:
Bonjour, monsieur le président. Bonjour, mesdames et messieurs les membres du comité.
[Français]
Bonjour, mesdames et messieurs.
[Traduction]
Je voudrais tout d'abord vous remercier de votre invitation à comparaître de nouveau aujourd'hui devant vous afin de vous apporter des renseignements supplémentaires sur les services offerts aux familles des militaires.
Plus particulièrement, je veux vous remercier de l'intérêt que vous portez à l'égard de ces familles dans votre travail au sein du Comité permanent de la défense nationale de la Chambre des communes.
[Français]
En ma qualité de directeur des Services aux familles des militaires, une division des Services de bien-être et moral des Forces armées canadiennes qui est sous l'autorité du Chef du personnel militaire, je suis responsable d'assurer que la communauté des familles des militaires est bien soutenue, et que ces familles peuvent mener une vie de famille épanouie et positive comparable à celle des autres familles canadiennes.
Le 5 novembre 2013, l'Ombudsman du MDN et des FC a publié un rapport intitulé Sur le front intérieur: Évaluation du bien-être des familles des militaires canadiens en ce nouveau millénaire. Ce rapport indiquait que trois aspects du mode de vie des militaires, à savoir les déménagements fréquents, les absences sans répit et les niveaux élevés de risque, font en sorte que les familles des militaires sont différentes des autres familles canadiennes.
[Traduction]
Aujourd'hui, 80 % des familles des militaires habitent à l'extérieur des bases, comparativement au même pourcentage de familles qui vivaient dans les bases il y a plusieurs années. Ce changement apporte tout un lot de nouvelles réalités pour les familles alors qu'elles tentent de s'intégrer à de nouvelles collectivités à quelques années d'intervalle, d'une affectation à l'autre. Là où les familles pouvaient compter sur une collectivité très unie dans une base, elles doivent maintenant se tourner beaucoup plus vers la collectivité civile.
La mobilité inhérente au mode de vie des militaires empêche aussi de nombreuses familles d'avoir accès à des services de santé primaires et aux services de soutien connexes. À ce sujet, je suis heureux de vous annoncer qu'après deux ans de travail en coulisses avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, nous avons réussi à faire lever la période d'attente de 90 jours pour l'admissibilité à l'assurance-maladie provinciale pour les familles des militaires.
Par ailleurs, les familles des militaires sont largement constituées de deux soutiens économiques, ce qui entraîne des répercussions importantes sur les familles qui déménagent. La continuité d'emploi, le cheminement de carrière, le transfert des titres de compétences d'une province à l'autre et la stabilité du revenu font partie des problèmes avec lesquels doivent composer les conjoints et les familles des militaires.
[Français]
Cependant, à l'heure actuelle, un fait est omniprésent pour nous. Nous avons des militaires qui souffrent de problèmes de santé physique et mentale après avoir servi dans les opérations, y compris en Afghanistan. Or, même si la maladie mentale touche indirectement tous les Canadiens à un moment ou à un autre de leur vie par l'entremise d'un membre de la famille, d'un ami ou d'un collègue, dans bien des cas, les sources de stress intrinsèques au mode de vie des militaires peuvent peser très lourd sur leur famille.
Puisque ce sont souvent les conjoints, les parents, les enfants et les autres membres de la famille qui constatent de première main les signes de maladie mentale chez leur proche, nous devons voir à ce que ces familles soient fortes et résilientes, et que le Programme des services aux familles des militaires soit sensible et souple afin de répondre à leurs besoins.
[Traduction]
Certes, ce n'est que lorsque nous considérons les familles comme premier et plus important partenaire dans notre travail que nous pouvons véritablement offrir un soutien efficace aux familles. Il faut savoir que le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes ont à coeur de soutenir les familles. Grâce à Services aux familles des militaires, le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes offrent du soutien et des ressources aux familles, soit en personne dans les Centres de ressources pour les familles des militaires, soit au téléphone au moyen de la Ligne d'information pour les familles, soit en ligne à l'adresse www.forcedelafamille.ca.
L'équipe de Services aux familles des militaires compte, parmi ses plus importantes réalisations de cette année, l'initiative de porter à 24 heures par jour et à 7 jours par semaine les services offerts par la Ligne d'information pour les familles, de manière à toujours être en mesure d'aider les familles des militaires. Reposant sur un héritage qui a été mis en place en 1992 et connu sous le nom de Ligne d'information sur les missions, la Ligne d'information pour les familles des militaires offre en tout temps des services confidentiels et bilingues dispensés par des conseillers qualifiés. Les bienfaits de l'élargissement de ce service se font déjà sentir auprès des familles qui ont maintenant un accès le jour et la nuit.
Les familles y posent des questions variées, entre autres pour obtenir de l'information sur les politiques et les procédures, connaître les services offerts dans la collectivité dans laquelle elles vivent et savoir comment régler une crise familiale.
Par ailleurs, le Programme d'aide aux membres des Forces canadiennes est également offert 24 heures par jour aux militaires et à leurs familles. Les personnes qui ont recours à ce service peuvent obtenir une consultation avec un conseiller en moins de 24 heures.
Le soutien à la famille après qu'un militaire a été victime d'une blessure, d'une maladie ou d'un décès a évolué depuis les dernières années. Les expériences difficiles qu'ont vécues ces familles ont influencé notre approche pour leur venir en aide. Les Forces armées canadiennes reconnaissent que leurs besoins peuvent continuer d'augmenter au fil du temps et que chaque famille vivra son rétablissement ou son deuil à sa façon.
En 2011, nous avons mis en place les officiers de liaison avec les familles, qui sont des travailleurs sociaux qualifiés. Nous les avons intégrés aux Centres intégrés de soutien du personnel pour faire partie de l'équipe responsable des soins. Ils sont employés par les Centres de ressources pour les familles des militaires et demeurent un important moyen d'offrir du soutien en santé mentale aux familles qui en ont besoin. Un total de 33 officiers de liaison fournissent du counselling et du soutien aux familles pour les aider à composer avec une panoplie de problèmes, notamment les blessures de stress opérationnel ou les difficultés, l'anxiété et la dépression liées à la transition dont souffre leur proche. De fait, du 1er avril 2012 au 31 mars 2013, 1 680 familles ont bénéficié des services de ces officiers, qui sont absolument essentiels à l'approche des Centres intégrés de soutien du personnel.
En plus de l'accès aux officiers de liaison avec les familles, les familles peuvent aussi avoir recours à une multitude de ressources et de programmes qui leur sont offerts par leur Centre de ressources pour les familles des militaires, leur collectivité, l'aumônier de la base, la Ligne d'information pour les familles, le Programme d'aide aux membres des Forces canadiennes et le Régime de soins de santé de la fonction publique. Il est très important pour nous de veiller à ce que les services qui sont offerts aux familles soient uniformes, peu importe le lieu d'affectation. En fait, nous sommes en train de tenir cette semaine la quatrième séance d'information annuelle pour les officiers de liaison avec les familles, les fournisseurs de services en santé mentale et d'autres professionnels de la santé, afin d'améliorer la disponibilité et la qualité des services en santé mentale dans les Centres de ressources pour les familles des militaires, en soutien direct aux familles de militaires.
À Services aux familles des militaires, nous avons comme engagement d'augmenter nos efforts de communication pour faire en sorte que les familles de militaires soient bien informées des services à leur disposition, pour qu'elles n'aient jamais à se demander où trouver le soutien dont elles ont besoin. Nous avons élargi notre approche de communication, et au lieu de dépendre entièrement des Centres de ressources pour les familles des militaires comme principal moyen de communiquer directement avec les familles, nous utilisons maintenant les médias sociaux, de la publicité et des partenariats avec des publications comme le Canadian Military Family Magazine.
[Français]
Les Forces armées canadiennes demeurent résolues à voir à ce que les militaires, hommes et femmes, ainsi que leurs familles reçoivent les soins, les services et le soutien nécessaires de façon à pouvoir bénéficier pleinement, comme les autres familles canadiennes, des mêmes choix en matière de mode de vie. Les recherches démontrent que le soutien aux familles des militaires accroît de façon significative la disponibilité opérationnelle, ce qui est à l'avantage de tous les citoyens canadiens.
Honorables membres du comité, mesdames et messieurs, je pourrais poursuivre mon intervention, mais je sais que mon temps de parole est écoulé. Je serai heureux de répondre aux questions ou aux commentaires que vous m'adresserez. Encore une fois, je vous remercie du temps que vous m'avez accordé aujourd'hui. J'ai hâte de connaître les résultats de l'étude.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, je suis ravi d'avoir l'occasion de comparaître devant vous de nouveau pour répondre aux questions concernant les soins offerts aux membres des Forces armées canadiennes malades ou blessés ainsi que les diverses formes d'aide à la transition que nous fournissons aux militaires. L'Unité interarmées de soutien du personnel a pour mission d'offrir un soutien personnel et administratif uniformisé et de qualité supérieure aux membres des Forces armées canadiennes malades ou blessés, aux anciens membres des forces armées et aux membres de leurs familles ainsi qu'aux familles des militaires décédés, et ce, avec l'aide d'organisations partenaires. Le soutien fourni touche tous les domaines autres que les soins médicaux qui relèvent de Services de santé des Forces canadiennes. Le directeur de Gestion du soutien aux blessés est responsable de l'élaboration, de l'adoption et de l'amélioration des programmes et politiques de l'Unité interarmées de soutien du personnel.
Lorsqu'un membre des Forces armées canadiennes subit une grave blessure ou souffre d'une maladie l'empêchant d'accomplir ses tâches habituelles pendant une longue période de temps, il passe généralement par trois étapes: le rétablissement, la réadaptation et la réintégration.
[Français]
Le rétablissement est la période de traitement et de convalescence entre le moment où le patient tombe malade ou subit une blessure et celui où sa condition est suffisamment stable pour qu'il reçoive des soins médicaux à plus long terme en vue d'optimiser sa capacité fonctionnelle dans les nombreux aspects de sa vie, que ce soit sa vie professionnelle, sa vie sociale et sa mobilité.
La réadaptation est la période active visant à optimiser les capacités fonctionnelles après une blessure ou une maladie afin de devenir autonome. Il peut s'agir de réadaptation physique, mentale ou professionnelle.
La réintégration est la période de transition au cours de laquelle la personne malade ou blessée effectue un retour progressif à une charge de travail et à un horaire normaux au sein de la force régulière ou de Première réserve, se recycle au sein de l'Organisation des cadets du Canada ou des Rangers canadiens ou se prépare en entamer une carrière et à poursuivre sa vie en tant que civil.
Il peut y avoir un chevauchement considérable entre les trois périodes, car les militaires malades ou blessés passent de la phase aiguë de rétablissement à la phase de rétablissement clinique, physique, mentale ou professionnelle à plus long terme, où ils sont souvent prêts à commencer leur réintégration. Les membres des Forces armées canadiennes reçoivent des soins médicaux exceptionnels et complets en temps opportun. Il est beaucoup plus compliqué d'offrir des soins et du soutien non médicaux. Le rétablissement, la réadaptation et la réintégration sont étroitement liés au principe de l'universalité du service. Les normes opérationnelles minimales associées à ce principe demandent que le militaire soit en bonne condition physique, apte à travailler sans contrainte importante et en mesure de partir en déploiement pour remplir des fonctions opérationnelles.
[Traduction]
Le terme « transition » ne s'applique pas strictement aux cas de libération des Forces armées canadiennes, dont l'objectif principal est de faire en sorte que le plus grand nombre possible de militaires malades ou blessés reprennent leurs fonctions intégralement. En fait, depuis la création de l'Unité interarmées de soutien du personnel en 2009, 1 291 membres du personnel affectés à l'unité ont suivi avec succès un programme de retour au travail et ont ainsi pu reprendre du service sans restriction. Le militaire peut retourner à son poste habituel, ou, selon son degré de rétablissement, réintégrer le travail à un nouveau poste. S'il est établi que les contraintes à l'emploi font en sorte que la personne n'est pas en mesure de satisfaire aux critères de l'universalité du service, cette personne quittera les Forces armées canadiennes pour être prise en charge par le ministère des Anciens Combattants.
Dès qu'un médecin militaire établit que la personne malade ou blessée peut entreprendre le processus de réintégration, le coordonnateur du retour au travail élabore un plan en collaboration avec la personne concernée et son commandant. Lorsque le plan est approuvé par le médecin militaire, la personne retourne au travail. L'intensité et la complexité des tâches qui lui sont confiées augmentent au fur et à mesure que l'état de santé s'améliore.
Le but final, c'est que la personne réintègre ses fonctions intégralement. Cette étape est cruciale, car le retour au travail est bénéfique sur les plans thérapeutique, psychologique et social. Il peut même faire en sorte que la personne se rétablisse complètement plus rapidement. À l'heure actuelle, plus de 900 membres de l'Unité interarmées de soutien du personnel suivent un programme de retour au travail.
Outre le programme de retour au travail, de nombreux autres programmes et services sont également offerts pour aider à répondre aux besoins de nos militaires malades ou blessés, notamment un programme de modification du domicile, un programme de modification du véhicule, du soutien par les pairs aux personnes souffrant de traumatismes liés au stress opérationnel et aux membres de leur famille, des indemnités d'invalidité pour les membres de la Force de réserve, et plusieurs autres encore.
[Français]
Dans le cas des personnes qui ne sont plus en mesure de servir au sein des Forces armées canadiennes, il existe un certain nombre de programmes pour les aider à trouver un emploi bien rémunéré dans la fonction publique ou dans le secteur privé. Citons notamment la priorité d'embauche au sein de la fonction publique, la réadaptation professionnelle et la formation par l'entremise du Régime d'assurance-revenu militaire. Celui-ci comprend le soutien du revenu, le programme d'aide à la transition des Forces armées canadiennes, qui fait le pont entre les personnes libérées pour des raisons médicales et les employeurs du secteur privé, ainsi que les programmes offerts par Anciens Combattants Canada. Le secteur privé soutient les Forces armées canadiennes et la liste des initiatives menées conjointement est impressionnante. Soulignons notamment le Programme d'aide à la transition de carrière pour les militaires. Ce programme offrira 10 000 emplois aux militaires qui quitteront les Forces armées canadiennes au cours des 10 prochaines années, un cours universitaire d'une semaine aux militaires souhaitant démarrer leur propre entreprise, des redevances de franchisage réduites pour de nombreuses franchises et des ententes avec des syndicats et d'autres organisations.
[Traduction]
La création de l'Unité interarmées de soutien du personnel et des 24 Centres intégrés de soutien du personnel, qui hébergent des bureaux d'Anciens Combattants Canada, facilite grandement la réussite d'une transition tout en douceur. Le personnel des deux ministères commence à travailler conjointement à la transition du militaire six mois avant son départ. Dans le cas des personnes ayant des besoins plus complexes, un plan de transition intégré est élaboré. Le militaire concerné ainsi qu'un vaste éventail de fournisseurs de services participent à la préparation d'un plan exhaustif. Ce plan garantit que l'on satisfait aux besoins du militaire en matière de soins médicaux, d'éducation, d'emploi après libération et de soutien d'Anciens Combattants.
Une fois le processus terminé, la personne concernée signe le plan pour indiquer qu'elle l'accepte ou précise les motifs qui la portent à croire que le plan ne convient pas. De tels cas sont très rares, mais si cela se produit, on procède à un examen et tout est mis en oeuvre, dans la mesure du possible, pour répondre aux préoccupations du militaire. Selon les recommandations formulées dans le plan de transition intégré, la libération du militaire peut être reportée de six à trente-six mois afin d'assurer la réussite de la transition.
Je suis extrêmement fier du dévouement exceptionnel dont font preuve les membres du personnel militaire et civil de l'Unité interarmées de soutien du personnel. Ils ont tous à coeur, sans exception, le bien-être des militaires malades et blessés. Le grand nombre de lettres, de courriels et d'appels de remerciements, ainsi qu'un taux de satisfaction de la clientèle supérieur à 90 %, selon les sondages auprès des militaires qui quittent l'unité pour reprendre leurs fonctions militaires ou retourner à la vie civile, sont des preuves manifestes que l'unité remplit bien sa mission.
[Français]
Nos programmes ne sont certes pas parfaits, mais nous continuerons à nous efforcer de les améliorer en fonction des commentaires des militaires malades et blessés. Les soins offerts aux militaires malades et blessés ainsi que la réussite de leur transition demeurent l'une de mes grandes priorités et une grande priorité des Forces armées canadiennes. Nous continuons à étudier toutes les possibilités d'amélioration et de collaboration avec des organismes publics et le secteur privé afin d'aider ceux qui doivent quitter les Forces armées canadiennes.
Je vous remercie, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à vous remercier, messieurs, de comparaître devant nous.
Nous savons que bien des choses ont changé au cours des dernières années. La situation s'est améliorée, admettons-le. Mais dans certains cas, il est grand temps d'agir pour apporter les améliorations nécessaires.
En mars dernier, l'ombudsman est venu témoigner et il nous a parlé d'une étude réalisée en 2002 par Statistique Canada, dans laquelle le nombre idéal de fournisseurs de soins de santé mentale avait été fixé à 447. Nous n'avons jamais atteint ce chiffre. C'était en 2002, soit bien avant que nous sachions ce qui allait se produire en Afghanistan, particulièrement en ce qui a trait à la santé mentale, au TSO et au TSPT. Cette étude devait être réalisée à nouveau en 2012. J'aimerais que vous nous parliez des résultats de cette étude, en comparaison avec la première.
Ce que je veux dire, c'est que l'objectif a été fixé en 2005. On a fixé le nombre à 447, mais nous n'avons jamais atteint ce nombre de professionnels de la santé mentale, et la situation est pire pour les militaires canadiens en Afghanistan et ailleurs.
Où en sommes-nous actuellement?
Ma deuxième question porte sur les services aux familles et l'Engagement des Forces canadiennes à l'endroit des familles, qui contient de très nobles paroles. Je vais vous en lire un extrait. Il dit:
Nous honorons la résilience des familles et rendons hommage aux sacrifices qu'elles font pour soutenir le Canada. Nous promettons de travailler en partenariat avec les familles et les communautés dans lesquelles elles vivent. Nous nous engageons à améliorer le mode de vie militaire.
Je l'ai dit, ce sont de bien belles paroles. Mais comme l'a indiqué l'ombudsman, je crois, il faudrait étoffer un peu. Cela doit être plus détaillé.
Je pense à cela simplement parce que nous nous sommes rendus récemment à Petawawa, et qu'un couple là-bas m'a semblé très sincèrement préoccupé par son avenir. L'homme souffrait de TSPT, mais sa conjointe se plaignait du fait qu'il lui avait fallu quatre ans pour obtenir des services de counseling afin de l'aider à comprendre ce que vivait son mari et de pouvoir l'aider à son tour. Elle m'a dit qu'ils avaient failli divorcer, qu'elle ne comprenait pas ce qui se passait, qu'elle avait besoin de ce service et qu'elle l'avait demandé à plusieurs reprises, mais qu'il avait fallu quatre ans.
Je n'essaie pas de dire que tout le monde a ce problème, mais comment une telle situation peut-elle se produire, alors qu'il est reconnu que le meilleur traitement pour ces troubles liés au stress opérationnel passe par les familles? Comment est-ce possible? L'un de vous deux peut-il m'aider à comprendre?
:
Je peux vous en parler, monsieur.
D'abord, je pense qu'il est important de comprendre qu'il n'existe pas de solution miracle en ce qui concerne la santé mentale. De plus, nous avons affaire ici à deux systèmes de soins: la gamme de soins fédérale, qui traite le membre, et la gamme de soins provinciale, qui soutient nos familles.
Vous savez peut-être que les familles ne reçoivent pas de soins de santé dans les bases. Elles ne peuvent pas se rendre à la base pour leurs besoins en santé mentale. Elles comptent sur les provinces pour leur fournir des soins à ce chapitre, comme les autres Canadiens. C'est une différence importante par rapport à certains de nos alliés, peut-être, mais c'est la situation que vivent nos familles dans le mode de vie militaire. Nous collaborons activement avec les milieux de la santé et de la santé mentale afin qu'ils comprennent cette situation, car souvent, les dispensateurs de soins des collectivités ne sont pas conscients du fait que nos familles ne peuvent pas simplement se rendre à une base pour obtenir des soins.
Nous avons aussi mis sur pied des programmes internes. Notre médecin-chef a piloté le programme En route vers la préparation mentale, qui aide les familles à faire face au stress psychologique avant, pendant et après les déploiements. C'est un tout nouveau produit novateur qui n'était peut-être pas offert lorsque la famille dont vous avez parlé, monsieur, cherchait de l'aide, mais il est maintenant offert. Je suis heureux de souligner que cette année, nous avons un groupe de travail qui se penche sur les éléments familiaux uniques du programme En route vers la préparation mentale pour donner suite au lancement initial dirigé par le directeur de la santé mentale.
De plus, nous investissons 27 millions de dollars chaque année directement dans les centres de ressources pour les familles, qui peuvent aider les gens à avoir accès...
:
C'est une question très pertinente. Dimanche, j'ai passé la journée avec toutes les équipes de commandement de l'armée des communautés de réservistes du pays, pour tenter de faire justement cela: leur permettre de comprendre ce qui est offert à leurs membres et leurs familles, surtout à leurs familles. Je me suis empressé de souligner que ce qui est très important pour les réservistes, en particulier les jeunes réservistes, ce sont les parents, et qu'il faut s'assurer que les parents ont accès à des renseignements fiables.
C'est pourquoi notre ligne d'information pour les familles constitue un lien essentiel. Nous avons des Centres de ressources pour les familles qui servent admirablement bien nos communautés de réservistes — à London, à Calgary, à Vancouver, où nous n'avons pas de base militaire, mais où nous avons un Centre de ressources pour les familles qui offre des services aux réservistes dans leurs collectivités. Chaque CRFM au pays fait de la sensibilisation et fournit de l'information aux réservistes.
Nous avons aussi lancé récemment, à un niveau supérieur au mien et à celui de Gerry, des services de bien-être et moral grandement axés sur l'établissement de liens avec les réservistes. Nous avons commencé à les offrir à Montréal, à Toronto et à Vancouver. Depuis janvier, nous avons joint plus de 2 000 réservistes dans leur collectivité, dans leur manège militaire, dans leur unité. Nous sommes allés présenter les services aux unités et aux équipes de commandement afin qu'ils puissent obtenir de l'information et la transmettre aux familles. Il y avait des représentants de la Ligne d'information pour les familles, des représentants du RARM pour parler de la gestion financière. Il y avait aussi des représentants de la Banque de Montréal pour les services bancaires pour la communauté de la Défense canadienne. Il y avait une multitude de représentants pouvant aider les réservistes à mieux comprendre quels services leur sont offerts. Puisqu'ils travaillent à temps partiel et qu'ils disposent de peu de temps pour s'informer, nous avons décidé de regrouper cela et de tendre la main à la communauté.
Les commentaires ont été très positifs. Grâce à cette sensibilisation, il y a eu des changements considérables en ce qui a trait à l'utilisation des services. À mon sens, c'est tout à fait inspirant et encourageant de savoir que nous commençons à informer les gens. Nous devons continuer à le faire pour nous rendre à Calgary, à London, aux bureaux satellites du CRFC de London à Windsor et à Hamilton, où les réservistes n'auront qu'un seul point de contact, car il n'y a pas nécessairement d'autre présence militaire que le centre de recrutement.
Nous nous employons donc très activement à servir les réservistes, comme nous servons les membres de la Force régulière. La différence est due aux conditions de service. L'ombudsman, comme je l'ai indiqué dans ma déclaration préliminaire, en mentionne trois. Il y en a deux qui touchent profondément les réservistes, et trois qui touchent la communauté de la Force régulière. Le facteur qui est moins courant, chez les réservistes, c'est la mobilité. Le déploiement et l'absence sont des facteurs très réels pour leurs familles. Le risque dont j'ai parlé est un facteur très important pour les familles, et nous faisons tout ce que nous pouvons pour les informer.
L'autre élément qui constitue un défi supplémentaire pour moi, dans mon rôle lié aux services à la famille, c'est d'établir un lien avec les familles. L'effectif de la réserve varie davantage que dans la Force régulière; les gens entrent dans la Réserve et la quittent plus rapidement. Il est parfois difficile de les retracer et de prendre contact avec leurs familles.
Est-ce que cela répond à votre question, monsieur?
:
Merci, monsieur le président.
Je vais vous poser des questions très critiques, car le but de cette étude est de faire toute la lumière sur ces problèmes et de formuler des recommandations.
Comme l'a mentionné le colonel Mann, les familles des militaires comptent sur la communauté civile. Les gens des villes comme Petawawa prennent les soins offerts aux militaires et à leurs familles très au sérieux, comme en témoigne la générosité dont font preuve les entreprises et les personnes de la région à l'égard du Centre de ressources pour les familles des militaires de Petawawa, en particulier.
Mes questions portent précisément sur les TSO dont souffrent les membres des Forces armées canadiennes et les conséquences liées à la demande de soins. On nous a dit que le traitement des militaires souffrant de TSO, y compris le TSPT, n'a pas de conséquences négatives sur leur carrière, et pourtant, on nous dit sans cesse, à la Chambre des communes — durant la période des questions, par exemple —, que lorsque les militaires se font traiter pour un traumatisme lié au stress opérationnel, cela met fin à leur carrière. Nous entendons également des commentaires inutiles de la part des députés de l'opposition, même des libéraux, disant que le TSPT est entièrement imaginaire.
Pourriez-vous m'expliquer pourquoi on dit à certains militaires, à leur tout premier rendez-vous pour obtenir des soins pour un TSO, qu'ils seront probablement libérés pour raisons médicales dans trois ans? Pourquoi dit-on cela à certains militaires, alors que d'autres peuvent être traités avec succès, reprendre leurs fonctions et avancer dans leur carrière?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présentation et je les remercie d'être de retour parmi nous. J'aimerais poursuivre la discussion entamée ici lors des différentes interventions.
La base militaire de Valcartier se situe dans ma circonscription. Comme on le sait, beaucoup de gens reviennent d'Afghanistan. Beaucoup de soldats sont venus à mon bureau. Ils ont été libérés ou avaient demandé un temps d'arrêt au sein des forces. Malheureusement, ils ont été libérés contre leur gré, à la suite d'un processus de libération qui comportait une échéance qu'ils trouvaient trop courte.
Tout le monde sait que le syndrome de stress post-traumatique peut être très long à traiter. Même si on a recours à des services assez tôt, c'est un processus très long. Il peut notamment impliquer des médicaments, des consultations psychologiques ou différentes formes de thérapies. Le processus est très long. À mon avis, c'est un des éléments qui contribue à la perception qu'ont les militaires qu'ils vont être libérés s'ils vont chercher de l'aide. Bien honnêtement, je dois dire que, si on se fie aux chiffres donnés par l'ombudsman, les militaires ont raison de craindre cela.
Pensez-vous que les échéances liées au processus actuel que suivent les militaires qui reviennent du combat sont suffisamment longs? Cela permet-il vraiment aux soldats de se remettre sur pied? Pensez-vous que le processus en place pourrait nuire à la réintégration de certains soldats?
Je vais poursuivre dans la même veine. Des troupes et des familles ont accès à l'Unité interarmées de soutien du personnel. De l'information circule à ce sujet.
[Traduction]
Lorsque le drapeau rouge est abaissé, à partir du moment où ils reçoivent...
[Français]
On rencontre ces personnes, on leur donne de l'information, qui est acheminée vers le commandement, puis la question est étudiée. Comme vous l'avez mentionné plus tôt, c'est du cas par cas. Or justement, le cas par cas est complexe du fait que chaque cas est différent, qu'il faut accumuler des données et les acheminer par la suite.
J'aimerais savoir ceci. Pour ce qui est du changement et de l'adaptation, quelle structure est établie pour tous les programmes mis en oeuvre. Le fait que de nouveaux programmes soient créés est très bien, mais il faut les adapter.
Avez-vous une idée du temps que ça peut prendre? Est-ce un, deux, trois ou quatre ans?
Colonel Blais, j’ai quelques questions pour vous.
J’aimerais bien entendu aborder l’Étude sur l'incidence cumulative du trouble de stress post-traumatique et d'autres troubles mentaux qui permet au ministère d’estimer que 13,2 % des militaires déployés en Afghanistan ont reçu un diagnostic de BSO ou de TSPT. Le groupe étudié comprend les militaires déployés entre 2001 et 2008.
Je vais poser une série de questions en ce qui concerne l’UISP, si vous me le permettez.
Combien de membres des Forces canadiennes sont actuellement affectés à l’UISP? Selon vos prévisions, combien de gens y seront affectés au cours des trois prochaines années? Combien de fournisseurs de services employez-vous actuellement? Je crois comprendre que la gestion, l’administration et le soutien logistique sont aussi des secteurs importants, mais j’aimerais seulement avoir le nombre de fournisseurs de services qui soutiennent directement les gens affectés à l’UISP.
Nous sommes au courant des pénuries de personnel par le passé. À cet égard, combien de professionnels de la santé ont été embauchés depuis la fin du gel de l’embauche l’automne dernier? Si votre budget était augmenté, recommanderiez-vous d’accroître le nombre de fournisseurs de services, compte tenu des besoins anticipés au sein de l’UISP? Autrement dit, le budget est-il un problème? Je parle non seulement du côté médical, mais aussi des divers autres fournisseurs de services.
Enfin, le vérificateur général du Canada a recommandé cet automne dans son rapport d’améliorer les mesures de rendement et les rapports au sein de l’UISP et des CISP. Avez-vous donné suite à cette recommandation? Le cas échéant, comment prévoyez-vous le faire?
J’essaye de comprendre ce qui se passe au sein de l’UISP.
En ce qui concerne votre première question, un peu moins de 2 000 personnes sont actuellement affectées à l’UISP, et nous avons environ 3 500 clients occasionnels, ce qui veut dire que c’est leur propre unité qui est chargée au quotidien de leur administration et de leur commandement, mais qu’ils utilisent nos services. Ces gens ont peut-être une blessure qui nécessite un service ou un programme, et nous leur offrons ce dont ils ont besoin.
Combien de membres seront affectés à l’UISP dans l’avenir? C’est très difficile à dire. Nous savons que 1 000 membres sont libérés pour raisons médicales chaque année. Compte tenu de cela, un certain nombre de gens peuvent rester au sein de leur unité, parce qu’ils ont un problème de santé chronique, comme des maux de dos, qui ne nécessite pas une affectation à l’UISP. Bref, combien de gens seront affectés à notre unité? C’est très difficile de prévoir cette tendance, mais nous surveillons étroitement le tout. Je communique directement avec le chef du personnel pour l’informer de nos besoins.
En ce qui a trait au nombre précis de fournisseurs de services directs, le personnel de l’UISP compte environ 300 membres. Par contre, je devrai vérifier les renseignements et vous revenir avec l’information si vous voulez plus de détails à ce sujet.
Pour ce qui est des pénuries de personnel, vous avez mentionné les professionnels de la santé, mais ces gens ne sont pas de mon ressort; c’est le médecin-chef qui s’en occupe. Encore une fois, je devrai malheureusement vérifier l’information pour vous répondre.
En ce qui concerne la dotation au sein de l’UISP, lorsque les médias ont rapporté le problème en juillet, un grand nombre de politiques étaient mises en oeuvre en même temps. Auparavant, la politique concernant les réservistes embauchés au sein de l’UISP permettait aux gens de recevoir leurs prestations de retraite en tant que membres de la Force régulière, de devenir des réservistes, de travailler à ce titre et de continuer de recevoir leurs prestations de retraite. Cette politique a été modifiée. Par conséquent, certains ont décidé qu’ils ne voulaient pas travailler dans ces conditions. Il y a eu une pénurie durant un certain temps. On nous a exemptés à certains égards de la politique en vue de pourvoir ces postes. Des concours ont actuellement lieu pour pourvoir les quelques postes militaires. Si je ne m’abuse, il y a actuellement seulement une dizaine de postes vacants dans l’ensemble de l’unité.
Encore une fois, pour ce qui est du personnel civil, il y avait un gel de l’embauche, mais cela ne s’applique pas à l’UISP. Le sous-ministre nous a autorisés à organiser des concours dès que nous avons un poste vacant.
Actuellement, nous en avons environ 25 du côté militaire et civil, mais c’est le rythme normal du processus. Lorsqu’une personne quitte un poste, nous devons procéder à un concours en bonne et due forme; il y a donc un certain décalage. Par contre, la dotation n’est pas un problème. Comme je l’ai mentionné, nombre d’études sont en cours en vue de déterminer le nombre optimal de fournisseurs de services. Nous suivons très étroitement le tout. Je sais que cet aspect tient énormément à coeur au chef du personnel; il nous a assurés que nous aurons les professionnels dont nous avons besoin pour accomplir le travail.