANFD obtient chaque année 200 000 $ à 300 000 $ de Condition féminine Canada. Ces groupes peuvent difficilement se dire désavantagés.
Ils vont devant les tribunaux et ces derniers ne sont pas en mesure de se prononcer sur ces questions morales. Je le sais en tant qu'avocate. Ils n'ont pas accès à des études, à tous les faits sociaux reliés à une cause. Ils entendent seulement un point de vue et ne sont pas prêts à aller plus loin. Il faut qu'ils se prononcent pour ou contre. Ils ne peuvent pas faire de compromis comme le Parlement. Le Programme de contestation judiciaire est tout simplement un mauvais programme tant sur le plan du principe que des résultats.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour. Je m'appelle John Carpay et je suis directeur exécutif de la Canadian Constitution Foundation. J'ai appris le français au Québec, à l'Université Laval, où j'ai fait mon bac en sciences politiques. J'ai aussi un bac en droit, obtenu à l'Université de Calgary.
Notre organisation s'intéresse au Programme de contestation judiciaire parce qu'un homme de Colombie-Britannique, du nom de James Robinson, chef de la bande autochtone Nisga'a, dans le nord-ouest de la province, a voulu s'en servir. Comme députés, vous savez sans doute qu'en 2000, il y a eu l'adoption de la Loi sur l'Accord définitif Nisga'a, qui a créé un nouveau gouvernement ainsi qu'une nouvelle constitution, une nouvelle citoyenneté pour ces Autochtones du nord-ouest de la Colombie-Britannique. James Robinson, avec l'aide de notre organisation, a fait une demande de financement, parce qu'il croyait que cet accord violait le droit à l'égalité en vertu de l'article 15 de la Charte canadienne des droits et libertés.
En 2003, le Programme de contestation judiciaire a répondu qu'il ne voulait pas accorder d'aide financière à M. Robinson parce que le programme n'était pas d'accord avec le but de M. Robinson. Autrement dit, le programme ne partageait pas sa vision de l'égalité. Je vois devant moi aujourd'hui des députés de plusieurs partis. Il y a quatre partis qui sont représentés à la Chambre des communes, c'est-à-dire qu'il y a quatre visions de la justice. Chaque parti a sa propre définition de la justice.
Comme vous le savez, c'est une question dont on débat depuis que Platon a écrit La République. Quelle est la définition de la justice? Quels sont ses aspects? Il en est de même en ce qui a trait à l'égalité. Il y a plusieurs définitions de l'égalité, non pas seulement une vision de celle-ci.
Par le biais du Programme de contestation judiciaire, l'argent des contribuables a été versé au groupe féministe LEAF, le Legal Education and Action Fund, qui, dans sa définition de l'égalité, prône un droit constitutionnel à l'aide sociale, l'avortement, ainsi qu'un changement de la définition du mariage. C'est son droit. Nous avons la liberté d'expression, ainsi que la liberté de nous adresser aux tribunaux pour demander des changements, pour nous engager dans la politique. Tout ça est bien et beau. Par ailleurs, est-il juste que l'argent des contribuables soit utilisé pour promouvoir la vision d'égalité de seulement un groupe et que ce même programme rejette toutes les autres visions de l'égalité? Il y a plusieurs visions de la justice et de l'égalité.
Dans une démocratie, on voit des débats, y inclus des débats devant les tribunaux entre des individus qui sont égaux entre eux. Mais lorsque l'État donne l'argent des contribuables pour aider seulement un groupe ou seulement quelques groupes qui partagent une seule vision de l'égalité, ce n'est pas juste. C'est pourquoi j'espère que le gouvernement va maintenir la décision qu'il a prise de ne plus verser l'argent des contribuables pour prôner et favoriser seulement une vision de l'égalité.
Merci.
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Monsieur le président et membres du comité, je vous remercie de m'accorder la parole.
Je suis le président du Canada Christian College. Nous sommes une institution, créée il y a 40 ans, qui forme des travailleurs pour les églises, à Toronto. Nous comptons environ 1 200 étudiants. Depuis 40 ans, plus de 4 500 diplômés sont sortis de notre établissement et travaillent pour la plupart dans les congrégations des quatre coins du pays.
Environ 80 p. 100 de nos étudiants font partie des minorités visibles et 90 p. 100 font partie des minorités. Ces néo-Canadiens qui sont citoyens de notre grand pays ont été exclus du Programme de contestation judiciaire. Quel péché ont-ils commis pour ne pas pouvoir bénéficier de ce programme? Ce péché est qu'ils sont pour la famille et pour la religion, ce qui ne correspond tout simplement pas à l'idéologie du Programme de contestation judiciaire. Ce programme semble dire que tous les Canadiens sont égaux, mais certains sont plus égaux que d'autres. Certains méritent d'être financés tandis que d'autres ne le méritent pas. Il se trouve qu'on a décidé que nous étions moins égaux que les autres, et cela pour des raisons purement idéologiques.
Le Programme de contestation judiciaire a été fondé pour clarifier le droit à l'égalité au Canada. Il n'a pas été fondé pour promouvoir des groupes d'intérêts particuliers. Néanmoins, selon l'étude, selon le rapport des administrateurs du Programme, le rapport qu'ils ont présenté en 2003, c'est pour promouvoir des droits égaux. Nous ne croyons pas que c'est le but du Programme de contestation judiciaire. Par conséquent, ce programme ne devrait pas être financé par un gouvernement qui est déterminé à assurer l'égalité.
En tant que Canadiens et croyants, nous sommes bien entendu pour l'équité. Nous sommes pour l'égalité. Nous voulons un traitement équitable pour tous et non pas pour certains plus que pour d'autres. Nous ne voulons pas que certains cherchent à limiter des droits pendant que d'autres cherchent à promouvoir des droits. C'est exactement ce que dit le Programme de contestation judiciaire. De plus, il le fait dans un contexte de conflits d'intérêts.
Pensez-y un peu. Le gouvernement paie des citoyens canadiens pour poursuivre le gouvernement. Nous sommes le seul pays au monde qui paie ses citoyens pour le poursuivre. C'est un énorme conflit d'intérêts et cela ne devrait donc pas être financé.
Il y a un autre conflit d'intérêts dont on vous a déjà parlé plusieurs fois aujourd'hui. Le groupe consultatif est composé de personnes qui reçoivent un financement. Ces personnes, qui ont accès à des millions de dollars, sont celles qui conseillent au Programme de contestation judiciaire à qui donner l'argent, c'est-à-dire à des organismes comme l'Association nationale de la femme et du droit et le Fonds d'éducation et d'action juridiques qui ont accumulé plus de 140 causes à eux seuls; des organisations comme Égale et les autres dont vous avez entendu parler. Le Programme finance des contestations judiciaires afin que quelqu'un comme Robin Sharpe puisse faire valoir qu'il devrait obtenir le droit à l'égalité dans notre pays en tant que pornographe qui crée de la pornographie juvénile. N'est-il pas dégoûtant que notre gouvernement finance ce genre de contestation? Lorsque ceux d'entre nous qui sont pour la famille disons que nous ne voulons pas que ce droit soit accordé à Robin Sharpe, on déclare que nous cherchons à limiter des droits et que nous ne pouvons donc obtenir aucun financement pour intervenir au nom des Canadiens de toutes les régions du pays.
Qui paie la facture? Pas vous, pas le Parlement, mais les contribuables canadiens. Ils paient les millions de dollars que ce programme coûte chaque année. Mais ce n'est que la pointe de l'iceberg. Une fois que l'on a injecté des millions de dollars dans le Programme, les contestations judiciaires commencent, un bon nombre d'entre elles sur des sujets futiles, après quoi le gouvernement doit payer des millions de dollars à des avocats pour défendre sa position contre les contestations qu'il finance.
En réalité, les gens comme moi, les membres du clergé, les enseignants, les parents et les enfants, n'ont pas des droits égaux vis-à-vis du Programme de contestation judiciaire. Par contre, ceux qui veulent s'attaquer aux droits des gens comme nous semblent être plus égaux que les autres. Le Programme de contestation judiciaire n'a rien à voir avec les droits, mais tout à voir avec la promotion d'une idéologie qui nous exclut en tant que parents.
Nous croyons en l'équité. Nous croyons en l'égalité. Nous croyons dans les droits. Néanmoins, le Programme de contestation judiciaire ne croit pas dans nos droits. Nous demandons donc que le gouvernement du Canada annule le financement de ce programme.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président, et mesdames et messieurs les membres du comité, de me permettre de présenter officiellement les préoccupations et les idées de la Coalition de l'action pour la famille au Canada au sujet du financement d'un programme comme le Programme de contestation judiciaire.
Permettez-moi de dire tout d'abord que nous sommes d'accord avec la décision du gouvernement d'interrompre ce programme. Nous lui demandons de ne pas le rétablir et je vais vous expliquer pourquoi.
Notre opposition à l'utilisation des deniers publics pour financer un programme comme le PCJ se fonde sur trois principes. Premièrement, le principe même de l'article 15 de notre Charte, égalité devant la loi, exigerait que tout citoyen du Canada se voie attribuer un financement s'il s'estimait défavorisé. L'existence d'un programme qui fournit une aide financière de l'État, en fait l'argent des contribuables, à une organisation sans but lucratif pour que cette dernière puisse choisir qui elle financera viole ce principe d'égalité même. Le fait de financer seulement certaines personnes ou certains groupes crée une inégalité d'accès à la loi. L'article 15 de la Charte canadienne des droits et libertés dit ceci : la loi ne fait exception de personne et s'applique également à tous, et tous ont droit à la même protection et au même bénéfice de la loi, indépendamment de toute discrimination.
Le site Web du PCJ indique qu'un de ses objectifs consiste à aider les groupes défavorisés à préparer des causes et à intenter des actions contre le gouvernement lorsque, de l'avis d'une personne, il semble y avoir violation de quelque droit. On proclame que l'égalité constitue une de ses raisons d'être fondamentales, mais le fonctionnement du Programme ne réalise pas l'égalité, selon moi.
Certains experts ont déclaré que les actions judiciaires sont un dialogue entre les tribunaux et le public. Néanmoins, lorsque certains groupes sont financés, le dialogue n'a pas vraiment lieu entre les tribunaux et le public, mais entre certaines personnes et les tribunaux.
L'utilisation des deniers publics pour avantager des personnes choisies constitue, selon moi, une violation de la Charte. C'est aussi une façon inappropriée de résoudre ce que l'on considère comme des inégalités inhérentes à la Constitution. Nous avons vu un certain nombre de cas où les deniers publics ont été dépensés pour diverses raisons que la vérificatrice générale elle-même a contestées.
Deuxièmement, nous nous inquiétons de la façon dont la société résout les inégalités réelles ou apparentes inhérentes à la Constitution. Je pense que, si votre comité examinait les contestations qui ont été financées avec l'argent des contribuables, il constaterait que, dans la plupart des cas, les questions en litige auraient dû être résolues dans le cadre d'un dialogue entre le Parlement élu et le public, et non pas par un tribunal imposant son opinion unilatérale.
Nous demandons que l'on cesse de tout vouloir régler devant les tribunaux avec l'argent des contribuables au lieu de laisser le Parlement remplir sa fonction démocratique. Je vous demande de penser aux dispositions constitutionnelles strictes qui régissent la modification de notre Constitution. Pourquoi sont-elles si strictes? C'est pour empêcher quelques personnes, élues ou non élues, de modifier la loi au gré de la fantaisie d'une personne ou d'un groupe quelconque. Le mode de révision de notre Constitution prévoit que le consentement d'un grand nombre de citoyens — une majorité des citoyens d'un grand nombre de provinces, en fait — est nécessaire pour effectuer de telles modifications. Néanmoins, nous utilisons l'argent des contribuables pour encourager les démarches de quelques-uns et leur permettre, dans certains cas, de se présenter devant un juge en vue de faire modifier notre Constitution.
Troisièmement, si jamais ce programme ou un autre semblable devait être rétabli, je voudrais savoir quelle politique et quelles protections seront en place pour décider qui est compétent pour déterminer qui est la partie défavorisée. Je ne vois le nom d'aucune grande autorité dans la liste qui figure sur le site du PCJ. Est-ce que l'un de ses responsables ou tous possèdent des compétences particulières pour déterminer qui est cette « personne ou ce groupe défavorisé »? Il est question du comité consultatif des droits à l'égalité; je vois ici encore une liste de personnes de secteurs très limités de la société. Ces personnes possèdent-elles les compétences voulues pour décider quels groupes recevront l'argent des contribuables?
Comme je l'ai mentionné tout à l'heure, le fait de financer une partie à une contestation, mais pas une autre, crée une inégalité. Je peux nommer un grand nombre de personnes que j'estime défavorisées: les personnes âgées, les personnes handicapées, les enfants, les groupes religieux, les gauchers comme moi qui n'arrivent pas à trouver une paire de ciseaux pour gauchers, les propriétaires de Ford, voire les non-citoyens qui sont ici illégalement. Est-ce que toutes ces personnes recevraient un financement pour leurs contestations? Qui décide que vous êtes désavantagé ou non?
Le gouvernement a eu raison de décider de cesser de financer la création d'inégalités dans le cadre de ce programme. Personne n'a un droit ou une garantie établie par la Charte à l'égard de l'argent des contribuables. Il faut que les gens cessent de s'imaginer qu'ils ont droit à l'argent des contribuables.
La Coalition de l'action pour la famille au Canada demande respectueusement au comité de recommander dans son rapport de ne plus financer les programmes qui créent des inégalités.
Merci.
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Et des féministes, désolé. J'ai oublié les féministes.
Je suis plus intéressé à faire suite à ce qu'ont dit ces messieurs — je ne voudrais pas passer pour un anti-féministe — car ils ont parlé davantage de la question des droits et de la façon de les promouvoir dans une société démocratique. Je voudrais parler un peu du processus et vous poser une question à ce sujet, car je pense que c'est une question très intéressante.
Monsieur Carpay, vous avez dit que l'égalité entre les divers groupes ne peut être atteinte qu'aux dépens de la véritable égalité devant la loi. J'ai étudié les mémoires en détail avant la réunion, car j'ai beaucoup réfléchi à cette question.
Dans ma région il y a une population francophone très importante. Les droits linguistiques des Francophones, leur droit d'aller à l'école dans leur langue, les droits des minorités sont maintenant garantis par les tribunaux, mais ces droits n'avaient jamais été inscrits dans la loi... Je veux dire que la communauté francophone a dû aller constamment devant les tribunaux. Elle a toujours dû s'adresser aux tribunaux. J'ai souvent entendu l'argument voulant que ces droits soient accordés aux dépens des droits des autres. Sans vouloir insulter qui que ce soit, ce sont là des discours anti-francophones. Les personnes qui les tiennent sont prêtes à reconnaître le droit des Francophones de parler français à la maison, mais elles ne veulent certainement pas qu'ils obtiennent des droits devant les tribunaux, dans les écoles ou ailleurs. Ce sont donc des droits pour lesquels il a fallu se battre.
Pour ce qui est d'accorder à un groupe des droits que d'autres groupes n'ont pas... J'ai siégé à un conseil scolaire catholique et, en Ontario, nous nous sommes battus pour le droit de préserver nos conseils scolaires catholiques. Ce droit était garanti aux minorités et rien n'autorisait le Parlement — dans ce cas, Queen's Park — à nous l'enlever. Il s'agissait là d'un droit historique et garanti. Nous nous sommes battus à de nombreuses reprises devant les tribunaux pour le préserver, car c'est une notion que nous avons acceptée.
La semaine dernière, un représentant d'une organisation de malentendants s'est présenté devant nous. On a reproché à ce programme d'être inutile et de nuire à d'autres droits, mais si nous suivons cette logique... Monsieur Rushfeldt, vous avez demandé pourquoi nous ne finançons pas les gens qui ont besoin de ciseaux pour gauchers ou qui conduisent une Ford. L'homme en question se battait pour obtenir des droits fondamentaux en tant que sourd et il devait s'adresser pour cela aux tribunaux, car sinon on refusait de lui reconnaître ses droits. Je serais donc curieux de savoir en quoi cette personne est favorisée par rapport aux autres.
La question à se poser ici porte sur l'existence d'un programme qui accorde une aide gouvernementale à certains demandeurs. J'ai moi-même une enfant sourde. Nous avons dû nous battre pour obtenir une aide financière pour que notre enfant sourde ait accès à l'éducation. Je me souviens du jour où son enseignant a dit qu'il ne voulait pas d'elle parce que cela interrompait son enseignement. Il a demandé à ma fille pourquoi elle ne pensait pas aux autres. Que fait-on des 26 enfants qui ne sont pas sourds? A-t-elle jamais pensé à eux? Je me souviens d'avoir pensé à l'époque que sa conception des droits... Bien entendu, c'était une élève qui posait des problèmes parce que l'enseignant ne voulait pas s'adapter à ses besoins. Si une enfant sourde de 14 ans doit répondre aux besoins d'un enseignant payé 60 000 $ par année, comment pourra-t-elle jamais se trouver sur un pied d'égalité avec les autres élèves?
La question des contestations judiciaires, dont nous discutons, nous ramène à la question des droits individuels, car tous les droits individuels ne sont pas égaux étant donné que certaines personnes n'y ont pas accès.
Les opinions que vous émettez ne sont certainement pas celles que je partage ou que le Nouveau Parti démocratique appuie. Je suis certain que vous le saviez déjà. Je ne sais pas si mes collègues seront d'accord, mais c'est certainement un point de vue que le Parti conservateur semble soutenir, la notion des droits individuels par opposition aux droits collectifs.
Après ce long préambule, ma question est donc bien simple. Pensez-vous avoir beaucoup plus de chances de vous faire entendre du gouvernement de Stephen Harper, qui est un ancien dirigeant de la National Citizens' Coalition, que par un parti comme le nôtre, le Bloc québécois ou les libéraux?
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Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Lorsque le gouvernement a présenté une motion pour élargir la liste des témoins, je l'ai appuyée. Je crois qu'il vaut la peine d'écouter les gens qui ont des points de vue différents. Pour cette raison, et compte tenu de propos similaires que j'ai entendus aujourd'hui et mercredi dernier, je vous ai dit, monsieur le président, qu'il serait très important que nous entendions également les représentants du Programme de contestation judiciaire.
Comme on a dit bien des choses ici aujourd'hui, posé de nombreuses questions et fait certains sous-entendus, je voudrais les entendre. Je signale qu'il y a une motion à cet effet de façon à ce que les gens le sachent. Si nous en tenons compte, comme nous l'avons fait aujourd'hui, nous devrions également entendre ces personnes.
[Français]
Je vais parler de la question des droits linguistiques. M. Angus l'a soulevée plus tôt, mais je n'ai pas eu de commentaires des panélistes.
Je fais partie d'une minorité linguistique au pays: je suis un francophone vivant en Ontario. Cela n'a rien à voir avec le gouvernement du Canada et avec le fait que je suis un parlementaire. La Constitution reconnaît les droits linguistiques, le droit à l'éducation dans la langue maternelle partout au pays, là où le nombre le justifie, quoiqu'il soit parfois arrivé que ce droit n'existe même pas là où le nombre le justifiait, si l'on se réfère à l'article 133 de la Loi constitutionnelle.
Votre raisonnement sur l'égalité s'applique-t-il également aux droits linguistiques des minorités de langue officielle du pays?