:
Merci, mesdames et messieurs.
Je suis désolé pour les aléas de la procédure parlementaire, et je vous souhaite la bienvenue à cette séance au cours de laquelle nous étudierons les soins offerts aux membres des Forces armées canadiennes malades ou blessés.
Compte tenu des contraintes de temps, je proposerais qu'on invite Mme Rigg, la directrice générale des opérations de gestion des ressources humaines civiles, à venir témoigner tout de suite plutôt que durant la deuxième heure afin que nous puissions lui poser nos questions. Êtes-vous d'accord?
Des voix: Oui.
Le président: Merci.
Major-général Millar, soyez le bienvenu au sein du Comité de la défense nationale.
Nous accueillons aujourd'hui le major-général Millar, chef du personnel militaire; le colonel Scott McLeod, directeur en santé mentale, Services de santé des Forces canadiennes; le colonel Rakesh Jetly, conseiller en santé mentale, Direction de la santé mentale; et du ministère de la Défense nationale, Michel Dorion, sous-ministre adjoint, Prestation des services; ainsi que Raymond Lalonde, directeur du Réseau national pour les blessures liées au stress opérationnel. Comme je l'ai dit, Mme Jacqueline Rigg, directrice générale des opérations de gestion des ressources humaines civiles, se joindra à nous tout de suite. Elle est également sous-ministre adjointe, Ressources humaines – Civils.
Les témoins peuvent maintenant faire leurs déclarations.
Général Millar, vous disposez de 12 minutes.
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Merci beaucoup, monsieur.
Monsieur le président et membres du comité, mes collègues et moi sommes ravis d'avoir l'occasion de vous parler de notre programme Prendre soin des nôtres, et plus particulièrement des soins offerts aux militaires des Forces armées canadiennes malades ou blessés ainsi qu'aux membres de leur famille.
Je suis très heureux d'avoir parmi nous aujourd'hui des proches de nos militaires canadiens et anciens combattants. Je discutais avec Claude et Jenny ainsi qu'avec Paula, et c'est merveilleux lorsqu'on fait l'éloge de notre programme, grâce auquel nous aidons les militaires à se rétablir et à réintégrer les Forces armées canadiennes ou à faire la transition vers la collectivité en étant pris en charge par le ministère des Anciens Combattants.
Comme le président l'a mentionné, je suis accompagné de Scott McLeod, directeur, Santé mentale, et de Rakesh Jetly, psychiatre en chef des Forces armées canadiennes.
Quand un militaire des Forces armées canadiennes subit une blessure grave ou souffre d'une maladie qui le rend inapte à assumer ses fonctions habituelles, il est admis au programme Prendre soin des nôtres, qui comprend trois étapes: le rétablissement, la réadaptation et la réintégration. Géré par nos 24 centres intégrés de soutien du personnel répartis partout au pays, dont celui de Petawawa que vous avez visité récemment, le programme est axé sur la compassion, est adapté aux besoins du militaire et n'a pas d'échéance fixe, puisque le temps de guérison d'une maladie ou d'une blessure n'est pas fixe. Les CISP fournissent le précieux soutien administratif pendant que notre système de santé prodigue les soins nécessaires. C'est un mariage parfait.
Dans certains cas, le rétablissement est une affaire de mois. Par exemple, à la demande d'un militaire qui avait une occasion d'emploi dans le civil, le processus n'a pris que six mois. En général, cependant, le processus complet de rétablissement, réadaptation et réintégration se calcule en années, depuis le moment de la blessure jusqu'à ce que la personne n'ait plus besoin de notre aide. Le caporal Glen Kirkland, un agent immobilier qui connaît une carrière florissante, et le caporal-chef Jody Mitic, qui a participé à l'émission Amazing Race Canada, sont deux ambassadeurs de notre programme qui incarnent cette volonté et cette détermination qui, combinées aux soins et au réconfort que nous fournissons, permettent de surmonter les blessures ou la maladie, de poursuivre sa vie et d'accomplir des choses remarquables.
Permettez-moi de vous décrire brièvement notre programme. Les étapes de rétablissement et de réadaptation relèvent principalement de nos professionnels de la santé qui dirigent le processus de rétablissement et de réadaptation physique et mentale. Nos sept centres de soutien pour trauma et stress opérationnels, comme celui situé ici à Ottawa, notre équipement de réadaptation ultramoderne, nos centres d'excellence, notre vaste programme militaire de recherche en santé ainsi que les nombreux partenariats conclus avec des entités externes, comme les 10 cliniques de traitement des traumatismes liés au stress opérationnel d'Anciens Combattants Canada, le Centre de santé mentale Royal Ottawa et l'Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans, forment cette extraordinaire capacité de calibre mondial.
L'étape de la réintégration est une responsabilité partagée entre les militaires, le personnel médical et la chaîne de commandement. La réintégration peut consister en un retour au travail à temps partiel au sein d'une autre unité militaire ou en une participation à un cours de rattrapage scolaire. Ou il peut s'agir de travailler chez Royal LePage, Services immobiliers, pour obtenir un permis d'agent d'immeuble ou encore de participer à des activités de la Légion royale canadienne, de la Compagnie Canada ou d'un autre ministère du gouvernement fédéral tout en recevant une solde militaire.
L'étape de réintégration vise à redonner confiance au militaire et à rétablir chez lui un sentiment de fierté et d'estime de soi, des ingrédients clés vers un rétablissement complet. Le travail à l'extérieur des Forces armées canadiennes est souvent plus propice au rétablissement, car l'emploi au sein des Forces militaires peut être la source du problème de santé. Bien souvent, les militaires trouvent leur place dans un autre domaine d'activité et demandent leur libération afin de poursuivre une nouvelle carrière dans le secteur civil. À ceux et celles qui quittent nos soins et qui sont pris en charge par Anciens Combattants Canada, nous offrons une réadaptation professionnelle sous forme de formation en cours d'emploi et un programme de perfectionnement des études.
Notre plus récente initiative est le Programme d'aide à la transition de carrière pour les militaires, dirigé par la Compagnie Canada, dans le cadre duquel jusqu'à 200 employeurs offriront un emploi à nos vétérans par l'entremise de la campagne 1 000 emplois sur 10 ans. Notre nouveau Programme d'aide à la transition de carrière pour les militaires comprend une évaluation professionnelle, une analyse de marché, la rédaction d'un curriculum vitae, une recherche d'emploi, ainsi qu'un encadrement et un mentorat en cours d'emploi. Actuellement, l'offre est supérieure à la demande, mais simplement parce que le programme vient tout juste d'être lancé.
[Français]
La Fondation True Patriot Love et les recherches qu'elle a menées sur la propension des employeurs à embaucher des vétérans ainsi que les entreprises chefs de file comme Prospect Human Services, laquelle a réussi à trouver un emploi à 85 % des vétérans de la région d'Edmonton, nous ont permis de mettre sur pied une sorte de guichet unique à l'emploi pour venir en aide aux vétérans. De cette façon, nous apaisons l'inquiétude qu'ils éprouvent à la perspective de commencer une nouvelle carrière.
Le personnel d'Anciens Combattants Canada et du ministre de la Défense nationale commencent à travailler ensemble en vue d'aider les membres des forces armées, six mois avant leur libération, à faire la transition à la vie civile et à trouver un emploi.
Un plan intégré de transition sera préparé à l'intention de ceux qui quittent le service et qui ont des besoins complexes. Les gens en cause et les différents intervenants participeront à sa préparation. Ce plan tient compte de leurs besoins en matière de soins médicaux et d'éducation et les aide à trouver un emploi et à demander du soutien à Anciens Combattants Canada.
Une fois ce processus terminé, le membre signera son plan pour indiquer son accord ou, le cas échéant, son désaccord. Par le passé, il y a peu de cas où un membre était en désaccord sur son plan, mais quand c'est arrivé, le plan a été revu pour apaiser ses inquiétudes.
[Traduction]
L'élément central de tous ces efforts est l'Unité interarmées de soutien du personnel et les 24 centres intégrés de soutien du personnel, qui comptent 97 employés civils et 179 employés militaires, et qui comprennent sur place des spécialistes en soutien familial, spirituel, social et financier ainsi que des gestionnaires de cas des Services de santé des Forces canadiennes et du personnel d'Anciens Combattants Canada. Cette collaboration facilite grandement la prestation de soins complets à nos militaires et aux membres de leur famille. Vous avez, j'en suis sûr, été témoins de la sollicitude et de la compassion dont font preuve les personnes qui travaillent au centre intégré de soutien du personnel que vous avez visité à Petawawa.
Le programme a réussi à démystifier la stigmatisation associée au fait d'aller chercher de l'aide. Aujourd'hui, 1 924 militaires sont assignés à l'Unité interarmées de soutien du personnel. De ce nombre, 60 % peuvent souffrir de troubles mentaux allant d'un état de stress post-traumatique à la dépression en passant par diverses formes d'anxiété associées aux rigueurs de la vie militaire en général. L'augmentation du nombre de militaires qui reçoivent de l'aide est une preuve que les barrières tombent peu à peu, mais il y a encore beaucoup de travail à faire.
Vous savez tous que des soldats canadiens se sont suicidés récemment. Notre programme de prévention du suicide, nos séances axées sur l'information, la sensibilisation et la résilience psychologique, notre programme de dépistage, nos activités de sensibilisation et nos recherches font partie de notre stratégie en matière de santé mentale. Même si notre taux de suicide est inférieur à celui du reste de la société canadienne et qu'il n'a pas augmenté depuis 1995, en dépit de notre important engagement en Afghanistan, que l'année 2013 affiche le taux de suicide le plus bas depuis des années, que les militaires qui ont besoin d'aide peuvent obtenir immédiatement des soins de santé mentale auprès d'un médecin militaire et que nous avons des installations, des ressources et du soutien de première classe en matière de santé mentale ainsi que le meilleur rapport professionnel de la santé mentale-soldats de tous les pays de l'OTAN, nous pouvons encore en faire davantage.
Un fort pourcentage de militaires qui en viennent au suicide semble ne pas avoir reçu de diagnostic de trouble mental; ils souffrent en silence. Le principal obstacle aux soins est que la plupart des personnes souffrant de troubles mentaux ne semblent pas reconnaître qu'elles ont un problème. Cet obstacle est présent chez environ 90 % des personnes ayant un trouble mental évident. Le deuxième grand obstacle est le désir de gérer soi-même ses problèmes. Les répercussions sur la carrière et les attitudes négatives à l'égard de la santé mentale sont d'autres obstacles répandus.
L'intervention précoce est la clé du succès pour traiter les troubles mentaux. Afin d'aider nos militaires, nous devons souligner les aspects positifs, car chaque fois que nous donnons l'impression de critiquer le travail remarquable qu'accomplissent l'Unité interarmées et les centres intégrés de soutien du personnel, nous risquons de repousser ceux et celles qui étaient sur le point de venir chercher de l'aide.
Nous devons trouver le juste équilibre entre l'exposé des faits et les histoires comme celle de M. Sneddon, le père du caporal Moe Sneddon, qui a téléphoné à l'Unité interarmées de soutien du personnel à Halifax après le suicide de son fils pour dire que la mort de son fils était liée à une rupture conjugale, non pas à son état de stress post-traumatique. M. Sneddon a expliqué que le caporal Sneddon, dans une lettre de suicide, demandait qu'on remercie les membres du personnel de l'unité pour leur aide, car sans eux, il se serait sans doute enlevé la vie bien avant.
Selon nos études sur le suicide, environ 60 % des militaires qui s'enlèvent la vie ont participé à un déploiement et 40 % ne sont jamais partis en mission. Parmi les facteurs de suicide les plus répandus, mentionnons les relations amoureuses à 45 %, les problèmes disciplinaires à 21 %, les problèmes financiers à 16 %, et les problèmes juridiques à 10 %.
Déstigmatiser la maladie mentale, tenir compte des facteurs psychosociaux, accroître la sensibilisation et renforcer la résilience psychologique sont des domaines sur lesquels je vais m'attarder afin que nous puissions mieux comprendre toutes les complexités de la maladie mentale et améliorer nos programmes visant à soutenir nos hommes et nos femmes en uniforme et les membres de leur famille.
Malheureusement, nous n'avons pas assez de temps pour vous décrire en détail les divers programmes. Je vous ai plutôt remis des exemplaires d'un document sur le programme Prendre soin des nôtres, de notre Stratégie en matière de santé mentale, du dépliant sur le programme En route vers la préparation mentale, du dépliant sur nos services de bien-être et de maintien du moral, ainsi que de notre aide-mémoire complet sur les prestations, les programmes et les services qui décrivent les prestations et les programmes offerts par les Forces armées canadiennes et le ministère des Anciens Combattants.
Vous avez entendu parler du programme Sans limites, du Réseau des soldats blessés, des prestations pour modification du domicile, des prestations pour modification du véhicule et de toutes les autres prestations. Nous pourrions y revenir pendant la période de questions.
Monsieur le président, merci beaucoup.
:
Merci, monsieur le président.
Je suis ravi d'être ici cet après-midi, en compagnie du major-général Millar et d'autres collègues des Forces armées canadiennes, pour parler de la façon dont nous collaborons afin d'assurer des soins aux membres et vétérans malades et blessés des Forces armées canadiennes.
Je suis accompagné de Raymond Lalonde, directeur du Réseau national pour blessures liées au stress opérationnel. Si vous avez des questions techniques, M. Lalonde sera en mesure d'y répondre.
[Français]
Le poste que j'occupe à Anciens Combattants Canada est encore tout nouveau pour moi. J'en suis presque à mon troisième mois puisque j'ai commencé à la fin de décembre. Cependant, ni le service aux Canadiens, ni la prestation des services pour une organisation opérationnelle ne sont nouveaux pour moi.
[Traduction]
J'ai joint les rangs d'Anciens Combattants Canada en quittant Service Canada où j'étais sous-ministre adjoint, responsable de la prestation et de l'exécution de programmes dans la région de l'Atlantique. Auparavant, j'ai occupé divers postes de haute direction à Transports Canada, à Travaux publics et Services gouvernementaux Canada et à l'ancienne Agence des douanes et du revenu du Canada.
D'abord, à titre de contexte, je donnerai un aperçu du Comité directeur conjoint ACC-FAC dont je suis le coprésident au nom d'Anciens Combattants Canada, aux côtés du major-général Millar.
[Français]
Anciens Combattants Canada et les Forces armées canadiennes ont des mandats distincts, mais au nom des Canadiens, nous conjuguons nos efforts pour prodiguer des soins aux malades et aux blessés. Les personnes que nous servons peuvent être des militaires encore en service, en voie d'être libérées des Forces armées canadiennes ou être d'anciens militaires.
Ceux et celles qui ont été blessés durant leur service ont le droit de s'attendre à ce que nous coordonnions le plus possible nos services et nos efforts afin de répondre à leurs besoins, tout comme les proches de ceux et celles qui ont perdu leur vie durant leur service. C'est d'ailleurs la raison d'être du comité directeur.
[Traduction]
Le comité est formé de représentants d'Anciens Combattants Canada et des Forces armées canadiennes aux échelons opérationnels et stratégiques supérieurs, ce qui favorise une relation de travail solide entre nos deux organisations afin de combler les lacunes dans les programmes et les politiques et d'assurer la continuité des services que reçoivent les membres malades et blessés et leur famille pendant qu'ils font la transition de la vie militaire à la vie civile.
Le comité est un organe consultatif qui détermine, gère, coordonne et classe par ordre de priorité les activités et les initiatives qui concernent et touchent les deux organisations et ceux et celles que nous avons le privilège de servir.
Les recommandations du comité sont soumises au sous-ministre de la Défense nationale et d'Anciens Combattants Canada.
[Français]
Les priorités communes du comité portent généralement sur le maintien d'un continuum de services, entre autres dans le domaine de la santé mentale et du soutien à la famille. Ces priorités communes portent aussi, le cas échéant, sur la recherche conjointe.
Alors, à quoi ressemble cette collaboration? Par exemple, à l'occasion de notre dernière discussion du 14 janvier, nous avons convenu de concentrer nos énergies sur la façon dont nous pouvons intégrer davantage nos efforts sur l'harmonisation et la simplification du soutien aux membres des Forces armées canadiennes dans le domaine de la transition à l'emploi, de la réadaptation, de la santé mentale et de la prévention du suicide.
J'attends avec impatience notre prochaine rencontre, le 1er avril, où nous allons continuer à discuter de ces sujets.
[Traduction]
Maintenant que vous connaissez mieux le rôle du comité directeur conjoint et la façon dont nous collaborons stratégiquement, permettez-moi de parler du rôle d'Anciens Combattants Canada quant aux soins aux malades et aux blessés.
Comme le major-général Millar l'a mentionné, les Forces armées canadiennes ont la responsabilité première des soins apportés aux militaires qui portent l'uniforme. Je souligne cependant que dans le cas d'une blessure liée au service, les membres des Forces armées canadiennes peuvent avoir droit aux prestations d'invalidité offertes par ACC pendant qu'ils servent et continuent de servir.
Après la libération des membres, Anciens Combattants Canada est responsable de leurs soins, leur traitement et leur réinsertion dans la vie civile. Cette responsabilité est partagée avec les provinces et territoires, ainsi qu'avec les collectivités.
[Français]
Notre but est d'offrir de façon aussi harmonieuse que possible la continuité des soins auxquels le membre et sa famille s'attendent des Forces armées canadiennes. C'est donc pour cette raison, comme mon collègue l'a si bien expliqué, que nos équipes travaillent côte à côte dans les Centres intégrés de soutien du personnel.
Anciens Combattants Canada compte aujourd'hui plus de 100 employés oeuvrant dans ces centres avec le personnel des Forces armées canadiennes, dans les bases et les escadres ou à proximité d'une base.
[Traduction]
La responsabilité d'ACC pour les soins aux membres des Forces armées canadiennes malades et blessés commence, dans la plupart des cas, avant qu'ils ne quittent les forces armées. Le personnel d'ACC rencontre les membres au début du processus de libération afin de réaliser une entrevue de transition personnelle visant à déterminer les besoins avant la libération. Au cours de l'exercice passé, le personnel d'ACC a mené 4 145 entrevues de ce type. Les entrevues permettent de cerner les risques ou les obstacles éventuels à la réussite de la transition à la vie civile, et elles donnent aussi l'occasion d'expliquer aux membres en voie de libération et à leur famille les avantages et les services offerts par le ministère et d'autres partenaires.
Pour les membres qui pourraient avoir besoin de services de gestion de cas individuels, les renseignements qu'ils fournissent servent alors à créer un plan d'intervention personnalisé d'ACC en étroite collaboration avec les fournisseurs de soins et de services des Forces armées canadiennes.
[Français]
Pour les anciens combattants ayant des besoins complexes, un gestionnaire de cas d'Anciens Combattants Canada travaille avec l'ancien combattant et sa famille pour faire une évaluation globale et détaillée, afin d'évaluer et satisfaire les besoins, de développer davantage le plan d'intervention et de déterminer l'admissibilité aux programmes et aux services d'Anciens Combattants.
:
Monsieur le président et membres du comité, je suis ravie d'avoir l'occasion de comparaître devant vous dans le cadre de votre importante étude sur les soins offerts aux membres malades ou blessés des Forces armées canadiennes.
En tant que directrice générale des opérations de gestion des ressources humaines civiles, j'assure, en collaboration avec le sous-ministre adjoint des ressources humaines du ministère de la Défense nationale, le fonctionnement de six centres régionaux de services des ressources humaines civiles. Ces prestataires de services des ressources humaines régionaux travaillent en partenariat avec les gestionnaires civils et militaires du ministère de la Défense nationale afin de répondre à leurs besoins stratégiques et opérationnels en gestion des ressources humaines. Ils offrent un leadership, des conseils et des services de soutien se rapportant à la planification des ressources humaines, au recrutement et à la dotation, aux relations avec les employés, à la classification, à la rémunération et à l'apprentissage. Bref, nous sommes chargés d'élaborer et de favoriser la prestation de services permettant de recruter, de perfectionner et de maintenir en poste les employés civils en vue de soutenir efficacement le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes. Nous sommes donc également responsables du recrutement des professionnels de la santé mentale, ce qui, je le sais bien, intéresse particulièrement ce comité, afin que les membres des FAC reçoivent le soutien dont ils ont besoin.
En ce qui concerne la dotation, le MDN, tout comme les autres ministères, respecte la Loi sur l'emploi dans la fonction publique, soit la LEFP. La LEFP régit les processus de nomination afin que la fonction publique observe les principes du mérite et de l'impartialité qui protègent les valeurs de la justice, la transparence, l'accessibilité et la représentativité. À la Défense nationale, lorsque nous prenons des décisions en matière de dotation, nous cherchons toujours à maximiser la souplesse en vue de répondre aux besoins et aux exigences opérationnelles tout en respectant les politiques de nomination de la LEFP.
Les soins offerts aux membres malades et blessés des Forces armées canadiennes constituent l'une des priorités principales du MDN et des FAC. Aujourd'hui, les Forces armées canadiennes comptent environ 400 travailleurs à temps plein du domaine de la santé mentale, notamment des psychiatres, des psychologues, des travailleurs sociaux, des infirmiers en santé mentale et des conseillers en toxicomanie, qui exercent leur profession dans 38 cliniques et détachements de soins primaires et 26 cliniques de santé mentale partout au Canada. Nous saisissons toutes les occasions de recrutement en ce qui concerne les professionnels de la santé mentale: nous diffusons des publicités sur Internet et dans les revues professionnelles, nous organisons des activités de recrutement dans le cadre de conférences telles que celles de l'Association des psychiatres du Canada et nous travaillons avec l'Association médicale canadienne et le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada.
La réalité est la suivante: le Canada dans son ensemble souffre d'une pénurie de prestataires de soins de santé. Comme l'a remarqué récemment le chef d'état-major de la défense, le ministère de la Défense nationale fait face à la concurrence des provinces, des territoires et du secteur privé en ce qui concerne l'embauche de psychiatres et d'autres professionnels du domaine de la santé. La difficulté qu'éprouve le ministère de la Défense nationale à attirer et à recruter des professionnels du domaine de la santé mentale qui sont qualifiés et expérimentés réside en grande partie dans la disponibilité restreinte de ces professionnels sur le marché du travail au Canada.
La Défense nationale doit également surmonter un obstacle supplémentaire: les postes vacants se trouvent dans des régions éloignées ou en dehors des régions métropolitaines, par exemple à Cold Lake ou à Bagotville. Comme c'est également le cas dans le secteur privé, il est difficile d'attirer les professionnels du domaine de la médecine dans ces régions.
À la lumière de ces constats, la Défense nationale a décidé de s'attaquer à la pénurie de spécialistes en soins médicaux en réduisant les formalités administratives et en rehaussant ses incitatifs. Nous avons sollicité l'appui de nos partenaires des organismes centraux, dont la Commission de la fonction publique et le Secrétariat du Conseil du Trésor, afin d'obtenir un maximum de flexibilité à l'intérieur de la structure législative de la fonction publique, de manière à attirer et à recruter davantage de professionnels de la santé mentale.
Pour résoudre la question des déménagements, en particulier dans les régions isolées, le Secrétariat du Conseil du Trésor a approuvé l'augmentation temporaire du montant maximal alloué pour le remboursement des frais de déménagement des candidats externes. Ainsi, jusqu'au 31 mars 2015, nous pouvons offrir un remboursement des frais de déménagement jusqu'à concurrence de 40 000 $, plutôt que de 5 000 $.
De plus, la Commission de la fonction publique a accepté de diriger vers la Défense nationale les employés prioritaires qui répondent à nos besoins et à nos exigences de recrutement. Une personne prioritaire est une personne qui, en vertu de la Loi et du Règlement sur l'emploi dans la fonction publique, a droit pendant une période limitée d'être nommée avant toute autre personne aux postes vacants dans la fonction publique. Cette personne doit posséder les qualifications essentielles du poste en question. Par ailleurs, la Commission de la fonction publique s'engage à faciliter le processus d'autorisation en matière de priorité afin de réduire les délais de dotation. L'autorisation en matière de priorité est l'autorisation de procéder à la dotation qu'accorde la Commission de la fonction publique à une organisation après que cette dernière ait pris en considération les personnes ayant droit de priorité.
Afin d'être en meilleure posture pour faire concurrence au secteur privé, nos employés de chaque catégorie clinique commencent au dernier échelon de leur échelle salariale.
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L'universalité du service est une exemption à la charte qui garantit que tous les membres des Forces canadiennes sont en bonne santé physique et aptes à l'emploi et au déploiement conformément aux normes des Forces canadiennes. Les membres des Forces canadiennes peuvent être déployés en tout temps à l'étranger, notamment en Libye ou en Afghanistan, ou au pays suite à des crises ou des urgences. Par conséquent, nous devons être dotés d'une force fonctionnelle capable de répondre aux besoins des Canadiens.
La charte signifie que nous ne sommes pas tenus d'embaucher à partir d'un des groupes désignés, c'est-à-dire les membres ayant une déficience. Cela signifie également que lorsque les membres ne sont plus aptes à être déployés, à être embauchés dans leur métier ou qu'ils n'atteignent pas le niveau de condition physique nécessaire aux opérations de combat, ils ne satisfont plus aux critères de l'universalité du service et, par conséquent, selon leur état de santé, ils seront libérés des forces pour être pris en charge par Anciens Combattants Canada.
L'exemption à la charte, l'universalité du service, nous permet d'avoir des forces armées canadiennes pleinement fonctionnelles.
Est-ce que j'estime que cette politique est efficace et importante? Absolument. Si l'on veut être capable de remplir les trois rôles et les six missions du gouvernement du Canada pour les Forces canadiennes, je crois sincèrement que cette politique doit être en place.
Maintenant, je ne vois pas l'universalité du service comme quelque chose de négatif. C'est plutôt un principe qui dit que, si vous n'êtes plus apte à combattre, vous pourriez peut-être envisager d'occuper un autre emploi au sein des Forces canadiennes; sinon, vous pourriez peut-être être embauché ailleurs dans les Forces canadiennes, par exemple dans les cadets ou les Rangers; ou en dernier recours, nous pourrions vous aider, avec l'aide du ministère des Anciens Combattants, à faire la transition du service militaire à la vie civile et à vous bâtir une seconde carrière.
Comme l'a expliqué Michel, c'est exactement le but du Programme d'aide à la transition de carrière pour les militaires. Nous avons une grande capacité de former, d'offrir un emploi et d'aider nos membres à entreprendre une deuxième carrière au sein de la collectivité.
Par conséquent, l'universalité du service n'est qu'une partie de l'équation. L'autre partie, ce sont tous les autres programmes que nous avons en place qui permettent à nos membres, lorsqu'ils ne répondent plus aux normes de l'universalité du service, d'accomplir autre chose au sein des forces ou à l'extérieur.
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Merci beaucoup, madame. Je suis heureux de vous revoir. La dernière fois, nous étions en Afghanistan.
Les êtres humains ont naturellement tendance à penser qu'une personne qui présente une maladie mentale a un problème et cela modifie la perception que nous avons de ces personnes. Je crois que c'est vrai partout au Canada, car dans notre société, on n'a pas encore démystifié et déstigmatisé la santé mentale, et on croit toujours qu'il s'agit d'une maladie intraitable au lieu de considérer, comme c'est le cas pour la santé physique dans les Forces canadiennes, qu'il s'agit d'une réalité pour laquelle nous avons des programmes qui nous aident à atteindre le bien-être physique et mental.
Ainsi, lorsque je parle de stigmatisation, je parle du cas d'un soldat et de son compagnon d'armes en Afghanistan et lorsque les deux soldats reviennent, l'un éprouve des problèmes, mais pas l'autre, et celui qui a des problèmes est peut-être trop orgueilleux pour l'admettre et obtenir de l'aide. Et comme je l'ai mentionné plus tôt, parfois ce soldat se contente de se dire qu'il n'a pas de problème ou que si c'est le cas, il peut les traiter lui-même. Il faut que ces gens se sentent à l'aise de se rendre dans une clinique s'ils ne se sentent pas bien lorsqu'ils se lèvent le matin ou s'ils se sentent déprimés. Il faut qu'ils puissent signaler à leur chaîne de commandement qu'ils ne se sentent pas bien. Ils devraient téléphoner à l'un de leurs pairs. Cette réaction doit devenir automatique, et remplacer « Je verrai comment je me sens demain », car cela peut devenir « Je verrai comment je me sens le jour d'après ». C'est ce que je veux dire par déstigmatisation.
L'autre problème, madame, c'est la carrière. Comme on vous l'a dit, on croit fermement qu'une personne qui présente un problème mental ou même un problème physique court un grand risque d'être libérée des Forces canadiennes en raison de l'universalité du service, dont j'ai parlé plus tôt. Nous contribuons à la déstigmatisation en offrant des séances d'éducation et de sensibilisation sur tous nos programmes et sur le taux élevé de réintégration de nos militaires au travail, mais aussi, pour les cas où on ne répond plus au critère de l'universalité du service, sur les excellents programmes que nous offrons pour vous permettre de poursuivre une deuxième carrière, pour vous remettre sur pied, pour vous fournir l'éducation et la formation nécessaires, et les prestations et le soutien dont vous avez besoin pour entreprendre une deuxième carrière satisfaisante et stimulante.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais remercier les témoins d'avoir comparu devant notre comité.
J'ai servi dans des missions de combat en Afghanistan. J'aimerais revenir brièvement sur la notion de l'universalité du service. Vous avez mentionné qu'elle est très claire, sauf que vous avez une section qui n'exige pas l'universalité du service, c'est-à-dire le corps de cadets. Les cadets permettent aux membres en uniforme d'atteindre, par exemple, un âge limite de 65 ans au lieu de 60 ans, etc., et ils ne sont pas soumis à des tests physiques rigoureux.
Si je fais ces commentaires, c'est parce que je suis en transition, c'est-à-dire que je fais la transition du monde militaire vers d'autres sections du MDN ou de la vie civile. J'ai quelques brèves questions.
Tout d'abord, en moyenne, combien de temps un militaire des FC peut-il être sur la liste de la catégorie médicale avant que vous commenciez le processus de libération? Deuxièmement, sur une moyenne annuelle, combien de membres des FC sont sur la liste de catégorie médicale? Aussi, combien de temps faut-il pour un militaire pour être libéré des FC pour raisons médicales ou à la suite d'une demande de libération? Je pose la question au sujet des délais, car ils peuvent être très longs. Les membres des FC sont placés dans des soi-disant pelotons d'attente, et cela mine énormément leur moral. Lorsque j'étais en service à Meaford, il y a eu des suicides dans ces pelotons.
De plus, j'ai une question pour M. Rigg. Combien d'employés civils du MDN ont fait l'expérience du milieu militaire?