AAND Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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STANDING COMMITTEE ON ABORIGINAL AFFAIRS AND NORTHERN DEVELOPMENT
COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES AUTOCHTONES ET DU DÉVELOPPEMENT DU GRAND NORD
TÉMOIGNAGES
[Enregistrement électronique]
Le mardi 24 mars 1998
[Français]
Le président (M. Guy St-Julien (Abitibi, Lib.)): Bonjour. Nous allons commencer notre séance même si nous n'avons pas le quorum, mais nous ne pourrons prendre aucune décision d'ici à ce qu'il y ait quorum. Je sais que tous les députés de tous les partis ont beaucoup de travail et qu'ils auront une journée bien remplie aujourd'hui.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous entreprenons une étude sur le développement économique autochtone.
Nos témoins d'Industrie Canada sont M. Bob Dickson, directeur exécutif, Entreprise autochtone Canada; M. Rick Fontaine, directeur général, Opérations; et M. Michael Jenkin, directeur général, Planification stratégique et développement des services.
Notre séance se terminera à huis clos. Nous en parlerons plus tard, lorsque nous aurons le quorum.
J'invite MM. Jenkin et Dickson à faire leur déclaration d'ouverture.
[Traduction]
M. Bob Dickson (directeur exécutif, Entreprise autochtone Canada, ministère de l'Industrie): Nous n'avons pas de déclaration liminaire officielle, mais nous avons préparé un exposé à vous présenter, monsieur le président.
[Français]
Le président: Merci.
[Traduction]
M. Bob Dickson: Merci infiniment de nous avoir invités à cette réunion du comité nous avons préparé un document sur Entreprise autochtone Canada, et nous aimerions vous le présenter et parler des autres activités d'Industrie Canada qui visent les entrepreneurs autochtones.
Le document n'est pas très long, et par conséquent, nous devrions pouvoir vous le présenter assez rapidement.
Nous sommes très heureux de pouvoir rencontrer les membres du comité, et ce pour plusieurs raisons. Nous sommes fiers des succès remportés par les hommes et les femmes d'affaires autochtones au cours des dernières années. Nous pouvons maintenant affirmer que l'approche en matière de développement commercial a vraiment changé. Je crois que nous avons maintenant la bonne formule.
L'histoire de ce succès est d'ailleurs très intéressante. À notre avis, nous assistons à présent à une véritable renaissance du secteur commercial autochtone. Rappelez-vous que nous ne traitons pas avec l'ensemble de la communauté autochtone, mais juste un segment de cette communauté. Nous ne traitons qu'avec le segment commercial de cette communauté.
Dans un premier temps, je voudrais vous situer un peu le contexte de notre intervention. Il y a juste une page à ce sujet dans le document. D'ailleurs, il est probable que vous sachiez déjà tout ça, mais j'aimerais simplement vous rappeler certains détails.
Je voudrais vous parler de notre organisme. Je suis directeur exécutif d'Entreprise autochtone Canada. Je suis accompagné de quelques collègues qui vont m'aidé à faire cet exposé. Nous allons vous donner un aperçu général des activités d'Industrie Canada et passer ensuite à nos conclusions.
• 1115
Je devrais également mentionner, monsieur le président, car
c'est un fait intéressant, qu'il y a environ un an, vous avez
assisté à l'inauguration d'une scierie à Waswanipi. C'est un
projet que nous avons lancé et qui a fini par remporter un prix
au Québec pour ses pratiques forestières exemplaires. Vous et le
premier ministre de la province avez assisté à l'inauguration.
C'était pour nous un grand jour. Cette entreprise a créé beaucoup
d'emplois et suit des pratiques de reboisement tout à fait
exemplaires.
Je sais que vous êtes au courant de tout cela, alors je vais passer vite.
Il y a environ un million d'Autochtones au Canada. Ce qui est intéressant ici, c'est l'aspect démographique, en raison de l'explosion de la population de jeunes Autochtones. En fait, 68 p. 100 des Autochtones sont âgés de moins de 30 ans, ce qui représente pour nous une préoccupation très sérieuse. Nous avons lancé une initiative spéciale qui s'adresse aux jeunes âgés de moins de 30 ans, justement parce que nous avons décidé de concentrer davantage nos efforts et nos ressources sur ce segment de la population.
Les signes sont d'ailleurs encourageants. L'une des plus graves difficultés, bien entendu, c'est que pour les jeunes, se lancer dans les affaires n'est pas une option. Nous avons d'ailleurs un tableau sur les jeunes au sein de la population générale. Ce tableau indique qu'en général ce segment de la population s'intéresse à la possibilité de se lancer dans les affaires, mais au sein de la population autochtone, la proportion de jeunes qui s'intéressent à cette possibilité est bien moindre, entre autres, parce qu'il n'y a pas de véritables modèles, etc. Voilà donc une statistique bien intéressante et un segment de la population auquel nous consacrons beaucoup de ressources.
À titre d'information, ces données sont tirées d'une étude menée par Statistique Canada en 1997.
Comme je le disais tout à l'heure, nous travaillons avec le secteur commercial de la communauté autochtone. Selon nos estimations, il existe environ 20 000 entreprises de tous types, c'est-à-dire des commerces qui sont exploités à temps partiel ou par des familles et des entreprises plus importantes.
La proportion d'entrepreneurs, soit 4,8 p. 100, est assez faible au sein de la communauté autochtone, comparativement à la moyenne canadienne, qui est à peu près deux fois plus élevée. Soixante et onze pour cent des entreprises appartiennent à des hommes, par rapport à 29 p. 100 qui appartiennent à des femmes. Il est intéressant de noter, cependant, que les femmes autochtones ont connu pas mal de succès dans les entreprises. Quant à savoir si l'éducation serait un facteur, les opinions à ce sujet sont partagées.
Comme vous le voyez sur le document, 70 p. 100 de ces entreprises sont permanentes, une plus petite proportion d'entre elles étant saisonnières. Il s'agit en général de petites entreprises, qui ont en moyenne cinq ou six employés. La majorité d'entre elles sont rentables. D'ailleurs, cet élément-là est intéressant: nous disons que la majorité de ces entreprises sont rentables, et c'est tout à fait juste, mais notre travail nous a également permis de constater que la recherche du profit n'est pas le seul objectif des entrepreneurs autochtones. Le facteur emploi est très important. Souvent ils se lancent dans les affaires pour créer des emplois tout autant que pour faire de l'argent. Ainsi les profits réalisés sont essentiellement réinvestis dans la communauté pour créer des emplois.
Je voudrais aborder maintenant la question des défis auxquels est confrontée la communauté autochtone. Les défis les plus importants pour elle sont les mêmes que pour toutes les entreprises. En règle générale, l'accès aux capitaux d'investissement pose problème dans le secteur de la petite entreprise. Il faut aussi avoir les bonnes capacités pour réussir. De même, le commerce et la technologie sont importants pour toute entreprise. Dans le cas de la communauté autochtone, toutefois, les entrepreneurs font également face à d'autres difficultés. Voyons maintenant en quoi elles consistent.
Bon nombre d'entre eux n'ont pas suffisamment de capital à investir et ne peuvent pas non plus l'obtenir au sein de la communauté. Le revenu disponible des Autochtones est limité, même très limité. Pour pouvoir emprunter des capitaux, il vous faut de l'avoir propre. Et en général, cet avoir propre qui permet de financer la dette est limité, très limité. Donc, l'accès aux capitaux privés pose vraiment problème chez les Autochtones.
Il existe également un certain nombre de restrictions d'ordre juridique, que vous connaissez sans doute—l'article 89—qui font en sorte que les emprunts consentis à des Autochtones vivant dans la réserve créent des difficultés pour les établissements prêteurs, pour ce qui est notamment de la garantie. Les institutions financières sont très réticentes à consentir un prêt à un membre de la communauté autochtone. Il y a le problème du dossier ou des antécédents de l'emprunteur et son éloignement des services financiers. En même temps, les institutions financières comprennent mal la communauté autochtone, elles ne savent pas vraiment comment traiter avec elle. Elles ne savent pas quelles devraient être leurs attentes.
• 1120
Comme vous le savez, un autre élément du contexte, c'est le
pourcentage croissant de la population qui habite dans les
agglomérations. C'est le cas dans l'Ouest, notamment, mais pas
exclusivement. Dans le nord et dans d'autres régions de
l'Ontario, et certaines régions de l'Est, un pourcentage
important de la population autochtone s'établit dans les centres
urbains. Cela comprend aussi les jeunes, alors qu'ils n'ont ni le
niveau d'éducation, ni les compétences qui nous semblent
souhaitables. Voilà donc un élément qui pose de plus en plus
problème.
Il est intéressant de voir la situation démographique dans le nord de l'Ontario, par exemple—qui n'est d'ailleurs pas différente de la situation dans l'Ouest. À une époque, les habitants du nord de l'Ontario représentaient 11 ou 12 p. 100 de la population provinciale. Ce chiffre est maintenant passé à moins de 10 p. 100, mais pour les 8 ou 9 p. 100 qui restent, par rapport à l'ensemble de la population provinciale, l'évolution chez les Autochtones est celle que je viens de décrire. Voilà donc un élément dont il faut tenir compte.
Il y a aussi le problème du manque d'infrastructures et de réseaux commerciaux au sein de la communauté commerciale autochtone. Nous ne pouvons profiter du réseautage que permettrait une chambre de commerce, et dans bon nombre de cas, il n'y a pas l'infrastructure nécessaire pour soutenir une entreprise. Et comme vous le savez, les locaux représentent un problème de taille.
Donc, où faut-il aller s'établir? Quelle infrastructure est nécessaire? Encore une fois, tous ces éléments constituent des défis importants.
Que faisons-nous au juste? Eh bien, nous nous efforçons de créer une autonomie autochtone compétitive et durable, possédant des liens étroits avec les économies du Canada et du monde entier. Notre approche est d'abord et avant tout axée sur des principes commerciaux. Nous exigeons toujours qu'on nous présente un plan d'entreprise. Il n'y a pas d'exception. Il le faut absolument. Nous rejetons cette proposition sur 10 justement parce que les résultats sont importants pour nous; nous voulons un rendement de notre investissement. Et il faut pouvoir faire de l'argent, sinon pourquoi se lancer dans les affaires? Il faut posséder un avoir propre suffisant. Nous n'envisageons jamais d'investir dans une entreprise qui n'a pas d'avoir propre, et il faut que ce dernier soit substantiel. En moyenne, la participation du demandeur qui se lance en affaires est de l'ordre de 21 p. 100 ou de 22 p. 100.
Deuxièmement, nous consacrons beaucoup de ressources au soutien des entreprises une fois qu'elles sont établies. Nous exigeons que l'entrepreneur fasse sa planification à l'avance, et nous sommes prêts à assurer un apport de capital si les détails nous semblent raisonnables. Mais il faut aussi que les entreprises puissent obtenir de l'aide par la suite. Nous avons consacré beaucoup de ressources à cette activité-là, et à juste titre.
Il y a deux autres raisons pour lesquelles nous avons connu ce succès. La première, c'est le plan d'entreprise, et l'autre, c'est cette formule de gestion par personne interposée et le soutien que nous assurons aux entreprises par la suite.
C'est une économie fondée sur les valeurs autochtones qui est menée et gérée par des entrepreneurs autochtones. Ces derniers sont des modèles pour la communauté tout en apportant une contribution considérable à l'économie. Nous allons d'ailleurs y revenir dans quelques instants.
[Français]
M. Rick Fontaine (directeur général, Opérations, Industrie Canada): Bonjour. Notre programme a une envergure nationale et, à ce titre, nous avons établi des bureaux dans presque toutes les régions du pays, soit les provinces de l'Atlantique, le Québec, l'Ontario, la Saskatchewan, l'Alberta, le Manitoba et l'Ouest. Nous desservons aussi les Territoires du Nord-Ouest et le Yukon à partir de nos différents bureaux qui sont situés à proximité. Ainsi, nos bureaux du Québec, de l'Alberta et de la Colombie-Britannique s'occupent de différentes parties du Yukon, des Territoires du Nord-Ouest et du Labrador.
Notre comité consultatif national, le Conseil national de développement économique autochtone, influe sur les orientations et les politiques du programme et agit comme représentant de la clientèle d'affaires. Il compte actuellement 17 membres, dont la plupart sont des entrepreneurs privés et des autochtones qui veillent à défendre les intérêts des leurs.
Nous offrons des programmes et services à l'ensemble des groupes Héritage, c'est-à-dire aux Indiens statués et non statués, aux Métis et aux Inuits. Le lieu des différents projets n'a aucune importance; nous pouvons aussi bien intervenir dans les réserves qu'en dehors de celles-ci. Nos services et programmes leur fournissent une aide financière ou autre.
• 1125
D'une part, nous investissons dans différents projets,
sous forme de contributions remboursables ou non, de
même que dans des
dossiers bien précis par le biais de l'assurance-prêts.
Nous offrons aux entreprises des services
de conseils et de référence. Nous
prenons des initiatives au niveau du
marketing, de la sensibilisation et
de la représentation dans des secteurs bien
spécifiques de l'économie. Nous tenons entre autres des conférences
et des ateliers.
Nous participons à certaines recherches et en dirigeons certaines autres en vue d'améliorer le climat des affaires en milieu autochtone. Nous élaborons aussi des politiques. Comme je le disais, notre programme est à l'échelle nationale et nous réussissons à oeuvrer dans ce milieu grâce à une main-d'oeuvre équivalente à 65 employés à temps plein. Compte tenu de l'étendue du territoire que nous desservons et de la dispersion de notre clientèle, beaucoup de pressions s'exercent sur nos programmes.
[Traduction]
M. Bob Dickson: Nous nous sommes fixé certaines priorités. Nous n'essayons pas de tout faire pour tout le monde. Nous avons décidé de nous concentrer sur un certain nombre de domaines stratégiques qui revêtent une importance primordiale pour la communauté autochtone.
Nous avons pris cette décision pour plusieurs raisons: d'abord, parce que nos ressources sont limitées, mais en même temps—et c'est un élément tout aussi important pour nous—nous voulons être sûrs que nos efforts débouchent sur des résultats concrets. En nous concentrant sur un certain nombre de domaines prioritaire où notre action peut vraiment être efficace, nous pourrons faire des progrès substantiels, et voilà justement ce que nous avons fait.
Quant à notre travail à l'interne, c'est-à-dire notre analyse de l'économie autochtone et de l'évolution de l'économie canadienne dans son ensemble, nous constatons avec inquiétude que l'écart entre les deux ne cesse de s'agrandir. L'économie autochtone représente en réalité l'ancienne économie, et on voit bien qu'elle reste étale. Par contre, l'économie canadienne se transforme en nouvelle économie et s'oriente tout à fait différemment. L'écart entre les deux se creuse rapidement.
Nous essayons de voir ce que nous pouvons faire pour éliminer cet écart en réalignant la communauté autochtone sur le mouvement de l'économie générale, et même de l'économie mondiale. Dans certains cas, il sera possible de faire un bond en avant. Donc, l'expansion du commerce et des marchés est primordiale pour nous.
En fait, nous avons une petite brochure sur l'expansion du commerce qui présente toutes les compagnies qui commercent avec l'étranger. On va d'ailleurs la faire circuler parmi vous. Elle présente une centaine de compagnies qui commercent déjà ou sont prêtes à le faire. Il peut s'agir d'entreprises qui n'ont fait qu'une première expérience ou encore de groupes comme les coopératives arctiques ou le Conseil tribal de Meadow Lake pour qui ces échanges sont réguliers. Voilà donc une initiative très importante et intéressante qui prend de l'expansion.
Je pourrais vous donner plusieurs exemples de ce genre d'échanges. Nous avons surtout mis l'accent sur les échanges entre groupes autochtones, car c'est un secteur qui présente énormément de possibilités intéressantes. D'ailleurs, nous travaillons actuellement sur un projet au Nicaragua, au Panama et dans d'autres régions d'Amérique centrale. Nous explorons actuellement la possibilité d'échanges avec une entreprise au Chili. Ce secteur a énormément de potentiel, et c'est toujours entre groupes autochtones.
Permettez-moi de vous parler un peu de notre expérience au Panama. Nous y sommes allés dernièrement et, à l'occasion de cette visite, nous avons rencontré l'ambassadeur canadien pour lui parler des défis auxquels est confrontée l'industrie minière canadienne au Panama à cause d'un manque de coopération de la part de la communauté autochtone. Alors ils ont décidé de demander aux Autochtones canadiens s'ils pourraient aider l'industrie canadienne là-bas? Et la réponse, c'était oui, nous pouvons vous aider.
Deuxièmement, il y a une entreprise canadienne qui a conclu un contrat de déminage au Panama, dont vous avez peut-être entendu parler dans la presse. Voilà un autre exemple des projets entrepris entre groupes autochtones.
Et il peut s'agir d'autres produits également: une compagnie implantée à Sault Ste. Marie qui exporte des chauffe-moteurs diesel à Detroit Diesel aux États-Unis, et qui a des commandes d'une valeur de 5 millions de dollars. Le fait est qu'elle fabrique un excellent produit.
L'autre région sur laquelle nous nous concentrons, c'est la région située au nord du 60e parallèle, qui présente à notre avis des possibilités tout à fait uniques.
D'une part, elle a un énorme potentiel touristique. D'ailleurs, je n'ai pas besoin de vous en convaincre. Elle offre énormément de possibilités. L'industrie touristique rapporte actuellement environ 270 millions de dollars à la communauté autochtone. Pour nous, elle a le potentiel d'atteindre un chiffre d'affaires d'un milliard de dollars en quelques années.
Dans l'industrie touristique du monde entier, c'est le secteur de l'écotourisme qui croît le plus rapidement. Il présente énormément de possibilités pour la communauté autochtone. Ce secteur représente 42 milliards de dollars au Canada. La composante autochtone n'est pas très importante, mais il reste que ce secteur présente d'énormes possibilités.
Nos investissements ne servent pas à remettre en état des quais ou des pavillons ou ce genre de choses. Nous nous intéressons aux normes et nous sommes en train d'élaborer des normes pour les installations déjà en place. Nous souhaitons également y greffer un élément culturel, pour que le visiteur puisse également faire une expérience culturelle. Nous explorons les possibilités d'écotourisme. Voilà nos principales activités du côté du tourisme.
• 1130
Pour ce qui est de l'innovation, nous avons parlé de l'écart
qui existe—écart que nous essayons d'éliminer. Un certain nombre
de compagnies novatrices qui sont implantées dans des
collectivités autochtones font actuellement un travail très
intéressant.
J'ai parlé tout à l'heure des jeunes entrepreneurs. Nous avons travaillé très fort pour essayer d'intéresser les jeunes Autochtones à toute la question économique et à la possibilité de devenir entrepreneurs. Nous avons d'ailleurs fait des choses très intéressantes en collaboration avec le Conseil des jeunes Autochtones qui est maintenant en place.
Nous avons tenu une réunion à Ottawa ce week-end à laquelle a participé un grand nombre de jeunes Autochtones venus de toutes les régions du pays. C'était intéressant. Ils nous disent qu'il faut faire preuve de beaucoup plus d'innovation et qu'il faut absolument trouver le moyen de s'intégrer dans la nouvelle économie. Cela ne les intéresse pas de conduire un camion qui transporte du gravier ou d'ouvrir une station d'essence. Ils veulent faire partie de la nouvelle économie. Nous étions très encouragés par ce message.
Pour ce qui est de renforcer les entreprises et les institutions financières autochtones, nous avons déjà pris un certain nombre d'initiatives. Nous avons mis sur pied d'un bout à l'autre du pays 33 petits établissements de crédit qu'on appelle des «sociétés de financement autochtones» (SFA). Nous y avons consacré énormément de ressources. Cette initiative vise à régler le problème de l'accès aux capitaux et à éliminer un certain nombre des problèmes dont nous avons parlé précédemment concernant l'article 89 et le fait que les institutions financières ne connaissent pas notre communauté commerciale. Nous avons donc créé un certain nombre de ces sociétés dans toutes les régions du Canada pour aider les entreprises autochtones.
Il y a également le travail fait en vertu du Programme de développement des collectivités. Les avis sont partagés concernant l'efficacité de ces sociétés de financement, même s'il y a eu une amélioration.
Je voudrais ouvrir une petite parenthèse pour vous montrer une diapositive. Voilà à quoi ressemblent ces établissements de crédit. Ils ne prennent pas de dépôts; ils ne font que consentir des prêts. En règle générale, ils ont un plafond de 250 000 $. Le prix moyen se situe entre 35 000 $ et 40 000 $. Leurs résultats varient. Certains d'entre eux se débrouillent très bien.
Vous verrez qu'en 1993, nous les avons étudiés pour les répartir en catégories en fonction de leur performance, de la performance de leurs prêts, de l'état de leurs comptes- créditeurs, de l'efficacité de leur gestion, et de leur réserve- encaisse. Comme vous le voyez, les tendances sont positives, puisque leur profitabilité, leur performance, etc. sont à la hausse. Certains problèmes demeurent. Tout n'est pas parfait, c'est sûr. Il y a également des problèmes de gestion.
Par conséquent, nous travaillons avec les entrepreneurs pour leur assurer un soutien commercial et de gestion. Aussi important que soit le problème de l'accès aux capitaux pour les entreprises individuelles, il y a aussi la question de l'accès à l'information et à qui il faut s'adresser pour obtenir cette information. À qui faut-il s'adresser, quand on est entrepreneur, pour obtenir certains renseignements? C'est justement là que nous pouvons jouer un rôle utile en assurant la liaison. Comment accéder à d'autres sources, provinciales ou autres? Là, aussi, nous pouvons agir à titre d'intermédiaire pour obtenir cette information.
Quant au renforcement des institutions, comme je vous l'ai déjà dit, les sociétés de financement s'en tirent très bien. Nous sommes très satisfaits de leur performance. Elles accordent beaucoup plus de prêts que n'importe quelle autre banque à l'heure actuelle. Pour nous, c'est très positif, parce que ces institutions financières appartiennent à des Autochtones dans les diverses localités et elles ont de bons résultats.
Nous sommes également en train de mettre sur pied de nouvelles entités. Par exemple, l'entité qui se chargera du tourisme a été lancée hier. Bien que nous investissions dans les entreprises touristiques, nous et nos collègues estimons que le fait de mettre sur pied une entité touristique autochtone va favoriser tout ce secteur. L'élaboration des normes et tout le secteur du tourisme présentent certains défis. Pour nous, cette initiative va permettre de profiter du potentiel qui existe.
Nous faisons exactement la même chose au niveau des échanges. Nous sommes en train de mettre sur pied une nouvelle entité qui va aider les entreprises autochtones à comprendre les exigences tarifaires et fiscales, les conditions qu'il faut remplir pour exporter ces produits, à quelles normes ces produits doivent se conformer, etc.
Comme nous l'avons déjà dit, nous travaillons en étroite collaboration avec le secteur privé autochtone et d'autres organismes de développement des entreprises et établissements financiers pour être sûrs que ceux et celles qui le souhaitent puissent obtenir de l'aide. Nous ne pouvons jouer ce rôle seuls, et ce ne serait même pas souhaitable. Il faut absolument travailler en partenariat avec d'autres pour le faire.
J'ai déjà mentionné les sociétés de financement autochtones qui sont au nombre de 33 et appartiennent à des Autochtones, mais il existe d'autres organismes, comme la CASEA, c'est-à-dire l'Association canadienne de sciences et de génie autochtones. Nous voulons renforcer cet organisme pour être sûrs qu'il puisse jouer un rôle de chef de file et offrir aux Autochtones des modèles qui vont leur permettre de comprendre les possibilités qui existent. Il y a également une association forestière et le Conseil des jeunes Autochtones auquel j'ai fait allusion tout à l'heure.
• 1135
Nous sommes très fiers de notre succès. À mon avis, nous
avons réuni tous les éléments qui vont nous permettre de
travailler efficacement—d'ailleurs nous le faisons déjà. Nous
avons réussi à faire preuve d'une grande discipline pour ce qui
est de l'analyse des dossiers et des caractéristiques que nous
recherchons—c'est-à-dire notre obligation de prudence et de
diligence. Nous ne réagissons pas toujours aussi rapidement que
le souhaiteraient certains, mais il est très important que nous
respections notre obligation de prudence et de diligence.
Nous avons investi environ 386 millions de dollars dans la communauté autochtone. Ce sont des crédits gouvernementaux que nous avons investis dans les entreprises autochtones. Quand on fait le calcul de toutes les sommes investies, on obtient le chiffre de 1,1 milliard de dollars. D'où proviennent ces fonds? Eh bien, les 386 millions de dollars viennent de nous, et les autres 700 millions, des institutions financières et de l'avoir propre des entrepreneurs. Comme effet multiplicateur, ce n'est pas mal.
Nous avons actuellement un peu plus de 9 000 projets en cours, et 65 p. 100 de nos ressources sont investies dans des régions rurales et éloignées du pays. Ce n'est guère étonnant. C'est là que se trouve la grande majorité de nos clients. Nous essayons d'offrir nos services dans les régions rurales éloignées.
Il y a quelques années, nous avons demandé à une société indépendante d'examiner nos investissements. Les résultats de son examen sont fondés sur les états financiers vérifiés des entreprises concernées—pas sur l'ouï-dire ou des estimations subjectives. Nous avons fait faire cette étude et les résultats se sont révélés très intéressants. Qu'est-ce que nous avons eu pour cet investissement de 386 millions de dollars? Compte tenu des recettes fiscales engendrées et de la diminution du nombre d'assistés sociaux, il se trouve que chaque dollar investi par le gouvernement lui rapporte 1,20 $.
Ce qui est intéressant, c'est que cette étude a généré pas mal de critiques concernant la méthodologie. Certains prétendaient que nos amis avaient préparé ce rapport—qu'il était impossible que nous connaissions autant de succès. Eh bien, nous l'avons fait refaire en demandant au vérificateur général et au ministère des Finances de nous aider sur la question de la méthodologie et même de participer à toute la démarche. Les résultats étaient exactement les mêmes.
Nous sommes très satisfaits de ces résultats. Et si nous les avons obtenus, c'est parce que nous avons tenu à respecter notre obligation de prudence et de diligence, et parce que nous avons fixé des priorités stratégiques et exigé de bonnes analyses de rentabilisation. Cela ne nous intéresse pas d'investir dans un commerce ou une entreprise qui va faire faillite. Cela n'intéresse personne. Si vous allez investir dans une activité commerciale, vous voulez qu'elle soit une réussite, et c'est ce sur quoi nous mettons l'accent en analysant les dossiers.
M. Michael Jenkin (directeur général, Planification stratégique et services ministériels, ministère de l'Industrie): Je voudrais parler brièvement du lien entre ce programme et d'autres composantes du portefeuille de l'industrie. Comme vous le savez peut-être, ce portefeuille englobe une quinzaine de ministères ou d'organismes gouvernementaux, y compris les offices de développement régional, le Conseil national de recherches, etc.
Nous avons travaillé activement au cours des dernières années à faire concrétiser, au profit du développement commercial chez les Autochtones, les réseaux et les avantages potentiels associés au travail en synergie d'un ensemble d'organismes.
Comme vous le constatez, nous pouvons accéder à toute une gamme de capacités et de services. Bon nombre d'entre eux sont liés aux nouvelles priorités stratégiques que nous nous sommes fixées, et qui nous amènent à réorienter les entreprises selon les exigences de la nouvelle économie, l'économie du savoir, etc. Citons à titre d'exemples, le PARI, c'est-à-dire le Programme d'aide à la recherche industrielle du Conseil national de recherches; notre Bureau des brevets; les organismes régionaux qui sont très actifs au niveau du développement et du soutien des petites entreprises; et le CAE qui, comme vous le savez peut- être, vient de créer un nouveau programme de prêts aux Autochtones.
Nous avons décidé de mettre l'accent sur des domaines précis, et notamment la diffusion d'information. Comme vous le savez peut-être, le ministère de l'Industrie possède ce qui est maintenant considéré comme le site Internet au Canada présentant le plus d'informations commerciales. Grâce à nos partenaires technologiques, nous avons pu élargir notre capacité d'assurer des services d'information à nos clients à l'aide de nouveaux mécanismes.
Vous remarquerez dans la brochure que nous assurons—vous y trouverez une petite carte de visite—l'accès non seulement à Strategis, mais aussi à notre propre site Web The Spirit of Aboriginal Enterprise, qui offre énormément d'informations spécialisées qui s'adressent spécifiquement à l'entrepreneur autochtone.
Nous avons maintenant la possibilité d'élargir nos activités dans de nombreux domaines. Bon nombre de ces sources d'information non seulement sont pertinentes pour la nouvelle économie et les entrepreneurs qui veulent se lancer dans ces activités, mais elles offrent aussi des moyens nouveaux et novateurs de fournir des services qui sont relativement peu coûteux et sont très attrayants pour les nouveaux utilisateurs, notamment les jeunes. Voilà un autre segment de la population que nous ciblons beaucoup dans nos initiatives.
• 1140
À titre d'exemple, nous nous intéressons tout
particulièrement aux possibilités que présente le Réseau
électronique scolaire (Rescol), encore une fois parce que nous
voulons surtout cibler les jeunes et les collectivités éloignées.
À l'heure actuelle, plus de 360 écoles des Premières nations sont
branchées sur Rescol grâce au programme d'Industrie Canada. À
Entreprise autochtone Canada, nous avons été très actifs dans ce
domaine.
Nous avons également 112 sites PAC qui permettent aux collectivités autochtones d'accéder à Internet et à des sources d'information électroniques, notamment dans les régions du pays où ces services ne sont pas disponibles en temps normal, à cause de restrictions technologiques et autres. C'est d'ailleurs très, très important si nous voulons que ces collectivités participent aux secteurs les plus avancés et prometteurs de l'économie.
Voilà donc pour notre portefeuille. Pour conclure, nous avons réalisé des progrès considérables dans un secteur que l'on reconnaît comme l'un des plus difficiles pour ce qui est du développement économique, vu les obstacles considérables au développement auxquels fait face la communauté autochtone. Comme les statistiques citées par Bob vous l'indiquaient, notre bilan est très positif, et nous croyons même pouvoir l'améliorer.
Par rapport à la nouvelle économie, nous avons vraiment mis l'accent sur la nécessité de conjuguer nos efforts avec ceux de nos partenaires. Vu les priorités que nous nous sommes fixées—celles dont vous parlait Bob tout à l'heure—nous sommes bien positionnés pour faire face aux défis de l'avenir tout en continuant d'offrir aux entreprises nos services classiques de consultation et d'aide.
Voilà qui termine notre exposé, monsieur le président. Nous serions très heureux de répondre à vos questions.
[Français]
Le président: Merci beaucoup, messieurs. Vos interventions étaient très intéressantes.
Avant de commencer la période des questions, j'aimerais demander à M. Dickson s'il y a de nombreuses co-entreprises ou joint-ventures avec la population non autochtone au Canada.
[Traduction]
M. Bob Dickson: Il y en a un grand nombre—peut-être pas autant que nous le souhaiterions, mais c'est un secteur qui est en plein essor, notamment dans les industries primaires. Comme vous le savez, il y en a beaucoup dans la province du Québec et dans l'Ouest aussi, qu'on parle de Burns Lake, en Colombie- Britannique, ou de la Saskatchewan.
Pour moi, les coentreprises offrent l'occasion d'apporter un projet de nouvelles compétences ou des connaissances technologiques. Il y en a déjà un bon nombre, mais nous aimerions évidemment qu'il y en ait plus.
[Français]
Le président: Pourriez-vous dire aux membres du comité si, lorsqu'on parle d'un partenariat ou d'une co-entreprise, il s'agit toujours de 51 p. 100 et 49 p. 100, cela généralement en faveur des autochtones?
[Traduction]
M. Bob Dickson: Ça varie, mais très souvent c'est de l'ordre de 49 p. 100 ou de 50 p. 100. Nos ressources servent uniquement à financer la partie du projet qui appartient à la communauté autochtone, et le rapport généralement considéré acceptable est de 49 à 51. Si la communauté autochtone a une participation de 51 p. 100, nous pourrions envisager de financer une partie de cette participation de 51 p. 100.
[Français]
Le président: Merci beaucoup. Monsieur Scott, puis monsieur Bachand.
Monsieur Scott.
[Traduction]
M. Mike Scott (Skeena, Réf.): Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier nos témoins pour leur exposé. Étant donné que mon temps est limité, je vous demande d'être indulgent à mon endroit et d'essayer de me donner des réponses brèves pour que je puisse vous poser toutes mes questions.
Ma première question concerne les sociétés de financement autochtones dont vous parliez tout à l'heure. Si j'ai bien compris votre exposé, ces sociétés ont bénéficié d'un financement de démarrage de 386 millions de dollars. C'est bien ça?
M. Bob Dickson: Non. Les 386 millions de dollars dont il a été question dans notre exposé représentent la somme que nous avons investie dans l'ensemble des entreprises autochtones. Quant au financement des SFA, c'est nous qui leur assurons des capitaux au moment de les mettre sur pied, mais là le chiffre est différent, et nous ne l'avons même pas indiqué sur nos acétates. Au cours des 10 dernières années, nous avons investi environ 200 millions de dollars dans les SFA, mais nous ne leur fournissons plus du tout de capitaux.
M. Mike Scott: C'était justement ma question: combien de capitaux avez-vous fournis aux SFA? Environ 200 millions de dollars, vous dites?
M. Bob Dickson: Oui, au cours des 10 dernières années, mais nous avons cessé de les financer il y a environ deux ans.
M. Mike Scott: Elles s'autofinancent à présent.
M. Bob Dickson: Elles disposent d'un fonds de roulement grâce au remboursement des prêts consentis, et c'est ainsi qu'elles arrivent à s'autofinancer. Par contre, pour prendre de l'expansion, ces sociétés ont besoin de capitaux supplémentaires. À l'heure actuelle, nous sommes en discussion avec ces sociétés de financement autochtones pour savoir comment elles pourraient obtenir des capitaux à un prix raisonnable.
M. Mike Scott: Ce que je voudrais savoir, c'est si ce capital social augmente, diminue, ou reste inchangé. Êtes-vous en mesure de me répondre?
M. Bob Dickson: Je ne peux pas vous donner de chiffre exact, mais il est certain qu'il augmente. Les SFA, c'est-à-dire les sociétés de financement autochtones, assurent à présent plus de services que lorsque nous les avons fondées, et par conséquent, non seulement elles ont d'autres sources de capitaux que nous, mais leur portefeuille est maintenant considérablement plus important. Par exemple, les livres de la SFA du Canada atlantique font état de plus de 300 prêts. C'est une société qui a connu beaucoup de succès. Et ses investissements ont un rendement régulier. Si vous regardez la valeur de ces prêts plus les capitaux, vous verrez qu'il y a eu une augmentation substantielle.
M. Mike Scott: Est-ce que les crédits versés aux sociétés de financement autochtones faisaient partie d'un engagement financier de 1 milliard de dollars de la part du gouvernement fédéral au début des années 1990 visant à réduire le chômage et la dépendance dans les réserves? Ces crédits faisaient-ils partie de cette dépense de 1 milliard de dollars?
M. Bob Dickson: Les SFA ont été créées dans le cadre de ce qu'on appelait le Programme de développement économique des autochtones, qui existait avant 1989. Ce programme était administré à partir de Winnipeg. C'est à ce moment-là qu'on a lancé les SFA et elles ont été maintenues dans le cadre d'une initiative spéciale, comme vous le disiez, initiative qui s'appelait la stratégie CDEA. Cette dernière a été lancée en juin 1989 et elle continue de favoriser la création de ressources intéressantes.
M. Mike Scott: Cela m'amène à ma deuxième question. Je ne conteste pas le fait que vous avez pu connaître un certain succès dans les domaines que vous avez décrits tout à l'heure, mais l'opinion du vérificateur général était très claire concernant les diverses tentatives du gouvernement fédéral au cours des 10 dernières années pour réduire la dépendance économique: il a dit que malgré l'injection massive de capitaux, la dépendance des Autochtones vivant dans la réserve continue d'augmenter chaque année, que le chômage continue aussi de croître chaque année, et que l'on ne décèle aucun changement mesurable dans les statistiques, ni avant ni après cette injection de capitaux.
Je me demande comment vous conciliez les conclusions du vérificateur général et... Vous avez dit qu'une firme indépendante avait examiné vos résultats. Comment s'appelle-t- elle?
M. Bob Dickson: Il s'agit de la firme Goss Gilroy.
Je pense que les observations du vérificateur général auxquelles vous faites allusion ne concernent pas nos ressources. Je pense qu'elles touchaient surtout les ressources du MAINC, qui ont une incidence économique beaucoup plus importante que les nôtres. Notre budget annuel total est de 30 millions de dollars. C'est tout. Voilà la somme dont nous disposons pour développer les entreprises d'un bout à l'autre du pays. Nous avons 65 employés.
M. Mike Scott: Vous avez parlé de restrictions juridiques touchant la garantie, et dans ce sens-là, je suis parfaitement d'accord avec vous. Autant appeler les choses par leur nom. Êtes- vous d'accord pour dire que vous affirmez essentiellement qu'il n'existe pas de droits de propriété dans les réserves?
M. Bob Dickson: Je préfère ne pas parler de définition. Vous connaissez tous la nature du problème que pose l'article 89. C'est le nantissement qui pose problème.
M. Mike Scott: Mais si vous ne possédez pas de biens immobiliers, vous ne pouvez pas les donner en gage; vous ne pouvez pas les offrir à titre de garantie, n'est-ce pas?
M. Bob Dickson: C'est exact.
M. Mike Scott: Votre organisme s'est-il penché sur ce problème en vue de voir comment on pourrait créer des droits de propriété aux termes de l'actuelle Loi sur les Indiens?
M. Bob Dickson: En fait, nous discutons actuellement de cette question avec les responsables du ministère des Affaires indiennes. Comme vous le savez, la Loi sur les Indiens relève de ce ministère-là. En même temps, nous avons noté une certaine innovation dans ce domaine. Par exemple, certaines banques commencent à financer certains types d'infrastructures dans les réserves, comme les écoles. Et les caisses populaires du Québec font des choses très intéressantes du côté du développement commercial et de l'habitation, en créant des collectifs qui assument la responsabilité partagée des prêts. Elles appliquent le modèle Calmeadow, en vertu duquel les prêteurs font assumer la responsabilité du remboursement d'un prêt par les différents membres d'un groupe. Cette méthode est assez répandue quand il s'agit de financer des logements, etc.
Donc, certains établissements font preuve d'innovation, mais le problème se résume en grande partie à un manque de compréhension de la communauté et des possibilités qu'elle offre, et à la réticence des banques à consentir des prêts aux entreprises autochtones à cause de cette restriction.
M. Mike Scott: Mais pour le moment, vous n'envisagez pas de conseiller le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien sur la possibilité de créer un droit de propriété privée dans les réserves.
M. Bob Dickson: Oui, nous participons actuellement à des discussions avec le ministère sur la question. Et nous avons organisé une table ronde avec les représentants des banques pour examiner ensemble toute cette problématique. Ils s'intéressent beaucoup à la question et voudraient qu'on l'examine ensemble.
• 1150
Donc, ces discussions sont en cours. Nous sommes à la
recherche d'exemples de modèles qu'on pourrait éventuellement
retenir pour contourner ce problème.
M. Mike Scott: Très bien.
Il me reste encore quelques questions, monsieur le président.
[Français]
Le président: Oui, monsieur Scott.
[Traduction]
M. Mike Scott: Dans votre exposé, vous avez dit que dans bon nombre de cas, les entrepreneurs autochtones se lançaient dans les affaires pour créer des emplois, et que c'était même l'une de leurs principales raisons d'être. Je dois dire qu'en tant qu'ex-homme d'affaires, cela m'inquiète, parce que même si je comprends que les gens peuvent avoir de nombreuses raisons de vouloir se lancer dans les affaires, je pense qu'on doit se fixer comme premier objectif d'être rentable. Si vous n'êtes pas rentable, vous n'allez pas pouvoir exister pendant bien longtemps, du moins pas à titre d'entreprise viable.
J'apprécie beaucoup ce que vous faites pour encourager les Autochtones à ouvrir un commerce ou à se lancer dans les affaires, mais je trouverais inquiétant que cette notion de rentabilité ne soit pas au coeur des objectifs de toute entreprise, parce que c'est essentiel. À mon avis, la clé de voûte de tout plan d'entreprise doit être la rentabilité, et non la création d'emplois ou d'autres valeurs. C'est ça qui doit compter plus que toute autre chose.
M. Bob Dickson: Je suis d'accord avec vous, et c'est d'ailleurs notre priorité. Si votre entreprise ne va pas être rentable et que vous n'êtes pas en mesure de prouver qu'elle va générer des bénéfices, pourquoi auriez-vous envie de vous lancer dans les affaires? Pourquoi voudriez-vous faire faillite et perdre tout votre investissement?
Donc, il est absolument essentiel de faire de l'argent. Il faut pouvoir faire de l'argent. On doit pouvoir y faire plus d'argent qu'à la banque. C'est ça qui doit être la priorité.
Ce que j'essayais de vous dire, c'est qu'une entreprise autochtone, tout en essayant d'être rentable, va peut-être attacher plus d'importance à la création d'emplois qu'à l'expansion ou à l'idée de devenir le plus important employeur de la communauté. Elle voudra servir la communauté tout en faisant de l'argent.
M. Mike Scott: Une dernière question. Vous avez parlé brièvement d'infrastructure, et je dois dire que c'est quelque chose qui m'a toujours intrigué. Je sais que j'ai visité de nombreuses réserves où l'infrastructure était tout à fait insuffisante.
Avez-vous pu dépister deux ou trois projets importants de développement des infrastructures que vous pourriez envisager de lancer dans certaines réserves pour améliorer leurs possibilités de création de petites entreprises?
M. Bob Dickson: Non, nous n'avons pas examiné ça de façon systématique ou détaillée, mais je tiens à préciser que ce genre de projets pourrait viser non seulement l'infrastructure matérielle, qui serait un choix évident—c'est-à-dire les services, qu'il s'agisse de services d'adduction d'eau, d'évacuation des eaux usées, de petits centres commerciaux ou ce genre de choses—mais aussi l'infrastructure technologique, par exemple, les lignes téléphoniques et la possibilité d'accéder à des services de ce genre.
Je dirais même que cet élément-là risque d'être plus problématique que l'autre, bien que l'infrastructure matérielle revête une très grande importance pour les entreprises, la croissance à long terme dépend de l'informatique et des technologies de tout type—surtout si nous allons commencer à consentir des prêts en fonction d'une appréciation morale du demandeur, plutôt que d'une analyse de ses actifs, ce qui rejoint un peu ce que vous disiez tout à l'heure.
M. Mike Scott: Eh bien, la notion d'infrastructure englobe de nouveaux éléments il peut s'agir de routes, d'égouts ou de ponts, ou encore de fibre optique, de stations de commutation et de choses de ce genre. C'est pour cela que je vous demande si vous avez examiné cette possibilité.
Est-ce qu'une étude a été menée au Canada en vue de déterminer quelles sont les lacunes des infrastructures actuelles des réserves? Avez-vous réussi à établir, par exemple, que leur infrastructure n'est pas aussi développée que celles d'autres communautés dans deux ou trois domaines précis, domaines où il serait peut-être utile d'investir des capitaux?
M. Bob Dickson: Nous avons fait justement ce que vous décrivez dans certaines régions du pays, mais pas partout. Par exemple, il y a un centre d'innovation à Waterloo. Nous avons mené une étude exhaustive des besoins du nord de l'Ontario en matière d'infrastructure de télécommunications.
Donc, nous avons fait cela ici et là, mais nous n'avons pas procédé à une étude des besoins en matière d'infrastructure ni des éléments qui seraient les plus critiques pour assurer le développement des entreprises.
[Français]
Le président: Merci, monsieur Scott.
Monsieur Bachand.
M. Claude Bachand (Saint-Jean, BQ): Je vous remercie de votre présentation. J'ai retenu quelques bribes d'information des documents que vous nous avez fait parvenir. Je crois comprendre que le budget que le ministère de l'Industrie consacre aux affaires autochtones s'élève à 30 millions de dollars par année. Est-ce exact?
[Traduction]
M. Bob Dickson: C'est exact.
[Français]
M. Claude Bachand: Quel est le budget total du ministère?
[Traduction]
M. Michael Jenkin: Le budget de fonctionnement se situe entre 500 millions et 600 millions de dollars.
[Français]
M. Claude Bachand: De 500 à 600 millions de dollars pour le ministère?
[Traduction]
M. Michael Jenkin: Pour vous dire la vérité, je n'ai pas le chiffre exact en tête. Je ne peux pas vous donner ça tout de suite.
[Français]
M. Claude Bachand: Vous avez parlé d'un budget de 30 millions de dollars et de 65 employés qui relèvent du ministère et qui administrent l'ensemble du projet. Est-ce exact?
[Traduction]
M. Bob Dickson: Je suis désolé; je n'ai pas compris la dernière partie.
[Français]
M. Claude Bachand: Je crois vous avoir entendu dire que 65 employés du ministère fournissaient des services reliés aux entreprises autochtones.
[Traduction]
M. Bob Dickson: C'est exact. Dans le secteur du développement des entreprises, c'est tout à fait exact; nous avons 65 employés qui exécutent le travail que nous avons décrit tout à l'heure.
[Français]
M. Claude Bachand: Est-ce qu'il y a des autochtones parmi ces 65 employés?
[Traduction]
M. Bob Dickson: Oui, absolument. Environ 30 p. 100 de nos employés sont Autochtones, et les deux personnes qui dirigent le programme, c'est-à-dire Ricky et moi, sommes tous les deux Indiens.
[Français]
M. Claude Bachand: C'est bien.
Comme vous le mentionniez plus tôt, vous tenez des tables rondes avec les fonctionnaires du ministère des Affaires indiennes, puisque vos deux ministères disposent de certains budgets en vue du développement économique autochtone. À ma connaissance, le budget de développement économique du ministère des Affaires indiennes est de l'ordre de 50 ou 60 millions de dollars. J'imagine que lors de ces tables rondes, vous tenez des discussions afin de vous assurer que vos deux ministères ne donnent pas les mêmes services et qu'il n'y ait pas de dédoublements ou de chevauchements. J'imagine que c'est l'un des sujets de préoccupation dont vous discutez lors de ces tables rondes.
[Traduction]
M. Bob Dickson: Oui, bien sûr. En fait, la question de la prestation des services et des modes d'exécution est susceptible d'être l'un des plus importants défis que nous aurons à relever. Que je sache, il n'est pas question de fournir de nouvelles ressources. De toute façon, ce ne sont pas les ressources qui manquent; ce qui manque, c'est ce dont vous venez de parler: nous devons absolument être sûrs de conjuguer nos efforts, de bien coordonner nos actions et de travailler en partenariats.
Si vous tenez compte des ressources du ministère des Affaires indiennes, d'autres ministères et des nôtres, il est évident qu'ensemble, nous pouvons faire beaucoup de choses. Le problème, comme vous l'avez si bien dit, est de savoir comment coordonner le travail. Nous avons déjà commencé à discuter sérieusement les mécanismes à établir pour assurer cette coordination et cette coopération. Comment peut-on faciliter les choses aux entrepreneurs autochtones? Comment peut-on améliorer leurs résultats? Il s'agit moins de savoir ce qui va nous permettre d'être plus efficaces que de savoir comment nous pouvons faire en sorte que nos services aident davantage les entrepreneurs autochtones.
[Français]
M. Claude Bachand: On a soulevé un bon point de vue au sujet de l'accès au capital plus tôt. Il est toujours difficile de démarrer une entreprise dans une réserve autochtone. Si je décidais de fonder une entreprise, je pourrais aller voir mon banquier, qui pourrait prendre ma maison en garantie si elle est déjà payée. Je pourrais lui dire que si je n'arrive pas à rembourser mon prêt, il pourra reprendre ma maison. Il y a un grave problème dans les réserves autochtones parce que les maisons n'appartiennent pas nécessairement aux autochtones.
On avait créé beaucoup d'espoir il y a deux ans, lors de l'inauguration de la première banque autochtone. Je crois me souvenir qu'elle avait été établie dans le centre du Canada. Est-ce que d'autres initiatives du même type ont été prises en vue d'amasser le capital autochtone, pour faire en sorte que les banques, surtout cette fameuse banque autochtone, puissent être un peu plus permissives? Je pense aussi que certaines banques commencent à s'intéresser à la question autochtone. Tout le monde sait que les banques font d'énormes profits, et il faut qu'elles réinvestissent ces profits-là. Il est donc un peu normal qu'elles soient un peu plus souples dans l'octroi de prêts.
Ma question a donc deux volets: d'autres banques autochtones seront-elles crées bientôt, et les banques canadiennes font-elles de plus en plus preuve de flexibilité pour permettre justement des investissements autochtones?
M. Rick Fontaine: Je tenterai de répondre à la première partie de votre question. Il y a des composantes culturelles différentes dans la plupart des communautés. Dans certaines communautés, le droit de propriété existe, mais dans la plupart des autres, on parle encore de propriété communale. L'ensemble du territoire de la réserve appartient à l'ensemble de la communauté. Même si les maisons qui y sont construites ont été acquises à la suite de transactions avec des institutions financières usuelles, elles demeurent rattachées aux terrains et sont par le fait même des propriétés communautaires. On a abordé cette question de diverses façons.
• 1200
La Caisse
populaire de Kahnawake a créé un trust indépendant
ou une société de fiducie qui permet un
prêt direct pour des habitations de type
individuel.
De nombreuses recherches ont été faites et
certaines tentatives ont permis
d'adoucir quelque peu les restrictions de ce côté-là.
Nous convenons que la plupart des institutions financières ont un intérêt marqué à entrer dans le marché autochtone, pour des raisons qui sont quand même assez évidentes. On a vu l'importance de la démographie en milieu autochtone. Mais il reste que les institutions financières recherchent beaucoup de garanties face à tout ce qui entoure les transactions sur les réserves.
[Traduction]
M. Bob Dickson: Pourrais-je ajouter quelque chose? La Banque Toronto Dominion serait un bon exemple d'une banque des Premières nations. Il faut se rappeler, cependant, que la Banque de Toronto Dominion a une participation de 90 p. 100, par rapport à 10 p. 100 pour les Autochtones de la Saskatchewan.
Et je pourrais vous donner des détails sur d'autres exemples que Ricky vient de mentionner. La Westbank, ou plutôt les communautés indiennes de la Colombie-Britannique, collaborent avec l'Association des municipalités de la Colombie-Britannique pour trouver des façons de réunir des capitaux sur les marchés financiers en vue de financer des projets d'infrastructure. La Banque de Montréal et Postes Canada collaborent aussi en vue d'utiliser le bureau de poste comme comptoir bancaire dans le Nord. Cela se fait déjà beaucoup dans les coopératives du Nord.
Donc, de ce côté-là, la situation progresse, mais toutes ces initiatives ne vont pas avoir une incidence importante avant quelque temps. Il y a tout de même une courbe d'apprentissage; il faut élargir les rôles et renforcer les capacités avant que tout cela puisse déboucher sur quelque chose de concret. Personnellement, j'estime qu'il est préférable de progresser au bon rythme, plutôt que de faire quelque chose de radical.
Comme vous le savez, Peace Hills Trust est une autre institution financière implantée dans l'ouest du Canada qui se débrouille très bien. Il s'agit d'une des deux seules sociétés de fiducie au Canada qui appartiennent à des Indiens.
[Français]
M. André Bachand: Dans votre document, vous traitez de l'importance de l'expansion du commerce et des marchés. Je pense que toute entreprise qui se respecte essaie de conquérir des marchés pour agrandir sa sphère d'influence et son champ d'affaire.
Il y a ce qu'on appelle le marché intérieur, qui peut être le marché de la province ou le marché canadien, mais la plupart des entreprises se lancent maintenant à l'assaut des marchés extérieurs et des marchés internationaux. Je pense entre autres au Canada qui lance son Équipe Canada à l'assaut de ces marchés ailleurs dans le monde. Est-ce que le ministère de l'Industrie doit être l'un des maîtres d'oeuvre de ces délégations parce que cela relève directement de son mandat?
A-t-on pensé à demander à une délégation autochtone d'accompagner de telles équipes qui veulent conquérir les marchés extérieurs? Il me semble important qu'on puisse avoir autre chose que le marché intérieur, ou le marché de la province et le marché canadien. Il y a des marchés ailleurs dans le monde qui pourraient être intéressants. Il me semble qu'il serait bon de permettre à des délégués autochtones d'accompagner ces équipes qui sont à la conquête des marchés internationaux.
[Traduction]
M. Bob Dickson: Merci beaucoup. Vous soulevez un point très important concernant le rôle la communauté autochtone dans l'économie en général et la nécessité de la faire mieux connaître et de sensibiliser les gens à l'importance de sa contribution.
Une entreprise de construction crie, implantée au Québec, a conclu un contrat dans les Philippines pour faire de gros travaux de construction. Les représentants de cette entreprise ont justement participé à cette mission commerciale. Il en va de même pour une entreprise qui est implantée en Colombie-Britannique et pour un établissement d'enseignement de la Saskatchewan qui a signé, non pas un accord commercial, mais un accord visant à permettre l'utilisation de certaines installations pédagogiques autochtones des collèges fédérés d'Amérique du Sud. Et quatrièmement, nous travaillons également avec un conseil d'administration dont les membres représentent le secteur privé qui est chargé d'orienter notre programme, et notre président a participé à cette mission.
Donc, vous avez soulevé un excellent point.
[Français]
Le président: Merci, monsieur Bachand. Monsieur Dickson, j'aimerais savoir si vous financez des projets à l'extérieur du Canada avec des compagnies qui ont établi un partenariat dans d'autres parties du monde.
[Traduction]
M. Bob Dickson: Non, nous ne finançons aucun projet à l'extérieur du Canada; par contre, nous pourrions accepter de financer une partie du travail préparatoire qui devrait s'accomplir au Canada par l'entreprise canadienne concernée. Par exemple, si cette dernière doit préparer un plan d'entreprise, obtenir du financement, ou s'occuper d'accords contractuels, il est possible que nous acceptions de lui accorder de l'aide. Nos ressources doivent surtout servir à aider les peuples autochtones au Canada, et par conséquent nous les utilisons toujours très prudemment.
[Français]
Le président: Merci.
Monsieur Bryden.
[Traduction]
M. John Bryden (Wentworth—Burlington, Lib.): Merci, monsieur le président.
J'apprécie beaucoup Industrie Canada et la grande majorité de ses programmes. Je pense qu'il s'agit d'un des ministères le plus efficace de tout l'appareil gouvernemental. Malheureusement, quand venait le moment d'examiner en détail les résultats des programmes autochtones, il est souvent arrivé qu'on nous présente des statistiques qui semblent positives mais qui cachent un échec.
Je ne prétends pas qu'il est question d'échec ici, mais j'ai tout de même remarqué une de vos statistiques, à savoir que la majorité des entreprises, 61 p. 100, sont rentables. Cela veut donc dire que 39 p. 100 d'entre elles ne le sont pas. C'est une très forte proportion. J'aimerais donc savoir ce qui permet à ces 39 p. 100 d'entreprises autochtones de survivre, si elles ne sont pas rentables? Comment font-elles pour survivre si elles ne font pas d'argent?
M. Bob Dickson: J'aimerais préciser que ces 39 p. 100 d'entreprises qui ne sont pas rentables, c'est-à-dire qui ne font pas d'argent, qu'elles atteignent tout de même le seuil de rentabilité. En fait, nos chiffres—et nous allons vous les obtenir; je devrais les avoir aujourd'hui, mais je ne les ai pas—et là je vous parle de preuves empiriques concernant les résultats de nos investissements. Le fait est que le taux d'échec des entreprises autochtones et des firmes dans lesquelles nous investissons est inférieur à la moyenne nationale. D'ailleurs, ce ne sont pas mes chiffres, mais ceux qui sont tirés des états financiers des entreprises concernées.
C'est un chiffre intéressant non seulement parce que ces entreprises s'en tirent aussi bien et même un peu mieux que l'ensemble des entreprises qui sont actives dans l'économie canadienne, mais elles recrutent plus d'Autochtones que n'importe qui d'autre à juste titre, de sorte qu'elles réalisent plusieurs objectifs en même temps.
Donc, ce chiffre de 39 p. 100 est un peu trompeur. J'aurais dû vous l'expliquer; je vous présente mes excuses. Bon nombre d'entre elles atteignent le seuil de rentabilité, et ce parce que les valeurs des entreprises autochtones sont parfois quelque peu différentes de celles des entreprises en général.
M. John Bryden: Parmi celles qui sont rentables ou qui atteignent le seuil de rentabilité, combien le sont du fait de recevoir une aide gouvernementale de bénéficier de contrats avec le gouvernement ou d'autres privilèges? Faites-vous le suivi des entreprises autochtones qui dépendent de l'aide du gouvernement pour réussir ou pour atteindre le seuil de rentabilité?
M. Bob Dickson: Non, je ne fais pas ce genre de suivi.
Ce que vous dites est intéressant, car que cette aide vienne de gouvernements ou non, si ces entreprises n'existaient pas, quelqu'un d'autre serait là à leur place. Par exemple, si ce magasin d'alimentation que nous finançons dans une collectivité—remarquez bien, ça n'arrive plus très souvent à l'heure actuelle. Mais si nous ne financions pas cette entreprise, l'argent sortirait de la collectivité de toute façon. Donc, même s'il s'agit de crédits gouvernementaux, que ce soit sous forme de paiements de transfert ou d'autres choses, au moins l'argent reste au sein de la collectivité; autrement dit, ces entreprises que nous finançons créent des capacités et assurent le succès d'initiatives commerciales de ce genre.
Je ne sais pas dans quelle mesure la source de ces crédits serait des paiements de transfert ou des contrats conclus avec le gouvernement. Je ne voudrais même pas essayer de vous donner une estimation—ce serait de simples conjectures; par contre, je sais qu'il y a un grand nombre d'entreprises—en fait, la grande majorité—qui s'en tirent très bien en l'absence de ce genre d'aide ou de contrats.
M. John Bryden: Dans ce cas-là, peut-être devriez-vous essayer de le faire. Je reviens sur ce que je disais tout à l'heure concernant des statistiques qui se veulent positives mais qui cachent un échec. Si, pour avoir du succès ou pour atteindre le seuil de rentabilité, ces entreprises autochtones ont besoin de transferts ou de crédits qui leurs sont versés en vertu d'autres programmes gouvernementaux, à la différence d'autres entreprises concurrentielles, cet état de choses est peut-être raisonnable dans l'immédiat, mais si c'est une caractéristique permanente du système, on peut douter du véritable succès de votre programme.
Par conséquent, j'aimerais que vous reveniez devant le comité dans un an pour nous dire ce qu'il en est et si les entreprises autochtones qui sont créées grâce à vous sont en mesure de s'épanouir indépendamment de l'aide gouvernementale.
M. Bob Dickson: Merci. Très bien. Nous allons voir ce que nous pouvons faire.
M. John Bryden: Je sais que ce ne sera pas nécessairement facile.
M. Bob Dickson: Ce sera difficile, en effet, mais nous allons voir ce que nous pouvons faire.
Je voudrais cependant faire une mise au point: nous n'offrons pas de subventions permanentes à quelque entreprise que ce soit. Si une entreprise a des problèmes et risque de faire faillite, eh bien c'est à cette entreprise de régler ses problèmes et de s'en sortir. Nous n'allons pas arriver avec une injection de fonds simplement pour permettre à l'entreprise de maintenir ses activités—pas du tout. Nous ne faisons jamais ce genre de chose.
M. John Bryden: Mais je sais qu'il existe un programme en vertu duquel les entreprises autochtones sont privilégiées, par rapport à des entreprises non autochtones, pour certains contrats du gouvernement. Quand cela se produit, l'économie de marché ne peut pas suivre son cours normal. Je peux très bien comprendre qu'on permette ce genre de conditions préférentielles à court terme, mais si elles se transforment en programme permanent, c'est tout à fait contraire à l'indépendance que vous voulez favoriser, je présume...
M. Bob Dickson: Et la compétitivité qui doit absolument caractériser ces entreprises.
M. John Bryden: Dans le même ordre d'idées, je m'intéresse aux sociétés de financement autochtones. Est-ce possible d'obtenir un rapport sur les résultats ou le succès de chacune d'entre elles? J'aimerais savoir combien de capitaux elles ont reçus du gouvernement, de même que le rendement de leurs investissements. Encore une fois, je crains de découvrir que les capitaux sortent mais que ces sociétés n'ont pas de véritable profit net. J'aimerais bien voir...
M. Bob Dickson: Je peux vous assurer que c'est tout à fait le contraire. En fait, elles s'en tirent très bien—du moins, la plupart d'entre elles. Elles ont de bons fonds de roulement. L'apport original de capital a été récupéré trois, quatre et même cinq fois, dans certains cas. Nous avons d'ailleurs tous les chiffres et nous nous ferons un plaisir de vous les communiquer.
M. John Bryden: Merci, ce serait grandement apprécié. Je pense que nous aimerions tous avoir l'occasion d'examiner cette information, car elle nous fournira un critère d'évaluation intéressant.
Ma dernière question, car je ne veux pas prendre trop de temps, concerne le fait qu'on vous a confié—et vous me corrigerez si je me trompe—deux mandats. Le premier consiste à favoriser le développement des entreprises dans les collectivités autochtones éloignées, mais vous êtes également chargés de ce genre de développement dans les centres urbains. À ce moment-là, faites-vous face au problème, s'il s'agit effectivement d'un problème, à vos yeux—d'avoir à favoriser le développement des entreprises autochtones auprès de tous ceux et de toutes celles qui sont visés par le projet de loi C-31, c'est-à-dire des personnes qui n'ont guère de liens culturels avec les réserves mais qui sont considérées comme des Autochtones en vertu d'une définition tout à fait arbitraire de l'origine ancestrale? Est-ce une préoccupation pour vous?
M. Bob Dickson: Notre mandat, comme vous le savez, consiste à servir la communauté autochtones où qu'elle soit. Comme nous l'avons déjà dit, les deux tiers de nos ressources sont consacrées aux régions éloignées et rurales, par rapport à seulement un tiers pour les centres urbains. Donc, il est vrai que nous finançons des entreprises en dehors des régions éloignées, tout comme nous finançons les entreprises de personnes visées par les dispositions du projet de loi C-31. D'après la définition, ces personnes tombent sous le coup du projet de loi C-31. Comme il s'agit d'Indiens, ils font partie de la population autochtone.
Cette question concerne surtout la communauté métisse, mais pas tellement les personnes visées par le projet de loi C-31, dont le statut légal est très clair. Si la situation d'une personne correspond à la définition que prévoit le projet de loi C-31, ces droits ne sont pas en doute. C'est au sein de la communauté métisse que les questions de droit peuvent être moins claires, et qu'il peut être plus difficile de déterminer qui est Métis et qui ne l'est pas. Dans ces cas-là, notre détermination est généralement fonction de leur appartenance à un organisme autochtone, de leur rapport avec la communauté et de la mesure dans laquelle ces personnes sont vraiment intégrées dans la communauté autochtone.
M. John Bryden: Enfin, j'aimerais...
M. Bob Dickson: Pourrais-je prendre deux minutes pour vous donner d'autres détails au sujet des SFA? On vient de me donner ce document. Je vais vous communiquer ce rapport, mais j'aimerais simplement vous donner quelques chiffres. Les 33 sociétés qui existent actuellement ont consenti 11 470 prêts d'une valeur de 310 millions de dollars. Selon les estimations, chaque prêt consenti permet de créer 2,1 emplois, ce qui donne un total de 10t 300 emplois. Ces statistiques sont très intéressantes, et nous allons vous les communiquer.
Pour moi, toute la question des micro-prêts et des prêts de développement est très intéressante. Il y a des exemples très intéressants dans le monde entier, que ce soit Banco Sol en Bolivie ou d'autres. Le secteur des prêts de développement présente des possibilités très intéressantes, et ce secteur est en plein essor.
Ce document aborde justement la question des prêts de développement, et nous allons vous le communiquer.
M. John Bryden: Dans mon village, nous avons des gens qui se conforment à la définition du projet de loi C-31 mais qui n'ont pas le moindre lien, si ce n'est par leur ascendance, avec la réserve ou la communauté autochtone, telle qu'elle existe à l'heure actuelle. Pourquoi ces personnes devraient-elles être privilégiées ou obtenir une aide spéciale, alors que d'autres habitants de mon village qui leur ressemblent parfaitement, parlent la même langue et ont les mêmes traditions rurales qu'elles n'y ont pas droit? Pourquoi devrions-nous consacrer des ressources à des gens dont les droits reposent uniquement sur leur ascendance?
M. Bob Dickson: Vous soulevez une question très large à laquelle je ne peux répondre. Ces personnes-là sont des Indiens, d'après la définition qu'on retrouve dans la Loi sur les Indiens, et par conséquent, cela dépasse largement mes compétences. Par contre, on peut à mon avis répartir la population indienne en trois catégories: ceux et celles qui ont des liens culturels très étroits avec la communauté autochtone, comme vous venez de le dire; ceux et celles qui sont intégrés dans la population générale mais conservent encore certains valeurs; et un troisième groupe dont les membres sont tout à fait assimilés—c'est-à-dire ceux dont vous venez de parler.
Moi, je suis Indien. J'habite Oakville et je vis de la même façon que tout le monde. Remarquez, je ne peux pas présenter de demandes en vertu de ce programme, mais je suis néanmoins Indien. Je ne saurais vous dire à quelle catégorie j'appartiens. Vous êtes sans doute mieux placé que moi pour le dire. Quoi qu'il en soit, vous soulevez une question qui dépasse largement mes compétences. Il reste que ces gens-là sont des Indiens, d'après la définition. Le projet de loi C-31 adopté en 1985 les définit comme tels.
M. John Bryden: Et ces personnes-là utilisent une partie de vos ressources.
M. Bob Dickson: Oui, une partie.
M. John Bryden: Merci.
[Français]
Le président: Merci, messieurs Bryden et Dickson.
Monsieur Scott.
[Traduction]
M. Mike Scott: Vous allez donc nous communiquer l'information au sujet des 33 SFA également?
M. Bob Dickson: Oui, absolument.
M. Mike Scott: Très bien. J'aimerais également vous demander autre chose: serait-il possible d'obtenir une copie du rapport du cabinet Goss Gilroy dont vous avez parlé tout à l'heure?
M. Bob Dickson: Oui, bien sûr.
M. Mike Scott: Vous allez le communiquer au comité.
M. Bob Dickson: En fait, il y a deux rapports, et nous allons vous transmettre les deux.
M. Mike Scott: Très bien. J'aimerais bien les avoir.
[Français]
Le président: Merci, monsieur Scott. Madame Karetak-Lindell.
[Traduction]
Mme Nancy Karetak-Lindell (Nunavut, Lib.): Merci, monsieur le président.
L'une des préoccupations des gens qui habitent dans ma région, qui sont des Inuit—je représente Nunavut—c'est que lorsqu'ils veulent présenter une demande pour profiter des initiatives qui visent les Autochtones, les formulaires de demande et les critères s'adressent le plus souvent aux membres des Premières nations. Ils ont demandé expressément que les formulaires et les initiatives proprement dites répondent aux besoins des entreprises et organismes inuits qui voudraient présenter une demande.
Je me demande si cette préoccupation aurait déjà été portée à votre connaissance.
M. Bob Dickson: D'après ce que j'ai pu comprendre, certains de nos documents sont publiés en inuktitut. En fait, nous avons conclu un contrat pour faire exécuter notre programme dans le Nord par le biais d'un organisme inuit, et par conséquent, ce ne sont pas nos employés qui traitent directement avec la communauté inuit dans le Nord. C'est un organisme inuit qui est chargé d'exécuter notre programme. Donc, tout se fait au niveau local dans ce cas-là.
Mme Nancy Karetak-Lindell: Savez-vous de quel organisme il s'agit?
M. Bob Dickson: Oui, c'est l'ODEC à Nunavut. Nous avons un bureau à Yellowknife, et un autre à Inuvik.
Mme Nancy Karetak-Lindell: Ni l'un ni l'autre ne se trouvent dans ma circonscription.
Les formulaires de demande dont vous parlez, qui passent par l'ODEC, sont justement ceux dont se plaignent les organismes inuits. L'association inuite Qikiqtani, de même que deux autres organismes inuits régionaux, ont déposé une plainte, ou plutôt une demande spéciale par l'entremise de mon bureau. Je crois même avoir écrit une lettre à Industrie Canada à ce sujet. Je vais revérifier l'information dans mes dossiers, mais je pense bien que ce sont les formulaires de demande de l'ODEC qu'ils souhaitaient faire changer. C'est que dans la documentation, on parle souvent de bandes et de réserves, et ils ont l'impression d'avoir à répondre à des critères qui ne cadrent pas du tout avec leur situation. Il estime qu'on ne tient pas tellement compte des besoins du peuple inuit.
M. Bob Dickson: Je comprends votre point de vue. Je crois savoir que certains de nos documents ont été traduits.
Deuxièmement, nous n'avons pas de formulaire de demande proprement dit. Peut-être parlez-vous plutôt du programme du ministère des Affaires indiennes.
Mme Nancy Karetak-Lindell: Non, je sais qu'il s'agissait de l'ODEC.
M. Bob Dickson: Oui, mais ça relève des Affaires indiennes. Nous n'avons pas de formulaire de demande proprement dit. Dans le cas de notre programme, la première étape consiste à entamer des discussions avec le demandeur concernant son projet. Nous lui demandons s'il a bien réfléchi à la question et s'il estime que c'est un projet viable avant de commencer à parler de plan d'entreprise.
Mais je vais donner suite à votre demande. Je n'ai jamais vu cette lettre, et j'aimerais bien la voir.
[Français]
Le président: Merci, madame Karetak-Lindell. Vous avez posé de bonnes questions. Monsieur Patry, puis monsieur Finlay.
[Traduction]
M. Bernard Patry (Pierrefonds—Dollard, Lib.): Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci infiniment pour votre exposé. Je l'ai trouvé très intéressant, surtout que vous semblez faire tellement de choses avec si peu de personnel et si peu de fonds. C'est très intéressant.
J'écoutais ce que disait mon collègue au sujet de l'accès aux capitaux, etc. Mais vous avez parlé à la fin d'un élément qui me semble tout à fait contraire. Vous avez parlé de micro-prêts. Je pensais que c'était un modèle qui n'était pas très répandu. Tout cela a commencé au Bangladesh. Le système des micro-prêts a connu un succès faramineux dans les pays du monde entier. Plus de 95 p. 100 des emprunteurs remboursent l'argent qu'on leur prête.
Je me demande si vous auriez des statistiques à nous fournir, ultérieurement peut-être, sur les Premières nations qui auraient adopté le système des micro-prêts.
M. Bob Dickson: Je ne peux pas vous en citer sur-le-champ, mais nous pouvons certainement vous donner de l'information au sujet des expériences de Calmeadow et des SFA, comme on nous l'a déjà demandé, d'ailleurs. Tout cela fait partie de ce que nous appelons les prêts de développement. Nous allons vous communiquer toute cette information-là.
Diversification de l'économie de l'Ouest a d'ailleurs fait des choses intéressantes dans le domaine des micro-prêts. Ce ministère a fait de la recherche sur la question. Nous allons vous transmettre tout cela. Pas de problème.
M. Bernard Patry: Je vous en remercie.
[Français]
Le président: Merci, monsieur Patry. Monsieur Finlay.
[Traduction]
M. John Finlay (Oxford, Lib.): Merci, monsieur le président.
• 1220
Vous avez fait un exposé très intéressant. Je voudrais
revenir sur quelque chose que vous avez dit au tout début,
monsieur Dickson. Vous nous avez parlé du Conseil national de
développement économique des Autochtones qui est chargé de vous
conseiller au sujet de votre programme. Est-ce qu'il joue ce rôle
de conseiller auprès d'autres ministères qui oeuvrent dans ce
domaine, ou uniquement au ministère de l'Industrie? Est-ce qu'il
conseille également le ministère des Affaires indiennes et du
Nord canadien? Est-ce qu'il conseille DRHC—qui a évidemment
certaines responsabilités à l'égard de la formation—et d'autres
organismes de même genre?
M. Bob Dickson: Le Conseil est normalement composé de 20 membres, bien qu'on n'ait pas 20 membres à l'heure actuelle. Pour l'instant, le Conseil qui est présidé par le chef Roy Whitney, n'est composé que de 14 membres. En ce qui concerne DRHC et le MAINC, il a le statut de membre d'office et joue le rôle de conseil consultatif. Il ne dispose d'aucun pouvoir décisionnel. Son rôle consiste à conseiller les ministères et notre ministre.
M. John Finlay: Merci.
[Français]
Le président: En terminant, monsieur Dickson et monsieur Fontaine, les membres du comité aiment toujours parler de succès. Nous constatons avec plaisir votre cheminement et votre succès. Vos propos sont très intéressants. De quelle région venez-vous et de quelle nationalité êtes-vous?
[Traduction]
M. Bob Dickson: Je viens du nord-ouest de l'Ontario, d'une localité qui s'appelle Lac Seul, pas loin de Sioux Lookout. Comme l'un des membres disait, je n'y réside pas depuis très longtemps. J'ai fait mes études dans le sud de l'Ontario. Quand j'avais 15 ans, je suis allé vivre dans une exploitation de culture fruitière et faire mes études secondaires; par la suite, j'ai poursuivi mes études à l'Université Wilfrid Laurier. C'est là que j'ai obtenu mon diplôme.
[Français]
Le président: Merci, monsieur Dickson.
Monsieur Fontaine.
M. Rick Fontaine: Je suis un Inuit de Uashat Mak Mani-Utenam à Sept-Îles, au Québec. J'ai passé presque toute ma vie à Uashat Mak Mani-Utenam, mais j'ai poursuivi mes études à Trois-Rivières et à Sherbrooke au niveau de la maîtrise. J'ai quitté mon village il y a maintenant un an et demi pour me joindre à SACO, division des Services autochtones, à Toronto, pour une période de dix mois. Depuis août dernier, je travaille à Industrie Canada.
La communauté dont je fais partie est une communauté quand même très progressive. On a eu de grands débats relativement au maintien des valeurs traditionnelles de la communauté et à notre évolution dans un monde contemporain. L'orientation de notre développement économique a été basée en partie sur le niveau d'intégration qu'on voulait dans différents secteurs de l'économie. Nous avons tenu de grands débats et discuté de choses extrêmement intéressantes. Notre communauté a évolué très rapidement au fil des années.
Le président: Merci beaucoup. Je vous félicite.
Monsieur Jenkin, en terminant, aimeriez-vous nous dire d'où venez?
M. Michael Jenkin: Je regrette, je suis canadien-anglais.
Le président: Parfait. Merci beaucoup.
Notre réunion se poursuivra à huis clos pendant environ 15 minutes. Merci beaucoup. Nous avons vraiment apprécié vos témoignages. Thank you very much.
[Note de la rédaction—La séance se poursuit à huis clos]