:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour à tous. Merci beaucoup d'avoir invité le Conference Board du Canada à témoigner aujourd'hui. Je centrerai mon propos sur les effets de la montée du dollar canadien pour l'industrie canadienne du tourisme.
Je précise, pour vous mettre en contexte, qu'il s'agit d'une industrie manifestement capitale pour le Canada. Notre balance des paiements, seulement du côté des exportations, devrait atteindre environ 21 milliards de dollars d'ici 2011. De toute évidence, le secteur touristique contribue de façon importante à l'activité économique au Canada.
Néanmoins, il est assez clair que les importations de services de voyages augmentent plus rapidement que leurs exportations, une situation partiellement attribuable à la hausse du dollar canadien.
D'autres facteurs sont également en cause, tels que l'Initiative relative aux voyages dans l'hémisphère occidental, qui obligera éventuellement les Américains, comme vous le savez, à détenir un passeport s'ils veulent revenir aux États-Unis. À notre avis, cela aura un impact sur les futurs déplacements des États-Unis vers le Canada.
Les Américains représentent certainement la plus importante part du marché canadien des voyages au chapitre des visiteurs étrangers au Canada. L'an dernier, en 2006 — il s'agit de données pour une année complète —,76 p. 100 des Américains voyageant au Canada y restaient pour au moins 24 heures.
D'après nos prévisions, cependant, les dépenses effectuées par les Américains de passage au Canada pour des raisons autres que pour affaires — ici, on parle vraiment d'un contexte touristique — auront diminué d'environ 1,9 milliard de dollars par année entre 2005 et 2008. D'ici à 2008, cette activité aura connu une baisse de 1,5 milliard de dollars par rapport à 2005. Il s'agit d'une valeur nominale; en chiffres absolus, cette somme serait encore plus importante. De toute évidence, la situation est grave.
Il est loin d'être facile de remplacer ces visiteurs Américains par des visiteurs d'autres pays, simplement en raison de l'ampleur du marché américain.
À l'évidence, il sera très difficile d'attirer au Canada des étrangers, et surtout des Américains, mais nous avons un problème encore plus important au chapitre des Canadiens qui voyagent à l'étranger, ce qu'on qualifie d'importations touristiques. Nous prévoyons que les dépenses de Canadiens en déplacement à l'étranger augmenteront d'environ 25 p. 100 entre 2007 et 2012.
En faisant le calcul, on verra que sur le plan du tourisme, le déficit relatif au commerce extérieur devrait passer d'environ 6,7 milliards de dollars en 2006 à environ 9,5 milliards en 2012. Au cours de cette période de cinq ou six ans, nous prévoyons une chute de 41 p. 100 dans cette portion relative aux voyages, qui se traduit par presque 3 milliards de dollars par année. Ces chiffres sont importants.
Je profite du temps qu'il me reste pour mentionner qu'en ce qui a trait à l'analyse de sensibilité que nous effectuons, nous affirmerions normalement qu'une hausse de 10 p. 100 du dollar canadien par rapport à l'américain devrait réduire de 15 à 16 p. 100 les voyages de plus de 24 heures effectués par des Américains; c'est très élastique, en fait. Or, plus récemment, nous avons évalué que maintenant, cette sensibilité connaîtra probablement une baisse de l'ordre de 0,8 à 0,9 p. 100. Autrement dit, une appréciation de 10 p. 100 du dollar canadien devrait entraîner une diminution de 9 p. 100 du nombre de voyageurs américains séjournant au Canada pour plus de 24 heures.
Cette situation est due au fait que de façon générale, les États-Unis n'exercent pas le même attrait que par le passé. Nous avons vu grand nombre de géants du commerce du détail faire leur apparition au Canada; la même sensibilité n'est donc plus la même. Mais nous présumons, compte tenu de cette récente hausse du dollar d'environ 18 p. 100 ces neuf derniers mois, que les séjours de plus de 24 heures de Canadiens aux États-Unis devrait augmenter d'environ 16 p. 100.
L'autre facette de la question, soit les visiteurs américains au Canada, n'est pas aussi sensible que par le passé, mais fondamentalement, nous estimons qu'il y a une élasticité d'environ 0,5 à 0,6 p. 100. Alors, encore une fois, cette appréciation de 10 p. 100 du dollar au cours des neuf derniers mois devrait réduire d'environ 6 p. 100 le nombre de séjours de plus de 24 heures faits par des Américains.
Nous considérons donc qu'il y aura une hausse approximative de 16 p. 100 des déplacements de Canadiens aux États-Unis, et une baisse d'environ 6 p. 100 des déplacements d'Américains au Canada, et les deux tendances vont dans la mauvaise direction, si vous voulez, en ce qui a trait à notre balance de paiements.
Ces chiffres découlent uniquement de l'augmentation du dollar ces neuf derniers mois. Évidemment, l'appréciation du dollar au cours des années précédentes a entraîné des répercussions.
Pour des raisons de temps, monsieur le président, je vais m'arrêter là.
Je m'appelle Jordan Fenn, et je suis l'éditeur de Key Porter Books. Ayant reçu une invitation à comparaître ici aujourd'hui, j'ai l'honneur de vous exposer les répercussions d'un dollar canadien vigoureux sur le secteur canadien de l'édition.
Située à Toronto, Key Porter est l'une des rares maisons d'édition encore entièrement détenues et gérées par des intérêts canadiens, et son chiffre de vente la place en compétition avec de grandes filiales de multinationales comme HarperCollins, Penguin et Random House.
Nous publions depuis près de 30 ans des ouvrages importants pour le Canada et les Canadiens, et au cours de notre histoire, nous avons eu l'insigne honneur de collaborer avec de nombreux auteurs talentueux en plus de les représenter, y compris l'ancien premier ministre Jean Chrétien et les chefs de partis actuels Jack Layton et Elizabeth May.
L'industrie canadienne de l'édition a produit un nombre incroyable d'auteurs de renommée internationale et a assisté à un respect croissant envers les auteurs d'ici, surtout ces 30 dernières années.
Il est important de préserver cette voix unique de la culture canadienne et de s'assurer qu'une industrie en santé aujourd'hui soit garante d'une industrie solide pour les futures générations d'écrivains et leurs lectorats respectifs.
Notre secteur a affronté de nombreux défis au fil des ans et, malgré quelques pertes, nous avons survécu. Cependant, les difficultés auxquelles nous sommes confrontés aujourd'hui à cause d'un dollar fort sont importantes, à tel point qu'elles auront de graves répercussions sur l'ensemble de la communauté de l'édition ainsi que sur les intervenants connexes, dont nos détaillants partenaires, les imprimeurs, les distributeurs, les sociétés de transport et, bien sûr, le syndicat des écrivains. À la suite de la hausse du dollar, les médias, les politiciens et les consommateurs ont contesté le prix de vente des livres et ont réclamé la parité des prix.
Je ne pense pas qu'on a adéquatement expliqué le problème sur le marché. On en a très peu parlé, et cela a suscité un sentiment de frustration et de colère encore plus grand dans le secteur de la consommation. Au lieu de brandir un exemplaire du livre d'Harry Potter en contestant son prix de vente au Canada, le ministre des Finances aurait pu expliquer les facteurs économiques relatifs à la publication de livres pour un marché de 30 millions de personnes comparativement à un autre de 300 millions de personnes.
Pourquoi un livre à 24,95 $US est-il vendu à 32,95 $ au Canada? Avec un dollar à parité, les prix ne devraient-ils pas immédiatement être changés pour refléter cette réalité?
L'élaboration d'un ouvrage nécessite un travail qui commence en moyenne 18 mois avant son arrivée sur les présentoirs. Tous les coûts des titres publiés aujourd'hui ont donc été encourus et budgétés bien au-dessus d'un an à l'avance, et au taux de change en vigueur à ce moment-là. Pour les éditeurs canadiens, tous ces coûts sont en dollars canadiens.
On pourrait croire qu'une monnaie à la hausse est bénéfique pour notre secteur; cependant, les éditeurs canadiens ne tirent aucun avantage d'un dollar fort, car la majorité de nos publications sont acquises par des agents canadiens représentant des auteurs canadiens, en vertu d'un contrat en dollars tout aussi canadiens. Nos coûts d'opération et nos frais généraux, dont les salaires, les baux, les coûts de promotion, les services, etc., sont tous en dollars canadiens, et puisque la majorité des éditeurs du pays appuient les imprimeurs du Canada, les coûts liés à l'imprimerie, la reliure et la livraison des livres sont également en dollars canadiens.
Après avoir examiné toutes les facettes de notre milieu relativement à la mise au point de chaque livre, je n'ai rien vu qui permette aux éditeurs canadiens de tirer profit d'un dollar fort. Nos coûts sont fixes, si ce n'est à la hausse, et pourtant, pour pouvoir être compétitifs par rapport aux publications américaines à moindre coût qui traversent la frontière, nous sommes contraints d'ajuster nos prix, ce qui porte directement atteinte à la rentabilité et, par conséquent, à la santé et à la viabilité de notre industrie.
Dans l'industrie de l'édition, la marge de profit est déjà mince. C'est un secteur fragile; cette situation a donc potentiellement un effet dévastateur pour les éditeurs canadiens, car il est facile de prévoir ce qu'impliquent des revenus réduits par rapport à des coûts fixes.
Les livres ont longtemps été assujettis à des niveaux de prix à la consommation. Chaque format, qu'il s'agisse d'un livre relié ou de poche, d'un grand livre illustré ou de livres pour enfants, est assorti d'un prix de vente résultant d'un budget établi par les éditeurs en fonction de mesures leur permettant d'acquérir le titre, de rémunérer l'auteur, de produire le livre — y compris tous les frais connexes liés à l'édition, la conception et la production —, ainsi que de fournir aux détaillants un rabais qui leur procure la marge nécessaire. De plus, chaque livre a un coût fixe servant à couvrir les frais généraux et les coûts de commercialisation, de promotion et de distribution.
Sur le marché américain, ces mêmes formats ont un prix établi en fonction du pouvoir du dollar américain. Le taux de change a déterminé le prix des livres importés au Canada; cependant, si un titre a été produit au pays, les prix sont tels que mentionnés.
Pour illustrer la situation que nous vivons, prenons le cas d'un titre de fiction canadien en version poche qui se vend en moyenne 21,95 $; ce livre sera vendu 6 ou 7 $ de moins au sud de la frontière. Bien que les éditeurs canadiens ne bénéficient pas de la valeur élevée du dollar, on les a mis au défi de baisser leurs prix pour les aligner à ceux des titres américains du même genre. Si l'on ne réduit pas nos prix, cela aura un impact sur notre capacité à concurrencer les importations, bien qu'en baissant ces prix, nous nous retrouvons en fait à éliminer tous les niveaux de rentabilité. Sans cela, nous perdons la capacité d'offrir des incitatifs à la vente, de promouvoir efficacement nos auteurs et de commercialiser les livres. Or, à défaut de soutenir chaque publication au moyen de campagnes de marketing et de mise en marché, les titres d'auteurs canadiens prendront la poussière sur les tablettes et la possibilité de les vendre sera sérieusement réduite. Cela ne touchera pas seulement les éditeurs, mais aussi les auteurs et les détaillants.
Du côté des détaillants, divers partenaires m'ont appris qu'en étant sur la ligne front du problème des prix, ils étaient tous les jours confrontés à des consommateurs courroucés réclamant la parité des prix. J'ai même entendu parler d'un consommateur évacué d'une librairie de Toronto par la police pour avoir jeté des livres aux employés à cause de leur prix. Ce que ce consommateur n'a pas saisi, c'est que même dans le cas des livres importés d'éditeurs américains, les prix ont été fixés au moins 12 mois à l'avance, et que pour l'entreprise canadienne représentant les publications américaines, tout se fait en dollars canadiens: la rémunération du personnel, le règlement des frais généraux et des factures et l'établissement de budgets en fonction des revenus de ventes prévus pour une année. Une simple réduction du prix de vente, pour ces entreprises, revient à...
J'aimerais remercier les parlementaires de tenir ces audiences. Je sais que vous recevez beaucoup de témoins, et que cela peut même devenir lassant, parfois; mais je tiens à vous dire que toutes ces questions sont vraiment importantes à nos yeux et que nous apprécions réellement l'attention que vous nous accordez. Cela compte beaucoup.
Ce qui est en jeu, dans l'industrie forestière, c'est un million d'emplois, 3 p. 100 du PIB, le plus important employeur de Canadiens autochtones au pays et 300 villes qui fermeront si nous en faisons autant avec les usines. Dans ces localités, on ne peut tout simplement passer à une autre industrie. Et pour beaucoup d'entre elles, il n'y a rien d'autre à faire que d'aller vers le nord, à Prince Albert, ou vers le sud, à Toronto.
Il est question de l'assise économique d'une bonne partie du Canada rural, et d'un nombre considérable d'emplois.
Il y a quelques bonnes nouvelles. Premièrement, notre industrie est la championne canadienne sur le plan de la productivité depuis huit ou neuf ans. De tous les secteurs manufacturiers, aucun autre n'a amélioré sa productivité autant que le secteur forestier.
Deuxièmement, dans le secteur du bois, nous avons surpassé les États-Unis sur le plan de la productivité année après année, et avons soutenu le rythme dans le secteur des pâtes et papier.
Troisièmement, notre industrie est également championne en matière de performance environnementale, puisque nous avons atteint les cibles de Kyoto à sept reprises, en plus d'avoir pris l'engagement de présenter un bilan de carbone neutre sans acheter des crédits de carbone. Par ailleurs, le Canada est exemplaire pour ce qui est de l'exploitation forestière sans déforestation. Nous n'avons pratiquement pas de déforestation, contrairement à la plupart de nos concurrents.
Quatrièmement, la demande globale pour nos produits augmente de 3 p. 100 annuellement, ce qui équivaut au double de la production annuelle du Québec. Bien peu de pays sont positionnés pour répondre à cette demande, car ils éprouvent des problèmes d'utilisation des terres, ou encore des problèmes liés à l'eau, à l'énergie ou à l'environnement.
Nous avons donc une formidable industrie, un employeur important, une forte demande et une grande productivité, mais nous sommes terrassés par une hausse de 40 p. 100 de notre structure de coûts. La totalité de nos coûts de production sont établis en dollars canadiens, alors que toutes nos ventes sont en dollars américains. Peu importe à quel point on est productif, brillant, innovateur ou entreprenant; quand notre structure de coûts augmente de 40 p. 100, on ne sait plus quoi faire.
Qui plus est, la volatilité du dollar canadien a fait en sorte que de nombreuses entreprises internationales se disent qu'elles feraient mieux d'aller ailleurs, là où la monnaie est plus stable que les valeurs minières. On traite l'avenir de notre monnaie comme on marchanderait des flancs de porc. Les spéculateurs réalisent d'énormes profits ou perdent des sommes considérables en pariant sur les fluctuations de notre dollar, tandis que notre infrastructure industrielle déménage au sud de la frontière.
Mettez-vous à la place d'une entreprise canadienne qui a des usines au Canada et aux États-Unis, sans parler des entreprises américaines et scandinaves. Vous ignorez si votre structure de coûts sera établie à 98 ¢, ou encore, à 1,02 $ ou 1,10 $ pour un dollar. Vous n'avez aucune idée du sens que cela prendra. Même si vous pouviez réaliser des profits à parité, prendriez-vous le risque d'investir au Canada, ou transféreriez-vous votre argent aux États-Unis?
De nombreux économistes ont dit que le Canada affrontait bien la tempête, et que les choses se passaient étonnamment bien. Mais les économistes vivent dans le monde des chiffres qui sont publiés, tandis que les gens d'affaires, eux, vivent dans le monde des chiffres à venir, car ils voient où s'en va l'investissement. Et l'argent s'en va ailleurs, en raison de l'instabilité du dollar et de sa valeur élevée.
Alors, nous disons d'abord aux banques que notre économie n'est pas un sport dont on est spectateur, qu'elles ne sont pas impuissantes, et que permettre à notre dollar de fluctuer comme s'il s'agissait d'une action à rabais est une erreur. Les banques devraient envoyer un signal puissant au moyen des taux d'intérêt pour que la valeur du dollar baisse; et dire aux spéculateurs qu'ils ne peuvent faire des profits sur le dos de l'infrastructure du Canada.
Ces économistes qui disent qu'il n'y a rien à faire ont tort — la banque peut agir, envoyer un message — et ceux qui prétendent qu'il faut laisser le marché décider vivent le nez dans leurs manuels d'économie, plutôt que dans la réalité économique d'aujourd'hui.
Notre deuxième déclaration s'adresse non pas aux banques, mais à l'ensemble des parlementaires. Il existe un rapport unanime, un rapport de tous les comités, qui porte sur l'avenir du secteur manufacturier canadien. Ce rapport comporte 30 excellentes recommandations visant la création d'un climat commercial favorisant les investissements ici.
Il y a là-dedans des recommandations fondamentales, dont le remboursement des crédits pour la recherche — les crédits pour la RS et le DE — et la prolongation à cinq ans de la déduction pour amortissement. Cela changerait beaucoup de choses et donnerait l'impression aux gens que nous croyons en notre économie.
Laissez-moi vous parler une minute de la SR et du DE. En ce moment même, nous obtenons ce crédit d'impôt si nous réalisons des profits. Sinon, le gouvernement nous répond qu'il n'y a rien à faire avec nous.
Pourquoi refuser de permettre un soutien à l'innovation pour les industries qui subissent une transformation? Pourquoi seulement soutenir l'innovation chez ceux qui se portent déjà bien? Et pourquoi le gouvernement, le ministre des Finances et le Canada voudraient-ils s'en laver les mains, abandonner les efforts innovants en matière de fabrication dans l'industrie forestière, de même que ces industries qui doivent trouver de nouvelles solutions pour se tirer d'embarras? Refuser de rendre remboursables les crédits d'investissement signifie qu'on parie sur notre faillite, et que nous n'obtiendrons jamais ces crédits. Nous avons besoin d'argent maintenant. Il s'agit d'argent que nous avons dépensé pour l'investissement; il nous reviendra quand nous serons rentables; et il devrait être versé sous forme de crédits remboursables pour aider les secteurs de la fabrication.
Merci.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Français]
Premièrement, je voudrais remercier le comité de m'avoir donné l'occasion de présenter et de partager nos principaux points de vue en ce qui concerne votre enquête sur les impacts de l'augmentation de la valeur du dollar canadien dans plusieurs secteurs économiques.
[Traduction]
D'abord, laissez-moi vous remercier de me donner l'occasion de comparaître pour faire connaître notre opinion dans le cadre de votre étude de l'impact de l'appréciation du dollar.
Au Canada, l'industrie du tourisme, qui a une valeur de 66,9 milliards, est directement responsable de plus de 630 000 emplois à temps plein, et emploie de façon indirecte 1,66 million de Canadiens. Ses impacts économiques se font ressentir dans toutes les régions et communautés du pays. De plus, l'industrie est une source essentielle de revenus d'impôts pour les gouvernements des trois niveaux. En 2006, on estime que 19,4 milliards de recettes fiscales ont été générées, dont 9,1 milliards pour le palier fédéral.
Il va sans dire que le secteur du tourisme canadien est fortement touché par la récente hausse de la valeur du dollar canadien par rapport au dollar américain. Plutôt ce mois-ci, l'AITC a tenu son sommet annuel du leadership touristique à Victoria, en Colombie-Britannique. Nous avons intitulé ce sommet : « Toutes couleurs unies — Renouveler le voyage américain au Canada », et le programme était axé sur la baisse significative de visites de nos voisins du sud que nous avons observée.
En cinq ans, nous avons vu la quantité de consommateurs en provenance des États-Unis baisser d'un important 34 p. 100, un chiffre est particulièrement inquiétant pour le secteur, si l'on considère que les Américains représentent 86 p. 100 des déplacements de non-résidants au Canada. De plus, cette baisse date d'avant l'appréciation historique de la valeur du dollar canadien au cours des derniers mois.
Les raisons de cette diminution du nombre d'Américains visitant le Canada ne sont pas uniquement liées au dollar. L'économie américaine globalement en récession et la hausse importante du prix de l'essence ont créé un dissuasif pour les visiteurs du Canada en voiture. Les prix de l'essence encouragent davantage d'Américains à prendre l'avion plutôt que l'automobile pour se rendre à leur destination de vacances, et les coûts relativement élevés du transport aérien au Canada créent un désavantage sur le plan des coûts, en comparaison avec les destinations intérieures des États-Unis ou le Mexique, les Caraïbes et certains pays européens.
Il y a également d'importants problèmes à nos postes frontaliers pour les Américains, comme de longues périodes d'attente et une confusion au sujet des documents nécessaires pour pouvoir retourner aux États-Unis. Ces facteurs ont contribué à modifier des habitudes de voyage qui existent depuis longtemps, tant pour les résidants du nord des États-Unis que pour ceux des provinces canadiennes.
Ces facteurs auraient tous eu un impact sur l'industrie canadienne du tourisme indépendamment de la hausse du dollar. Mais ce que nous savons, d'après nos observations des habitudes de voyage ces 25 dernières années, que le nombre de visites au Canada suit habituellement de très près — comme mon collègue Paul l'a indiqué — la valeur du dollar américain. À mesure que la valeur de la devise américaine s'élevait au cours des années 1990, le nombre de déplacements par personne à destination du Canada augmentait de plus de 45 millions. Mais au cours des quatre dernières années, à mesure que le billet vert chutait comparativement au dollar canadien, le nombre de visites par personne est tombé au niveau le plus bas en 30 ans.
La valeur plus élevée de leur dollar encouragera également les Canadiens à voyager et à dépenser leur argent touristique à l'étranger, ce qui accroîtra de plus bel notre déficit dans le secteur du tourisme. Nous mesurons ce déficit en déterminant le montant dépensé par les Canadiens à l'étranger et en le comparant au montant dépensé par les étrangers en voyage au Canada. Depuis 2002, ce déficit a crû de façon exponentielle, passant de 1,7 milliard en 2002 à 7,2 milliards actuellement. Selon ce que nous avons observé cet été et cet automne, nous pouvons seulement déduire que ce chiffre augmentera. Les chiffres publiés cette semaine par Statistique Canada ont démontré qu'en septembre, avec la valeur du dollar établie à 95 cents, les voyages avec nuitées en automobile aux États-Unis atteignaient leur niveau le plus élevé depuis 1993.
Je sais qu'il y a ici des membres qui viennent de la région de Niagara, et j'ai l'impression que demain matin, il y aura un important exode de leurs électeurs, qui traverseront le pont Rainbow Bridge pour chercher des aubaines de type « vendredi funeste ». Cela ne veut pas seulement dire que les détaillants locaux subiront un coup dur financier à une période cruciale de l'année, mais aussi que ces familles dépenseront pour de la nourriture, un hébergement et des attractions, dépenses qu"ils auraient autrement faites ici au Canada. En même temps, l'agence de tourisme de Niagara Falls nous dit avoir constaté une baisse de 16 p. 100 cette année en ce qui a trait au nombre de personnes faisant des voyages d'une journée aux États-Unis. Nous entendons le même son de cloche d'autres villes frontières comme Windsor et Victoria.
Quelles mesures pouvons-nous prendre pour nous assurer que le tourisme retombe sur ses pattes? Tout d'abord, laissez-moi souligner qu'en raison des gains en devises générés par le tourisme, cette industrie a toujours été considérée comme une industrie d'exportation. Elle est minée par la hausse du dollar de la même façon que la foresterie et le secteur manufacturier peuvent l'être. Par conséquent, nous vous enjoignons de ne pas oublier le tourisme si vous recommandez une quelconque politique d'ajustement ou d'atténuation pour contribuer à contrecarrer les effets du dollar à la hausse.
Nous pouvons également vous assurer que nous investissons suffisamment dans les infrastructures physiques aux postes frontaliers du Canada, notamment grâce à un investissement accru dans le développement de nouvelles formes d'identification faisant appel à la biométrie, telles qu'un permis de conduire perfectionné.
Afin d'aider à gérer la circulation de personnes à la frontière, nous devrions faire en sorte que l'Agence des services frontaliers du Canada surveille et évalue activement les périodes d'achalandage à la frontière dans le but de réduire les délais de traitement vécus par les visiteurs.
[Français]
On peut également faire des investissements dans nos points de passage pour leur permettre d'analyser et d'évaluer les temps d'attente à la frontière, dans le but de réduire les délais subis par nos visiteurs et aider à gérer le flux des gens qui traversent notre frontière commune.
[Traduction]
Nous devons également évaluer comment nous pourrions faire du Canada une destination plus économique par la voie aérienne. Le secteur touristique, l'économie canadienne et les citoyens canadiens bénéficieront d'autres négociations sur l'ouverture de l'espace aérien, qui auraient pour effet d'accroître la compétition et d'augmenter le nombre de voyages à destination du Canada.
J'aimerais finalement souligner qu'accorder une aide à la promotion à la Commission canadienne du tourisme serait extrêmement utile.
Merci.
:
Merci de me permettre de m'adresser à ce comité.
Le dollar canadien élevé a jeté plus d'huile sur le feu dans la situation de crise de l'industrie forestière dans le nord de l'Ontario, et cause de l'incertitude et de la crainte dans les petites collectivités du Nord.
L'économie entière du nord de l'Ontario et l'essence même de nos vies sont en danger. Bien que je représente la Ville de Hearst, cette présentation pourrait facilement être faite par Longlac, Smooth Rock Falls, Wawa, White River, Atikokan, Nippigan, des communautés du nord de l'Ontario qui ont perdu leur industrie unique de façon permanente, ou par Kapuskasing, Opasatika, Cochrane, Dryden, Kenora, Timmins, Kirkland Lake, qui font face en ce moment même à des coupures et à des mises à pied massives dans le secteur forestier.
Ma municipalité est située à une distance de 500 kilomètres de Thunder Bay, Sudbury et Sault Ste Marie, à 600 kilomètres de North Bay et à 955 kilomètres d'Ottawa et de Toronto. La plus grande partie du nord de l'Ontario située au-dessus de 50e parallèle est habitée par les premières nations qui vivent dans des collectivités isolées, généralement seulement accessibles par voie aérienne, bien que l'une d'entre elles, Moosonee, puisse être rejointe par chemin de fer.
Hearst a une population de 5 620 habitants, mais ma collectivité dessert une beaucoup plus grande zone géographique de 10 000 habitants. Le nord de l'Ontario, c'est la forêt boréale qui détient la plupart de la richesse naturelle de l'Ontario. Avec seulement 7 p. 100 de la population de l'Ontario, nous sommes des exportateurs par nécessité.
Au cours des années, les exploitations locales ont subi soit la consolidation ou la fermeture. Hearst a expérimenté une perte nette de quatre usines majeures de conversion du bois, et deux des trois exploitations récentes appartiennent maintenant à des consortiums nord-américains. L'industrie a toujours fait face au défi de survivre dans les cycles emballement-effondrement, qui sont typiques de notre économie nordique basée sur les richesses naturelles.
Cela n'est plus le cas. La situation du marché global rend la crise à laquelle nous faisons face aujourd'hui beaucoup plus sérieuse, un défi jamais vu que l'industrie forestière ne pourra surmonter sans l'implication du gouvernement. L'industrie forestière, c'est notre gagne-pain quotidien et l'énergie motrice derrière toute notre économie locale.
Trois fabricants dans la région immédiate de Hearst — Columbia Forest Products, Tembec Industries Inc. et Lecours Lumber dans la première nation de Constance Lake — employaient 765 personnes directement en 2006 et 171 dans des industries secondaires de soutien et de service. Pour ma communauté de 5 620 habitants, le secteur forestier est manifestement l'employeur majeur et affecte au moins 43 p. 100 de la population active dans son ensemble.
À Hearst, les industries Tri-Cept (Hearst) Inc. ont fermé de façon permanente leur usine de rabotage, entraînant une perte de 40 emplois en 2006. Columbia Forest Products a fermé son usine de panneaux de particules à Hearst au début du mois présent, entraînant une perte de 83 emplois. Mille deux cents mises à pied furent annoncées le 9 novembre 2007 par Buchanan Forest Products dans toutes ses exploitations, à la fois dans le nord-est et le nord-ouest de l'Ontario, Bowater à Dryden et NorBoard à Cochrane.
D'innombrables familles sont affectées, non pas parce qu'elles travaillent dans l'industrie mais parce qu'elles fournissent des biens et services au secteur forestier et à ses employés. Les travailleurs plus âgés qui travaillent en usine à Hearst n'ont aucune éducation. Ils n'ont même pas terminé leur secondaire et c'est sans aucune éducation qu'ils font face maintenant à des mises à pied.
Les valeurs immobilières, à la fois résidentielles et commerciales, s'effondrent parce que les industries majeures ferment. C'est ce à quoi nous faisons face. Nos jeunes quittent la ville. Ils s'en vont à l'extérieur pour pouvoir trouver un emploi permanent.
L'industrie du nord de l'Ontario et, conséquemment, nos collectivités du nord de l'Ontario font face aujourd'hui à leurs défis les plus difficiles. Je pense que mon voisin a fait face au facteur du dollar qui entre en jeu.
Le coût de l'électricité très élevé dans les usines de conversion du bois locales a augmenté de 10 à 12 p. 100 au cours des dernières années. Les coûts de l'essence ont augmenté en flèche, mais ces coûts ne peuvent être transmis aux consommateurs, car le marché ne peut supporter de coûts additionnels.
En ce qui a trait au transport, l'infrastructure nationale de chemins de fer dans le nord de l'Ontario est en mauvaise condition, bien que critique pour le déplacement de nos produits vers leurs marchés. Le chemin de fer Ontario Northland avait coupé la ligne qui desservait Lecours Lumber, mais le gouvernement est intervenu et on a pu sauver le chemin de fer, ainsi que des emplois des réserves des premières nations.
Les premières nations qui sont isolées dans le Grand Nord n'ont aucun accès leur permettant de se déplacer vers le Nord. Certains membres des premières nations n'ont aucune éducation ni services sociaux pour les instruire et les intégrer à notre population. Je crois que le gouvernement devrait voir à ce qu'ils aient un accès au Nord. Le Grand Nord a des ressources, et le gouvernement devrait veiller à ouvrir le Grand Nord pour sauver le Nord. Les ressources sont en place et les premières nations veulent travailler. Il faut travailler ensemble.
Merci.
:
Merci de votre question, monsieur McCallum.
Il est clair que l'industrie a été préoccupée, l'an dernier, de l'annulation du remboursement de la TPS aux visiteurs. Nous avons été encouragés de le voir remplacé aux deux tiers par une mesure visant les marchés des voyages organisés et des conférences, sous forme de Programme d'incitation aux congrès étrangers et aux voyages organisés. Ce programme est maintenant en place depuis avril 2007.
Nous avons indiqué à la ministre Ablonczy, la responsable de ce secteur, que nous serons heureux de revoir avec elle ce programme au bout d'un an, en avril 2008, et de voir s'il y a moyen d'y apporter des modifications pour améliorer sa fonction en tant que régime d'incitatifs.
La perte du programme individuel nous préoccupait. Nous l'avons fait savoir à l'époque. Beaucoup d'autres pays qui appliquent une taxe à valeur ajoutée remboursent la TVA aux gens qui visitent leur pays; mais c'est la vie.
En ce qui concerne le statut de destination approuvée, ou SDA, nous voudrions obtenir cette désignation. Nous sommes préoccupés de voir que les États-Unis sont très près de l'obtenir, et c'est un marché... Bien que le marché chinois prenne de l'expansion de façon importante sans SDA, en raison de visites à des amis ou à des parents, ou de déplacements pour affaires. Ce marché croît donc de façon importante, mais nous aimerions éventuellement être capables d'exploiter le marché des voyages organisés, comme le font les Australiens en ce moment.
Je dois avouer que les députés ont fait du bon travail ensemble. C'est une vraie démonstration de la capacité de nos Chambres de travailler de façon non partisane, intelligente et basée sur le bien-être du pays. Donc, je félicite à tous les partis à cet égard.
Deuxièmement, ce n'est pas assez. On doit agir plus rapidement. On a fait un pas dans la bonne direction, on a diminué certains impôts, mais avec la crise qui existe dans le domaine manufacturier, on a besoin d'une action plus urgente.
[Traduction]
Nous avons des gens qui se retrouvent sans emploi; dont les maisons, qui valaient auparavant 500 000 $, en valent maintenant 50 000 $. Ils ne savent pas où aller; on n'a pas le temps pour des réflexions savantes sur l'aspect économique de la question. Nous avons un rapport multipartite.
[Français]
Au moins, on doit travailler vite pour mettre en oeuvre ce rapport
[Traduction]
et la priorité est le remboursement des crédits pour la RS et le DE. Vous savez, nous avons nos entreprises maintenant qui sombreront, peu importe ce que vous dites ou faites du dollar. Elles n'y arriveront tout simplement pas. Nous en avons d'autres qui se tireront bien d'affaire. Même si elles se plaignent, et qu'elles vivent des difficultés, elles survivront. Mais au milieu, il y en a une foule qui, avec un brin d'action du Parlement en ce qui concerne une question comme la RS et le DE, pourraient entrer dans la catégorie des gagnants au lieu de celle des perdants. Ce n'est qu'une question de deux ou trois ans de lutte pour survivre à cette période de transition extrêmement difficile.
Alors, non; ce n'est pas une solution miracle pour l'ensemble d'entre eux. Il y en a parmi eux qu'on ne peut aider. La science économique n'aidera pas. Certains d'entre eux sont si habiles qu'ils survivront. Mais pourquoi laisser tomber des villes entières quand une mesure aussi clairement concurrentielle que les crédits d'impôt à la recherche et à l'innovation les aiderait à innover pour se sortir de la crise?
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Je crois certes que le maintien de la déduction pour amortissement au-delà de la date prévue, sans compter la possibilité d'en faire une mesure permanente, est assurément un pas important dans la bonne direction, et je crois que l'énoncé économique a tout au moins fait allusion à cette option .
Quant à la réduction des impôts des sociétés, comme Avrim l'a signalé, il s'agit d'une mesure appropriée qui stimule les investissements dans les entreprises. Mais il faut être rentable pour pouvoir en tirer parti, et j'estime qu'il est très important de le souligner. Cette réduction a, de toute évidence, un impact positif sur le secteur manufacturier. Mais pour certaines des industries les plus durement touchées par la hausse du dollar canadien, il faudra peut-être envisager des mesures un peu plus ciblées.
D'une manière générale, il va de soi que l'énoncé économique a été une bonne source de stimulation. En effet, il contrebalance, tout au moins dans une certaine mesure, les répercussions néfastes de la hausse du dollar sur notre PIB et, dans cette perspective, on peut dire qu'il est utile. Mais je répète que certains dossiers régionaux particuliers et certaines différences intersectorielles fort intéressantes compliqueront la tâche des gouvernements dans la recherche de politiques appropriées pour contribuer à atténuer les impacts de ce que M. Lazar, par exemple, appelle une période de transformation. J'estime important que le gouvernement prenne tout le temps nécessaire pour bien réfléchir afin de trouver des solutions efficaces et efficientes à ces problèmes, parce que les subventions ne sont généralement pas considérées comme une bonne stratégie à long terme. Nous avons également constaté d'autres formes de soutien artificiel à l'industrie, ce qui ne s'inscrit pas non plus dans une approche efficace à longue échéance.
Mais, à l'instar de M. Lazar et d'autres témoins ici présents, je pense qu'il faut surtout miser sur des stratégies susceptibles d'encourager les investissements, de favoriser l'innovation et de réduire les coûts pour faire en sorte que les entreprises manufacturières puissent demeurer concurrentielles malgré la hausse du dollar, et pour les aider au cours de cette période de transition.
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Je suis le président de l'association NEOMA, qui s'étend de Matheson à Hearst, soit sur une distance d'environ 4 heures de route. Je représente toutes les communautés du nord de l'Ontario. La façon dont fonctionne l'industrie forestière fait en sorte que chacune des communautés dépend des autres pour survivre. Les usines ont besoin l'une de l'autre, soit pour les copeaux, la poussière, etc. Tout est interrelié. Quand une usine ferme ses portes, cela déséquilibre le reste de l'industrie forestière. C'est là où c'est important.
Je pense qu'il faut que le gouvernement ait une vision différente en ce qui concerne l'industrie forestière. Cela fait deux ans que Hearst a adopté la voie verte, une vision axée sur l'environnement, l'humain et le développement économique. Je pense que le gouvernement en parle, mais il faut qu'il agisse, qu'il donne un appui aux communautés qui veulent s'ajuster.
À Hearst, on a le projet Bio-Com, qui vise à renseigner les gens sur la biotechnologie, la conversion de la biomasse à l'éthanol, le méthanol, la technologie de l'information, l'automatisation, les nouveaux procédés, les nouveaux matériaux ou un produit à valeur ajoutée. Dans notre coin de pays, on a l'habitude de faire des 2 x 4, des 2 x 6, des 2 x 8. Il faut se rajuster à la demande pour que les communautés puissent survivre à la crise.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous nos témoins pour leur présence aujourd'hui. S'il nous reste du temps, je reviendrai à M. Fenn pour lui demander ce qu'il pense de la conférence de presse très médiatisée du ministre des Finances où il a raconté à quel point il était difficile d'acheter le plus récent Harry Potter au Canada — un commentaire qui l'a mis dans l'embarras par la suite, mais nous y reviendrons.
J'espère également avoir l'occasion d'interroger Chris Jones au sujet du tourisme, mais comme ma circonscription du Nord de l'Ontario a la chance d'inclure Hearst à l'intérieur de ses 110 000 kilomètres carrés, je tiens à remercier le maire de cette ville qui a fait ce long voyage pour venir nous aider dans nos travaux aujourd'hui. Je dois préciser que le maire de Hearst est également président de la Northeastern Ontario Municipal Association, ce qui fait qu'il est fort bien placé pour nous parler d'un grand nombre de collectivités de cette région.
Il nous a mentionné différentes communautés qui vivent des périodes difficiles en raison de la crise de l'industrie forestière, et je pourrais ajouter à cette liste des villes comme Espanola, pour les pâtes et papiers; Nairn pour sa scierie qui a fermé ses portes; Thessalon, dont la scierie Midway Lumber Mills est sur le point de faire de même; et Chapleau... mais il connaît toutes ces histoires.
Supposons, monsieur Sigouin, que le gouvernement fédéral ait un programme de partenariat pour travailler avec vous et les autres collectivités de votre région. Vous avez des idées pour le développement économique. Vous souhaitez opérer la transition vers le prochain cycle de l'industrie forestière, ce qui se traduira par des changements. Vous voulez tirer parti des possibilités d'extraction de diamant dans la région de la baie James. Ce ne sont là que quelques-unes des options qui s'offrent à vous. La situation n'est pas désespérée. C'est la raison pour laquelle vous êtes ici. Il y a de l'espoir, mais des efforts de transition et de changement s'imposent. Avec les fonds fédéraux et provinciaux qui seraient ainsi injectés dans votre collectivité, pouvez-vous nous parler de quelques-unes des mesures que vous prendriez?
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Samedi dernier, nous avons commencé à échanger avec les représentants des premières nations, face à face.
[Français]
Nous, le conseil de Ville de Hearst, et le conseil de bande de Countess Lake 92 avons échangé et avons appris à nous comprendre. Je pense que nous dépendons du Grand Nord. La solution consiste à développer le Grand Nord, aller aux ressources, tout en respectant les premières nations et à ce à quoi elles font face. Il faut les aider à faire avancer les choses. Il va sûrement y avoir des hauts et des bas, mais en tant qu'élus, il faut se comprendre, se soutenir et avancer.
Aujourd'hui, certaines premières nations du Nord vont payer 8 $ pour une pinte de lait. Ces gens vivent dans des conditions inacceptables. Il faut essayer de les aider. Au bout du compte, nous allons bénéficier des ressources qui se trouvent dans le Grand Nord. Il faut travailler ensemble, respecter la culture des premières nations et aller de l'avant. Sinon, nous allons tous couler, nous serons incapables d'avancer. Je crois que les premières nations sont ouvertes à l'idée de travailler avec nous dans cette direction. Cela va très bien.
J'encourage le gouvernement à investir de l'argent dans FedNor afin de nous aider à faire avancer des projets, surtout dans les communautés en difficulté qui ont besoin d'aide. Entre-temps, il y beaucoup de bureaucratie. Je m'excuse si j'insulte certaines personnes, mais la bureaucratie est très dure. On n'avance pas. Bien souvent, nous recevons de l'argent de la province, mais le gouvernement fédéral a tendance à mettre les freins pour ne pas nous aider. Je pense qu'il faut ouvrir les portes pour avancer, pour aider le nord de l'Ontario.
:
Nous sommes entièrement d'accord avec vous. C'est très urgent; on ne peut pas attendre.
[Traduction]
C'est simplement parce que nous devons déterminer dès aujourd'hui où nous allons investir. Les décisions sont prises au jour le jour : faut-il investir au Canada ou plutôt privilégier les installations plus au Sud? Ainsi, plus nous donnons suite rapidement aux recommandations formulées par le comité sur le secteur manufacturier dans son rapport unanime, plus les investissements au Canada seront importants. On a tendance à examiner les données sur l'emploi pour évaluer la situation. C'était un bon indicateur à une certaine époque. Il faut maintenant voir où les investissements s'en vont et nous n'agirons jamais assez rapidement à ce chapitre. Il est très urgent que nous apportions ces changements.
En toute équité, le gouvernement a pris bon nombre de mesures pertinentes et nous lui en sommes fort reconnaissants. Il faut aussi penser aux répercussions de cette hausse sans précédent — l'augmentation a atteint 65 p. 100 sur une période de cinq ans, ce qui ne se produit à peu près jamais. En Allemagne, la valeur de la devise a augmenté de 10 p. 100 et le ministre des Finances déclarait déjà qu'il y avait lieu de s'inquiéter, que l'on ne pouvait pas permettre une telle fluctuation. Le grand patron de la Banque européenne a commencé à parler des répercussions sur l'industrie d'une fluctuation de 10 p. 100 de la valeur de l'euro par rapport au dollar. Il semble que nous ayons simplement laissé aller les choses, et je ne critique personne en particulier pour cette attitude. Je pense que nos économistes, peu actifs sur la scène politique, se sont croisé les bras et n'ont fait que constater la situation. Les choses devraient se passer différemment.
Je ne pense pas que le gouvernement soit impuissant face aux fluctuations du dollar. Il y a une philosophie qui guide les décisions de la Banque du Canada. C'est une philosophie basée sur la valeur nominale comme moyen de contrôle de l'inflation et un point de vue voulant que l'interventionnisme ne fonctionne pas. Cependant, lorsque M. Dodge et M. Flaherty ont exprimé leurs sérieuses inquiétudes, les spéculateurs ont saisi le message et la valeur du dollar a commencé à redescendre.
J'estime donc que nous devons agir de façon plus responsable à l'égard de notre devise, car elle est à la base de notre économie. Je ne dis pas que nous devrions fixer la valeur du dollar ou intervenir de manière à l'établir à un niveau qui ne serait pas logique du point de vue économique, mais il faut bien admettre que la vigueur économique du Canada par rapport aux États-Unis ne peut pas varier de 20 p. 100 par année. Notre productivité n'a pas augmenté suffisamment pour justifier une hausse de 20 p. 100. Pas plus que la productivité des Américains n'a diminué d'ailleurs. Les fluctuation du dollar sont le fait des spéculateurs, plutôt que des caractéristiques fondamentales de l'économie. Il va de soi que notre dollar ne devrait pas valoir 70 ¢, mais il ne devrait pas non plus grimper autant aussi rapidement. Sa valeur devrait varier en fonction de la conjoncture économique, plutôt que de l'appétit des spéculateurs.
J'aimerais poursuivre dans le même sens. On peut toujours se livrer au jeu de la politique pour essayer de savoir qui agit assez rapidement, qui n'en fait pas suffisamment, qui devrait en faire plus, et quelles mesures devrait prendre le gouvernement. C'est un gouvernement minoritaire; nous n'avons pas de majorité. Nous ne pouvons pas mettre en oeuvre toutes les solutions que nous jugeons pertinentes, car nous devons travailler de concert avec nos collègues. C'est une réalité que nous devons rappeler à l'opposition de temps à autre.
Vous avez traité de la hausse effrénée du dollar, et c'est un point très important. Chose intéressante, nous n'avons que très peu parlé de cette question, même si c'est la raison pour laquelle vous avez été convoqué ici aujourd'hui. Nous avons consacré beaucoup de temps aux recommandations concernant les mesures que nous devrions prendre pour améliorer la situation dans les différents secteurs que vous représentez. C'est à la fois intéressant et utile parce que nous tenons également nos consultations prébudgétaires.
Pour revenir à la question du dollar, sa montée irrésistible est uniquement attribuable, à mon sens, aux visées spéculatives des investisseurs. C'est ainsi que les choses se passent et on ne peut pas vraiment y faire quoi que ce soit. Lorsque la situation évolue aussi rapidement, il devient très difficile pour une organisation, et même pour un gouvernement, d'adopter une approche qui n'est pas uniquement réactive et fondée sur des solutions de fortune, pour plutôt se tourner vers des transformations fondamentales qui seront bénéfiques à long terme.
Vous avez mentionné la montée en flèche de la valeur du dollar. N'aurait-on pas raison d'affirmer que si nous souhaitons aller de l'avant, nous devons nous assurer de prendre les mesures qui s'imposent, plutôt que de concentrer nos efforts sur les problèmes qui nous apparaissent urgents?
J'aimerais bien entendre le ministre des Finances se lancer dans l'une des ses diatribes à des fins positives.
Je vais adresser ma prochaine question à M. Darby.
Nous avons l'exemple d'une situation où le ministre des Finances nous a livré l'une des ses diatribes dans un but louable, c'est-à-dire pour tenter d'exprimer ses inquiétudes quant à la volatilité du dollar canadien. Bien évidemment, le gouverneur de la Banque du Canada s'est également servi de son pouvoir de persuasion de manière responsable en essayant de faire baisser la valeur du dollar, ou de lui insuffler une certaine stabilité.
Monsieur Darby, presque tous les témoins provenant de la sphère économique affirment que nous disposons d'une marge de manoeuvre suffisante pour que la Banque du Canada réduise les taux d'intérêt. Je présume que vos êtes du même avis, mais je ne sais pas si vous pourriez me dire, d'un point de vue économique, en quoi une réduction des taux d'intérêt pourrait aider, par exemple, le secteur de M. Lazar ou les autres industries, et quels seraient les impacts sur l'inflation d'une telle décision de la Banque du Canada?
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Merci. C'est une bonne question.
En guise de contexte, je vous dirais que le Canada a conclu jusqu'à maintenant deux ententes relativement à l'ouverture des espaces aériens; les États-Unis en ont environ 70. Nous venons d'amorcer la négociation d'un nouvel accord avec l'Union européenne.
Il serait extrêmement avantageux pour notre industrie de pouvoir compter sur un plus large éventail de destinations étrangères reliées au Canada, une plus vaste gamme d'options de vols et de tarifs et un plus grand nombre de compagnies aériennes. Du point de vue du Canada, plus il y en a, mieux c'est. De nombreux marchés canadiens, de Terre-Neuve jusqu'à la Colombie-Britannique, signalent un manque de ponts aériens et de capacité de vol pour l'entrée de visiteurs au Canada. Les accords semblables sont extrêmement utiles et nous devons encourager les responsables de Transports Canada à en négocier encore plus.
Si vous me laissez encore quelques secondes, je vous dirai que le plus important problème réside dans le coût structurel de l'aviation au Canada qui constitue un frein important aux déplacements, tant par les Canadiens à l'intérieur du pays que par les étrangers. Les loyers des aéroports, les droits pour la sécurité des passagers du transport aérien et un ensemble d'autres droits et frais ont pour effet combiné de faire de l'aéroport Pearson le plus dispendieux au monde pour faire atterrir un avion, selon l'IATA. L'impact est dévastateur pour le tourisme, l'industrie du congrès et toutes ces activités qui ont besoin de Pearson comme porte d'entrée pour les étrangers. Toute mesure visant à réduire les coûts structurels de l'aviation au Canada serait donc fort bien accueillie par notre industrie.
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Je ferai de mon mieux, monsieur le président. Merci.
Je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître devant votre comité pour discuter de l'incidence de l'appréciation du dollar canadien sur notre économie. Il me semble qu'il y a à peine quelques années, nous nous inquiétions de la faiblesse de notre dollar. Cette faiblesse était attribuable, entre autres, à notre situation financière précaire et au bas cours des produits de base. Nous nous plaignions que celle-ci nuisait à notre productivité, ajoutait aux pressions inflationnistes, et nous rendait vulnérables aux prises de contrôle étrangères. Quand j'y pense aujourd'hui, je me remémore le vieil adage : méfiez-vous de ce que vous souhaitez.
Une monnaie forte présente tout de même de nombreux avantages. Les consommateurs paient moins cher les produits importés des États-Unis. Si le dollar se maintient à un niveau élevé, les prix continueront de diminuer à mesure que les produits entreront sur le marché. Les entreprises peuvent aussi tirer profit de la force du dollar. Étant donné que les prix à l'importation sont à la baisse, il est plus rentable d'investir dans l'achat de machinerie et d'équipement importés, que nous fournissent, en grande partie, nos voisins du Sud. La pression à la baisse exercée sur les coûts pour les entreprises et les consommateurs rend plus facile, pour la Banque du Canada, de justifier les bas taux d'intérêt, ce qui, évidemment, profite aux entreprises et aux familles.
Toutefois, ne vous méprenez-pas, la valeur actuelle de notre dollar et l'incroyable rapidité de son appréciation posent de réels problèmes pour notre économie. Dans le secteur des ressources, le resserrement du marché de la main-d'oeuvre a une incidence à la hausse sur les coûts du dollar canadien même si le taux de change qui nous est favorable atténue grandement la montée des cours mondiaux des produits de base exprimés en dollars américains. Le secteur manufacturier a déjà dû supprimer des centaines de milliers d'emplois, et ce n'est qu'un début.
Les exportateurs de services sont aussi durement touchés puisqu'ils doivent payer en argent canadien, ce qui représente leur plus gros poste de dépenses. Cela comprend l'industrie touristique, d'une importance vitale, qui subit les conséquences de la flambée du dollar et des exigences plus sévères en matière de sécurité, actuelles et prévues, à la frontière américaine.
À l'avenir, le plus gros risque réside dans les causes de la dépréciation du dollar américain, non seulement par rapport au nôtre, mais aussi par rapport à toutes les grandes devises. Les États-Unis accusent d'énormes déficits budgétaires, commerciaux et courants; une situation dont le Canada se souvient très bien. Le véritable danger, c'est que ces facteurs négatifs, amplifiés ces derniers mois par la crise sur les marchés financiers et hypothécaires aux États-Unis, pourraient plonger ce pays dans une récession. Le déclin de notre principal marché d'exportation aggraverait certainement les dommages déjà causés par la chute du dollar américain.
Mais, le pire dans tout cela, ce n'est pas le niveau absolu de notre dollar par rapport au billet vert, mais plutôt la vitesse et la volatilité des fluctuations. Avec le temps, les entreprises canadiennes pourront absorber la hausse du dollar, soit en déménageant soit en achetant à l'étranger, soit en investissant dans de nouvelles technologies, ici au Canada, qui offrent une meilleure qualité à un coût moindre. Je privilégierais la dernière solution.
En revanche, ce type d'investissements ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut du temps pour développer de nouvelles technologies, les acheter puis les mettre en place. Récemment, lorsque le dollar a atteint un sommet pour s'établir à 1,10 $, il avait enregistré une hausse incroyable de 29 p. 100 depuis le début de l'année — et de 74 p. 100 par rapport aux cinq dernières années. Même si les entreprises investissent de manière audacieuse, elles ne pourront pas composer avec la rapidité des mouvements.
Il faut reconnaître que, jusqu'à présent, le Canada a remarquablement bien réussi à remplacer les emplois perdus dans le secteur manufacturier. Certaines études révèlent même que les nouveaux emplois créés sont meilleurs. Toutefois, je dirais qu'une telle performance ne peut pas durer indéfiniment face à la montée du dollar canadien et à une économie américaine chancelante.
Ce que les gouvernements peuvent et doivent absolument faire, c'est aider les entreprises à intensifier leurs investissements, lesquels sont nécessaires si nous voulons continuer à créer des emplois dans ce pays.
Les gouvernements fédéraux qui se sont succédés ont fait du bon travail en réduisant progressivement le taux de l'impôt fédéral des sociétés prévu par la loi. Mais vu les délais associés aux grands investissements de capitaux, à mon avis, le gouvernement fédéral devrait prolonger la déduction pour amortissement accéléré, comme il l’a annoncé dans le dernier budget, ce qui permettrait aux manufacturiers d’amortir leurs investissements en équipements plus rapidement. Il devrait également envisager de soutenir les moteurs de l’innovation, notamment par un crédit d’impôt pour le développement expérimental et la recherche scientifique.
Même s’il est bien d’encourager les investissements des entreprises par le biais du régime fiscal, nous devons néanmoins savoir quoi faire lorsque les entreprises ne réalisent aucun profit imposable et comment nous assurer que nos mesures incitatives seront efficaces.
Dans tous les cas, l’aide sur le plan fiscal ne doit pas venir uniquement du gouvernement fédéral; les gouvernements provinciaux doivent aussi collaborer. Il est très urgent d'agir, particulièrement au coeur du secteur manufacturier du pays : l’Ontario, qui affiche actuellement l’un des taux d’imposition réels les plus élevés sur les nouveaux investissements du monde industrialisé. Les provinces réduisent progressivement l’impôt sur le capital — ce qui est une bonne chose —, mais la prochaine étape importante doit viser l’Ontario, la Colombie Britannique et les autres provinces qui perçoivent encore une taxe de vente sur les intrants d’entreprises. Ces dernières devraient plutôt prélever une taxe sur la valeur ajoutée, de préférence harmonisée, semblable à la taxe fédérale sur les produits et services. Les gouvernements provinciaux devraient également éliminer rapidement leur impôt sur le capital et faire des efforts pour réduire le taux d’imposition des sociétés.
Si les gouvernements veulent assurer la croissance économique du pays, alors que notre plus grand marché traverse une importante crise, ils ne doivent pas seulement s’attaquer à la politique fiscale, mais bien à toutes les politiques qui font augmenter inutilement les coûts d'exploitation.
Le gouvernement fédéral doit se conformer à l’initiative de la réglementation intelligente, en réduisant de 20 p. 100 le fardeau réglementaire pesant sur les entreprises canadiennes. Les gouvernements fédéral et provinciaux doivent continuer de lever les obstacles à la circulation des biens, des personnes et des investissements à nos frontières provinciales — et aussi s’assurer qu’on atteigne les autres objectifs importants, par exemple en ce qui a trait aux changements climatiques —, de façon à accroître la compétitivité du Canada et non pas le contraire.
J’aimerais ajouter, monsieur le président, que le Canada doit veiller à ce que les personnes et les marchandises franchissent librement les frontières du pays. Pour ce faire, il faut investir massivement dans les transports et les infrastructures transfrontalières, et il n'en est que plus important d’accroître l’efficacité de l’économie nord-américaine, en particulier en s’assurant que la frontière canado-américaine demeure ouverte et organisée. Des services frontaliers efficaces sont essentiels pour que les entreprises canadiennes puissent continuer à livrer concurrence aux entreprises étrangères. En outre, la combinaison possible d’une frontière trop axée sur la sécurité et restrictive et d’un dollar canadien fort encourage les entreprises à investir aux États-Unis plutôt qu’au Canada.
J’admets que les recommandations visant à réduire l’impôt sur les investissements, à simplifier la réglementation et à assurer une bonne circulation à la frontière canado-américaine ne datent pas d’hier. Elles s’appliquaient même lorsque le dollar était faible. Ce que j’aimerais vous dire aujourd’hui, monsieur le président, c’est que ces solutions sont non seulement plus pertinentes dans le contexte actuel, mais elles sont devenues une nécessité, étant donné l’envolée rapide du dollar.
Merci, monsieur le président.
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Je remercie d'abord les membres de ce comité d'avoir accepté d'entendre nos propos sur la situation et sur les effets de l'appréciation du dollar canadien par rapport au dollar américain plus particulièrement, mais aussi, plus largement, par rapport à d'autres devises du monde.
La plupart d'entre vous connaissez notre organisation, l'Union des producteurs agricoles. Cette organisation représente les producteurs agricoles et forestiers du Québec. Du côté agricole, nous comptons 43 000 agriculteurs regroupés dans une trentaine de milliers fermes partout au Québec, avec un chiffre d'affaires de vente à la ferme de 6,2 milliards de dollars.
Le secteur forestier, que nous représentons par l'entremise de la Fédération des Producteurs de Bois du Québec, compte 130 000 propriétaires de forêts privées dont la mise en marché de produits forestiers représente 20 p. 100 de l'approvisionnement des usines du Québec. Il s'agit donc de presque 30 000 emplois directs sur ces superficies forestières, sans parler des effets d'entraînement dans les secteurs de la transformation.
D'entrée de jeu, nous tenons à souligner que l'appréciation relative du dollar canadien par rapport au dollar américain génère des effets sans précédent qui déstructurent notre secteur d'activité. L'ampleur et la rapidité de la hausse de notre devise nationale — près de 30 p. 100 d'appréciation par rapport au dollar américain en deux ans seulement — est liée en très grande partie à la hausse du baril de pétrole. À cet effet, j'ai inclus un graphique qui illustre cette variation. La hausse du coût de l'énergie et la difficulté de mise en marché augmentent nos coûts de production. Ce changement structurel et quasi instantané a eu pour effet de réduire grandement la compétitivité des filières agricole et forestière québécoises.
Comme la politique monétaire est de compétence fédérale, il nous apparaît essentiel que le gouvernement du Canada assume son leadership en introduisant des mesures d'accompagnement à notre secteur qui traverse cette crise.
Lors de la rencontre des ministres de l'Agriculture, les 16 et 17 novembre derniers à Toronto, l'industrie a illustré les effets néfastes de la hausse du taux de change sur le secteur agricole, notamment dans le secteur des viandes, et cela a occupé une partie très importante de la discussion des ministres de l'Agriculture.
Voici plusieurs répercussions de l'appréciation du dollar canadien par rapport au dollar américain : l'impact sur le revenu des producteurs; la baisse des prix du marché; les pertes de marchés; la hausse des importations sur nos marchés; la baisse de nos exportations — particulièrement celles du secteur forestier qui, dans son ensemble, subit un dur coup —; et l'inefficacité des mesures canadiennes pour pallier cette crise, tant forestière qu'agricole.
Vous devez savoir que dans le secteur agricole, la plupart des prix de nos denrées agricoles sont fixées d'après le Chicago Exchange, qu'il s'agisse des céréales, du boeuf, du porc ou de certains produits maraîchers. Tout ce qui se répercute sur cette bourse a un effet sur le marché canadien, une fois le taux de change appliqué.
Pour le seul secteur porcin québécois, cela représente un manque à gagner net de près de 200 millions de dollars, seulement pour l'année 2007. Si je fais le même calcul à l'échelle du Canada, ce montant est de l'ordre de 600 millions de dollars de pertes de revenus pour l'ensemble du secteur de la production canadienne de porc. Lorsque je parle de production, cela ne comprend pas l'abattage. Vous savez que c'est notre deuxième exportation agricole en importance, et parfois notre première. C'est donc un coup extrêmement dur.
Cela a aussi un impact sur le marché intérieur. La baisse substantielle de la valeur du dollar américain rend ces mêmes denrées très attrayantes sur le marché canadien parce qu'elles sont maintenant offertes ici à des prix beaucoup plus bas que les nôtres. Cela crée un effet de substitution sur nos propres marchés.
Par ailleurs, sur les marchés d'exportation autres que ceux des États-Unis, où nous sommes en compétition avec les produits américains, ceux-ci nous font une rude concurrence et nous font perdre des marchés d'exportation.
Selon une étude d'une université américaine, chaque fois que le dollar canadien s'apprécie de 1 p. 100, 0,2 p. 100 de nos exportations vers les États-Unis disparaissent à court terme et, à moyen terme, 0,5 de 1 p. 100 de nos exportations disparaissent. Il ne faut donc pas minimiser l'impact à moyen terme de ce qui est en train de se produire. Ce que l'on voit à court terme n'est que la pointe de l'impact total que cela pourrait représenter. L'Impact se situera entre 1,5 milliard de dollars et 4 milliards de dollars à la ferme au cours des prochaines années.
Dans le secteur forestier, 66 usines ont fermé leurs portes au Québec. Des producteurs de la Gaspésie, du Bas-Saint-Laurent, de l'Abitibi-Témiscamingue n'ont aucun canal de mise en marché, à cause de l'impact de la valeur dollar canadien sur nos exportations.
À l'occasion de cette séance du comité, nous faisons aujourd'hui quatre demandes : mettre en place un plan d'action d'urgence pour pallier les effets néfastes de la valeur du dollar canadien; donner suite à l'initiative de M. Charest, premier ministre du Québec, de tenir dans les plus brefs délais un forum entre les premiers ministres provinciaux et le premier ministre du Canada; mettre rapidement en place, en lien avec la récente rencontre des ministres de l'Agriculture, des mesures pour les secteurs porcin, bovin et maraîcher, car en plus nous sommes en train de perdre nos abattages, qui s'en vont de plus en plus vers les États-Unis; mettre en place, tel que demandé par la Fédération canadienne de l'agriculture, un programme agri-flexibilité permettant aux provinces d'accéder à du financement fédéral pour des programmes provinciaux.
Merci de votre attention.
:
Je ne me suis pas vraiment préparé aujourd'hui car je ne savais pas de quoi nous allions parler, mais comme c'est un dossier que je connais particulièrement bien, je ne pense pas avoir trop de problèmes.
Il y a environ trois ans, j'ai rencontré M. Dodge et je lui ai dit que la valeur du dollar avait déjà augmenté considérablement. Dans un pays où le tiers du produit brut dépend des États-Unis et où 85 p. 100 des exportations sont destinées aux Américains, on ne peut pas se permettre de traverser, tous les 20 ans, une période où le secteur des produits de base se porte bien et où l'industrie manufacturière tire littéralement le diable par la queue. Toutes nos usines de fabrication pâtissent de la force du dollar et, si le taux de change se maintient à un niveau élevé, elles devront soit déclarer faillite, soit déménager.
Je lui ai dit, à ce moment-là, que l'inflation était un facteur, mais que, pour un pays aussi dépendant d'un autre, le taux de change avait une incidence énorme.
Même vos députés des partis les plus socialistes diraient que si vous aviez haussé vos salaires de 29 p. 100 en un an — comme nous l'avons fait cette année en raison du taux de change entre le Canada et les États-Unis — et de 74 p. 100 sur une période de quatre ans, les syndicats seraient intervenus. Je ne peux pas concevoir que des entreprises en soient capables sans courir le risque de faire faillite.
Jusqu'à tout récemment, j'étais directeur de Canfor, la plus grande scierie au Canada. Même si je ne siège plus au conseil d'administration, je peux vous dire qu'à l'heure actuelle, toutes les scieries au Canada perdent de l'argent à cause du taux de change, malgré le fait que nous ayons investi des centaines de millions de dollars dans l'achat de nouveaux équipements lorsque nous en avions les moyens.
On nous dit très souvent que c'est le moment d'investir, mais si vous êtes au bord de la faillite et que le dollar continue de s'apprécier, je vous répondrais que ce serait gaspiller de l'argent. Tant qu'à faire faillite, aussi bien investir son argent ailleurs plutôt que d'injecter des capitaux dans l'entreprise.
Un pays qui entretient une relation aussi étroite avec un autre, comme le Canada avec les États-Unis — et je pense à long terme —, aura beaucoup de difficulté à attirer des investisseurs dans le secteur manufacturier, puisque ces 60 dernières années, soit depuis la Seconde Guerre mondiale, nous essayons de développer cette industrie. Toutefois, d'après ce qu'on a pu voir au cours des dernières années, celle-ci a été complètement démembrée.
Si le taux de change se maintient à son niveau actuel, je pense que l'industrie des produits forestiers fera faillite, entraînant d'énormes pertes d'emplois. Quand on sait qu'un million de personnes sur 30 sont tributaires de la forêt, imaginez les ravages que cela causerait dans les villes qui dépendent des scieries, surtout dans des provinces comme la Colombie-Britannique, où il faut rivaliser avec les salaires offerts en Alberta.
Si on regarde le Canada, particulièrement le coeur du pays, où il n'y a pas de production pétrolière, on se rend compte que ce sont environ les 70 000 habitants de Fort McMurray, c'est-à-dire une goutte d'eau dans l'océan, qui sont le moteur de l'industrie pétrolière.
À l'heure actuelle, le forage classique du pétrole est quasi inexistant en Alberta, et on n'y retrouvera bientôt plus de grandes réserves. Compte tenu de l'écart entre les prix du gaz et du pétrole à l'échelle internationale, pour ce qui est du forage gazier — et c'est ce que fait la province, mis à part Fort McMurray et les sables bitumineux —, il y a très peu d'activités, et celles-ci ont beaucoup diminué par rapport à l'année dernière. Par conséquent, c'est cette goutte d'eau qui fait monter le niveau du dollar.
L'autre chose qui a eu une grande incidence au cours des derniers mois, c'est le fait que nous ayons laissé certaines de nos plus grandes entreprises passer aux mains d'intérêts étrangers. Je pense que la récente poussée du dollar, qui a atteint 1,10 $, était en partie attribuable à la conversion de la valeur d'Alcan en dollars canadiens. Notre firme a estimé que cette transaction à elle seule représentait environ 20 milliards de dollars.
Si BCE en fait autant, les investisseurs américains associés à Teachers nous permettront probablement d'engranger 20 milliards de dollars de plus.
En Alberta, l'exploitation excessive des sables bitumineux me rappelle ce qui s'est produit pendant le boom de l'uranium, il y a 40 ans, en Ontario. Toutes ces entreprises devront assumer des coûts énormes, beaucoup plus élevés que si elles avaient exploité seulement les gisements prévus au départ.
À mon avis, le Canada ne peut pas se permettre d'avoir un dollar aussi flottant, et je pense que nous devrions sérieusement envisager d'adopter une monnaie continentale, comme en Europe. Nous devrions nous pencher là-dessus, évidemment pas au taux actuel, mais à un taux moyen.
Malgré tout, il faut garder à l'esprit que dans un pays aussi froid et éloigné que le Canada, il y a un problème de productivité. Notre productivité continuera de croître à un rythme moins rapide qu'aux États-Unis.
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Il y a pas mal de pays où la monnaie est liée au dollar américain. Si on regarde ce qu'a fait la Chine, on constate qu'elle a lié le yuan au dollar américain. Il y a de petits ajustements à faire, mais je crois qu'on pourrait faire la même chose avec le dollar canadien. On pourrait avoir 5 p. 100 de chaque côté d'une valeur qui serait logique pour le dollar canadien, qui se chiffre autour de 80 ¢, d'après moi. Le dollar peut monter de 5 p. 100 d'un côté ou de l'autre selon la période dans laquelle on se trouve. Je trouverais cela acceptable.
Or, si on considère le succès de la Chine, on constate qu'il est attribuable au fait qu'elle a lié sa monnaie à la monnaie américaine. Beaucoup d'autres pays, dont l'Arabie Saoudite, ont lié leur devise de la même façon au dollar américain.
Dans notre cas, bien qu'un tiers de notre produit brut soit lié aux Américains et que 85 p. 100 de nos exportations vont là-bas, tout ce qu'on fait aujourd'hui c'est d'accepter de devenir des [Note de la rédaction: inaudible] à cause des Américains. En fait, les Américains importent les industries canadiennes aux États-Unis, et les nôtres font faillite. C'est tout simple. En anglais, on dirait:
[Traduction]
qu'ils sont en train de nous réduire à la pauvreté.
[Français]
C'est quelque chose dont on parlait déjà lors de la Grande Dépression des années 1930. D'après moi, il faut en arriver à une solution où on adopterait la monnaie américaine pour le continent entier ou une marge de 5 p. 100 d'un côté ou de l'autre d'une monnaie dont la valeur répondrait à la valeur du produit brut réel du pays comparativement à celle de l'autre.
Toutefois, ce qui se passe aujourd'hui, c'est qu'on perd des revenus énormes, des taxes et des profits. Même le pétrole se vend aujourd'hui, en comparaison avec son prix d'il y a cinq ans, à 50 $ au lieu de 95 $.
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C'est une question à laquelle nos membres ont beaucoup réfléchi au cours des six derniers mois en particulier et il y a quelques mois, nous avons énoncé une série de principes qui décrivaient essentiellement ce que nous estimions être la voie d'avenir, un cadre si vous préférez, qui nous permettrait d'accomplir de réels progrès en tant que pays sur le plan des changements climatiques tout en permettant à notre économie de croître, plutôt que d'aggraver les problèmes de croissance.
Un des éléments clés était de comprendre l'importance, si nous souhaitons vraiment réduire considérablement nos émissions de gaz à effet de serre, de mettre au point de nouvelles technologies et de les mettre en place au niveau tant du consommateur que des entreprises. Voilà ce qui serait très avantageux en termes de production.
Toutefois, en ce qui concerne votre première question, je signale que le cycle de recherche peut être très long et il faut faire en sorte d'abord que la politique gouvernementale reconnaît l'importance des améliorations technologiques pour relever le défi environnemental et, ensuite, que la politique économique, le cadre commercial, favorise cette recherche.
Avec votre permission, simplement sur le plan des crédits d'impôt à la recherche scientifique, monsieur le président, une des importantes suggestions à court terme est de rendre ces crédits remboursables aux entreprises qui ne sont pas rentables, mais qui aimeraient faire l'investissement. Nous travaillons actuellement de concert avec Industrie Canada, dans le cadre d'une étude mixte, à mieux comprendre comment ce crédit d'impôt et d'autres incitatifs à l'innovation pourraient être bonifiés.
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J'ai été consulté par Paul Tellier, administrateur à la fois de BCE et d'Alcan, avant leurs prises de contrôle. Il avait les données d'Alcan et de BCE et, ensemble, nous avons estimé que chaque prise de contrôle représenterait quelque 20 milliards de dollars d'actions détenues par des Canadiens. C'est pourquoi j'ai affirmé que l'Alcan, à elle seule, représentait 20 milliards de dollars.
De plus, les sables bitumineux rapportent des montants faramineux qui sont, comme je l'ai dit, engrangés en toute inefficacité et vont être largement surdépensés. Les coûts des entreprises vont être tels que leur rentabilité sera négligeable à moins que le cours du pétrole ne demeure très élevé. Son niveau élevé a rapporté énormément d'argent.
Il existe de nombreuses autres petites entreprises au Canada qui ont fait l'objet de prises de contrôle étrangères. Nous avons été engagés dans celle de Ciment St-Laurent, à cet égard, et ainsi de suite.
Je n'accorde pas beaucoup de foi à l'idée de vendre toutes nos entreprises canadiennes. Déjà, 80 p. 100 de notre bourse des valeurs mobilières est soit cyclique ou composée de valeurs dans le domaine des matières brutes et des finances — j'ai bien dit 80 p. 100. Ce n'est pas là une bourse sur laquelle on peut bien se diversifier pour pouvoir investir.
Je ne suis pas en faveur des subventions, mais dès le début, il faudra trouver une solution à long terme au lien entre notre devise et celle des États-Unis, parce que nous sommes si étroitement liés à ce marché et que nous ne pouvons pas nous permettre de retourner à une devise de 62 ¢ ou de demeurer au niveau actuel. Si nous persistons, nous allons tout détruire au Canada.
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Merci, monsieur le président. Je vais essayer d'être bref, car je veux céder la parole à mon collègue.
Monsieur Jarislowsky, ces consultations prébudgétaires nous donnent, bien sûr, l'occasion de discuter de la poussée rapide du dollar canadien. Toutefois, il y a un autre sujet qui, à notre avis, et aux dires du ministre des Finances... Le Canada est le seul pays industrialisé à ne pas avoir de commission des valeurs mobilières unique. Vous avez laissé entendre, dans le passé, qu'une commission unique dotée de pouvoirs réels serait mieux à même de protéger les investisseurs canadiens que les nombreux organismes de réglementation provinciaux ou territoriaux qui n'ont pas... ou encore, vu sous cet angle, d'intenter des poursuites contre certaines personnes, à tout le moins dans les secteurs sous compétence fédérale. Vous avez également dit, dans un discours, que les treize commissions de valeurs mobilières ne font essentiellement que remplir des formulaires et percevoir des frais. Je vous vois sourire. C'est bien.
Concernant l'organisme réglementaire national, nous avons, à l'instar du ministre des Finances, discuté de la possibilité de créer une commission pancanadienne qui serait munie de certains pouvoirs et qui veillerait à mettre en place des mesures de réglementation adéquates.
Pouvez-vous nous donner votre avis là-dessus?
Les discussions ont surtout porté sur la valeur du dollar. Certains ont proposé des stratégies pour s'adapter à la hausse du dollar. La plupart tournent autour de la déduction pour amortissement accéléré et du programme de la recherche scientifique et du développement expérimental.
Or, selon M. McCallum, le gouvernement ne peut rien faire pour stopper la hausse du dollar. M. Lazar, lui, a laissé entendre, plus tôt, que le gouvernement pouvait prendre des mesures pour réduire la valeur du dollar canadien. M. Jarislowsky, bien entendu, a proposé que l'on aligne la valeur du dollar canadien sur celle du dollar américain, ou encore que l'on adopte une monnaie nord-américaine commune.
Monsieur Stewart-Patterson, nous n'avons pas encore entendu votre opinion là-dessus. Pouvez-vous nous dire si, à votre avis, le gouvernement peut intervenir pour freiner la montée du dollar? Si oui, pourquoi le ferait-il, et quel genre de mesures devrait-il prendre?
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Si vous me le permettez, je vais commenter les deux points que vous avez soulevés.
D'abord, le gouvernement ne peut dire à la Banque du Canada comment agir. Le gouvernement peut intervenir non pas du côté de la politique monétaire, mais plutôt du côté de la politique fiscale. Il possède toutes sortes de leviers qui lui permettent non pas de changer la valeur du dollar, mais d'aider les entreprises à s'adapter, à conserver les emplois existants et à en créer de nouveaux dans les collectivités canadiennes, et ce, malgré les variations que connaît le dollar d'une journée à l'autre, d'une année à l'autre.
Il y a certains outils qui seraient plus utiles à court terme. Je songe au remboursement des crédits d'impôt, comme, par exemple, les crédits d'impôt pour la recherche. Les mesures visant à accélérer la passation en charges en est un autre. Ce sont-là des solutions qui peuvent être efficaces à court terme.
À plus long terme, je crois qu'il faut maintenir le cap de la politique fiscale. Je crois que le gouvernement a accompli beaucoup à cet égard. Le gouvernement précédent avait déjà posé certains jalons, surtout pour ce qui est des taux d'imposition des sociétés, et il faut le reconnaître. Je suis content de voir que tous les partis s'entendent pour dire que les taux d'imposition élevés ne présentent aucun avantage, que les taux plus faibles génèrent en fait davantage de recettes fiscales pour le gouvernement.
Donc, il est important d'utiliser les leviers que possèdent les gouvernements, que ce soit sur le plan fiscal ou réglementaire, comme je l'ai déjà mentionné. Il faut voir quels outils vont le plus contribuer à réduire les coûts des entreprises ou à accélérer le mouvement des biens. Le nombre d'années qu'ont demandé — et ce n'est pas fini — les négociations pour la construction d'un deuxième pont entre Détroit et Windsor, où transitent 20 p. 100 de nos exportations... Je ne comprends vraiment pas pourquoi les choses n'ont pas avancé plus rapidement. Le gouvernement a clairement un rôle à jouer à ce chapitre. Toutefois, il ne peut agir seul.
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Il ne fait absolument aucun doute que les Canadiens investissent dans leurs entreprises. Le groupe que je représente investit dans des sociétés canadiennes. Il investit aussi beaucoup dans des entreprises étrangères, car les nombreuses industries dans lesquelles nous aimons investir sont plutôt rares au Canada.
Dans le cas d'Alcan, pendant des années, la gestion de l'entreprise a laissé à désirer. Les étrangers en ont grandement profité en raison des économies d'échelle qu'ils pouvaient réaliser entre leurs opérations et Alcan, ainsi de suite, ce que ne pouvait faire une société canadienne à elle seule.
Je ne suis pas contre les prises de contrôle de manière générale. Je suis toutefois contre les mainmises qui surviennent dans une certaine conjoncture, comme cela s'est produit récemment. Si une prise de contrôle a pour effet d'entraîner la fermeture de grands pans d'activité de notre économie et de détruire un capital pendant des années, de façon semi-permanente ou permanente, il faut à ce moment-là mettre un terme à ce genre d'opération.
Par ailleurs, de nombreux pays auraient refusé que des intérêts étrangers prennent le contrôle, comme cela a été le cas ici, de presque toutes les grandes compagnies minières, sauf une, qui ne pouvait faire l'objet d'une mainmise, car elle offrait des actions à vote multiple.