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AAND Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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STANDING COMMITTEE ON ABORIGINAL AFFAIRS AND NORTHERN DEVELOPMENT

COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES AUTOCHTONES ET DU DÉVELOPPEMENT DU GRAND NORD

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le mardi 12 mai 1998

• 1110

[Français]

Le président (M. Guy St-Julien (Abitibi, Lib.)): Nous avons le quorum et nous allons commencer. Aujourd'hui, conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous poursuivons notre étude sur le développement économique autochtone.

Nous recevons comme témoins les représentants du Groupe Cleary, M. Bernard Cleary, président, M. Guy Beaudet, vice-président, M. Luc Lainé, vice-président, et M. Vincent Poulin, chargé d'affaires.

Monsieur Cleary, avez-vous une déclaration d'ouverture à faire?

M. Bernard Cleary (président, Le Groupe Cleary): Oui, j'ai une courte déclaration d'une quinzaine de minutes.

Le président: Très bien. Commencez.

M. Bernard Cleary: Tout d'abord, je vous remercie de nous avoir invités. Cela nous fait très plaisir d'être ici aujourd'hui parce que nous considérons que le comité a pris une excellente initiative en décidant de rencontrer des entreprises autochtones. Évidemment, on va prendre en considération le mandat qui, quant à nous, est d'évaluer les programmes gouvernementaux en matière de développement économique pour les autochtones.

L'intervention permettra de présenter le dossier selon trois axes bien définis qui nous ont permis de nous développer avec l'aide de certains programmes gouvernementaux. Ces trois axes sont: le développement de notre entreprise; les programmes gouvernementaux qui, pour nous, ont donné des résultats et la stratégie d'approvisionnement, qui aura évidemment permis à notre entreprise, en plus de se développer, de développer aussi des partenariats; et enfin l'autoroute de l'information.

Je dois vous dire que l'entreprise a débuté son travail en 1990. Les débuts ont été très modestes. Il y a eu d'abord un petit projet de développement économique; j'étais tout seul et plus tard il y a eu une ou deux autres personnes. Cette entreprise a été fondée grâce à mon implication personnelle, que ce soit en communication, en enseignement ou encore dans le dossier autochtone.

• 1115

C'est donc une entreprise qui a connu une croissance normale, qui a toujours été d'une façon ou d'une autre régulière et, un peu plus tard, cette entreprise a connu un certain nombre de développements. L'entreprise était fondée sur le professionnalisme, ce qui, quant à moi, est extrêmement important, sur la polyvalence et aussi sur une certaine efficacité sinon une efficacité certaine.

Les développements n'ont pas été d'une rapidité étonnante, mais on peut dire que, morceau par morceau, l'entreprise a acquis toutes sortes d'éléments importants. C'est vraiment en 1995 que l'entreprise a connu un essor nouveau parce que c'est à ce moment-là qu'elle s'est posé un certain nombre de questions. Qu'est-ce qui allait lui arriver puisque le bonhomme commençait à vieillir? Il fallait donc penser à la développer différemment si on voulait qu'elle me survive.

Ce virage était donc important et je dois vous dire en passant qu'il s'est fait aussi en fonction des gens qui travaillaient chez nous. J'ai d'abord en tête ma fille, qui s'appelle Chantal, qui est vice-présidente de l'entreprise et qui ne se voyait pas nécessairement prête à chausser les mocassins de son père. Elle voulait développer l'entreprise d'une façon plus particulière. C'est à ce moment-là qu'on a commencé à attirer un certain nombre de personnes, que je vais vous présenter et qui sont avec moi aujourd'hui.

Guy Beaudet, qui est à ma droite, a travaillé à l'Assemblée nationale du Québec. Il est chez nous depuis déjà deux ans et demi et travaille plus particulièrement au partenariat ou au développement de l'entreprise. Luc Lainé, qui est à ma gauche, est un Huron. Il travaille avec moi depuis deux ans et demi ou trois ans. Luc Lainé a travaillé pour le compte de la Commission royale et a eu l'occasion d'aller un peu partout au Canada pour rencontrer tous les groupes autochtones. Chez nous, Luc Lainé travaille plus particulièrement dans le domaine de la mise en marché et de la commercialisation de l'entreprise. Vincent Poulin est un jeune employé chez nous qui a fait carrière au ministère des Affaires indiennes. Il est plus disponible qu'il ne l'était. Donc, Vincent est un lien important entre nous et Ottawa. Il travaille régulièrement pour l'entreprise, à temps partiel mais régulièrement. Il est considéré chez nous comme un aîné qui donne un coup de main important à l'entreprise.

Les champs d'activités que l'on vise principalement sont tout d'abord l'information, qui est ce par quoi nous avons commencé et où j'ai fait personnellement carrière par la négociation et par le soutien aux bandes. Mais petit à petit, l'entreprise s'est développée et on a aujourd'hui une dizaine d'employés permanents, soit cinq autochtones et cinq Québécois. L'entreprise fait appel à de nombreux spécialistes puisqu'elle fait beaucoup de consultation. On essaie d'avoir les personnes les plus compétentes selon les dossiers qu'on est appelés à véhiculer.

On a développé un certain nombre de spécialités au cours des ans et je vais vous parler des principales. Dans le dossier de l'énergie, par exemple, nous travaillons depuis deux ans et demi à l'autonomie énergétique et à la mise en place de mini-barrages. Nous travaillons aussi sur le marché européen parce que nous sommes appelés à travailler dans le domaine de l'artisanat. Les magasins Leclerc sont un de nos clients. On est appelés aussi à faire plusieurs expositions.

On travaille aussi sur un projet de maison commerciale et culturelle à Paris. On travaille aussi dans le domaine de la fine cuisine autochtone qui, à notre avis, a un avenir extrêmement intéressant. On travaille sur les nouvelles technologies de l'information. On travaille dans le domaine du tourisme ainsi qu'à la formation et à la sensibilisation au monde autochtone, et évidemment aux négociations avec le gouvernement.

• 1120

Comme je vous le disais plus tôt, l'équipe s'est bâtie et j'ai pu, en travaillant avec les plus jeunes, leur inculquer une certaine philosophie du travail, c'est-à-dire le souci du travail bien fait, du travail professionnel de qualité. Nous nous sommes donc implantés comme une entreprise qui est, à mon avis, crédible.

Nous avons aussi d'autres collaborateurs. Depuis un certain temps, on travaille dans tout le Canada, et une collaboratrice autochtone anglophone, Ann Noonan, travaille avec nous sur des marchés à travers le Canada, surtout dans l'Ouest.

Un des objectifs de notre entreprise est de rapprocher les peuples. Une entreprise autochtone doit s'organiser pour être aussi rentable que toute autre entreprise. Mais on a aussi d'autres éléments qui sont extrêmement importants: cette entreprise qui est la nôtre travaille aussi au développement de l'ensemble de la cause autochtone.

Le 5 février 1997, le Groupe Cleary a fait son entrée sur le marché des inforoutes. Je peux vous dire que ce n'était pas quelque chose de naturel pour moi, comme vous pouvez le constater en voyant ma barbe grise. Les inforoutes n'étaient pas nécessairement à ma portée et la jeune équipe a dû me convaincre de m'impliquer dans ce domaine-là. Je pense qu'ils ont bien fait de le faire parce qu'à un moment donné, j'ai compris que c'était utile. Deuxièmement, on s'aperçoit que c'est devenu chez nous un développement extrêmement important.

Donc, ce virage des inforoutes s'est concrétisé chez nous par ce qu'on appelle encore aujourd'hui La piste amérindienne. La piste amérindienne n'est pas un site Internet comme les autres. C'est un site qui se veut d'abord une référence en matière autochtone pour les autochtones, ceux du Québec à ce moment-ci. Il a été reconnu par de nombreuses organisations et a fait l'objet d'une couverture médiatique de qualité, ou du moins intéressante pour nous. Aujourd'hui, on a entre 8 000 et 10 000 visiteurs par mois. Cela témoigne donc d'un intérêt certain pour ce dossier-là.

Ce qui est encore plus intéressant, à mon avis, c'est que les groupes autochtones sont très présents. Cela a commencé tranquillement, mais aujourd'hui, la majorité des sites autochtones importants du Québec font partie de La piste amérindienne et sont avec nous.

L'autre élément est arrivé tout à fait par hasard. Il y a quelques mois, j'étais dans une petite communauté qui s'appelle Mingan et je visitais l'école. Quelle ne fut pas ma surprise et surtout mon contentement de m'apercevoir que les sept ou huit jeunes qui s'amusaient sur Internet—s'amuser, ce n'est peut-être pas gentil pour les jeunes—ou qui surfaient sur Internet étaient en très grande majorité sur La piste amérindienne. Cela m'a permis de constater à quel point, au niveau des autochtones, il y a un engouement face à cette nouvelle technologie.

Je considérais personnellement avoir déjà atteint un objectif puisque l'un des objectifs de La piste amérindienne était de faire en sorte que les autochtones prennent le virage des inforoutes en même temps que l'ensemble des Canadiens et développent ce projet.

Je vous dirai aussi qu'on est en train de bâtir ce qu'on appelle The Native Trail. Guy pourra peut-être vous donner quelques explications là-dessus.

L'autre élément qui est important chez nous, c'est le partenariat. Évidemment, on considère que c'est une entreprise crédible, et on pense qu'il est possible, par cette entreprise, d'établir un certain nombre de partenariats. Nous utilisons au maximum cette méthode.

• 1125

La politique d'encouragement du gouvernement fédéral face à des contrats réservés nous amène à compléter l'expertise de la firme. L'expertise du Groupe Cleary fait en sorte que de temps à autre, il peut soumissionner des travaux importants avec d'autres groupes.

Je ne vous nommerai que quelques-uns de nos partenaires au niveau international. Nous avons récemment entrepris des démarches en vue de nous établir au niveau du développement international avec la Canadian Co-operative Association, la CCA, qui agit en quelque sorte à titre de partenaire. Nous travaillons avec Cossette Communications, que vous connaissez sans aucun doute, une firme de communication pancanadienne avec laquelle nous avons établi un partenariat. Nous travaillons aussi avec la compagnie CGI à la préparation d'études de faisabilité sur l'Intranet autochtone. Nous comptons parmi nos autres partenaires le Groupe Roche et Associés, le Groupe TS, GID Design, Vision technique internationale, le Musée canadien des civilisations, les Aliments Médina, CERFO, etc.

J'aimerais souligner que cette politique a fait en sorte que l'entreprise a dû poursuivre son expansion par des formes de partenariat et que dans tous ses partenariats, même s'ils ont été établis avec des entreprises aussi importantes que CGA, le Groupe Cleary détient toujours une majorité nécessaire de 51 p. 100. Le Groupe Cleary n'est pas un prête-nom, mais une entreprise qui s'associe à des groupes importants.

Je terminerai en parlant des perspectives d'avenir pour le Groupe Cleary, lesquelles sont énormes pour ceux qui prendront la relève. On est en train de se positionner d'une façon intéressante et très appréciable au niveau de l'ensemble du marché canadien, ne serait-ce que dans le domaine de la consultation, mais dans bien d'autres domaines aussi. J'ai en tête l'évaluation de programmes. Nous avons répondu à 12 appels d'offres et obtenu 10 contrats, cela d'un bout à l'autre du Canada. Puisque notre entreprise travaille en anglais et en français, elle se positionne d'une façon intéressante au niveau pancanadien.

D'autre part, il faut utiliser au maximum la stratégie d'approvisionnement, comme je vous le disais plus tôt, ce qui est important pour nous. Entre parenthèses, je pense que c'est une des meilleures choses qu'a pu faire le gouvernement pour donner un coup de main aux entreprises autochtones. Premièrement, cela nous permet de nous faire valoir au niveau d'un marché qui est intéressant, parce que c'est un marché gouvernemental. Cela nous permet aussi, comme je vous le disais plus tôt, de travailler avec d'autres, donc d'apprendre avec des firmes qui ont plus d'expérience dans d'autres domaines. Pour l'ensemble du groupe autochtone, c'est important.

Maintenant, si vous me le permettez, je demanderai à Luc de nous dire quelques mots sur le dossier et à Guy de nous parler de The Native Trail, la version anglaise de La piste amérindienne.

[Traduction]

M. Luc Lainé (vice-président, Le Groupe Cleary): Merci, monsieur Cleary.

Comme l'a dit M. Cleary, Le Groupe Cleary est une société regroupant des Autochtones en vue d'établir des relations d'affaires et des partenariats avec des sociétés canadiennes bien établies pour pouvoir tirer parti des marchés de l'État réservés à des sociétés autochtones dans le cadre d'une stratégie poursuivie par le gouvernement fédéral. Comme l'a dit M. Cleary, Le Groupe Cleary travaille dans les deux langues officielles, en français et en anglais.

Permettez-moi de décrire brièvement les principaux services offerts par Le Groupe Cleary.

Nous offrons des services de communication et de multimédia. Par exemple, Le Groupe Cleary a démontré qu'il satisfaisait aux exigences de la politique du gouvernement fédéral en matière de marchés publics de sorte qu'il est reconnu comme fournisseur autochtone accrédité de services de communication, de photographie, de cartographie, d'imprimerie et de publication. Nous sommes accrédités en vertu d'une offre permanente pour les Maritimes. En outre, nous sommes accrédités par la Société québécoise de développement de la main-d'oeuvre.

• 1130

Nous offrons des stages de formation plus ou moins longs. Certains stages se font en vertu d'un programme établi mais ils peuvent être adaptés aux besoins particuliers de nos clients. En outre, nous offrons des ateliers de travail de sensibilisation et d'apprentissage de la culture autochtone qui s'adressent aux fonctionnaires des ministères et organismes comme au grand public et aux entrepreneurs.

Le Groupe Cleary est également en mesure d'évaluer les programmes autochtones offerts par le gouvernement. Grâce à sa connaissance des enjeux autochtones et de la vie politique, économique et sociale des Québécois et des Canadiens. Notre société est unique en son genre car elle peut analyser les problèmes que pose une situation en tenant compte des aspects qui intéressent plus particulièrement les peuples autochtones.

De plus, Le Groupe Cleary, en partenariat avec les services techniques, gère tous les aspects concernant la mise en oeuvre des études de description environnementales, l'élaboration et la réalisation de projets de restauration et de décontamination, et l'application des mesures prises à la suite d'expertises environnementales.

Nous pouvons nous occuper d'un dossier de négociation et de médiation de A à Z. Nous sommes en mesure de mener à bien les analyses nécessaires, de préparer les documents supplémentaires exigés, de présenter la position de nos clients de façon claire et avantageuse, de préparer un plaidoyer, compte tenu toujours des besoins des clients. Si l'on préfère, nous pouvons offrir des conseils quant aux démarches et aux décisions qui s'imposent.

En outre, Le Groupe Cleary peut servir d'expert-conseil lors des négociations générales ou particulières de revendications territoriales.

Enfin, Le Groupe Cleary est adapté à l'ère du développement international à bien des égards. Les difficultés rencontrées par les collectivités autochtones canadiennes se comparent à celles de certaines collectivités en développement à l'étranger. Ainsi, sur le plan international, Le Groupe Cleary, en partenariat avec certains organismes publics comme la CCA par exemple, s'occupe actuellement de trouver des débouchés dans certains secteurs de développement international comme l'appui institutionnel, la formation et le perfectionnement, l'environnement, l'ingénierie, les communications et les multimédias.

[Français]

Le président: Merci.

Monsieur Beaudet.

M. Guy Beaudet (vice-président, Le Groupe Cleary): Comme vous le mentionnait M. Cleary tout à l'heure, le Groupe Cleary a effectué le virage de l'autoroute de l'information, premièrement pour se doter de ces nouveaux outils de travail comme entreprise et, deuxièmement, pour jouer un rôle dans la promotion des peuples autochtones du Québec et du Canada sur la scène nationale et internationale.

La piste amérindienne, The Native Trail, a débuté par la couverture des 11 nations autochtones du Québec. Nous présentons les 11 nations et les 54 communautés. Nous avons un volet information qui traite d'actualité quotidienne autochtone et présente des dossiers thématiques et des chroniques. C'est aussi un monde éducatif pour les jeunes. On s'adresse particulièrement aux jeunes et on y retrouve des jeux questionnaires éducatifs sur les autochtones et un chat autochtone, où les jeunes autochtones et non-autochtones peuvent communiquer grâce à ce nouvel outil de communication.

La piste amérindienne est aussi un outil de promotion pour l'entreprise autochtone, une vaste banque de données touristiques sur les entreprises autochtones, un répertoire d'affaires des entreprises autochtones et maintenant un répertoire des sites Internet autochtones dans l'ensemble du Canada.

Cette première phase, qui est maintenant terminée, nous a permis d'accueillir une moyenne de 10 000 visiteurs internautes par mois sur la page d'accueil. Nous avons au-delà de 1 500 000 hits par mois sur ce site Internet autochtone, actuellement francophone, lequel comprend 250 pages Web.

• 1135

Ce site nous a permis d'établir des partenariats avec Entreprise autochtone Canada, Patrimoine Canada, la Caisse de dépôt, Hydro-Québec, Tourisme Québec, et j'en passe. Nous avons une mention du Centre international pour le développement de l'inforoute en français, une mention de qualité. Environ 40 p. 100 de notre clientèle internaute a son origine à l'extérieur du Canada, ce qui confère un excellent positionnement à l'entreprise touristique autochtone.

Nous avons été classés cinq étoiles et choisis parmi les 100 meilleurs sites en 1997. Nous occupons une place de choix dans les magazines européens. Nous avons participé au Marché international des inforoutes et du multimédia en 1997. Nous avons reçu le prix d'excellence MISTAPEW, catégorie de la culture.

Enfin, nous passons à la deuxième phase de notre projet, c'est-à-dire à la traduction, avec l'appui de Patrimoine Canada. Nous sommes actuellement à effectuer la traduction de La piste amérindienne, qui va couvrir l'ensemble des 11 nations et des 54 communautés. L'ensemble du site Web actuel sera traduit. Cela devrait être en ligne à peu près au milieu de l'été.

Quant à notre troisième phase, elle consistera à réaliser ce site, La piste amérindienne et The Native Trail, pour couvrir l'ensemble des nations autochtones du Canada. L'objectif est de présenter La piste amérindienne à Moncton, en novembre 1999, dans le cadre du Sommet de Moncton où seront réunis les 49 chefs d'État de la Francophonie internationale.

Les impacts économiques et sociaux de La piste amérindienne sont très importants pour les communautés autochtones, notamment pour l'entreprise autochtone. Actuellement, sur le volet The Native Trail—Répertoire de sites autochtones canadiens, plus de 450 entreprises et organisations autochtones du Canada sont répertoriées. Nous sommes devenus la référence autochtone pour l'ensemble du Canada.

C'est aussi un site très important en termes d'impact économique, parce qu'il s'inscrit dans le cadre de la politique du gouvernement actuel, intitulée Rassembler nos forces, qui suggère le renouvellement du partenariat. Nous croyons fermement que le renouvellement du partenariat doit passer par l'éducation du grand public, de l'ensemble des Canadiens non autochtones, afin qu'ils puissent mieux connaître les nations autochtones du Canada.

C'est un outil de promotion sans équivoque pour la Francophonie canadienne. Ce concept de La piste amérindienne et The Native Trail nous amène aussi à développer une expertise. Nous sommes actuellement en discussion avec le Consulat général d'Haïti à Montréal, qui nous a demandé de bâtir un concept semblable afin de l'exporter pour la communauté haïtienne dans l'axe Québec-Canada-Haïti en vue d'améliorer le positionnement et les échanges entre les entreprises haïtiennes, canadiennes, québécoises et autochtones.

Cela nous ouvre donc une porte sur le développement international, dans la perspective où le Groupe Cleary s'engage dans le développement de certaines communautés internationales en voie de développement, avec l'expertise autochtone.

Nous nous attendons à une moyenne mensuelle, d'ici la fin de l'été, de 25 000 visiteurs grâce à la traduction du site actuel et de 50 000 visiteurs de la page d'accueil lorsque The Native Trail sera terminée, bien sûr avec le soutien que nous attendons du ministère des Affaires indiennes au plan de la réalisation des contenus.

En termes de programmes gouvernementaux, nous avons été appuyés par le gouvernement du Québec pour la première phase, dans le cadre du Fonds de l'autoroute de l'information, et nous avons déposé récemment une demande au ministère des Affaires indiennes pour qu'il nous appuie dans le développement de contenus portant sur l'ensemble des premiers peuples du Canada.

Le président: Merci à vous, messieurs Beaudet et Cleary, de nous avoir fait un excellent exposé concernant le travail effectué par votre groupe. Je pense, monsieur Cleary, que vous voulez ajouter un mot pour terminer.

M. Bernard Cleary: Je voudrais, en terminant, mais non pas en guise de conclusion, vous souligner une chose. Nous en avons un peu parlé, mais pas aussi expressément que nous aurions dû le faire. Si nous en sommes là aujourd'hui, c'est grâce à l'aide que quelqu'un nous a fournie et qui est venue de quelque part. Autrement, il n'aurait pas été possible pour une entreprise comme la nôtre de se développer à ce rythme. Entreprise autochtone Canada a été pour nous d'un grand soutien dans le domaine du développement. Le ministère des Affaires indiennes nous a aussi apporté une aide très précieuse et en apportera encore une pour la traduction du site, de même que Patrimoine Canada.

• 1140

Nous vous avons aussi dit que le Fonds de l'autoroute du Québec avait participé à notre essor. Je tenais à le souligner personnellement, parce que cela a son importance. Si ce n'avait été de cette aide, nous n'en serions pas rendus là. Nous aurions quand même évolué, mais beaucoup moins rapidement. C'est tout.

Le président: Merci, monsieur Cleary, de cet excellent exposé concernant le travail du Groupe Cleary. Merci également à votre équipe. Nous apprécions grandement votre présence.

Nous allons passer à la période de questions.

Monsieur Konrad.

[Traduction]

M. Derrek Konrad (Prince Albert, Réf.): Merci beaucoup.

Votre exposé est si clair et si détaillé que je n'ai pour ainsi dire pas de questions à vous poser. Votre société me semble assez remarquable.

Vous êtes encore une société privée, une affaire de famille, n'est-ce pas?

[Français]

M. Bernard Cleary: Oui.

[Traduction]

M. Derrek Konrad: Vous envisagez aussi que l'entreprise soit poursuivie par de plus jeunes et manifestement vous voulez que des partenaires plus jeunes s'y intéressent, n'est-ce pas? Comment vous y prendrez-vous pour accomplir cela? Vers qui vous tournez-vous?

[Français]

M. Bernard Cleary: Nous sommes en pleine période de restructuration et d'expansion. À partir de ce moment-ci, l'objectif de l'entreprise est de faire en sorte que des gens un peu plus jeunes que moi s'engagent dans l'entreprise.

Il s'agit donc d'abord de diversifier la clientèle. Qu'on le veuille ou non, il faut quand même arriver à développer des marchés. Jusqu'à aujourd'hui, tous les marchés que nous avons développés l'ont été aussi par les gens qui nous accompagnent. C'est là un premier point. Pour moi, il est important d'avoir une équipe diversifiée, composée de gens compétents et capables de prendre la relève.

Parlons maintenant de l'aspect financier. On se dirige vers un actionnariat. Il faut d'abord bien voir que cette entreprise restera toujours entre les mains des autochtones. C'est une entreprise qui, aujourd'hui, est entièrement autochtone, dont le capital financier est entièrement autochtone. L'objectif est de faire que cette entreprise demeure une entreprise autochtone. C'est là le premier élément et un élément d'importance.

[Traduction]

M. Derrek Konrad: D'accord. Puis-je poser une question complémentaire? Il me reste du temps.

Quand vous dites «Autochtones» parlez-vous des Inuits, des Indiens de fait, des Indiens inscrits et des métis? Comment devient-on partenaires dans votre société? Faut-il acheter des actions, travailler pour la société ou mettre au point un nouveau produit...?

[Français]

M. Bernard Cleary: Dans le moment, nos partenariats sont plutôt établis avec, par exemple, Ann Noonan and Associates, une entreprise anglophone de l'Ouest qui, avec nous, travaille à établir des partenariats avec d'autres entreprises. Vous comprendrez que nous aurons bientôt besoin de travailler avec des entreprises de communication dans l'Ouest, en Ontario et aussi dans les Maritimes. Nous sommes en train d'établir ce genre de partenariats.

Donc, dans certains dossiers plus particuliers, comme The Native Trail, nous avons intérêt à nous associer avec les gens du milieu. Mais nous en sommes encore au stade du développement. Maintenant, est-ce que nous serons bientôt cotés en Bourse? Cela est différent et n'a pas encore été pesé. C'est pour plus tard.

Quant à l'actionnariat, il est évident qu'il prendra de l'ampleur au fur et à mesure que l'entreprise va se développer. Mais nous sommes en début d'expansion.

M. Beaudet peut ajouter quelque chose.

M. Guy Beaudet: C'est à propos de notre politique de partenariat. En tant qu'entreprise autochtone, notamment dans le cadre de la stratégie d'approvisionnement du gouvernement fédéral, qui favorise et propose des marchés réservés à l'entreprise autochtone pour ce qui est des appels d'offres, notamment dans le cadre de MERX, nous croyons que le partenariat avec l'entreprise non autochtone, minoritaire selon les règles de cette politique, peut nous procurer un transfert de connaissances importantes au cours des prochaines années.

• 1145

Donc, nous ciblons certains marchés. Nous avons établi, entre autres, une coentreprise avec une firme d'ingénierie de l'environnement de Québec pour avoir accès aux marchés gouvernementaux en matière d'ingénierie de l'environnement. Cependant, le Groupe Cleary demeure majoritaire dans cette coentreprise. Ceci nous permet d'aller chercher pendant quelques années une expertise dans des secteurs d'activités que nous n'avons pas actuellement. En termes de plan de développement, cela nous permet d'acquérir des connaissances. C'est un cas que nous avons vécu récemment dans le cadre d'un appel d'offres du ministère de la Défense nationale.

Le président: Merci, monsieur.

Monsieur Crête.

M. Paul Crête (Kamouraska—Rivière-du-Loup—Témiscouata—Les Basques, BQ): Je trouve intéressant que vous nous fassiez voir des aspects de ce que j'appellerais la modernité autochtone. Je pense que c'est un modèle intéressant de ce point de vue.

La circonscription que je représente compte un groupe de Malecites parmi ses citoyens. C'est un exemple que je donne. J'aimerais que vous me disiez comment les entreprises autochtones peuvent arriver à surmonter les obstacles qui s'opposent au démarrage de leurs entreprises, qu'il s'agisse d'un manque de capitaux ou d'un manque d'équipement en technologie avancée.

Vous semblez avoir réussi. Vous en avez un peu parlé, mais j'aimerais que vous élaboriez davantage en pensant à d'autres groupes qui désireraient mettre une entreprise sur pied sans avoir atteint le même degré de développement. Quelles sont les conditions de succès pour une telle entreprise, autant à l'interne qu'à l'externe?

Je vais me permettre tout de suite une deuxième question pour que vous preniez le temps d'y répondre.

Le gouvernement du Québec vient d'annoncer, dans le cadre de sa nouvelle politique concernant les affaires autochtones, la création d'un fonds d'investissement de 125 millions de dollars et souhaiterait que le gouvernement fédéral y injecte la même somme. Qu'est-ce que vous pensez de cette orientation du gouvernement du Québec en matière de politique économique pour les autochtones? Et quelles seraient vos priorités si vous aviez à répartir une enveloppe de 250 millions de dollars parmi les communautés autochtones du Québec?

M. Bernard Cleary: À la première question, je répondrai qu'il faut bien voir que l'ensemble du développement économique autochtone en est quand même à ses premiers balbutiements. Il s'agit de visiter des communautés extérieures aux grands centres pour s'apercevoir que les projets de développement économique en sont à leurs premiers balbutiements.

L'autre élément qui m'apparaît aussi important et qu'il ne faut pas craindre d'affirmer, c'est que ne devient pas entrepreneur qui veut. Je pense que le gouvernement doit prendre cela en considération. Donc, selon moi, les gouvernements devraient d'abord s'employer à dépister un certain nombre de personnes qui ont des qualités d'entrepreneurs. Ils devraient ensuite travailler à leur formation d'entrepreneurs et travailler avec eux à bâtir ce qu'on appelle des plans d'affaires. Enfin, ils doivent faire en sorte qu'ils obtiennent du financement et essayer de mettre au point des formules qui leur permettent d'obtenir du capital de risque. Que voulez-vous, dans les communautés autochtones, il y a peu de gens qui ont l'argent nécessaire à la mise sur pied d'une entreprise.

De plus, je pense très sincèrement qu'il doit s'établir ce qu'on appelle communément des incubateurs d'entreprises. Tout cela est bien beau, mais le gouvernement a une responsabilité, ou plutôt les gouvernements ont une responsabilité vis-à-vis des entrepreneurs autochtones qui en sont à leurs premières armes dans le domaine, celle de leur fournir une sorte d'encadrement qui peut se donner sous forme d'incubation. Cela aurait comme résultat, quant à moi, et je me fonde sur mon expérience pour le dire, que les échecs seraient moins nombreux.

C'est triste de mettre une entreprise sur pied et de connaître un échec par manque d'expérience ou par manque de toute autre chose. Bien souvent, cela tue dans l'oeuf un certain nombre d'expériences intéressantes, de carrières intéressantes, pas nécessairement parce que ces entrepreneurs étaient incompétents, mais souvent parce qu'ils n'avaient pas d'expérience et n'avaient pas l'entraînement voulu.

• 1150

Donc, pour moi, il ne suffit pas de donner de l'argent pour régler le problème du financement d'une entreprise autochtone. L'argent est un élément important, mais ce qui est tout aussi important, c'est tout ce qui doit venir avec le financement, soit la formation, l'encadrement, etc. C'est ma vision de ce que doivent faire les gouvernements pour soutenir l'entrepreneuriat.

Quant à votre deuxième question, j'ai entendu comme tout le monde annoncer la politique du Québec dans ce domaine. Elle n'est pas définie, cette politique du Québec. Je vais vous dire que, comme tous les entrepreneurs autochtones, on est en faveur de l'investissement des gouvernements, et le plus possible, dans les projets de développement économique. Dans l'esprit dont je viens de parler, ça ne peut être que salutaire pour tout le monde qu'il se fasse du développement.

Mais encore là, il ne faudrait pas que ce soit des projets qui se développent en parallèle, indépendamment les uns des autres. À mon sens, ils devraient se faire dans l'unité. Il ne sert à rien de travailler en parallèle, sur deux choses différentes. Je pense qu'Entreprise autochtone Canada et le développement visé par le gouvernement du Québec devraient progresser ensemble, de façon à ce que les autochtones en tirent le maximum. Ce n'est pas pour moi. Ce n'est pas non plus parce que l'un tirerait d'un côté et l'autre, dans un autre sens. Ce n'est pas ça qui est important. Ce qui importe, selon moi, c'est de bâtir un entrepreneurship solide. C'est ainsi que je vois l'avenir, en ce qui me concerne.

M. Paul Crête: Il y avait un volet de ma question qui portait sur les priorités. Si vous étiez responsable de la répartition des 250 millions de dollars, quelles seraient vos priorités d'action?

M. Bernard Cleary: Je pense en avoir un peu parlé tout à l'heure.

M. Paul Crête: C'est l'entrepreneuriat.

M. Bernard Cleary: Pour moi, les priorités d'action auraient trait à la formation des entrepreneurs. Ce n'est pas de distribuer de l'argent. Pour moi, c'est ça. Cela vaut pour n'importe qui. Cela vaut autant pour le Québec que pour n'importe qui d'autre qui touche au dossier. Les priorités sont donc de faire en sorte que les entrepreneurs se développent correctement, que cela donne des résultats. On ne peut pas s'acheminer vers une victoire finale si on va de défaite en défaite. Il faut obtenir des résultats concrets au plan de l'entrepreneurship. C'est la même chose pour les autochtones que pour les autres.

Donc, ce que l'on vise, comme entrepreneurs, ce sont des résultats concrets. Dans le dossier auquel nous travaillons actuellement, nous considérons être arrivés à quelque chose, mais nous avons débuté tout petits.

Je vous parlais tout à l'heure de l'aide qu'on a eue, du gouvernement fédéral entre autres et une aide importante, mais nous ne l'avons pas eue au début. Cela s'est fait il y a quelques années, en réalité. Pourquoi? Parce que nous étions arrivés à une période d'expansion où nous étions capables d'évoluer dans ce sens.

Ce que je pense, à propos du développement économique autochtone, c'est qu'il faut commencer lentement, en étant bien encadrés, par de petits projets afin de pouvoir apprendre. C'est en cuisinant qu'on devient de bons cuisiniers. Cela s'applique aussi au développement économique autochtone.

Il y a tout un programme qu'on est peut-être portés, involontairement, à mettre de côté. Ce n'est pas si évident que cela. Je pense, moi, que c'est important. C'est l'expérience vécue qui m'a appris qu'on en a besoin pour le développement autochtone. On a besoin de cela, beaucoup plus que d'argent. L'argent ne règle pas tous les problèmes. L'argent en règle de gros quand on est en affaires, mais il ne règle pas tous les problèmes.

M. Vincent Poulin (chargé d'affaires, Le Groupe Cleary): Je voudrais seulement ajouter un mot sur le financement des entreprises, étant donné que j'ai été 22 ans au ministère des Affaires indiennes et 22 ans gestionnaire du fonds de prêts.

M. Paul Crête: Ce qui ne fait tout de même pas 44 ans au total.

M. Vincent Poulin: Non, non.

M. Bernard Cleary: Non, ce n'est pas cumulatif.

M. Vincent Poulin: Donc, le financement est un peu ma spécialité.

La politique d'achat du gouvernement fédéral a certainement aidé. Il y avait déjà beaucoup d'occasions pour les entrepreneurs autochtones de lancer une affaire. Il y en a encore. La politique les a même augmentées en réservant un marché et en forçant un peu les entrepreneurs non autochtones à se fusionner ou à s'associer avec des entreprises pour faire un développement des ressources humaines autochtones.

Le financement reste un problème particulier. D'abord, les entreprises autochtones, pas volontairement mais involontairement, n'ont pas accès à tous les programmes gouvernementaux. Par exemple, elles n'ont pas accès aux prêts aux petites entreprises. Cela n'a pas été intentionnel, mais les mots inscrits dans la loi... Par exemple, la loi dit que pour être admissible, il faut prendre des garanties. Il faut bien se dire que, dans une réserve, prendre des garanties est extrêmement difficile.

• 1155

Donc, à cause des mots qui ont été mis dans la loi, la plupart des entreprises autochtones sont exclues de ce programme. Également, lorsqu'on diminue les programmes de subventions, on diminue automatiquement l'accès au financement, parce qu'une entreprise autochtone, en général, est financée à 20 p. 100 par équité, à 30 p. 100 par contribution et à 50 p. 100 par du financement en prêts garantis ou prêts directs.

Si les 30 p. 100 de contribution sont enlevés, cela veut dire qu'on enlève le financement par prêts parce qu'ils ne sont plus admissibles. On perd donc un investissement énorme. Normalement, d'après mes études et d'après mes résultats, un dollar investi en contributions rapporte au moins 4 $ en investissement dans les communautés.

On perd donc beaucoup d'argent. Lorsqu'on enlève un dollar des programmes d'aide aux entreprises, on enlève un énorme investissement dans les communautés autochtones et on ne les aide pas à se prendre en charge. Le financement reste un problème et l'accès aux programmes reste aussi problématique.

Le président: Merci, monsieur Poulin.

Monsieur Cleary, vous voulez intervenir?

M. Bernard Cleary: Oui, j'aurais deux petits points à ajouter à ce que vient de dire Vincent. Il est évident que le financement autochtone doit avoir du soutien au niveau gouvernemental, que vous le vouliez ou non. J'oubliais le fait qu'on ne peut pas hypothéquer nos maisons sur nos réserves. Mais que voulez-vous? Les banques sont tellement habituées à avoir un endossement du gouvernement fédéral. Quand on veut discuter d'égal à égal—ce qu'on ne fait pas, bien évidemment—, ils veulent tout de suite l'endossement du fédéral, alors qu'on n'a pas encore commencé à démontrer qu'on pourrait être solvable et qu'on est capable de payer ses dettes.

Aussitôt qu'ils savent que c'est une entreprise autochtone, c'est comme ça. Je vous avouerai que cela nous place dans une situation difficile. Il y a bien des entreprises qui voudraient bien que le fédéral n'endosse pas à chaque fois qu'il s'agit d'obtenir un prêt. Il faut que vous soyez conscients de cela au niveau du développement économique, quel qu'il soit.

D'autre part, je dois vous dire que les contributions sont importantes. N'oubliez pas que quand Entreprise autochtone Canada participe à 75 p. 100 ou que, dans le cadre d'un autre programme, on participe à 50 p. 100, l'entreprise est obligée de mettre 50 p. 100. L'entreprise n'a pas toujours les reins assez solides pour le faire.

L'année dernière a été une année extrêmement difficile financièrement pour le Groupe Cleary, pour la bonne et simple raison qu'on a développé tout cela. Pour le fonds de l'autoroute, on a eu 165 000 $, mais on a été obligés de mettre 165 000 $. On a eu 75 000 $ et on a été obligés de mettre 75 000 $, avec pour résultat qu'au cours de l'année passée, deux actionnaires, qui s'appellent Bernard et Chantal Cleary, ont été obligés de mettre 284 000 $ pour couvrir ces montants. Ce n'est pas si simple. On peut nous dire que nous n'avions qu'à ne pas avancer, que nous n'avions qu'à attendre. C'est peut-être vrai, mais l'autoroute passe aujourd'hui.

Notre objectif n'était pas d'arriver à faire le développement de l'autoroute de l'information six ans après les autres. Il faut donc considérer un tas d'éléments. L'autre point, et ce sera le dernier avant de répondre à vos questions, se situe au niveau international. On fait une incursion dans le domaine international. On sait que les gens veulent que les groupes autochtones se développent. Je pense d'ailleurs qu'Entreprise autochtone Canada fait partie de ces politiques.

Nous sommes une entreprise de consultation. On a une expertise, à mon avis. Nous avons une expertise exportable parce que le travail avec des groupes autochtones ressemble souvent beaucoup au travail avec des pays défavorisés. Je vous fais grâce de toutes les structures.

Nous avons donc une approche autochtone qu'on a arrêtée et qui a été appréciée. Je pense au Tchad, à Haïti et à d'autres pays qui trouvent que notre approche au niveau autochtone est intéressante. On est portés à travailler avec ces pays-là comme on travaille avec les groupes autochtones, c'est-à-dire en partenaire, beaucoup plus que les autres grosses entreprises. Je ne veux pas insulter les grosses entreprises, mais les grosses entreprises arrivent souvent comme en pays conquis et veulent montrer à tout le monde comment ça marche dans ce bas monde. C'est ce qui s'est passé à Haïti. Nous, nous travaillons avec eux et c'est une attitude qui fait plaisir à ce genre de pays.

• 1200

Nous avons une expertise et nous sommes capables de travailler, mais il y a un problème. Pour entrer à l'ACDI, par exemple, il faut trois ans d'expérience. Comment va-t-on avoir ces trois ans d'expérience si on n'a pas la possibilité de commencer un jour? Il y a donc un problème.

Évidemment, nous avons contourné ce problème, mais je parle plutôt pour les autres. Nous avons contourné ce problème en nous associant avec la Canadian Co-operative Association, qui agit avec nous un peu en qualité de parrain. On va d'un parrainage à l'autre. On a hâte de ne plus avoir besoin de parrain.

Notre voeu est que le gouvernement aide les entreprises autochtones à obtenir un certain nombre de contrats de l'ACDI de façon à ce que nos trois ans, on les fasse quelque part. Pour les faire, il faut commencer à travailler.

Je vous avouerai qu'à ce sujet, nous étions assez découragés. Nous étions découragés parce que ça n'avançait pas. On a pris ça par la bande, pas la communauté autochtone mais la bande du hockey, en collaborant avec la CCA.

Si vous voulez que les entreprises autochtones se développent au niveau du marché international, vous devez savoir que les contrats de l'ACDI intéressent aussi les autochtones.

Le président: Merci, monsieur Cleary.

M. Guy Beaudet: Je vais être bref.

Le président: Rapidement, car les députés attendent et ils ont plusieurs questions.

M. Guy Beaudet: Pour ce qui est de l'art d'encourager les entreprises autochtones au niveau de l'ACDI, il faut se rappeler que la stratégie d'approvisionnement s'applique à l'ensemble des ministères et organismes qui sont assujettis à la Loi sur l'administration financière.

L'ACDI, si elle n'y est pas tenue, est quand même invitée à respecter cette politique. Si seulement 5 p. 100 du marché de l'ACDI était offert à l'entreprise autochtone, ça lui donnerait une chance d'acquérir cette expérience.

Ce que nous proposons, c'est qu'elle le fasse en partenariat avec l'entreprise non autochtone ou en coentreprise, ce qui permettrait un transfert de connaissances de l'entreprise non autochtone à l'entreprise autochtone sur une période de trois ans pour que l'entreprise autochtone puisse acquérir ses lettres de noblesse.

Par la suite, ces entreprises autochtones pourraient jouer un rôle d'incubatrices pour la formation de futures entreprises autochtones.

Le président: Merci, monsieur Beaudet. Monsieur Earle.

M. Gordon Earle (Halifax-Ouest, NPD): Je remercie également le Groupe Cleary pour sa très bonne présentation. Les renseignements étaient très intéressants.

Le président: Votre français est excellent, monsieur Earle.

M. Gordon Earle: Merci, monsieur le président. Je vais pratiquer un peu plus.

Le président: C'est bien. Continuez de pratiquer.

M. Gordon Earle: Est-ce que j'ai bien compris que vous avez seulement 10 employés?

M. Bernard Cleary: Oui, vous avez très bien compris.

M. Gordon Earle: Cinq autochtones et cinq qui ne le sont pas.

M. Bernard Cleary: À plein temps, mais on travaille beaucoup avec des consultants ou des travailleurs autonomes.

M. Gordon Earle: Vous faites beaucoup de projets et vous avez beaucoup d'activités. Comment faites-vous avec ce nombre réduit d'employés? Est-ce à cause des partenariats ou de la technologie?

M. Bernard Cleary: Je vais me vanter un peu. Je ne vous dirai pas que je me lève à 4 h 30. C'est vrai mais je fais d'autres choses aussi. Je vais me vanter en vous disant que le Groupe Cleary démontre son sérieux par l'expérience ou par son implication dans la société. La barbe grise indique 30 ans et plus de travail sérieux dans le milieu québécois et à travers le Canada.

J'ai eu de nombreux contacts avec des personnes extrêmement compétentes qui sont très heureuses de s'associer avec le Groupe Cleary dans un certain nombre de dossiers. On fait appel à des compétences externes, au Groupe Cleary, parce qu'on ne serait pas capables de couvrir tout ça avec 10 personnes. Ce ne serait pas possible.

D'autre part, on ne serait pas capables d'embaucher 100 personnes. On préfère, et cela a été un peu une philosophie de l'entreprise, utiliser au bon moment les bonnes personnes de façon à ce que la qualité du produit que l'on offre soit grande et que le rapport qualité-prix, qui est si intéressant pour les entreprises, reste bon.

• 1205

Je ne veux pas encore une fois me plaindre des grosses sociétés. Toutefois, vous comprendrez que nous travaillons pour 550 $ par jour, sauf moi qui obtiens un peu plus parce que, sans doute, je veux moins travailler. L'âge a ses exigences, faut-il croire. Mais passons. Nous travaillons pour 550 $ par jour en assurant à nos clients un bon rapport qualité-prix, à notre avis. Certaines firmes, beaucoup plus grosses et plus lourdes que la nôtre, travaillent pour 1 200 à 1 500 $ par jour.

Nous préférons engager des spécialistes à un moment donné sur un dossier précis. C'est la méthode de travail que nous avons adoptée. Je ne suis pas certain qu'elle ne changera pas un jour du tout au tout. Je n'en sais rien. C'est la raison pour laquelle on peut en faire autant.

M. Gordon Earle: Merci. J'ai une autre question que je poserai, cette fois-ci, en anglais. Elle porte sur la jeunesse.

[Traduction]

Vous avez dit que la jeunesse était très importante et j'en conviens avec vous. C'est important parce que les jeunes sont notre avenir. Comment arrivez-vous à intéresser les jeunes Autochtones à vos activités? Comment faire en sorte qu'ils viennent apprendre comment vous faites les choses pour pouvoir poursuivre à l'avenir?

[Français]

M. Bernard Cleary: Ma réponse comporte deux volets. Je vais partir de plus loin. Selon la philosophie autochtone, l'aîné enseigne au plus jeune. Dans l'entreprise que je dirige, ce principe est extrêmement important.

J'essaie de transférer aux gens avec qui je travaille mes connaissances, mes contacts, tout ce que je possède, mon professionnalisme, ma ténacité, mon esprit bagarreur que j'ai conservé bien que j'aie un certain âge. Pour moi, c'est une obligation majeure, en tant qu'aîné, en tant que plus âgé, que de leur enseigner cela. Toutefois, tout en le faisant, j'essaie de tirer le plus que je peux de la formation diversifiée de ces jeunes qui arrivent avec une grande diversité de compétences. C'est là un premier principe.

En deuxième lieu, en ce qui concerne les compétences requises par les travaux qui nous incombent, il y a deux genres de situations. Lorsqu'on travaille davantage à l'avancement des communautés, on s'adresse à des gens que l'on encadre et qu'on utilise de façon à leur faire acquérir une formation.

C'est différent s'il s'agit d'un projet précis, comme un projet de communication. J'ai enseigné dans ce domaine pendant 13 ans à l'université. Je suis en mesure de l'enseigner à des jeunes. On leur donne une espèce d'apprentissage et on leur permet de cette façon de goûter à un travail bien fait, etc.

En résultat, un tas de concurrents sont nés. Les consultants autochtones ont poussé, chez nous, de façon impressionnante et ils ont obtenu plusieurs contrats dans ce qui est notre domaine.

Également, nous allons aussi chercher des compétences, tant canadiennes que québécoises, qui travaillent chez nous avec nos jeunes, ainsi qu'un certain nombre de chercheurs ou de chercheuses qui travaillent à ces dossiers.

On essaie d'augmenter la qualité au fur et à mesure qu'on avance avec les gens. Nous prêchons aussi par l'exemple. En tout cas, chez les Montagnais plus spécifiquement, car j'en viens, la réussite de l'entreprise, qu'on souhaite la plus grande possible, sert d'exemple. On est en mesure de montrer aux jeunes qui grandissent chez nous qu'il est possible de réussir ailleurs. Il y a là un effet qui s'additionne et qui est intéressant.

Donc, c'est un peu tout cela. Ce n'est pas structuré de façon très rigoureuse, mais c'est l'idéologie qui sous-tend toute l'entreprise.

[Traduction]

Le président: Merci.

[Français]

Merci beaucoup, monsieur Cleary.

Monsieur Keddy.

[Traduction]

M. Gerald Keddy (South Shore, PC): Merci, monsieur le président.

J'ai écouté votre exposé mais je veux m'assurer que j'ai bien compris votre vision de l'entrepreneuriat. Si je ne m'abuse, elle ne diffère pas des théories que l'on applique ailleurs dans le monde.

• 1210

En l'occurrence, vous constituez une société qui se trouve être propriété d'Autochtones et qui a repéré une niche que personne n'avait encore exploitée. Vous avez entrepris de le faire. Vous êtes sans doute le premier entrepreneur à le faire. De fait, il en résulte la création d'une certaine concurrence.

Quant à la question que vous posait Gordon pour ce qui est d'attirer du sang nouveau, d'autres Autochtones dans ce secteur-là, je pense que vous y avez répondu.

Une fois qu'on déblaie le terrain dans un secteur, on devient un exemple. Quelqu'un d'autre se rend compte du potentiel que représente le marché et devient du jour au lendemain un concurrent, cesse d'être un employé ou un client.

Ma question—car je veux des précisions—est la suivante: Où se trouve votre administration centrale? Votre site Internet offre-t-il des services en langue autochtone? Commençons par cela.

[Français]

M. Bernard Cleary: Je vais commencer par la fin parce qu'il est toujours plus facile de se rappeler les dernières questions.

Oui, nous travaillons en langue autochtone avec les gens du milieu, par exemple quand nous préparons une campagne d'information et que nous voulons savoir ce que pense la population. C'est pourquoi je vous disais plus tôt que nous travaillons toujours en étroite collaboration avec les gens du milieu qui, eux, peuvent mieux exprimer ce que nous cherchons à savoir en langue autochtone.

Donc, sur ce point, je dirais qu'on ne peut s'imaginer consulter les populations autochtones sans le faire dans leur langue, pour ensuite travailler dans le milieu.

En ce qui a trait à la concurrence, j'aimerais préciser que nous n'avons rien contre les concurrents. Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. J'ai simplement voulu signaler le fait qu'après avoir travaillé avec nous, ils avaient développé une qualité d'entrepreneurship, de style travailleur autonome, et qu'en résultat, il étaient eux aussi en mesure d'obtenir un certain nombre de contrats dans leur communauté. Ce sont, en effet, souvent des gens de la même communauté.

Évidemment, on perd peut-être certains contrats à certains endroits, mais on se développe ailleurs. On occupe d'autres marchés, d'une façon différente, et c'est tant mieux pour l'ensemble du développement économique autochtone, quant à moi. Je ne les considère pas du tout comme des concurrents. Je parlais plus à la blague qu'autrement quand je les ai désignés comme des concurrents.

Nous avons travaillé avec des jeunes qui ont appris à travailler avec des méthodes qui, quant à nous, sont des méthodes professionnelles, de qualité certaine ou de sérieux etc., et cela leur a permis de trouver ce travail intéressant, assez pour vouloir à leur tour travailler dans le même domaine. Il y en a déjà, si je les compte rapidement, quatre ou cinq qui gagnent ainsi leur vie.

Donc, indirectement, nous avons créé un certain nombre d'emplois; par l'encouragement fourni à ces gens, nous avons contribué à ce qu'ils deviennent compétents.

Une autre de vos questions portait sur le siège social. Moi je viens de la communauté de Mashteuiatsh, à Pointe-Bleue. J'ai fait du journalisme à Pointe-Bleue, mais il n'y avait pas là beaucoup de journaux importants. Donc, j'ai fait du journalisme à Québec. J'ai fait une carrière de journaliste à Québec. Le siège social de ma firme est situé au Village huron. J'habite chez ces messieurs qui ont su accueillir mon entreprise. Donc, le bureau est au Village huron. J'habite aussi Pointe-Bleue. Je viens de Mashteuiatsh, mais mon bureau est au Village huron.

Le président: Monsieur Beaudet.

M. Guy Beaudet: En réponse à votre question sur les langues autochtones, sur le site Web, notre plan de développement s'oriente vers la traduction en anglais du site actuel. Donc, nous pourrons joindre les 60 p. 100 d'autochtones dont la langue seconde est l'anglais dans l'ensemble des communautés du Québec. Nous couvrons déjà les 40 p. 100 dont la langue seconde est le français. Dans une troisième étape, nous couvrirons l'ensemble du Canada anglais et français.

• 1215

En ce qui concerne les contenus et la promotion en langues autochtones, nous avons l'intention de mettre sur le site Web des textes écrits par les communautés elles-mêmes. Comme les langues autochtones sont de tradition orale, cela peut parfois poser un problème d'écriture ou de grammaire, mais on y arrivera au moins suffisamment pour favoriser la promotion de ces langues-là.

Cependant, ce qu'on aimerait faire ultérieurement, bientôt, lorsqu'on en aura la possibilité, c'est introduire le son, enregistrer la voix à l'aide d'un petit logiciel. Comme les autochtones sont de tradition orale, on sera bientôt en mesure d'enregistrer, à titre d'exemple, une déclaration de Phil Fontaine relativement à une position x, y ou z ou un message de Jean-Charles Piétachau, chef de Mingan, qui pourrait avoir une connotation spirituelle ou encore être adressé à sa communauté.

La technologie nous permet aujourd'hui de faire entendre des textes qui seraient lus. C'est une phase à laquelle on va travailler ultérieurement.

M. Bernard Cleary: Sur la question des langues, j'aurais aussi envie de vous parler d'un projet que nous caressons, auquel nous travaillons. Il ne faudrait pas l'annoncer pour demain matin. Mais nous sommes à y travailler, avec un organisme universitaire, l'AUPELF-UREF, qui est une association d'universités francophones. Nous voulons ensuite travailler avec le Centre d'études canadiennes et le Musée des civilisations. Nous travaillons beaucoup en partenariat avec le Musée des civilisations.

Le projet auquel nous travaillons serait de mettre sur le site Internet qui s'appelle La piste amérindienne, The Native Trail un centre de recherche virtuel sur les autochtones à travers le monde. On voudrait que le Canada devienne, par La piste amérindienne, un centre de recherche virtuel sur les autochtones du monde. Ce serait, selon nous, assez facile à réaliser. Évidemment, nous pensions en faire un projet du millénaire, mais je pense que nous allons dépasser le cap du millénaire parce que nous avons trop de fers au feu.

Ce serait extrêmement intéressant. Cela servirait à la protection des langues autochtones. Un des volets majeurs sur Internet, grâce à ce centre de recherche virtuel, serait la protection des langues autochtones. On sait très bien, par exemple, que le Musée canadien des civilisations a fait un travail fantastique dans ce domaine et on essaierait de s'associer avec lui.

Je dois vous dire que le Japon nous a demandé de traduire une partie de notre site en japonais. Je ne vous dis pas que nous allons le faire demain matin, mais cela démontre l'intérêt du site. Ce que je voulais souligner, c'est que cela démontre l'intérêt de La Piste amérindienne puisqu'elle a suscité une demande aussi sérieuse. Les Japonais essaient de trouver des partenaires pour traduire La piste amérindienne, surtout en ce qui a trait au tourisme, ce qui démontre leur intérêt pour ce dossier.

Il est certain que l'anglais va beaucoup nous servir, sur ce plan, car plusieurs Japonais parlent l'anglais. L'anglais va nous aider quand la traduction sera terminée. Mais la perspective qu'une partie de La piste amérindienne puisse être traduite en japonais nous fait bien plaisir.

Le président: Votre projet est vraiment unique au monde. C'est important. Merci.

Monsieur Finlay.

[Traduction]

M. John Finlay (Oxford, Lib.): Merci, monsieur le président.

Monsieur Cleary, j'ai trouvé votre exposé fort intéressant.

J'ai une question concernant la page 9 de votre mémoire. Vous dites:

    Le Groupe Cleary entend également se positionner dans la nouvelle dynamique créée par la mise sur pied de la récente Stratégie d'acquisition auprès de l'entreprise autochtone mise de l'avant pour l'ensemble des ministères et organismes fédéraux.

Vous semblez convaincu que cette mesure aura une incidence très positive. Pouvez-vous développer un peu votre pensée en nous expliquant comment vous avez pu constater que cela était à l'avantage de l'économie autochtone, des entreprises autochtones?

Excusez-moi, c'est au troisième paragraphe de cette page.

• 1220

[Français]

M. Bernard Cleary: Si nous disons que nous voulons nous positionner partout au Canada, c'est que la stratégie d'approvisionnement permet aux entreprises autochtones de répondre à certains appels d'offres.

Il y a deux sortes de contrats. Il y a des contrats que je qualifierais de mineurs, des petits contrats locaux, mais il y en a d'autres qui sont d'envergure nationale. Par exemple, l'armée peut avoir des contrats qui s'étendent à l'ensemble du Canada. Il en va de même pour Santé Canada.

Nous avons donc été obligés, pour répondre à la demande, parce qu'on voulait avoir des gens... Il faut souligner aussi que l'avantage que nous avons, c'est d'être capables de travailler en anglais et en français. C'est donc un avantage sur d'autres entrepreneurs autochtones. Tant mieux. C'est un avantage que nous avons. Nous sommes en mesure de travailler dans les deux langues. C'est un avantage.

De plus, nous favorisons, par exemple dans le cas d'un contrat d'envergure nationale de Santé Canada, la collaboration avec d'autres entreprises pour remplir la partie du contrat qui s'appliquerait à l'Ouest, par exemple, ou ailleurs. Nous conservons évidemment le contrôle de l'ensemble du dossier, puisque nous en sommes responsables, mais nous tentons le plus possible de travailler avec des entreprises du milieu qui peuvent, de façon professionnelle, nous aider à atteindre nos résultats. C'est aussi une question de coûts.

L'idée n'est pas d'aller s'établir nécessairement partout, mais de répondre à une exigence de la politique d'approvisionnement, à savoir qu'on ne veut pas travailler avec cinq entreprises différentes sur un même contrat, mais avec un seul responsable.

L'autre élément, que M. Beaudet a souligné et qui est très important pour nous, c'est que cela nous permet aussi de compléter notre expertise grâce à la collaboration de sociétés canadiennes quand celles-ci acceptent de s'associer minoritairement avec nous pour répondre à ce besoin quand il se présente.

Vous comprenez qu'il est dans notre intérêt d'obtenir un contrat à titre d'entreprise responsable, parce que cela nous permet d'apprendre. De plus, nous satisfaisons ainsi au critère de la politique d'approvisionnement selon lequel un fournisseur peut bien être remplacé par un autre, mais à la condition qu'il soit de qualité.

C'est un peu l'esprit dans lequel a été rédigé ce paragraphe où il est dit qu'on veut travailler à l'extérieur. C'est beaucoup plus dans le sens que nous voulons accorder nos vues à celles de la politique et nous associer avec d'autres firmes. Nous avons eu l'occasion, à maintes et maintes reprises, de rencontrer d'autres firmes autochtones canadiennes, ce qui fait en sorte que nous pouvons travailler sur un certain nombre de dossiers avec elles.

Le président: Monsieur Beaudet.

M. Guy Beaudet: En complément d'information et à titre d'exemple, monsieur Finlay, je vous dirai que nous avons été invités la semaine dernière par le gouvernement à répondre à un appel d'offres pour l'évaluation d'un programme à l'intention des communautés du Manitoba.

Le Groupe Cleary a été sélectionné par les fonctionnaires du gouvernement fédéral à la suite de notre inscription au fichier des fournisseurs d'Entreprise autochtone Canada, qu'on trouve aussi sur Stratégis, à Industrie Canada. Voilà un exemple d'un potentiel intéressant.

C'est à nous, du Groupe Cleary, de répondre à cette invitation. Bien sûr, les partenaires canadiens qu'on peut dénicher pour se joindre à nous et soumissionner avec nous sont des gens qui peuvent être tantôt d'Ottawa, tantôt de Toronto, tantôt du Manitoba. C'est un exemple concret.

Le président: Merci, monsieur Beaudet. Monsieur Finlay, merci beaucoup.

Monsieur Konrad.

[Traduction]

M. Derrek Konrad: Merci, monsieur le président.

Je voudrais vous poser une brève question concernant votre équipe, composée d'Autochtones et de non-Autochtones, et le fait que les non-Autochtones ne peuvent pas posséder d'actions dans votre société. Est-ce que cela crée des ressentiments? Vous avez peut-être quelque chose à nous dire là-dessus.

Vous avez fait allusion aux réticences des banquiers et des bailleurs de fonds à l'égard des Autochtones car il leur est impossible de réaliser les biens offerts éventuellement en garantie pour un prêt. Souhaiteriez-vous qu'il y ait des modifications à la Loi sur les Indiens ou qu'elle soit carrément abrogée? Est-ce que cela aiderait?

• 1225

On parle de sociétés autochtones mais en fait les sociétés ne sont ni autochtones, ni chrétiennes ni quoi que ce soit. Une société est une société. Ses propriétaires peuvent être n'importe qui, y compris des Autochtones bien entendu.

Par conséquent, est-ce que cela a des répercussions sur votre gestion? Si je ne m'abuse, les Autochtones jouissent d'un régime d'imposition différent des autres Canadiens. Cela a-t-il des conséquences pour la gestion de votre entreprise? Y a-t-il des améliorations possibles?

[Français]

M. Bernard Cleary: J'ai dû vous induire en erreur. Le financement de l'entreprise ne sera pas fermé aux Québécois et aux Canadiens à l'avenir. Ce que j'ai voulu dire très clairement, c'est que l'entreprise va rester majoritairement autochtone. Donc, les autochtones continueront peut-être de détenir une majorité de 51 p. 100 et les Canadiens, 49 p. 100. Voilà la vision de l'entreprise au niveau de l'actionnariat.

D'autre part, je verrais mal, comme entrepreneur, le fait de «profiter»—mais d'une façon positive, pas comme profiteur—de programmes d'encouragement des entreprises autochtones, donc du travail de développement économique pour les autochtones, et ensuite de transférer l'entreprise par une forme de partenariat minoritaire à l'ensemble des Canadiens. Vous avez fait allusion aux entreprises qui ne sont ni catholiques, ni autochtones, etc., mais il n'en demeure pas moins que l'objectif des programmes d'encouragement du gouvernement fédéral est en grande partie de développer l'entreprise autochtone. Il y a aussi des programmes pour développer l'entreprise canadienne ou québécoise.

Nous profitons des programmes surtout pour développer l'entreprise autochtone. Donc, quand je vous dis que l'intérêt ou la fidélité pour nous, c'est de rester une entreprise autochtone, ce n'est pas parce que je suis mal avec des entrepreneurs canadiens. Ce n'est pas du tout ce que je veux dire. Bien au contraire, je m'entends très bien avec eux. On vous a parlé de CGI et de Cossette Communications, avec qui on traite d'égal à égal. Ce n'est pas parce que l'entreprise est importante que le Groupe Cleary ne travaille pas d'égal à égal avec elle. Cela n'a pas de rapport quant à nous.

On est une entreprise autochtone, on est des autochtones, notre entreprise a été bâtie par des autochtones et on souhaite que cela reste comme cela. Cela étant dit, je pense que la politique d'encouragement au niveau de l'approvisionnement n'est pas si mal faite que cela. Au contraire, elle permet à des entreprises non autochtones de profiter des avantages qui sont accordés à des entreprises autochtones. À ce stade-ci—on verra ce qu'il en sera plus tard, et ce sera au gouvernement de faire les analyses nécessaires pour voir si cela donne des résultats—, cette politique avantage une entreprise comme la mienne, qui peut s'asseoir avec une entreprise comme CGI, par exemple, et dire: «C'est bien dommage, mais si vous voulez travailler avec nous, vous allez travailler d'une façon minoritaire.» Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? C'est comme cela. Je pense que c'est bon qu'il en soit ainsi.

[Traduction]

M. Derrek Konrad: Je vois. La Loi sur les Indiens constitue-t-elle une entrave au développement économique autochtone, et je songe en particulier ici à l'article 89? La modification ou l'abrogation de cet article vous serait-elle utile?

[Français]

M. Bernard Cleary: À mon avis, la Loi sur les Indiens nous nuit. Dans le fond, elle nous nuit vraiment quand elle nous interdit d'hypothéquer quoi que ce soit sur une réserve. Si j'ai une maison ou un avoir quelconque de 100 000 $, je ne suis pas capable de m'en servir. Puisque je suis «insaisissable», je ne suis pas capable d'utiliser les biens que j'ai accumulés pour faire du développement économique.

Il y a longtemps que les autochtones parlent de cette partie du dossier. On doit faire un effort si on veut que les jeunes entrepreneurs puissent agir de la même façon que les autres. Quelle est l'exception? Il y a des méthodes. Les Mohawks avaient expérimenté à un moment donné une formule assez intéressante.

• 1230

Sans tout chambarder au niveau de la loi, on devrait faire en sorte que ce qu'on veut hypothéquer puisse être hypothéqué si on y consent. Il s'agirait que la loi soit conséquente à cet égard. Je ne suis pas en faveur de l'abolition de l'insaisissabilité, mais l'entrepreneur qui voudrait que sa maison ou n'importe quel autre de ses biens soit saisissable devrait avoir le libre choix et pouvoir dire: »Si je ne réponds pas à mes obligations, ce bien est saisissable.» À mon avis, cela améliorerait le développement économique et nous permettrait de construire des choses, dont des usines, lesquelles représentent normalement une valeur en affaires. Si une usine n'est pas saisissable, elle ne deviendra jamais une valeur. Donc, pour que le développement se fasse sur les réserves, il faudra à un moment donné que ce qu'on développe devienne un plus dans notre organisation.

[Traduction]

M. Derrek Konrad: Merci beaucoup.

[Français]

Le président: Merci, monsieur Konrad. Monsieur Crête.

M. Paul Crête: Une très brève question. Vous avez fait des pas de géant par rapport à l'autoroute électronique. J'aimerais que vous me disiez si vous avez l'impression qu'il serait utile, important et nécessaire que des choses semblables se fassent au niveau de toutes les nations autochtones du Québec. Est-ce que l'état actuel de l'utilisation de l'autoroute électronique pourrait être bonifié de façon significative? Est-ce qu'un programme ou une action gouvernementale ciblée afin de permettre une plus grande accessibilité et une utilisation user-friendly pour les communautés autochtones serait souhaitable? Est-ce que cela vous apparaît une voie d'avenir à développer ou si vous pensez qu'avec La piste amérindienne, vous occupez déjà tout ce territoire-là?

M. Bernard Cleary: Non, je ne pense pas que l'on puisse dire qu'on va occuper tout seuls toute la place. D'abord, ça m'apparaîtrait exagéré et, deuxièmement, ça m'apparaîtrait pour le moins prétentieux. Par contre, il ne faudrait pas que surgissent 25 pistes, parce que là on s'en irait n'importe où. Je commencerai évidemment par prêcher pour ma paroisse, après quoi je prêcherai pour les paroisses des autres. Il est impossible en ce moment qu'une entreprise comme la nôtre ou n'importe quelle autre entreprise puisse développer quelque chose qui soit avant-gardiste dans le domaine de l'Internet sans une aide gouvernementale. Selon ma petite évaluation—et je ne suis pas un savant dans ce domaine—, il n'est pas possible de croire qu'on puisse rentabiliser, c'est-à-dire vendre de la publicité qui va générer des revenus, une référence comme La piste amérindienne ou The Native Trail avant 2002 ou 2005. Donc, comme entreprise privée, on n'est pas capables de développer cela parce que ça coûte beaucoup, beaucoup d'argent. C'est le premier élément.

Comme deuxième élément, je dois vous dire qu'Entreprise autochtone Canada nous aide déjà au niveau du développement. The Native Trail a été mise sur pied grâce au financement d'Entreprise autochtone Canada et du ministère des Affaires indiennes, qui ont saisi ce que l'on a voulu leur faire saisir, soit qu'on a une grande avance là-dessus et que c'est important.

Cela étant dit, il faudra maintenant que se greffent des satellites, parce que ce qui est important, et c'est ce qu'on a voulu faire avec La piste, c'est qu'on puisse retrouver au même endroit l'ensemble des sites autochtones.

Nous avons été financés en partie par le gouvernement et nous amenons gratuitement chez nous telle réserve ou tel projet de développement économique dans une pourvoirie et établissons gratuitement un lien de façon à ce qu'on devienne la référence. Quand tu es en Europe ou à Paris et que tu penses autochtone, tu pitonnes, tu vas chercher La piste amérindienne et tu as tout là. On parlait tout à l'heure des 450 entreprises qui sont chez nous. Ça commence à faire beaucoup de monde.

• 1235

Il y a donc 450 organisations autochtones qui sont, sinon hébergées, du moins reliées. Lorsqu'on visite The Native Trail, on a actuellement accès à 450 sites classés: tourisme, etc. On devient une espèce de toile, telle La toile du Québec, et ce titre de référence permet à tout le monde d'être là.

C'est de cette façon qu'on doit développer à ce moment-ci le dossier autochtone. Mais il y a tout un autre élément sur lequel il faudra se pencher bientôt, et nous y travaillons actuellement avec CGI. C'est ce qu'on appelle l'Intranet autochtone. En réalité, il y a une foule de services qui pourraient être donnés par la voie d'Internet. Demain matin, il serait possible de relier le dispensaire de Natashquan et l'université ou l'hôpital X. Il est important de savoir qu'il est possible aujourd'hui de donner de la formation sur Internet par l'Intranet autochtone. Nous travaillons présentement à une étude de faisabilité en vue de développer pour chacune des nations autochtones, au niveau de l'autonomie gouvernementale, un Intranet autochtone qui leur permettra d'être le plus le plus à point possible.

On ne peut donc pas tout faire tout seuls. Il ne revient pas à mon entreprise d'étudier la rentabilité et l'intérêt d'un Intranet autochtone. Je veux bien croire qu'on veut le faire et qu'on est capables le faire, mais...

C'est comme ça que les gouvernements doivent s'embarquer au niveau de l'Internet en ce moment. Quand le gouvernement dit qu'on fera en sorte que le plus de Canadiens soient branchés, c'est ça. On veut travailler dans ce sens, mais on ne peut pas brancher tout seuls tous les autochtones. Ce n'est pas possible.

Le président: Merci, monsieur Crête. Monsieur Earle.

M. Gordon Earle: Merci. Est-ce que j'ai assez de temps pour poser deux questions?

Le président: Oui, allez-y, monsieur Earle.

M. Gordon Earle: Merci.

[Traduction]

Vous avez eu des propos louangeurs quant à la façon dont le gouvernement fédéral vous a aidés dans votre entreprise. Avez-vous par ailleurs rencontré des obstacles, que nous pourrions vous aider à surmonter? Faites-vous face à des difficultés particulières?

[Français]

M. Bernard Cleary: Il y a sûrement un certain nombre de problèmes. Je pourrais vous dire, par exemple, qu'Entreprise autochtone Canada m'a donné l'occasion à quelques reprises de participer à des rencontres avec des gens d'affaires pour y faire les remarques d'usage. Je vous avouerai que ma franchise proverbiale m'a permis de dire ce que je pensais de A à Z.

Comme je le disais plus tôt, il est bon de découvrir des entrepreneurs, de les aider, de les former et de les incuber. Je considère que cet élément n'est pas assez développé. C'est mon avis personnel et c'est pourquoi je le soulignais tout à l'heure et que je le souligne encore. C'est bien beau de donner de l'argent, mais de l'argent, ça peut tomber pif dans le fond si tu n'es pas capable de l'utiliser correctement. Donc, plutôt que ça tombe pif dans le fond, on ferait peut-être mieux de mettre quelque chose pour arrêter sa chute. Pour moi, ce quelque chose qui va l'arrêter, c'est l'incubation, l'encadrement, etc.

Je comprends que vous ne puissiez pas avoir de fonctionnaires qui fassent ça de A à Z parce que ça n'en finirait plus. Mais il existe aujourd'hui des formules, dont l'incubation en entreprise. Ça existe et ça se fait. Je connais une excellente entreprise qui serait prête à le faire et qui le fait à l'occasion; elle s'appelle le Groupe Cleary. Nous sommes prêts à donner ce genre de coup de main pour faire en sorte que de jeunes entrepreneurs se développent. Évidemment, il y a un coût. Et l'objectif de tout ça, c'est qu'il y ait des réussites.

On dit souvent dans le dossier autochtone que les success stories ne sont pas nombreux. Pourquoi, pensez-vous? On n'est pas plus innocents que les autres, mais on n'est pas rendus à cette étape-là de la réussite nécessaire.

• 1240

Pour y arriver, on a besoin de financement, mais aussi de l'appui de professionnels de qualité afin que les entrepreneurs acquièrent de la confiance, deviennent ce que j'appelle de vrais entrepreneurs et goûtent à la réussite. C'est vrai qu'on est là pour faire des profits, mais ce n'est pas uniquement une question de se gaver.

Quand je vois les petits jeunes qui regardent La piste, j'en retire une grande satisfaction comme autochtone. Je vois qu'on a fait quelque chose qui donne des résultats. Quand une entreprise me dit qu'elle a reçu 10 appels téléphoniques de visiteurs de la France ou de la Belgique qui sont intéressés à venir chez nous, cela me fait plaisir. C'est la réussite qui découle de cela. On a le goût de faire de l'argent, bien sûr, et on n'est pas une institution de charité, mais il y a aussi autre chose.

Or, la réussite pour moi est un élément important pour faire du développement économique. Et pour réussir, il faut que les gens apprennent et sachent que le développement économique, ce n'est pas se réveiller un matin en disant: «Si j'allais chercher des subventions, je pourrais démarrer une entreprise.» Ça ne marche pas comme cela. Cela conduit à des échecs et quand on vit des échecs et qu'on a des déceptions, que fait-on? On se lance dans la drogue et ainsi de suite.

À mon avis, il est préférable de faire moins de développement économique au niveau de l'entreprise, mais de faire un développement solide. Telle est ma vision du développement économique autochtone. Pour qu'il soit solide, on doit le faire par incubation et par encadrement, et non pas par paternalisme. Je ne voudrais pas que le fonctionnaire arrive là et fasse preuve de paternalisme. Il faudrait compter sur la présence d'un personne qui montre aux gens comment faire. On serait sans doute surpris des réussites. Je vous dis que si c'était développé—et je suis sincère en disant cela—, les réussites seraient plus nombreuses qu'on pourrait le penser. Et là, les gens goûteraient à quelque chose de bon: la réussite.

Le président: Merci, monsieur Cleary.

Monsieur Earle.

[Traduction]

M. Gordon Earle: Vous dites avoir reçu des fonds du ministère des Affaires indiennes et du Développement du Nord pour l'exécution de certains projets. Le ministère exige-t-il que vous fournissiez une vérification globale, c'est-à-dire une vérification intégrée de tous vos projets pour rendre compte de ces fonds? Je voudrais savoir si on exige de vous une vérification particulière.

[Français]

M. Bernard Cleary: Je dois d'abord vous dire que nous n'avons malheureusement pas encore obtenu de fonds de la part du ministère de Affaires indiennes, mais que nous en attendons. Au niveau d'Entreprise autochtone Canada, il est évident que l'on doit répondre des gestes posés. D'une façon ou d'une autre, si on ne nous le demandait pas, je leur dirais: «Qu'est-ce que vous faites là? Cela n'a pas de bon sens de nous donner de l'argent sans nous demander ce qu'on en fait.»

Je peux donc témoigner qu'on nous demande de rendre des comptes et de remettre des rapports et autres pièces justificatives le plus complets possible à chaque fois. Notre expérience avec Entreprise autochtone Canada en ce sens a été une expérience positive. On ne nous écoeure pas continuellement. Au contraire, on agit très correctement et il faut que ça continue comme ça. Cela n'aurait pas de bon sens que les gouvernements dépensent de l'argent quelque part et ne demandent pas à quiconque d'en rendre compte. Cela fait partie des choses normales au chapitre du développement économique. Il faut que cela continue et encore plus. Je parlais plus tôt d'encadrement et de tout le reste, mais on doit aller plus loin. Selon mon expérience, à chaque fois qu'on a eu accès à des fonds, on a été obligé de démontrer ce qu'on en avait fait.

M. Gordon Earle: Ma question n'a peut-être pas été très claire. Lorsqu'on vous accorde des fonds pour un projet spécial, est-ce que ce projet fait l'objet d'une vérification particulière ou si la vérification porte sur l'ensemble de vos affaires?

• 1245

M. Bernard Cleary: C'est pour le projet pour lequel on a eu de l'argent. Si on a obtenu du financement pour La piste amérindienne ou pour le développement de tel secteur, on fait un rapport sur le projet en question. Lorsqu'on soumet une demande de financement d'un projet, on présente un programme expliquant pourquoi on fait cette demande et on fournit d'autres détails connexes. On est obligés d'indiquer sous quelle rubrique les fonds seront dépensés et de soumettre des factures. Par exemple, si on a engagé des consultants, il faut l'indiquer. La vérification se fait donc rubrique par rubrique au niveau du projet.

On n'exige pas une vérification de l'ensemble de l'entreprise puisqu'en réalité, ce n'est pas pour l'ensemble de l'entreprise qu'on demande un financement, mais surtout projet par projet.

M. Gordon Earle: Merci beaucoup.

Le président: Merci, monsieur Earle. Monsieur Finlay.

[Traduction]

M. John Finlay: Merci, monsieur le président. Monsieur, votre enthousiasme et votre dévouement à l'égard des entreprises autochtones sont contagieux.

J'ai une question précise à poser dans la même veine que celle de M. Earle. Vous-mêmes, vos clients ou vos partenaires ont-ils accès au service de la BFD, et je ne songe pas ici nécessairement aux fonds prêtés par cette banque, même si je suppose que cela pourrait être possible, mais aux conseils de planification d'entreprise ou à l'évaluation de nouveaux concepts que vous voudriez appliquer?

[Français]

M. Bernard Cleary: Nous n'avons pas eu accès à ce genre de services de la part de la Banque fédérale de développement puisque nous ne les avons pas demandés. Nous dressons des plans d'entreprise tant pour des clients que pour notre entreprise lorsque nous entreprenons des projets de développement. Les plans d'entreprise sont en très grande partie faits par nous, déposés, vérifiés, etc.

D'autre part, nous faisons affaire avec la Banque de Montréal. Comme je le soulignais tout à l'heure, quand on se présente à la Banque de Montréal pour obtenir un prêt ou quelque autre service, il y a le problème de l'endossement qui survient. Aussitôt qu'on parle à la Banque de Montréal, elle demande un endossement du gouvernement fédéral. Il nous faut donc démontrer à la banque que notre projet est rentable pour qu'elle accepte de le financer, même s'il est endossé par le gouvernement du Canada. Si la banque s'embarquait dans un projet qui n'a pas de bon sens, j'ai bien l'impression que le gouvernement du Canada dirait non.

Donc, déjà là, on est obligés de faire ce genre de choses. Comme je vous le disais, nous essayons d'avoir recours au financement le moins souvent possible, non pas parce qu'on ne veut pas d'argent, mais quand même le moins souvent possible. Nous y avons recours pour des projets de de l'importance de La piste amérindienne ou The Native Trail, des projets de trop grande importance pour ne compter que sur le soutien de l'entreprise. Quant au reste, notre philosophie est de faire une étude de faisabilité cas par cas.

Je vous donnerai un exemple précis. À un moment donné, on a eu l'idée de se lancer dans des projets de mini-centrales dans le domaine de l'hydroélectricité. Je connaissais des gens très compétents, dont un vice-président d'Hydro, qui avaient oeuvré dans ce domaine-là et je leur ai demandé de venir travailler avec moi. On a commencé, il y a deux ans et demi, par faire les premières études et, petit à petit, à poser des gestes. Nous entreprenions un petit contrat, puis un deuxième, etc. On a en quelque sorte fait l'étude de faisabilité par l'action, en réalisant un contrat, un contrat, un contrat, un contrat. Nous étions payés à titre de consultants et, en même temps, nous acquérions une expertise dans ce domaine. C'est de cette façon que se faisait l'étude de faisabilité. Comme je vous le disais tout à l'heure, il arrive souvent que nous commencions à embarquer tranquillement dans des projets. C'est de cette façon que j'ai bâti le Groupe Cleary, en commençant tranquillement. On commence tranquillement.

• 1250

Dans le domaine de la fine cuisine autochtone, par exemple, on est en train de s'embarquer dans quelque chose de fantastique. La compagnie Nestlé et notre entreprise étudient la question des produits surgelés. Nous avons entrepris des discussions avec les compagnies aériennes KLM et First Air au sujet de la possibilité d'offrir des mets de fine cuisine autochtone en première classe ou en classe affaires. On a commencé tranquillement et on s'embarque là, là et là. Nous travaillons aussi dans ce dossier avec l'ambassade du Canada à Paris. Le marché se développe morceau par morceau. On fait souvent une étude de faisabilité comme cela, en y mettant des efforts, en gagnant notre croûte avec cela, en travaillant, etc., etc.

C'est pourquoi je vous dis que nous investissons peu dans cela. Vincent pourrait peut-être vous fournir des précisions parce qu'il est un vrai spécialiste en la matière. Moi, je suis arrivé tard dans ce domaine.

M. Vincent Poulin: Merci, Bernard. Tout à l'heure, on a soulevé la question de l'attitude des banquiers, des occasions ou problèmes et de la Banque de développement du Canada. Au cours des dernières années, les banques ont évidemment changé. Elles sont maintenant davantage positives, ayant sûrement constaté que le marché autochtone est aussi profitable, tout comme les dépôts qui sont particulièrement profitables puisqu'en raison des règlements territoriaux, il y a de l'argent qui circule. Elles sont intéressées à avoir beaucoup de dépôts.

La plupart des banques ont maintenant un vice-président autochtone, y compris la Banque de développement du Canada. Malheureusement, la culture n'a pas changé à l'intérieur des banques. Leur attitude vis-à-vis des clients autochtones est toujours la même. On comparera toujours le client autochtone au client non autochtone et l'entreprise autochtone à l'industrie multinationale qui dispose de son avocat, de son comptable, etc. L'accès au financement des banques, y compris la Banque de développement, n'est malheureusement pas facile. C'est aussi difficile que ça l'était. Leur attitude ne change pas à l'intérieur. Aussitôt qu'une entreprise autochtone va moins bien, on ne dit pas que telle entreprise va mal, mais que toutes les entreprises autochtones vont mal. C'est simple, on classe cela et c'est fini: elles vont toutes mal et la crédibilité vient de se terminer pour le Groupe Cleary, comme pour les autres.

À ce moment-là, on se fie à une béquille qui est la garantie gouvernementale. Mais c'est une béquille pour l'entreprise parce que chaque fois qu'elle veut obtenir du financement, elle doit se soumettre à deux processus: celui de la banque et celui de la garantie gouvernementale. Cela peut prendre trois mois ou six mois, l'occasion passe et ensuite on dit qu'elle n'a pas réussi. Mais on n'était pas là pour l'appuyer quand le besoin s'en faisait sentir.

Ne devrait-on pas obliger les banques à réserver aux entreprises autochtones une partie du financement qu'elles accordent? Pourrait-on les forcer à y investir 5 p. 100 ou 3 p. 100 de leur financement? Cela pourrait ressembler à la politique d'approvisionnement du gouvernement fédéral, qui s'est engagé à réserver une partie de ses contrats aux autochtones. À la fin de l'année, on pourrait leur demander de faire rapport du nombre d'entreprises qu'elles ont financées. Cela forcerait peut-être un peu la note.

Le président: Merci, monsieur Poulin.

Monsieur Beaudet, en terminant.

M. Guy Beaudet: Pour revenir à la question de M. Finlay, j'aimerais parler de l'expérience qu'on a vécue dans le cadre de certains projets de développement, dont un projet de développement touristique avec des partenaires de la région de Québec. Il ne va pas de soi qu'une entreprise autochtone s'adresse directement à la Banque de développement du Canada dans le cadre de tel projet qui répondrait aux orientations de la Commission canadienne du tourisme, où une enveloppe de 500 millions de dollars a été consentie pour le développement touristique dans l'ensemble du Canada. La culture veut qu'on nous réfère rapidement à Entreprise autochtone Canada, qui est dotée d'un mandat plus restreint en termes de soutien financier à l'entreprise autochtone.

• 1255

Il faudrait que l'entreprise autochtone apprenne aussi à retracer les programmes gouvernementaux autres que les programmes réservés aux entreprises autochtones. Il y a énormément de programmes disponibles à l'entreprise, et l'entreprise autochtone aurait intérêt à se faire orienter dans ses démarches vers ces programmes qui s'adressent autant à elle qu'aux autres entreprises canadiennes. Il existe de beaux programmes. Il y aurait peut-être un arrimage de contenus à réaliser.

Le président: Monsieur Cleary.

M. Bernard Cleary: Je pense que le fait de toujours confiner les autochtones à quelque chose de particulier, à un petit programme ici et à un petit programme là, a pour effet de les marginaliser. C'est un peu ce qu'a voulu dire M. Poulin à sa manière.

Dans les banques, nous sommes marginalisés depuis longtemps, et j'ai l'impression que nous le resterons peut-être encore longtemps, tant et aussi longtemps que nous ne recevrons pas un fort appui du gouvernement sur ce plan. Cela ne veut pas dire...

Le président: Est-ce que vous allez faire appel à M. Michaud?

M. Bernard Cleary: Oui, je suis bien prêt à l'appeler. Si encore ces pauvres banques ne faisaient pas de profits. Il me semble qu'elles en font assez pour pouvoir consacrer un peu d'argent à d'autres affaires sans que ce soit si grave.

Même à Entreprise autochtone Canada, c'est la même chose. On nous présente toujours le même moule. Nous passons souvent par le même moule. Ils doivent penser que je viens les voir souvent pour leur présenter des projets. On passe toujours par le même canal, alors qu'IBM, lui, peut emprunter 25 canaux différents pour obtenir un tas de choses.

Si, par exemple, on veut se rendre à Haïti pour participer à une mission, il faut passer par Entreprise autochtone Canada. Si on veut assister à un autre événement, il faut encore passer par Entreprise autochtone Canada. Donc, on passe toujours par Entreprise autochtone Canada.

Ce que soulignait M. Beaudet tout à l'heure est important. Il faudrait qu'Entreprise autochtone Canada puisse, comme l'Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec, nous dire d'aller frapper à telle autre porte. Moi, je pense que cela pourrait être un des rôles d'Entreprise autochtone Canada que de nous diriger au bon endroit. Étant à Industrie Canada, ils doivent connaître les programmes beaucoup mieux que nous. Cela pourrait beaucoup aider le développement économique autochtone.

Le président: Merci, monsieur Cleary.

Monsieur Beaudet.

M. Guy Beaudet: Je veux seulement ajouter que l'Agence de développement économique du Canada travaille pour nous actuellement à un dossier de recherche de financement dans le cadre d'un projet qu'on leur a soumis et cherche à retracer, dans l'ensemble des programmes, tant du Québec que du fédéral, ceux qui sont disponibles.

Ce que je voudrais souligner, c'est qu'il n'est pas certain que l'Agence de développement économique du Canada soit le meilleur endroit où une entreprise autochtone puisse s'adresser pour obtenir de l'information, d'où le rôle qu'Entreprise autochtone Canada devrait jouer, à mon avis, pour nous guider, à moins que l'Agence de développement économique du Canada bonifie son programme par rapport à l'entreprise autochtone.

Le président: Merci.

Monsieur Finlay, avez-vous terminé?

[Traduction]

M. John Finlay: Non, merci beaucoup. Thank you very much.

[Français]

Le président: En terminant, j'ai une petite question à vous poser, monsieur Cleary. Concernant les Inuits des Territoires du Nord-Ouest, du Nunavik, du Nouveau-Québec, est-ce que vous vous avez des relations avec eux?

M. Bernard Cleary: Je vous avoue que, malheureusement, nos relations sont moins assidues, moins régulières. Nous avons travaillé, à un moment donné, avec leur bureau de Montréal, avec la Société Makivik. Mais c'est une faille chez nous. Nous allons essayer de nous introduire lentement dans une telle relation et surtout essayer de trouver... Nous avons tendance à vouloir trouver nos collaborateurs dans le milieu avant de nous engager ailleurs, d'abord parce que la mise en oeuvre est plus facile quand on connaît mieux le milieu. Dans le cas des Inuits, je dois reconnaître que ce n'est pas encore fait.

Le président: Mais vous avez parlé de First Air tout à l'heure. Or, vous savez que First Air est propriété des Inuits.

M. Bernard Cleary: Oui, c'est évident. Nous avons eu une rencontre avec First Air. Nous avons déjà eu des contacts avec eux. Nous leur avons signalé qu'il serait bien normal que de la nourriture autochtone soit servie dans les avions. Ils ont trouvé cela tout à fait correct et cela devrait donner des résultats probants au cours des prochaines semaines. Donc, en ce sens-là, on travaille avec eux.

Le président: Merci beaucoup. C'est terminé.

Monsieur Konrad, avez-vous d'autres questions?

• 1300

[Traduction]

M. Derrek Konrad: Oh, j'en ai sans doute 20.

Une brève question concernant votre site Internet. Vous avez eu 10 000 consultations, me dit-on. Comment cela se compare-t-il à d'autres sites? Est-ce que c'est un bon achalandage? Est-ce efficace? Est-ce justifié du point de vue de la participation du gouvernement fédéral? Pensez-vous que c'était un bon investissement?

[Français]

M. Bernard Cleary: D'après moi, c'est un excellent investissement pour le gouvernement. Un nombre de l'ordre de 8 000 à 10 000 visiteurs représente un volume important de visites sur Internet. Guy pourra en témoigner mieux que moi, puisqu'il est plus maniaque que moi de ce domaine. Par exemple, un site ordinaire d'entreprise semblable au nôtre peut accueillir mensuellement entre 1 000 et 2 000 visiteurs. Et ça, c'est un gros site. Cela vous donne donc une comparaison.

Un autre élément qui est encore plus intéressant et qui démontre la rentabilité de la choses, c'est que le nombre de visites ou de clics...

[Traduction]

M. Derrek Konrad: Avant qu'il ne réponde, j'ai une autre question. Y a-t-il eu des partenariats, des contrats qui ont découlé de ces consultations? Je suppose que ce serait une autre façon d'en évaluer l'efficacité.

[Français]

M. Bernard Cleary: Oui. À titre d'exemple, Hydro-Québec et la Caisse de dépôt et placement, qui sont quand même des seniors et non pas des juniors, sont devenus nos partenaires parce que notre site est un site référence. En passant, je vous invite à venir visiter La piste amérindienne et The Native Trail. Vous saurez apprécier notre première page. C'est un beau site, un site d'une qualité certaine. Je ne vous dis pas cela parce que c'est le nôtre, mais parce que c'est un fait reconnu. En 1997 et 1998, il a été jugé comme étant l'un des 100 meilleurs sites au Québec. C'est un site référence qui est très apprécié, qui attire de nombreux visiteurs et qui donne beaucoup d'information. C'est un bon produit.

Guy pourrait vous fournir des précisions.

M. Guy Beaudet: Pour répondre à votre question, La piste amérindienne est un site où on retrouve de l'information sur les autochtones et où l'on fait la promotion des peuples autochtones. Il permet de faire connaître à la population canadienne les peuples autochtones.

En termes de rentabilité, à mon point de vue, le gouvernement y trouve une énorme rentabilité en faisant connaître aux Canadiens non autochtones ce que sont les autochtones du Canada. J'en suis profondément convaincu. Nous recevons énormément de témoignages confirmant que les gens en apprennent plus à la lecture d'un site Internet comme celui-là qu'ils en ont appris au cours des 20 dernières années dans les journaux sur le dossier autochtone. On présente les autochtones d'une façon différente de ce qu'on retrouve dans les journaux sur la crise d'Oka, sur telle réaction de telle communauté, sur les autochtones qui ne paient pas de taxes ou qui ne font pas ceci ou cela. On présente le dossier autochtone d'une façon beaucoup plus positive. L'internaute qui reçoit cette information y voit des renseignements totalement différents de ce qu'il a vu et de ce qu'il voit régulièrement au niveau de l'information diffusée au grand public.

Deuxièmement, nous avons travaillé à la mise sur pied de ce site en collaboration avec Cossette Interactif, une filiale de Cossette Communications. Lorsque nous avons travaillé au concept graphique, nous avons été amenés à établir des relations avec ces gens-là, lesquels nous ont amenés à établir un partenariat de coentreprise dans le cadre duquel nous avons soumissionné des contrats du gouvernement fédéral au niveau de la fourniture et des communications dans leur ensemble. Cette firme a des bureaux à Québec, Montréal, Toronto et Vancouver.

• 1305

Voilà un exemple concret de coentreprise, de la visibilité de La piste amérindienne et de la crédibilité que cela a apporté à l'entreprise autochtone.

En fait, en termes de rentabilité, nous faisons du positionnement d'entreprises autochtones actuellement. Sur la page d'accueil de La piste amérindienne, au moment où on se parle, il y a un logo qui s'appelle Waskak. Un CD-Rom Attikamek sera lancé officiellement sur le marché jeudi, à Montréal, dans le cadre de la conférence sur l'inforoute internationale. On positionne gratuitement Waskak pour le faire connaître à l'ensemble de tous les gens du multimédia. On est convaincus que cela se traduira par des retombées pour cette entreprise.

Enfin, je vous ferai part d'une statistique. En février 1997, on trouvait sur La piste amérindienne une seule entreprise autochtone touristique dotée d'un site Web. Aujourd'hui, on en compte des centaines. Donc, La piste amérindienne, The Native Trail, à notre point de vue, a contribué à éveiller les réflexes des communautés et des entreprises autochtones à l'utilisation de l'autoroute de l'information. On souhaitait qu'elles fassent le virage et elles le font. C'est tant mieux. Ce sera un dossier dans lequel les autochtones, pour une fois, ne seront pas en retard.

Le président: Monsieur Konrad.

[Traduction]

M. Derrek Konrad: Merci.

[Français]

Le président: Monsieur Earle.

[Traduction]

M. Gordon Earle: Je n'ai pas de questions.

[Français]

Le président: En terminant, j'aurais une question. M. Poulin disait que, du côté du tourisme, un dollar valait à peu près quatre dollars. Mais la perception de la population non autochtone au Québec et au Canada semble être qu'on donne des millions de dollars aux autochtones, mais qu'on ne sait pas ce qu'ils en font. Moi, je sais une chose et je me demande si votre groupe partage cette même perception: quand on verse une contribution ou une subvention de un dollar dans le Nord, que ce soit au Nunavik, dans les Territoires ou n'importe où, les autochtones font des achats partout, dans chaque province. Par exemple, au Québec, lorsqu'on investit un dollar pour les Cris ou les Inuits du Nunavik, je me dis toujours que de 95 à 97¢ reviennent dans le Sud parce qu'ils y achètent tout, en fin de compte. Alors qu'un pain coûte de 1,10 $ à 1,19 $ ici, à Ottawa, ou à Québec, il coûte 3,20 $ dans le Nord.

Pourriez-vous nous dire, monsieur Cleary, si dans le cadre du développement économique, quand on donne une contribution aux autochtones, elle profite vraiment à tous les Québécois et à tous les Canadiens?

M. Bernard Cleary: Ce que vous affirmez là est bien évident. J'ai eu l'occasion à maintes et maintes reprises de faire ce genre de débat. J'ai en tête les Attikamek qui ont un centre à La Tuque. À un moment donné, il y avait eu un tournoi—et vous savez comment cela se passe souvent—où on avait pris un coup et où certains avaient brassé pas mal les chambres, un peu comme le font nos Ontariens quand ils viennent au Québec. Mais là la chicane était prise. Ils m'ont demandé: «Bernard, viendrais-tu rencontrer les représentants de la ville avec nous?» J'ai répondu: «Oui, avec plaisir.» Je suis effectivement allé rencontrer les représentants municipaux et leur ai démontré qu'ils devaient remercier les Attikamek d'être chez eux parce que les Attikamek de La Tuque représentaient la deuxième industrie de la région. Il y avait là une industrie du bois et les Attikamek venaient dépenser à peu près tout leur argent à La Tuque, lorsqu'ils se logeaient dans leurs hôtels, venaient acheter leurs cadeaux à Noël, etc. Je leur disais: «Vous devriez les remercier au lieu de les écoeurer, parce qu'ils représentent des retombées économiques énormes.»

On avait fait la même démonstration à Val-d'Or avec les Cris. On s'était aperçus qu'ils venaient dépenser la grande partie de leur argent à Val-d'Or et que Val-d'Or en profitait au maximum. Quand les Cris ont décidé d'aller moins souvent à Val-d'Or, on les a suppliés de revenir.

Dans le fond, ce que vous dites là est exact. L'argent autochtone ne reste pas dans les communautés, ce qui est parfois malheureux. Il devrait y rester un peu plus, mais ce n'est pas le cas.

Moi qui suis de Mashteuiatsh, où pensez-vous que je dépense mon argent? À Roberval. C'est là que tout le monde achète ses chemises, ses culottes, ses jeans, etc. Nous, les autochtones, ne sommes pas terriblement économes et les dépenses se font là. À partir de ce moment-là, cela représente même des avantages.

• 1310

Je terminerai en disant que le problème qui existe, et Mme la ministre l'a souligné dans son programme, c'est que les gens sont mal informés sur le dossier autochtone.

À chacune des tables de négociation auxquelles j'ai participé depuis 12 à 15 ans, j'ai toujours dit qu'on devait commencer par informer la population du milieu de ce qu'on est en train de faire. On n'est pas en train de tripoter des privilèges, mais plutôt de négocier des choses qui ont de l'allure et qui auront des retombées positives dans les régions où sont situées les...

[Note de la rédaction: Inaudible]. À mon avis, il faut insister pour sensibiliser la population et l'informer au sujet du dossier autochtone. Je crois qu'il faudra cinq ou six ans pour changer les perceptions des Canadiens et des Québécois face aux autochtones, mais il faut que ça se fasse. Ce n'est vraiment que par de l'information et de l'information correcte que cela va se faire. Combien de citoyens de Roberval savent ou veulent savoir qu'on dépense tout notre argent dans leur région et que c'est peut-être à cause des Montagnais du coin que la petite fille ou le petit gars qui travaille a un job? Combien savent ça? Il n'y en a pas beaucoup, à mon avis, et ils devraient le savoir.

Le président: Merci, monsieur Cleary. Monsieur Beaudet.

M. Guy Beaudet: Je voudrais vous dire que cette question d'information et d'éducation du grand public sera d'une importance majeure au cours des prochaines années. Le renouvellement du partenariat ne se fera pas si les non-autochtones reçoivent une mauvaise information sur les autochtones. J'en suis la preuve vivante. Il y a deux ans, je ne connaissais rien du dossier autochtone. En côtoyant Bernard, Luc et d'autres autochtones dans le Village huron et en travaillant avec eux, j'ai su apprécier la question autochtone. Je m'y suis intéressé et aujourd'hui, je vends le dossier autochtone avec mon coeur parce que j'ai appris à le connaître. N'eût été cette chance que j'ai eue dans la vie, j'aurais peut-être la même opinion que plusieurs Canadiens peuvent avoir sur le dossier autochtone.

C'est sur cette question-là que je considère qu'il est extrêmement important que les gouvernements appuient des produits comme La piste amérindienne parce qu'elle s'adresse aussi à l'ensemble des non-autochtones. C'est comme ça qu'on fera connaître à l'ensemble de la population qui sont ces peuples qui sont ici depuis plus de 3 000 ou 4 000 ans.

Le président: Merci beaucoup. Merci, monsieur Cleary. Aujourd'hui, vous allez suivre la piste parlementaire parce que vos témoignages seront diffusés sur l'Internet partout au Canada et dans le monde.

Je tiens à vous remercier de nous avoir expliqué le développement économique auquel participent les autochtones et les non-autochtones, cela dans votre approche autochtone. Je vous félicite, vous et votre équipe, pour vos témoignages d'aujourd'hui qui seront profitables à tous les Canadiens. Nous allons suivre La piste amérindienne.

M. Bernard Cleary: Merci beaucoup, monsieur le président. Vous avez été bien gentil de nous recevoir. Cet échange a été pour nous merveilleux. Si cela peut aider, tant mieux.

Je voudrais vous signaler que dans votre petit dossier, vous retrouverez ce petit truc à l'intention des internautes. C'est un tapis de souris, un truc de promotion que nous vous offrons en cadeau. Vous y retrouverez le Groupe Cleary et le numéro de La piste amérindienne. Si vous ne prévoyez pas l'utiliser, faites-en cadeau à votre secrétaire; elle en sera très heureuse. Il est extrêmement intéressant de travailler avec ça. Votre pochette contient aussi des documents. Merci beaucoup à tout le monde. Ce fut bien agréable.

Le président: Merci et bon retour. C'est terminé. À la prochaine.

La séance est levée.