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Bonjour, chers collègues. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous continuons notre étude des soins offerts aux membres des Forces armées canadiennes malades ou blessés.
Durant la première heure, nous aurons trois témoins: Marc Fortin, sous-ministre adjoint, Sciences et technologie, ministère de la Défense nationale; le lieutenant-colonel Roger Tremblay, chef de projet, protection du personnel, Recherche et développement pour la défense Canada; et Sanela Dursun, directrice, Soutien au personnel et aux familles (Recherche), Recherche et développement pour la défense Canada.
À la fin de la première heure et avant de passer aux témoins suivants, nous nous pencherons sur la motion de M. Williamson, dont vous avez reçu le préavis.
Ensuite, pendant la deuxième heure, nous entendrons Harvey Moldofsky, professeur émérite, département de psychiatrie, faculté de médecine, Institut de la science médicale, Université de Toronto.
Monsieur Fortin, je vous donne la parole pendant 10 minutes pour votre déclaration liminaire.
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Je vous remercie, monsieur le président, de m'avoir invité à venir témoigner devant le comité pour contribuer à votre étude importante concernant les soins dispensés aux militaires blessés ou malades.
Si vous le permettez, monsieur le président, je sauterai du français à l'anglais.
[Français]
En ma qualité de sous-ministre adjoint, Science et technologie, ma responsabilité est de fournir des conseils sur la science et la technologie au ministère de la Défense nationale et aux Forces armées canadiennes. Parallèlement, j'exerce la fonction de chef de la direction de Recherche et développement pour la défense Canada, qui a des installations de recherche partout au pays.
Recherche et développement pour la défense Canada fournit au ministère de la Défense nationale et aux Forces armées canadiennes les connaissances et les avantages technologiques dont ils ont besoin pour défendre et protéger les intérêts du Canada, au pays comme à l'étranger. Notre objectif est de leur présenter les meilleurs conseils, les meilleures connaissances et les meilleures solutions qui soient.
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Recherche et développement pour la défense Canada, RDDC, tire parti de l'expertise, des connaissances et des ressources d'autres organismes de façon à créer, de par sa collaboration avec ses partenaires, un vaste réseau de recherche. RDDC réfléchit aux défis qui se posent en matière de S et T et de sécurité de la défense, et joue le rôle de catalyseur pour le maintien d'un secteur innovateur de recherche sur la défense et la sécurité au Canada.
En bref, notre objectif est de fournir aux Forces armées canadiennes les meilleurs conseils, les meilleures connaissances et les meilleures solutions qui soient. Les membres de notre personnel connaissent comme nul autre les activités de défense, et ils ont une expérience directe des théâtres d'opérations et des difficultés auxquelles sont confrontées les Forces armées canadiennes.
Lorsque les Forces armées canadiennes ont dû se concentrer principalement sur la guerre en Afghanistan, RDDC a réorienté son programme de travail pour contribuer à l'atteinte des objectifs opérationnels outre-mer et apporter une expertise en sciences et en technologie pouvant permettre de sauver des vies. Plus de 25 personnes employées à RDDC — et je me permets d'ajouter, des civils — se sont rendues en Afghanistan pour offrir un soutien en S et T dans le théâtre. En fait, certaines d'entre elles ont été décorées pour services rendus à l'appui des missions des Forces armées canadiennes. Notre expérience a éclairé notre travail dans nombre de domaines, notamment dans la recherche sur les blessures opérationnelles.
Permettez-moi, monsieur le président, de vous citer quelques exemples de travaux scientifiques accomplis ou entrepris depuis le début de la mission en Afghanistan, dans des domaines où RDDC et la communauté scientifique ont mis à contribution leur savoir et proposé des solutions.
En Afghanistan, l'emploi de dispositifs explosifs de circonstance s'est accru, ce qui a entraîné une augmentation des lésions par souffle et des traumatismes qui sont associés. RDDC a mis sur pied un programme intégré de recherche sur les lésions par souffle dont découlent des renseignements médicaux utiles aux opérations et grâce auxquels le MDN et Anciens Combattants Canada acquièrent une meilleure compréhension de ce type de traumatismes. Soulignons l'importance de cette information dans l'établissement des diagnostics, l'élaboration des traitements et la prise de décision éclairée.
Nous avons développé une expertise de l'analyse des incidents liés aux combats, à savoir des pratiques uniques, fondées sur des données probantes, en vue d'accroître la survie et de réduire les blessures qui changent le cours d'une vie. Ces progrès ont eu une incidence réelle et ils ont guidé les travaux de modernisation des véhicules ainsi que la mise en service de nouveaux systèmes de protection.
Par ailleurs, nous utilisons des technologies multidisciplinaires à la fine pointe dans le but de comprendre les traumatismes cérébraux légers et de mettre ensuite au point des traitements efficaces.
[Français]
Nous savons également qu'à leur retour de l'étranger, nos militaires doivent surmonter de nombreuses difficultés. Recherche et développement pour la défense Canada, ou RDDC, s'efforce de définir les aspects positifs et négatifs de la réintégration vécus par les membres des Forces armées canadiennes après leur déploiement en Afghanistan. Notre personnel a élaboré l'Échelle de mesure de la réintégration après déploiement afin d'appuyer les efforts des Forces armées canadiennes pour aider les militaires à se réadapter à leur travail et à leur vie familiale lorsqu'ils rentrent au pays.
La collaboration est absolument essentielle à notre travail. Étant donné la nature et la complexité des défis que les membres des Forces armées canadiennes doivent relever en théâtre d'opérations ou à leur retour, nous nous sommes donné des moyens pour avoir accès aux connaissances d'autres organismes et institutions et établir des liens de collaboration avec eux.
[Traduction]
Ici même au pays, nous travaillons avec des partenaires du ministère, dont le chef du personnel militaire et le médecin-chef, des partenaires du gouvernement, notamment Anciens Combattants Canada, et des partenaires du Canada, y compris des universités et des instituts. Par exemple, RDDC a joué un rôle primordial dans la création de l'Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans, l’ICRSMV, qui a déjà comparu devant notre comité, si je ne me trompe.
L’ICRSMV est un regroupement de 26 universités canadiennes. Nous pouvons maintenant puiser à même l'expertise de ce vaste bassin de connaissances universitaires sur des sujets qui touchent la communauté de la santé militaire. De plus, RDDC a établi l'an dernier une nouvelle collaboration avec les Instituts de recherche en santé du Canada. Les IRSC forment le plus grand organisme de financement de la recherche en sciences de la santé au Canada. Nous avons collaboré avec les IRSC afin de procurer à des scientifiques canadiens des fonds qui leur permettront de consacrer leur talent et leur expertise aux problèmes de santé des militaires.
Sur la scène internationale, RDDC travaille activement avec d'autres membres de l'OTAN qui ont éprouvé des difficultés semblables aux nôtres, en Afghanistan ou ailleurs. De nombreux scientifiques de RDDC dirigent des groupes de travail et d'experts de la communauté des S et T du Groupe des cinq.
Comme exemple de notre collaboration avec nos alliés, je mentionne notre travail sur les contre-mesures médicales, qui sont des mesures médicales destinées à protéger les militaires contre des dommages en termes de toxines chimiques, de menaces bactériologiques. Le Canada a joué un rôle de premier plan dans la formation d'un consortium sur les contre-mesures médicales, dont font également partie les États-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni, et qui vise à optimiser le rendement opérationnel et la protection de la santé.
[Français]
Grâce à l'évolution des connaissances médicales, des capacités de surveillance et de détection ainsi que des traitements contre les dangers chimiques, biologiques ou radiologiques, les Forces armées canadiennes ont grandement amélioré leurs capacités aux chapitres de la protection, du diagnostic et de la thérapeutique.
Pour conclure, monsieur le président, j'aimerais souligner que je suis très fier des réalisations du personnel de RDDC. Nous continuerons notre collaboration avec les Forces armées canadiennes afin de fournir à celles-ci l'expertise scientifique et technologique unique, essentielle et stratégique qui a sauvé et continuera de sauver des vies.
[Traduction]
Je vous remercie à nouveau de votre invitation. Mes collègues et moi-même répondrons avec plaisir à vos questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président, et merci aux témoins de comparaître devant le comité.
Je m'adresse d'abord à Mme Dursun.
Sur la base militaire de ma région, et grâce à la collaboration du ministre de la Défense nationale, nous avons sensiblement accru le fonctionnement du centre de ressources pour les familles de militaires.
Pourriez-vous nous parler des programmes auxquels ont accès les membres des familles de militaires en mission? Il est difficile de demander à quelqu'un de donner un rendement optimal s'il a des problèmes à la maison. Par exemple, il se peut que l'épouse soit obligée d'occuper un emploi pour compléter le revenu familial, et la garde des enfants devient alors un problème. S'il s'agit d'une famille qui vient juste d'être transférée sur une nouvelle base, comment se fait-elle de nouveaux amis? En ce qui concerne les adolescents, nous savons qu'il y a un peu plus de pression sur eux pour se faire des amis dans une nouvelle école.
Pourriez-vous nous parler un peu de votre travail et des services mis à la disposition de nos hommes et femmes en uniforme, et surtout des conjoints et des familles?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Tout d'abord, je constate que les choses ont changé un peu depuis ma dernière présence ici en qualité de critique. Je vous souhaite la bienvenue dans votre nouveau rôle et vous souhaite beaucoup de succès. Je vois que mon ami M. Bezan a obtenu une promotion, et je vous souhaite à tous beaucoup de succès dans vos nouvelles fonctions.
Merci beaucoup de votre exposé. J'ai constaté que vous avez beaucoup parlé des lésions causées par le souffle. Cela a toujours existé mais a pris une nouvelle dimension à notre époque.
Vous avez dit avoir mis sur pied un programme intégré de recherche sur les lésions causées par le souffle, qui produit des informations médicales opérationnellement pertinentes, dans le but d'améliorer la compréhension de ce type de traumatismes par le MDN et par Anciens Combattants Canada. Pouvez-vous nous donner des précisions à ce sujet, car j'aimerais mieux comprendre ce programme et ses résultats?
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RDDC a mis sur pied des installations de recherche spéciales pour reproduire les effets du souffle à différents niveaux.
Aux premiers jours de l'Afghanistan, quand tout le monde a réalisé que les EEI, les engins explosifs improvisés, causaient plus de dégâts que nous le pensions, nous avons réaffecté et restructuré notre effectif pour nous concentrer sur le problème numéro un, la protection des véhicules: comment améliorer leur blindage pour réduire les dommages causés à l'enveloppe externe par les EEI?
Nous avons aussi affecté un nombre non négligeable d'employés à l'intérieur du véhicule, c'est-à-dire aux harnais, aux sièges, à la suspension des sièges, également dans le but de réduire l'impact des EEI sur les véhicules et, partant, les blessures causées aux militaires.
Nous avons aussi travaillé sur l'équipement de protection personnel, c'est-à-dire les casques, la protection pelvienne, encore une fois dans le but de réduire les blessures.
Nous avons aussi travaillé à Suffield dans un établissement où nous pouvons reproduire certaines des explosions pour en analyser les effets. Nous faisons aussi des recherches jusqu'en bas de la chaîne, jusqu'au niveau cellulaire, pour voir ce qui arrive quand des organismes et des cellules sont exposés à des explosions. Notre but est d'essayer de comprendre les effets physiologiques fondamentaux d'une onde explosive sur les cellules, d'essayer de comprendre les origines du traumatisme que subissent nos soldats exposés à de telles explosions.
Nous travaillons aussi avec des organismes universitaires pour mieux comprendre les liens entre les blessures causées par des explosions et les TSPT, les questions de santé mentale. Nous cherchons des marqueurs qui permettront d’établir de meilleurs diagnostics. Si nous arrivons à établir un diagnostic précoce des effets des explosions, nous pourrons peut-être mieux traiter les victimes ou prévenir l'apparition de symptômes plus profonds. Nous cherchons — je me permets de nous vanter un peu — des outils de pointe pour détecter les signes précoces du traumatisme. Nous employons des outils génomiques pour analyser l'ADN et les métabolites des cellules afin de voir s'il est possible d'identifier les signes avant-coureurs de problèmes futurs.
J'ai parlé dans ma déclaration liminaire du travail que nous faisons avec les IRSC, les Instituts de recherche sur la santé du Canada, qui constituent la plus grande organisation de financement de la recherche médicale au Canada. Nous tirons parti des investissements effectués par le gouvernement canadien, par le truchement des IRSC, dans toutes les universités de façon à essayer de faire plancher les meilleures têtes possible du Canada sur ce genre de problèmes militaires.
Nous collaborons aussi avec l'OTAN et avec ce que nous appelons le TTCP, le Programme de coopération technique. Il s'agit d'une communauté réunissant les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et le Canada qui sont tous confrontés aux mêmes problèmes ou à des problèmes très similaires. L'investissement américain est beaucoup plus vaste que celui des quatre autres partenaires, et nous avons ainsi la possibilité de tirer parti de l’investissement énorme effectué par les États-Unis. Nous contribuons à ces recherches dans certains créneaux. Nous avons accès à des connaissances qu'il serait impossible de recréer au Canada, grâce à la taille de l'investissement.
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Vous m'offrez une transition parfaite vers ma deuxième question.
Je suis impressionné par le nombre de partenariats auxquels vous participez, simplement parce que tous nos partenaires font face aux mêmes dilemmes, aux mêmes défis que nous.
Y a-t-il une véritable coordination de tous ces efforts ou chaque nation mène-t-elle ses propres recherches de manière indépendante, une fois que chacune a défini ses propres priorités, ce qui pourrait se traduire par des chevauchements et des synergies? Est-ce qu'on décide conceptuellement au départ que: « Comme vous êtes experts dans tel ou tel domaine, c'est là-dessus que vous allez vous concentrer. Quant à nous, nous allons nous occuper d'autre chose, et nous réunirons toutes les pièces à la fin »?
Quelle est la démarche? Est-ce différent de cela? Pouvez-vous me dire comment fonctionne ce partenariat, du point de vue de la planification et de la coordination, pour tirer le meilleur parti possible de la synergie pouvant résulter du travail exécuté indépendamment?
Je vais vous expliquer comment nous tirons parti de nos investissements au Canada. Nous travaillons avec le médecin-chef et avec le CPM, le chef du personnel militaire, afin de comprendre leurs besoins respectifs. Ce sont eux les fournisseurs de services qui font face aux problèmes que connaissent nos soldats. Nous travaillons avec le médecin-chef et avec le CPM pour identifier leurs besoins, puisque ce sont les fournisseurs de services, et nous dressons un plan de travail de notre côté.
Ensuite, nous travaillons avec les organismes internationaux pour voir qui fait quoi. Notre but est de coordonner et de ne pas reproduire ce qui se fait déjà ailleurs. Étant donné la complexité des problèmes, nous ne pouvons nous payer le luxe de faire des choses en double. Il y a déjà assez de problèmes à résoudre pour justifier non pas un partage du gâteau, ce qui ne serait pas la bonne expression, mais plutôt la nécessité d'une coordination internationale.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence.
J'ai quelques questions à poser, et j'aimerais partir d'un niveau relativement élevé.
Monsieur Fortin, vous avez dit avoir 25 employés du RDDC qui sont déployés en Afghanistan. Certains ont été décorés, et vous avez dit qu'il y avait des civils.
Pourriez-vous me dire quel est le profil de 25 employés, du point de vue de leurs compétences?
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Nous avons un très vaste bassin de connaissances et de compétences. Comme je l'ai dit, nous travaillons avec le chef d'état-major de la Défense, le CEMD, pour comprendre les besoins sur le théâtre d'opérations. Il y a des questions de santé mais aussi, bien sûr, un éventail beaucoup plus large de questions en termes d'opérations.
Par exemple, le général Beare, quand il était en Afghanistan, a eu besoin de l'appui de la communauté des sciences et la technologie pour l'aider à mettre sur pied des programmes de formation des forces locales. Je ne sais pas s'il apprécierait que je le cite, mais il a dit quelque chose voulant dire que la mission consistant à mettre sur pied des programmes de formation des forces locales n'aurait pas pu être menée à bien sans nos scientifiques. Dans ce cas, les scientifiques étaient des experts en recherche opérationnelle ainsi qu'en conception d'un programme de formation, et ils savaient comment assurer l'intégration de tous les éléments. Leur but était d'obtenir une production très élevée des stagiaires sur le terrain.
Nous envoyons aussi des scientifiques qui sont plus axés sur la technologie, dirais-je. Ils examinent les nouvelles technologies avec de nouveaux détecteurs pour repérer les nouvelles menaces. Nous avons aussi envoyé des scientifiques qui sont des experts en mesures anti-EEI destinées à protéger les véhicules et le personnel contre les engins explosifs, afin de les repérer à l'avance.
Il y a donc un très vaste bassin d'expertise auquel peuvent faire appel le CEMD et le sous-ministre.
Nous avons effectivement un programme de recherche exhaustif sur les facteurs de risque des TSPT et d'autres blessures du stress opérationnel. La boucle de rétroaction dont vous parlez comprend un certain nombre d'outils. Nous avons un outil pour examiner les gens lorsqu'ils sont sur le théâtre des opérations. C'est ce qu'on appelle une dimension humaine des opérations. Nous recueillons certaines informations quand nous sommes là-bas au sujet de leur état général. Nous avons aussi différents types de liens avec des études, par exemple le questionnaire sur la santé des recrues. Quand nous les recrutons et qu'ils avancent dans leur carrière, y compris lorsqu'ils sont envoyés en mission, nous examinons les aspects de leur personnalité, par exemple, qui sont des facteurs éventuels de risque sous le stress opérationnel qui pourraient déclencher ou accroître une probabilité plus élevée de TSPT.
En outre, comme l'a dit M. Fortin, notre recherche est basée sur le client. Les fournisseurs de services nous disent dans quels domaines ils ont besoin de recherche. Pour toute lacune qu'ils relèvent, nous avons un cycle de recherche annuel qui permet à une organisation de revenir nous dire qu'elle a besoin de comprendre exactement comment ça marche. Pour nous, en un sens, c'est une rétroaction sur les lacunes et sur ce que nous pouvons faire de plus pour essayer de comprendre et d'étudier.
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Merci, monsieur Williamson.
Merci, monsieur Fortin. Je suis ravi de vous voir ici. Vous nous avez donné un excellent aperçu de ce que fait RDDC.
Je m'intéresse à certaines des recherches que vous menez sur les TSPT, en particulier dans la région de Toronto. Certaines de ces recherches portent sur la quantification des hormones salivaires. Cela a à voir avec des appareils de mélatonine. Il s'agit de mettre au point un appareil permettant de surveiller les hormones et les endocrines des soldats afin d'identifier ceux qui, à cause de déséquilibres hormonaux, seraient les plus susceptibles aux TSPT avant d'aller au combat. On pourrait ainsi déterminer ce genre de déséquilibres entre — et je ne suis pas un scientifique — l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien dans le cerveau qui est capable de réguler la production de cette hormone, ce qui atténuerait les effets des TSPT. On serait alors en mesure de traiter ces soldats avant qu'ils n'acquièrent ces symptômes aigus.
On fait aussi des recherches sur les rythmes de mélatonine, notamment sur des questions de sommeil, dont le Dr Moldofsky nous parlera tout à l'heure.
Est-ce que vous, ou peut-être le Dr Tremblay, êtes en mesure de nous parler de ça?
Comme vous le comprenez certainement, c'est un problème très complexe, celui des troubles de la santé mentale, dont les TSPT. C'est une maladie relativement nouvelle et les taux de comorbidité sont vraiment élevés, ce qui veut dire que beaucoup des gens faisant l'objet d'un diagnostic de TSPT souffrent aussi d'autres maladies mentales.
À RDDC, cela s'est traduit par une réorientation de nos priorités, depuis le changement de priorités du gouvernement et de l'organisation dans le but de comprendre l'impact des opérations sur les malades et les blessés, quel genre de recherche nous faisons pour les malades et les blessés.
Nous avons récemment mis sur pied un programme de recherche pour comprendre les programmes. Nous ne pouvons pas parler des services que nous dispensons aux malades et aux blessés, mais nous menons des recherches pour évaluer ces programmes et voir s'ils fonctionnent bien pour aider les malades et les blessés à se rétablir et à se réadapter.
Nous venons, par exemple, de terminer une évaluation du programme de retour au travail. C'est l'un des programmes dispensés par l'unité interarmées de soutien du personnel. Ça ne se limite pas aux questions de santé mentale, mais la plupart des bénéficiaires souffrent de troubles de la santé mentale, dont les TSPT. Nous avons interrogé plus de 100 membres des Forces canadiennes participant à ce programme, dans tout le pays, y compris des coordonnateurs, et, absolument, les constatations que nous avons communiquées à ceux qui dispensent le programme ont été précieuses.
J'aimerais parler davantage du transfert technologique.
J'avais l'impression que votre mandat était davantage axé sur la recherche fondamentale et, par la suite, sur la recherche appliquée. Or j'imagine que vous ne disposez pas du budget nécessaire pour commercialiser ou industrialiser les solutions que vous découvrez. Vous devez donc nécessairement faire du transfert technologique.
Pour demeurer dans le cadre de la question étudiée par ce comité, soit les soins offerts aux membres des Forces armées canadiennes malades ou blessés, je vais vous demander si vous avez créé ou découvert des technologies que vous avez par la suite transféré à des entreprises canadiennes aptes à produire des systèmes destinés à sauver des vies et éviter des blessures aux soldats qu'on envoie sur les champs de bataille.
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Monsieur le président, c'est une excellente question.
Vous avez tout à fait raison. Recherche et développement pour la Défense Canada est un organisme de recherche et non pas de commercialisation.
La commercialisation des nouvelles technologies et inventions se fait par l'entremise du secteur industriel privé canadien et, parfois, étranger. Nous faisons le transfert technologique vers ces entreprises pour leur permettre de fournir les équipements aux Forces armées canadiennes et au ministère de la Défense nationale.
Dans le domaine de la santé, nous travaillons actuellement, par exemple, sur le développement de vaccins et d'antidotes contre des agents chimiques ou bactériologiques. Vous savez qu'en Syrie, par exemple, il y a des inquiétudes sérieuses relativement à la possibilité que de telles armes existent. Ce sont des défis complexes et il n'est pas facile de trouver des solutions.
Le Canada a été l'un des leaders, sinon le leader dans la formation du consortium Medical Countermeasures Initiative, qui a amené quatre pays à travailler ensemble. Nous amenons le Surgeon General de États-Unis, les services de santé des différentes forces armées de quatre pays et les services de santé publiques à travailler collectivement pour identifier et créer des antidotes et des vaccins qui vont protéger nos Forces armées canadiennes à l'étranger lorsqu'elles font face à des virus ou des toxines utilisées comme armes chimiques.
Ces mêmes virus peuvent également être propagés naturellement dans les populations civiles et nous travaillons avec les organismes de santé publique pour créer collectivement ces antidotes et ces vaccins. Nous ne commercialisons pas les vaccins.
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Merci, monsieur le président, et bienvenue à nos témoins. Je suis heureux de voir ici des représentants de RDDC.
Lors de notre dernière étude sur la préparation, nous sommes allés visiter RDDC à Downsview. Des membres du comité sont allés voir le travail que vous faites, du point de vue de l'équipement et de la capacité de survie de nos soldats.
Au printemps, nous avons accueilli ici le major Ray Wiss, que beaucoup d'entre nous connaissons par ses publications, FOB Doc et Line in the Sand. Il a été l'un des premiers à employer du matériel à ultrasons sur le théâtre dans une base d'opérations avancée pour aider à améliorer la capacité de survie. D'après ce que j'ai vu à Downsview, on mène là-bas des recherches pour essayer d'amener plus d'équipement de diagnostic même au niveau où, au lieu de l'avoir seulement sur une BOA, un médecin pourrait l'emporter sur le théâtre et être capable d'améliorer la capacité de survie de ceux qui sont blessés en action.
Je sais, colonel Tremblay, que vos domaines d'expertise, comme directeur du personnel des sciences et de la technologie, sont les interventions médicales, les contre-mesures médicales, la gestion des victimes au combat, les technologies de diagnostic et les soins aux victimes.
Je sais que les discussions tournent souvent autour des TSPT et des effets du stress opérationnel. Toutefois, l'étude portait aussi en partie sur la manière dont nous traitons les blessures traumatisantes.
Pouvez-vous nous parler de la recherche que vous faites peut-être sur le théâtre d'opérations? Pouvez-vous parler aussi de ce que vous faites ici au Canada pour veiller à ce que nos soldats blessés en action obtiennent les meilleurs soins possible grâce à la recherche et aux découvertes de RDDC?
Comme vous avez visité Toronto, je soupçonne que vous avez vu les appareils à ultrasons qu'on y met au point. Nous essayons d'adapter la technologie pour qu'elle fonctionne sur le théâtre d'opérations, pour pouvoir améliorer les outils de diagnostic à ultrasons en 3D qui sont mis à la disposition des médecins sur place. Cette technologie est en cours de développement. C'est un travail que nous continuons à faire pour rendre la technologie portable, assez solide pour pouvoir être déployée, et assez fiable, bien sûr, pour être déployée sur le théâtre.
Un autre exemple venant de Toronto est l'élaboration d'un nouveau traitement salin intraveineux qui est administré surtout quand un soldat a subi une perte de sang et de fluides. On doit alors lui injecter une solution saline, une IV, comme nous disons. Nous avons modifié le conditionnement de la solution pour pouvoir la rendre plus portable, et elle est maintenant déployée sur le théâtre.
C'est une technologie qui a été mise au point par le truchement de RDDC et qui est maintenant déployée sur le théâtre. Comme vous avez aussi soulevé la question de l'entraînement que nous dispensons, nous travaillons aussi pour appuyer le déploiement de nos soldats en les entraînant à utiliser des agents toxiques réels, avec toxines et agents chimiques et bactériologiques, ce qui est une préoccupation dans le contexte de la Syrie. Voilà un exemple de la manière dont nous adaptons notre programme de recherche pour nous assurer que nos hommes et femmes en uniforme soient le mieux équipés possible pour faire face à n'importe quelle menace. À Suffield, nous travaillons sur la protection contre les agents chimiques et biologiques. Les militaires peuvent être exposés à des situations simulant ces agents et nous les entraînons à y réagir correctement.
Lieutenant-colonel Tremblay, voulez-vous ajouter quelque chose?
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Merci beaucoup, monsieur Larose.
Merci, monsieur Fortin, madame Dursun et colonel Tremblay, d'être venus témoigner ce matin.
Cela met fin à la première heure. Merci à nouveau d'être venus devant le comité.
Au lieu de suspendre la séance, chers collègues, alors que partent nos premiers témoins et que les suivants se préparent, nous avons reçu une motion de M. Williamson. Pouvez-vous la présenter, monsieur Williamson?
Docteur Moldofsky, veuillez prendre place à la table des témoins.
Pendant cette deuxième heure, chers collègues, nous entendrons Harvey Moldofsky, professeur émérite, département de psychiatrie, faculté de médecine, Institut de science médicale, Université de Toronto.
Merci beaucoup d'avoir répondu à notre invitation à si court préavis, monsieur. J'espère que votre rhume est guéri. Je vous donne la parole pour votre déclaration liminaire.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je pense que nous avons tous de la chance. Je ne durerai pas 10 minutes. Vous n'aurez pas à supporter ma laryngite.
Je suis reconnaissant à Ted Opitz d'avoir pris cette initiative, car c'est une question qui nous préoccupe tous, à l'évidence. J'aimerais répondre à une question que vous avez posée, qui était de savoir quel soutien nous recevons des universités en ce qui concerne les TSPT, les TCC, ce genre de choses.
Dans mon cas, au cours des 20 à 30 dernières années, cela a été zéro. J'ai été obligé de quitter l'université à 65 ans et, au lieu de me donner une médaille, on m'a appelé « émérite », ce qui veut dire que je peux faire exactement les mêmes choses, mais sans avoir à assister à des comités.
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S'il vous plaît, ne m'envoyez pas là-bas.
Ce dont je vais vous parler… J'ai repensé à mes notes, qui remontent à près de 10 ans. Quand j'ai entendu à l'époque que le gouvernement canadien envisageait sérieusement d'aller en Afghanistan, j'ai préparé une demande de subvention en suggérant qu'on se penche sur les prédicteurs des TSPT et de leurs symptômes. Je n'ai jamais reçu de réponse.
Avec l'encouragement et le soutien de collègues de RDDC et de Don Richardson, de la clinique des blessures de stress opérationnel, je suis allé de l'avant. Au cours de la dernière décennie, la clinique m'a envoyé des patients, et je ne suis pas un psychiatre typique. Je ne vois pas des fous, sauf des familles et des parents…
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… mais je vois des gens qui souffrent de maladies que personne ne comprend. Voilà ma spécialité. Je fais cela depuis plus de 40 ans. Je me suis intéressé à des domaines qui n'avaient jamais existé mais qui sont aujourd'hui très courants. C'est parce que je me suis intéressé à la manière dont fonctionne le cerveau, et dont le cerveau est relié à la santé physique autant que mentale de l'individu. Ce n'est pas comme si je prenais une photographie ou me contentais de poser quelques questions. Non, je cherche vraiment, j'analyse et j'essaie de comprendre.
Mon travail m'a montré que le facteur clé de notre santé est le fonctionnement de notre cerveau, notre cerveau au sommeil et en éveil. Le cerveau ne s'arrête jamais de fonctionner, que ce soit en éveil ou au sommeil. Si nous ne dormons pas comme il faut, nous devenons malades. Si l'on prive un animal de sommeil, il meurt. On n’a jamais fait cela à personne, et on ne le fera jamais. Cela m'a amené à étudier la physiologie du sommeil et de l'éveil, le fonctionnement des systèmes immunitaire et endocrinien, et la relation avec des maladies que personne ne comprend mais auxquelles on donne toutes sortes de noms comme si on les comprenait.
Les TSPT tombent dans cette catégorie. On entend dire constamment que c'est un problème de santé mentale. Non, c'est un problème de tout l'organisme humain. Nous avons pu montrer que si l'on perturbe le sommeil profond, on peut induire artificiellement des symptômes physiques, de la douleur. Parmi les gens que j'ai eu le privilège d'étudier, dans l'armée, pendant plus d'une décennie, 93 % ont des douleurs dans diverses parties du corps, mais personne ne pose jamais de questions à ce sujet et personne ne semble essayer d'intervenir.
Ce sont des gens qui souffrent d'une fatigue profonde, mais on se concentre sur l'aspect mental du phénomène. La manière dont on traite cela dans les cliniques se résume à donner des pilules. Je ne pense pas que ce soit la réponse car les pilules, comme l'ont constaté les armées américaine et britannique, ne fonctionnent pas. En fait, les Américains ont formulé une demande pour pouvoir appliquer de nouvelles formes de traitement.
C'est un domaine que je connais bien. J'ai étudié des civils qui ont subi des accidents de véhicules à moteur, des accidents industriels. J'ai étudié des gens qui ont subi de la torture. J'ai vu des militaires d'autres pays qui ont connu la torture. Tous ont des problèmes de sommeil. De fait, on disait récemment dans une revue savante que c'est la caractéristique essentielle. Si l'on ne s'attaque pas à cela, si on ne le comprend pas, on n'arrivera jamais à rien.
Mon travail m'a montré qu'il y a une modification de la structure des ondes du cerveau pendant la nuit chez ces personnes. Chez les gens, pas des soldats, qui ont souffert de ce qu'on appelle la fibromyalgie, j'ai montré très récemment comment un nouveau médicament qui n'est typiquement pas prescrit — il est disponible mais à des conditions très rigoureuses — améliore le sommeil profond et atténue comme par magie la douleur, réduit la fatigue et améliore l'humeur générale. Ce n'est pas encore la guérison mais c'est une porte qui s'ouvre. Selon les recherches que j'ai faites, nous avons montré que c'est un domaine dans lequel nous devons entrer.
L'un des problèmes fondamentaux se situe à un niveau organisationnel. Tout le monde vous dira que c'est merveilleux, qu'on fait des recherches mais, quand je vois où on les fait et comment on les fait, ça ne m'impressionne pas.
Il y a un manque de coordination et d'intégration sur une question clé, la détection précoce de ce qu'on appelle les TCC et les TSPT. Ça ne se fait pas. Je vois encore des gens du Rwanda et de la Bosnie, ce qui signifie quelque chose. Ils ne se présentent pas pendant des jours ou des semaines parce qu'ils ont trop honte. Ils viennent plus tard. Ils ne sont pas nécessairement actifs. Ce sont des anciens combattants qui sont en grande mesure laissés-pour-compte, qui se sentent coupables et ne veulent rien dire.
C'est seulement quand ils sont en difficulté… Et c'est là quelque chose que j'ai trouvé, des prédicteurs de troubles. Quelles sont les catégories de troubles? Vous les connaissez, on en parle constamment dans la presse. Le suicide est la cause la plus courante de décès dans l'armée américaine. Nous n'en connaissons même pas la prévalence parmi nos anciens combattants canadiens. Pourquoi? Il est très difficile de connaître ne serait-ce que la prévalence des morts par suicide parmi les militaires d'active.
Phénomène encore plus troublant à mes yeux, j'ai découvert un prédicteur qui est apparu juste après mon investigation de meurtres en série sur lesquels le FBI faisait enquête. Il se trouve que j'avais un test d'auto-évaluation qui était caché dans un test plus général me permettant d'analyser deux domaines, colère et hostilité, d'une part, et suspicion et pensée paranoïaque, d'autre part. Les personnes souffrant de TSPT qui ne répondent pas, et c'était après le combat, ont des niveaux très élevés.
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Merci, monsieur le président.
Je suis ravi de voir le Dr Moldofsky ici aujourd'hui. Je suis désolé que vous ayez un si mauvais rhume, mais je suis ravi que vous ayez fait l'effort de venir aujourd'hui.
Ce type de recherche est très important pour nous. J'ai vu que mes collègues opinaient de la tête. Vous avez attiré notre attention sur divers éléments, notamment les prédicteurs. Nous avons rencontré certains de vos collègues de RDDC. C'est quelque chose qui m'intéresse considérablement puisque, si nous pouvons mieux comprendre ces prédicteurs, si nous pouvons utiliser une partie de votre recherche et de la recherche en termes de… Vous avez parlé du cerveau en éveil et au sommeil, et de la corrélation entre la douleur et certains de ces troubles psychiatriques que nous avons maintenant tous fini par comprendre chez bon nombre de nos soldats qui souffrent de ça.
Avec vos collègues, vous faites également certaines de ces recherches sur la base des systèmes immunitaire et endocrinien de l'organisme. Par exemple, le Dr Paul travaille sur les niveaux de mélatonine pour voir s'il serait possible de les réguler dans le cerveau, ce qui contribuerait à la production d'un sommeil reposant et réparateur — pas seulement d'un sommeil, comme nous en avons discuté. Vous voudrez peut-être creuser cette question. Il y a plusieurs formes de sommeil mais une seule qui repose vraiment l'organisme et l'individu.
Docteur, si vous pouviez nous parler de certains des rythmes circadiens, de certains des déséquilibres chimiques qui pourraient être régulés par la production d'un appareil pouvant mesurer les hormones par la salive et d'autres facteurs, ce serait utile.
Vous venez d'ouvrir une porte beaucoup plus grande, et c'est en grande mesure avec l'appui de l’IMCME et de RDDC que j'ai eu le privilège d'entrer dans ce domaine en 1980. Je m'intéressais précisément à ce qui se passe dans le cerveau quand il se relie au système immunitaire. À l'époque, personne ne pensait qu'il y avait un lien. Nous sommes allés de l'avant et avons montré qu'il existe, et il y a des hormones du système immunitaire qui nous font dormir et qui nous réveillent. La raison pour laquelle nous sommes tous ici aujourd'hui est que toutes ces choses-là se font automatiquement, sans que nous ayons à réfléchir mais, si nous commençons à perturber notre sommeil, elles ne fonctionnent plus.
Le travail pour lequel j’ai fait oeuvre de pionnier avec des collègues de Toronto m'a amené à travailler avec l'Agence spatiale canadienne puis avec la NASA et avec l'Agence spatiale russe, car nous nous sommes intéressés à la survie à long terme dans les circonstances les plus défavorables sur une très longue période. Nous avons beaucoup appris et avons montré que la perturbation du sommeil des cosmonautes et des astronautes était reliée à des hormones qui seraient associées à de l'inflammation et de l'infection. Ils n'en avaient pas mais ils étaient vulnérables.
Bien que je ne fasse pas cela maintenant parce que je suis émérite, je me suis concentré sur les aspects physiologiques du sommeil et de l'éveil. Je laisse à mes collègues le soin de trouver de nouvelles choses, et j'espère que nous pourrons collaborer.
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En 1994 — veuillez m'excuser, en 2004 —, c'était ma demande de subvention, nous avions des appareils qui nous permettaient d'aller sur le terrain et de les étudier avant qu'ils aillent au combat, et de les voir après, pour chercher précisément ça.
Maintenant, je les vois des mois ou des années plus tard et ils sont bourrés de produits chimiques et de tous les médicaments connus qu'on puisse leur faire prendre. Je ne pense pas que ce soit la bonne méthode. Je pense que nous devons enseigner le dépistage précoce aux médecins militaires. Nous devons passer par un système de dépistage et devons faire quelque chose pour eux immédiatement.
Cela implique beaucoup d'éducation. Je pense que c'est ce qu'il faut faire avant de se lancer dans les détails pratiques du genre de recherche dont vous avez entendu parler. Il faut des chiffres précis. Il faut savoir qui sont ces gens-là. Tant que nous ne les aurons pas correctement identifiés, nous serons maudits parce que ça continuera pendant des décennies et nous ne saurons pas combien survivront.
Je ne parle pas ici seulement des militaires, je parle aussi des familles et des partenaires. Comme l'ont montré mes amis d'Angleterre, ceux qui souffrent de TSTP en revenant d'Irak ou d'Afghanistan ont un comportement plus dangereux, comme l'a montré la police en Angleterre.
À tous mes collègues, je tiens à exprimer mes condoléances les plus sincères, et je sais que nous le faisons tous, aux familles des personnes que nous avons perdues la semaine dernière. Mes prières et mes pensées les accompagnent.
Comme vous tous, j'ai eu le privilège de travailler avec des soldats et des anciens combattants de tout le pays. J'ai entendu leurs histoires: un ancien combattant qui a vécu pendant 10 ans dans le bois; recevoir un avis de suicide d'un ancien combattant un dimanche après-midi et chercher désespérément de l'aide; se mettre à la recherche d'un ancien combattant perdu dans une tempête de neige parce qu'aucun rendez-vous n'était possible chez le psychiatre avant trois mois, malgré un diagnostic de TSPT depuis des années et des années; ne plus avoir de nouvelles d'un ancien combattant pendant des semaines et attendre qu'il émerge du fin fond de sa cave; recevoir une note d'un ancien combattant éperdu parce qu'un ami a été retrouvé mort au bord de la route et un autre mort dans sa cave, parce que les deux avaient simplement cessé de vouloir vivre, avaient cessé de se nourrir et de prendre leurs médicaments. Je partagerai ces situations, et j'adresse mes condoléances aux familles.
Voici ce que j'entends de la part des héros extraordinaires de notre pays dans leur désespoir: « Nous souffrons tous et avons besoin d'aide. Il n'y a pas que les gars qu'on a perdus outre-mer, il y a aussi ceux que nous perdons ici par le suicide. Ils auraient tout aussi bien pu disparaître là-bas. Nous l’avons tous envisagé, c'est une pensée inexorable. Quand je songe au suicide, c'est un soulagement. Ça veut dire mettre fin à la douleur, ne plus avoir à se battre contre ça. La question que nous nous posons tous est de savoir comment partir et comment laisser notre famille dans une meilleure situation. Tout le monde serait mieux sans nous. » Ceci vient d'un médecin que les anciens combattants appellent « L’ange gardien »: « Ils souffrent, leurs familles souffrent. Beaucoup d'épouses m'ont contacté. Elles ont peur de rester avec eux. Elles ont peur d'eux et pour eux. »
Je me demande si vous pourriez partager, de manière générale, les symptômes dont souffrent les gens que vous traitez. À quoi ressemble leur vie et que devrions-nous faire?
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Je crois qu'il devrait y avoir dans chaque grande université du pays une unité spéciale étudiant ces questions, et que ça ne devrait pas être circonscrit à un seul département. Ça devrait être multidisciplinaire.
Durant la Deuxième Guerre mondiale, le problème le plus courant dans l'armée américaine était la douleur, et on appelait ça de la douleur psychogène. Au Royaume-Uni, on parlait de fibrosite. À la fin du siècle, on pensait que c'était un problème cardiaque, et on parlait de neurasthénie ou de quelque chose qui n'allait pas avec le coeur.
Tout le monde a une étiquette mais personne n'y comprend rien. Nous avons besoin d'un groupe médical multidisciplinaire, ainsi que psychiatrique, pour étudier ce groupe de personnes.
J’ai l'intention de rencontrer le président du département de psychiatrie à Toronto pour exiger qu'on fasse quelque chose. Je n'ai rien vu qui soit fait à ce sujet alors que c'est le plus grand département du pays.