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Merci, monsieur le président et membres du comité, de m’avoir invité à faire partie de votre distingué panel de témoins.
Comme je vis à Vancouver, je vous présente les meilleurs vœux de la Colombie-Britannique, dont le budget provincial, déposé la semaine dernière, annonçait la première taxe canadienne sur le carbone, chose que vous étudierez à un moment donné, j’en suis sûr.
Le CCPA ne produit pas de prévisions macroéconomiques indépendantes. Nous établissons cependant des prévisions budgétaires dans le cadre de notre alternative budgétaire. À ce chapitre, nos résultats sont assez bons. Nous avons été les premiers, au Canada, à tirer la sonnette d’alarme au sujet de la sous-estimation des recettes dans les budgets fédéraux, sous-estimation qui entraînait des déficits inférieurs aux prévisions et qui a donné lieu, après 1998, à des excédents budgétaires supérieurs aux prévisions.
Le cadre macroéconomique de l’alternative budgétaire de cette année se fonde sur des projections de croissance économique moins élevées que celles d’octobre dernier, lors de la présentation de la mise à jour économique et financière. Le budget fédéral 2007 avait sous-estimé les recettes, mais le nouveau cadre utilisé dans la mise à jour économique et financière était beaucoup plus précis, ce qui a permis au gouvernement de s’assurer qu’il avait la marge de manœuvre nécessaire pour annoncer des réductions d’impôt étalées sur plusieurs années.
Je ne m’appesantirai pas sur la baisse prévue de la croissance économique. Les développements survenus aux États-Unis permettent de croire que nos voisins du Sud sont déjà en récession et que la nature du phénomène est telle que cette récession pourrait être plus profonde et durer plus longtemps que celles du passé récent.
La question qui se pose est de savoir dans quelle mesure le ralentissement qui touche notre partenaire commercial le plus important — nos exportations à destination des États-Unis valant un quart de notre produit intérieur brut — se répercutera sur l’ensemble du Canada et quels secteurs et régions seront le plus durement touchés.
J’ai pris comme base de mes prévisions la mise à jour économique et financière, puis j’ai fait des rajustements pour tenir compte des changements du taux de croissance économique. Le scénario de référence révisé figure à la page 15 de l’alternative budgétaire du gouvernement fédéral, que nous avons publiée aujourd’hui. J’ai apporté des exemplaires pour tout le monde. Je ne passerai pas en revue le reste de ce document, mais je vous le laisserai pour que vous puissiez voler nos meilleures idées et recommander qu’elles soient mises en œuvre.
Un ralentissement de la croissance économique réduira considérablement la marge de manœuvre du gouvernement pour ce qui est du budget 2008, par rapport aux budgets précédents. Nous prévoyons quand même un excédent de 11 milliards de dollars pour 2007-2008 puisque la plupart des réductions d’impôt n’interviendront qu’en 2008-2009 et dans les années suivantes. Toutefois, sur la base des prévisions économiques révisées figurant dans la mise à jour de la politique monétaire publiée le 22 janvier par la Banque du Canada, l’excédent tombera à environ un milliard de dollars en 2008-2009.
J’ai cependant une mise en garde: ce chiffre ne tient pas compte de la promesse faite par le gouvernement de réduire la dette fédérale d’au moins 3 milliards de dollars. Pour tenir cette promesse, le gouvernement devra, aux termes du nouveau cadre révisé, soit réduire les dépenses de 4 milliards de dollars l’année prochaine soit repenser certaines de ses réductions d’impôt.
Personnellement, je ne crois pas que le remboursement de la dette fédérale constitue aujourd’hui une priorité absolue pour le pays. Cela tient compte de la promesse du gouvernement de rembourser 10 milliards de dollars de la dette fédérale grâce à l’excédent budgétaire de l’exercice en cours.
Pour les années à venir, l’excédent du scénario de référence atteint 3 milliards de dollars en 2009-2010 et 6 milliards de dollars en 2010-2011.
Je voudrais souligner le fait que si le Canada connaît un important ralentissement, nous passerons naturellement à une position de déficit budgétaire parce que la marge de manœuvre est vraiment très faible. C’est là une conséquence directe des réductions d’impôt pluriannuelles prévues dans la mise à jour économique et financière ainsi que dans les budgets précédents.
Les réductions d’impôt de la MJEF s’ajoutent à celles qui avaient été annoncées dans les budgets 2006 et 2007. Lorsqu’elles auront été complètement réalisées, les réductions d’impôt de la MJEF entraîneront un manque à gagner de 14,7 milliards de dollars par an d’ici 2012-2013. De plus, si l’on tient compte des réductions d’impôt annoncées précédemment, le manque total à gagner, au chapitre des recettes fiscales, s’élèvera d’ici 2012-2013 au chiffre alarmant de 40,2 milliards de dollars par an. J’ai pris ce chiffre tel quel dans la mise à jour économique et financière.
Nous devons donc nous demander ce que le gouvernement fédéral fera si le Canada connaît un ralentissement ou une récession qui nous place en situation de déficit budgétaire. Le gouvernement a promis des budgets équilibrés. En supposant qu’il ne voudra pas reconsidérer ses réductions d’impôt, il n’aura pas d’autre choix que de réduire les dépenses.
Dans un document technique portant sur l’alternative budgétaire fédérale, que nous avons publié en janvier — je crois que des exemplaires ont été distribués aux membres du comité —, j’ai modélisé quatre scénarios de plus en plus pessimistes de ralentissement et de récession, en prenant encore une fois la MJEF comme base.
Dans tous les scénarios, la croissance projetée dans les années 2007 et 2010, qui sont extérieures à la période de ralentissement, est essentiellement la même que celle de la MJEF. Les modèles prévoient donc un ralentissement ou une récession en 2008 et une reprise en 2009.
J’ai encore une mise en garde à faire au sujet de l’alternative budgétaire et du document technique. L’alternative budgétaire publiée aujourd’hui comporte un PIB révisé pour 2007 sur la base duquel l’excédent projeté de 2007-2008 baisse de 11,5 à 11 milliards de dollars.
Dans le document technique, les scénarios 1 et 2 se basent sur un ralentissement et non une récession. Ils montrent qu’il n’en faut pas beaucoup pour que le budget soit déficitaire. Ces scénarios sont présentés sous forme graphique à la page 4 du document technique et sont expliqués en détail dans l’annexe.
Les scénarios 3 et 4 se basent sur une récession plutôt qu’un ralentissement. Dans le scénario le plus pessimiste, le déficit atteint 6,2 milliards de dollars en 2008-2009 et 12,7 milliards en 2009-2010 avant de retomber à un peu plus de 10 milliards en 2010-2011. Pour ce qui est de la rupture de l’équilibre budgétaire, tout taux de croissance nominal du PIB inférieur à 2,65 p. 100 entraîne un déficit en 2008-2009.
Sur le plan stratégique, la question à se poser est, bien sûr: Que faut-il faire en cas de récession? La perspective d’un ralentissement met vraiment en évidence les récentes réductions d’impôt. Le gouvernement devrait-il maintenir ces réductions? Et qu’advient-il d’astuces politiques telles que la garantie de restitution fiscale en vertu de laquelle le gouvernement s’engage à transformer en réductions d’impôt les économies réalisées sur le service de la dette? Qu’advient-il donc si les excédents budgétaires se transforment en déficit? Faudra-t-il majorer les impôts?
J’estime qu’en cas de ralentissement, le gouvernement devrait être disposé à accepter un déficit budgétaire. Les recettes fiscales tirées de l’impôt sur le revenu des particuliers et des sociétés ainsi que de la TPS connaîtront un certain ralentissement de croissance et peut-être même une diminution. Les stabilisateurs automatiques tels que le programme d’assurance-emploi ont été considérablement affaiblis depuis le milieu des années 1990. Toutefois, en situation de ralentissement, ils favoriseront un déficit budgétaire.
Les excédents de la caisse d’assurance-emploi, qui représentent l’écart entre les primes recueillies et les prestations versées, ont déjà beaucoup diminué par suite de la réduction des taux de cotisation, passant de 4 milliards de dollars en 2001-2002 à un montant estimatif de 2 milliards de dollars en 2007-2008. Si le taux de chômage devait monter, la caisse d’assurance-emploi passerait rapidement en situation déficitaire.
À Ottawa, il y a une réaction automatique de profonde antipathie dès qu’on parle de déficit et ce, quelles que soient les circonstances. Pour ma part, j’estime que le gouvernement fédéral, s’étant constitué un coussin pour les mauvais jours, devrait être disposé, au besoin, à laisser ses dépenses dépasser ses recettes. Au Canada, le rapport de la dette au PIB est tombé de 68 p. 100 en 1996-1997 à 32 p. 100 en 2006-2007. Le gouvernement a donc une grande marge de manœuvre s’il décide d’accepter un déficit budgétaire. Par rapport aux autres pays du G7, le passif net du Canada est de très loin le plus bas puisque les autres pays avaient des déficits budgétaires dans les dernières années, tandis que nous avions des excédents.
Aux États-Unis, les mesures de stimulation Bush-Bernanke, qui ont été jugées insuffisantes, se situent dans le contexte du déficit de plus de 2 p. 100 du PIB enregistré l’année précédente. Au Canada, un déficit équivalent se serait élevé à plus de 30 milliards de dollars. Ce n’est pas du tout ce que je recommande. Je veux simplement donner à un auditoire canadien une bonne idée de la situation.
Je crois qu’il y a beaucoup à faire en matière de changements climatiques, de pauvreté, de transport, etc. Ce facteur milite en faveur du recours aux dépenses publiques comme moyen d’action. Les dépenses fédérales ont remonté quelque peu, atteignant environ 13 p. 100 du PIB après être tombées à un minimum de 12 p. 100 en 2000-2001. Toutefois, même ce pourcentage du PIB est de trois à cinq points inférieur aux niveaux qui existaient au début des années 1990.
Pour situer ces chiffres, je dirais que 4 p. 100 du PIB représentent environ 60 milliards de dollars. C’est une somme assez considérable.
Bien sûr, il y a ceux qui préfèrent se fonder exclusivement sur la politique monétaire et qui jugent la politique financière inefficace et inopportune. Je ne suis pas d’accord avec les tenants de ce point de vue. Même si nous avons besoin de réduire les taux d’intérêt, c’est là une politique de plus en plus inefficace parce que les changements des taux d’intérêt annoncés par la Banque du Canada se répercutent très peu sur le reste de la structure des taux d’intérêt. En fait, nous assistons à une hausse des taux d’intérêt sur les prêts que les banques accordent aux entreprises et aux particuliers, par suite du resserrement du crédit. En même temps, la recherche de la qualité sur les marchés financiers fait baisser les taux d’intérêt sur les obligations d’État à moyen terme.
Nous devons examiner nos options budgétaires. La critique selon laquelle la politique budgétaire vient souvent trop tard n’est pas sans fondement du fait que les récessions ne durent pas et que les mesures budgétaires nécessitent beaucoup de planification à long terme, si l’on envisage par exemple de construire un nouveau pont ou une nouvelle route.
Il y a cependant des mesures budgétaires qui peuvent être efficaces. L’essentiel est de mettre rapidement de l’argent à la disposition des gens pour qu’ils puissent le dépenser. J’ai déjà parlé de l’assurance-emploi. Le gouvernement devrait envisager d’élargir l’admissibilité à l’assurance-emploi pour qu’un plus grand nombre de chômeurs puissent en profiter. À l’heure actuelle, seulement un tiers des chômeurs ont accès à l’assurance-emploi.
On peut également penser à une augmentation du crédit pour TPS, qui mettrait rapidement plus d’argent à la disposition des Canadiens à faible revenu. Le gouvernement peut envisager d’autres mesures ciblées pour aider des régions et des industries durement touchées.
Sur le plan de l’infrastructure, nous devrions être disposés à réaliser quelques projets coûteux dont nous avons besoin de toute façon. Le marché du travail est actuellement fort, mais les incidences dans le secteur de la construction pourraient être importantes dans les deux prochaines années.
Le fait qu’aux États-Unis, la récession fasse suite à une chute spectaculaire des prix des biens — dans le passé, on aurait parlé de dépression plutôt que de récession — nous porte à croire qu’elle s’écartera du modèle habituel caractérisé par une chute rapide suivie d’un retour à la normale. À notre avis, cette récession durera probablement deux ans. Tout ralentissement correspondant du marché de l’emploi pourrait être compensé par des immobilisations dont nous avons besoin dans des domaines tels que le logement social, les transports en commun et l’éducation préscolaire.
J’ai terminé. Je serais maintenant heureux de répondre à toute question que vous auriez après l’exposé suivant.
Je vous remercie.
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En fait, monsieur le président, je voudrais commencer par formuler quatre brefs commentaires car, après avoir eu l’occasion d’entendre M. Lee, j’aimerais dire quelques mots de notre perspective de la situation dans le monde.
Mon premier point porte sur la situation aux États-Unis. Nous n’avons pas annoncé une récession aux États-Unis dans le cadre de nos prévisions. Les experts de Wall Street sont presque également divisés sur cette question. Pour notre part, nous favorisons la moitié qui estime que les États-Unis passent par une période très difficile. Si les gens ont l’impression que les choses vont mal actuellement, c’est parce que c'est vrai. Nous sommes probablement dans le pire trimestre, mais nous ne croyons pas que nous aboutirons nécessairement à une récession. À notre avis, ce n’est pas le résultat le plus probable. Nous prévoyons que la croissance aux États-Unis s’élèvera cette année à environ 2,1 p. 100, ce qui représente la médiane des prévisions données par les experts de Wall Street.
Cela étant dit, je crois que nous n’avons pas accordé un poids suffisant à un autre phénomène, celui de la stagflation. Sur ce point, je tends à être d’accord sur ce que M. Lee a dit à la fin de son exposé. Les consommateurs américains sont surchargés sous l’effet combiné de la chute des prix de l’immobilier, de la faiblesse du marché des valeurs mobilières, de l’énorme hausse des prix mondiaux du pétrole — les États-Unis importent près des deux tiers du pétrole qu’ils consomment — et d’un lourd endettement. L’endettement n’est pas grave tant que l’autre côté du bilan continue à croître en valeur. Toutefois, l’Américain moyen a actuellement une dette valant environ 130 p. 100 de son revenu au moment même où le prix de sa maison est en train de chuter. Pour moi, cette situation permet de prévoir une reprise et une croissance vraiment très faibles pendant plusieurs années. Je suis donc d’accord avec M. Lee sur ce point. Je crois même que deux ans ne suffiront pas. Les États-Unis auront probablement de trois à cinq ans de très faible croissance des dépenses de consommation, qui représentent 70 p. 100 du PIB. Ce chiffre est important.
Malheureusement, avec des devises étrangères en hausse et des produits de base, comme le blé et le pétrole, dont les prix augmentent, les forces inflationnistes présentes dans l’économie américaine s’intensifient. Dans les trois derniers mois, le taux d’inflation a presque atteint 7 p. 100. En même temps, les forces inflationnistes s’intensifient également dans le monde, en Chine, en Inde et dans beaucoup d’autres pays, sous l’effet de la hausse des prix.
On peut donc parier, probablement avec des chances égales des deux côtés, sur la question de savoir si les États-Unis connaîtront une récession ou le problème, à mon avis beaucoup plus grave, de la stagflation. Les difficultés, dans ce cas, pourraient durer plusieurs années.
Cela a des effets importants sur les perspectives du Canada. C’est d’ailleurs mon deuxième point. Cette situation signifie que quiconque fait des ventes aux consommateurs américains et compte vraiment sur les exportations aux États-Unis connaîtra des difficultés pendant plusieurs années. Nous savons que les exportations canadiennes sont restées plus ou moins stables dans les huit dernières années. Le taux de croissance annuel est d’environ 1 p. 100 ou moins. Nous avions l’habitude de compter énormément sur les ventes aux États-Unis pour stimuler notre économie. Nous ne pouvons plus le faire. Cela suscite des questions vraiment intéressantes au sujet de notre politique commerciale et économique future.
Nos prévisions concernant la situation au Canada étaient en fait les plus optimistes de toutes celles du secteur privé. Nous croyons que l’économie canadienne peut croître de 2,5 p. 100 cette année, mais que la croissance se répartira d’une façon très irrégulière entre les secteurs et les régions. L’Ouest connaîtra la croissance la plus forte: nous estimons que les quatre provinces de l’Ouest peuvent atteindre ou dépasser les 3 p. 100. Le Canada central aura une situation très difficile parce qu’il est fortement tributaire des ventes aux consommateurs américains. Nos centres industriels seront fortement touchés. Je suis sûr que de nombreux fabricants vous ont déjà parlé des problèmes qu’ils affrontent. Le Canada atlantique rétablira l'équilibre dans une certaine mesure. Nous croyons qu’il sera possible d’atteindre un taux de croissance d’environ 2,5 p. 100, mais, encore une fois, nous sommes probablement dans le pire trimestre.
Nous avons l’impression de connaître un ralentissement très réel en ce moment, mais je tiens à signaler que nous avons eu une croissance positive dans le quatrième trimestre de l’année dernière et que les chiffres de création d’emplois de janvier ont été vraiment remarquables. Quand nous examinons le tableau d’ensemble, nous ne sommes pas tout à fait aussi pessimistes que certains autres observateurs.
Il y a un autre aspect de la situation au Canada sur lequel je voudrais attirer votre attention: les prévisions relatives à l’inflation. Les chiffres que nous avons vus à cet égard sont diamétralement opposés à ceux des États-Unis. Nous profitons de la hausse des prix des produits de base et comme notre dollar monte, nous prévoyons que le taux d’inflation au Canada se situera aux alentours de 1,5 p. 100 cette année. Cela laisse à la Banque du Canada une grande marge de manœuvre pour réduire lentement les taux d’intérêt au cours de l’année. Toutefois, cela signifie aussi que la croissance nominale des revenus — qui représentent l’assiette de l’impôt pour les différents gouvernements — sera un peu plus lente que ce que nous ou le ministère des Finances avions prévu l’automne dernier. Cela pourrait occasionner des difficultés budgétaires au gouvernement fédéral parce que les recettes fiscales seront légèrement inférieures aux prévisions.
Je voudrais, en troisième lieu, faire une comparaison très rapide entre nos prévisions et celles du gouvernement au chapitre des recettes. Nous n’avons pas formellement utilisé notre modèle pour produire l’une des quatre prévisions officielles de l’excédent ou du déficit budgétaire, mais mon collègue Matthew Stewart a procédé à un calcul rapide qui aboutit, pour le présent exercice, à un excédent d’environ 11,5 ou 11,6 milliards de dollars, ce qui est très proche du chiffre que les Finances ont donné dans l’énoncé économique d’octobre dernier. Pour le prochain exercice, nous prévoyons un excédent beaucoup plus petit d’environ 3,4 milliards de dollars, par rapport aux 4,3 milliards des Finances. Les chiffres sont donc du même ordre, mais on peut voir que la marge de manœuvre dont le gouvernement dispose pour innover est plutôt limitée. Nous avons abouti à plus ou moins le même chiffre pour l’exercice 2009-2010. Nous prévoyons maintenant un excédent d’environ 3,4 milliards de dollars, tandis que les Finances l’estiment à 4,3 milliards. Encore une fois, un écart d’un milliard sur un budget de 230 milliards n’est vraiment pas grand-chose.
Nos prévisions sont donc très proches de celles du ministère des Finances.
Je voudrais enfin mentionner, monsieur le président, que nous sommes en train de produire une série de documents sur la réforme fiscale. C’est un domaine dans lequel le Conference Board n’a pas beaucoup travaillé dans le passé. À titre d’économiste en chef, j’ai pensé qu’il était important pour nous d’étudier les domaines dans lesquels nous croyons qu’il est souhaitable de repenser le régime fiscal à l’échelle nationale.
Les membres du comité voudront peut-être examiner notre travail. Notre premier document portait sur les villes et sur les moyens pour elles de se constituer des capacités fiscales. Nous avons publié ce document à la mi-janvier. Le deuxième traite des taxes vertes et de l’utilisation des instruments du marché pour mettre un prix sur le carbone. Il a paru il y a environ un mois et a suscité de bonnes réactions dans les médias.
Nous avons l’intention de produire d’autres documents dans le courant de l’année. Nous aborderons notamment la question de l’harmonisation de la taxe de vente. Nous encouragerons fortement les provinces à harmoniser leur taxe avec la TPS car cela stimulera beaucoup la productivité, surtout pour les petites entreprises. Nous examinerons en outre la réforme de la fiscalité des entreprises ainsi que l’opportunité de se débarrasser plus rapidement des taxes sur le capital. Nous envisagerons différents moyens de renforcer la compétitivité des entreprises. Nous passerons ensuite à la réforme de l’impôt sur le revenu des particuliers compte tenu de l’évolution démographique que nous connaissons actuellement. Tout le monde dit que nous aurons d’importantes pénuries de main-d’œuvre. Nous devons donc songer à aligner notre régime fiscal sur les réalités démographiques de notre marché du travail.
Je vous remercie, monsieur le président.
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Je ne voudrais pas révéler tout le contenu de mon mémoire écrit. J’ai demandé à un expert reconnu de le relire, ce qu’il est en train de faire actuellement. De toute façon, notre raisonnement est très simple: dans la conception d’un régime fiscal, ce sont les systèmes les plus simples qui donnent les meilleurs résultats. À l’heure actuelle, nous avons dans le pays un ensemble disparate de régimes de taxe de vente, qui diffèrent les uns des autres aussi bien par leurs taux que par leur portée.
Trois des quatre provinces de l’Atlantique — l’exception, c’est l’Île-du-Prince-Édouard — ont adopté la taxe de vente harmonisée et en ont confié la perception et l’administration à un seul organisme. De toute évidence, cela assurera des économies aux entreprises à toutes les étapes, quelle que soit leur taille, de même qu’aux contribuables à cause de la grande simplicité du système administratif. Le Québec a fait la même chose. Même s’il a gardé son propre percepteur, son système correspond essentiellement à la taxe harmonisée.
Parmi les autres provinces, les deux plus grandes sont la Colombie-Britannique et l’Ontario. Leurs systèmes ne correspondent pas et la portée de leur taxe est différente. Le pire, dans leur cas, c’est que les entreprises ne bénéficient pas d’une taxe à la valeur ajoutée en cascade leur permettant de recouvrer la taxe sur les intrants qu’elles achètent. Elles doivent donc acquitter la taxe provinciale sur les biens qui y sont assujettis.
J’ai eu le privilège de donner des conseils à de nombreux ministres des Finances. Nous avons eu des entretiens avec le ministre Duncan de l’Ontario et lui avons parlé de cette question. Je crois qu’il est un peu intrigué. Je pense qu’il comprend les avantages sur le plan des principes, mais qu’il craint les incidences sur les recettes fiscales de la province. S’il devait harmoniser, il lui faudrait probablement trouver d’autres sources de recettes, au moins pour un temps. Comme vous le savez, monsieur Menzies, il y a actuellement un débat plus large au sujet de la place de l’Ontario dans la fédération, pour ce qui est des transferts et des règles du jeu équitable. À mon avis, si le dialogue progresse, nous allons devoir tenir compte de beaucoup de ces questions.
Il est clair, par ailleurs, que la quasi-totalité des entreprises ontariennes profiteraient d’un régime unique de taxe de vente basé sur la valeur ajoutée, qui leur permettrait de recouvrer la taxe acquittée sur les intrants d’entreprise, taxe qu’ils ne peuvent souvent même pas transmettre à leurs clients.
Il y a aussi les avantages découlant d’une administration plus simple et d’une plus grande efficacité. C’est l’argument que je présente directement à M. Duncan. Je suis donc très heureux de vous en faire part aujourd’hui.
:
Bonjour, monsieur le président. Je vous remercie, ainsi que le Comité permanent des finances, d'avoir invité l'Agence de la consommation en matière financière du Canada.
[Traduction]
Je suis fière de dire que j’ai récemment été nommée commissaire de l’Agence de la consommation en matière financière du Canada. J’occupe ces fonctions depuis la mi-décembre. Je ferai de mon mieux pour répondre à vos questions.
Pour commencer, je voudrais vous présenter le mandat de l’agence ainsi que ses principales activités.
L’agence est chargée de surveiller et contrôler les activités des institutions financières sous réglementation fédérale qui acceptent des dépôts et accordent des prêts au détail. Elle a également un mandat d’éducation des consommateurs de services financiers.
Notre travail s’inscrit dans le cadre réglementaire comprenant le Bureau du surintendant des institutions financières, qui veille à la sécurité et à la solidité de nos institutions financières, la Société d’assurance-dépôts du Canada, qui protège les consommateurs en assurant les dépôts de détail, et le ministère des Finances, qui est responsable de la politique du secteur financier.
À son niveau le plus simple, le rôle de l’agence consiste à assurer et à promouvoir la conformité avec les dispositions de divulgation des différentes lois régissant les institutions financières. Notre mandat ne nous donne pas un rôle de réparation. En définissant le cadre de protection des consommateurs de services financiers, le Parlement a établi une claire distinction entre les recours des consommateurs et la mise en vigueur de la loi. Les services de l’ombudsman ont été créés parce que le Parlement souhaitait que les institutions financières soient assujetties à un organisme indépendant de règlement des différends chargé de veiller au traitement équitable des consommateurs.
Ayant la responsabilité de réglementer la conduite du marché, notre agence a pour but ultime de favoriser un marché équitable et compétitif en s’assurant que les consommateurs disposent des renseignements nécessaires pour prendre des décisions éclairées.
[Français]
Par l'intermédiaire de notre mandat en matière d'éducation aux consommateurs, l'agence informe les consommateurs de leurs droits et responsabilités lorsqu'ils traitent avec des institutions financières. Nous fournissons aux Canadiens des renseignements exacts et objectifs sur des produits et des services financiers, et ce, en temps opportun, afin de les aider à mieux comprendre ces produits et à magasiner pour mieux gérer leurs finances personnelles.
Nos publications et nos outils interactifs en ligne fournissent aux consommateurs des informations sur divers produits et services financiers tels que les cartes de crédit, les hypothèques, les comptes bancaires, les dossiers de crédit et les prêts sur salaire.
[Traduction]
En comblant les lacunes de l’information offerte par le marché, l’agence donne aux Canadiens les moyens dont ils ont besoin pour se retrouver dans un marché financier complexe.
Nos services font l’objet d’une demande croissante. Chaque année, de plus en plus de Canadiens s’adressent à nous pour obtenir des renseignements ou pour déposer une plainte contre une institution financière. Depuis 2001, l’agence a reçu plus de 140 000 appels téléphoniques, messages électroniques et lettres de membres du public. L’année dernière, c’est-à-dire au cours de l’exercice 2006-2007, nous avons distribué aux consommateurs 750 000 publications, partout dans le pays.
Notre site Web est maintenant l’une des meilleures sources de renseignements objectifs et à jour sur les produits et services financiers offerts au Canada. Au cours du dernier exercice, plus de 1,4 million de visiteurs ont consulté notre site.
Dans le cadre de son programme de promotion, l’agence travaille avec un nombre croissant de partenaires pour élargir sa portée et sensibiliser les consommateurs à son action. En 2006-2007, notre partenariat avec l’Agence du revenu du Canada et avec Ressources humaines et Développement social Canada nous a aidés à toucher directement plus de 8 millions de consommateurs grâce à un encart glissé dans l’enveloppe des chèques de remboursement de TPS, de la prestation fiscale pour enfants, de la pension de vieillesse et du Régime de pensions du Canada.
L’année dernière, le Parlement a accordé à l’agence des crédits de 3 millions de dollars sur deux ans, à titre d’investissement initial dans l’amélioration des connaissances financières des Canadiens, et notamment des jeunes. Nous formons des alliances un peu partout dans le pays pour multiplier les effets de ces fonds en favorisant les investissements privés dans l’amélioration des capacités financières des Canadiens.
Les Canadiens doivent en effet prendre en charge leurs affaires financières dans un marché en évolution rapide, de façon à investir dans l’avenir et celui de leur famille et d’accumuler suffisamment d’économies pour vivre confortablement après la retraite.
[Français]
Pour ce faire, les Canadiens ont besoin d'outils, d'information, de conseils et de formation pour gérer leurs finances personnelles avec confiance.
[Traduction]
Nous collaborons actuellement avec la Commission des valeurs mobilières de la Colombie-Britannique pour réaliser un projet conjoint visant à développer un programme d’étude basé sur Internet pour les élèves du secondaire. Nous avons également lancé un projet pilote, de concert avec le George Brown College et l’Investor Education Fund de l’Ontario, pour présenter des mini-cours commodes aux étudiants de niveau collégial. Nous travaillons également avec d’autres ministères fédéraux et Statistique Canada en vue de mener une enquête nationale sur les capacités financières des Canadiens, qui nous permettra de déterminer les domaines dans lesquels nous devrions concentrer nos efforts.
[Français]
Aussi nous travaillons de concert avec un organisme à but non lucratif appelé Social and Enterprise Development Innovation (SEDI) et l'Autorité des marchés financiers du Québec pour présenter une deuxième conférence sur la capacité financière. Cette conférence réunira experts et intervenants afin de partager et faire progresser le savoir et les réseaux nécessaires pour mettre de l'avant ce programme.
Finalement, l'Internet sera la plateforme privilégiée pour accueillir un centre de ressources que tous nos partenaires et tous les Canadiens pourront utiliser et partager.
[Traduction]
Pour conclure, je voudrais vous remercier de m’avoir donné l’occasion de comparaître devant le comité. Je serais heureuse de répondre à toute question que vous pourriez avoir.
[Français]
Il me fera maintenant plaisir de répondre à vos questions.