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Merci à vous, monsieur le président, et aux membres du comité.
Mon nom est Peter Moss et je suis le président de l’Alliance pour les enfants et la télévision (AET). Avant de commencer cette présentation, j’aimerais d’abord vous présenter ma collègue Madeleine Lévesque qui est vice-présidente exécutive au développement de contenus chez Nine Story Entertainment de Toronto et membre du conseil d’administration de l’AET.
Le mandat de l’Alliance pour les enfants et la télévision est d’influencer positivement la vie des enfants canadiens au moyen d’activités de promotion, de reconnaissance et de formation pour enrichir le contenu qui leur est présenté à l’écran. Pour nous, le contenu des émissions jeunesse doit être à la fois pertinent et divertissant: il doit stimuler l’intelligence et la créativité et susciter l’ouverture aux autres. Il doit aussi être un reflet fidèle du monde dans lequel les enfants grandissent, il doit respecter leur dignité et favoriser leur apprentissage.
L’Alliance représente des personnes et des organisations, issues de partout au Canada, et dédiés à veiller au développement d’une programmation télévisuelle qui puisse intéresser nos enfants et notre jeunesse, tout en contribuant au développement de notre culture nationale. Établie il y a plus de 30 ans, en 1974, l’Alliance bénéficie de l’expertise des meilleurs créateurs, artistes, artisans, éducateurs, producteurs et radiodiffuseurs canadiens de programmation pour enfants, programmation qui se retrouve sur un nombre croissant de plateformes médias.
Personnellement, je travaille dans le domaine de la radiodiffusion et du divertissement télévisuel depuis plus de 25 ans. J’ai été, entre autres, directeur de la création du secteur jeunesse de la CBC, vice-président de la programmation et de la production à YTV et Treehouse TV — deux chaînes pour enfants au Canada — et plus récemment, vice-président de la programmation et du développement des chaînes de télévision du groupe Corus. Je suis actuellement producteur indépendant d’émissions jeunesses et autres émissions.
Nous sommes très heureux d’être ici parmi vous aujourd’hui pour participer à ce que nous espérons sera une nouvelle lancée pour la CBC/SRC. Nous misons beaucoup sur notre système national de radiodiffusion canadien, et particulièrement sur notre radiodiffuseur public national. Notre objectif aujourd’hui consiste essentiellement à rappeler aux membres du comité l’importance de tenir compte des besoins et préoccupations des enfants canadiens, lesquels sont malheureusement trop souvent ignorés quand on traite du système de radiodiffusion canadien, de ses buts et de ses responsabilités.
Le comité n’est évidemment pas sans savoir que la CBC/SRC comparaîtra bientôt devant le Conseil de la radiodiffusion (CRTC) en vue de renouveler sa licence de radiodiffusion qui vient à échéance en août 2007. Or, nous sommes convaincus qu’il s’agit là d’une occasion privilégiée d’étayer, dans le cadre du rapport que vous vous apprêtez à rédiger, des recommandations au gouvernement et au CRTC quant aux buts et objectifs que devrait se fixer la CBC/SRC au cours de la prochaine décennie.
D’entrée de jeu, l’Alliance tient à souligner qu’elle appuie sans contredit le maintien et le développement d’une CBC/SRC forte et vigoureuse alors que nous avançons dans le XXIe siècle, pour qu’elle puisse notamment répondre aux besoins des jeunes Canadiens en leur offrant une programmation canadienne de qualité qui soit développée et diffusée en tenant spécifiquement compte de leurs intérêts.
La SRC et la CBC ayant un mandat de service public qui les distingue se doivent d’offrir une programmation qui serve d’abord et avant tout l’intérêt public et non des intérêts commerciaux. La CBC/SRC a un rôle unique à jouer pour refléter l’importante croissance de la diversité ethnoculturelle des citoyens canadiens. En leur proposant des histoires canadiennes, cette programmation contribuera à concrétiser une société canadienne unique. Comme plusieurs enfants canadiens sont eux-mêmes le reflet de cette nouvelle réalité ethnoculturelle, la CBC/SRC a la responsabilité de les aider à saisir, grâce à une programmation innovatrice, la spécificité et les valeurs canadiennes, tout en mettant en lumière la richesse de la diversité de notre pays.
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Historiquement, la CBC/SRC a toujours été à l’avant-garde en matière de création et de production de programmation pour enfants, ce qui lui a d’ailleurs valu de gagner à plusieurs occasions des prix au niveau national et international. La CBC/SRC a en effet déjà servi d’incubateur créatif pour de nouveaux talents dans le secteur jeunesse, mais elle semble avoir perdu, depuis quelques années, son enthousiasme pour la création et le développement d’émissions pour enfants et pour jeunes.
Le CRTC avait clairement énoncé, lors de son dernier renouvellement de licence, ce à quoi il s’attendait de la CBC/SRC, en déclarant que:
Les services de télévision payante, de télévision commerciale, de télévision éducative et de télévision spécialisée de langue anglaise et française offrent un large éventail d’émissions pour enfants. Malgré cette disponibilité, et parce que la CBC/SRC rejoint presque tous les Canadiens, elle a la responsabilité unique d’offrir aux enfants et aux jeunes des émissions informatives, éducatives et de divertissement. Il lui incombe également d’encourager le développement des talents artistiques qui constituent l’avenir de l’industrie de la télévision.
Dans cette même foulée, nous croyons fermement que la CBC/SRC a le devoir d’investir dans le développement d’émissions jeunesse et d’identifier de nouvelles façons de rejoindre nos enfants et nos jeunes par le biais de nouvelles technologies. Ce faisant, la CBC/SRC contribuera non seulement à la formation de nouveaux talents canadiens mais aussi au développement d’un nouveau bassin de téléspectateurs
L’étude intitulée The Case for Children's Programming à laquelle l’Alliance a collaboré l’an passé avec l’ACPFT, l’Office national du Film et le SHAW Rocket Fund et rendue publique en février 2007, a clairement démontré que les fonds consacrés à la production d’émissions pour enfants au Canada sont en régression, passant de 380 millions de dollars en 1999-2000 à 283 millions de dollars en 2005-2006, une baisse de plus de 25 p. 100 dans un très court laps de temps.
Pendant la même période, la part des budgets totaux pour la production d’émissions pour enfants, lorsque comparée aux budgets totaux pour la programmation de télévision canadienne, est passée de 22 p. 100 à 16 p. 100. De plus, de 1998-1999 à 2005-2006, le budget moyen d’une émission pour enfants de 30 minutes a chuté de 11 p. 100, passant de 224 000 $ à 200 000 $, en dollars constants.
Nous sommes convaincus que la CBC/SRC doit faire plus et investir davantage dans les émissions pour les enfants de 2 à 11 ans et pour les jeunes de 11 à 17 ans afin de créer une programmation originale qui reconnaisse l’importance du rôle de la télévision dans la formation des attitudes des jeunes Canadiens qui, rappelons-le, sont de plus en plus nombreux à être venus des quatre coins du monde pour contribuer à la société canadienne.
Nous recommandons fortement au comité d’envoyer un message non équivoque à la CBC/SRC d’exercer un rôle de leadership quant au développement et à la diffusion de programmation jeunesse de haute qualité qui soit non seulement d’intérêt pour les jeunes mais qui sache interpeller leur intelligence et les informer sur des sujets qui contribueront à leur développement à titre de fiers canadiens.
Monsieur le président, membres du comité, l’Alliance pour les enfants et la télévision a l’expertise, la capacité et la volonté de contribuer efficacement au développement du système de radiodiffusion canadien et de collaborer avec la CBC/SRC, notre radiodiffuseur public national, pour développer de nouvelles initiatives qui ultimement profiteront à nos enfants, peu importe où ils se trouvent au Canada.
Notre position est claire, la CBC/SRC doit faire plus pour la programmation pour enfants, elle doit trouver de nouvelles façons de rejoindre nos enfants avec des contenus d’intérêt qui contribueront à leur développement intellectuel, social et culturel.
Voici pour notre présentation orale. Il nous fera plaisir de répondre à toute question que vous pourriez avoir.
Merci.
Pour commencer, j’aimerais remercier le Comité permanent du patrimoine canadien de cette occasion qui m’est offerte de prendre la parole au nom de nos membres et des diverses collectivités que nous représentons.
L’Alliance des arts médiatiques indépendants est un réseau national de 84 organismes indépendants et sans but lucratif qui s’occupent de la production, de la distribution et de la présentation de films, de vidéos et de nouveaux médias. Ils représentent plus de 12 000 artistes et travailleurs culturels partout au Canada. L’Alliance, qui existe depuis 25 ans, s’active depuis les premiers jours à améliorer la situation des artistes œuvrant dans les médias indépendants, et ce, à chacune des étapes, depuis le financement à la production, en passant par la distribution et les expositions.
D’abord et avant tout, je voudrais souligner le rôle important de la CBC/SRC comme principale institution de radiodiffusion pour les arts et la culture au Canada. La CBC/SRC est un endroit important pour la production et la présentation d’œuvres artistiques réalisées par des médias indépendants, en plus d’une source de premier plan pour la diffusion et la promotion de nos événements et de reportages sur nos activités. La CBC/SRC est essentielle à l’élargissement des publics et des marchés en ce qui concerne le secteur des arts médiatiques indépendants.
Permettez-moi de faire un peu de coq à l’âne et de vous entretenir brièvement du Conseil des Arts du Canada, car bon nombre de nos membres ont recours au Conseil des Arts pour assurer leur survie.
Le Conseil des Arts du Canada reçoit annuellement du gouvernement fédéral environ 150 millions de dollars, qu’il investit dans les artistes et organisations qui créent et diffusent des œuvres d’art d’avant-garde en souhaitant rejoindre un vaste public canadien. Il tombe sous le sens que le gouvernement fédéral devrait investir dans la promotion et la diffusion des ces œuvres par le biais de notre diffuseur public national.
Les émissions de télévision telles que Zed et Socket, diffusées l’été dernier à la radio de la CBC, mettaient en scène de jeunes créateurs canadiens et plongeaient les auditeurs dans des thèmes culturels et esthétiques d’actualité. Non seulement ces émissions ont-elles grandement aidé à acquérir de nouveaux publics pour notre secteur, mais elles étaient également des spectacles intéressants et, à mon avis, vraiment divertissants. Malheureusement, on les a retirées des ondes.
La tendance à faire des compressions dans les émissions artistiques lorsque la CBC/SRC est aux prises avec des problèmes de financement est une approche fondée sur l’imprévoyance. Nous exhortons le gouvernement fédéral à reconnaître les avantages à long terme découlant du soutien offert aux émissions qui illustrent les arts médiatiques indépendants, et ce, en fournissant à la CBC/SRC un financement stable accru.
Nous avons également le sentiment que la CBC/SRC n’est pas en mesure de remplir son mandat culturel avec cohérence dans chaque région et chaque discipline artistique. La majorité des émissions artistiques, dirait-on, portent sur les grandes productions commerciales. Dans certaines régions, les émissions témoignent du secteur des arts médiatiques alors que dans d’autres régions, il est pratiquement impossible d’obtenir un reportage sur nos événements. Nous croyons que la CBC/SRC saurait bien mieux réaliser son mandat si elle ne dépendait pas tant des recettes commerciales.
Dans certaines régions, la CBC/SRC s’est montrée très dynamique en mobilisant des collectivités autochtones et diverses par le biais d’ateliers de formation et de perfectionnement, de parrainage, de émissions conjoints et de son site Web. À titre d’exemple, au Manitoba, la CBC/SRC participe dans une grande mesure à la collectivité des Premières nations. Nous rêvons de voir ce genre d’initiative se produire partout au Canada.
La CBC/SRC peut faire beaucoup pour promouvoir les nouveaux artistes, des artistes de tous les milieux culturels ainsi que des artistes autochtones. Il est écrit dans son mandat que la CBC/SRC doit « contribuer activement à l’expression culturelle et à l’échange des diverses formes » et « refléter le caractère multiculturel et multiracial du Canada ». Un financement accru permettrait à la CBC/SRC de répondre aux besoins particuliers des collectivités autochtones au Canada. Nous croyons fermement qu’il faudrait consulter la collectivité autochtone dans le cadre de ce processus.
En réponse à la demande de renseignements concernant les nouveaux médias et leurs répercussions sur la diffusion publique, nous estimons que ce secteur présente un potentiel énorme. Les arts médiatiques connaissent une croissance rapide. De plus en plus d’artistes travaillent avec les nouveaux médias. La chose est attribuable à la popularité des arts médiatiques comme mode d’expression audiovisuelle dans la culture d’aujourd’hui.
Les jeunes du Canada côtoient et apprennent à connaître Internet, la vidéo, la télévision et d’autres technologies bien avant d’autres formes de communications visuelles ou de productions artistiques. Par conséquent, bon nombre d’entre eux choisissent les arts médiatiques comme forme d’expression créatrice.
En outre, pour accéder aux émissions, de plus en plus de Canadiens se tournent vers de nouvelles plateformes et de nouveaux formats, comme Internet, les téléphones cellulaires et les assistants numériques, ou les PDA. Cet état de choses agit sur la façon dont la CBC/SRC peut s’acquitter de son mandat. Ce nouvel environnement de communications présente des frontières différentes de celles qui réglementent le secteur de la radio et de la télévision et que le CRTC est chargé d’appliquer.
Les communications par satellite, Internet et la télédiffusion mobile, qui évoluent dans un environnement de marché libre, ont permis à des diffuseurs privés d’infiltrer ces nouvelles plateformes au moyen desquelles l’augmentation de la demande et l’éventail d’options ont prédominance sur la qualité des émissions. Dans un tel contexte, la CBC/SRC risque de voir sa capacité de remplir son mandat être amoindrie par un mouvement vers un modèle de nouveaux médias moins réglementé.
Le rôle vital du gouvernement fédéral sera de financer ces initiatives axées sur les nouveaux médias pour s’assurer que le contenu culturel canadien jouit d’une forte présence dans ces nouveaux supports.
Un ensemble de technologies plus diversifiées et à vaste diffusion profitera également aux Canadiens. De nouveaux réseaux de communication devraient être vus comme des outils pouvant servir de passerelle pour rejoindre les collectivités, par exemple, les collectivités autochtones dans le nord et les régions plus peuplées du sud du Canada.
Les nouveaux supports donnent à la CBC/SRC le potentiel de progresser et de faire évoluer son mandat. La CBC/SRC sera en mesure de cibler des publics sur une base régionale, culturelle, ethnique ou linguistique tout en développant une conscience et une identité nationales qui témoignent de notre société diversifiée.
Certaines émissions de la CBC/SRC sont assorties d’un procédé de baladodiffusion qu’il faut continuer de développer et d’offrir en ligne. Ces initiatives non seulement rejoignent de nouveaux publics au Canada, mais ils rendent accessibles le contenu canadien dans le monde entier.
Le Canada est l’un des pays les plus évolués sur le plan technologique, et nous sommes en position d’occuper l’avant-scène dans la révolution des médias numériques, ce dont bénéficieraient les Canadiens. La chose est également profitable aux artistes, puisque ces derniers pourraient disposer de nombreux nouveaux modèles économiques de production et de commercialisation.
Cela étant dit, nous aimerions souligner qu’il devrait y avoir un mécanisme pour s’assurer que les artistes canadiens sont rémunérés pour le travail qu’ils présentent, quel que soit le médium.
En outre, il sera important de s’assurer que, peu importe les plateformes utilisées, le contenu est accessible dans tout le Canada et, plus important encore, aux Canadiens de tous les milieux socio-économiques.
L’une des forces de la radio et de la télévision publiques est sa capacité de rejoindre les Canadiens de toutes les régions par le biais des ondes. Le gouvernement fédéral devrait étudier des moyens d’assurer l’exploitation de nouveaux médias et l’accès à tels médias pour tous les Canadiens.
Pour conclure, le financement fédéral permet au diffuseur public de présenter une programmation qui offre une solution de rechange aux diffuseurs homogènes privés. Un diffuseur public solidement financé apporte à notre système démocratique une perspective équilibrée qui doit témoigner de l’information diffusée au public.
Merci. Il me fera plaisir de répondre aux questions.
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Merci, monsieur le président.
Je veux remercier le comité d’être venu à Montréal. Je sais que ce n’est pas une mince affaire que de quitter Ottawa. Mais ainsi, il est certainement bien plus facile pour nous tous de vous rencontrer. Donc, nous apprécions votre présence.
J’aimerais vous présenter notre délégation de l’organisme ELAN. Ian Ferrier est un représentant des rédacteurs qui siège au sein du conseil d’administration. Je suis un représentant de l’industrie du film et de la télévision. Guy Rodgers est notre directeur exécutif, et Anna Fuerstenberg est une représentante du milieu théâtral.
ELAN est l’acronyme de English Language Arts Network of Quebec. L’organisme a atteint un jalon ce mois-ci. En effet, nous avons rejoint le plateau des 1 000 membres.
Vous vous dites sans doute: « Un millier d’artistes anglophones au Québec? Impossible. » Vous vous demandez alors qui sont ces artistes. Vous avez vu ou entendu le fruit de notre travail, sinon vous avez reconnu nos noms.
Nous sommes des musiciens tels que Oscar Peterson, Kate et Anna McGarrigle, Oliver Jones, Arcade Fire, Rufus Wainwright et Susie Arioli — la présidente actuelle d’ELAN — et son groupe.
Nous sommes des auteurs de pièces de théâtre, de romans policiers et de poésie, comme David Fennario, Louise Penny, Anne Carson, qui a remporté le prix MacArthur, Leonard Cohen et Mavis Gallant.
Nous faisons dans la danse comme Margie Gillis, Vincent Warren et Lin Snelling, ancienne présidente d’ELAN.
Nous sommes des peintres et des artistes vidéo comme Betty Goodwin, Ghitta Caiserman-Roth, Nelson Henricks et Ingrid Bachmann.
Nous sommes des acteurs comme Clare Coulter, Christopher Plummer, Walter Massey et Jack Langedijk.
Bien entendu, nous travaillons également dans le domaine du cinéma et de la télévision. Nous sommes des producteurs comme Arnie Gelbart et Kevin Tierney, dont le film Bon Cop, Bad Cop a fracassé des records en salle au Canada.
Nous sommes des réalisateurs, par exemple Brian McKenna, Colin Low et John N. Smith, mieux connu pour son retour à Montréal après avoir réalisé le film d’Hollywood Dangerous Minds, avec Michelle Pfeiffer, qui a remporté un grand succès.
Bien entendu, certaines personnes, de Norma Shearer à William Shatner en passant par Donald Sutherland, ne sont jamais revenues. Le producteur Jake Eberts possède un chalet dans les Cantons de l’Est et fait des dons à McGill, donc il est ici en esprit.
J’ai pris le temps d’énumérer ces noms de façon à ce que vous sachiez qui nous sommes, à savoir une minorité de langue officielle bien vivante qui a des répercussions dans tout le Canada et autour du monde. Nous aurions seulement souhaité que bon nombre d’entre nous n’aient pas eu à quitter le Québec pour gagner leur vie en faisant ce que nous aimons faire et ce que nous faisons bien lorsqu’on nous en donne la possibilité. J’ai lu ce matin dans le Globe and Mail la phrase suivante: « La plupart des gens travaillent pour gagner leur vie, mais les artistes gagnent leur vie afin de travailler. » J’ai trouvé ce commentaire pertinent.
Il y a 75 ans exactement, la diffusion publique s’amorçait dans un local comme celui-ci, devant un autre comité parlementaire. Graham Spry, alors jeune, a prononcé cinq mots qui précisaient les enjeux et ont galvanisé ces parlementaires. Il a dit qu’un choix simple s’offrait au Canada en matière de télédiffusion: « C’est l’État ou les États ».
Aujourd’hui, je vous dis aussi fortement et clairement que possible que nous appuyons la diffusion publique. Nous l’appuyons sans équivoque et avec passion, en qualité de créateurs, de téléspectateurs et d’auditeurs. En tant que Canadiens, il nous faut une diffusion publique qui nous relie à tous les coins du pays et avec nous-mêmes. Cela nous fait profiter d’une diversité de points de vue et d’émissions que nous ne pouvons obtenir par la télévision ou la radio commerciale. Nous espérons qu’un jour, la télévision de la CBC/SRC deviendra un diffuseur public tout comme la radio de la CBC/SRC.
Pour l’instant, le sous-financement chronique qui dure depuis des décennies sous des gouvernements libéraux et conservateurs imprévoyants a amené la CBC/SRC à maximiser ses recettes tirées de sources commerciales. Plus elle doit encaisser de recettes de cette nature, plus elle doit compromettre son mandat de service public et les objectifs de la Loi sur la radiodiffusion.
La CBC/SRC n’a tout simplement pas les fonds pour remplir son mandat tel qu’établi par la Loi. Je crois que le Parlement — le gouvernement du jour — doit regarder dans le miroir lorsqu’il se demande ce qu’il faut faire.*
Et pourtant, il n’est pas possible d’examiner isolément la CBC/SRC au XXIe siècle. Nous devons la regarder comme faisant partie du système de radiodiffusion. Le système de radiodiffusion canadien-anglais est un gâchis.
Il y a trois ans, j’ai réalisé une étude intitulée Through the Looking Glass: A Comparison of broadcast licence fees in Canada, Australia, the United Kingdom and the United States. J’ai découvert que les diffuseurs canadiens reçoivent le plus bas revenu publicitaire télévisé par tête parmi les pays étudiés. Pourquoi? Probablement en raison de la publicité indirecte des États-Unis. En contrepartie, les diffuseurs canadiens sont, parmi les pays étudiés, ceux qui paient les plus faibles redevances, qui sont établies en pourcentage du budget. Pourquoi? Parce que les subventions publiques conçues pour soutenir les productions indépendantes canadiennes se sont retrouvées en bout de ligne à subventionner indirectement les diffuseurs. Ils peuvent se permettre de réduire les redevances qu’ils versent pour le contenu canadien et néanmoins répondre aux obligations du CRTC. Je propose au CRTC de regarder lui aussi dans le miroir.
Que font-ils avec l’argent économisé en payant de faibles redevances? Et je précise que ce faible taux est un record mondial. C’est là où les diffuseurs privés se démarquent de la CBC/SRC. L’argent que les diffuseurs privés épargnent en sous-payant les émissions nationales est utilisé pour surpayer les émissions américaines vendues aux enchères à Los Angeles. Cette méthode a fait grimper le coût de ces émissions à un sommet record de 688 millions de dollars l’année dernière, soit 12 p. 100 de plus que l’année précédente.
En bout de ligne, les diffuseurs commerciaux anglo-canadiens paient davantage pour les émissions étrangères que pour les émissions nationales, contrairement à ce qui se produit dans le reste du monde industrialisé. Nous avons établi un record à ce chapitre.
Lorsque les diffuseurs privés dépensent les deux tiers d’un milliard de dollars — et j’ai bien dit milliard — pour des émissions à Los Angeles plutôt qu’au Canada, le producteur canadien indépendant et la collectivité créative d’ici absorbent les coûts. La situation a empiré au fil des ans pour les producteurs canadiens. Le budget moyen pour les émissions anglo-canadiennes indépendantes a chuté de 41 p. 100 en dollars constants entre 1984 et 2001.
Comme nous pouvons le constater, il y a bel et bien de l’argent dans le système de télévision commerciale pour améliorer la qualité et la quantité des émissions canadiennes, mais cet argent doit rester au Canada. Nous avons besoin de diffuseurs privés qui dépensent davantage pour les émissions canadiennes que pour les émissions étrangères.
Généralement parlant, la CBC/SRC ne fait pas concurrence aux diffuseurs privés tant qu’elle applique une stratégie de programmation nationale et une stratégie de programmation étrangère. Nos diffuseurs privés ont même renoncé, pour tout dire, à la liberté de programmer leur propre créneau de pointe pour profiter de la diffusion simultanée des émissions des réseaux américains.
Nous avons besoin d’un diffuseur public qui ne poursuit pas les objectifs commerciaux des diffuseurs privés, mais qui reçoit un financement public. Cela implique des augmentations appréciables et fiables dans les crédits parlementaires, et non pas davantage de publicité.
Ici au Québec, la collectivité artistique a particulièrement besoin de la radio de la CBC/SRC pour avoir des nouvelles sur ce qui se passe dans nos disciplines. Nous avons besoin d’une production radiophonique à Montréal qui met à profit nos gens doués et qui rejoignent les anglophones dans toute la province.
Avec l’abdication des émissions culturelles à la télévision de la CBC/SRC, sa radio sœur représente notre filet de sécurité. Elle en fait davantage que n’importe quel autre diffuseur, mais l’érosion du financement a diminué sa qualité. La radio de la CBC/SRC a besoin d’un financement public accru, et non pas de publicité, comme l’a réclamé l’Association canadienne des annonceurs devant ce comité.
Il faut que la CBC/SRC consacre davantage de fonds aux émissions de télévision, et qu’il se prenne davantage de décisions ici. Il faut améliorer les communications avec la CBC/SRC. Nous devons rencontrer régulièrement les cadres supérieurs de la CBC/SRC de manière à pouvoir développer ces relations. Contrairement à vous, ils ne quittent pas souvent Toronto.
Nous aimerions que soit mis sur pied un comité consultatif pour la CBC/SRC et le milieu de la production qui puisse se développer et gérer un échange commercial national avec les producteurs indépendants.
Nous aimerions également que soit augmenté le budget du Fonds canadien du film et de la vidéo indépendante. C’est le seul fonds de production qui ne soit pas contrôlé par les diffuseurs. Par conséquent, il est affecté dans les régions à des petits producteurs. Sur le plan comparatif, dollar pour dollar, c’est la plus importante source de financement pour la production dans le Québec anglais.
L’augmentation du budget de la CBC/SRC devrait-elle être une priorité parlementaire? Oui. Au moins davantage que l’augmentation du budget militaire, parce que nous sommes au XXIe siècle et qu’il nous faut redéfinir notre idée de la souveraineté nationale. Le 49e parallèle est une frontière des médias, une frontière culturelle, et non pas seulement une ligne géographique. Nous ne pouvons que défendre notre pays et l’esprit de nos gens avec une programmation télé et radio qui nous aide à nous voir nous-mêmes et notre pays, non pas quelqu’un d’autre. Nous voulons travailler, et nous voulons voir notre travail sur nos écrans, petits et grands, sans avoir à aller à Hollywood pour être payés avec nos propres dollars pour créer la vision de quelqu’un d’autre.
C’est ainsi que se termine mon exposé. J’aimerais maintenant céder le micro à Ian Ferrier, qui représente les auteurs au sein de l’ELAN. Il parlera de la radio.
Merci également au comité.
Je m’appelle Ian Ferrier, et jusqu’à l’année dernière, j’étais président de la Quebec Writers' Federation, qui représente les auteurs de langue anglaise au Québec. J’ai aussi occupé le poste de directeur de l’English Language Arts Network.
J’aimerais m’exprimer quelques instants au nom de la radio de la CBC. C’est le médium qui a engendré les plus fortes répercussions sur la carrière des poètes, des auteurs et des artistes du spectacle que je connais, en les rémunérant pour les œuvres diffusées sur les ondes, en promouvant le travail du milieu littéraire de langue anglaise auprès de notre collectivité et en présentant la littérature anglo-québécoise au reste du Canada.
Lorsque je vais dans les Cantons de l’Est, au sud de Montréal, ou en Gaspésie, la radio de la CBC est la voix et le cœur de la collectivité anglophone au Québec. Dans des endroits où le nombre d’anglophones est peu élevé et où la culture est menacée, tout le monde écoute la CBC, qui sert à définir ce qu’est la collectivité anglophone.
À Montréal, la radio de la CBC est la voix de la littérature anglo-québécoise, car sauf quelques exceptions, les stations commerciales ne s’intéressent pas à la littérature. Si mes collègues auteurs et moi jouissons d’une certaine célébrité dans cette province, c’est grâce à la radio de la CBC. On nous invite à venir parler de nos livres en ondes, à présenter notre travail au public anglophone du Québec et au public canadien en général, qui écoute avec avidité des émissions comme WireTap et qui apprennent par le biais du programme Canada Reads que l’auteure montréalaise Heather O'Neill a écrit l’un des meilleurs livres de la saison.
Cette chaîne démontre qu’il est payant d’être alphabète, et ce faisant, elle promeut l’alphabétisation comme ne le fait aucun autre diffuseur. La CBC promeut des concours pour les auteurs et leur présente des prix. Ses responsables se trouvaient au festival littéraire Blue Metropolis ainsi qu’au Festival Voix d'Amériques et au Spoken Word Festival. Je peux dire sans exagérer que sans la radio de la CBC, une grande partie de la culture anglo-québécoise serait inaccessible, même à la collectivité dans laquelle elle est créée.
Au Québec, le mandat de base de la radio de la CBC est de présenter les meilleurs éléments de la culture anglophone à la collectivité minoritaire de langue anglaise, et de montrer à cette collectivité toutes les petites collectivités qui la composent. Ce mandat de base s’élargit jusqu’à donner aux intervenants anglophones un meilleur aperçu de la majorité francophone qui nous entoure et qui est parmi nous, et comme de plus en plus de émissions régionaux deviennent nationaux, s’élargit jusqu’à montrer l’éventail et l’enthousiasme de la culture anglo-québécoise au reste du pays.
Le fait qu’on n’ait pas augmenté le financement de la radio de la CBC/SRC représente une compression pendant chacune des années où cette politique demeure en place. Cela signifie que chaque année, il y a de moins en moins de producteurs, de moins en moins de spectacles, de plus en plus de reprises et moins d’œuvres mises à la portée des Canadiens pour les Canadiens. Dans le cas de la radio en particulier, c’est là une question cruciale puisqu’elle est à la veille de devenir un médium d’archives plutôt qu’un médium éphémère. Chaque semaine, la CBC reçoit des appels de gens qui veulent savoir comment obtenir une copie de WireTap ou Ideas ou qui demandent comment se procurer tel ou tel morceau de musique spécial entendu à Roots Montreal la semaine précédente.
Le mandat de la CBC/SRC — et la clé de son avenir — est d’être en position de présenter du contenu à ses auditeurs lorsqu’ils le veulent, de la manière dont ils le désirent et à l’endroit souhaité. Dans l’avenir, le portail clé par lequel la CBC/SRC s’acquittera de son mandat fera probablement un virage vers l’Internet. En d’autres mots, le spectacle sur lequel un producteur a travaillé pendant des mois ne disparaîtra pas après une diffusion ou deux. Dans un monde idéal, le produit serait accessible à n’importe quel auditeur de CBC/SRC qui souhaiterait l’entendre. Dans le processus, on créera des archives culturelles faisant autorité, et les gens pourront faire des téléchargements et les écouter au moment qui leur plaît.
Tout cela coûte de l’argent. Je crois que la meilleure chose que vous pourriez faire serait de financer la CBC/SRC de manière à ce qu’il n’y ait pas de compression d’année en année, et de manière également à ce qu’elle puisse relever le défi qui se pose et élargir son rayonnement dans ce nouveau monde où l’excellent travail qu’elle accomplit conservera sa pertinence auprès de quiconque dans le monde a accès à l’Internet.
Merci.
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Je suis vice-président des Documentaristes du Canada (DOC) au Québec, et président du comité de pression pour le conseil d’administration national des Documentaristes du Canada.
Les documentaires dont nous parlons ici aujourd’hui sont des documentaires d’opinion ou d’auteur, autrement dit la majorité des films réalisés par nos membres. Ces films présentent le point de vue subjectif du réalisateur ou d’un personnage du film. Ils ne relèvent pas du journalisme. Ce ne sont pas toujours des œuvres équilibrées, mais elles sont originales. Ce sont des œuvres passionnelles, le plus souvent divertissantes et provocantes. On les présente dans les festivals du monde entier, à la télévision et plus rarement, dans les salles de cinéma.
Les documentaires d’opinion canadiens présentent une vision du Canada, pas seulement aux Canadiens, mais au monde entier. Ils véhiculent une perspective canadienne unique sur des sujets de société d’actualité brûlants, comme la politique, la guerre, les droits de la personne, etc. Le public manifeste un intérêt croissant pour ce type de films. Ainsi, la fréquentation du festival Hot Docs au mois d’avril a augmenté de 33 p. 100.
Parmi les films présentés dans le cadre du festival, citons The Corporation, Roger Toupin, Shake Hands with the Devil, Manufactured Landscapes et le tout récent succès au Québec et lauréat du Jutra, À force de rêves. Et la liste est encore longue.
Ces films sculptent notre identité nationale et exportent notre perspective canadienne dans le monde. Ces films ne peuvent pas être des productions internes, c’est-à-dire réalisés par des diffuseurs canadiens, publics ou privés. Ils ne peuvent être réalisés que par des sociétés de production indépendantes.
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Ces documentaires ne peuvent continuer de se faire sans un télédiffuseur public national solide et stable. Un diffuseur public n'a pas le même mandat ni les mêmes objectifs qu'une entreprise privée, puisqu'il doit travailler pour le meilleur intérêt du public. Il ne peut être assujetti aux diktats de la cote d'écoute et ne doit pas chercher à plaire aux annonceurs. Un diffuseur public fort prend des risques et investit dans des projets qui privilégient d'abord et avant tout l'intérêt public.
Les documentaristes veulent que leurs films soient vus et, en effet, ils le sont. Les exemples mentionnés auparavant par John ont tous été des succès au cinéma, dans les festivals et à la télévision, au Canada comme ailleurs. En faisant la chasse aux cotes d'écoute pour séduire les annonceurs plutôt que de travailler pour l'intérêt public et les téléspectateurs canadiens, la SRC/CBC dénature son mandat et sa programmation. Cette course effrénée pour le plus grand public possible affaiblit la programmation et pousse notre télévision d'État vers des contenus répondant au plus grand dénominateur commun, similaires à ceux offerts par le privé: téléréalité, concours de chant, jeux de hasard et j'en passe. Ces émissions évacuent toute notion de risque et coûtent très peu à produire.
Les documentaires d'auteurs et les documentaires de point de vue sont difficiles à faire et parfois risqués financièrement et politiquement. Pourtant, lorsqu'ils sont appuyés et diffusés adéquatement, leurs chances de succès augmentent considérablement. Nous sommes d'avis que ces types de documentaires sont les plus à même d'aider Radio-Canada et CBC à remplir leur mandat, que nous comprenons ainsi: SRC/CBC devrait être distinctement canadienne, elle devrait être un moyen d'expression culturelle, elle devrait contribuer à notre conscience nationale et elle devrait refléter la diversité et la nature multiculturelle du Canada dans les deux langues officielles.
Or, ces dernières années, notre organisation, DOC, a vu un déclin alarmant de la programmation du documentaire à la télévision publique, en particulier du côté de CBC, donc du côté anglais. Les heures de programmation du documentaire ont décliné, passant de 263 heures de programmation en 2002-2003 à 122 heures en 2005-2006. Les cases documentaires ont été coupées les unes après les autres sur la chaîne principale, par exemple The Passionate Eye, Life and Times et Witness, alors que d'autres cases documentaires ont été réduites. CBC a éliminé Opening Night, la seule case documentaire pour les arts, alors qu'en 2006, le documentaire An Inconvenient Truth fracassait le box-office. La très populaire émission The Nature of Things fut réduite à une série limitée diffusée l'été, sans un mot officiel sur son retour éventuel.
Les producteurs indépendants attendent depuis 18 mois de savoir combien de nouveaux programmes seront préachetés pour la nouvelle saison. Comment est-ce possible, à une époque où l'environnement est sur toutes les lèvres et où David Suzuki est le Canadien le plus populaire au pays?
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Les questions que je pose varient d’une réponse à l’autre, c’est une chose qui s’annonce pas mal difficile. Mais je pense bien que vous avez commencé par le vif du sujet.
Peu importe ce qui a inspiré le Canada à inventer un radiodiffuseur public et à s’aventurer dans le domaine de la télévision, et à réinventer le radiodiffuseur public. Peu importe les situations qui ont rendu une telle chose impérative à ce moment-là, est-ce moins impératif maintenant? Je dirais non — et peut-être même que ce l’est davantage, dans ce monde qui se rapetisse.
Le débat que nous tenons pour essayer de comprendre le rôle de la CBC/SRC, ce radiodiffuseur sous-financé, est un peu artificiel, c’est-à-dire pourquoi faut-il financer cette société de radiodiffusion avec les deniers publics si les émissions qu’elle produit ne sont pas suffisamment distinctes pour que cela vaille la peine? Mais nous disons en même temps que cette situation est due au fait qu’ils courent après un modèle commercial, car ils ont besoin de recettes publicitaires en raison du problème de sous-financement. Je pense que nous disons là deux choses.
Si nous reconnaissons tous que le réseau est sous-financé, il y a peut-être différents modèles qu’on peut suivre pour obtenir à un radiodiffuseur public des revenus qui viendront compléter le crédit parlementaire. Si nous sommes tous en faveur d’un crédit parlementaire qui soit plus stable, prévisible, de longue durée et plus généreux, devrions-nous clarifier le mandat? Car la plupart des gens qui croient savoir où irait l’argent seront surpris dans deux ans quand ils se rendront à l’évidence qu’il n’est pas allé là où ils espéraient, et nous voilà bel et bien bloqués, dans une certaine mesure. Il nous faudrait peut-être clarifier les choses.
Je sais que du côté régional la notion de la raison d’être de la CBC/SRC à St. John’s ce matin n’est pas la même que celle qu’on a à Montréal aujourd’hui. Pour quelqu’un qui vient de Fredericton, c’est une chose tout à fait différente. Nous sentons le besoin non seulement d’être souverain en tant que pays, mais nous nous sentons très vulnérables dans le contexte de notre propre identité dans le pays.
Mais je pense qu’il est possible de s’en sortir. Nous sommes tous conscients de la nécessité. Nous reconnaissons que le radiodiffuseur est sous-financé. Nous avons même le sentiment de ce que devrait être sa raison d’être, et qu’il est plus important maintenant qu’il ne l’a jamais été, probablement. C’est déjà un très bon point de départ, il me semble.
L’occasion dont il est question dans la description de notre travail --soit le rôle du radiodiffuseur au XXIe siècle — représente pour moi une occasion d’y penser peut-être, sans se laisser emballer dans...
Ah, en passant, il s’agissait du budget de 1995. Cela paraît particulièrement ironique que je sois la personne à souligner ce fait, mais c’était le budget de 1995 qui était si brutal. Le budget de 1993 n’était pas le nôtre. Mais ce que je peux dire...
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Oui, nous nous sommes entendus là-dessus. Et je ne sais pas pourquoi ce serait à moi de vous le dire.
De toute façon, si l’occasion se présente de revigorer le radiodiffuseur public en raison des nouvelles technologies, des nouveaux médias, des nouvelles possibilités de diffuser les histoires de différentes façons, c’est un de ces moments historiques qu’il ne faudrait pas rater. Je pense que ce serait une distraction de nous laisser emballer dans de vains débats à savoir nous devrions faire telle ou telle chose parce que ce n’est pas suffisamment distinct et tous ces genres de choses.
Maintenant, l’autre aspect de la question — et je touche à tout aujourd’hui, comme je vous ai averti — concerne le rôle de la CBC/SRC qui fait partie d’une série de partenaires ayant un objectif général. Je pense que par le passé, le radiodiffuseur public était vu comme le chef de file parmi les nombreuses institutions qui œuvrent dans ce domaine. Je pense que c’est peut-être une partie du mandat que nous devons repenser.
Si des gens venant de divers horizons, soit Téléfilm Canada, l’Office national du film, d’autres canaux parmi la gamme de canaux qui sont actuellement disponibles, proposaient des choses susceptibles de présenter un intérêt complémentaire, si nous pouvions nous organiser, si la CBC/SRC assumait un rôle de chef de file à ce chapitre, je pense que nous aurions peut-être une chance. Mais il faudrait que tout soit prévu dans le mandat de la CBC/SRC, car, à l’heure actuelle, ils ne sont pas structurés de cette façon sur le plan institutionnel. La plupart des autres intervenants se sont plaints au sujet de cette situation, à savoir la position adoptée par le réseau en ce qui concerne non seulement la production interne, mais de manière générale, en ce sens qu’ils sont l’entité qui protège notre souveraineté dans le pays, etc.
Il n’y a pas eu un consensus ici sur la question de savoir s’il faut remanier le mandat. Certains ont dit oui et d’autres non. En ce qui concerne plus précisément cette question, l’entité est-elle adéquate comme elle est si elle dispose des ressources nécessaires?