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Bon après-midi, chers collègues.
Comme vous avez vu sur l'ordre du jour, nous sommes aujourd'hui réunis pour une séance d'information sur la situation actuelle, le renouvellement et la modernisation de la Marine canadienne.
Nous accueillons deux témoins du ministère de la Défense nationale: le vice-amiral Mark Norman, capitaine de frégate, Marine royale canadienne; et le premier maître, Tom Riefesel, premier maître du Commandement, Marine royale canadienne.
Merci, messieurs, de vous être joints à nous aujourd'hui.
Amiral, pouvez-vous prononcer vos remarques liminaires, s'il vous plaît?
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, mesdames et messieurs, membres du comité.
[Français]
Bonjour à toutes et à tous.
[Traduction]
Au nom du premier maître de la Marine royale canadienne, Tom Riefesel, qui m'accompagne aujourd'hui, ainsi que des militaires et des employés civils de la MRC, je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître devant le présent comité.
J'ai l'intention, aujourd'hui, comme nous le disons dans la Marine, « de mettre la carte à niveau » et de faire le point sur l'état de préparation de la MRC. Je suis heureux de vous informer que nous sommes sur la bonne voie.
[Français]
Nous enregistrons d'excellents progrès dans la mise en oeuvre de l'important programme de modernisation et de renouvellement dans lequel nous nous sommes engagés. Bien que nous ayons rencontré des défis, nous disposons d'un plan d'ensemble pour les aborder de front et nous donnons suite à ce plan.
[Traduction]
Le discours que je prononce cet après-midi s'inscrit dans le cadre des quatre priorités de mon commandement: favoriser l'excellence des opérations en mer; amorcer la transition vers la flotte de demain; faire évoluer les activités de la MRC; et enfin, dynamiser l'institution.
L'excellence dans les opérations est l'ultime mesure d'appréciation de toutes les organisations de combat. Nos marins et nos navires font quotidiennement preuve d'excellence en mer; au pays, dans les trois océans, et à l'étranger.
Cet été, la MRC a clairement démontré qu'elle est sur la bonne voie de devenir une marine arctique, plutôt qu'une simple marine nordique, dotée des capacités et des compétences nécessaires pour mener constamment des opérations dans l'Extrême-Arctique. À cette fin, le NCSM Kingston a fait partie de l'équipe pangouvernementale qui a repéré le navire perdu de l'expédition Franklin, le NSM Erebus.
Au même moment, le NCSM Shawinigan se rendait plus loin au Nord que tout autre navire de la MRC ne l'avait fait auparavant.
Dans le Sud, le NCSM Victoria, l'un de nos sous-marins, a participé pendant la majeure partie de l'été à l'exercice RIMPAC, l'exercice maritime le plus imposant au monde qui s'est déroulé dans les îles Hawaï. Des exercices de ce type forgent et renforcent les liens avec nos partenaires en matière de défense et de sécurité. Le NCSM Victoria, un ennemi redoutable et un adversaire de taille, a permis à la flotte alliée d'accroître ses compétences dans le cadre de divers scénarios de guerre complexes.
Le NCSM Victoria a également participé à l'opération Caribbe, la campagne contre le trafic illicite menée dans le Pacifique-Est. Le sous-marin a accompli sa mission aux côtés de plusieurs navires de défense côtière canadiens qui ont répondu à l'appel et produit des effets stratégiques réels à l'échelle internationale.
Nous sommes également encouragés par le fait que la première de nos frégates modernisées sera bientôt prête à être déployée afin d'appuyer les objectifs du gouvernement. Le projet de modernisation des navires de la classe Halifax est le véritable instrument de transition vers la future flotte dont le Canada a besoin. Ce projet de 4,5 milliards de dollars environ devrait être achevé à temps et selon le budget alloué.
Je ne doute pas que les membres de ce comité reconnaissent que la flotte actuelle est le fruit de décisions prises il y a 50 ans. Et la flotte qui sera au service du premier ministre en 2050 sera définie par les décisions prises aujourd'hui. La mise hors service des NCSM Protecteur, Preserver, Iroquois et Algonquin constitue une étape essentielle en vue de la mise en service de nouveaux navires et de nouvelles capacités dans le cadre de la Stratégie nationale d'approvisionnement en matière de construction navale.
[Français]
La prise de telles décisions permettra à la Marine royale canadienne d'harmoniser ses ressources humaines et financières afin d'investir dans notre avenir.
[Traduction]
Cet avenir est à nos portes, grâce à l'efficacité de nos frégates modernisées, de nos sous-marins et de nos navires de défense côtière, des capacités que je décris comme notre « pont vers l'avenir ».
En outre, les trois projets de construction navale en sont actuellement à l'étape de définition des projets financés. Nous attendons avec impatience la tenue de la cérémonie de découpage de tôles d'acier du premier navire de patrouille extracôtier et de l'Arctique à la mi-année 2015. Cette cérémonie sera suivie de celle du navire de soutien interarmées de la classe Queenston et, à long terme, de celle du navire de combat de surface canadien — deux navires qui cheminent vers l'atteinte d'importants jalons de projet.
Tous ces programmes, de même que celui de l'aéronef de patrouille maritime modernisé Aurora et le nouvel hélicoptère maritime Cyclone, qui seront bientôt intégrés au sein de la flotte, relèveront réellement d'un cran la capacité de combat générale de la Marine royale canadienne.
Certes, la transformation de la MRC ne se limite pas simplement à ses activités en mer. Comme vous le savez, la MRC procède actuellement à la mise en oeuvre du plan de renouvellement institutionnel le plus intensif et complet jamais exécuté en un demi-siècle.
Le plan directeur de la MRC établit les conditions de réussite de notre transformation, une transformation qui concerne tous les éléments de notre flotte et de sa structure. Nous avons accompli d'immenses progrès dans l'exécution de ce plan, en faisant notamment évoluer notre structure de gouvernance, nos systèmes de formation et nos modèles de recrutement d'équipage. L'organisation travaille maintenant plus intelligemment et plus efficacement, et elle est prête à amorcer les deux prochaines décennies d'évolution quasi continue et de nouvelles capacités. C'est une époque très stimulante pour diriger la Marine royale canadienne.
Je suis enthousiasmé par l'avenir, et pas seulement en raison de la mise en service de nouvel équipement maritime. Chaque jour, je suis enchanté de constater le travail incroyable qu'exécutent nos marins — de la Force régulière et de la Force de réserve — et le soutien qu'ils reçoivent de leur famille. Je suis également ravi des efforts de notre effectif civil — les personnes qui veillent au bon fonctionnement de nos navires. Aujourd'hui, je suis fier de dire que la Marine que nous formons est plus unie qu'elle ne l'a jamais été au cours de ma carrière.
En conclusion, la Marine royale canadienne est sur la bonne voie.
[Français]
Nous continuons de produire des effets stratégiques en mer et sur terre pour les Canadiens, tout en manoeuvrant avec succès au travers des décennies marquées par le changement et la modernisation. Nous sommes à même d'atteindre cet équilibre parce que nous nous sommes dotés d'un plan.
[Traduction]
Ce plan permettra d'assurer que notre effectif est « Prêt Oui Prêt! » à saisir les possibilités de maintenir la Marine d'aujourd'hui et de préparer celle de demain.
Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les membres du comité, je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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L'Arctique est extrêmement important, pas seulement pour la Marine, mais aussi pour l'avenir du Canada. L'Arctique représente un milieu opérationnel essentiellement maritime, défini par l'océan; par conséquent, c'est pour nous une région clé, où nous pourrons mener nos activités opérationnelles dans les prochaines années et décennies.
Il va sans dire que les navires de patrouille extracôtiers et de l'Arctique joueront un rôle clé pour permettre à la MRC, avec ses partenaires gouvernementaux, d'améliorer notre capacité d'effectuer nos opérations et de les maintenir dans l'Extrême-Arctique. Nous avons obtenu d'excellents résultats ces dernières années lors d'une série d'opérations et d'exercices, en collaboration avec notre garde côtière et d'autres partenaires gouvernementaux, dans l'Opération Nanook, l'Opération QIMMIQ et d'autres opérations, il y a tout juste quelques mois.
Nous reconnaissons qu'à plus long terme, l'un des grands défis que nous devrons relever dans le Nord est celui de la durabilité. Nous sommes enthousiastes à l'idée d'établir une installation de ravitaillement en carburant à Nanisivik, ce qui nous permettra d'organiser nos opérations et de nous rendre plus loin dans le Nord.
Je pense qu'il serait utile de considérer le Nord comme une région qui offre des possibilités de développement et qui représente un défi en matière de sécurité — pas nécessairement la sécurité au sens militaire propre, mais la sécurité au sens large —, devant la perspective de l'accroissement de l'activité dans le Nord. Il y a une augmentation du transport maritime de transit et de destination; ces dernières années, les niveaux d'activité ont largement dépassé ceux des années précédentes. On peut dire que le niveau d'activité et de croissance des trois prochaines décennies pourrait dépasser celui des trois derniers siècles. Voilà à quel rythme, selon nous, l'activité augmentera dans le Nord.
Il ne s'agit pas seulement des navires. Il ne s'agit pas seulement de la capacité opérationnelle future. Il s'agit aussi des nouvelles compétences et des nouvelles procédures. Nous utilisons les expériences de nos partenaires de la Garde côtière pour nous guider dans la façon de maintenir l'activité de déploiement dans le Nord, en examinant de nouveaux modèles d'équipage, de nouveaux moyens d'assurer une présence visible, un drapeau canadien, essentiellement, dans cette vaste étendue qui est si importante pour nous.
Nous tenons également compte du fait que le Nord, en particulier l'Arctique canadien, est une région qui se définit non seulement par sa géographie ou son océanographie, mais aussi par les enjeux politiques liés à l'expansion dans l'Arctique. Le travail du Conseil de l'Arctique, le travail de nos partenaires membres de ce conseil est essentiel dans le renforcement non seulement de notre capacité militaire, mais aussi de notre capacité d'effectuer nos opérations et de les maintenir, comme je l'ai indiqué.
Je pense que nous pouvons retirer de nombreux enseignements du droit maritime international et de la réglementation internationale relativement aux lois environnementales, à la sécurité et aux enjeux liés à l'espace maritime disputé qui auront une incidence sur la façon dont nous prévoyons exercer nos activités opérationnelles en 2020, en 2025 et jusqu'en 2050 dans l'Extrême-Arctique.
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Je décrirai la capacité sous-marine et son importance pour les Canadiens en établissant un parallèle avec ce que peuvent comprendre les gens, selon moi, dans le contexte des opérations terrestres. Si un militaire de l'Armée de terre parlait de prendre et de tenir le terrain, je crois que les gens comprendraient intuitivement ce que cela signifie.
Dans un contexte maritime, il n'y a que deux moyens de prendre le contrôle de l'espace maritime. L'un est d'y placer des mines. L'autre est d'y placer un sous-marin.
Lorsque le Canada doit exercer une souveraineté absolue sur un espace maritime, que ce soit ici, dans nos propres eaux territoriales, ou ailleurs, en situation de conflit, les sous-marins constituent une ressource incroyablement puissante. Aucune autre ressource ne peut le faire dans un environnement maritime. Les sous-marins sont réellement le principal système de défense des opérations navales.
En ce qui concerne nos capacités pour la classe Victoria, je dirai que nous sommes très satisfaits de ce que nous avons actuellement. Il a fallu beaucoup de temps pour y arriver, mais trois de nos quatre navires sont maintenant à l'eau, et c'est ce que nous avions prévu. C'est notre interprétation d'un « état stable ». Ils sont à différents niveaux de disponibilité opérationnelle.
Nous sommes certes satisfaits de l'excellent travail du Victoria et du Windsor cette année; ces deux navires ont passé en tout 253 jours en mer en 2014. Le Chicoutimi a été remis à l'eau et commence son cycle opérationnel de six ans. En ce moment même, nous effectuons des essais techniques très exigeants. Il est d'ailleurs en mer aujourd'hui pour effectuer ces essais techniques.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de votre présence, vice-amiral Norman et premier maître Riefesel.
J'ai bien aimé votre exposé. J'ai remarqué l'enthousiasme avec lequel vous avez parlé de l'avenir de la Marine. Je suis sûr que vous en êtes très fiers, et nous sommes nous-mêmes fiers du travail que vous accomplissez et des services que vous offrez.
Toutefois, je remarque, vice-amiral, que dans le plan d'activités de la Marine pour 2014-2017, on était un peu moins enthousiaste lorsqu'on parlait des réductions budgétaires de 15,7 % et des effets cumulatifs sur divers programmes, notamment la réduction du pouvoir d'achat et de la marge de manoeuvre. Dans une lettre d'accompagnement datée du 13 décembre 2013, vous avez déclaré: « Les ressources limitées, aussi bien financières qu'humaines, et les priorités concurrentielles continuent de mettre à l'épreuve notre capacité à assurer la prestation la plus efficace et efficiente de notre mandat ».
Le chef des Services d'examen y a évidemment fait référence dans son rapport publié le 24 octobre dernier; il dit qu'au cours des dernières années, il y a eu une diminution constante de la capacité de la MRC à atteindre le niveau requis de disponibilité opérationnelle, à un point tel qu'elle a maintenant de la difficulté à répondre aux exigences à ce chapitre.
Puis-je vous demander de quelle façon les compressions budgétaires ont nui à la disponibilité opérationnelle de la Marine et quels éléments de la Marine ont été plus particulièrement touchés? Est-ce l'instruction, la dotation ou l'approvisionnement qui a le plus souffert de ces compressions?
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Je prends simplement quelques notes, monsieur Harris, de façon à pouvoir répondre adéquatement à votre question.
Je dirai d'abord qu'il ne fait aucun doute que la MRC, tous les éléments des Forces canadiennes, le gouvernement et l'ensemble des Canadiens ont des défis à relever. Les hauts dirigeants et les gestionnaires comme moi doivent constamment équilibrer les ressources dont ils disposent pour faire tout ce qu'ils savent devoir faire et qu'ils voudraient faire dans leur organisation, ou dans leurs finances personnelles, d'ailleurs.
En ce qui concerne les contraintes sur le plan des ressources, comment nous les gérons et quels en sont les effets, je dirais qu'il y a deux moyens d'y faire face. L'un est l'obligation de retirer la valeur optimale des ressources dont nous disposons, tant sur le plan financier qu'humain, et de veiller à optimiser leur utilisation. L'autre, parallèlement, c'est de déterminer où il y a des pressions sur le plan des ressources et de trouver, si possible, une façon d'atténuer ces pressions. Je reviendrai à ce deuxième moyen, mais j'aimerais vous parler un peu du premier.
L'un des principaux facteurs de la modernisation de nos activités internes — faire évoluer les activités de la MRC, comme je l'ai dit au sujet de mes priorités —, consiste à favoriser le principal domaine de responsabilité, qui est de maximiser l'efficacité de notre organisation. Nous constatons de grands progrès à cet égard. Nous avons fait de grands pas en avant quant à la façon de mieux utiliser notre système d'instruction et nos équipages, à la façon de profiter de toutes les possibilités pour tous les jours en mer. Cet élément des plus précieux...
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Un certain nombre de navires sont amarrés actuellement en raison de la modernisation en cours. Nous avons pu tirer parti du fait que ces navires sont en cours de modernisation pour remettre en service, par exemple, quatre des navires de défense côtière et pour réaffecter des fonds liés à certaines décisions relatives au dessaisissement, qui ont été annoncées plus tôt, au retour de ces navires modernisés dans la flotte.
Pour répondre à votre question au sujet de la disponibilité opérationnelle, essentiellement, si on compare les navires, le NCSM Toronto, déployé aujourd'hui dans la Méditerranée dans le cadre de l'opération Reassurance, est aussi prêt que ne l'était n'importe quel navire il y a deux, trois ou dix ans. Sur le plan des navires et des marins, cette disponibilité opérationnelle en déploiement n'est pas différente de ce qu'elle était. Là où il y a une différence, c'est dans l'effectif de réserve qui soutient ce navire déployé. Actuellement, c'est en grande partie directement fonction du retrait des frégates, en particulier pour effectuer leur modernisation.
Dans ce contexte, nous avons pu prendre des risques relativement à la non-disponibilité de ces frégates et affecter ces ressources ailleurs. J'ai mentionné les navires de défense côtière; c'est un excellent exemple d'un cas où nous avons pu augmenter considérablement la capacité à court terme.
Le maintien des compétences comme facteur de disponibilité opérationnelle — et ce n'est pas le seul — pose toujours un défi. La mesure la plus importante que nous avons prise dans les deux dernières années consistait à revoir notre méthode d'entraînement des marins en mer de manière à faire le meilleur usage possible de chaque jour passé en mer. Il nous a fallu déplacer plus fréquemment les marins, mais nous le faisons pour maintenir les compétences afin que dans les prochaines années, lorsque les frégates reprendront leurs opérations, nous puissions faire une transition en douceur en sachant que nous avons comblé le fossé dans toute la mesure du possible.
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Une des caractéristiques de l'OTAN — et je vais bien entendu parler explicitement du domaine maritime, mais c'est vrai pour tous les autres — est l'interopérabilité, comme vous l'avez indiqué dans votre question. La capacité du Canada ou de tout autre pays — mais nous parlons du Canada — à former et à déployer un équipage qui peut intégrer sans difficulté les divers groupements tactiques de l'OTAN ou ceux dirigés par les États-Unis représente certainement un avantage de taille qui donne de la souplesse.
Certaines mesures ont été prises pour le déploiement du Toronto. Tout d'abord, son déploiement avancé était une décision stratégique, un véritable exemple de prévoyance. Nous ne savions pas exactement ce qui pouvait ou ne pouvait pas se produire, mais nous savions qu'une capacité répressive serait nécessaire dans cette région de l'est de la Méditerranée.
Il s'agit de la première mesure qui a été prise. La possibilité de redéployer rapidement le navire en dit long sur la souplesse des forces navales et sur l'importance d'un déploiement avancé pour pouvoir intervenir dans des délais plutôt brefs. Il y a ensuite la capacité d'intégrer une structure de commandement de l'OTAN préétablie, très souple et polyvalente. La présence d'un navire de guerre canadien dans la mer Noire pour la première fois en 20 ans — 22 ou 23 ans — était en soi un événement important qui nous a permis comme nous le voulions d'affirmer notre solidarité. Nous avons collaboré avec les Américains, les Espagnols et d'autres partenaires dans une situation de combat au sein de laquelle les procédures, les communications et d'autres éléments étaient pleinement intégrés. Notre capacité à travailler avec de nouveaux partenaires et, en gros, à exporter nos compétences aux niveaux élémentaire et intermédiaire pour que les navires et leurs équipages effectuent des exercices de base témoigne grandement non seulement de nos compétences sur les plans technique et tactique, mais aussi, je crois, de notre solidarité stratégique.
J'aimerais revenir à une question précédente au sujet de l'état de préparation. En ce qui concerne les événements rapportés par les médias, je dirais tout simplement que, en tant qu'amiral responsable du calibre, de la qualité et de l'état de préparation du navire et de son équipage avant leur déploiement, j'étais persuadé qu'ils étaient prêts. C'est ce que j'ai signalé au lorsque les événements ont eu lieu, et je maintiens que je suis non seulement fier de la façon dont le navire mène ses opérations, mais aussi persuadé qu'il est prêt à servir le Canada sur la ligne de front.
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Je vais procéder catégorie par catégorie, mais j'aimerais d'abord répondre à la deuxième partie de votre question, car elle concerne l'ensemble des catégories.
Encore une fois, la mise à niveau des compétences est essentielle pour passer au travers des périodes de lacune. Il faut donc donner une formation ciblée, qui comprend une formation théorique traditionnelle de même qu'une utilisation accrue de la simulation. Enfin, et ce qui est plus important, il faut s'assurer que nos gens passent le plus de temps possible en mer.
Nous faisons exactement ce que j'ai dit en répondant à une autre question. Nous avons restructuré notre façon d'évaluer l'expérience des membres d'équipage. Contrairement à ce qui était fait auparavant, alors que nous examinions l'expérience de l'équipage dans son ensemble, nous procédons maintenant de façon individuelle pour nous assurer que chaque marin bénéficie des possibilités dont il a besoin. S'il y a lieu, un marin peut passer d'une catégorie à une autre pour obtenir l'expérience nécessaire.
Pour ce qui est des différentes capacités, auxquelles vous avez fait allusion dans votre question, je mentionnerais en premier la capacité de commandement et de contrôle pour un groupe de navires, qui a beaucoup évolué avec le temps. Cela se résume essentiellement à avoir l'espace et la technologie nécessaires dans un navire pour accueillir les fonctions de commandement et de contrôle. Au début du processus de modernisation de la classe Halifax, nous avons pris la décision délibérée de mettre à niveau les quatre premiers navires — le Winnipeg en faisait partie — pour corriger cette lacune, car nous savions que nous allions y faire face à un moment donné avant d'avoir la capacité de remplacement nécessaire.
Nous avons bon espoir que cette capacité nous permettra de suppléer à cette lacune. Comme je l'ai dit, la modernisation de la classe Halifax donne d'excellents résultats.
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Merci beaucoup d'être ici aujourd'hui pour nous aider à comprendre les enjeux auxquels vous êtes confrontés.
Dans vos notes, j'ai remarqué que la section sur les enjeux a été supprimée pour une raison ou une autre, mais il y en a manifestement beaucoup. Je fais allusion au document Évaluation des Forces navales, qui date de décembre 2013.
Voici les principales constatations énumérées dans ce document: le numéro 4 porte sur les enjeux liés à la « disponibilité opérationnelle »; le numéro 5 parle d'« une réduction de la capacité de la force »; le numéro 6 dit qu'on a « mis à rude épreuve les ressources [et] nui à l'atteinte des cibles »; la 8e principale constatation est que « la Marine sera obligée de faire davantage avec moins »; le numéro 10 signale que la directive a été révisée parce qu'elle n'était pas respectée pour ce qui est de « l'état matériel des navires »; et le numéro 13 affirme que « malgré les améliorations de l’efficience, le financement de la maintenance demeure insuffisant [...] ». Je vais parler du numéro 16 plus tard.
La MRC fait face à un énorme défi.
Je suis curieuse. Qu'est-ce que cela signifie quand la Marine dit qu'elle « sera obligée de faire davantage avec moins »? Pouvez-vous nous expliquer ce qu'on laisse de côté?
Nous savons qu'il y a eu des compressions budgétaires, mais il y a également eu d'importantes mesures de récupération planifiées. Pour les quatre dernières années seulement, elles représentent 3,5 milliards de dollars de crédits périmés. Plus de 23 % du budget d'immobilisations a été délibérément récupéré. Dans quelle mesure les défis auxquels vous êtes confrontés sont-ils attribuables à cette récupération?
Enfin, en ce qui a trait à la résolution des problèmes créés par la mise hors service prématurée de quatre navires, l'écart que vous avez mentionné — et vous avez parlé de capacité ou de formation —, je ferai remarquer que la constatation numéro 16 est que « le pourcentage de personnes formées lorsque les cours ont le nombre optimal d’inscriptions est de [seulement] 54 % », alors que la cible est de 90 %. De toute évidence, cela représente un énorme manque en matière de formation, ce qui signifie que l'écart pourra difficilement être comblé ainsi. Pouvez-vous nous dire de quelle façon vous allez vous y prendre, car vous êtes très loin de votre objectif?
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Je vais vous donner ce qui constitue selon moi l'exemple le plus flagrant, à savoir celui des pétroliers ravitailleurs d'escadre. C'est un domaine dans lequel nous pouvons travailler avec nos alliés, et c'est ce que nous ferons.
J'ai parlé plus tôt de la lacune concernant le commandement et le contrôle. La seule autre lacune dont je n'ai pas pu parler, et je peux peut-être profiter de cette occasion pour en discuter, est celle liée à la défense aérienne. La modernisation des frégates nous a permis d'améliorer leur capacité d'autodéfense. Il faudra toutefois renforcer la capacité de défense aérienne à plus longue portée qui était inhérente aux contre-torpilleurs. Je pense que c'est un secteur clé dans lequel les alliés joueront un rôle important à mesure que nous nous doterons de la nouvelle capacité, dont disposeront les navires de combat de surface au début ou au milieu de la prochaine décennie.
D'ici là, nous pouvons compter sur nos principaux alliés et sur leurs navires prêts au combat qui sont munis d'une capacité de défense aérienne renforcée. Nous menons régulièrement des opérations avec eux, ce qui nous renvoie à l'autre question au sujet de l'interopérabilité.
D'un point de vue canadien, l'élément clé pour avoir accès à cette capacité est d'être en mesure d'apporter notre contribution dans l'espace complexe de défense aérienne, et c'est précisément ce que nous faisons sur une base régulière. Nous sommes donc capables de prendre part en mer à ce qui constitue une situation de défense aérienne grandement intégrée dont la responsabilité est répartie.
En ce qui a trait plus précisément à la capacité de ravitaillement, nous étudions avec nos principaux alliés un large éventail de possibilités dans le cadre de ce que j'appelle une planification judicieuse. C'est ce que nous faisons régulièrement et ce que nous voulons continuer de faire dans les mois et les années à venir d'ici à ce que nous disposions d'une capacité qui est davantage délibérée et spécialisée. Nous en sommes encore à l'étape de l'analyse. Cela ne s'est pas révélé aussi positif que nous le pensions.
Ce qui est important de comprendre, c'est que cette capacité est une des plus convoitées et des plus rares chez nos alliés. Ils ne sont donc pas nombreux à pouvoir faire un ravitaillement en mer. En fait, c'est une activité qu'ils gèrent eux-mêmes très étroitement. Ils sont prêts à aider jusqu'à un certain point, mais il n'y a pas de solution miracle. Nous examinons encore certaines possibilités. Je ferai bientôt parvenir au ministre un document de synthèse portant sur certaines de ces possibilités.
À l'heure actuelle, on ne peut donc pas dire que notre flotte est opérationnelle, et ce, même si vous compensez sur le plan de la formation. En ce moment, l'Arctique est en train de fondre. On sait que l'espace maritime est en train de s'élargir et, comme vous l'avez dit vous-même, le scénario actuel est basé sur ce qui avait cours il y a 50 ans.
J'ai de la difficulté à comprendre, et ce, même si on tient compte des nouvelles technologies. Comment pouvez-vous affirmer qu'on est actuellement prêts, et ce, même avec les nouvelles technologies?
Vous pouvez peut-être me faire comprendre une chose. Si on a besoin de nouveaux navires avec de nouvelles technologies, c'est qu'en ce moment, ce besoin existe. Comment fait-on à l'heure actuelle, sachant que la voie maritime est beaucoup plus large qu'elle ne l'était il y a 50 ans et qu'elle le sera certainement beaucoup plus dans 50 ans? Nous savons tous que l'Arctique continue de fondre. Comment fait-on en ce moment? A-t-on recours à des sous-contractants? Travaille-t-on avec les Américains?
Vous avez beaucoup parlé de la formation. Outre cela, comment faites-vous pour être prêt sur le plan de vos capacités navales sur l'océan? Que faites-vous pour compenser à cet égard? En ce moment, vous n'avez plus de flotte complète, vous n'en avez que la moitié.
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C’est une excellente réponse, en particulier vos inquiétudes quant à la manière dont nous payerons le tout.
Nous avons discuté avant le début de la séance, et vous avez parlé de la Saint John Shipbuilding — qui se trouvait à une certaine époque dans le port —, de l’emballement-effondrement; et des coûts qu’a assumés le gouvernement pour accroître la construction de navires dans les années 1980 et la réduire. L’entreprise avait dit à l’époque qu’elle avait terminé. L’augmentation et la réduction de la construction imposent des coûts. Pourriez-vous nous en parler davantage, parce que c’est important?
En tant que député ministériel, je tiens à rappeler à la MRC et aux Forces canadiennes, ainsi qu’aux autres ministères, qu’il faut que les contribuables en aient pour leur argent en fin de compte. Je crois que la surveillance en ce sens échappe peut-être aux députés de l’opposition au comité, mais je suis d’avis que c’est important. Lorsque j’examine la manière dont les processus d’approvisionnement ont été menés par le passé quant à la construction navale en particulier, selon moi, la manière dont nous nous y prenons est la bonne manière de le faire. L’initiative s’étendra sur 25 ans, et cela représente le travail d’une génération. Nous éviterons avec un peu de chance l’effet d’emballement-effondrement.
Pourriez-vous nous parler un peu de cet élément, parce que c’est un très bon point, à mon avis?
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Je suis tout à fait conscient des contraintes de temps; je serai donc aussi bref que possible.
Je dirais que les navires de soutien interarmées, au regard des capacités qu’ils remplacent, sont comme le modèle flottant du magasin Canadian Tire, mais en mieux. C’est ce que permet la nouvelle catégorie Queenston: la capacité de ravitailler en mer les navires et les hélicoptères, d'acheminer des munitions et des secours humanitaires, d’embarquer des gens pour épauler n'importe quel type de mission et de commander et contrôler les troupes sur la terre ferme. Ces capacités sont très modestes, mais il s'agit d'une nette amélioration par rapport aux anciennes capacités.
Pour ce qui est des navires de combat de surface, si on examine les premiers pourparlers sur les exigences et la conception, je dirais qu’il s’agit d’un modèle hybride des capacités traditionnelles d’une frégate et d’un contre-torpilleur. En somme, nous envisageons de regrouper ces deux séries de capacités de manière à assurer une intervention évolutive et flexible à partir d'une seule plate-forme. Nous y ajouterions également des capacités de combat très robustes, ainsi que certaines des capacités supplémentaires non traditionnelles et non destinées au combat — c'est-à-dire pour des opérations autres que le combat —, capacités qui sont en ce moment très difficiles à fournir par l'entremise de nos plates-formes actuelles. Selon nous, ces capacités sont d'une importance vitale et, au bout du compte, elles accorderont au gouvernement une véritable souplesse.
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J’ai quatre questions. Je vais les poser d’un seul coup, sans trop m'éterniser là-dessus, pour vous laisser amplement le temps d'y répondre.
Je tiens toutefois à dire qu'à la lumière de votre observation sur l’importance cruciale de la prévisibilité en matière de planification, je ne vous demanderai pas de nous expliquer comment les récupérations fiscales délibérées de 10 milliards de dollars dans le budget d’immobilisations et les réductions d’environ 20 % des fonds de fonctionnement au regard de la stratégie en matière de défense se répercuteront sur votre capacité de prévision et de planification, parce que je peux déjà deviner la réponse.
Voici donc les quatre questions.
Premièrement, le ministère de la Défense nationale a refusé d’accorder au directeur parlementaire du budget un énoncé des besoins opérationnels pour les NPEA. Pourquoi?
Deuxièmement, les NPEA étaient censés être livrés depuis l’année dernière. Aujourd’hui, vous dites qu’ils seront livrés entre 2018 et 2025, en fonction du calendrier de livraison. Pouvez-vous faire le point sur l'échéancier prévu à l’heure actuelle et nous dire si cela signifiera une augmentation du budget, une diminution des chiffres ou une réduction des capacités qui seront livrées, conformément aux options définies par le directeur parlementaire du budget?
Troisièmement, dans le cas du projet de navires de combattant de surface, dont vous venez de parler, il y a un retard de sept ans. On avait initialement annoncé une livraison en 2012, et maintenant, on prévoit que la livraison aura lieu en 2019. Je suppose que cela approche à grands pas. Selon le rapport sur le rendement du ministère, une décision — ou une mise à jour — devait être fournie le mois dernier, mais rien n’a encore été annoncé. Pouvez-vous nous dire si cela signifie un autre retard dans le calendrier?
Quatrièmement, je veux donner suite à la discussion sur les navires de soutien interarmées. Vous avez vous-même dit que la capacité de ravitaillement pose un défi de taille. Nous ne pouvons pas dépendre de nos alliés, parce que la capacité est restreinte. Que comptez-vous faire pour régler ce problème? Recommandez-vous que le gouvernement loue des navires commerciaux ou militaires auprès d’autres pays, comme les médias l'ont rapporté?