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Merci, monsieur le président.
Merci, mesdames et messieurs, de me permettre de comparaître devant vous. C'est pour moi un honneur.
Mon nom est Charles Barlow. Je suis un ancien officier militaire. J'ai dirigé l'équipe d'intervention du renseignement d'Afghanistan, l'équipe nationale pour l'Afghanistan au ministère de la Défense nationale. Ils m'ont envoyé pas mal partout où le Canada a envoyé des gens au cours des 20 dernières années.
Je suis ici pour vous parler un peu des UAV, alors je vais commencer par vous faire un bref historique.
Lorsque la Grande-Bretagne est entrée dans la Première Guerre mondiale, il y a environ 100 ans, elle disposait de quelque 100 aéronefs militaires en service. À la fin de la guerre, elle en comptait 22 000. Le nombre de véhicules aériens sans pilote ou UAV a aussi augmenté dans des proportions semblables. Lors des attaques du 11 septembre 2001, l’armée des États-Unis avait 54 UAV en service, mais le nombre de ces appareils était passé à plus de 4 000 en 2010. Les Forces aériennes des États-Unis forment désormais plus de pilotes d’UAV que de pilotes de chasseurs et de bombardiers réunis. C’est là une révolution qui a commencé aux États-Unis et a gagné Israël, mais dans laquelle le reste du monde s’efforce d’entrer. Bien sûr, il ne s’agit pas que d’une révolution militaire. Amazone et Google veulent livrer leurs colis par UAV, alors que Facebook et Google envisagent d’utiliser des drones capables d’amener Internet dans les régions éloignées.
Il faut savoir que très peu de pays produisent des avions de chasse, mais que plus de 60 pays produisent des UAV, sous une forme ou une autre. Même si, en réalité, les UAV sont pour la plupart plus petits que des jouets, plusieurs nations ont développé ou sont en train de mettre au point des systèmes armés de niveau stratégique.
Les UAV varient grandement en taille et en capacité, et il existe plusieurs façons de les catégoriser. Je vais vous faire grâce des différentes méthodes de classification et vous parler plutôt des bons vieux usages militaires qu’on peut faire de ces appareils sur les plans tactique, opérationnel et stratégique.
Les UAV tactiques sont de petite taille. Ils sont manoeuvrés par une ou deux personnes, se transportent aisément dans un véhicule ou même un sac à dos et sont destinés à de petites unités. Ces systèmes tactiques sont généralement non armés, bien qu’il existe quelques systèmes armés. Ils sont de courte portée et transmettent les données qu’ils recueillent directement à leurs utilisateurs. Ils ressemblent beaucoup aux systèmes disponibles sur le marché qu’utilisent l’industrie, le secteur de l’agriculture et les amateurs en général.
L'Aeryon SkyRanger est fabriqué à Waterloo, en Ontario. C’est un leader mondial dans la catégorie des UAV de très petite taille.
Les UAV opérationnels sont plus gros. Ils sont pilotés depuis des quartiers généraux de campagne ou des navires de guerre, et je sais que M. Glenn va pouvoir vous en parler plus en détail. Il faut y affecter une équipe d’opérateurs spécialisés et d’employés de maintenance. Eux aussi sont généralement non armés, mais ils peuvent être utilisés pour traverser des frontières. Les données qu’ils compilent sont essentiellement utilisées localement, mais peuvent également être envoyées au commandement national.
De tels systèmes ont été utilisés par les Forces canadiennes en Afghanistan et sur nos navires de guerre. On utilise un UAV français à Kaboul, et un ScanEagle sur un de nos navires de guerre.
Quant aux UAV stratégiques, ils sont encore plus gros. Nous parlons ici de systèmes comme les fameux Predators et Reapers. Ceux-là sont généralement armés et souvent utilisés pour traverser les frontières; il faut y consacrer des ressources importantes pour assurer leur fonctionnement, leur utilisation et leur maintenance, et ils sont habituellement exploités à l'échelle nationale. Les États-Unis et Israël sont les plus en avance en ce qui a trait à la mise en service d’UAV armés stratégiques ayant la capacité de frapper loin dans un autre pays. Plusieurs autres pays, dont la Turquie, la Chine et l’Iran, travaillent à élaborer des systèmes comparables. Le Blue Shark chinois, par exemple, qui n’est pour l’instant qu’à l’étape de la conception, a été présenté dernièrement dans un spectacle aérien chinois en train d’attaquer un porte-avions indien. Il y a des démonstrations semblables de cet UAV chinois en train d’attaquer des groupes de porte-avions américains au large de la Taïwan.
Bien qu’ils n’en soient encore qu’au stade de la théorie, une fois mis en service, ces UAV stratégiques seront vendus à un large éventail de pays. Autrement dit, dans la prochaine décennie, nous allons probablement voir proliférer les systèmes stratégiques, particulièrement au Moyen-Orient.
Israël, au Moyen-Orient, a été le premier pays important à se doter d’UAV. Il est d’ailleurs un précurseur dans ce domaine, puisqu’il a commencé à utiliser ces systèmes à la fin des années 1970. Israël a mené des attaques de drones dans les territoires palestiniens, et il existe des rapports non confirmés faisant état de frappes de drones israéliens en Somalie et au Sinaï égyptien. D’autres ont aussi lancé des attaques de drones, comme le Royaume-Uni, mais ce sont bien sûr les États-Unis, actuellement, qui font plus d’attaques de drones que tous les autres pays réunis.
Selon le Bureau of Investigative Journalism, l’Afghanistan est le territoire où les attaques de drones sont les plus meurtrières, puisqu’environ le quart de toutes les frappes menées par l’OTAN dans ce pays en 2011 ont été faites au moyen de drones stratégiques. Si les drones sont si populaires, c’est parce qu’ils permettent de repérer une cible des heures avant de faire feu, et même des jours avant, ce qui donne le temps de confirmer que la cible est un objectif militaire et permet de minimiser les pertes civiles. Le risque est une autre raison d’utiliser des UAV plutôt que des aéronefs. En bref, quand un drone tombe, son pilote n’a plus qu’à remonter dans son camion et rentrer.
Donc, aux premiers stades d’un conflit, lorsque nous faisons la mise hors de combat des moyens de défense aérienne de l’ennemi, il est tout à fait logique de lancer des frappes de drones. Mais c’est l’étrange capacité des UAV à traverser les frontières sans soulever trop de colère qui a rendu l’utilisation de ces appareils fort efficace dans quelques-unes des régions du monde les plus difficiles d’accès. Par exemple, ce n'est que du côté afghan que les soldats américains peuvent accéder aux territoires pachtounes qui chevauchent la frontière séparant l’Afghanistan du Pakistan. Du côté pakistanais, les talibans contrôlent une grande partie des zones tribales.
Cela a donné lieu à une situation bizarre dans laquelle les États-Unis ciblent des talibans pakistanais et des combattants arabes en utilisant des drones. Ce n’est pas parce que leur force aérienne est incapable de mener ces frappes, mais parce qu’il est beaucoup plus acceptable pour presque tout le monde de voir des drones non identifiés survoler le Pakistan plutôt que des avions à réaction de l’aviation américaine. Cela vaut aussi pour le Yémen et la Somalie, où d’autres frappes de drones américains ont été abondamment rapportées.
Il y a ici la première diapositive contenant une vidéo, alors je vais la décrire rapidement. C'est une vidéo tournée avec une photomitrailleuse, très grenée, d'un petit bâtiment qu'on fait exploser dans le désert. Nous sommes habitués à voir ce genre de vidéos sur les drones — l’image d’une cible dans le collimateur suivie invariablement d’une explosion. Mais celle-ci est différente. Elle a été diffusée par le groupe libanais Hezbollah, en septembre de cette année. Le groupe prétend avoir frappé une cible du Front Al Nusra, une cible sunnite, en Syrie, au moyen d’un UAV armé. Si c’est vrai, le drone est presque à coup sûr de fabrication iranienne.
J’ignore si cette vidéo est authentique ou truquée, et l’Iran a fait des déclarations incroyables sur les avancées de ses programmes d’UAV, mais au bout du compte, cela importe peu. Si ces programmes ne sont pas encore au point, ils le seront bientôt.
Des dizaines de pays font déjà voler des UAV opérationnels, et ils s’en servent. Un UAV iranien, par exemple, s’est approché d’une base américaine en Irak en 2007. Des UAV iraniens portant les couleurs du Hezbollah ont déjà pénétré l’espace aérien israélien au moins cinq fois — et n’oublions pas que le Hezbollah est une force qui ne possède aucun autre type d’aéronef.
Les UAV tactiques sont les plus nombreux dans le monde. Ils servent à la reconnaissance militaire, à l’agriculture et même à la préparation de descriptions très détaillées de propriétés. Ils sont utilisés essentiellement pour prendre des vidéos HD et des choses de ce genre.
Des groupes qui nous sont hostiles se mettent à adopter les UAV tactiques. En 2011, le FBI a arrêté un diplômé en physique américain — ce monsieur qui apparaît ici — parce qu’il se préparait à attaquer le Capitole et le Pentagone au moyen d’un aéronef télécommandé bourré d’explosifs.
Enfin, l’EIIL, ou le groupe État islamique, a diffusé une vidéo de ce qu’il prétend être ses UAV volant au-dessus de Mossoul, en Irak, et de Raqqa, en Syrie. Ils ont utilisé les images ainsi recueillies pour planifier l’attaque.
Pour le Canada, cela signifie que les pays avancés comme le nôtre n’ont plus la capacité exclusive d’obtenir des images du champ de bataille pratiquement en temps réel. Nos ennemis, même ceux qui disposent de moyens limités, sont de plus en plus capables de nous observer. Par ailleurs, les UAV permettront à un nombre grandissant de pays et à certains acteurs non étatiques de mener leurs propres attaques de drones.
En guise de conclusion, je dirais que l’utilisation d’UAV de toutes tailles dans les conflits un peu partout sur la planète est déjà une réalité, et que la présence de ces drones ne fera que s’accroître avec le temps. On retrouve déjà sur le théâtre des opérations des flottes mixtes d’aéronefs pilotés et non pilotés, et les humains en viendront à se battre aux côtés et contre des systèmes robotisés comme les UAV. Nous devons examiner à la fois notre capacité UAV offensive et notre capacité à contrer les UAV militaires d’autres pays et d’acteurs non étatiques.
Je vous remercie de votre attention et je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
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Parfait. Merci beaucoup, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les membres du comité, c'est pour moi un privilège de m'adresser à vous aujourd'hui.
ING Robotic Aviation, anciennement ING Engineering, a acquis une vaste expérience du pilotage d'UAV avec l'Armée canadienne et la Marine royale du Canada, au cours des six ou sept dernières années. À compter de 2008, nous avons effectué très efficacement des vols opérationnels en Afghanistan avec de la technologie américaine. Nous avons accumulé quelque 30 000 heures et, vers la fin, nous envoyions trois aéronefs survoler nos troupes canadiennes pendant la journée, puis nous les ramenions et en faisions décoller deux autres le soir. Nous avons fait cela jusqu'à la fin des activités de combat.
Nous avons eu la chance d'être sollicités pour offrir le même soutien à nos frégates dans l'océan Indien, de 2011 jusqu'à septembre dernier.
Cette histoire est assez unique. Nous sommes réellement aujourd'hui le leader au Canada, tant comme fournisseur de services que comme producteur de technologies de ce genre. Nous bénéficions d'une grande reconnaissance alors que, sans laisser de côté la défense, nous faisons notre entrée dans cinq autres secteurs: l'exploitation pétrolière et gazière, l'exploitation minière, les services, l'exploitation forestière et l'agriculture de précision. Plusieurs de ces secteurs sont aussi importants pour le comité, car ils sont des éléments d'une infrastructure essentielle. Nous avons actuellement une capacité de sortie sans précédent. J'ai fait le total des heures de vol pour notre pays, et cela donne l'équivalent d'environ 81 tours du monde. C'est une expérience assez impressionnante.
Nous avons récemment reçu une reconnaissance importante de l'IEEE, en tant que société technologique de pointe à Ottawa, ainsi que de l'association nationale, qui nous a décerné le prix de l'organisation avec la NASA et Transports Canada.
Aujourd'hui, je veux surtout vous donner mon opinion sur la mauvaise orientation que les Forces armées canadiennes sont en train d'adopter.
Par comparaison avec ce qui se produit dans le reste du monde — et M. Barlow a très bien résumé ce qui arrive dans le reste du monde — pour un pays comme le nôtre, faire plus avec moins est une affaire du quotidien. Nous sommes très inventifs et, dans mon entreprise, nous faisons preuve d'inventivité pour créer des solutions économiques.
Nous avons l'enjeu de la géographie, au Canada, ce qui signifie que nous avons besoin de déployer de nombreux systèmes en des endroits très divers pour bien faire le travail. Nous avons vu les coûts élevés de certains des drones destinés à des usages militaires, surtout ceux qui sont fabriqués par nos frères situés au sud de la frontière et ailleurs dans le monde. Ces drones ne sont donc peut-être pas la bonne solution pour assurer une bonne surveillance.
Encore là, M. Barlow a souligné que l'armée américaine a 5 000 aéronefs robotisés — je dirais 7 000. La Luftwaffe a indiqué avoir comme politique de se débarrasser de ses aéronefs pilotés. L'armée portugaise utilise une flotte de drones pour surveiller son espace aérien maritime, lequel s'étend jusqu'aux Açores. Les forces de défense kényanes utilisent certains de nos dispositifs avec d'autres dispositifs au quotidien pour surveiller la frontière agitée du côté de la Somalie.
Alors, que faisons-nous au Canada? Eh bien, je dirais que l'Aviation royale du Canada — en disant cela, je pense à l'émission Royal Canadian Air Farce, et je m'en excuse sans tarder, puisque ceci est public, auprès de mes amis qui portent le bleu pâle — n'a pas vraiment un système ou un programme crédible permettant cette capacité. Nous avons de nombreuses fois vu le report du programme JUSTAS. La Marine royale du Canada a abandonné sa capacité et compte concevoir quelque chose pour 2021. L'Armée canadienne a des dispositifs simples qu'on lance pour le travail de rapprochement, mais n'a rien pour la persistance.
Bien entendu, nos gens des SOF ont une capacité minimale, et j'ai vu dans les médias qu'ils cherchent à acheter des plateformes de surveillance avec pilotes.
J'aimerais me concentrer sur deux domaines pour lesquels les technologies de l'aviation robotisée pourraient jouer un rôle. Le premier serait la recherche et le sauvetage dans l'Arctique.
Cette diapositive montre seulement que nous menons des activités partout au Canada sur le plan opérationnel et sur le plan des exportations.
Le Canada a signé une entente distincte avec les nations de l'Arctique pour améliorer sa capacité de recherche et de sauvetage dans le Nord. Avec un aéronef robot, il est notamment possible d'effectuer un vol de reconnaissance sans mettre personne en danger. Cela signifie que la personne responsable peut prendre de plus grands risques dans l'exploration et la surveillance sans avoir à risquer la vie des autres. Nous avons constaté que c'était utile dans plusieurs cas, que ce soit dans l'Arctique ou ailleurs au Canada. Je sais que lorsqu'il faut parcourir 3 000 kilomètres avec un aéronef de recherche et de sauvetage juste pour pouvoir se rendre dans une région avant de commencer à chercher où Bob s'est écarté de la piste ou l'endroit où son VTT ou sa motoneige est tombée en panne, ce n'est peut-être pas la bonne réponse. On peut séparer la recherche des activités de sauvetage. C'est le premier point.
On peut entamer des recherches rapidement à partir d'une collectivité lorsqu'on a accès à un aéronef robot à l'échelle locale. Ils sont persévérants et on peut compter sur le savoir local. On peut même, par exemple, larguer des fournitures d'urgence. C'est une capacité très utile. Des aéronefs robots intelligents peuvent décoller à partir de la collectivité et, dans le Nord, les Rangers peuvent s'en charger. C'est la première chose dont je voulais parler. Le gouvernement peut maintenant le faire, car la technologie nécessaire a été mise au point. De plus, cela coûte une fraction du coût lié aux satellites requis pour communiquer avec le gros drone. Il suffit de peut-être moins de 25 millions de dollars par année pour toutes les collectivités du Nord. L'avantage, c'est que lorsqu'on mène des activités de surveillance, par définition, on exerce également sa souveraineté.
La deuxième chose dont j'aimerais parler concerne les interventions en cas de catastrophe. Encore une fois, on a cette capacité d'utiliser un robot pour effectuer un vol de reconnaissance et fournir une aide immédiate dans certains cas. Dans la plupart des catastrophes, les renseignements dont on dispose sont désuets ou inexacts, car il y a eu des glissements de terrain ou les routes ont changé ou les rivières sont sorties de leur lit. Les membres d'une équipe d'intervention doivent pouvoir comprendre exactement les caractéristiques de la situation dans laquelle ils se rendent. C'est à ce moment-là que la cartographie par robot peut créer rapidement des cartes très détaillées. Voici un exemple de ce que nous avons fait pour la collectivité de Kuujjuaq, une collectivité inuite dans le Nord du Québec. À gauche, vous pouvez voir des modèles bidimensionnels et tridimensionnels que nous avons été en mesure de réaliser à partir des renseignements recueillis lors d'un vol de 15 minutes. Cette capacité de réagir rapidement, de cartographier la région touchée par une catastrophe et de fournir des renseignements détaillés aux divers intervenants, qu'ils soient civils ou militaires, est essentielle. En fait, si on souhaite couvrir de grandes régions, notre aéronef Serenity, qui peut voler pendant plus de huit heures, peut cartographier une région avec une résolution de 20 centimètres. C'est beaucoup plus précis que les cartes par satellite. Ce sont des renseignements très utiles. Nous pouvons cartographier 200 kilomètres carrés pendant un seul vol de huit heures. C'est une capacité qui n'existait pas auparavant, car ce n'était pas efficace sur le plan économique ou cela posait un risque pour l'environnement. Maintenant, on peut déployer des équipes.
En ce qui concerne les budgets et la façon de procéder au Canada, notre aéronef robot appelé Responder, c'est-à-dire l'hélicoptère, coûte le même prix qu'un avion F-150 tout équipé.
L'aéronef à voilure fixe que vous voyez ici peut être emballé dans sept boîtes et placé dans un avion-cargo d'Air Canada, être amené sur place et être utilisé immédiatement, et il coûte environ le même prix qu'un camion-nacelle. Il s'agit de solutions efficaces sur le plan économique qui ont été conçues par des Canadiens, ici au Canada. Même la chaîne logistique de ces deux systèmes — le premier étant électrique, celui-ci fonctionnant à l'essence... Il consomme le combustible à un taux de moins d'un demi-litre par heure, contrairement à un hélicoptère, qui doit toujours passer par les dépôts de carburant et qui entraîne des coûts sur le plan environnemental lors des déplacements.
À mon avis, des organisations comme l'EICC, c'est-à-dire l'équipe d'intervention en cas de catastrophe, ont certainement besoin de ce type de capacité. En fait, c'est la raison pour laquelle nous avons équipé des réservistes partout au pays avec ce type de technologie qui nous offre une grande capacité d'intervention en cas de catastrophe naturelle, d'atteinte à la souveraineté et de situation de recherche et sauvetage, et qui nous permet d'être prêts à défendre l'Amérique du Nord.
Monsieur le président.
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Merci, honorable député.
Je ne crois pas être qualifié pour parler des coûts des systèmes relatifs. Au Canada, nous n'utilisons pas...
Le Predator, par exemple, est un système de 22 millions de dollars. Comparativement à un aéronef de combat, il est très rentable. Toutefois, il n'a pas les mêmes capacités qu'un aéronef de combat. On n'a pas encore réussi à faire cela.
Toutefois, que nous achetions le F-35 ou non, l'avion de combat que nous achèterons sera probablement le dernier, car 30 ou 25 ans plus tard, lorsqu'il sera temps de remplacer la flotte aérienne, ce sera par des aéronefs sans pilote. Je crois que cela ne fait aucun doute.
Je ne crois pas que nous soyons rendus à l'étape où les véhicules aériens téléguidés peuvent prendre la relève, mais comme je l'ai expliqué très brièvement dans l'exposé, ils peuvent se rendre dans des endroits inaccessibles aux appareils traditionnels. Ils peuvent également survoler pendant une plus longue période et surveiller une cible beaucoup plus longtemps qu'un pilote normal. Ils ne sont pas encore prêts à combattre de la même façon qu'un avion de combat.
Mais je comprends cela, monsieur.
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C'est plus difficile pour vous si je réponds en français.
J'ai eu le privilège, hier matin, d'apparaître à l'émission The Current, au cours de laquelle Anna Maria Tremonti m'a questionné sur ce sujet, et le problème qui se pose dans le milieu commercial, c'est que les pilotes commerciaux sont préoccupés par la prolifération des drones. C'est un problème, et Transports Canada a complètement modifié les règlements visant les appareils de moins de 2 kilogrammes et ceux de 2 à 25 kilogrammes. Essentiellement, on peut maintenant les faire voler, et on peut donc envoyer une unité de réserve en vol dans la ligne de vision, c'est-à-dire que quelqu'un surveille la circulation aérienne, et on peut faire voler les appareils. Mais on ne peut pas le faire en ce qui concerne le MDN, car le MDN a une autre série de règlements, et n'oubliez pas que le ministre des Transports et le ministre de la Défense ont le même rang en vertu de la Loi sur l'aéronautique.
Cela dit, la vraie réponse, c'est qu'en Amérique du Nord, et surtout au Canada — ce qui nous intéresse — il y a 37 000 aéronefs. Nous avons vraiment besoin de l'équivalent de l'application Find my Friends, c'est-à-dire celle qui se trouve sur votre iPhone. La technologie existe effectivement — c'est une différente technologie avec un nom différent — et je l'appelle « transpondeurs pour tous », et je l'ai dit à la ministre Lisa Raitt. C'est ce dont nous avons besoin dans les airs. C'est la règle pour tous les nouveaux aéronefs en Australie. C'est la règle depuis 15 ans en Alaska. Au Canada, si nous installions des transpondeurs sur chaque aéronef, non seulement pourrions-nous réduire de façon spectaculaire les incidents provoqués par l'erreur humaine — en Alaska, cette réduction a été de 40 à 70 % — mais cela permettrait également d'utiliser avec succès les aéronefs robots dans toutes les missions, qu'elles soient civiles ou liées à la défense, et encore une fois, c'est...
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Je vous ai parlé de cet individu aux États-Unis qui préparait une attaque contre le Capitole. Je crains fort que nous ayons à composer pendant le reste de nos vies avec ce genre d'attaques faisant appel à des appareils télécommandés. C'est tout simplement inévitable.
Pour ce qui est des capacités de nos ennemis, je me souviens que lorsque Google Earth a fait son apparition, les gens de la Défense ont réagi en se disant que la plupart des autres pays n'avaient jamais eu accès auparavant à l'imagerie satellite qui était désormais à la portée de tous nos ennemis.
Ce sera la même chose avec les drones. Non seulement le fait-on déjà actuellement, comme nous avons pu le constater en Afghanistan alors que des avions de série très rudimentaires nous survolaient avec une caméra attachée sous la carlingue, mais le tout deviendra de plus en plus sophistiqué. On peut d'ores et déjà se procurer d'excellents robots non assujettis à l'ITAR sur certains sites Web. De plus en plus d'individus mal intentionnés vont y avoir recours, comme je vous l'indiquais pour les vidéos de l'État islamique en Syrie.
La prolifération de ces dispositifs nous amènera également... Les drones sont déjà actifs et font leur travail. Si on utilise un drone pour livrer de la pizza, il va aussi recueillir des données sur le vent, des images et toutes sortes d'autres renseignements.
D'ici cinq ou huit ans, on pourra voir s'étendre un équivalent de Google Earth en temps réel dans certains secteurs de la planète qui seront survolés par de nombreux drones qui transmettront leurs données.
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Nous sommes déjà capables de faire certaines choses. Nous explorons nos différentes possibilités.
En fin de compte, je dis à mes employés que nous ne sommes pas là pour épater la galerie à la foire aérienne. Pour ma voilure fixe et mon giravion, je leur donne cinq critères de conception: l'appareil doit pouvoir voler aussi longtemps que possible, aller aussi loin que possible, transporter la charge la plus lourde possible, ne pas s'écraser, et être très facile à opérer. Pour autant que ces cinq critères soient respectés, ils peuvent se montrer créatifs et innover. Cela permet généralement de régler beaucoup de problèmes.
Chaque nouvelle journée nous réserve une innovation dans tous les aspects de toutes nos activités, que ce soit pour traiter plus rapidement les images, mieux communiquer entre nous ou voir les choses plus clairement. Il s'agit maintenant pour nous d'adapter ces possibilités aux besoins de chacun de nos clients.
Vous vouliez par ailleurs savoir si nous étions en mesure d'être des chefs de file en la matière. J'ai déjà discuté de ces enjeux avec les gens d'Industrie Canada et je pense qu'il convient de se demander quand ce pays connaîtra sa prochaine percée technologique. Nous avons vu ce que nous avons été en mesure de faire dans le secteur des télécommunications. Nous avons déjà réalisé pas mal de choses et nous avons les ressources pour poursuivre dans le même sens.
Quelles seront les innovations de Bombardier dans le secteur de l'aviation qui seront considérées comme des percées? Qu'allons-nous nous-mêmes pouvoir réaliser?
Notre pays est un chef de file du secteur de l'aviation depuis aussi longtemps que l'aviation existe. Nous avons montré la voie pour les pilotes de brousse, la formation pour la Deuxième Guerre mondiale et différentes autres avancées. Nous avons maintenant la possibilité de faire la même chose avec l'aviation robotisée.
Mon entreprise est à l'avant-garde de ce secteur, et il y a des poursuivants à mes trousses, ce qui est formidable. Il va de soi que le Canada est un leader mondial en la matière, et je sais que c'est l'un des éléments qui a incité la ministre Raitt à améliorer les conditions du marché commercial pour nous permettre d'en faire encore davantage.
Premièrement, pour résoudre de multiples problèmes, il faut adopter différentes approches. C'est pourquoi j'ai un giravion et une voilure fixe. La voilure fixe me donne de la persistance, et j'ai une intervention tactique immédiate sur environ 10 kilomètres. Dans chaque cas, il est plus sécuritaire d'utiliser un robot que de recourir à des gens. L'an dernier, il y a eu un accident causant la mort lorsque l'un de nos navires de la Garde côtière était en train de faire le relevé tactique des glaces. Cela pourrait se faire aujourd'hui à l'aide d'un aéronef robotisé. C'est tout simplement comme cela.
De plus en plus de navires traversent le passage du Nord-Ouest, et on me l'a proposé il y a des années. Des pilotes de port circulent dans nos ports. Notre pays est en mesure de dire aux gens qui veulent traverser que nous avons de nouveaux règlements et que s'ils veulent traverser notre passage du Nord-Ouest, il faut que le pilote de port ait cette technologie. Cela pourrait être en fait une responsabilité autochtone, à partir de robots qui sont basés dans leurs collectivités.
Ce qui est particulièrement intéressant, c'est que nous offrons la reconnaissance tactique des glaces aux navires. Ils peuvent aller plus vite, leurs tarifs d'assurance sont moins élevés, et nous gardons un oeil sur tout ce qu'ils font. Si par inadvertance, il y a un pompage des cales, par exemple, nous serions capables de le voir. Si un incident se produit, nous avons immédiatement de l'information à ce sujet. Toute autre personne au pays qui est responsable d'effectuer le travail du volet de sauvetage ou de l'intervention aurait des renseignements précis.
Il n'est pas nécessaire d'acheter une chose, car on ne peut pas tout résoudre avec une seule chose. Et on n'a pas à le faire. L'avantage, c'est qu'on n'a pas à le concevoir pour le transport d'une personne.
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Les satellites civils s'améliorent. L'écart entre les satellites militaires et civils est en train de disparaître au point où je sais qu'on est en train de se demander s'il sera même nécessaire d'avoir un système par satellite militaire au bout du compte, car la technologie s'améliore. Toutefois, si c'est nuageux, les satellites ne peuvent pas très bien voir à travers les nuages. Encore une fois, on revient à un type d'aéronef, avec ou sans pilote, qui peut voler sous les nuages et voir la situation.
Les satellites ont fondamentalement changé la façon dont le monde fonctionne, en fait, avec Google Earth et tout le reste. Toutefois, ils ne remplacent pas ce qui est utilisé pour le travail de rapprochement, et ne seront jamais vraiment en mesure de le faire. Il est également vraiment très difficile de réassigner un satellite. Les satellites font ce qu'ils ont à faire, et si l'on a besoin d'un satellite au-dessus d'un endroit et qu'il ne fait pas cela immédiatement, alors c'est tant pis. C'est ainsi que les choses fonctionnent. Ce n'est pas comme dans les films, dans lesquels on peut suivre Will Smith partout.
Une voix: Ce n'est pas ainsi que les choses fonctionnent.
M. Charles Barlow: Non, mais on peut le faire avec un aéronef...
Je me rappelle d'un appel que nous avions reçu une fois, quand j'étais à la Défense. C'était une situation où on avait fait un envoi par camion en Alaska, qui avait disparu le long de la route de la côte. L'homme n'avait simplement pas appelé. Nous avons donc communiqué avec le détachement local de la GRC pour lui demander s'il était possible de conduire sur la route pour voir si le camion s'y trouvait. L'homme nous a répondu que ce serait fait et qu'il nous reviendrait là-dessus « d'ici au moins deux jours ».
Cela m'a montré à quel point... Je viens d'Ottawa. Je conduis d'ici au quartier Glebe, où j'habite. Quand on commence à avoir une idée de la superficie du pays et de notre capacité d'intervenir, de faire des milliers de milles en avion... Les gens de la GRC ont dit ceci: « nous patrouillons habituellement sur cette route toutes les deux semaines, mais nous allons envoyer aujourd'hui une personne qui fera le trajet pour vous, mais vous n'aurez pas de réponse avant plusieurs jours ». Cela signifie que si l'on a un UAV ou un aéronef avec pilote, mais économique, on peut lancer cette chose en l'air et avoir une réponse en quelques heures.
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Le monde accuse un retard important sur le volet défensif par rapport au volet offensif des UAV.
Par exemple, il y a deux ou trois mois, on a trouvé en Corée du Sud deux UAV qui s'étaient écrasés. Ils provenaient de la Corée du Nord. Il s'agissait de toutes petites choses, mais ils avaient filmé le palais présidentiel et quelques installations militaires. L'événement a provoqué des réunions de crise au cabinet et toutes sortes de choses.
Les Sud-Coréens veulent maintenant acheter un système de radars de pointe, car c'est ce qu'il faut utiliser pour trouver de très petits appareils, et ils veulent également construire un système de défense. Il s'agira d'un vaste programme. Les Américains — la DARPA, ou Defense Advanced research Procurement Agency — travaillent à mettre au point toutes sortes de solutions, comme des appareils qui contrent des drones, mais c'est un grand problème. Des gens se servent de petits UAV pour larguer de la drogue dans des prisons au Canada. Ils survolent la prison, laissent tomber les drogues et repartent.
Il n'existe pas de bons systèmes de contre-mesure à cet égard. On ne peut pas brouiller les fréquences, car la plupart du temps, ils utilisent les fréquences régulières. Une prison, par exemple, ne peut pas brouiller toutes les fréquences. C'est un problème qui n'est pas encore tout à fait réglé. Récemment, nous avons également vu une vidéo dans laquelle on voit des gens faire voler de petits UAV près d'un aéronef à Toronto et à Vancouver dans la trajectoire de vol. Il nous faut des systèmes de contre-mesures et il en faut un au gouvernement. Comme l'a dit M. Glenn tout à l'heure, il est difficile d'acheter de nouvelles choses. Il est vraiment difficile d'en acheter jusqu'à ce qu'un incident majeur impliquant un UAV se produise; tout le monde fera alors tout ce qu'il peut pour trouver un bon système de défense.
Vos propos sur l’avenir avec ces technologies me fascinent. On pourrait utiliser ces appareils à des fins militaires… Si l’on pouvait utiliser ces appareils pour effectuer la surveillance de notre territoire océanique, quel serait l’impact sur les grands projets dispendieux de remplacement d’équipement? Si un nouveau gouvernement prend le pouvoir, serons-nous confrontés…? Par exemple, en 2003, le remplacement des avions de recherche et de sauvetage était une priorité. En 2013, ce l’était toujours. D’ailleurs, selon le vérificateur général, c’était urgent. Ah oui, j’oubliais, c’est la faute du gouvernement libéral précédent. Donc, après neuf ans au pouvoir, le gouvernement actuel n’a rien fait dans ce dossier. Mais, aurons-nous besoin d’autant d’avions de recherche et de sauvetage si la recherche peut se faire à l’aide de drones?
L’autre question qu’il faut se poser, c’est, si nous faisons de la patrouille à l’aide d’aéronefs robotisés, aurons-nous besoin de patrouilleurs hauturiers pour patrouiller de vastes territoires dans la mer de l'Arctique? Encore une fois, ce projet a été reporté à maintes reprises et le premier navire pourrait ne pas être disponible avant encore quatre ans. Mais si l’on continue de reporter ce projet, ça pourrait être encore plus long. Ces patrouilleurs seront-ils obsolètes lorsqu’ils sortiront de la chaîne de montage?
Ce que vous proposez est beaucoup moins coûteux. Ces avions et navires sont dispendieux. Aurons-nous besoin de ces deux types de véhicules ou les drones pourraient-ils en remplacer quelques-uns?
Merci à vous deux d’avoir accepté notre invitation.
La période des questions est terminée, mais, habituellement, le président peut poser quelques questions à la fin, s'il le désire.
Je dois admettre, monsieur Glenn, que je suis ravi de vous entendre dire que des drones ou des aéronefs robotisés pourraient être basés dans les collectivités, notamment celles du nord. Je pense à Burton Winters, un jeune homme de 14 ans, qui est décédé au large des côtes de Makkovik. Nous connaissons le temps de réponse, combien de temps il faut aux équipes pour se rendre de Trenton à Resolute Bay ou de Gander ou Greenwood au Labrador.
J’imagine qu’il serait très pratique, selon vous, que vos appareils Responder ou autres aéronefs soient basés dans les collectivités, que les Rangers soient formés sur leur utilisation et qu’ils soient utilisés pour la collecte de données. Est-ce faisable?