:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Français]
Je vous remercie de m'avoir invité. Je connais plusieurs d'entre vous car j'ai déjà participé aux travaux du comité.
[Traduction]
Je vais faire mon exposé en français. Si vous préférez poser des questions ou discuter en anglais par la suite, cela ne pose aucunement problème. Il m'est simplement plus facile de le faire en français.
[Français]
J'ai participé à vos travaux, notamment à ceux sur l'OTAN et sur la participation du Canada aux différentes alliances. En abordant aujourd'hui la question de la coopération entre le Canada et les États-Unis, vous touchez un domaine que je connais bien puisque ma thèse de doctorat portait sur les relations canado-américaines en matière de défense. Par ailleurs, par extension, l'un des thèmes est la sécurité dans l'Arctique, qui est un autre de mes objets de recherche. La plupart des thèmes inscrits à l'ordre du jour des travaux du comité me sont également familiers.
J'aimerais vous rappeler rapidement quelle est ma conception des relations canado-américaines. Essentiellement, lorsqu'il s'agit de discuter avec les États-Unis, le travail du gouvernement canadien doit consister à rechercher deux équilibres fondamentaux. D'une part, il s'agit d'équilibrer les relations du Canada avec les États-Unis et les relations du Canada avec le reste du monde. Il peut y avoir des contradictions ou des liens entre les deux. D'autre part, la préoccupation centrale du gouvernement canadien doit être de tenter d'équilibrer les considérations de sécurité, de prospérité et d'identité nationale.
Bien souvent, ces considérations vont être en contradiction. Si on met l'accent sur l'une de ces considérations — on pourrait, par exemple, parler de sécurité et de défense —, on risque de causer des problèmes ou des difficultés en matière de prospérité ou d'identité. Je pourrai éventuellement y revenir.
À plusieurs reprises, je me suis publiquement affiché comme étant un « continentaliste ». Cela veut dire que ma conception de la politique étrangère et de la défense canadienne est fondée sur l'idée que le Canada doit se rapprocher le plus possible de celle des États-Unis. La prospérité, la sécurité et même, à la limite, l'identité canadienne passent donc par un rapprochement très prudent, mais réel, avec les États-Unis. Je m'accole moi-même cette étiquette de « continentaliste ».
Cependant, je plaide généralement pour un « continentalisme » de maturité, c'est-à-dire que la manière dont le Canada gère ses relations avec les États-Unis doit quand même être prudente. J'entends par là un « continentalisme » au sein duquel les considérations identitaires canadiennes — soit l'identité propre du Canada — doivent être préservées. Il s'agit d'un élément important non seulement pour l'existence même du Canada et pour l'unité nationale du Canada, mais aussi pour l'opinion publique et pour l'appui populaire dont doit jouir le gouvernement canadien.
C'est également un « continentalisme » qui, contrairement à ce que certains gouvernements ont fait au cours des dernières années, ne vise pas à anticiper les demandes ou les attentes des États-Unis. Offrir des cadeaux au gouvernement américain avec l'espoir d'obtenir autre chose en retour est généralement une stratégie qui ne fonctionne pas dans le cas des relations canado-américaines.
De plus, je crois fermement — je me réclame du libéralisme en tant que philosophie politique — aux institutions multilatérales et bilatérales. Certains gestes posés par le gouvernement au cours des dernières années peuvent laisser croire que les institutions ont maintenant moins bonne presse. Certaines institutions peuvent être vues comme lourdes, inefficaces ou coûteuses, mais elles comportent aussi un lot d'avantages extrêmement importants, en particulier sur le plan des relations canado-américaines dans le domaine de la défense. Les institutions jouent donc un rôle important car elles permettent d'équilibrer les relations entre les deux pays, de rendre la relation plus prévisible et de fixer des points d'ancrage auxquels on peut s'accrocher pour développer une relation à long terme.
Enfin, je crois fermement que la communauté de valeurs et de vision du Canada et des États-Unis constitue un socle sur lequel on peut bâtir une relation à long terme. Tout cela, si vous voulez, fait partie du fondement de ma réflexion.
Si on considère l'état actuel des relations canado-américaines, je vais d'abord me pencher sur l'Arctique et sur les questions relatives à la sécurité qui reviennent périodiquement.
Comme vous le savez, il existe nécessairement un débat sur la nature des problèmes et des défis qui pourront se poser dans l'Arctique au cours des prochaines années. On ne les connaît pas encore, car cela appartient à l'avenir, mais quoi qu'on en pense, ces défis seront importants et nécessiteront absolument une coopération internationale. Cette coopération peut être multilatérale par l'entremise d'institutions comme le Conseil de l'Arctique ou l'Organisation des Nations Unies, mais il est crucial que le Canada examine plus attentivement la possibilité de développer des liens avec les États-Unis dans cette région.
Certains progrès ont été accomplis au cours des dernières années. Par exemple, l'entente signée avec les États-Unis en décembre 2012 ou le cadre de coopération canado-américain de 2012 est un pas dans la bonne direction. Cependant, j'aimerais suggérer qu'on aille un peu plus loin. Je l'ai fait publiquement devant le comité à quelques reprises en suggérant de créer un comité consultatif conjoint canado-américain sur les questions de sécurité dans le Nord. Ce serait une sorte de commission permanente mixte de défense du Nord, qui fonctionnerait selon le même principe qu'un comité paritaire. Elle aurait pour mandat d'explorer les questions de sécurité qui préoccupent les deux pays et de faire essentiellement des recommandations aux deux gouvernements. Cette commission ne serait pas un organisme décisionnel, mais elle aurait un pouvoir de recommandations.
Vous voulez aussi aborder la question de la défense antimissile. Cela fait partie de la liste des thèmes qu'on m'a soumise, et je vais terminer sur ce point.
En 2004 ou 2005, cette question a beaucoup suscité l'intérêt des Canadiens, lorsque l'état actuel de la relation canado-américaine a été fondé. Je considère cette situation inconfortable et incomplète. Il serait probablement temps de revenir sur cette question et de permettre au Canada de participer directement et ouvertement à la défense antimissile. D'ailleurs, je me suis prononcé à plusieurs reprises en faveur de cette participation.
La différence entre la situation de 2004 et 2005 et celle d'aujourd'hui, c'est que l'opposition qu'il y avait au Canada contre la défense antimissile était attribuable en grande partie à l'hostilité que bon nombre de Canadiens éprouvaient à l'égard de l'administration Bush. Il s'agissait aussi d'un prolongement de la guerre très controversée en Irak.
Cette situation n'existe plus aujourd'hui et la plupart des États européens se sont prononcés en faveur de la défense antimissile. Le Canada ne s'est pas donné l'occasion d'en parler ouvertement en se maintenant à l'extérieur du programme. Il serait peut-être temps maintenant de se pencher sur cette question.
[Traduction]
Monsieur le président, je crois avoir utilisé les 10 minutes. Je vais arrêter ici.
Merci beaucoup.
:
Je vous remercie de la question.
[Français]
Curieusement, on est tentés de dire que l'environnement revient à quelque chose qu'on a connu. Beaucoup d'observateurs, avec un petit sourire en coin, disent qu'on est de retour à la guerre froide ou encore qu'il y a des risques que la situation ressemble à celle qu'on a connue au cours de la guerre froide.
Cet élément, soit la détérioration des relations avec la Russie, est une des choses qui est relativement nouvelle. Un autre élément nouveau, ce sont les tensions internationales entre les gouvernements, particulièrement la tension entre la Russie et les gouvernements occidentaux. Je comprends que c'est ce à quoi vous faites allusion.
Ce changement soulève un certain nombre de questions. Notamment, cela nous ramène à un sujet que vous avez étudié il y a quelques années, à savoir la position du Canada au sein de l'OTAN. Depuis quelques années le Canada souffle le chaud et le froid à l'OTAN. L'OTAN n'a plus le même vernis ou la même grandeur qu'elle a déjà eu dans le passé. Par exemple, l'opposition du Canada au développement d'une stratégie de l'OTAN dans l'Arctique indiquait qu'il y avait un certain malaise à l'égard de l'institution.
En fait, ce que la résurgence des tensions signifie, c'est que le Canada devra clarifier sa position dans l'alliance atlantique, ce qui se fait aujourd'hui même. L'annonce de l'envoi de troupes canadiennes en Pologne, je crois, ou en Roumanie, va forcer une discussion à ce sujet.
Pour vous et pour les relations canado-américaines, cela peut signifier aussi une réflexion sur le lien entre, d'une part, la défense de l'Amérique du Nord, la défense de l'Arctique en particulier, et, d'autre part, la défense de l'Europe ou de la situation en Europe.
Cela peut signifier aussi une remise en question des plans dans lesquels le Canada veut davantage investir. Veut-il revenir à la défense de l'Amérique du Nord ou investir dans des capacités d'intervention outre-mer? Cette tension entre les deux aspects de la politique de défense canadienne va toujours revenir.
:
Vous avez mentionné l'Arctique, pour lequel j'ai un intérêt particulier. Nous avons vu l'intérêt renforcé de la Russie dans cette région, notamment par la mise à niveau des bases militaires dans leur partie de l'Arctique et les derniers développements liés à la mise à l'épreuve de l'espace aérien de divers autres États de l'Arctique.
Quelles sont les menaces à la sécurité que vous entrevoyez pour l'avenir, en particulier pour le Canada? Comment pouvons-nous réduire ces menaces?
Comment pouvons-nous faire front commun avec les États-Unis, qui sont aussi présents dans l'Arctique, en Alaska? Selon vous, comment pourrions-nous mener une action positive dans l'Arctique?
L'intérêt du gouvernement envers l'Arctique se maintient, comme l'ont démontré les nombreuses visites du premier ministre dans l'Arctique chaque année et aussi certaines mesures que nous avons prises avant que la situation ne se détériore, comme on le voit actuellement avec la Russie, qui est un des principaux pays de l'Arctique.
Je le mentionne parce que j'ai habité dans le bloc de l'Est et que je n'aime pas la façon dont évoluent les choses, car il y a un recul, comme vous l'avez indiqué. Je sais que dans certains cas, les objectifs de la Russie sont à long terme. Nous devons, d'une façon ou d'une autre, nous défendre contre l'attitude agressive dont fait preuve la Russie.
:
Votre question comporte plusieurs dimensions. Je vous remercie de la question.
À ce sujet, je pense que nous devons être très prudents. Nous ne devrions pas attiser le feu. L'un des conseils les plus importants que je peux vous donner est d'essayer de compartimenter les choses. Il ne faut pas confondre ce qui se produit actuellement en Ukraine et en Russie avec ce qui s'est produit dans l'Arctique.
[Français]
Autant que nous pouvons le faire, il faut séparer les deux questions.
Il ne faut pas se servir de l'Ukraine pour durcir la position dans l'Arctique. Le fait de séparer les deux dossiers serait probablement la meilleure chose à faire.
Est-ce que la Russie pose une menace ou un risque dans l'Arctique, à moyen ou à long terme? C'est possible, et il faut tenir compte de cette possibilité. Par contre, il faut que ni le Canada ni les États-Unis ne puissent être qualifiés de responsables si jamais il y avait une course aux armements ou des tensions dans l'Arctique.
Au cours des dernières années, le Canada a souvent été dépeint, notamment par les Européens, comme l'État le plus agressif à propos de l'Arctique, celui dont le discours était le plus ferme et le plus dur en ce qui concerne l'Arctique. Cette attitude risque de justifier d'autres comportements, notamment ceux de la Russie. Celle-ci pourrait se dire que, si les Canadiens sont agressifs, elle peut l'être également.
L'Arctique comporte une profonde dimension identitaire pour la Russie et le Canada. C'est beaucoup moins le cas pour les autres États de l'Arctique. Être Canadien, c'est aimer l'Arctique, et les Canadiens y sont profondément attachés. Si les journaux révèlent qu'il y a des tensions ou des problèmes dans l'Arctique, ils vont donc réagir très fortement, de Vancouver à Terre-Neuve, quel que soit leur lieu de résidence, leur langue ou leurs préférences. La grande majorité des Canadiens est sensible à l'Arctique, et il faut en tenir compte. C'est le cas également en Russie.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Roussel, merci d'être venu aujourd'hui. Nous sommes heureux de vous accueillir et d'entendre votre point de vue.
Votre concept de « continentalisme » prudent m'intéresse; cela a attiré mon attention. Bien entendu, nous collaborons, et il est important que le Canada le fasse, à l'échelle internationale, avec les États-Unis. Nous avons la plus grande superficie; le Canada est le plus grand pays du monde et il a le plus long littoral.
Comment pouvons-nous maintenir le niveau de collaboration nécessaire avec cette superpuissance, compte tenu de toutes ses ressources et de sa planification militaire probablement bien plus avancée que nous pouvons l'imaginer, tout en préservant notre indépendance au sein de cette relation et en évitant d'être dépassés? Existe-t-il une formule? Quels conseils pourriez-vous nous offrir? Vous y avez manifestement songé, ce qui explique votre prudence. Pourriez-vous nous en dire plus, en ce qui a trait à l'établissement d'un cadre?
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Certainement. À cet égard, je peux vous présenter deux arguments. Le premier est lié à l'histoire.
Si vous regardez l'histoire des relations Canada-États-Unis, vous constaterez que le déséquilibre de la puissance des deux pays remonte à la fin du XIXe siècle. Le Canada existe toujours, il est toujours indépendant. Il a ses propres politiques et il se distingue encore des États-Unis. D'un point de vue historique, nous devrions établir un équilibre ou réduire cette crainte par rapport aux États-Unis. Le risque que pose le rapprochement avec les États-Unis pour la souveraineté canadienne est moins important que les gens ne le pensent en général.
Deuxièmement, en quoi consiste la solution? À mon avis — toujours en fonction de l'histoire des relations Canada-États-Unis —, la solution réside dans les institutions. Plus le Canada fait preuve de fermeté envers les États-Unis pour indiquer ce qu'il veut ou ne veut pas et pour établir les règles entre les deux pays, mieux c'est. En général, au niveau des institutions, le bilan des relations Canada-États-Unis est très bon.
Mes collègues américains sont parfois frustrés, parce que lorsqu'ils se penchent sur la dynamique des relations canado-américaines, ils constatent que les Canadiens se tirent beaucoup mieux d'affaire dans le jeu des négociations que les Américains, ce qui indique que les institutions protègent la souveraineté canadienne ou l'indépendance du pays.
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J'ai deux choses à dire à ce sujet.
Premièrement, pour ce qui est des stratégies des États-Unis concernant le Nord et les divers documents qui ont été mentionnés, le premier élément qui me surprend concernant les Américains et l'Arctique, c'est leur absence. À Washington, il est très difficile de trouver quelqu'un qui s'intéresse à l'Arctique. Habituellement, ce sont des représentants de l'Alaska qui soulèvent la question et qui font beaucoup de bruit pour attirer l'attention de leurs collègues. Ces documents représentent donc, à certains égards, un point de vue marginal. On ne peut guère dire que le président s'intéresse vraiment à ce qui se passe dans le Nord. Voilà pour le premier élément de réponse.
Deuxièmement, à ma connaissance, les Canadiens n'ont pas fait beaucoup d'efforts pour amener les Américains sur ce terrain. Par exemple, une des occasions ratées ces deux dernières années est liée à la création d'une présidence nord-américaine au Conseil de l'Arctique. Le Canada assure actuellement la présidence du Conseil de l'Arctique. En avez-vous entendu parler? À cet égard, quelques éléments attirent l'attention, mais dans un premier temps, je pense que nous avons notamment raté l'occasion de discuter avec les États-Unis, qui succéderont au Canada à la présidence du Conseil de l'Arctique. Nous devons essayer de faire ce que les Scandinaves ont fait; ils ont agi de façon concertée à la présidence sur une période de plus de six ans, à moins que ce ne soit que pendant deux ans.
Nous pourrions faire de même avec les Américains en essayant d'adopter une approche nord-américaine pour l'Arctique. Les gens auxquels j'ai parlé à Washington m'ont dit qu'ils n'avaient rien entendu du côté d'Ottawa. Donc, le fait qu'on ne mentionne pas le Canada dans ce document n'est pas vraiment surprenant, puisque le Canada n'interpelle pas les Américains sur cette question. À mon avis, nous devrions être plus proactifs.
Cela m'amène à l'idée que j'ai déjà proposée: nous devrions entreprendre des discussions avec les États-Unis sur la création d'un comité binational chargé des enjeux relatifs à l'Arctique.
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Ma première réaction serait probablement de privilégier une stratégie globale. Plus la perspective est vaste, mieux ce serait. Notre problème a toujours été que c'est très difficile à réaliser. Prenons l'exemple de la politique internationale canadienne du gouvernement Martin en 2005, qui visait à conférer une vision globale aux relations internationales du Canada.
Il est très difficile d'élaborer une stratégie semblable puisqu’il faut alors concilier de nombreux intérêts et points de vue divergents. Dans un monde idéal, ce serait certainement notre objectif, mais c'est très difficile.
Mme Joyce Murray: Il faut parfois décider si une chose est idéale, mais peu réaliste, ou si elle est pratique, mais loin d’être idéale. Où vous situez-vous à ce chapitre?
M. Stéphane Roussel: Concrètement, nous devrions avoir différents livres blancs. Ceux d’Affaires étrangères pourraient être distincts, pour nous donner une idée de la vision du monde gouvernementale ainsi que des éléments fondamentaux de nos relations internationales. Si j’en parle, c’est parce qu’il existe différentes philosophies et approches à ce chapitre. Nous ne pouvons rien faire tant que nous ne connaissons pas exactement la base: qu’est-ce qui représente une menace? Quel sera le plus grand obstacle dans les années à venir aux yeux des gouvernements? Il faut donc au moins une évaluation raisonnable à moyen terme des priorités du Canada, tant du côté de la Défense que des Affaires étrangères.
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Merci, monsieur le président.
J’aimerais mentionner que lorsque notre ancien Parti réformiste, un de ceux qui composent le Parti conservateur, était dans l’opposition, nous avions commencé à demander au gouvernement libéral de l’époque à quel moment il allait commencer à préparer un livre blanc. Je pense que c’était en 1997.
Il est donc intéressant qu’à notre arrivée au pouvoir, nous ayons proposé la stratégie de défense Le Canada d’abord, qui constitue notre livre blanc en évolution constante. Je sais que la députée siège depuis relativement peu longtemps au comité, mais c’est le gouvernement libéral qui a commencé à participer au Programme d'avions de combat interarmées. C’est donc lui qui a inscrit le Canada à l’ensemble des efforts de recherche sur le F-35 et qui est responsable de la suite des choses.
Notre témoin a parlé de la rotation au sein du Conseil de l’Arctique. Ce que j’aimerais savoir, c’est dans quelle mesure la présidence ultérieure de la Russie pourrait avoir une incidence sur la défense de l’Amérique du Nord.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Roussel, je veux tout d'abord vous remercier de votre présentation très intéressante. Je suis heureuse de recevoir parmi nous un collègue de l'École nationale d'administration publique .
Je voulais vous permettre de revenir un peu sur les points que vous aviez mentionnés quant au ton et à l'attitude que le Canada adopte sur la question de l'Arctique. En fait, pendant votre présentation, vous avez mentionnez que les menaces militaires ne constituent pas une menace immédiate ou, du moins, ne devraient pas trop nous préoccuper actuellement. Lors de rencontres précédentes, d'autres témoins nous ont aussi dit des choses similaires.
En fait, M. de Kerckhove, de l'Institut de la CAD, avait mentionné qu'en fait, l'Arctique est un endroit où la coopération est le seul choix, notamment pour des missions de recherche et sauvetage.
D'après ce que je comprends de vos propos, l'agressivité du Canada sur la question de l'Arctique pourrait nuire à ces efforts à l'avenir. Est-ce que je comprends bien vos propos?
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Roussel, j'apprécie votre ferveur pour la défense de l'Arctique canadien et la coopération avec nos alliés américains.
J'ai un peu de mal avec votre commentaire selon lequel les portes de Washington nous sont toujours fermées. Pourtant, chaque fois que les membres du comité s'y rendent, à titre de parlementaires, nos collègues américains nous assurent que les portes sont ouvertes pour le Canada, étant donné son engagement à l'égard de la guerre au terrorisme en Afghanistan.
Je croyais que nous avions réussi à assurer la bonne volonté de nos deux gouvernements et à favoriser leur collaboration en faisant ce qui devait être fait. Le 9 mai, nous rendons hommage à tous ceux qui ont combattu et qui ont perdu la vie en Afghanistan. Votre commentaire me laisse donc quelque peu pantois, à savoir que les Américains semblent indifférents, car on nous répète souvent que les portes de Washington nous sont ouvertes. Nos efforts militaires sont certainement remarqués et appréciés par les Américains.
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Nous le constatons en ce moment avec le projet Keystone et tout le reste, comme l'étiquetage mentionnant le pays d'origine.
J'aimerais parler de l'évaluation des menaces concernant la sécurité nord-américaine. Les représentants du NORAD nous ont dit que des aéronefs militaires russes testaient constamment notre espace aérien — de façon constante, et pas seulement dans l'Arctique, mais aussi sur la côte du Pacifique et de l'Atlantique, tant aux États-Unis qu'au Canada. Je pense que c'est une préoccupation pour le comité, et cela devrait l'être aussi pour l'ensemble des Canadiens: les Russes ont toujours été les premiers à tester notre vigilance et à essayer de voir si on dormait aux commandes.
On assiste à une prolifération de missiles de croisière à l'échelle mondiale; à peu près tous les grands joueurs en ont. Si la plupart des grandes économies font preuve de retenue dans leurs dépenses militaires, la Russie a quant à elle augmenté son budget militaire de 92 %. Elle a récemment rouvert deux bases navales dans l'Arctique, des vestiges de la Guerre froide, et elle a haussé considérablement le financement accordé à la construction de navires destinés à l'Arctique.
Je me demande si nous ne devrions pas voir cela comme un signe que la Russie est beaucoup plus agressive face à l'Arctique et à l'ensemble de la sécurité nord-américaine.
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Merci d'être venu témoigner aujourd'hui.
Le comité va poursuivre la séance à huis clos pour étudier ses travaux, mais juste avant, j'aimerais vous soumettre deux questions.
Monsieur Carmichael, avec le consentement unanime du comité, vous pourrez demeurer dans la salle pendant la séance à huis clos. Également avec le consentement unanime du comité, le fils de M. Harris aimerait assister à la séance.
Je m'en remets à vous. Ai-je votre consentement pour que ces deux messieurs demeurent dans la salle?
Des voix: Oui.
Le président: Puisque le comité y consent, nous allons faire une pause avant de poursuivre la séance à huis clos.
[La séance se poursuit à huis clos.]