[Français]
Monsieur le président, membres du comité, c'est pour moi un plaisir d'être ici parmi vous aujourd'hui. Je suis accompagné du brigadier-général Greg Loos, du Commandement de la Force opérationnelle interarmées du Nord, dont le quartier général se trouve à Yellowknife.
[Traduction]
Je suis ici pour parler du rôle des Forces armées canadiennes dans les opérations continentales de secours aux sinistrés.
Chacun sait que les catastrophes, qu'elles soient d'origine naturelle ou humaine, sont un défi constant pour les pays et les gouvernements du monde entier. Les effets de ces désastres sont importants, surtout les conséquences humaines pour toutes les personnes touchées. Pratiquement sans avertissement, des gens peuvent mourir ou perdre leur maison en un clin d'oeil, et les périodes de rétablissement peuvent s'étendre sur des semaines ou des mois, et parfois même sur des années, comme ce fut le cas après le passage de l'ouragan Katrina. Comme on a pu le voir récemment, les ouragans, les inondations et les feux de forêt ne sont que quelques-unes des catastrophes naturelles avec lesquelles notre pays doit composer chaque année.
Nos partenaires provinciaux et territoriaux disposent de moyens bien rodés et capables pour intervenir et atténuer les effets des catastrophes partout au pays. Or, périodiquement, il arrive que les effets d'un désastre particulier soient si importants qu'ils dépassent les capacités des autorités civiles.
[Français]
C'est là que les Forces armées canadiennes entrent en jeu. Dans le cadre de la Stratégie de défense Le Canada d’abord, les Forces armées canadiennes sont prêtes à apporter une aide essentielle aux autorités civiles lors d'une crise qui se produit au Canada, là où il le faut et quand il le faut.
[Traduction]
Bien que nous ne dirigions pas les activités de secours aux sinistrés, nous pouvons rapidement envoyer en renfort des ressources et des capacités uniques à des moments cruciaux pour compléter et améliorer les ressources de nos partenaires civils.
Nous sommes en contact constant avec Sécurité publique, qui est responsable des interventions d'urgence du fédéral, de même qu'avec les autorités provinciales et territoriales, ainsi que d'autres partenaires fédéraux. C'est là un aspect essentiel de notre structure de planification conjointe avec Sécurité publique et nos partenaires civils visant à donner aux Forces armées canadiennes un préavis maximum qu'une demande d'aide est sur le point d'arriver. Même avant qu'une telle demande soit formulée, les commandants et le personnel des Forces opérationnelles interarmées régionales collaborent activement avec leurs homologues civils. Ainsi, les décideurs civils ont des attentes réalistes quant aux capacités, aux limites et aux délais d'intervention des Forces armées canadiennes.
Durant ce processus de planification pangouvernemental, l'un des facteurs clés du déploiement des Forces armées canadiennes est la capacité des autorités civiles à gérer la situation sans aide. C'est là un point important à déterminer puisque le soutien que les Forces armées canadiennes apportent aux autorités civiles est toujours apporté en dernier recours.
[Français]
Lorsqu'il devient évident qu'une situation de crise exige des capacités dont ne disposent pas les autorités civiles, le ministre de la Défense nationale peut — généralement à la suite d'une demande d'aide officielle — demander aux Forces armées canadiennes d'apporter de l'aide pour compléter et renforcer les efforts provinciaux et locaux déjà en cours.
[Traduction]
C'est à cela que sert l'opération LENTUS, qui est le plan d'urgence des Forces armées canadiennes pour la prestation d'aide humanitaire et de secours aux sinistrés à l'appui des autorités provinciales et territoriales durant un désastre majeur. Dans le cadre de l'opération LENTUS, les Forces armées canadiennes ont pour but de produire des effets stratégiques dans la zone touchée, et ce, dans les 24 heures suivant la réception de la demande d'aide.
Il y a toutefois des cas où des catastrophes particulières, comme des inondations et des feux de forêt se produisent sans qu'on puisse les voir venir assez à l'avance pour s'engager dans le cycle normal de planification pangouvernementale. En pareil cas, nos commandants des Forces opérationnelles interarmées régionales peuvent enclencher une intervention militaire immédiate s'ils déterminent qu'elle est nécessaire pour sauver des vies, alléger les souffrances et protéger l'infrastructure essentielle. Connu sous le nom d'Opération d'intervention rapide régionale, cet élément de protection crucial de notre capacité d'intervention n'a pas à attendre une demande d'aide officielle. Parmi les nombreuses ressources capables et uniques que peuvent fournir nos responsables de la mise sur pied de la force, citons notamment les services de génie, de santé, de protection de la force, de transport, d'aviation et de logistique. Une fois sur place, notre personnel travaille en collaboration avec les autorités civiles afin d'aider à l'organisation de l'intervention conjointe face à la crise, y compris le commandement et le contrôle efficaces de cette intervention.
Comme nous l'avons vu lors des fortes inondations qui ont eu lieu au Manitoba en 2014, ce soutien a été apporté par 500 membres des Forces armées canadiennes qui ont collaboré avec les autorités provinciales et les bénévoles à des tâches aussi simples, mais néanmoins importantes, que la production de sacs de sable, ce qui a été essentiel à la protection des propriétés dans les zones touchées.
Quatre hélicoptères CH-146 Griffon provenant d'Edmonton ont aussi été utilisés durant cette opération, ainsi qu'un CP-140 à des fins d'information, de surveillance et de reconnaissance concernant la situation.
C'est aussi en 2014 que les Forces armées canadiennes sont intervenues par suite d'inondations à trois autres reprises: les 7 et 8 mai, les Rangers canadiens, deux aéronefs CC-130 Hercules et cinq CF-146 Griffon ont réussi à évacuer 90 personnes de Kashechewan et de Fort Albany dans le nord de l'Ontario; du 10 au 12 mai, 730 personnes ont été évacuées avec succès de Kashechewan par des ressources militaires; du 17 au 20 mai, les Rangers canadiens et deux aéronefs CC-130 Hercules ont évacué 165 résidants de la Première Nation des Attawapiskat.
[Français]
Ce ne sont là que quelques exemples récents de situations où les capacités uniques des Forces armées canadiennes ont été utilisées avec succès pour mettre des Canadiens hors de danger durant les opérations de secours aux sinistrés.
Jusqu'à maintenant, je me suis concentré sur des opérations nationales de secours aux sinistrés. Je vais maintenant aborder notre capacité continentale.
[Traduction]
Depuis 2008, le Canada et les États-Unis ont maintenu un important cadre bilatéral pour la prestation du soutien militaire où un pays vient en aide aux forces armées de l'autre pays, que ce soit lors d'une situation d'urgence civile ou en prévision d'une telle situation. C'est ce qu'on appelle le Plan d'appui aux autorités civiles canado-américain. Ce plan permet le déploiement évolutif du personnel militaire et des ressources d'un pays vers l'autre, afin d'intervenir lors d'une myriade de crises et d'événements, comme des inondations, des tremblements de terre, de feux de forêt et même par suite d'attaques terroristes. C'est simplement l'un des autres moyens grâce auxquels nous sauvons des vies, allégeons la souffrance humaine et atténuons les dommages aux propriétés.
Ce plan a déjà été mis en oeuvre avec succès à deux reprises.
Durant l'intervention du Commandement de l'Amérique du Nord face à l'ouragan Gustav en août 2008, le Canada a fourni l'aide d'un aéronef CC-177 Globemaster pour évacuer des patients du sud des États-Unis, ainsi que de deux CC-130 Hercules pour les efforts d'aide humanitaire.
En 2010, lorsque le Canada a été l'hôte des Jeux olympiques d'hiver, à Vancouver, le Commandement de l'Amérique du Nord s'est préparé de façon proactive à fournir du soutien pour les équipes de liaison, ainsi que des forces d'intervention chimique, biologique, radiologique et nucléaire, si l'inconcevable s'était produit.
[Français]
Les hommes et les femmes des Forces armées canadiennes demeurent dévoués à la sécurité et au bien-être de leurs concitoyens. Ils apportent de l'aide à nos collectivités, peu importe où se manifeste le besoin. Je crois que le brigadier-général Loos aimerait formuler quelques remarques, après quoi il me fera plaisir de répondre à vos questions.
Merci, monsieur le président.
Monsieur le président, membres du comité, je vous remercie de m'avoir invité à me joindre à vous aujourd'hui.
La Force opérationnelle interarmées du Nord, ou FOIN, englobe une vaste région qui couvre plus de 4 millions de km2, soit à peu près l'équivalent de l'Europe de l'Ouest. Celle-ci comprend plus de 75 % des côtes du Canada.
[Traduction]
La FOIN a pour rôle de se préparer à mener des opérations dans le Nord. Il peut s'agir d'opérations de défense ou d'affirmation de la souveraineté ou encore des opérations de sécurité à la suite des demandes d'assistance des autres ministères.
En ce qui a trait aux ressources organisationnelles pour accomplir ce rôle, nous disposons de plusieurs unités basées principalement à Yellowknife. Nous avons un quartier général et une unité de soutien dont le mandat est de maintenir une connaissance de la situation pour la région et d'avoir la capacité de planifier, de coordonner, de commander, d'exécuter et de soutenir les opérations. En plus d'une petite présence comme liaison à Whitehorse et à Iqaluit, notre région possède des infrastructures du NORAD, comme le Système d'alerte du Nord, et la station des Forces canadiennes Alert.
[Français]
Nous avons aussi le 440e escadron de transport, dont les quatre avions Twin Otter, qui peuvent fournir du transport aérien tactique vital en appui à de nombreux profils de mission dans le Nord.
Nous avons une unité de réserve de l'Armée canadienne, la Compagnie C du Loyal Edmonton Regiment, qui est également basée à Yellowknife.
[Traduction]
Et finalement, le quartier général du 1er Groupe de patrouilles des Rangers canadiens, qui commande ses 60 patrouilles à partir de Yellowknife. Ces patrouilles, qui regroupent quelque 1 850 Rangers dans 60 des 74 communautés de la zone de responsabilité de la Force opérationnelle interarmées Nord, sont nos yeux et nos oreilles dans la région. Elles encadrent et guident les éléments militaires provenant du sud quand ils viennent dans la région pour s'entraîner ou pour participer à des opérations.
Le quartier général du 1er Groupe de patrouilles des Rangers canadiens administre aussi les Patrouilles des Rangers juniors canadiens dans 41 communautés.
Afin d'être prêts pour le rôle et les missions que l'on nous assigne, nous surveillons la région, nous planifions et nous exécutons des missions pour nous exercer et pour améliorer nos capacités, et nous favorisons d'excellentes relations de travail avec plusieurs partenaires dans le Nord.
Pour établir la connaissance de la situation dans le Nord, nous utilisons divers moyens: les Rangers canadiens avec différents systèmes militaires; des missions de présence et de surveillance aérienne et maritime précises; et le partage d'information avec des partenaires, qui sont d'autres unités militaires, des formations militaires alliées et d'autres ministères.
Entre autres objectifs, pour améliorer notre préparation opérationnelle et encourager les partenariats avec tous les intervenants régionaux des paliers fédéral, territorial, autochtone et des Premières Nations, nous planifions et nous menons annuellement quatre opérations principales comme Nanook et NUNALIVUT.
[Français]
Bien sûr, les opérations dans le Nord du Canada comportent de nombreux défis. Mère Nature nous impose de grandes étendues géographiques que nous devons surveiller et parcourir. Il y a de nombreux types de terrains ardus avec lesquels nous devons composer.
[Traduction]
Pour beaucoup de communautés dans la région, le climat en évolution apporte de nouvelles préoccupations qui pourraient dans certains cas se traduire par des enjeux qui exigeront une intervention militaire de secours. Parallèlement, l'activité humaine dans la région augmente, ce qui pourrait augmenter la cadence des interventions militaires pour certains types de scénarios.
Nos opérations, que nous planifions de manière délibérée, nous permettent de bien nous préparer à ces éventualités. Nous pouvons ainsi les anticiper, nous exercer aux scénarios en lien et tirer des leçons indispensables.
[Français]
Je vous remercie de l'occasion que vous m'avez accordée de présenter notre approche quant aux opérations militaires et à notre préparation opérationnelle dans le Nord du Canada.
C'est avec plaisir que je répondrai maintenant à vos questions.
Je vous remercie.
[Le témoin s’exprime dans une langue autochtone.]
:
Nous effectuons des patrouilles pour diverses raisons, mais pas nécessairement en fonction d'un intervalle précis.
Essentiellement — et je sais qu'on vous l'a déjà dit —, les Rangers canadiens sont « nos yeux et nos oreilles », qu'ils portent ou non leur chandail rouge à capuchon. Ils font partie des collectivités. Lorsqu'on considère le Nord sous l'angle de la sécurité communautaire, au lieu de constamment se soucier des quatre millions de kilomètres carrés de territoire, on se soucie de ce qui se passe aux abords des collectivités et à portée des patrouilles des Rangers.
Lorsqu'un Ranger voit quelque chose d'étrange pendant qu'il est à la chasse ou à la pêche, il le signale. C'est ce que nous attendons de lui. Cela fait partie de l'entente au moment de s'engager. Les Rangers le comprennent et s'épanouissent dans ce rôle. Ils savent qu'ils rendent un service exceptionnel à leur pays, qu'ils soient ou non en service rémunéré.
Pour ce qui est des patrouilles, il y a des patrouilles régulières. On dresse un plan annuel et on s'y tient, mais rien n'est prévu sur une base hebdomadaire ou mensuelle. Le plan repose sur divers facteurs, comme le rythme des collectivités en ce qui concerne les périodes de chasse habituelles et ainsi de suite. L'objectif, c'est d'être présent et de patrouiller régulièrement, mais pas nécessairement sur une base hebdomadaire ou mensuelle.
:
L'EICC compte environ cinq secteurs fonctionnels. Le premier, c'est l'élément médical, qui se charge des soins médicaux primaires et du triage tout en assumant une certaine capacité d'évacuation par ambulance.
Il s'agit d'un petit détachement qui regroupe environ 45 employés de la santé, mais on ne fait pas grand-chose avec cela. Il peut intervenir de façon très ciblée, mais limitée.
Il y a aussi une équipe d'ingénierie composée d'une soixantaine de personnes. Elle fournit des services de construction de base — horizontale et verticale —, mais elle peut aussi s'occuper de dégager des voies de circulation, d'effectuer des évaluations techniques et d'assainir l'eau. Il y a eu beaucoup de voies de circulation à dégager aux Philippines.
Nous avons par ailleurs une capacité de mobilité aérienne qui peut aussi servir aux fins de la coopération civilo-militaire et donc de la coordination de l'aide. Il s'agit de personnes spécialement formées qui sont aptes à assurer un soutien, à dresser l'ordre de priorité et à jumeler les ressources aux besoins dans les zones sinistrées.
J'ignore si j'ai nommé les cinq. Je pense qu'il y en a cinq.
Il y a en outre une équipe de soutien qui garde l'EICC fonctionnelle, un autre groupe de personnes qui fait fonctionner l'EICC.
Voilà à peu près quelles sont les capacités de l'EICC.
:
Bien sûr, nous interagissons beaucoup avec tous ces partenaires. Dans la plupart des cas, nos principaux partenaires sont les trois divisions de la GRC dans chaque territoire. Elles sont présentes dans beaucoup d'endroits où nous le sommes aussi. Nous échangeons beaucoup d'information et nous avons des problèmes en commun. Il nous arrive de nous aider mutuellement en matière de transport. De toute évidence, les divisions font aussi partie de notre Groupe de travail sur la sécurité de l'Arctique.
Pour ce qui est de la Garde côtière, nous entretenons des liens avec elle relativement aux activités de recherche et de sauvetage. Par ailleurs, la Garde côtière, la GRC, Pêches et Océans et d'autres organismes participent couramment à l'opération Nanook, dans le cadre de laquelle nous organisons des scénarios pangouvernementaux destinés expressément à comprendre nos rôles, nos responsabilités, nos structures opérationnelles et notre dynamique d'équipe ainsi qu'à tirer des leçons et à trouver comment faire les choses.
Chaque été, nous tenons également l'opération Nunakput. En collaboration avec Pêches et Océans, une partie de la Garde côtière et la GRC, nous effectuons alors des patrouilles coordonnées à partir du Grand lac des Esclaves, en descendant le Mackenzie jusqu'à la mer de Beaufort, tout au nord.
Encore une fois, c'est l'occasion de faire acte de présence, de nouer des partenariats, de tirer des leçons au fur et à mesure et de faire connaître notre approche à l'égard des responsabilités.
J'ai des questions sur deux sujets distincts. L'un concerne la manière dont les compressions et les retards dans le remplacement d'immobilisations au ministère de la Défense influent sur vos fonctions. L'autre vise à en savoir davantage sur le dossier de la préparation aux catastrophes, surtout sur la côte du Pacifique. J'habite Vancouver, alors je m'intéresse toujours aux risques et à l'état de préparation à une telle situation.
Pour ce qui est de la première question, vous savez sans doute que l'Institut de la Conférence des associations de la défense a publié la semaine dernière un rapport sans complaisance à propos des conséquences des compressions budgétaires sur la défense nationale. Alors que les dépenses d'immobilisations représentaient depuis toujours 20 % du budget, cette proportion n'est plus que de 13 %. Selon l'analyse de l'institut, rajusté en fonction de l'inflation, le financement correspond à celui de 2007, ce qui est nettement inférieur à ce qui avait été promis dans la stratégie de défense. D'ailleurs, la stratégie de défense sera amputée d'environ 32 milliards de dollars par rapport à ce qui était prévu. Je tiens à citer un extrait du rapport:
La réalité c’est que nous entamons une période de déclin continu des capacités des FAC, moins de formation et moins d’effets, avec en conséquence une influence réduite sur la scène mondiale et une contribution affaiblie [...]
... voilà le segment qui concerne expressément le sujet de notre discussion...
[...] à notre propre sécurité intérieure et internationale.
Comment composez-vous avec les compressions budgétaires? Certaines sont transparentes, alors on peut s'y préparer, mais d'autres se font en catimini; pensons, par exemple, à la non-utilisation de fonds, aux gels et ainsi de suite. Comment vous adaptez-vous aux compressions budgétaires imprévues qui pourraient avoir des conséquences sur l'approvisionnement, l'entraînement ou l'entretien? Comment vous y prenez-vous pour optimiser l'affectation des fonds et éliminer le superflu? Quel est votre processus?
Du point de vue du ministère, nous sommes le Commandement des opérations interarmées, alors nos actifs, nos ressources et nos capacités nous sont essentiellement fournis par l'armée, la marine et les forces aériennes, mais parfois aussi par d'autres éléments de la Défense nationale, comme le chef du personnel militaire, qui peut nous fournir des spécialistes de la santé, par exemple, des médecins et du personnel infirmier. Nous utilisons ensuite ces ressources pour répondre aux besoins opérationnels.
Du point de vue du continent — le sujet que je connais bien —, je n'ai pas été témoin, depuis mon entrée en fonction, il y a deux ans, de conséquences attribuables à la réduction des capacités. Notre aptitude à répondre à toutes les exigences de préparation... Les équipes de recherche et de sauvetage, les forces nationales en état de préparation constante, les unités d'intervention immédiate dont j'ai parlé, les navires de garde et les aéronefs qui restent prêts à intervenir sur les côtes de manière à répondre aux exigences de surveillance: nous surveillons tout cela au quotidien. À l'exception d'une ou deux fois aux six mois, environ, où un aéronef a un problème d'entretien, ce qui ne m'apparaît pas vraiment anormal, nous sommes toujours prêts, le matin, à intervenir. Nous sommes donc en mesure de satisfaire aux exigences.
:
Ce serait très difficile. Dans le pire des cas, ce serait très difficile. Il s'agit donc d'une excellente question.
J'ai dit tout à l'heure qu'il y avait six forces opérationnelles interarmées, dont une basée à Victoria: la Force opérationnelle interarmées du Pacifique. Son commandant, notre contre-amiral, entretient des rapports étroits avec ses homologues, les responsables provinciaux des mesures d'urgence. Ils procèdent souvent à des exercices, qui ont habituellement lieu en septembre ou en octobre, une fois que les changements de personnel ont été faits. Ils en ont justement organisé un cette année, et ils ont passé à travers chacune des étapes de l'intervention d'urgence.
J'ai parlé tout à l'heure de notre plan d'intervention d'urgence en cas de catastrophe, appelé opération LENTUS. L'un de ses volets prévoit des mesures d'intervention en cas de séisme sur la côte Ouest, à Vancouver.
Si un problème survenait, le contre-amiral Truelove m'en informerait-il? M'appellerait-il pour m'avertir qu'un séisme violent vient de se produire et pour m'informer des mesures d'intervention? Les liens de communications seraient-ils coupés? L'apprendrions-nous aux nouvelles? Nous ne le savons pas, mais nous avons prévu des mesures qui tiennent compte de ces éventualités. Je pourrais en être informé par ceux qui sont en charge des mesures d'urgence dans les provinces et au fédéral. S'il était en mesure d'intervenir, c'est lui qui dirigerait l'acheminement des ressources et des marchandises dans la province afin de répondre à l'appel des responsables provinciaux et municipaux et de leur prêter main-forte.
Si le contre-amiral ne pouvait pas communiquer avec nous, le commandant de la Force opérationnelle interarmées de l'Ouest, à Edmonton, le remplacerait et dirigerait nos mesures d'intervention. Nos exercices prévoient ces éventualités. Si les communications étaient coupées, Edmonton prendrait la relève, et le commandement viendrait de cette direction.
:
Oui, mais si vous le permettez, je vais vous répondre en anglais.
Mme Élaine Michaud: Ce n'est pas un problème.
Bgén G.D. Loos: Cela rendra mes commentaires et mes réponses plus précis.
[Traduction]
Les risques et les menaces changent selon le climat. Qu'on se déplace l'été par voie maritime ou l'hiver par d'autres moyens, les conditions climatiques bouleversent presque toutes les activités. Ces changements ont aussi des répercussions sur les gens. On se fiait autrefois aux connaissances des gens de la région pour savoir quand la glace était assez épaisse pour l'emprunter, mais ces gens ne peuvent plus prévoir aussi bien les conditions. Cela peut entraîner des incidents ou restreindre certaines activités ou certaines patrouilles que nous aurions faites ordinairement.
L'activité humaine augmente aussi dans le Nord. Je dirais qu'on constate une progression linéaire davantage que géométrique. Il n'y a pas beaucoup plus de navires de croisière, mais il y en a tout de même plus, et ils sont plus gros. Il y a plus d'activité; plus d'aventuriers y vont en été et en hiver. Pour pouvoir planifier au mieux les mesures d'intervention, nous comptons sur les sources publiques d'information pour suivre ce qui se passe et savoir qui se trouve là-bas.
Que faisons-nous pour améliorer les mesures d'intervention? Nous circonscrivons ces régions et nous en discutons avec nos partenaires, dans le cadre du groupe de travail sur la sécurité dans l'Arctique, afin de vérifier que nous constatons les mêmes risques accrus et que nous évaluons de la même façon ce qui pourrait constituer un problème pour un ou plusieurs ministères.
Lorsque nous le pouvons, nous essayons ensuite d'intégrer ces idées aux scénarios que nous créons, comme pour l'opération Nanook. Nous simulons notamment le cas d'un bateau de croisière échoué dans la baie de Frobisher. Nous passons en revue les mesures que nous devons prendre, chacun de notre côté, afin de déterminer quand et comment demander l'aide du fédéral; nous passons aussi en revue les étapes et les procédures, les personnes qui s'intégreraient aux différentes équipes, le déroulement général. Il s'agit vraiment d'une excellente approche collaborative.
:
Dans le cadre des trois commandements, nous avons formé environ six groupes de travail s'intéressant à des domaines d'intérêt commun. Les communications seraient l'un de ces domaines, par exemple. Nos activités en Amérique du Nord, comme notre partenariat avec le Mexique, constitueraient un autre de ces domaines.
L'un des groupes de travail se concentre sur la lutte contre les agents chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires, et ce, pour une ou deux raisons. Les États-Unis possèdent un système très bien développé. Le nôtre l'est moins sur le plan militaire. Au Canada, c'est le ministère de la Sécurité publique qui est chargé de cette lutte. Le programme Par-delà la frontière comprend aussi un composant de lutte contre les agents chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires. Le Commandement des opérations interarmées du Canada fait partie, avec le ministère de la Sécurité publique, d'un comité qui s'occupe de la lutte contre les agents chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires. C'est ainsi qu'on coordonne le travail à ce sujet dans l'ensemble de l'État fédéral et qu'on s'assure que chacun des deux pays dispose de moyens d'intervention appropriés.
Je ne crois pas qu'il y ait quoi que ce soit de magique dans ce que nous faisons. Nous cherchons simplement à nous assurer que nous prévoyons les ressources et les capacités nécessaires de part et d'autre de la frontière, de manière à maximiser les moyens dont chacun dispose.
Quelles sont les menaces? Ce ne sont probablement pas les missiles balistiques intercontinentaux qui retiennent principalement notre attention. Nous avons effectué une analyse assez solide pour cerner les menaces. Selon nous, le danger le plus important pour les Canadiens au pays, parmi les agents chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires, est le risque d'un déversement de matière industrielle toxique.
Quel est le degré de préparation du ministère de la Sécurité publique? Eh bien, il serait bon de lui poser la question. Nous nous préparons de façon à pouvoir l'aider éventuellement, là où nous pensons qu'il pourrait avoir besoin d'aide. Nous examinons l'ampleur des diverses menaces. Nous avons réfléchi au genre d'intervention que nous devrions et pourrions faire. Nous en avons discuté au sein des trois commandements, avec nos homologues des États-Unis, pour pouvoir tirer des leçons de leur expérience et pour déceler les lacunes dans les capacités respectives des deux pays.
:
C'est une question qui exige une réponse détaillée, mais je vais tenter d'y répondre de manière succincte dans le temps dont je dispose.
À l'échelle nationale, le processus d'intervention comprend deux volets. Il peut s'agir d'une intervention planifiée qui exige une approbation à un haut niveau. L'autorisation peut venir du ministre, qui transmet ses directives au chef d'état-major de la Défense. En ce qui concerne les événements de Calgary, voici ce qui s'est passé. Le commandant à Edmonton surveillait l'évolution de la situation et il maintenait une communication constante avec ses homologues de la province, qui travaillent du côté nord d'Edmonton. Voyant ce qui se déroulait, il a commencé à envoyer ses troupes.
Il a fait appel à nous. Nous étions au courant de la situation. Les mesures ont été prises sous son autorité. Nous n'avons pas attendu que le ministre albertain de la Sécurité publique adresse une demande d'aide à son , puis que celui-ci nous la transmette. Il était évident que ce n'était pas nécessaire en l'occurrence.
Confronté à un tremblement de terre, le contre-amiral Truelove... Eh bien, nous nous attendrions à ce que tous les commandants, qu'ils travaillent dans les bases, s'occupent de l'entraînement ou travaillent à l'échelon national, fassent le nécessaire pour aider les Canadiens en détresse. C'est la philosophie qui motiverait les mesures d'intervention que le contre-amiral prendrait en cas de tremblement de terre.
Je ne peux que faire des suppositions... S'il y avait encore une structure en place, si nous étions en mesure de communiquer très rapidement après le tremblement de terre, il y aurait une surveillance nationale des efforts. Nous serions reconnaissants au commandant d'avoir pris des mesures initiales, mais nous y ajouterions une structure nationale, un peu comme lors des inondations à Calgary.
Je pourrai y revenir, si vous le souhaitez, mais je vais répondre rapidement à votre question sur le contexte international.
Le Plan d'appui aux autorités civiles — PAAC — Canada-États-Unis prévoit un cadre qui indique au NORTHCOM et au Commandement des opérations interarmées du Canada les facteurs dont il faut tenir compte et les mesures de commandement et de contrôle qu'il faut appliquer. Cela permet de lancer la conversation. Par exemple, dans le cas de l'ouragan Katrina — je n'étais pas en poste à ce moment-là, mais je peux m'imaginer ce qui arriverait si nous revivions cet événement —, le NORTHCOM nous dirait, à moi ou à un de mes officiers, qu'il a besoin de deux ou trois de nos avions Hercules.
Nous transmettrions la demande relative aux avions Hercules au ministre. La même demande serait probablement aussi présentée par les canaux politiques. Nous recevrions la consigne de fournir les avions; nous n'agirions pas de façon unilatérale dans ce cas-là. Le PAAC Canada-États-Unis nous fournit un cadre.
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Merci, monsieur le président.
J'ai aimé cet échange. C'est intéressant.
Je voulais poser une question sur l'évaluation de la menace et comment vous arrivez à la faire.
J'écoutais dernièrement une émission des Freakonomics à laquelle étaient invités quatre spécialistes du terrorisme. La question était: si vous aviez été invités à la récente réunion du président Obama, à laquelle, je pense, notre ministre de la Sécurité publique s'est rendu, quel conseil auriez-vous donné au président relativement à l'évaluation de la menace terroriste? Puis, ils ont parlé de l'efficience du terrorisme, comment il était possible de frapper fort avec peu de moyens, à défaut de trouver une meilleure expression, et l'inverse, qui est que nous consacrons beaucoup de ressources pour contrer la menace de terrorisme avec des résultats parfois douteux. C'est donc l'inverse.
Chose intéressante, ils ont fait le même commentaire que vous, à savoir que les produits chimiques toxiques ou l'épandage de produits chimiques toxiques constituent probablement la menace terroriste la plus importante. Leur argument était que c'était plus une question de chance que de gestion et, peut-être, aussi de stupidité des terroristes, qui ne se rendent pas compte que c'est en fait la plus grande menace pour une vaste population.
M. Chisu parle des Jeux panaméricains, où il y aura un grand rassemblement. Un terroriste futé qui voudrait causer de graves dommages profiterait d'un événement comme celui-là et utiliserait des produits chimiques au lieu d'autres formes d'arme.
J'aimerais juste savoir si vous pensez que c'est, en fait, une analyse juste de la menace et que c'est, si vous voulez, votre plus grand souci.