Comme vous l'avez dit, je suis venu vous parler du Budget supplémentaire des dépenses (C), mais avant cela, je veux revenir sur une nouvelle diffusée hier par CTV au sujet d'une invitation que des fonctionnaires ont envoyée à des familles de soldats tombés au combat pour qu'elles participent à la cérémonie nationale du 9 mai.
La lettre était prématurée, elle était incorrecte et contenait de fausses informations parce que la planification de l'événement n'était pas terminée. Notre gouvernement est fier de commémorer la mission de nos militaires en Afghanistan et de donner aux Canadiens l'occasion de réfléchir sur le courage et le sacrifice de nos soldats.
Tout au long de cette mission en Afghanistan, nos militaires ont fait preuve de dévouement, d'engagement et de bravoure. Malheureusement, beaucoup d'entre eux ont fait le sacrifice ultime durant cette mission et nous nous devons de rembourser à leurs familles l'énorme dette de gratitude que nous avons contractée envers elles. Voilà pourquoi le gouvernement estime que ces dépenses doivent être payées.
Revenons-en au sujet du jour qui intéresse le comité... Monsieur le président, vous m'avez présenté ainsi que ceux qui m'accompagnent et je suis ravi d'être ici ce matin avec ces gens-là.
Dans quelques minutes, je vous parlerai aussi du Centre de la sécurité des télécommunications, le CST, et c'est pourquoi John Forster, chef du CST, m'accompagne également.
J'ai cru comprendre que certains députés ont sous les yeux un imprimé de mes notes d'allocution de la dernière fois où j'ai failli me présenter devant vous, mais je compte m'en tenir en grande partie à mes remarques pour m'assurer que tout soit correctement consigné au procès-verbal.
[Français]
La dernière fois que j'ai comparu devant le comité, j'ai souligné l'excellent travail de nos hommes et femmes militaires. Tous les jours, je suis tout aussi impressionné par le travail incroyable accompli par nos forces armées que par l'équipe dévouée de civils qui les appuie.
[Traduction]
Prenons le cas de l'Afghanistan, par exemple. Le mois dernier, j'ai eu le grand plaisir d'accueillir la dernière rotation de soldats rentrant d'Afghanistan. Plus de 40 000 membres des Forces armées canadiennes ont servi dans ce pays et beaucoup ont effectué plus d'une période de service. L'engagement du Canada en Afghanistan a défini nos forces armées au cours des 12 dernières années, de bien des façons.
Avec nos alliés de l'OTAN et nos partenaires, nous avons aidé les Afghans à reprendre leur pays aux terroristes et à créer un climat de sécurité pour leur population. Aujourd'hui, les forces de sécurité afghanes comptent environ 345 000 membres. Elles assureront entièrement la responsabilité de la sécurité de tout le pays à la fin de la présente année.
Monsieur le président, afin d'accomplir une telle mission à étranger pendant 12 ans, nos forces armées ont eu besoin de l'équipement approprié. Et nous leur avons procuré cet équipement. Dans le cadre de la Stratégie de défense Le Canada d'abord, le gouvernement a fait des investissements sans précédent dans l'équipement militaire et il a mené à bien de nombreux projets d'approvisionnement.
Parallèlement, toutefois, nous nous devons de remettre nos processus d'approvisionnement en question pour nous assurer qu'ils sont aussi efficaces que possible. C'est pourquoi j'ai été heureux d'annoncer il y a quelques semaines, en compagnie de ma collègue la ministre , la nouvelle stratégie d'approvisionnement en matière de défense. Cette stratégie donne à l'équipe de la défense de nouveaux outils pour améliorer la façon dont nous effectuons les acquisitions. Elle nous aide à simplifier le processus d'approvisionnement et à en améliorer l'efficacité.
Monsieur le président, dans notre Budget supplémentaire des dépenses, nous demandons 57,8 millions de dollars pour financer le projet de modernisation et de prolongement de la durée de vie de l'Aurora ainsi que des fonds pour le projet d'amélioration de mobilité des Forces. Sont aussi prévus des transferts à d'autres ministères. Nous compensons 49,5 millions de dollars de cette somme avec des fonds précédemment alloués et 8,1 millions de dollars avec des transferts à d'autres ministères fédéraux. Cela ramène le total de notre demande de nouveaux fonds à seulement 311 000 $.
Certains de ces fonds seront affectés à une partie du Programme de modernisation et de prolongement de la durée de vie de l'Aurora. Ainsi, le Canada conservera une plate-forme aérienne de surveillance de classe mondiale, tout en optimisant les ressources publiques.
Certains des fonds demandés sont consacrés au projet d'amélioration de la mobilité des Forces. Ce projet donnera à l'armée une capacité souple et polyvalente qui lui permettra de remplir efficacement n'importe quelle mission, que ce soit aujourd'hui ou dans l'avenir.
Ce budget supplémentaire des dépenses permettra aussi au ministère de collaborer avec d'autres organismes fédéraux pour mettre à profit nos ressources et renforcer la sécurité de la population canadienne.
Monsieur le président, vous verrez que, dans le Budget des dépenses, il est fait mention de petits transferts de 5,2 millions de dollars et de 2,7 millions de dollars à Services partagés Canada. Il s'agit de réduire le double emploi et les pratiques non efficaces dans les institutions du gouvernement fédéral et aussi de mener des activités reliées à l'informatique au campus Carling.
Vous observerez aussi un transfert de 141 900 $ à Transports Canada dans le cadre d'un engagement pluriannuel envers le Programme canadien pour la sûreté et la sécurité.
Ce budget des dépenses indique également un transfert de 25 000 $ de la Défense nationale au Conseil national de recherches du Canada pour la surveillance des eaux de surface et souterraines à deux emplacements du conseil, à Penticton, en Colombie-Britannique.
[Français]
Bien que le travail de l'Équipe de la Défense soit d'assurer le maintien de la sécurité de ce pays, le gouvernement reconnaît qu'une économie forte et résiliente constitue un aspect important de cette sécurité.
C'est pourquoi l'Équipe de la Défense a lancé, l'an dernier, son propre processus d'examen interne, baptisé le renouvellement de la Défense.
[Traduction]
Le processus de renouvellement de la défense offre une occasion d'améliorer la façon dont nous gérons notre personnel, nos biens et nos ressources. Nous tiendrons toujours en priorité l'excellence dans l'exécution de nos opérations au Canada et à l'étranger et, en même temps, nous continuerons de veiller à faire preuve de rigueur dans la gestion budgétaire, à utiliser judicieusement les ressources et à gérer avec soin l'argent du public qui va à la défense.
Monsieur le président, à la demande du comité, je suis heureux de profiter de cette occasion pour répondre aux questions des membres sur le Centre de la sécurité des télécommunications. Permettez-moi de souligner le rôle important que joue le CST dans la protection du Canada et des Canadiens. Le mandat du CST découle de la Loi sur la défense nationale et il prévoit que le CST doit fournir trois services essentiels au gouvernement du Canada.
Tout d'abord, le CST réunit des renseignements sur les transmissions étrangères pour appuyer le processus décisionnel du gouvernement en fournissant à ce dernier des informations sur les capacités, les activités ou les intentions d'entités étrangères telles que des États ou des groupes terroristes.
Ensuite, le CST remplit un mandat de cyberprotection; pour cela, il fournit des conseils, des avis et des services qui aident à protéger les systèmes et les réseaux du gouvernement ainsi que l'information qu'ils contiennent.
Enfin, le CST fournit une aide technique et opérationnelle aux organismes fédéraux de sécurité et d'application de la loi qui en font la demande dans le contexte de leurs mandats respectifs.
Dans le cadre de ses mandats relatifs au renseignement étranger et à la cyberprotection, le CST ne cible pas les Canadiens, où qu'ils soient dans le monde, ni quiconque d'ailleurs se trouvant dans notre pays. En vertu de son mandat concernant l'aide aux organismes fédéraux, le CST intervient aux termes des pouvoirs légaux de l'organisme concerné qu'il aide et il est assujetti à toute limite de ces pouvoirs, par exemple tout mandat des tribunaux.
Les activités du CST relatives au renseignement étranger sont essentielles au gouvernement qui s'est engagé à s'attaquer aux nouvelles menaces pesant sur la souveraineté et l'économie canadienne et dues au terrorisme et aux cyberattaques, tout en veillant à protéger le droit fondamental des Canadiens à la protection de leurs renseignements personnels.
Au fil des années, le CST a fourni des renseignements pour protéger le Canada et les Canadiens: en soutenant les opérations militaires du Canada et en protégeant nos forces contre les menaces; en détectant les agissements d'extrémistes basés à l'étranger qui cherchaient à attirer, à radicaliser et à entraîner des individus pour exécuter des attaques au Canada et à l'étranger; en repérant les manoeuvres d'organismes de renseignement étrangers et hostiles et en aidant à défendre le Canada contre elles; en donnant tôt l'alerte pour écraser les cybermenaces étrangères pesant sur le gouvernement du Canada ainsi que sur les infrastructures et les réseaux d'information essentiels; en favorisant les intérêts nationaux du Canada dans le monde, en fournissant un contexte sur les crises et les événements mondiaux et en influant sur la politique étrangère du gouvernement.
En remplissant ce rôle important, le CST veille à respecter entièrement la loi, y compris la Loi sur la défense nationale, la Charte canadienne des droits et libertés, le Code criminel et la Loi sur la protection des renseignements personnels. Le CST est aussi assujetti aux mesures législatives dont l'objet est de protéger la vie privée des Canadiens et des autres personnes au Canada. Depuis 1996, un commissaire totalement indépendant du CST — des juges à la retraite ou surnuméraires respectés — a examiné régulièrement les activités du CST pour confirmer qu'elles sont conformes à la loi et il a formulé des recommandations utiles pour améliorer les programmes du conseil. Le commissaire et ses employés à temps plein et ses experts-conseils ont entièrement accès à tous les systèmes, documents et personnel du CST. En plus de 17 ans, le commissaire n'a jamais pris le CST en défaut par rapport à la loi. En fait, il a expressément souligné le souci véritable qu'a le CST d'observer la loi et de protéger la vie privée des Canadiens.
Si le commissaire conclut un jour que le conseil a violé la loi, il devra signaler immédiatement le fait au procureur général et à moi, en ma qualité de ministre responsable du CST. Le chef du CST et moi prenons très au sérieux les constatations que le commissaire formule dans ses examens détaillés. Le CST a mis en oeuvre chaque recommandation passée du commissaire sur la protection de la vie privée, et il est en train de donner suite à celles issues des examens les plus récents.
La population canadienne peut continuer de compter que le CST et notre gouvernement déploieront tous les efforts voulus pour garantir la sécurité du pays contre les menaces étrangères, tout en respectant entièrement la loi et en protégeant la vie privée des Canadiens et des Canadiennes.
Monsieur le président, je vous remercie encore une fois de m'avoir invité et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Eh bien, comme vous le savez très bien, Monsieur Bezan — et je vous remercie du rôle que vous jouez comme notre secrétaire parlementaire — cela s'inscrit dans notre démarche globale, qui est de veiller à ce que nous ayons la capacité voulue au sein de nos forces armées.
Je n'ai pas besoin de vous décrire ce qu'il en était autrefois, il y a plus de 10 ans, et à quel point c'était problématique. Nous avions des alliés assez aimables pour nous transporter si nous avions besoin d'aller quelque part, et je crois qu'ils étaient très obligeants. Mais un des changements importants que nous avons apportés c'est de nous assurer que nos forces armées ont des capacités dans toutes les régions où l'on peut faire appel à leur aide.
J'ai été extrêmement heureux — quand on a fait appel à notre aide, par exemple, aux Philippines il y a deux ou trois mois — de me retrouver à la base de Trenton et constater que nous étions absolument capables et que nous avions tout l'équipement nécessaire pour transporter nos militaires et le dispositif et tout ce qu'il fallait pour prêter notre assistance, et nous avons été en mesure de le faire.
Je suis très reconnaissant à tout autre pays qui nous a aidé au fil des ans ou qui nous a transporté quelque part, ou ce genre de chose, mais je suis très heureux d'être équipé. Nous avons appris en Afghanistan qu'il nous faut des capacités sur divers fronts pour relever ce genre de défis, et nous sommes donc toujours en train d'étudier nos besoins et ce qu'il nous faut faire pour maintenir le niveau de capacité requis.
J'ai répondu tantôt à des questions au sujet de l'Aurora. Cela fait partie de la donne. En le mettant à hauteur, nous veillons à disposer de la toute dernière technologie, la toute dernière capacité. Je crois que nous devons cela aux gens de ce pays. Nous devons très certainement aux hommes et aux femmes de nos forces armées de faire tout notre possible pour qu'ils disposent des équipements les plus modernes, que cet équipement fonctionne comme il faut et qu'il soit conforme aux priorités du pays.
Je vous ai donné des précisions sur la stratégie de défense Le Canada d'abord et sur nos fonctions qui consistent à protéger la souveraineté et les intérêts du Canada, sur notre coopération pour la sécurité de l'Amérique du Nord, et aussi sur notre coopération avec nos alliés traditionnels.
Mais comme votre question semble en général indiquer, tout cela fait partie de ce que nous devons faire pour nous assurer que ce pays continue à fournir sa part d'efforts. Et en effet, voilà 100 ans que nous fournissons plus que notre part, comme vous le savez, lorsqu'il s'agit d'aider d'autres parties du monde à s'aider elles-mêmes. C'est quelque chose dont nous pouvons être très fiers, mais qui exige aussi un engagement très résolu.
Monsieur Forster, j'ai quelques questions à vous poser sur le CST. J'aurais bien aimé les poser au ministre, mais puisque vous êtes là, je vous remercie de votre présence.
L'essentiel de ce que j'ai pu retenir de la conversation sur le CST et les métadonnées, c'est que le ministre fait confiance au commissaire et que, par conséquent, le comité et le public doivent faire confiance au ministre, et qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter.
En ce qui a trait aux deux questions fondamentales touchant les métadonnées et la loi, on nous affirme que les métadonnées ne sont pas un problème, puisque les communications ne sont pas ouvertes et la loi est respectée. Pourtant, les commissaires à la protection de la vie privée nous apprennent toute autre chose. Ann Cavoukian de l'Ontario, par exemple, affirme que les métadonnées sont beaucoup plus redoutables pour la divulgation des renseignements personnels que le fait d'ouvrir un courriel. Les métadonnées sont quelque chose de dangereux pour les renseignements personnels.
La commissaire nationale à la protection de la vie privée, Chantal Bernier, m'apprend que la loi est périmée, que la Loi sur la défense nationale ne reflète pas les changements qui se sont opérés au niveau des capacités des organismes chargés de la sécurité nationale pour envahir la vie privée des gens, et que la loi devrait être renforcée moyennant l'institution d'un régime redditionnel plus poussé pour refléter l'échelle actuelle des activités touchant la sécurité nationale. C'est exactement le contraire des propos rassurants qu'on nous a fait entendre.
Pourriez-vous me dire brièvement, car j'ai une toute autre question à poser, quelles sont, le cas échéant, les mesures concrètes qui sont en train d'être prises pour modifier la Loi sur la défense nationale de sorte qu'elle aborde vraiment les dangers que posent les métadonnées pour la vie privée des personnes et qu'elle reflète le fait que les capacités du monde moderne sont différentes de celles qui existaient la dernière fois que la Loi sur la défense nationale a été modifiée?