:
Je souhaite la bienvenue à mes collègues et à nos invités.
Compte tenu des événements de la semaine dernière et comme il s'agit de la première séance que notre comité tient depuis les tragiques événements de mercredi dernier, je voudrais commencer cette séance en observant une minute de silence à la mémoire de l'adjudant Vincent et du caporal Cirillo.
[Une minute de silence est observée.]
Le président: Merci.
Pendant la séance d'aujourd'hui, conformément à l'article 108(2) du Règlement, nous poursuivons notre étude sur la défense nord-américaine.
Nous recevons deux témoins aujourd'hui. Ils comparaissent à titre personnel, mais ils sont coauteurs d'une étude effectuée récemment sur le NORAD et, par le fait même, sur la défense nord-américaine.
Nous avons parmi nous M. James Fergusson, professeur et directeur, Political Studies, au Centre for Defence and Security Studies de l'Université du Manitoba.
Bienvenue, monsieur Fergusson, et merci de comparaître ici aujourd'hui.
De plus, Mme Andrea Charron, professeure agrégée et directrice adjointe, Political studies, au Centre for Defence and Security Studies de l'Université du Manitoba, témoigne par vidéoconférence à partir de Winnipeg.
Merci, madame Charron, de comparaître aujourd'hui. Je vous demanderais de bien vouloir faire votre exposé.
:
Merci de m'avoir invitée à vous parler aujourd'hui.
Je crois comprendre que le comité a continuellement recueilli de l'information auprès d'un éventail d'universitaires et de professionnels concernant la question de la défense nord-américaine. Je présume qu'on me demande de traiter du NORAD et de son rôle dans la défense nord-américaine en m'appuyant sur l'étude que Jim Fergusson, moi-même et d'autres universitaires avons réalisée. Je parlerai principalement de ce qui fonctionne dans le cadre du NORAD et des défis que ce dernier doit relever, en ce qui concerne notamment l'Arctique.
En 2006, le NORAD a été reconduit à perpétuité, et une nouvelle mission d'alerte maritime s'est ajoutée à sa mission d'alerte et de contrôle aériens. Cette nouvelle mission lui a été confiée parce qu'on considérait que les attentats du 11 septembre avaient prouvé que la défense de la patrie était primordiale et que les menaces pouvaient venir d'un éventail de sources, même d'Amérique du Nord.
Le NORAD fait actuellement l'objet d'un examen afin d'évaluer sa capacité à rester pertinent face aux nouvelles menaces, compte tenu des politiques actuelles du commandement, des défis afférents à sa mission, des rôles qui pourraient émerger ou évoluer, et des missions et partenariats actuels. Cet examen de haut niveau, qui fait intervenir une dizaine de groupes de travail, s'appelle Avenir du NORAD.
Cet examen arrive à point nommé, puisqu'aux termes de la nouvelle mission d'alerte maritime, des organisations ne participant pas à la coopération entre forces militaires, sur laquelle reposent les missions d'alerte et de défense aériennes, doivent fournir de l'information pour que le NORAD puisse établir un portrait maritime exhaustif de l'Amérique du Nord en plus de son portrait aérien. Cependant, alors que l'Avenir du NORAD pave la voie pour 2030, notre étude a porté sur la situation actuelle et sur ce qui fonctionne et ne fonctionne pas pour le NORAD.
Je commencerai par ce qui fonctionne. Le NORAD est un partenariat binational extrêmement important pour les deux pays, mais particulièrement pour le Canada en raison de l'importance géostratégique de ce partenariat, et des occasions de formation et de l'information qu'il reçoit. Le NORAD peut fournir de l'information sur tous les domaines et bénéficie maintenant d'un portrait aérien et maritime des menaces potentielles pour toute l'Amérique du Nord.
Il y a toutefois des points préoccupants dont j'aimerais vous faire part. J'ai choisi de mettre l'accent sur l'Arctique, compte tenu de mon domaine d'expertise en recherche.
L'Arctique a sans doute toujours été un enjeu crucial pour le NORAD. De fait, pendant la guerre froide, le NORAD avait à l'oeil la menace émanant de l'Arctique, raison pour laquelle son logo comporte un glaive pointant vers le Nord.
Au Canada, un débat fait rage à savoir si l'Arctique fait ou non l'objet de menaces croissantes, particulièrement de la part d'États comme la Russie et la Chine, puisque cette région suscite une attention accrue pour diverses raisons, notamment la fonte des glaces, les problèmes de frontières maritimes et l'extraction des ressources. Sachez d'abord qu'aucune de ces activités comme telles ne constitue automatiquement une menace à la défense de l'Arctique. De plus, le gouvernement du Canada peut faire bien des choses pour que l'augmentation de la circulation et de l'attention en Arctique profite au Canada, lequel pourrait bénéficier de meilleures infrastructures, de plus de services et d'un plus grand nombre d'aides à la navigation.
D'après les renseignements non classifiés que j'ai étudiés, nous pouvons dire que les Russes ont effectivement fait des sorties dernièrement, mais ce n'est pas nouveau, surtout pour le NORAD. De fait, c'est son pain quotidien. Ce qui est préoccupant, toutefois, c'est le vieillissement et l'usure généralisée des infrastructures du NORAD, notamment le système d'alerte du Nord, lequel est constitué de radars à longue et à courte portée. Ce système arrive à la fin de sa vie utile, et d'aucuns pourraient faire valoir qu'il est installé trop au sud.
Le système d'alerte du Nord fournit des renseignements essentiels non seulement pour permettre au NORAD de détecter les menaces, mais aussi pour transmettre de précieuses informations policières au Canada et aux États-Unis. Il faut que ces renseignements continuent d'être communiqués au Commandement des opérations interarmées du Canada, ou COIC, au Commandement de l'Amérique du Nord, et au NORAD.
Que le système d'alerte du Nord reste comme il est ou adopte une autre forme — peut-être basée dans l'espace, par exemple —, il en coûtera des milliards de dollars pour remplacer ou réinventer une capacité d'alerte dans le Nord, et les gouvernements tendent à hésiter à faire de tels débours en capital, particulièrement en période d'incertitude économique, afin de tenter de remplacer des infrastructures et des immobilisations au pays.
On affirme souvent que la fonte des glaces fait automatiquement augmenter l'extraction et l'expédition de ressources dans l'Arctique canadien, mais il n'y a pas de relation causale directe et l'augmentation de la circulation ne préoccupe pas que le NORAD.
Un certain nombre de projets surveillent l'intensité de la circulation dans l'Arctique. Je participe à l'un d'eux, intitulé Arctic marine use and transportation project, lequel est dirigé par Jackie Dawson, de l'Université d'Ottawa. Ce projet permettra de tracer pour le Canada l'itinéraire idéal que devraient suivre les navires en empruntant le passage du Nord-Ouest afin de limiter l'impact de l'expédition sur l'écologie de l'Arctique, profiter aux communautés du Nord et assurer la sécurité des navires, puisque la navigation est extrêmement difficile dans l'Arctique. Cette prévisibilité serait fort utile pour le NORAD, lequel pourrait alors distinguer les navires conformes à la loi prévisibles de ceux que lui et d'autres ministères désignent aux fins d'alerte.
Il faut également plus d'infrastructures de communication dans le Nord à des fins d'utilisation tant civile que militaire classifiée. Nous devons nous assurer que ces biens puissent être protégés contre les cyberattaques.
La mission d'alerte maritime du NORAD étant nouvelle, elle n'est pas aussi évoluée et bien dotée en ressources que les fonctions d'alerte et de contrôle aériens. Voilà pourquoi M. Fergusson et moi-même avons demandé du financement pour étudier précisément cette mission.
D'après le témoignage que le général Jacoby, commandant du NORAD et du USNORTHCOM, a présenté au House Armed Services Committee des États-Unis en février dernier, le nombre d'alertes maritimes émises par le NORAD est passé de 8 en 2012 à 14 en 2013.
Nous n'avons aucune idée du pourcentage de l'ensemble des menaces potentielles que cela représente ou du nombre de menaces potentielles dont on s'est occupé à l'échelle nationale avant que le NORAD n'émette une alerte. Cependant, en disposant d'une autre paire d'yeux ayant une vue d'ensemble de tous domaines en Amérique du Nord, on a une occasion supplémentaire de protéger la patrie ou de mettre en oeuvre la stratégie Le Canada d'abord, les priorités numéro un pour les États-Unis et le Canada.
Enfin, il faut tenir compte de l'entente de double commandement entre la Région canadienne du NORAD, ou RC NORAD, et le Commandement des opérations interarmées du Canada. Le COIC est un amalgame de plusieurs anciens commandements. Il a maintenant presque deux ans et est mis à l'essai en raison des opérations de combat à l'étranger et de la nécessité de réaliser des missions au pays. La RC NORAD, par l'entremise de la 1re Division aérienne du Canada de Winnipeg et du commandant de la composante aérienne de la force interarmées, a toujours eu des liens solides avec le NORAD, mais le COIC s'emploie encore à créer et à perfectionner ses liens avec le NORAD, le USNORTHCOM et la RC NORAD en raison de cette nouvelle fonction d'alerte maritime.
Je dirai en terminant que je suis consciente que les événements qui se sont produits la semaine dernière à Ottawa et au Québec, même s'ils ont eu lieu au sol, ont incité le NORAD à rehausser son niveau d'alerte, ce qui est important puisqu'on était alors incertain de la nature et de l'ampleur de la menace. Voilà qui démontre l'importance constante de cette entente binationale dans le cadre de laquelle les États-Unis et le Canada sont inextricablement liés pour assurer la défense nord-américaine.
Monsieur le président, c'était là mon exposé. Je répondrai aux questions avec plaisir.
Comme l'a souligné ma collègue, Mme Charron, qui est chercheure principale dans le cadre de l'étude intitulée NORAD in Perpetuity?, cet exposé s'appuie directement sur certaines de nos conclusions. Comme vous le savez certainement, le sujet de la défense nord-américaine est extrêmement large, approfondi et compliqué, notamment en raison de l'éventail d'enjeux concernés, de l'étendue de l'espace terrestre, maritime, aérien et spatial concerné, du cyberespace, de l'industrie et de la technologie de la défense, de la recherche-développement, et d'autres questions.
Comme au fil du temps, la défense nord-américaine a continuellement été associée, dans les documents du gouvernement, à l'expression « en coopération avec les États-Unis », deux questions ou considérations viennent immédiatement à l'esprit afin de comprendre la relation du Canada avec les États-Unis sur le plan de la défense nord-américaine. Je qualifierai informellement l'une d'elles de question principalement, mais pas exclusivement canadienne, et l'autre, de question principalement, mais là encore, pas exclusivement américaine.
La question principalement canadienne concerne le type ou la forme de coopération qu'il faudrait entreprendre avec les États-Unis pour renforcer la défense et la sécurité du Canada en Amérique du Nord. La question américaine concerne la part des activités de défense et de sécurité que les États-Unis devraient entreprendre en collaboration avec le Canada.
La première question découle simplement du fait que les capacités militaires du Canada sont de loin inférieures à celles des États-Unis. Ces derniers possèdent la capacité de défendre l'Amérique du Nord au complet. Ainsi, conformément au principe traditionnel de « protection contre l'aide » qui vient de la réalité des capacités dont on dispose en fonction du contexte de menace qui change ou évolue, l'intérêt stratégique national fondamental du Canada veut qu'on continue de chercher des moyens pour que les plans des États-Unis pour défendre l'Amérique du Nord tiennent compte des besoins du Canada à cet égard.
De fait, le Canada cherche des occasions pour influencer la manière dont les Américains pensent et planifient. À cette fin, il a recouru à deux moyens: le binationalisme et le bilatérisme.
Le binationalisme, qui fait partie intégrante de l'entente du NORAD, a initialement été adopté en raison de la menace commune que représentait l'Union soviétique et ses bombardiers à longue portée pendant la guerre froide et des besoins de défense fonctionnelle pour réagir efficacement. C'est ainsi que le NORAD a entrepris ses deux principales missions: l'alerte aérospatiale avancée — initialement pour les menaces aérobies —, puis le contrôle ou la défense aériens contre les missiles balistiques et les menaces spatiales, qui se limitent aux menaces aérobies.
Depuis son établissement, le NORAD a été la pierre angulaire institutionnelle des relations Canada-États-Unis en matière de défense nord-américaine, mais ce n'est pas dans le cadre du NORAD ou du binationalisme que se déroule réellement la plus grande partie de ces relations. À part ces deux missions et l'ajout de la mission d'alerte maritime avancée en 2006, l'écrasante majorité des relations sont de nature bilatérale.
À la suite des attaques du 11 septembre, compte tenu du nouveau contexte de menace et de l'établissement subséquent de la première cellule de planification binationale et de l'entité qui lui a succédé, soit le groupe de panification binational qui a présenté un rapport final en 2006, on s'attendait à ce que le NORAD ou le binationalisme s'élargissent afin de permettre une coopération accrue. Cela ne s'est pas produit, sauf pour l'ajout de la mission d'alerte maritime avancée, une mission qui, du point de vue fonctionnel, a été entreprise parce qu'on a compris qu'une menace maritime s'approchant du continent nord-américain pourrait rapidement devenir une menace aérobie exigeant une réaction du NORAD. Pour être plus précis, un cargo pourrait devenir une plateforme de lancement de missile de croisière
Il importe de souligner que dans le cadre de la nouvelle mission, le NORAD n'a pas reçu de ressources supplémentaires comme telles, mais est plutôt devenu le destinataire de nouveaux renseignements du domaine maritime à la fin du processus de collecte nationale et un complément aux accords bilatéraux évolutifs entre ces sources nationales de renseignements, lesquelles comprennent des organismes militaires et civils des deux pays.
À cet égard, la perception dominante est que les États-Unis souhaitaient un accord binational plus large et plus approfondi englobant les domaines maritime et terrestre, mais le Canada a refusé. Les États-Unis pensaient probablement que leur défense exigeait une coopération accrue avec le Canada, mais étaient largement ouverts à divers modes de coopération. Le Canada a préféré le bilatérisme pour un éventail de raisons politiques découlant principalement de préoccupations relatives à sa souveraineté.
Le comité doit avant tout se demander si la structure actuelle de la relation en matière de défense nord-américaine, dominée par des ententes bilatérales relatives aux trois missions binationales en place, est fonctionnelle et efficace, et permet d'assurer la défense et la sécurité du Canada compte tenu du contexte de menace actuel et futur et du fait que les ressources sur le plan de la défense sont limitées de part et d'autre de la frontière.
À cet égard, permettez-moi d'ajouter que dans la pratique, le binationalisme dans le cadre du NORAD n'a pas été une relation uniformisée ou dictée par les États-Unis. Cette relation binationale comporte des restrictions nationales, et la réalité opérationnelle de la mission de défense aérienne du NORAD, par exemple, se résume fort bien par l'expression suivante: commandement et exécution décentralisés.
Si les Américains ont admis, après les attentats du 11 septembre, que la défense de la patrie exige une coopération accrue avec le Canada, ils ne l'ont pas fait de nouveau dans l'épineux dossier de la défense antimissile balistique au Canada. Fait important, le système actuellement déployé en Alaska et en Californie, et l'éventuel site d'intercepteur dans le Nord-Est des États-Unis, s'inscrivent dans le mandat que la loi confère au Congrès afin de défendre les États-Unis continentaux, l'Alaska et Hawaii, mais pas le Canada.
En raison de leur évolution et de l'échec des négociations que le Canada avait entreprises en 2003-2004, il est clair que les États-Unis ne considèrent pas pour l'instant que la coopération avec le Canada soit nécessaire pour se défendre contre une attaque au missile balistique. La seule partie de l'équation relative à la défense antimissile pour laquelle les États-Unis ont cherché la collaboration du Canada concernait un lien entre l'évaluation de l'alerte spatiale avancée du NORAD — qui concerne les missiles balistiques et l'espace — et le NORTHCOM, ou le système de défense antimissile du Commandement de l'Amérique du Nord, ce que le Canada a accepté.
Même ainsi, les radars américains de défense antimissile déployés à l'avant spécialisés dans la poursuite et le suivi n'ont pas de liens avec le NORAD. Les États-Unis pourraient cependant juger, si et quand un troisième site est établi, qu'un radar de poursuite avancée dans l'Est du Canada est nécessaire. Si c'est le cas, la coopération ou la participation du Canada pourraient revêtir plusieurs formes.
Pour l'heure, la défense antimissile balistique est une question de portée nationale pour le Canada. Le Canada a-t-il besoin de se défendre contre une attaque au missile balistique, selon son origine et sa nature? Dans l'affirmative, il faut alors envisager la possibilité d'acquérir une capacité nationale des États-Unis, avec le coût que cela comporte. Pareille décision influencerait naturellement la façon de penser et de planifier des États-Unis en matière de défense et replacerait peut-être de nouveau le NORAD dans l'équation. Dans le cas contraire, alors la défense antimissile demeurera, dans l'esprit des Américains, une mission exclusivement américaine.
Je répondrai à vos questions avec grand plaisir.
:
Merci beaucoup, monsieur le président. Par votre entremise, je remercie également les témoins de comparaître aujourd'hui.
Ma question concerne la responsabilité fiscale et la manière de l'exercer. Je pense que Mme Charron a souligné la désuétude du système d'alerte du Nord. Comment pouvons-nous commencer à remplacer les infrastructures ou à faire quelque chose? Les infrastructures sont en train de devenir obsolètes. Je me demande si les satellites et les avions sans pilote représentent un moyen plus économique que la construction de sites de radar en Amérique du Nord, comme les vieux systèmes de radar d'alerte avancée, puisque les satellites observent la situation d'en haut. Nous savons que les satellites sont dotés d'une technologie telle qu'ils peuvent presque — et le peuvent dans certains cas, je pense — lire les plaques d'immatriculation des voitures.
J'aimerais que chacun d'entre vous me dise si les satellites et les avions sans pilote constituent un moyen plus économique de défendre l'Amérique du Nord contre une menace aérienne ou peut-être même maritime, puisque nous savons que les menaces peuvent émaner de diverses plates-formes.
De plus, si vous n'y voyez pas d'inconvénient, pourriez-vous parler du Traité de 1967 sur l’espace extra-atmosphérique, dont il est question dans certains documents auxquels vous avez fait référence, et me dire comment il peut concerner ce dont je viens de parler?
Peut-être que M. Fergusson pourrait répondre à cette question en premier, suivi de Mme Charron.
:
Je dirais brièvement que les satellites peuvent faire bien des choses, sans toutefois pouvoir accomplir tout ce que les gens pensent qu'ils font.
C'est RADARSAT-2 qui assure actuellement une surveillance limitée de la région de l'Arctique, et ce, peu importe la température, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
Le déploiement prévu de notre constellation RADARSAT comprenant trois satellites supplémentaires augmentera la couverture ou le temps d'exposition, et la capacité de revoir des régions. Cette technologie assure essentiellement la surveillance sur une vaste région afin de voir s'il s'y passe quelque chose, si un navire s'y déplace, par exemple. Elle ne permet pas actuellement de déterminer précisément de quel navire il s'agit. Elle peut permettre de dire si c'est un navire, mais il faut envoyer autre chose pour y voir de plus près ou reconnaître les lieux.
Qu'il s'agisse de drones ou d'aéronefs existants ou nouveaux — et je n'envisage pas le F-35 ici —, c'est une question intéressante du point de vue du coût. On présume que les drones ne sont pas dispendieux, mais ils le sont. On aura encore besoin d'infrastructures et d'autre formation, ce qui exigera un investissement substantiel.
Nous disposons actuellement d'une capacité aérobie avec pilote aux fins de reconnaissance très limitée. Nous pouvons également investir dans les nombreux drones dont nous aurons besoin et dans l'infrastructure connexe. Je ne peux me prononcer sur ces options, mais au bout du compte, vous aurez encore besoin d'un système de soutien, d'un système d'alerte dans le Nord.
Je conclurai en soulignant qu'il importe de se rappeler, en ce qui concerne les satellites, que le système d'alerte du Nord a été modernisé dans les années 1980, c'est-à-dire il y a plus de 30 ans. Les satellites ne durent pas 30 ans. Il faut les remplacer après 5 ou 10 ans, selon que l'environnement extra-atmosphérique est rigoureux ou non. Le Traité de 1967 sur l’espace extra-atmosphérique n'a aucune incidence à cet égard.
:
Merci, monsieur le président.
Merci à vous deux.
Dans une vie antérieure, j'étais à Colorado Springs et, à titre de membre du comité, j'ai parlé au général Jacoby, et je pense aussi au général Perraut, au sujet de cette étrange relation que nous avons en ce qui touche la défense antimissiles balistiques. On a fini par nager en plein délire: une fois qu'on avait déterminé qu'il s'agissait d'une menace, notre représentant devait quitter la pièce pour que la question soit traitée par les Américains et seulement eux.
J'ai été frappé par le commentaire de Philippe Lagassé qui a dit que « l'abstention du Canada fait obstacle à un rapprochement ». Ferry de Kerckhove a dit: « À mon avis, la réponse est très simple... Nous sommes [tous] dans le même bateau ». Ensuite, M. Lagassé a dit que nous pourrions vraiment participer sans qu'il en coûte quelque chose au Canada, et M. de Kerckhove a répondu qu'il y aurait des coûts, qu'il fallait être réaliste — j'ai ajouté la dernière partie au sujet du réalisme.
Alors la première question est de savoir si, à ce stade, nous devrions décider de participer à nouveau, et la seconde, s'il y aura des coûts. En 25 mots ou moins...
Des voix: Oh, oh!
:
C'est la question clé: qu'entend-on par participation? Il est clair que si le Canada disait aux États-Unis qu'il est possible de rehausser la défense américaine en fournissant du territoire à nos voisins du Sud ou en leur permettant certaines... C'est la question du troisième site, s'il est mis en place ou quand il le sera. Ensuite, je pense que tout le processus de négociation changera.
Mais rappelez-vous que les négociations de 2003-2004 ont échoué en partie parce que les États-Unis n'étaient pas prêts à garantir la défense des villes canadiennes, et je peux comprendre pourquoi il leur était impossible de donner cette garantie. En outre, le commandement et le contrôle n'allaient pas relever du NORAD. C'était hors de question. La question de l'accès précis que le Canada aurait au système — c'est-à-dire à la panification de l'information filtrée par les États-Unis — est restée ouverte et mal définie jusqu'à l'arrêt des négociations.
Les États-Unis l'ont laissée ouverte pour le Canada. Ils sont d'avis que si nous voulons envisager de participer, de nous engager, ils sont prêts à en discuter.
Cependant, avant que le Canada s'engage dans des discussions à ce sujet, je pense que l'une des raisons pour lesquelles les négociations de 2003-2004 ont échoué est que la nation, le gouvernement ou le ministère avait des attentes irréalistes à l'égard de ce qu'on allait obtenir et on avait l'impression qu'on l'obtiendrait gratuitement.
Le Canada — le gouvernement, le ministère de la Défense nationale et le comité — doit décider ce qu'il veut obtenir dans tout cela exactement. Ensuite, on pourra commencer à envisager les investissements que devra faire le Canada pour l'obtenir. Il devra le faire en fonction des priorités militaires susceptibles de primer sur la défense antimissiles balistiques.
:
Une bonne partie de ces renseignements sont classés secret défense, alors les professeurs n'y ont pas accès.
Je vous dirais toutefois que dans la mission d'évaluation de l'alerte aérospatiale nord-américaine et la mission traditionnelle du NORAD — l'évaluation tactique intégrée d’alertes et d’attaques — la mission principale, qui s'appuie généralement sur les ressources américaines, est d'étudier le milieu à risque, le milieu aérospatiale à risque, et de déterminer si le Canada ou l'Amérique du Nord fait l'objet d'une attaque.
Ces renseignements sont ensuite transmis au commandement national. Dans le monde aérien, le commandant de cette mission est aussi responsable de l'intervention aérienne. Il suit des instructions permanentes d’opérations qui ont été élaborées et raffinées sur de nombreuses décennies.
Par contre, l'alerte maritime ne fonctionne pas de cette façon, et c'est l'une des raisons pour lesquelles nous allons aborder cette question. Le NORAD a le portrait de la situation aux États-Unis, le portrait de la situation maritime américaine et un portrait de la situation canadienne, et nous pensons qu'il les combine pour avoir une vue d'ensemble de la situation en Amérique du Nord avant de procéder à une évaluation.
L'évaluation devrait ensuite être transmise au commandement national ou aux acteurs qui participent à l'intervention. Cependant, pour ce qui est de la façon dont cela fonctionne relativement au Commandement des opérations interarmées du Canada, au commandement américain, aux structures existantes d'unification du commandement, aux questions relatives à la garde côtière des États-Unis et à la marine américaine et à la limite de 500 milles entre les deux, le point où la limite est établie — tout le territoire à moins de 500 milles de la terre ferme relève de la Garde côtière et le reste, de la Marine —, c'est une question qui n'est toujours pas réglée.
:
Monsieur le président, j'invoque le Règlement. Peut-on faire les tests pour les interprètes avant de commencer ma période de cinq minutes? Je vois que les témoins n'ont pas mis leurs écouteurs.
Comprenez-vous tous les deux le français?
[Traduction]
Ça va? Pouvons-nous continuer? Merci.
[Français]
Votre rapport contient certaines observations et vous me corrigerez si je ne suis pas assez précis.
On peut y lire que les entités étatiques ne constituent pas une menace directe pour l'Amérique du Nord, mais que le risque que d’autres entités armées non étatiques acquièrent des armes de haute technologie, comme des missiles de croisière, serait à la hausse.
J'aimerais que vous soyez plus précis. Par exemple, la menace iranienne et la menace coréenne sont-elles croissantes? Ce n'est pas la lecture que j'en fais, mais avez-vous de l'information en ce sens?
Par ailleurs, est-ce grave au point que cela doit faire partie de nos réflexions lorsqu'on se demande si, oui ou non, on doit envisager une participation à un système de défense antimissile balistique nord-américain?
Nous pouvons commencer par Mme Charron. M. Fergusson pourra répondre par la suite.
:
Je suis d'accord avec Jim. Il y a tellement de menaces qui pèsent à la fois sur le Canada, la Russie et les États-Unis. Il y a l'EIIL, il y a la Corée du Nord. Il y a toutes sortes de menaces semblables et nous avons besoin de la Russie, qui est un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU. Plus nous pouvons agir avec elle et comprendre avec elle… Rappelons-nous que pendant la guerre froide, les États-Unis souhaitaient ardemment avoir des échanges de façon à connaître la perspective de l'autre partie. C'est ce que l'on fait dans le cadre du Conseil de l'Arctique et dans d'autres instances.
Cela dit, la plupart du temps, lorsque nous parlons de sécurité dans l'Arctique, nous pensons à des éléments tels qu'un code polaire obligatoire. Nous pensons à cartographier le passage du Nord-Ouest pour tous les navires. À bien des égards, la Russie et le Canada ont tout à fait la même perspective sur leurs passages respectifs. Nous faisons, en fait, front commun contre les États-Unis qui, contrairement à nous, considèrent le passage du Nord-Ouest et la route maritime nordique comme d'éventuels détroits internationaux.
Nous avons par ailleurs l'accord conclu récemment sur la recherche et le sauvetage, qui stipule que les cinq États côtiers se rencontrent régulièrement, partagent de l'information sur les actifs relatifs à la sécurité et au sauvetage, et commencent à poursuivre des activités conjointes, qu'elles soient menées entre les armées, qui sont en charge de la recherche et du sauvetage, ou avec d'autres agences. Si nous baissons le ton et collaborons avec la Russie dans des domaines d'intérêt, nous pourrions en fait constater, dans des dossiers comme celui de l'Ukraine, que nous l'amenons à réduire son action, que nous condamnons.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Fergusson, je suis ravi que vous ayez proposé de faire appel aux militaires, car ils peuvent faire tant de choses. Leurs capacités sont toutefois limitées pour gérer les enjeux nationaux. Je pense que vous avez raison d'insister pour que les agents de la GRC et de la Garde côtière assurent une présence sur le terrain dans le Nord.
Dans cette optique, et en tenant compte de certaines questions que mon collègue, M. Davies, a soulevées, lorsque nous pensons à la défense nord-américaine, je me demande s'il faut vraiment suivre deux voies. J'aimerais entendre vos observations à ce sujet.
D'une part, nous pouvons renforcer les capacités du NORAD et continuer de collaborer avec les Américains dans les domaines de compétence partagée, mais en raison de la taille et de l'étendue de l'Arctique, il incombe au Canada de jouer le rôle principal, car c'est en grande partie notre territoire. Ce vaste territoire nous appartient. D'autre part, il est important que les deux gouvernements et les collectivités collaborent pour assurer une présence solide de la Garde côtière afin de patrouiller le Nord, mais aussi que des militaires soient présents pour que des avions de chasse puissent intervenir rapidement en cas de menace maritime ou aérienne.
Qu'avez-vous à dire à ce sujet? Je crois qu'il ne s'agit pas seulement de collaborer avec les Américains. En fait, nous travaillons avec les Américains dans certains secteurs, mais dans d'autres dossiers, c'est à nous d'être aux premières lignes.
J'aimerais entendre vos observations à tous les deux, si vous en avez.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Fergusson, j'aimerais que vous me donniez des détails sur les options que vous proposez dans votre rapport. L'une d'entre elles consisterait à maintenir le statu quo quant au fonctionnement du NORAD. Cependant, d'après ce que je comprends, les décideurs pourraient dans ce cas accorder davantage de poids aux intérêts organisationnels d'organisations autres que le NORAD, ce qui pourrait contribuer à le marginaliser. C'est ce que j'ai compris de mes lectures.
Vous proposez aussi de revenir à la mission originale, de laisser tomber les missions d'alerte maritime et d'élargir la mission d'alerte avancée et d'évaluation des attaques du NORAD pour y inclure l'espace, le cyberespace, la mer, la terre et les airs. En somme, autrement dit, on parle de tous les espaces pouvant impliquer des menaces pour l'Amérique du Nord. Vous ajoutez que ces options possibles seront toujours accompagnées de décisions alourdies par les intérêts liés à la politique, la souveraineté, les questions de commandement, les compétences, les questions organisationnelles et les questions juridiques.
Croyez-vous qu'en tant qu'élus, nous devrions accorder la priorité à certaines de ces propositions dans le cadre de nos analyses? Pensez-vous qu'il serait possible de venir à bout des difficultés qui seraient automatiquement liées au fait de vouloir apporter le moindre changement au fonctionnement du NORAD?
Je vous remercie.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais faire quelques liens. Vous pouvez me le dire si je me trompe.
Bien des gens ont souligné — et je fais plus particulièrement référence à la crise en Ukraine il y a quelques mois — que Vladimir Poutine faisait tout le contraire de ce qu'il disait. Par exemple, lorsqu'il a dit que les chars d'assaut et les véhicules de transport de troupes se dirigeaient vers l'Est, dans la direction opposée de l'Ukraine, ils cheminaient dans l'autre direction. Lorsqu'il a prétendu dire aux terroristes d'arrêter, il intensifiait ses interventions en Ukraine.
Au cours de la dernière heure et trois quarts, je pense que quelqu'un a cité M. Poutine: « Au fil des décennies, la Russie a, petit à petit, renforcé sa position dans l'Arctique, [et] notre objectif est non seulement de la récupérer, mais aussi d'en améliorer la qualité. » J'aimerais entendre vos observations. Pensait-il ce qu'il disait? Est-il sérieux? Comment pouvons-nous savoir si c'est ce que font les Russes? Ont-ils vraiment fait quelque chose avec leur infrastructure? Quelles politiques le Canada devrait-il adopter?
Bien franchement, lorsque vous avez dit pourquoi les États-Unis ne nous prenaient pas vraiment au sérieux dans une défense antimissile balistique et qu'elle mène sa propre mission de défense, je pense que c'est parce que les Américains ont tendance à être un peu xénophobes lorsqu'il est question de leur défense. Ils sont très introspectifs. Le Canadien moyen en sait plus au sujet des États-Unis, si bien que la situation ne changera pas.
Je ne suis donc pas tellement inquiet à ce propos. Les États-Unis ne permettront jamais que quelque chose arrive au Canada, car nous sommes leur tampon pour le Nord. Nous sommes leurs amis. Lorsqu'ils sont en difficulté, ils peuvent habituellement compter sur nous — c'est rare qu'ils ne le peuvent pas —, car c'est dans l'intérêt de nos deux pays. Nous avons en commun le même type de libertés, de droits et ce genre de choses.
Pour ce qui est des liens que je fais, pour être honnête, nous devrions nous inquiéter au sujet de la Russie. M. Poutine a des visées. La Russie veut créer une zone tampon en Europe de l'Est, et si elle peut obtenir ce qu'elle veut vraiment de l'Arctique — et c'est en quelque sorte l'attitude de l'ancien empire russe —, elle le fera. Pour comprendre, vous devez savoir d'où vient M. Poutine: le KGB. Pouvez-vous faire des liens, ou seriez-vous plutôt enclin à défaire ces liens quand il est question de la défense nord-américaine?
:
Eh bien, je continue de croire que les liens ne se font pas de cette manière. On avait de grands espoirs qu'il y aurait une meilleure intégration entre les ports de Murmansk et de Churchill pour se débarrasser du problème des céréales excédentaires auquel nous avons été confrontés cet été à Winnipeg, car c'était une porte pour les mettre sur les marchés européens et asiatiques.
J'étais avec l'amiral Papp, qui prendra la relève en tant qu'ambassadeur des États-Unis au Conseil de l'Arctique, et il n'a jamais laissé entendre, lorsqu'on posait des questions au sujet de la Russie, que les États-Unis avaient l'intention de bloquer les Russes. Le grand avantage d'avoir la Russie au sein du Conseil de l'Arctique et de travailler avec elle dans d'autres tribunes, c'est de pouvoir entendre les discussions dans les coulisses au sujet de ces autres événements.
Pour la Russie, l'Ukraine est sa cour arrière et est un territoire extrêmement important sur le plan géostratégique. Pour nous et pour la Russie, c'est l'Arctique, et les États-Unis perçoivent les Russes comme étant différents.
Le NORAD a toujours eu des inquiétudes au sujet de la Russie. C'est pourquoi son logo est une forte épée qui pointe vers le Nord. Nous surveillerons toujours les Russes.
Mais de là à présumer systématiquement que les Russes ont des visées sur l'Arctique... N'oubliez pas que nous avons très peu d'infrastructure là-bas, alors je ne sais pas trop quelles visées ils pourraient avoir. Je pense qu'il y a beaucoup plus d'occasions et d'avantages à tenir plus de discussions et à établir des liens avec eux qu'à les écarter sur une base préemptive.
:
C'est une grande question.
Tout d'abord, les États-Unis ne se préoccupent pas de la Russie. Ils s'inquiètent de la Chine. C'est leur première priorité stratégique émergente. C'est le sujet sur lequel les débats portent vraiment aux États-Unis. Ce n'est pas les Russes.
Bon nombre des liens que vous faites semblent très bien fonctionner à moins que vous siégez à Moscou. Si l'on regarde à quel rythme les événements sont survenus au cours des 20 dernières années sous l'angle de Moscou, les Russes ont vu l'élargissement de l'OTAN près d'eux, l'Occident commencer à prendre de l'expansion en Ukraine, ce qu'ils appellent « l'étranger proche », et la Georgie adhérer à l'OTAN. Du point de vue de Moscou, tous ces événements sont menaçants et en quelque sortes agressifs de la part de l'Occident, y compris le Canada.
J'estime que notre position concernant l'Ukraine et la façon dont nous avons géré la situation n'a pas aidé. Je n'essaie pas de justifier les politiques de Vladimir Poutine, mais en bout de ligne, devrions-nous être inquiets des capacités et des activités militaires des Russes dans l'Arctique? Oui, nous devrions les surveiller de près. Quant à savoir s'il s'agit seulement de la modernisation naturelle des capacités militaires pour défendre les intérêts de l'Arctique, ce que nous pouvons expliquer — ce sur quoi je me penche à l'heure actuelle — plutôt que d'avoir des intentions hostiles, il est difficile de répondre à cette question.
:
Vous avez gardé le meilleur pour la fin, n'est-ce pas?
Nous avons eu une discussion intéressante. Je vous remercie tous les deux.
Je veux vous poser une question au sujet de l'évaluation des menaces.
La raison pour laquelle j'étais un peu en retard, c'est que j'ai dû attendre que le secrétaire Kerry soit escorté hors de la Colline. Il a fallu en tout 13 véhicules, des camions et des voitures, pour l'escorter depuis la Tour de la Paix jusqu'à la rue Wellington. J'ai eu du mal à m'imaginer comment ces procédures s'appliqueraient à .
Je me suis adressé à quelques chaînes américaines la semaine dernière, et j'ai été surpris par l'une des questions qu'on m'a posées: « Les États-Unis devraient-ils fermer leurs frontières au Canada en raison de toutes les activités terroristes qui y sont menées? » C'est une question sérieuse qu'un journaliste bien connu...
J'y ai réfléchi en tenant compte de l'évaluation des menaces. Notre perception des menaces, qu'elle soit bonne ou mauvaise, et celle des Américaines, qu'elle soit bonne ou mauvaise, peuvent parfois être très différentes. En prenant de plus en plus d'engagements dans le cadre du NORAD, nous retrouvons-nous par défaut avec l'évaluation des menaces des Américains?