Tout le monde devrait avoir reçu un exemplaire de notre présentation, du moins je l'espère, et je vous prie de faire preuve d'indulgence parce que le document fait 15 pages. Nous allons survoler rapidement certaines parties et nous concentrer sur les éléments importants.
D'abord, vous pouvez voir que l'Association canadienne pour les skieurs handicapés organise des séances de sports d'hiver pour les soldats et les anciens combattants blessés, ainsi que leurs conjoints. J'aimerais vous mettre en contexte. Nous allons vous parler de qui nous sommes à l'échelle nationale et locale, de l'origine de notre programme, de ce que nous faisons, des problèmes que nous observons et de nos recommandations.
Je vous invite à prendre la troisième diapositive, qui expose le contexte. Nous avons environ 3 000 membres au Canada. L'association a été fondée en 1976. Il s'agit d'un organisme de bienfaisance qui compte sur des bénévoles. Nous avons des programmes de ski alpin et de planche à neige dans toutes les provinces, sauf l'Île-du-Prince-Édouard. Ici même, nous avons cinq programmes, à commencer par celui d'Edelweiss. Nous avons un programme pour les handicapés visuels à Camp Fortune, et il y a une dizaine d'années environ, nous avons migré vers l'Ontario, où nous avons lancé des programmes à Pakenham et à Calabogie.
Nous avons pour mission d'enrichir la vie des personnes handicapées grâce au ski et à la planche à neige adaptés. Remarquez que nous n'avons pas dit que nous voulions leur donner des cours de ski. Autrement dit, nous visons à enrichir leur vie, et je pense qu'il est important que les membres du comité le comprennent bien.
D'où vient l'idée de ce programme? On le voit à la page suivante. Bon nombre de nos moniteurs ont participé aux séances de sports d'hiver pour anciens combattants américains, qui se donnent au Colorado. Ils en sont à leur 28e année. Mon ami, M. Gilmour, s'y rend depuis 24 ans. Malheureusement, je n'y suis allé que trois ou quatre ans.
Des moniteurs du Canada se sont donc inspirés du modèle du Colorado, où 400 soldats blessés et anciens combattants ont l'occasion de participer à des programmes de ski, de planche à neige, de biathlon, de ski de fond, de plongée, d'escalade et d'autodéfense, afin d'apprendre ce qu'ils peuvent faire avec leur nouveau corps et de tisser des liens avec leurs pairs et des mentors. Nous avons décidé de voir si nous pouvions reproduire ce programme au Canada, pour nos gars et nos femmes. Et nous l'avons fait. Le programme au mont Washington, en Colombie-Britannique, en est à sa 6e année; il en est à sa 4e année à Calabogie Peaks, et il y en a quelques autres.
À la page suivante, vous pouvez voir une photo prise en 2012 avec Walter Natynczyk, Chef d'état-major de la Défense.
À la diapositive suivante, nous vous présentons un aperçu des séances de sports d'hiver. L'association canadienne a travaillé avec 125 membres des Forces canadiennes ces dernières années. Il est important de souligner que d'enseigner à skier ou à faire de la planche à neige n'est pas le principal objectif de ces séances, l'accent est plutôt mis sur la valeur thérapeutique de l'initiative, sur les plans physique et mental, afin de permettre à nos soldats et anciens combattants blessés d'apprivoiser leur corps transformé et de regagner une confiance en eux, en plus de développer des liens avec des pairs et des mentors. C'est vraiment notre but.
Nous permettons également aux personnes d'échanger au sujet des conséquences sur elles-mêmes et sur leur famille des blessures traumatiques qu'elles ont subies. Cet aspect est devenu très apparent l'an dernier, quand l'un des soldats s'est mis à décrire les incidences de ses blessures sur sa vie personnelle. C'est très personnel, pourtant je crois que nous sommes tous d'accord pour dire que la verbalisation de ses émotions et de son vécu fait partie du processus de guérison.
J'aimerais vous parler de ce que nous faisons à Calabogie, et c'est très représentatif de nos séances de sports d'hiver un peu partout. Nos priorités sont la sécurité, le plaisir et l'apprentissage du ski. La sécurité vient en premier, et sans plaisir, on n'apprend rien, vous comprenez? C'est aussi simple que cela.
Nous tenons à ce que l'activité soit un succès, donc nous avançons à pas de souris, si l'on veut. Nous n'amenons pas les gens en haut de la montagne pour leur dire simplement « vas-y! », comme bon nombre d'entre nous l'ont vécu lorsque nous avons appris à skier à l'époque et que nos amis nous abandonnaient en haut de la montagne. Nous allons donc commencer au pied de la montagne, sur les pentes-écoles, pour que le programme soit une réussite pour tous. Nous ne voulons pas que les gens vivent d'échec et repartent. C'est essentiel dans le processus.
Nous allons bien au-delà du ski. Les participants participent à des activités sociales. Nous avons présenté le hockey sur luge, la natation adaptée et d'autres activités pour alimenter le cycle, et nous avons eu beaucoup de plaisir. Je peux vous dire que le hockey sur luge, avec le concours des entraîneurs nationaux de l'équipe canadienne de hockey sur luge, a connu un immense succès l'an dernier, et cette année, nous présentons le biathlon aux participants.
Beaucoup de soldats sont accompagnés de leur conjoint, et il peut être pertinent de discuter de la façon dont ils peuvent participer au processus thérapeutique eux aussi.
À la diapositive suivante, vous pouvez voir quelques-uns de nos skieurs blessés. On voit des skieurs à trois traces, et bien que ce ne soit pas très évident sur les photos, il y a des amputés sous le genou et des amputés au-dessus du genou.
J'aimerais souligner qu'en bas, à gauche, on voit un skieur assis. Son histoire est assez extraordinaire, parce que quand nous l'avons rencontré la première fois, c'était environ quatre mois après sa blessure; il avait perdu les deux jambes, qui lui avaient été amputées au-dessus du genou, et bien honnêtement, il était très déprimé. Il croyait que son monde tel qu'il l'avait connu était terminé. Nous l'avons installé dans un appareil de ski assis, et notre première année avec lui a été assez difficile. Il chutait souvent, mais il a fini par apprendre à maîtriser un peu son appareil. Quand il est parti à la fin de l'année, nous nous demandions s'il reviendrait. Eh bien figurez-vous qu'il est revenu l'année suivante. Nous l'avons alors aidé à gagner en habileté, nous avons vraiment travaillé avec lui et équilibré son équipement, de sorte qu'il est devenu très bon cette année-là. L'année suivante, l'an dernier, nous l'avons placé dans un appareil de ski assis personnalisé, et cet homme dévale les pentes un peu partout au Canada maintenant. Il a une nouvelle raison d'être.
C'est exactement ce que nous voulons faire. Ce n'est qu'une histoire parmi tant d'autres.
Tous nos participants, y compris leurs conjoints, nous parlent positivement programme.
Une nouvelle prothèse vient de faire son apparition au Canada, il s'agit de la prothèse universelle du genou et des tendons de Bartlett, qui permet à des personnes amputées au-dessus du genou ou d'une seule jambe de skier à deux skis plutôt que d'utiliser le ski à trois traces. Fabuleux. Non seulement ces personnes peuvent-elles skier sur deux skis, mais elles peuvent utiliser la même prothèse pour faire du vélo, de la plongée sous-marine, etc. Il y a des choses fantastiques qui arrivent quand on peut adopter certaines des technologies des États-Unis, et c'est ce que Bob nous amène, en gros.
Parmi les réalisations citées, notons une amélioration de la façon de voir la vie, particulièrement chez des soldats souffrant de blessure de stress opérationnel (BSO), et ils sont nombreux. Il y a aussi les échanges sur l'expérience personnelle liée au stress et aux problèmes de la vie. Enfin, les bénévoles de notre association ont des aptitudes éprouvées pour la collecte de fonds. Cette année, nous souhaitons amasser 75 000 $ seulement pour notre séance de sports d'hiver de Calabogie.
Voici la lettre d'appréciation d'un participant. Je crois que la seule chose que je voulais souligner dans cette lettre de Jim Hapgood, un adjudant retraité de Terre-Neuve qui souffre de BSO, c'est cette phrase: « Pour quelqu'un comme moi qui vit dans une petite communauté militaire, il n'est pas rare de se sentir seul dans l'épreuve. Mais cette semaine, j'ai compris que je ne serai plus jamais seul. »
C'est justement le genre de relations entre pairs et avec des mentors que nous voulons créer.
Nous arrivons enfin à la partie importante, c'est-à-dire les problèmes tels que nous les voyons. Premièrement, la planification. Nous avons besoin de promotion et de soutien de la part des militaires pour attirer des participants. Le ratio entre le nombre de participants réels et possibles est extrêmement bas. On nous dit que dans notre zone de service, il y aurait 450 soldats souffrant de BSO ou de blessures invalidantes.
La coordination, le financement... Les bénévoles et les moniteurs, bien sûr, nous pouvons y arriver. Nous avons un assez bon bassin de candidats pour cela.
Enfin, il y aurait d'excellentes occasions à saisir pour faire connaître cette initiative grâce aux médias. Nous croyons que Calabogie est l'endroit idéal — et nous allons prêcher un peu pour notre paroisse, ici — parce qu'on y trouve de l'hébergement, des piscines intérieures, des salles d'exercice et tout ce qu'il faut au pied des pentes. Les soldats n'ont donc pas à se taper une heure de route pour s'y rendre. Tout est là, y compris les activités sociales et le biathlon.
Nous recommandons de pouvoir continuer d'organiser annuellement des séance de sports d'hiver dans l'Est et dans l'Ouest. Nous recommandons de maximiser le nombre de participants militaires. J'aimerais vous parler de cet aspect, d'ailleurs. Nous aimerions aplanir les obstacles potentiels qui empêchent des soldats de participer à nos activités. Autrement dit, comment rejoindre les participants? Nous croyons aussi que notre séance de sports d'hiver devrait être approuvée par le MDN pour que les soldats puissent y participer pendant leurs heures de travail. J'estime important qu'ils n'aient pas à prendre de vacances pour cela.
Finalement, pour améliorer la planification, je pense qu'il serait important de revoir l'appui aux conjoints. Je souligne par ailleurs que nous semblons abandonner nos anciens combattants lorsqu'ils quittent l'armée.
Nous pensons qu'il y aurait peut-être un meilleur modèle possible, qui nous permettrait de mieux servir nos anciens combattants.
Quoi qu'il en soit, voici la vision pour le développement des activités: continuer de croître. Le programme en est à sa quatrième année à Calabogie, à sa sixième année au mont Washington, et nous aimerions l'étendre encore davantage.
:
Bonjour, monsieur le président.
[Français]
Bonjour tout le monde.
Au nom de notre chef de la direction nationale, Peter Coleridge, j'ai le très grand plaisir d'être ici au nom de l'Association canadienne pour la santé mentale.
[Traduction]
L'ACSM a été fondée en 1918. Elle se nommait alors le Comité national canadien de l'hygiène mentale. Notre principal objectif, à l'époque, était qu'on offre des soins et des traitements adéquats aux personnes souffrant de troubles mentaux au Canada.
Aux fins de cette étude, j'estime important de souligner que l'un des premiers ministères avec lequel l'ACSM a noué une relation, au Canada, c'est le ministère du Rétablissement civil des soldats. Notre objectif était d'aider le ministère, le prédécesseur d'Anciens Combattants Canada, à venir en aide aux soldats canadiens de retour de la Première Guerre mondiale qui souffraient de toutes sortes de troubles neuropsychiatriques, dont le trouble de stress post-traumatique ou, comme on l'appelait à l'époque, le traumatisme dû aux bombardements.
Nous sommes fiers de poursuivre encore aujourd'hui cette collaboration, surtout avec Anciens Combattants Canada. L'an dernier, nous avons signé un protocole d'entente avec le ministère à l'égard d'un train de mesures qui devrait aider à améliorer les ressources et les services mis à la disposition des anciens combattants dans les collectivités où nous évoluons.
L'Association canadienne pour la santé mentale est un organisme communautaire. Nous avons 120 bureaux au Canada. Nous offrons des services à des milliers de collectivités. Nous voyons environ un demi-million de personnes chaque année.
La plupart de nos réalisations est attribuable au travail de nos bénévoles. Nous avons environ 10 000 bénévoles et employés au Canada. Nous offrons ce que j'appellerais des services et des programmes communautaires qui vont de la prévention à la promotion de la santé mentale, en passant par les interventions et divers autres types de services et de programmes. Je serai heureux de vous en parler davantage pendant la période des questions.
Nous croyons que tout service offert, aux Canadiens en général comme aux militaires des Forces armées canadiennes, doit être proactif. Il doit être adapté aux besoins uniques d'une collectivité à un moment donné. Il doit également être le mieux intégré possible aux services de santé et aux services sociaux. Nous croyons que cela va nous aider à atteindre les résultats escomptés, pour les Canadiens comme pour les forces armées.
À cet égard, ce que nous voyons dans la Stratégie du médecin général en matière de santé mentale encourage beaucoup les membres de l'ACSM. Nous croyons que non seulement elle prévoit des ressources et des services pour les soldats et leurs familles — et je vais parler un peu plus tard des ressources mises à la disposition des familles —, mais elle structure les services d'une façon très organisée, consciente et globale. Je pense que c'est extrêmement important que les membres du comité le sachent.
Nous croyons, en fait, que bien des éléments de la Stratégie du médecin général en matière de santé mentale devraient servir de modèle pour tout le Canada, c'est un programme de santé mentale détaillé et d'accès universel pour toute la société canadienne.
Je n'ai pas besoin de vous dire à quel point le combat nous coûte cher sur le plan humain. C'est très clair. Je suis sûr que vous êtes également conscients du fardeau qui accompagne les troubles neuropsychiatriques et la maladie mentale. Je ne me lancerai pas dans une explication détaillée à ce sujet.
Cela dit, nous reconnaissons que depuis une vingtaine d'années, les Forces canadiennes s'efforcent de se doter d'un programme très complet pour les soldats. D'ailleurs, nous avons participé à bien des égards à son élaboration. Nous trouvons donc que cette stratégie est très encourageante.
Cependant, nous ne savons pas précisément comment la Stratégie du médecin général en matière de santé mentale est mise en oeuvre sur le terrain. Quoi qu'il en soit, nous constatons, d'après les stratégies et les priorités établies, qu'on favorise une approche scientifique pour aborder la personne dans son ensemble. Nous voyons là une approche multidisciplinaire assez complète et une gamme de services qui ne met pas seulement l'accent sur les interventions, mais également sur la promotion de la santé, la prévention des maladies et toutes sortes de ressources.
Il faut également souligner que la recherche et l'évaluation y sont mises de l'avant. Nous sommes impressionnés par la façon dont cette stratégie a été conçue, parce qu'elle prévoit des activités continues de recherche et d'évaluation.
De notre point de vue, le Canada souffre de sous-financement chronique des services communautaires en santé mentale. Ce n'est pas unique au Canada, c'est la même chose un peu partout dans le monde. Cependant, il y a de l'espoir quand on voit le rôle que joue le gouvernement fédéral pour attirer l'attention sur la santé mentale et mener des recherches qui vont assurément changer la vie des gens.
Par exemple, il y a environ cinq ans, l'un de nos anciens PDG, Taylor Alexander, a siégé au comité consultatif sur la santé mentale du MDN et des Anciens combattants. Nous savons que la GRC a également participé à la réflexion. En définitive, nous croyons que ce genre de collaboration de haut niveau à la structure, au développement, à la validation et à la mise en oeuvre d'une stratégie en matière de santé mentale est fondamentale pour répondre aux besoins de nos forces armées de la meilleure façon possible. Nous recommandons vivement au comité que ce type de collaboration entre différents acteurs de la collectivité, y compris les médecins, se poursuive.
Depuis quelques années, le gouvernement fédéral a également investi environ 11 millions de dollars dans l'embauche de personnel en santé mentale au sein des Forces canadiennes. Nous reconnaissons que c'est la chose à faire au Canada. Nous constatons malheureusement un sous-financement chronique, un manque de planification de l'effectif et une pénurie de ressources humaines dans le domaine de la santé mentale. Nous avons besoin de personnel formé pour offrir en toute sécurité des soins adaptés aux traumatismes et intervenir adéquatement auprès des personnes souffrant de graves troubles de la santé mentale et d'une maladie mentale grave. D'ailleurs, il nous semble tout aussi important d'investir dans les ressources humaines que dans la formation afin que les gens reçoivent les soins dont ils ont besoin pour prévenir les complications plus graves associées à leur problème de santé mentale et qu'on puisse intervenir adéquatement le plus tôt possible.
Nous invitons le gouvernement fédéral à continuer de jouer son rôle de leadership en offrant de la formation et des ressources adéquates à tous les fournisseurs de services.
Nous croyons que les Canadiens dont la santé relève du gouvernement fédéral devraient jouir du droit garanti à des services de santé mentale universels, complets, accessibles, abordables et publics, tout comme ils ont accès à des services de santé physiques grâce à leur assurance-maladie.
Nous croyons que les soins de santé directs aux populations particulières incombent aux organismes publics comme les forces armées, le ministère des Anciens combattants et les services de justice et qu'ils devraient être garantis de la même façon que le sont les services dont nous jouissons tous sous le régime de l'assurance-maladie. Ces services devraient être proactifs et adaptés aux besoins uniques de la population visée.
Nous croyons que tout cela est très bien pris en compte dans la Stratégie du médecin générale en matière de santé mentale et nous demeurons tout aussi impressionnés aujourd'hui, après des années de consultations et d'études, par le degré d'intégration de cette stratégie, par l'approche interdisciplinaire de la santé mentale qu'elle sous-tend et par la généralisation de la promotion de la santé mentale dans tous les secteurs des Forces canadiennes. Bien sûr, cela comprend des sondages, de la recherche, du développement et la publication de directives à l'intention des commandants, des études périodiques ainsi que des recherches comparatives avec les États-Unis et la population générale. Toutes ces facettes de la stratégie en font un véritable programme de soins visant à améliorer vraiment la santé des gens.
Dans le cadre de votre étude, nous vous demandons de veiller à adopter ou à tout le moins à envisager une philosophie selon laquelle il n'y a pas de mauvaise porte où frapper pour recevoir des soins. Quand on examine bien la Stratégie du médecin général en matière de santé mentale, on observe une tendance à se tourner exclusivement vers le milieu médical et les services de soins primaires. Nous serions pourtant portés à croire que les services communautaires en santé mentale ont un rôle à jouer pour appuyer l'excellent travail accompli par les Forces canadiennes. Les organismes communautaires offrent beaucoup de ressources pour les familles et bien honnêtement, nous estimons qu'il manque un volet sur la santé mentale communautaire dans cette stratégie.
[Français]
Ce sera un grand plaisir de répondre à vos questions après la prochaine présentation. Je vous remercie.
Bonjour aux membres du comité permanent. J'ai le plaisir de représenter l'Association canadienne des ergothérapeutes, avec mon collègue Nick McCarthy. Merci de nous avoir invités à parler du rôle que peut jouer l'ergothérapie pour faciliter les transitions au sein des Forces armées canadiennes et d'Anciens Combattants Canada.
Je tiens à remercier M. Dawdy, qui a fourni un parfait exemple de participation à une occupation significative, qui constitue un déterminant de la santé.
Les ergothérapeutes croient que l'occupation ne fait pas uniquement référence à un emploi rémunéré, mais qu'elle englobe également tout ce que nous devons, désirons ou sommes tenus de faire dans la vie. L'occupation comprend les activités quotidiennes significatives, y compris des choses aussi simples que de faire une promenade avec son chien, de faire du jardinage, de préparer un repas, de faire la lessive et de s'adonner à des jeux. Les occupations font partie de la vie; elles nous définissent et elles sont le reflet de notre façon de nous percevoir. Les occupations donnent un sens à la vie.
Voici quelques faits historiques à propos de l'ergothérapie. Cette profession a vu le jour en 1915, pour aider les soldats qui revenaient de la Première Guerre mondiale à réussir leur transition vers la vie civile. En effet, les ergothérapeutes travaillent avec le personnel miliaire et les anciens combattants depuis près d'un siècle. On a reconnu que la participation des soldats blessés à des occupations significatives avait été bénéfique pour eux. Les ergothérapeutes, alors appelées « aides de guerre ou aides occupationnelles », offraient une intervention thérapeutique aux soldats blessés afin de rétablir leurs capacités fonctionnelles et de les aider à réussir leur transition vers la vie civile.
De nos jours, les ergothérapeutes travaillent avec le personnel militaire et les anciens combattants qui ont été affectés par des problèmes physiques et mentaux ayant pu être aggravés par une exposition à des substances chimiques, des maladies et des environnements particuliers. De plus en plus, les blessures sont affectées négativement par une vague croissante de problèmes chroniques comme l'obésité, le diabète et la toxicomanie.
Les ergothérapeutes sont des professionnels réglementés ayant suivi une formation spécialisée. Ils travaillent avec des individus et des organisations en vue de déterminer et d'atteindre des objectifs qui permettront aux individus de mener une vie productive et satisfaisante, en réduisant au minimum leur dépendance à la famille et à la société en général. Il peut s'agir d'une dépendance physique, émotionnelle ou financière.
J'aimerais vous donner un exemple. Dernièrement, une ergothérapeute m'a dit qu'elle travaillait avec un soldat ayant participé à la mission en Afghanistan, et avec sa famille. Cet homme a toujours été « l'homme de la situation », c'est-à-dire une personne sur qui tout le monde pouvait compter. En raison d'un trouble de stress post-traumatique, il a commencé à s'isoler et il était incapable de sortir de sa chambre. Il s'est détaché de sa femme et de ses enfants.
Après avoir discuté de ces problèmes de manière indépendante avec le mari et sa femme, l'ergothérapeute les a encouragés à s'expliquer mutuellement leurs peurs et leurs frustrations. L'épouse a expliqué qu'elle se sentait écrasée par le fardeau de devoir s'occuper de toute la famille. L'homme a expliqué qu'il avait peur des situations susceptibles de provoquer en lui des « flashbacks » et des pensées envahissantes; il a ajouté qu'il se sentait en sécurité lorsqu'il restait au lit, mais qu'il se sentait également coupable et qu'il avait peur de l'échec.
Le couple s'est mis d'accord pour que le mari essaie tous les jours de se lever du lit, de se laver et de s'habiller; c'était un début. Aujourd'hui, avec l'aide de l'ergothérapeute, le couple se fixe tous les jours de nouveaux et petits objectifs pratiques. Même s'il fait parfois des rechutes, le mari effectue maintenant la plupart des tâches ménagères et il a commencé à conduire ses enfants à leurs activités sportives. Son épouse travaille. La vie n'est pas parfaite, mais les choses s'améliorent chaque jour. Il ne s'agit que d'un exemple.
Il est reconnu que les périodes de transition peuvent être une source de stress pour le personnel militaire et qu'elles peuvent affecter l'état mental et physique d'une personne. En fait, j'ai entendu hier soir que 90 % des gens souffrant de problèmes de santé mentale ont aussi des problèmes physiques. On ne parle donc pas de l'un ou de l'autre.
Les périodes de transition ont lieu avant et après les missions, lors d'un changement de grade ou d'emploi et lors des périodes d'affectation. Toute personne ayant été déployée dans une mission de combat, de maintien de la paix ou humanitaire fait face à un événement qui bouleversera sa vie, et la transition lors du retour à la maison peut être difficile pour certaines personnes.
À la fin d'une carrière dans les Forces armées canadiennes, il y a aussi la transition de la vie militaire à la vie civile. Cette période peut être plus difficile pour les personnes qui ont été libérées des Forces armées en raison d'une maladie mentale ou physique ou d'une blessure.
Les ergothérapeutes travaillent avec leurs clients et leurs familles pour cibler des objectifs personnels, évaluer les capacités et déterminer des résultats ciblés et mesurables qui tiennent compte de l'ensemble de l'environnement physique, social et institutionnel.
En d'autres mots, l'ergothérapeute ne se concentre pas uniquement sur un aspect de la personne sans tenir compte de l'ensemble du contexte. Par exemple, un médecin peut prescrire un médicament ou un physiothérapeute peut traiter un muscle de manière isolée. Les ergothérapeutes travaillent avec des clients individuels en tenant compte de tous les aspects de ces personnes.
C'est pourquoi les ergothérapeutes sont souvent le catalyseur qui rassemble tous les morceaux. Ils observent la personne dans sa vie réelle, à domicile, et non pas dans un bureau. Si on revient à l'exemple que j'ai présenté précédemment, l'ergothérapeute m'a dit qu'elle était la seule professionnelle qui avait vu le client à domicile. Elle l'a vu alors qu'il n'était ni rasé, ni lavé. Il lui a dit: « Je suis désolé, je ne suis pas très présentable. » Elle a répondu: « Non, vous ne l'êtes pas vraiment. Venez, nous allons en parler. »
J'ai délibérément choisi de vous donner l'exemple d'un ancien combattant ayant un problème de santé mentale, parce qu'en général, la population ne connaît pas très bien ce domaine de pratique de l'ergothérapie. Mais j'aimerais vous donner un autre exemple puisé dans mon expérience clinique personnelle.
J'ai travaillé avec un jeune homme qui avait subi une lésion de la moelle épinière qui l'a paralysé à partir du cou, jusqu'aux pieds. Il n'était pas membre des Forces armées canadiennes, mais il aurait pu l'être. Mes collègues ergothérapeutes lui ont fourni un fauteuil roulant motorisé qui l'a rendu autonome pour se déplacer et ils ont travaillé avec des architectes et des entrepreneurs en construction pour construire une maison accessible répondant à ses besoins particuliers. Pour ma part, j'ai travaillé avec le technologue en réadaptation, qui lui a fourni de l'équipement électronique à commande vocale pour qu'il puisse faire fonctionner un ordinateur et tout ce que cela implique de manière autonome, contrôler son téléviseur et d'autres appareils audiovisuels, utiliser son téléphone, répondre à la porte et changer de position au lit. La dernière fois que ce jeune homme m'a donné de ses nouvelles, il m'a dit: « Les médecins et les infirmières m'ont sauvé la vie, mais vous, vous m'avez donné une vie qui vaut la peine d'être vécue. »
Je suis consciente que certaines questions préoccupent de plus en plus le personnel militaire et les anciens combattants. Les Forces armées canadiennes et Anciens Combattants Canada devront répondre aux besoins en matière de santé des 30 000 membres des Forces canadiennes et anciens combattants ayant servi dans la mission en Afghanistan. Les soldats se perdent dans le système de santé et ils ont de la difficulté à se prévaloir des services et prestations de manière efficace, en raison de la complexité des critères d'admissibilité, d'un manque d'information claire sur les programmes et prestations, de la masse de documents à remplir et de la longue période d'attente avant de pouvoir accéder à ces programmes et prestations. Nous savons qu'il existe des lacunes partout au pays.
La Défense nationale cherche à passer d'un modèle centré sur les programmes à un modèle de santé et de bien-être complet, global et centré sur la famille pour les membres actifs des forces, les anciens combattants, leurs familles et les communautés. La Défense nationale envisage l'adoption d'une autre initiative en matière de prestation de services qui compléterait la prestation des services de santé de base.
L'ACE propose le Plan d'action pour le bien-être des membres des Forces armées canadiennes et des anciens combattants. Nous proposons de travailler en collaboration avec la Défense nationale et Anciens Combattants Canada en vue d'élaborer une stratégie qui facilitera l'accès à des services d'ergothérapie efficaces en temps opportun, afin de gérer et de faciliter les transitions pendant et après la vie militaire.
Nous proposons également la création d'un modèle centré sur les Forces armées canadiennes afin de rehausser les compétences des ergothérapeutes canadiens pour faciliter la compréhension, l'éducation et les soins des membres de nos forces militaires.
Le but de l'ACE est de travailler avec la Défense nationale et Anciens Combattants Canada pour favoriser l'accès à des interventions significatives et efficaces qui faciliteront les transitions pendant et après la vie militaire. Il existe de nombreuses possibilités d'atteindre ce but en offrant des interventions rentables et axées sur la santé mentale et physique. L'ACE croit également qu'il faut agir promptement. Le résultat sera l'amélioration générale de la santé et du bien-être, qui peut être mesurée par une plus grande réussite des transitions dans les déploiements actifs et vers la vie civile et familiale, par une plus grande productivité et par une meilleure participation au marché du travail.
Merci.