:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je suis donc ici aujourd'hui pour aborder la question du Budget supplémentaire des dépenses (B) pour l'année financière 2013-2014. Il s'agit, comme vous le savez sans doute, de ma première comparution devant ce comité depuis que j'ai été nommé ministre de la Défense nationale en juillet.
Lorsque le m'a demandé de prendre en charge le portefeuille de la Défense, je me suis senti très honoré. Comme tous les Canadiens, je suis reconnaissant de tout le travail incroyable que font pour nous quotidiennement nos forces armées et leurs partenaires civils. Je comprends désormais l'étendue remarquable des responsabilités du ministère.
Le MDN fait face à des défis uniques au chapitre des ressources.
[Français]
Nous avons le budget le plus important du gouvernement.
[Traduction]
Nous sommes le premier employeur du gouvernement, avec quelque 92 000 employés à temps plein, dont plus de 67 000 dans la Force régulière.
Ces derniers sont appuyés par une équipe de la Défense intégrée comprenant un cadre de fonctionnaires dévoués et engagés. Une équipe qui s'occupe de tout, des analyses financières à la logistique et à l'approvisionnement, en passant par les ressources humaines dans le but exprès de soutenir nos hommes et nos femmes militaires.
Le MDN détient un grand nombre de biens immobiliers d'un bout à l'autre du pays à l'appui des Forces canadiennes; ces biens immobiliers constituent environ 47 % des immeubles appartenant au gouvernement fédéral, soit autour de 21 000. Cela se traduit par quelque 5 millions d'acres de terrain, 5 500 kilomètres de routes et 3 000 kilomètres de conduites d'eau potable, d'eaux pluviales et d'égouts. Et on ne parle même pas des navires, des aéronefs, des véhicules blindés, des camions et ainsi de suite.
Mais malgré ces chiffres vertigineux, ce qui m'a le plus impressionné, c'est la complexité et la diversité des tâches que nous confions quotidiennement aux Forces armées canadiennes, et la façon dont elles répondent à l'appel au moment et à l'endroit où le besoin se fait sentir. C'est ce que nous avons pu constater en Alberta lorsqu'elles sont intervenues durant les inondations estivales, lorsqu'elles ont formé les forces afghanes dans le cadre de notre engagement à l'égard de nos partenaires de l'OTAN et du gouvernement afghan, ou encore lorsqu'elles aident à sauver des vies et à apporter des secours d'urgence au lendemain de catastrophes, comme c'est actuellement le cas après le typhon qui a frappé les Philippines.
J'ai été honoré de souhaiter personnellement bonne chance aux membres de l'Équipe d'intervention en cas de catastrophes (EICC) lorsqu'ils sont partis pour les Philippines dans les jours suivant la tempête dévastatrice. Nous avons maintenant plus de 315 membres des Forces armées canadiennes sur place, notamment des membres du génie, du personnel médical, des équipages d'hélicoptère, des équipages de transport aérien et de maintenance, du personnel de logistique et des officiers de liaison. Ils ont purifié environ 56 000 litres d'eau, soigné près de 2 000 personnes ayant besoin de soins médicaux, livré approximativement 3 000 kilos d'aliments au nom d'organisations non gouvernementales et nettoyé 113 kilomètres de routes. Monsieur le président, pour résumer, ils ont sauvé des vies et porté leur uniforme avec fierté.
Mais pour être en mesure d'effectuer toutes ces tâches, il est important de consentir des investissements considérables et soutenus. Monsieur le président, même avec les meilleures intentions au monde, il est impossible de se rendre aux Philippines en y transportant des centaines de militaires et des tonnes d'équipement et de provisions avec uniquement de la bonne volonté. Cela exige un avion de transport stratégique comme le C-17 Globemaster. C'est la raison pour laquelle, depuis 2006 et l'élaboration de la stratégie de défense Le Canada d'abord, le gouvernement s'est efforcé de moderniser nos équipements essentiels.
[Français]
Il s'agit aussi de mettre notre infrastructure à niveau.
[Traduction]
Le gouvernement s'emploie également à améliorer les soins offerts aux militaires malades et blessés et à faire en sorte que nos Forces armées soient prêtes à intervenir et équipées pour le faire lorsque le besoin se fait sentir. Il importe toutefois de le faire, monsieur le président, d'une façon qui correspond aux responsabilités financières du gouvernement.
C'est la raison pour laquelle j'ai rencontré, en octobre dernier, l'ensemble des dirigeants du ministère de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes. Nous avons eu une discussion franche et approfondie concernant l'avenir. À la suite de cette réunion, nous avons lancé une initiative importante visant à accroître les investissements de première ligne, à réduire les pratiques non efficientes, à rationaliser les processus administratifs et à réduire les frais généraux au sein de l'organisation de défense du Canada. Ce processus de renouvellement aidera la Défense nationale à continuer de bâtir une force moderne de premier ordre et apte à relever les défis de demain.
Comme je l'ai indiqué aux dirigeants du ministère lors de cette réunion, entre autres, nous devons concentrer nos efforts sur l'atteinte de responsabilités claires, sur l'amélioration des processus et sur l'élaboration d'une culture d'innovation plus solide. Une culture qui, en bout de ligne, fera en sorte que nous conservions le soutien et la confiance des Canadiens. Nous réalisons ainsi des économies qui seront réinvesties dans la modernisation continue des Forces armées canadiennes.
[Français]
Nous accordons la priorité aux capacités de première ligne.
[Traduction]
Si nous le faisons c'est parce que les Canadiens et les Canadiennes ont des attentes élevées à l'égard de leurs forces armées. Ils s'attendent non seulement à des forces armées prêtes à relever les défis de demain, mais aussi à ce que leurs impôts soient utilisés de façon optimale, et c'est précisément cela que nous leur procurons.
Monsieur le président, dans notre Budget supplémentaire des dépenses, nous demandons un peu plus d'un milliard de dollars à l'égard de nouveaux besoins, dont 50 % sont le résultat du règlement dans le dossier Manuge, une circonstance exceptionnelle. Des fonds que nous sollicitons, presque la moitié est absorbée par l'entremise de fonds déjà alloués par le Parlement.
Dans les détails du Budget supplémentaire, vous verrez que ces fonds soutiendront l'instruction et la disponibilité opérationnelle des Forces armées canadiennes et permettront à notre Stratégie nationale d'acquisition en matière de construction navale et à notre engagement à l'égard du Nord d'aller de l'avant en apportant les fonds nécessaires pour concevoir le NPEA et pour établir les infrastructures requises. Ils mettront en valeur notre collaboration continue avec d'autres ministères sur des programmes pangouvernementaux relativement à des questions de recherche scientifique, de diplomatie et de défense.
Monsieur le président, tout au long de l'exercice, le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes contrôleront constamment leurs besoins financiers afin d'assurer une utilisation optimale de l'argent des contribuables. Nous sommes très conscients de l'importance de concilier nos besoins et la nécessité de protéger la santé financière du Canada.
Monsieur le président, nous avons tous un rôle à jouer dans cet effort, et je suis fier d'affirmer que le ministère de la Défense nationale fait sa part. Nous trouvons, et nous continuerons de trouver des façons plus efficaces de mener nos activités.
Je suis certain que les membres du comité ont des questions sur les détails de ce Budget supplémentaire des dépenses. Tout comme les membres de l'équipe qui m'accompagnent ici aujourd'hui, je serai ravi d'écouter les commentaires du comité et de répondre à toute question que vous auriez.
Merci beaucoup.
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Un montant d’environ 25,6 millions de dollars est demandé dans le Budget supplémentaire des dépenses et cette somme s’ajoute, bien sûr, à la somme que le gouvernement s'est engagé à accorder pour que les militaires et leurs familles reçoivent les soins, les services et le soutien qu’ils méritent. L’ombudsman des Forces canadiennes a déclaré récemment que les familles des militaires reçoivent plus de soutien que jamais, et que ce soutien est devenu, comme il se doit, une priorité organisationnelle absolue. Il ne fait aucun doute que nous devons faire tout notre possible.
Vous constaterez lors de votre étude que, de toutes les forces armées des pays de l’OTAN, ce sont les Forces canadiennes qui offrent le plus de services de santé mentale à leurs militaires. Depuis 2006, les dépenses annuelles de santé ont connu une hausse de plus de 100 millions de dollars pour atteindre un montant d’environ 420 millions de dollars.
Il nous incombe de mettre tout en oeuvre pour soutenir les militaires canadiens malades et blessés, ainsi que les anciens combattants, bien sûr. Je le répète, c'est important. Il ne s’agit pas seulement de faire mieux que nos alliés de l’OTAN. Comme vous pouvez le constater, nous sommes très efficaces. Il s’agit des hommes et des femmes qui, individuellement, vont au devant de ceux qui ont besoin d’aide. Ce n’est pas une tâche facile, surtout pour ceux qui ont participé à des combats comme nos militaires en Afghanistan. Beaucoup subissent le stress, les tensions et les séquelles engendrés par de tels combats. Il est toutefois important de noter que nous augmentons le nombre de professionnels de la santé qui soignent les hommes et les femmes de nos forces armées.
Je vous remercie d’avoir posé cette question. Le Budget supplémentaire des dépenses (B) prévoit une affectation à cet effet. Encore une fois, cette question est importante, et nous sommes déterminés à ce que nos militaires reçoivent le soutien auquel ils ont droit.
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Vous soulevez un aspect très important de ce que nos militaires… J’ai mentionné dans ma déclaration préliminaire le soutien offert par les forces armées du Canada chaque fois qu’une situation d’urgence se déclare dans notre pays. J’ai rappelé ce qui s’est passé à Calgary et dans les régions avoisinantes ainsi que la façon dont nos forces armées sont intervenues et étaient prêtes à fournir de l’aide.
Encore une fois, les opérations de recherche et sauvetage sont un élément essentiel de l’aide fournie par les Forces canadiennes. Je ne vais pas dire que nos côtes sont les plus longues du monde, mais elles pourraient presque l’être. C’est une tâche énorme qui présente constamment des défis. Donc, oui, le renforcement de la capacité d’intervention d’urgence du Canada est l’un des éléments essentiels de nos activités et de celles de nos forces armées.
L’été dernier, je me trouvais avec le à l’île King William, et la plupart de nos séances d’information et de nos discussions ont porté sur la capacité d’intervention d’urgence de nos forces armées et de la Garde côtière canadienne, notamment. Les défis que nous devons relever sont uniques, mais encore une fois, j’étais très impressionné par l'état de préparation de nos forces armées et leur détermination à accomplir ce type de mission.
Comme vous le savez, le rapport de l’examen quadriennal sur les activités de recherche et sauvetage sera déposé bientôt et, bien évidemment, je vous invite à le consulter.
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Ce montant inclut ce qui suit, car il a été établi à partir de quelques facteurs importants.
Tout d’abord, nous avions l’autorisation de dépenser environ un milliard de dollars l’année dernière pour le règlement de l’arrêt Manuge. Malheureusement, en raison de contraintes de temps, nous n’avons pu seulement dépenser moins de 500 millions de dollars. De la somme de 1,45 milliard de dollars, 506 millions seront dépensés cette année dans le cadre du règlement de l’arrêt Manuge.
En plus, étant donné que le budget a été déposé après le Budget supplémentaire des dépenses de 2012-2013, des mesures budgétaires ont permis de réduire le montant que le Parlement nous a autorisé à dépenser. Le 1,45 milliard de dollars comprend aussi 210 millions de dollars provenant des réductions de l’autorisation de dépenser dans le budget de 2012.
En outre, 250 millions de dollars de dépenses en capital n’ont pas été utilisés en raison de retards de livraison du matériel.
Tout cela pour dire, monsieur le président, qu’environ 1,1 milliard de dollars, inclus dans le montant de 1,45 milliard de dollars, est associé aux réductions de l’autorisation de dépenser pour des raisons indépendantes de notre volonté.
En fin de compte, le report de notre budget de fonctionnement — ce que vous avez peut-être constaté dans d’autres ministères — se chiffrait à 356 millions de dollars, soit 1,7 % de notre autorisation de dépenser, ce qui me paraît correspondre aux chiffres d’autres ministères.
Monsieur le ministre, pour continuer dans la foulée des questions posées par Mme Gallant au sujet des soins fournis aux militaires malades et blessés, le nombre de suicides après un déploiement à l'étranger nous préoccupe énormément. Nous avons appris que deux suicides ont été commis ces derniers jours.
Nous avons aussi découvert que les enquêtes militaires sur les suicides posaient problème. Les derniers chiffres indiquent que 50 commissions d’enquête censées se pencher sur les suicides pour savoir ce qui s'est passé, les leçons qu’il faut en tirer et ce que l’on pourrait changer, n’ont pas encore terminé leurs travaux qui ont commencé il y a longtemps, parfois en 2008.
Pouvez-vous nous dire pourquoi cela pose problème? Et pourquoi nous n'avons pas ces rapports?
Nous avons demandé à la Commission d’examen des plaintes concernant la police militaire d’étudier l’une de ces enquêtes, et nous lui accordons plus de fonds dans ce budget, mais ce problème extrêmement grave n’est pas encore réglé.
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Merci, monsieur le président, et, par votre entremise, merci monsieur le ministre de votre présence ici aujourd'hui et merci pour votre exposé.
Il est très important que nous tenions compte de toute l'infrastructure que nous avons. Je rends hommage à l'EICC. Cette équipe fait la fierté du Canada et nous a montré tout ce que peuvent faire les Canadiens dans le monde entier, que ce soit pour maintenir la paix, mener des opérations de combat ou secourir les populations dans la détresse, comme aux Philippines.
Je suis aussi très heureux de voir le général Thibault ici aujourd'hui. J'ai servi sous ses ordres à l'époque et je suis ravi de le voir parmi nous aujourd'hui.
Monsieur le ministre, votre budget contient des enjeux très complexes. Je vais donc vous poser une question en deux parties. Nous devons examiner ces enjeux de plus près, et les Canadiens doivent comprendre ce que ce budget des dépenses contient.
Monsieur, pouvez-vous nous dire de quelle façon ces investissements en général vont améliorer l'état de préparation des Forces canadiennes?
Pouvez-vous aussi décrire comment notre rôle a maintenant changé en Afghanistan. Les opérations de combat ont cessé, et la mission d'entraînement est sur le point de se terminer.
Pouvez-vous aussi nous dire comment la conjoncture financière actuelle éclaire les décisions prises par le gouvernement?
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Encore une fois, ce budget des dépenses, comme vous le constaterez en l'étudiant, contient une ventilation de différents éléments prioritaires pour les forces armées. Certains de ces montants étaient attendus, mais ils visent tous à assurer que le Canada est capable d'assumer les tâches qui lui sont confiées.
J'ai évoqué brièvement notre rôle aux Philippines. Notre capacité d'envoyer rapidement de l'aide souligne que nos forces armées disposent de moyens supérieurs et que leur état de préparation s'est améliorée. En quelques heures littéralement, nos équipes ont été regroupées et sont parties pour secourir les victimes de cette catastrophe.
Lorsque vous consulterez, dans le budget des dépenses, la ventilation de nos activités, vous verrez, par exemple, la maintenance et les réparations pour la disponibilité opérationnelle du Cormorant, du Chinook, de l'Armée de terre, de la Force maritime, de l'Unité interarmées de soutien du personnel. Cela nous assure d'avoir les hommes, les femmes, le matériel et la capacité de se rendre là-bas. Personne ne souhaite revenir à l'époque où, lorsqu'un problème se déclarait quelque part dans le monde, nous devions y être transportés par les forces d'un autre pays. Personne ne veut être dans une telle situation.
Quand j'ai visité la base de Trenton il y a quelques semaines, pour voir un avion C-17 prêt à l'envol et des gens disposés et prêts à secourir la population des Philippines... Je crois que nous en tirons une fierté et que nous ressentons une certaine satisfaction en pensant que nous pourrions y aller nous aussi pour aider.
Quand vous lirez la ventilation des fonds dans le budget des dépenses, encore une fois, vous constaterez que la plupart des sommes visent à maintenir notre capacité afin de ne pas nous retrouver dans la situation où nous n'étions pas préparés et où nous devions demander à nos amis de nous rendre service.
Pour revenir au sujet général, monsieur le président, ce budget des dépenses est raisonnable. Je sais que le ministère de la Défense nationale et les membres des forces armées l'étudient très attentivement afin de déterminer que ces fonds sont bien ceux dont nous avons besoin pour continuer dans cette voie. Je pense que le budget est très raisonnable et très justifiable.
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Oui. Encore une fois, il est absolument essentiel de fournir l'équipement nécessaire à nos militaires, et vous soulevez un excellent argument.
Nous avons connu un certain succès en matière d'approvisionnement. J'ai mentionné les C-17, l'avion Hercules, la mise à niveau de véhicules blindés légers, les hélicoptères de transport moyen à lourd — c'est ce que nous avons réussi à offrir aux forces armées.
Pour revenir à ma réunion à Halifax, la fin de semaine dernière, nous étions juste à côté des chantiers navals qui entreprennent le programme de construction navale sur la côte Est; il y en a un, bien sûr, sur la côte Ouest également. Tout cela contribue à l'état de préparation dont vous avez parlé et qui, pour tout dire, faisait défaut il y a quelques années.
Oui, nous devons constamment surveiller cela et essayer d'aller de l'avant, afin que les hommes et les femmes de nos forces armées aient l'équipement qu'il leur faut.
Encore une fois, il y a des difficultés à surmonter. Il va sans dire que l'approvisionnement est un dossier important. Nous avons connu des difficultés, mais nous avons aussi connu des réussites. J'en ai mentionné quelques-unes. Les rapports que je reçois concernant les programmes de construction navale sur les deux côtes du pays soulignent cette préoccupation liée à la capacité offerte aux hommes et aux femmes qui servent dans nos forces armées. C'est ce qu'il nous faut, et nous devons continuer dans cette veine.
Je tiens moi aussi à souhaiter la bienvenue au ministre dans ses nouvelles fonctions et à réitérer l'importance du ministère et des Forces armées canadiennes pour la sécurité collective et la défense de notre pays, de même que pour notre contribution à l'étranger.
Évidemment, l'un des problèmes qui se posent, c'est que la stratégie de défense Le Canada d'abord est fondée sur un financement stable et croissant, mais que le ministre doit composer avec des réductions et des compressions budgétaires, ce qui va à l'encontre du fondement de cette stratégie. Essayer d'en comprendre l'incidence sur certains objectifs...
Au sujet de l'équipement et du financement de 400 millions de dollars qui est demandé pour assurer la mise en oeuvre continue de la stratégie de défense Le Canada d'abord, j'aimerais vous poser une question à propos du projet de véhicules de combat rapproché qui a été annoncé en 2009, il y a quatre ans et demi. Le ministre de l'époque a dit qu'il était de notre devoir de fournir aux soldats canadiens l'équipement de protection dont ils ont besoin pour faire le travail que nous leur demandons de faire.
Deux milliards de dollars ont été prévus au budget pour les 108 véhicules de combat rapproché, qui étaient censés arriver en 2012; évidemment, cela n'a pas été le cas. Il règne actuellement une certaine incertitude au sujet de ce projet.
Le ministre peut-il nous dire si ce projet a toujours le feu vert?
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Eh bien, cela pourrait être plus clair, monsieur le ministre.
J'aimerais revenir sur vos observations concernant le soutien aux militaires malades et blessés. C'est une question dont se soucient sincèrement tous les membres du comité, comme vous et votre personnel.
Dans son rapport récent sur la santé mentale, l'ombudsman indique que le ministre de la Défense nationale n'a pas embauché suffisamment de psychiatres et d'autres professionnels de la santé mentale pour gérer la vague déferlante de cas de stress post-traumatique chez les militaires. Nous savons que le doublement du financement, comme l'a mentionné le ministre, ne tient pas compte de la hausse des problèmes liés au TSPT à la suite d'une affectation aux opérations. Il y a un écart considérable entre la capacité visée et la capacité réelle du système à offrir des soins aux troupes. Cet écart a des répercussions extrêmement importantes sur la prestation de soins de première ligne. Tout cela vient de l'ombudsman.
Le système accuse un manque de dispensateurs de soins de l'ordre de 15 à 22 %, et il y a d'importants problèmes bureaucratiques, des retards, etc. Je pourrais vous donner des exemples d'UISP où il y a un nombre totalement insuffisant de personnes de soutien par rapport au nombre de blessés qui ont besoin de soins.
Le ministre pourrait-il nous dire combien de professionnels de la santé autorisés seront ajoutés afin de combler l'écart dont parle l'ombudsman?
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Merci beaucoup, monsieur Norlock.
Comme je vous l'ai dit, j'ai assisté à des réunions à Halifax. Je ne suis pas allé aux chantiers navals, mais à environ 2 000 pieds de l'endroit où les réunions avaient lieu, on procède à la mise en place de l'infrastructure pour construire ces navires de patrouille extracôtiers de l'Arctique. Comme vous le verrez dans le budget, il y a une demande de 168 millions de dollars liée à l'infrastructure à l'appui de ce projet. Une importante infrastructure est nécessaire.
Vous avez soulevé un point très important. Ces navires sont construits au Canada, et je veux souligner qu'il ne s'agit pas seulement des emplois qui sont créés directement au chantier naval, mais de tous les emplois qui y sont liés — pour les fournisseurs et les autres entreprises canadiennes. Cela a une incidence au-delà des contrats attribués à ces entreprises.
Cela dit, c'est important pour ce que nous devons faire dans le but de conserver notre capacité en matière de recherche et de sauvetage, d'opérations d'urgence, et je pense que vous avez même utilisé le terme « souveraineté ». Nous devons assurer une forte présence dans le Nord canadien; cela fait partie de notre stratégie pour le Nord, comme vous le savez. Le premier ministre s'y rend chaque année pour appuyer la population du Nord canadien et pour souligner son importance pour notre pays. Cet été, je l'ai accompagné pour un court séjour et j'ai été très impressionné de voir les Rangers canadiens et les autres responsables.
Mais ils doivent disposer de l'équipement voulu. C'était impressionnant de voir un navire de la Garde côtière canadienne au large de la côte de l'île King William. C'est le genre de chose que nous devons faire, selon moi. C'est une région importante du Canada; nous avons la chance qu'elle fasse partie de notre grand pays. Pour aujourd'hui et pour l'avenir, nous devons investir sur le plan de notre capacité. Lorsque des questions seront soulevées, lorsqu'un enjeu environnemental se présentera, s'il y a des questions relativement à la souveraineté, des besoins en matière de recherche et de sauvetage ou des urgences n'importe où dans le Nord, il nous faut pouvoir intervenir, et ce, très rapidement. Nous avons un bilan remarquable à l'échelle mondiale au chapitre des interventions et de l'aide apportée aux gens en situation de crise ou d'urgence, mais il nous faut cette capacité et il nous faut faire en sorte d'en être dotés ici même au Canada.
Je suis très favorable aux navires de patrouille extracôtiers dont vous me parlez. Nous devons avoir cette capacité; cela fait partie de ce qu'il nous faut. Il nous faut des brise-glaces et, comme vous le savez, ils font partie des contrats attribués sur la côte Ouest du pays. Tout cela s'inscrit dans le cadre d'une stratégie visant à accroître notre capacité et à nous permettre de mieux relever les défis d'aujourd'hui et ceux que nous prévoyons dans l'avenir.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais revenir sur la question des véhicules de combat rapproché. Au risque de vous décevoir, monsieur le ministre, je dirai que vous n'avez pas été particulièrement clair sur ce qu'il va advenir de ce programme. On observe d'importants dépassements de coûts dans de nombreux processus d'achat d'équipements militaires. Il y a eu les F-35 et les navires militaires, pour ne nommer que ceux-là.
Le dernier rapport du vérificateur général parle de divergences entre les ambitions du gouvernement, qui sont illustrées par sa stratégie de défense « Le Canada d'abord », et les moyens dont nous disposons. Or ces divergences ne font que s'accentuer. Dans un tel contexte, nous avons besoin de plus de transparence. Le gouvernement doit nous donner une réponse claire.
Depuis plusieurs mois déjà, nous entendons dire que le programme d'achat relatif aux véhicules de combat rapproché est remis en question. Je veux avoir des détails à ce sujet et savoir si, oui ou non, ce programme va se poursuivre. On a posé la question plus tôt, mais votre réponse n'a pas été très claire. Je la pose donc de nouveau. Si vous ne savez pas encore exactement ce qui se passe, pouvez-vous au moins nous donner une idée du moment où le gouvernement pourra nous dire clairement ce qu'il advient du programme relatif aux véhicules de combat rapproché?
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Merci, monsieur le ministre.
La phase de définition vise à préparer tous les aspects de la construction des navires. Elle ne concerne pas uniquement la conception, car il faut aussi mettre les installations à l'essai et s'assurer que les procédures et les processus sont en place. C'est une pratique exemplaire à l'échelle internationale: pour contrôler les coûts, il ne faut pas commencer la construction de navires avant d'être tout à fait prêt.
Auparavant, nous aurions lancé un appel d'offres, choisi un fournisseur et ensuite commencé à nous préparer pour la construction. Nous aurions vraisemblablement dépassé les coûts et peut-être prévu des retards. Dans ce cas-ci, les chantiers navals sur les deux côtes sont littéralement reconstruits. C'est d'ailleurs une installation flambant neuve et de calibre mondial qui est érigée à Halifax. Au cours des 18 prochains mois, on continuera de mettre au point la conception, qui est très détaillée. Nous allons construire des modules d'essai, ce qui veut dire que quelques éléments du premier navire seront complètement assemblés et mis à l'épreuve. Nous étudierons la possibilité d'acquérir des articles à long délai de livraison, c'est-à-dire du matériel qui pourrait causer des retards.
Nous consacrons littéralement quelques années à la préparation de tous les aspects des travaux, ce qui nous permettra d'épargner de l'argent à l'étape de la production. C'est ce que je disais tout à l'heure. Les retards ont peut-être entraîné certains coûts, mais, dans les faits, nous réalisons des économies grâce à une efficacité accrue, à une préparation rigoureuse, à des chantiers navals pleinement opérationnels et à une conception ayant fait l'objet d'essais exhaustifs, au point d'avoir un modèle tridimensionnel que nous pouvons faire visiter et qui permet de tester tout le matériel et tout ce qui relève de l'entretien.
Nous avons une approche fondée sur des pratiques exemplaires, un chantier pleinement opérationnel et une conception parfaitement adaptée. Au moment où nous amorcerons les travaux, nous aurons une très bonne idée du prix et nous saurons exactement ce que nous obtiendrons. Nous serons capables de mener à terme la construction des navires de patrouille extracôtiers à l'aide d'installations adéquates et de personnes qualifiées. La prochaine génération de combattants nous en sera reconnaissante.
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Les fonds du Budget supplémentaire des dépenses servent à l'entraînement collectif interarmées, durant lequel nous conjuguons tous les éléments de nos forces armées dans une sorte de contexte post-Afghanistan. Au cours des 10 dernières années, l'attention des Forces canadiennes a été monopolisée par cette mission particulière.
Bien entendu, maintenant que nous pouvons nous tourner vers l'avenir, nous devons être prêts à toute éventualité. L'une de nos activités clés à ce chapitre est l'entraînement dans le Nord. Nous avons eu un certain nombre d'activités en ce sens, comme l'Opération Nanook, qui est en fait un vaste exercice opérationnel interarmées dans cette région. Les fonds compris dans ce budget supplémentaire servent en fait à poursuivre nos efforts post-Afghanistan relativement aux exercices d’entraînement interarmées.
Bien entendu, l'état de préparation ne se résume pas à l'entraînement collectif. Il dépend aussi de l'entraînement individuel. Nous devons en outre veiller à ce que les hommes et les femmes qui peuplent nos trois services aient les bouquets de compétences qu'il leur faut, et que ces compétences soient enseignées dans nos écoles. Et tout ce qui fait partie de la formation de nos effectifs est sollicité lorsque nous nous retrouvons à travailler ensemble dans ces environnements très complexes.
Par conséquent, l'entraînement post-Afghanistan est vraiment ce qu'il nous faut pour rester prêts, et en ce qui concerne l'affectation des fonds, c'est vraiment cet aspect qui retient notre attention.
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Merci, monsieur le président.
Je veux informer le comité que je vais partager mon temps de parole avec M. Harris.
Dans les documents, il est indiqué que le Centre de la sécurité des télécommunications Canada voit son budget augmenter de 4,9 %. Il va en effet passer de 439 millions de dollars à près de 461 millions, ce qui est énorme dans un contexte de compressions budgétaires.
Toutefois, ce qui me préoccupe, c'est ce que l'on apprend aujourd'hui. Selon des documents obtenus par la CBC, les États-Unis auraient procédé à une vaste opération d'espionnage pendant une semaine, en 2010, lors du sommet du G20. Tout cela aurait eu lieu avec l'autorisation du Canada et, peut-être, avec la participation ou l'autorisation du Centre de la sécurité des télécommunications Canada, en tant que partenaire.
Pouvez-vous confirmer ou infirmer ce que la CBC avance?
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Merci, monsieur le président.
M. Lindsey a mentionné en partie ce à quoi les fonds inutilisés ont été affectés, et nous sommes en train de discuter d'hélicoptères, alors nous allons rester là-dessus un instant.
Le EH101... nous savons tous que les libéraux ont fait campagne pour faire annuler cette acquisition. Il y avait en fait trois sortes d'EH101. Il y avait l'appareil de recherche et sauvetage, auquel M. Harris fait allusion, qui n'a jamais été commandé, et maintenant nous avons les Cyclone. Et au lieu de mettre ces derniers en morceaux pour des pièces, nous venons d'apprendre que d'autres hélicoptères ont été achetés afin que nous puissions les garder dans les airs pour appuyer le travail formidable de nos équipes de recherche et sauvetage. Le deuxième type était pour soulever des charges moyennes et lourdes, mais nous nous sommes procuré les Chinook entretemps, et ce sont eux qui font ce travail.
Il reste à remplacer les Sea King. Or, nous savons que lorsque les libéraux étaient au pouvoir, ils ont acheté un appareil de remplacement, le Cyclone, dont nous n'avons pas encore pris livraison, du moins, pas à ma connaissance. Alors, quand M. Lindsey affirme qu'une partie des fonds inutilisés est attribuable à de l'équipement qui n'a pas été reçu, je présume qu'une partie de cela a quelque chose à voir avec l'épisode des Cyclone.
Peut-il me dire le montant total qui s'est accumulé au fil des ans en fonds inutilisés découlant des Cyclone qui n'ont jamais été livrés? Nous commencerons avec ça.
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Merci, monsieur le président.
Je crois que les Canadiens veulent que les forces armées aient tout l'équipement dont elles ont besoin; ils exigent surtout la compétence et la transparence du gouvernement. Les défis sont énormes en cette période de compressions budgétaires.
En 2009, la Stratégie nationale d'approvisionnement en matière de construction navale estimait que la stratégie de défense des navires nécessiterait 100 millions d'heures de travail, mais que nous ne disposions que de 70 millions d'heures-personnes. La situation était précaire, même en 2009... les budgets ont été réduits depuis.
J'aimerais savoir comment les risques sont reflétés dans le budget. Cette question comporte deux volets. D'abord, en raison de l'absence de concurrence dans l'industrie de la construction navale dans le cadre de la Stratégie nationale d'approvisionnement en matière de construction navale, plusieurs risques ont été identifiés en ce qui a trait aux retards, aux frais exorbitants et à la technique. Selon le rapport du vérificateur général, aucune mesure adéquate n'a été mise en place pour surveiller et contrôler ces risques de manière adéquate. J'aimerais savoir si ce travail requis dans le but d'établir des mesures et contrôles appropriés a été pris en compte dans le budget. Si oui, où se trouvent ces prévisions, et à combien se chiffrent-elles?
J'ai une autre question.
Ma deuxième question au sujet du risque est la suivante:
Il y a bien sûr un risque d'annulation du projet, de retard ou de réduction de sa portée. Dans le cadre de la demande de proposition initiale, ces risques étaient assumés par l'entreprise privée. Depuis, cet élément a été renégocié et on a transféré le risque d'un demi-milliard de dollars du secteur privé vers les contribuables. Ce transfert a été souligné par le vérificateur général. Il a fait valoir qu'il y avait un manque de clarté pour éviter cette prise en charge des risques par le gouvernement.
D'abord, est-ce que le risque est perçu comme étant plus élevé qu'au moment de la négociation des demandes de propositions, en raison des compressions budgétaires?
Ensuite, pourquoi le gouvernement assumerait-il volontairement un risque d'un demi-milliard de dollars, que les promoteurs acceptaient déjà dans leurs propositions?
Troisièmement, est-ce que les livres prévoient des passifs éventuels associés au coût d'un demi-milliard de dollars possible pour les contribuables?