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Monsieur le président et messieurs, dames du comité des finances, je vous remercie.
Je m'appelle Murray Candlish. Je suis un agriculteur à la semi-retraite de Daysland, en Alberta. Mon épouse, Cindy, et moi avions 350 000 dollars investis dans du papier commercial adossé à des actifs qui a été bloqué en août dernier. Ces investissements représentent tous nos économies des 28 dernières années. Ils étaient composés du produit de la vente de notre ferme et de notre machinerie agricole, d'un legs de ma mère, d'un cadeau du père de Cindy et des sous que nous avons épargné de peine et de misère pendant de nombreuses années.
Les agriculteurs n'ont pas de régime de pension sur lequel compter pour leurs vieux jours, et nous tentions ainsi de nous constituer une épargne avec laquelle nous pourrions aider nos enfants et avoir une retraite décente. Il n'a pas été facile pour nous d'épargner. Nous avons dû nous priver et travailler très fort.
C'est en juin 2006 que nous avons commencé à faire affaire avec un conseiller en investissement que nous avait recommandé le directeur de notre coopérative de crédit auquel nous faisions énormément confiance. Nous avons placé notre épargne dans un fonds commun de placement, qui, selon lui, nous convenait. Au cours des cinq mois qui ont suivi, nous avons perdu 30 000 dollars. Ces pertes nous mettaient très mal à l'aise et nous craignions d'en perdre plus. Nous avons demandé à notre conseiller en investissement de sortir notre épargne du fonds commun et de la verser dans un compte d'épargne très sûr. Il a recommandé un placement de 90 jours dans SIT Trust, dont la cote était triple A.
Je lui ai demandé quels étaient les actifs de ce fonds. Après l'expérience que nous venions de vivre avec les fonds communs, j'hésitais un peu. Il m'a répondu qu'il l'ignorait, mais... et je cite —: « si ces fonds font faillite, c'est que tout le système bancaire du Canada se sera effondré ». C'est cette affirmation qui m'a convaincu de placer notre épargne dans ce que nous savons désormais être du papier commercial adossé à des actifs.
De 2006 à août 2007, tout allait bien. Notre conseiller en placements nous a dit que nos fonds étaient bloqués, mais qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter, que tout irait bien. Nous voilà en avril 2008, et nous savons que tout ne va pas bien. En fait, tout a très mal tourné. Les économies d'une vie ne valent peut-être plus que la moitié de leur valeur initiale, au mieux.
Je n'oublierai jamais ce que nous avons vécu au cours des huit derniers mois. Tous nos rêves s'estompent à mesure que baisse la valeur de nos économies. Nous avons toujours promis à nos enfants que nous leur donnerions un coup de pouce durant les premières années de leur vie adulte, par exemple en subventionnant leurs études et peut-être en les aidant à faire un dépôt à l'achat de leur première maison.
Ma femme a travaillé fort toute sa vie. Elle a élevé nos trois enfants tout en travaillant à mes côtés sur la ferme. Actuellement, elle travaille dans un établissement de soins infirmiers. Elle ne mérite pas de voir ses rêves s'effondrer ainsi.
Au début, nous étions en état de choc. Comment était-ce possible, alors que nous avions placé notre argent dans un compte d'épargne aussi fiable qu'un certificat de placement garanti?
Les jours ont filé, et nous attendions, d'échéance en échéance, seulement pour être déçus de voir une autre échéance fixée et, en mars, des bruits ont commencé à courir selon lesquels ce papier que nous détenions pourrait avoir une valeur très réduite. C'est alors que j'ai décidé de passer à l'action et de faire ce que je pouvais pour récupérer notre épargne.
Au cours du dernier mois, je puis honnêtement dire que j'ai reçu au moins 300 courriels et quelques centaines d'appels téléphoniques, dont un bon nombre venaient de personnes comme moi. Les histoires qu'elles m'ont racontées diffèrent légèrement, mais elles finissent toutes de la même façon. J'en avais des serrements de coeur.
Messieurs, dames du comité des finances, je vous supplie d'aider les particuliers qui ont investi dans cette lutte pour récupérer ce qui leur appartient. Si les particuliers sont coupables de quoi que ce soit, c'est d'avoir fait cru à l'intégrité du secteur bancaire canadien.
Je vous remercie.
Je m'appelle Larry Elford et je viens de Lethbridge, en Alberta. J'ai travaillé dans le secteur financier pendant 20 ans. Pendant ma carrière, j'ai acquis les titres de planificateur financier accrédité, de directeur des placements agréé et de membre de l'Institut canadien des valeurs mobilières, de même que de gestionnaire associé de portefeuille.
J'aimerais remercier votre comité d'avoir braqué les feux sur certains problèmes sous-jacents qui permettent d'exploiter financièrement des Canadiens. Le secteur du commerce des valeurs mobilières exploite les Canadiens régulièrement, souvent sans que le sachent ceux qui ne sont pas membres du secteur. La crise la plus récente n'est que la saveur du mois et, à moins que nous ne réglions les problèmes sous-jacents qui permettent cette exploitation, d'autres suivront.
Je crois être en mesure de vous parler d'actes qui semblent être des infractions criminelles aux lois canadiennes. Par là, j'entends la manière dont les placements ont été commercialisés et vendus aux consommateurs. Je m'inquiète de voir que les émetteurs et/ou distributeurs de ces investissements demandaient l'immunité contre les poursuites criminelles, puisque cela étaie les allégations selon lesquelles des lois criminelles pourraient avoir été violées.
Les clients canadiens comme ces investisseurs ont tendance à faire confiance aux fournisseurs d'investissement qui se prétendent conseillers professionnels et à leur accorder beaucoup de foi, de sorte qu'ils sont vulnérables. Ils se font duper, selon moi.
Mes vingt années d'expérience dans le secteur m'ont convaincu que les consommateurs placent mal leur confiance et sont trop vulnérables, étant donné l'information fausse et trompeuse qui leur est fournie par les membres du secteur. Non seulement le secteur n'a-t-il pas de notion claire du devoir de diligence à l'égard de l'investisseur, mais il ne semble pas souhaiter une pareille clarté, de sorte qu'il peut adapter les règles selon ses besoins particuliers.
La publicité appelle le consommateur à faire confiance. Selon le code d'éthique, « il faut nous faire confiance ». Pourtant, dans la réalité, je vois beaucoup trop de personnes âgées et de clients vulnérables se faire exploiter par le même secteur et par les hordes d'avocats qui leur disent: « Nous n'avons pas de devoir de diligence à votre égard. Nous n'avons jamais agi en tant que fiduciaires pour votre compte ». Voilà qui ressemble beaucoup à: «Vous n'auriez jamais dû nous faire confiance ».
Des douzaines de comités, d'études, de rapports et de documents laissent entendre que la clarté et la transparence concernant la responsabilité à l'égard du client sont mises de côté par un secteur qui préfère le nébuleux.
Quant à ce que j'ai dit au sujet des pratiques de vente trompeuses, voici une liste complète des employés d'une maison bien connue qui a vendu ce produit particulier. La liste de 24 pages comporte plusieurs centaines de noms, imprimés en tout petits caractères. Quatre-vingt-dix-neuf pourcent des personnes dont le nom figure sur la liste sont enregistrées comme vendeurs auprès des commissions provinciales de valeurs mobilières et autorisées à vendre des valeurs; toutes ces personnes se présentent au client comme étant des conseillers financiers. Le titre « conseiller » est une catégorie juridique d'enregistrement auprès des commissions de valeurs mobilières, et il est interdit de l'usurper.
Les consommateurs canadiens l'ignorent. Je l'ignorais moi-même durant mes vingt années de service dans le secteur. On tient les consommateurs dans le noir. Ils se font duper au moyen d'informations trompeuses qui sont interdites par la Loi canadienne sur la concurrence, un acte qui correspond à la définition de fraude dans le Code criminel du Canada. Toutes les firmes canadiennes de placement le savent, mais elles continuent de sanctionner la fausse information qui est transmise. Les 13 commissions de valeurs mobilières ont des lois interdisant ce genre de comportement et, pourtant, soit qu'elles regardent ailleurs ou, parfois, elles consentent une dispense de la loi et appuient ainsi l'information trompeuse qui est donnée à l'investisseur. Le consommateur n'est jamais informé, même lorsque des dispenses le touche directement.
Les organismes d'autoréglementation, comme l'ACCOVAM, c'est-à-dire l'Association canadienne des courtiers en valeurs mobilières, ont aussi des règlements concernant l'usurpation des titres professionnels et des titres de compétence du secteur. Pourtant, l'ACCOVAM semble aussi détourner les yeux et appuyer l'information trompeuse qui est donnée aux consommateurs. L'autoréglementation dans le secteur des services financiers est le meilleur exemple du renard auquel on demande de surveiller le poulailler.
Le Bureau de la concurrence est au courant de cette pratique, mais plutôt que d'enquêter, il rend hommage aux trois agents que je viens de mentionner et les traite avec respect. De plus, s'appuyant sur cette logique pour ne pas intervenir, il ferme les yeux sur ce qui semble être de nettes infractions, de nature criminelle, à la Loi sur la concurrence. Non seulement refuse-t-il de s'en mêler, il refuse de coucher quoi que ce soit par écrit au sujet des plaintes qu'il reçoit.
Je ne puis même pas concevoir ce qui pourrait rendre un organisme du gouvernement du Canada si réticent à enquêter sur des crimes commis contre des Canadiens qui pourraient avoir contribué à la plus importante crise financière de notre histoire.
Les divers organismes policiers du Canada soit ne sont pas invités à enquêter sur les fraudes criminelles, les contrefaçons, les violations de fiducie et autres de la confiance du public ou, s'ils le sont, ils le font avec l'aide des mêmes organismes d'autoréglementation dont j'ai parlé tout à l'heure qui représentent l'industrie. Par conséquent, ceux qui pourraient représenter les coupables sont autorisés à participer à l'enquête. Ce n'est ce processus qui va permettre d'éviter les conflits d'intérêts manifestes.
Tous ces faits ne sont rien à côté du non-remboursement des dettes, mais quand on additionne la douzaine de petits manquements que permet notre régime d'autoréglementation, on constate qu'on se trouve en terrain très glissant. L'intérêt de protéger son emploi, la loyauté à l'égard des organismes connexes ou le rang au sein de ces organismes serait plus fort que l'intérêt à brasser la cage ou à faire le travail requis pour régler les questions difficiles. C'est la raison d'être de notre présence aujourd'hui — ce sont des problèmes difficiles à régler.
Ces investisseurs et le grand public n'avaient ni recours juridique, ni même espoir de pouvoir recourir aux tribunaux canadiens en matière de finances. Leur présence ici s'explique du fait que les instances réglementaires et les organismes d'autoréglementation ne leur sont d'aucune aide, ne sont d'aucun secours aux Canadiens. Le fait de savoir qu'une solution de la dernière heure a été trouvée est sans importance, selon moi. Je suis venu ici aujourd'hui pour jeter un peu de lumière sur la façon dont ces lacunes font en réalité partie intégrante du régime actuel, dans l'espoir qu'on y mette fin.
Je vous soumets une liste de plus de cents organismes, ministères, bureaux, associations ou ombudsmen qui, lorsque toutes leurs forces sont réunies — il s'agit d'organismes d'autoréglementation ou d'organismes de négociation professionnelle et ainsi de suite — n'ont été d'aucune utilité à ces investisseurs et n'ont pas du tout protégé les Canadiens. Un ex-membre de ce secteur qui y a travaillé pendant cinquante ans, Stephen Jarislowski, aurait déclaré au sujet de certaines instances de réglementation canadiennes qu'elles ne font strictement rien. À mon avis, c'est encore pire. Non seulement ne réussissent-elles pas à protéger les investisseurs, mais elles donnent aux Canadiens un faux sentiment de sécurité, l'illusion qu'ils sont entre de bonnes mains. Sur le plan financier, nous sommes des cibles faciles.
En raison de ces échecs et d'autres lacunes systémiques, les lois financières canadiennes n'offrent aucune protection. Elles sont sciemment et constamment violées. On arrive facilement à les enfreindre, à les contourner ou à leur échapper. S'il y a violation, il n'existe tout simplement pas au Canada d'organisme policier auquel on peut faire appel qui n'est pas en conflit d'intérêts inintrinsèque, un conflit qui permet aux opérations entre apparentés de prendre le pas sur la protection du consommateur.
De plus, si elles ont besoin de carrément ou gravement violer la loi, les sociétés financières canadiennes peuvent demander d'être soustraites à l'application des lois destinées à protéger les consommateurs. J'attire votre attention sur les archives publiques affichées par la Commission ontarienne des valeurs mobilières sur son site web qui regroupent des milliers de décisions, de décrets et d'ordonnances rendus au cours des six dernières années. Dans cette liste — il s'agit en réalité simplement d'une table des matières, ce n'est pas toute la documentation — figurent des milliers d'exemptions à la loi. La liste des sociétés financières qui ont profité d'une exemption légale au Canada compte des milliers de noms. Je rappelle que les documents que j'ai ici ne représentent que la table des matières.
Chaque personne présente dans la salle ici aujourd'hui est touchée par ces cas de violation, de contournement ou d'exemption des lois. La raison pour laquelle cela ne vous trouble pas, c'est que vous n'êtes tout simplement pas conscients de la manière dont cela touche les économies de toute une vie. Vous ne savez pas, vous n'êtes pas informés, et on ne peut pas vraiment vous en blâmer. Que je sache, il n'y a jamais eu au Canada d'avis public donné aux investisseurs quand une société financière souhaite contourner nos lois. On ne vous a tout simplement pas permis de savoir, à moins que vous n'alliez vous-mêmes aux renseignements.
Si l'on accordait l'immunité de poursuite à ceux qui la demandaient dans le cadre de cette restructuration, cela servirait deux ou trois fins, selon moi: tout d'abord, cela nous permettrait de qualifier d'un nom plus gentil ce qui pourrait bien s'avérer la plus importante arnaque de l'histoire financière du Canada; ensuite, cela permettrait aux coupables de s'éviter des poursuites; et, enfin, cela nous mettrait sur une pente très glissante qui pourrait bien confirmer que le crime financier rapporte au Canada.
Nous ne souhaitons pas avoir cette réputation, pas plus que nous ne souhaitons que nos entreprises financières fassent leurs proies de Canadiens sans avoir à en répondre. Nous voici en présence de réels êtres humains qui assument d'authentiques coûts. Je ne suis pas une des victimes; j'ai toutefois beaucoup de sympathie pour leur cause désespérée, et l'expérience m'a appris que tout le régime de surveillance et de réglementation du secteur financier ne dispose d'aucun moyen concret de protéger ces personnes ou de les aider. Certains d'entre eux l'admettraient carrément, si on leur posait la question. Les organismes qui prétendent faire ce travail se sont faits coincer, par voie de réglementation — si je puis l'exprimer ainsi —, par le secteur et se sont transformés en organes de défense des intérêts financiers de l'industrie.
Je vous ai déjà fourni la liste de la centaine de ministères et organismes de finances, dont pas un seul ne fait quoi que ce soit pour aider ou protéger ces Canadiens. Ces personnes sont des victimes d'actes criminels pour lesquels il n'existe aucune aide au Canada.
L'un d'entre vous se souvient-il de l'industrie de la cigarette et du tabac des années 1950, c'est-à-dire il y a longtemps, quand les mensonges, les informations trompeuses et les experts payés par une industrie qui engrangeait des milliards de dollars se multipliaient pour tromper les consommateurs et les législateurs? J'estime que nous nous trouvons dans une position très analogue actuellement en ce qui concerne l'industrie des services financiers. On est en train de nous berner — tous, pas seulement les victimes qui sont venues témoigner ici aujourd'hui.
J'aimerais remercier votre comité de prendre le temps voulu pour étudier cette importante question. Je demeure à votre disposition pour répondre aux questions.
Bonjour. Je m'appelle Wynne Miles. Mon époux, Mike, et moi sommes des travailleurs autonomes, de sorte que nous ne pouvons pas compter sur un régime de pension. Nous avons un fils et une fille qui fréquentent l'université, et tous deux prévoient faire des études supérieures. Nous sommes âgées de 58 et de 55 ans respectivement.
C'est Canaccord qui nous a vendu le régime d'épargne défectueux qu'il avait acheté de Scotia Capital.
Monsieur Menzies, vous avez indiqué au cours des derniers jours que vous souhaitiez savoir si nous, les clients de détail, savions ce que nous achetions. En bref, la réponse est non. En fait, nous n'avons pas personnellement demandé à obtenir ce produit. Le PCAA nous a été vendu sans que nous le sachions et sans notre consentement.
Le 26 juillet 2008, nous avions, dans un compte de dépôt du marché monétaire, une partie importante de notre épargne-retraite et de bons du Trésor du gouvernement du Canada. Le lendemain, c'est-à-dire le 27, cette épargne se retrouvait dans un marché structuré de la devis-titre. Nous avons par la suite découvert que les fonds de nos REER avaient également été placés dans du PCAA avant le 26 juillet. Toutefois, le 27 juillet, 80 p. 100 de notre épargne actuellement bloquée ont été investis dans du PCAA sans que nous n'en soyons informés et sans notre consentement.
Nous ne sommes pas des investisseurs aguerris. Au contraire, nous sommes plutôt très prudents dans la gestion de nos économies. Ironiquement, nous avons conservé ces économies dans un fonds du marché monétaire parce que nous étions préoccupés par l'instabilité du marché. Nous ne savions pas ce qu'était un titre garanti par une créance synthétique, pas plus que le PCAA jusqu'en août, quand nous avons appris que notre épargne était bloquée.
Nous avons payé notre conseiller financier pour investir ces économies dans des produits sûrs comme des bons du Trésor et nous sommes convaincus que c'était ce que notre conseillère en placements croyait faire. Toutefois, il n'a jamais été question de CDO ou de PCAA. Si on nous avait demandé si nous souhaitions en acheter, nous aurions refusé.
Notre principale priorité au cours des derniers mois était de récupérer notre épargne avec intérêt. Les communiqués de presse diffusés hier par Canaccord sont fort bienvenus, mais nous aimerions avoir des éclaircissements au sujet des modalités de l'offre, et si j'ai bien compris, il se pourrait fort bien que des clients de Canaccord exclus de l'offre interjettent appel.
Ce dont nous avons besoin, c'est que la crise actuelle soit immédiatement réglée. Nous et quelque 1 800 clients de détail avons patienté pendant plus de sept mois et avons souffert, sur le plan financier comme sur le plan émotif. Il faudra que mon épargne me soit rendue avec intérêts composés pour que je vote en faveur de la convention de restructuration proposée. J'aurai aussi besoin d'avoir l'assurance que tous les clients de détail de Canaccord, de Credential Securities ou de la Banque nationale ont tout récupéré.
Nous avons de nombreuses préoccupations au sujet du produit qui nous a été vendu, du processus de restructuration et du vote prochain. J'aimerais discuter avec vous brièvement de huit d'entre elles.
Tout d'abord, le PCAA non bancaire a été vendu sans prospectus, ce qui est contraire à la loi provinciale relative aux valeurs mobilières. De plus, la convention de liquidité était viciée.
Ensuite, il faut en savoir davantage au sujet du calendrier — ce qui est arrivé et à quel moment. D'après les médias et les documents de procédure, des étalissements comme Scotia Capital savaient dès le 24 juillet 2007 que le PCAA non bancaire incluait des prêts hypothécaires à risque des États-Unis. De plus, on prétend qu'ils ont continué de vendre ce papier commercial à des clients de détail comme nous par l'intermédiaire de firmes de placement comme Canaccord et Credential Securities, jusqu'au jour où ces fonds ont été bloqués, date à laquelle Scotia Capital avait réduit ses avoirs en PCAA de 140 millions de dollars. Donc, s'il y a eu fraude, nous ne croyons pas que la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies devrait servir à protéger les coupables.
Troisièmement, le Comité pancanacien des investisseurs s'est vraiment efforcé de trouver une solution. Toutefois, en tant que clients de détail, nous n'avons pas participé au plan de restructuration. La solution proposée, soit d'émettre des billets à long terme cotés uniquement par DBRS, n'est pas acceptable aux clients de détail. Nous ne pouvons pas attendre. Nous avons besoin de récupérer cette épargne dès maintenant. Nous l'avions placée dans des bons du Trésor à court terme parce que nous avions besoin d'y avoir accès.
De nombreux autres clients de détail sont à la retraite et vivent exclusivement de leurs économies. Il y a quelques jours, j'ai reçu un appel téléphonique d'un ancien combattant de 86 ans dont les économies dans des comptes Canaccord et Credential étaient bloquées. Il craint de prendre la parole à ce sujet puisqu'il vit seul et qu'il s'inquiète de sa sécurité personnelle. Malheureusement, quand il parle du PCAA, sa tension artérielle grimpe au-dessus de 200, ce qui compromet sa santé.
Beaucoup de personnes ont vraiment des histoires tristes à raconter. Ce n'est pas ainsi qu'on devait traiter nos anciens combattants.
Les nouveaux titres à long terme seront à nouveau cotés uniquement par DBRS. Les fiducies de PCAA, qui sont actuellement bloquées, étaient cotées par DBRS comme étant du R-1, ou triple-A. J'aimerais vous lire un extrait du bulletin diffusé par Canaccord le 22 août 2007 concernant l'échelle de cotation de DBRS pour le papier commercial et la dette à court terme:
L'échelle de cotation de la dette à court terme de DBRS se veut un moyen d'indiquer le risque qu'un emprunteur ne respecte pas ses obligations de remboursement de la dette à court terme en temps opportun. Chaque cotation de DBRS s'appuie sur des considérations quantitatives et qualitatives à l'égard de l'entité emprunteuse.
Quant à la cote R-1, c'est-à-dire la façon dont sont évaluées ces fiducies, on peut lire:
La dette à court terme cotée R-1 (cote haute) est de la meilleure qualité et indique que l'emprunteur a une capacité incontestable de rembourser ses emprunts courants courantes à la date prévue. Les emprunteurs qui ont cette cote maintiennent habituellement un niveau élevé de liquidités, ont un niveau d'endettement prudent et une rentabilité qui est à la fois stable et supérieure à la moyenne. Les sociétés cotées R-1 (cote élevée) sont habituellement des leaders de secteurs d'activité structurellement sains au rendement établi et dont les rendements futurs sont jugés favorables, durables et libres de tout facteur négatif marqué. Étant donné les critères extrêmement rigoureux utilisés par DBRS pour coter un emprunteur R-1 (cote élevée), peu d'entités sont suffisamment solides pour l'obtenir.
Manifestement, ce n'était pas la bonne cote pour le PCAA actuellement bloqué. Cependant, on nous demande d'accepter les nouveaux billets à long terme, qui à nouveau sont cotés uniquement par DBRS.
Un comité panPacifique a conseillé au groupe de clients de détail d'appuyer le plan et, par conséquent, d'appuyer la convention de restructuration. Nous accepterions de la sorte des billets à long terme en remplacement de nos billets à court terme et ne les encaisserions pas avant cinq ans et le reste, s'il en reste, avant neuf ans. De plus, un vote favorable exige que nous acceptions de dégager l'émetteur de toute responsabilité juridique. Nous renoncerions à notre droit de poursuivre quiconque a participé à ce fiasco financier. On nous a dit que si nous refusions le plan, il ne nous resterait rien ou très peu. Comme je l'ai dit tout à l'heure, j'estime qu'on me lance un ultimatum, et cela me vexe. Cela me porte également à me demander si mes droits, en vertu de la Charte des droits et libertés, ne sont pas atteints.
Le plan de restructuration proposé — nous parlons ici du document de 400 pages que voici — est trop compliqué pour que la plupart des clients de détail le comprennent. Certains n'ont même pas encore reçu la documentation. La nôtre est arrivée lundi. Nous en avions téléchargé une version il y a longtemps, toutefois.
De la même façon, l'exposé fait durant les séances d'information du Comité panPacifique de Purdy Crawford avait un caractère trop technique pour que la plupart des petits investisseurs le comprennent et, en réalité, il était trompeur. L'analyse regroupait tous les fonds multicédants, alors que les renseignements pertinents relatifs aux fonds individuels — par exemple, notre épargne est bloquée dans SIT III — n'étaient pas disponibles.
Il a fallu trois jours de congé à mon époux pour lire ce plan de restructuration avant la séance d'information du Comité panPacifique des investisseurs qui a eu lieu à Vancouver. la semaine dernière. J'aimerais faire remarquer que nous sommes des professionnels et qu'il n'a rien touché comme revenu pour ces trois jours. Nous avons travaillé d'arrache-pied pendant des mois et avons perdu beaucoup de temps de travail à essayer de récupérer notre épargne.
Mon époux a pu faire remarquer à la réunion qu'on avait omis de mentionner un fait important, soit que les fonds qui composent le fonds multicédant SIT III — c'est-à-dire nos économies — viennent pour la plupart à échéance en 2013, mais que nous ne toucherions que 10 p. 100 de notre épargne cette année-là et que le reste, s'il en restait, ne serait disponible qu'en 2016.
Nous n'avons aucune idée de ce que les nouveaux billets rapporteront soit dans un avenir proche, si nous souhaitions les vendre après la restructuration, ou dans huit ans. Nul ne souhaite nous donner une évaluation; nul ne veut se hasarder à évaluer ces billets.
La condition voulant que nous renoncions à notre droit de poursuivre est tout à fait inacceptable. Nous avons subi un préjudice. Le renoncement aux recours juridiques proposé protégerait tout le monde sauf les membres du groupe de clients de détail, comme nous. En fait, ce n'est que récemment que nous avons obtenu l'engagement qu'on pourrait peut-être nous indemniser pour nos frais juridiques.
Mon dernier point, c'est que nous ignorons si l'on a communiqué avec les 1 800 investisseurs de détail et, par conséquent, s'ils pourront voter. Nous n'avons pas accès à la liste confidentielle de clients.
Je connais un client Canaccord qui n'a appris qu'il détenait du PCAA que le 4 avril et seulement parce qu'il avait pris l'initiative de communiquer ave son conseiller financier, non pas l'inverse.
Donc, où allons-nous à partir de là?
Nous souhaitons savoir pourquoi les gouvernements provinciaux et fédéral n'ont pas empêché la vente de ces produits d'épargne viciés. Faut-il modifier la loi provinciale sur les valeurs mobilières ainsi que la Loi fédérale sur les banques, qui réglemente le secteur bancaire au Canada? Quoi qu'il en soit, il faut certainement examiner le système de cotation des produits d'épargne.
Il est inacceptable qu'on puisse traiter les gens de la sorte. On ne peut pas laisser une pareille situation se répéter. À mon avis, c'est à vous qu'il appartient d'y voir.
En guise de conclusion, j'aimerais vous remercier, en tant que représentants du gouvernement du Canada, de m'avoir invitée à vous décrire ce qui m'est arrivé et à vous faire part de mes réflexions.
Je suis impatiente de voir cette crise financière se régler et de pouvoir dormir sans inquiétude.
Je vous remercie beaucoup.
En tant qu'analyste financière indépendante, je suis venue témoigner aujourd'hui au nom du groupe de clients de détail. Il est question dans ce groupe de 1 800 familles dont les investissements totalisent 350 millions de dollars environ.
Hier, une offre a été faite, une offre incomplète. Il va falloir que les banques et d'autres maisons de courtage viennent à la table et bonifient l'offre.
Seulement certaines familles vont récupérer une partie de leur épargne. Plusieurs ont été laissées de côté, particulièrement les clients de Credential Securities qui continuent d'avoir du papier commercial adossé à des actifs, qui continuent de faire des nuits blanches, qui continuent d'avoir des épouses qui travaillent dans des établissements de soins infirmiers pour boucler le budget.
Donc, le problème n'a pas été réglé hier, en dépit de la couverture médiatique favorable. Il y a aussi des familles au Québec qui ont raté l'échéance arbitraire fixée par la Financière Banque nationale. Quiconque en avait pour une valeur de 2 000 001 $ n'obtient rien, et quiconque en avait 1 999 999 $ obtient tout. De la même façon, dans le règlement de Canaccord décrit hier, quiconque a investi au plus 1 999 999 $ obtient un règlement alors que l'investisseur qui en avait pour 2 000 001 $ n'obtient rien.
Par conséquent, il reste encore beaucoup de travail à faire pour négocier un règlement pour toutes les personnes dont l'investissement a été investi dans ce papier évalué comme étant sûr et coté triple-A, pour qu'elles puissent récupérer leur argent, obtenir les intérêts composés et être indemnisées de leurs frais juridiques.
Art Field, président de la Fédération Nationale des Retraités et Citoyens Âgés, est consterné d'apprendre que des courtiers ont placé l'argent des personnes âgées dans du papier commercial adossé à des actifs comme étant un produit d'épargne triple-A. On le disait aussi sûr que des bons du Trésor et des certificats de placement garantis. Je suis d'accord avec la réaction de la fédération, qui représente un million de personnes âgées de toutes les provinces canadiennes, lorsqu'elle affirme que le Canada n'a pas protégé l'épargne de personnes âgées dans cette affaire.
Cette fois, un grand nombre de Canadiens ont été victimes d'une machination à laquelle il ne savaient même pas qu'ils étaient exposés. Aucun membre du secteur financier canadien et aucune instance de réglementation gouvernementale n'a pipé mot au sujet des défauts évidents de ce produit commercial. Tôt ou tard, les ponts fissurés s'effondrent. Les produits financiers mal ficelés s'effondrent également. C'est ce qui s'est produit.
La défaillance du PCAA non bancaire est un problème systémique dans le secteur financier et chez les instances de réglementation. Le problème, une fois réglé — et il faudra le régler, parce qu'il est trop monumental pour laisser se débrouiller seules les familles canadiennes touchées —, exigera l'amorce d'un dialogue ici, au comité des finances, en vue d'élaborer une réforme du système au niveau fédéral qui empêchera la situation de se reproduire.
Dans ma déclaration, je vais vous parler des défauts du produit et des correctifs et modifications qu'il faut apporter au régime de réglementation.
Primo, les banques internationales ne devraient pas pouvoir offrir au Canada des produits qui exposent des Canadiens à des pertes de milliards de dollars. Deutsche Bank, HSBC et Merrill Lynch sont les noms à associer à la crise. Deutsche Bank est la contrepartie pour plus de 50 p. 100 des dérivés de crédit des fonds qui sont actuellement placés sous la protection de la Loi sur les faillites.
Parlons maintenant des banques internationales. Julie Dickson, surintendante des institutions financières — le Bureau du surintendant des institutions financières est connu sous le sigle BSIF à Ottawa —, a déclaré qu'elle n'était pas responsable de réglementer les banques internationales. Il faut changer sa description d'emploi. Nous ne pouvons pas laisser les banques internationales s'engager dans des contrats qui ont autant d'impact et leur donner le pouvoir de faire des appels de marge, d'invoquer le défaut de paiement et de saisir les actifs des fonds laissés en nantissement, soit les économies de monsieur et de madame Tout-le-monde au Canada.
Ces actifs servant de nantissement, comme les économies réalisées tout au long de leur vie par Murray et Cindy Candlish, le budget d'entretien des biens immeubles de Beaver Creek Housing Co-op, les régimes d'épargne-retraite de Wynne et Mike Miles, qui travaillent pour leur propre compte — tout leur argent est allé dans les fonds. Cet argent a été investi dans du papier commercial adossé à des actifs, ces actifs étant ceux auxquels les gens ont accès pour rembourser leurs dettes. On ne vous prêtera pas d'argent si l'on croit que vous n'avez pas les actifs pour rembourser. C'est ainsi que fonctionnait ce plan.
Voilà que les banques internationales ont décidé d'exiger le paiement de la dette qui est associée à leurs contrats de produits dérivés. Et elles ont certes le droit de le faire. C'est parce qu'elles ont le pouvoir maintenant de saisir les actifs, les économies de Canadiens, que le comité pancanadien n'a pas eu le choix, le 17 mars, de se placer sous la protection de la Loi sur les faillites. Si cela n'avait pas été fait, Deutsche Bank, Merrill Lynch et HSBC auraient pu dire: « Il y a défaut de paiement, et vos actifs donnés en nantissement sont maintenant les nôtres; vos économies sont maintenant nos profits. Nous serons en mesure de faire sortir 8 milliards de dollars », dans le cas de la Deutsche Bank, « du Canada dès qu'il y aura défaut de paiement. » Les pertes de ces personnes qui avaient investi leurs économies dans ces fonds sont un gain direct pour les banques internationales qui sont les contreparties des swaps de défaillance de crédit.
Pour quelle raison Julie Dickson ne peut-elle pas réglementer les affaires des banques internationales qui ont accès à l'épargne des Canadiens et qui peuvent la saisir et la rapatrier chez elles?
Les clients de détail porteurs de PCAA n'avaient aucune idée qu'ils avaient assuré les mauvaises créances des banques internationales. Les Canadiens garantissaient sans le savoir les mauvaises créances de la Deutsche Bank, d'HSBC, de la Bank of America, de Wachovia Bank et d'autres — il n'y a pas de banque canadienne sur la liste — en adossant ces titres. Chaque tranche de 100 $ investie dans ce papier servait à nantir 1 300 $ de portefeuilles de crédit international. Donc il n'est pas nécessaire que la perte dans le portefeuille du crédit international soit forte. Si elle était de 5 p. 100, multipliée par 13, vous obtenez une perte de 65 p. 100 de l'épargne canadienne. C'est ainsi que fonctionne l'effet de levier. Cet effet est bon quand tout va bien, mais je crois que tous savent que, lorsqu'on emprunte de l'argent et que la valeur de l'actif baisse, on se fait laver. C'est ce qui s'est passé dans ce cas-ci.
À l'été 2007, une des banques d'investissement a pris acte de la hausse dramatique des taux d'intérêt, et, lorsqu'elle a reçu la note de service de Coventry, qui est un des principaux commanditaires, selon laquelle il fallait prévoir des baisses de la valeur nette des actifs, les experts du secteur de l'investissement savaient qu'il existait un effet multiplicateur, ils savaient qu'il y aurait des appels de marge, ils savaient que si aucun nouvel argent n'était injecté dans le fonds, il y aurait des défauts de paiement. Malgré tout, les gestionnaires du risque des grandes banques canadiennes, en particulier de Scotia Capital, ont décidé qu'il valait mieux que ce soit les clients porteurs de papier commercial que les banques qui absorbent la perte. Donc, Scotia Capital aurait décidé de vendre à Canaccord 150 millions de dollars de papier commercial adossé à des actifs après avoir reçu la note du 24 juillet. Canaccord l'a ensuite vendu à Credential, puis les deux sous-agents de vente au détail l'ont réparti en fonction de la base de clients. Tout cela s'est fait après qu'on ait appris que le produit était déjà compromis.
Pouvez-vous vous imaginer le distributeur d'aliments qui décide, quand il se rend compte que le thon est avarié, qu'il va le vendre parce qu'il l'a déjà acheté et qu'il ne veut pas absorber la perte. Il agit donc en conséquence. Il le vend à ses clients, parce qu'étant donné la façon dont fonctionne le système au pays, ceux-ci ne pourront pas le poursuivre. Pire encore, pour ce groupe de distributeurs et de banques, un des avantages secondaires de se placer sous la protection de la Loi sur les faillites — ils l'ont obtenu parce qu'ils l'ont demandé; ce n'était pas prévu dans la Loi sur les faillites — a été ce que le Globe and Mail qualifie d'entente d'immunité sans précédent.
Cela signifie que ces personnes auxquelles on a vendu le produit vicié ont perdu au moins la moitié de leur investissement. Ils se sont retrouvés dans un marché secondaire extrêmement déprimé après avoir voté oui. On leur demande de prendre le papier et de renoncer à leur droit de poursuivre. Le libellé de base revient à dire qu'il faut renoncer à son droit de poursuivre en dédommagement, pour quelque raison que ce soit, dans le cadre de tout processus ou sur toute tribune et qu'il ne recevra aucune aide dans le cadre d'une procédure administrative ou d'exécution. C'est plutôt explicite. « Nous vous l'avons vendu. Vous auriez dû trouver un moyen de ne pas en prendre possession. Vous en êtes maintenant propriétaire. C'est votre problème. Ne me poursuivez pas. En fait, vous ne pourrez pas le faire, parce que les institutions vont voter en faveur de l'entente et que votre groupe, malheureusement, sera entraîné par le courant ».
Que devrait faire également le gouvernement fédéral? Selon moi, il faudrait que la Chambre des communes amorce un processus législatif en vue de révoquer immédiatement la ligne directrice B-5 d'application de la Loi sur les banques. Il s'agit du texte qui régit la titrisation des actifs. Le BSIF en particulier a une ligne directrice qui décrit de quoi devrait avoir l'air un accord de liquidité. Un accord de liquidité est une garantie bancaire. Ces banques internationales n'auraient pas eu accès à l'épargne canadienne par l'intermédiaire de fonds comme Rocket Trust, Planet Trust — des noms très étranges — si ce n'avait été de l'accord de liquidité.
Les courtiers ont probablement cru sincèrement que, parce que la cote était triple-A et qu'il y avait une garantie bancaire, celle-ci servirait de garde-fou. La définition de l'accord de liquidité du gouvernement fédéral qui se trouve dans le règlement d'application de la Loi sur les banques comme tel comporte de nombreuses lacunes.
Les banques internationales sont venues aussi massivement au Canada parce que l'accord de liquidité canadien était le plus faible au monde. On s'est même mis à parler d'accord de liquidité à la canadienne. Ce que j'aimerais que vous reteniez, cependant, c'est que les banques qui ont signé cet accord de liquidité étaient les mêmes banques de contrepartie qui ont pris votre argent pour éponger leurs mauvaises créances parce que ces fonds avaient accepté de les adosser.
Je vous demande de réfléchir au pétrin dans lequel vous vous êtes retrouvés. Il y a à la porte avant un agent de recouvrement qui souhaite se faire payer le prêt, soit 1 milliard de dollars environ. Vous filez alors vers par la porte arrière pour demander de l'aide à votre oncle riche de manière à pouvoir rembourser le montant. Seulement, voilà, sur le seuil de la porte arrière, à votre horreur, vous découvrez que l'oncle riche est le même que l'agent à la porte avant, et il vous dit: « Désolé. Je ne vais pas vous aider. J'ai un document ici qui dit que je ne suis pas obligé de le faire et, soit dit en passant, c'est le gouvernement du Canada qui m'a dit de rédiger le document sous cette forme ».
Le gouvernement du Canada l'a fait effectivement parce qu'il a dit: « Nous allons protéger le bilan des banques. Nous ne souhaitons pas que vous ayez un véritable accord de liquidité aux termes duquel vous serez payé, monsieur le banquier — Deutsche Bank ou la Banque royale du Canada — parce que si c'est le cas, vous pourriez perdre de l'argent. Donc, pourquoi ne rédigez-vous pas vous-même un accord de liquidité qui vous permet de vous en tirer indemne? Et si vous le rédigez ainsi — en y insérant le principe de perturbation du marché —, chaque dollar de papier commercial dans lequel la famille de Murray et de Cindy a investi ne pourra être refinancé avant que la banque soit obligée de payer ».
Quand il s'est avéré impossible de trouver preneur, elles étaient censées pouvoir se tourner vers la Deutsche Bank, par exemple, pour lui demander de rembourser parce que les Canadiens ne souhaitaient pas l'acheter. À quoi la Deutsche Bank a répondu: « Quel crétin! Ne saviez-vous pas que l'accord de liquidité que j'ai signé ne m'oblige pas à vous payer, parce qu'il semble que le commerce du papier commercial bancaire se poursuit ».
Dans les limites de temps qui me sont allouées, manifestement, je ne peux pas entrer dans le détail de toute cette affaire. Vous me poserez des questions tout à l'heure.
J'estime que le papier commercial adossé à des actifs a été vendu sur le marché canadien illégalement. Il aurait dû être accompagné d'un prospectus. À l'époque, soit en 2002, l'agence de notation Standard & Poor's avait rédigé un rapport de recherche intitulé Leap of Faith, dans lequel elle concluait que l'ensemble du secteur canadien du papier commercial non bancaire adossé à des actifs, soit les 20 fiducies dans le marché à ce moment-là, était en dessous de la cote d'investissement.
Vous avez entendu plus tôt d'autres représentants du DBRS dire que ces titres étaient bien cotés, voire même cotés AAA. Toutefois, Standard & Poor's affirmait le contraire et a même refusé de les coter. Par conséquent, cela enfreint les lois provinciales sur les valeurs mobilières et, comme Larry l'a indiqué, les commissions provinciales des valeurs mobilières n'ont rien fait. Elles ont fermé les yeux sur cette vente illégale sur le marché.
Je m'appelle Steve Furino et je suis trésorier de la Coopérative d'habitation Beaver Creek à Waterloo, en Ontario. J'aimerais vous raconter notre histoire en deux parties. Tout d'abord, je vais vous parler de la situation dans laquelle nous nous trouvons et, par conséquent, de la nécessité qu'on nous rembourse nos placements en PCAA. À la suite de l'annonce d'hier de la société Canaccord, il semble que notre coopérative pourra récupérer son argent, bien que d'autres sociétés devront faire les frais d'importantes pertes. Enfin et surtout, j'aimerais souligner le fait que la crédibilité du secteur financier et du gouvernement a été minée.
La Coopérative d'habitation Beaver Creek abrite 50 familles à revenus mixtes. À l'instar d'autres coopératives, elle est gérée par ses membres. Ceux-ci contribuent à l'exploitation du complexe. Plus précisément, ils établissent les politiques, les budgets et les valeurs qui influencent la communauté dans laquelle nous vivons, et ce, de façon démocratique. Nous administrons une subvention pour logement à loyer indexé sur le revenu qu'offre le gouvernement fédéral aux familles à faible revenu en vertu de l'article 95 de la Loi nationale sur l'habitation. Environ le tiers des familles de la coopérative bénéficient de cette subvention.
Nous savons nous administrer. Comme nos droits d'occupation sont inférieurs à ceux du marché, nous offrons l'accès à des logements abordables en dehors du programme de subventions. Nous avons très peu d'arriérés et de pertes liées au taux d'inoccupation et pas de travaux d'entretien différés. Nous avons un plan à long terme de remplacement d'immobilisations qui est, ou plutôt était, entièrement financé. La réserve pour remplacement est le fonds dans lequel nous puisons pour nos dépenses d'immobilisations, par exemple pour remplacer la toiture ou les planchers. Nous avons fait des contributions annuelles depuis 1984, première année d'occupation, et le solde est actuellement de 180 000 $.
Nous avions prévu des fonds pour amorcer en 2008 le remplacement des appareils de chauffage, datant de 25 ans, dont le coût s'établit à 88 000 $. Le fonds est géré par Canaccord Capital. Nous nous sommes entendus avec notre conseiller en placements pour lui donner des consignes claires quant à l'achat d'obligations et d'actions, mais aussi lui accorder une certaine marge de manoeuvre en ce qui a trait aux espèces ou aux quasi-espèces. Cette entente tient depuis plus de 10 ans. La partie de notre compte qui renferme les fonds de marché monétaire doit être constituée de liquidités sûres parce qu'elle est destinée à un usage à court terme, comme le remplacement des appareils de chauffage. Notre courtier en est certainement conscient.
À l'été 2007, 93 000 $ ont été gelés dans ce fonds à cause de la crise touchant le papier commercial adossé à des actifs. Le PCAA a été acheté à l'aide de nos fonds du marché monétaire, mais nous n'avons pas été avisés de cet achat, ni des risques que présente ce genre d'entité. Notre courtier et moi avons maintes et maintes fois discuté des risques dans le marché du logement américain et le marché des instruments dérivés. Je n'aurais jamais autorisé l'achat d'un tel instrument si j'avais su qu'il contenait des produits dérivés ou des titres hypothécaires. Notre conseiller en placement nous a confirmé par téléphone qu'il ignorait la teneur de ce qu'il avait vendu et qu'il s'était fié à sa cote AAA et, implicitement, au bon jugement de l'entreprise.
De toute évidence, le gel de la moitié de notre actif financier et la perte d'une partie considérable de cet actif représente des obstacles non négligeables. Pour nos membres, dont bon nombre gagnent moins de 30 000 $ par année, la perte est colossale.
Permettez-moi de vous décrire à quoi ressemble la situation d'une famille typique. Maman et papa, qui ont deux enfants, gagnent un revenu annuel de 40 000 $. Ils habitent la coopérative depuis 10 ans. Ils paient toujours leur loyer à temps, se portent bénévoles au sein du comité et assistent aux réunions générales. Sans que ce soit leur faute, ni celle de la coopérative, 93 000 $ ont été gelés, et il est possible que nous n'en revoyions plus une grande partie. Ils n'ont pas eu de nouvel appareil de chauffage comme il était prévu. Pourquoi? Parce qu'un groupe beaucoup plus riche et puissant — nommez-les: banques, agences de notation, fonds multicédants, maisons de courtage —, qui prétendait agir dans leur intérêt, a commis ce que la famille peut seulement interpréter comme une fraude. Le papier coté AAA, garanti par la banque, était censé être sûr et liquide, mais il ne l'était pas du tout.
Le comité Crawford est perçu par cette famille comme appartenant à la même catégorie des agents financiers qui ont maintenant perdu toute crédibilité. Si cette famille n'est pas remboursée, pourquoi voterait-elle en faveur d'une proposition qui légaliserait la perte de capitaux et de liquidités et qui ne permettrait aucun recours en vertu de la loi? Évidemment, pour récupérer une partie de son argent plutôt que rien du tout. Cependant, jusqu'à hier, la coopérative ignorait quand et combien d'argent elle pourrait toucher.
De plus, dans une certaine mesure, pour nos familles, il ne s'agit plus d'une question de perte d'argent, mais plutôt de justice.
Cela m'amène à la deuxième partie de l'histoire. Lors des réunions de la Coopérative d'habitation de Beaver Creek, où on a discuté de la situation, les membres ont souligné, à maintes reprises, les échecs du secteur commercial et financier au cours des dix dernières années et le manque de volonté de la part du gouvernement canadien à fournir un cadre réglementaire qui protégerait les Canadiens contre les comportements prédateurs. J'ai tiré les exemples suivants directement de nos discussions.
Au moment de l'éclatement de la bulle technologique, des analystes célèbres comme Henry Blodget disaient d'acheter en public et de vendre en privé. Les dissimulations financières et les fraudes d'Enron et d'autres sociétés ont provoqué l'effondrement de grandes firmes et la perte d'emploi et de pension de milliers d'employés. Dans le marché américain des prêts hypothécaires, les pratiques de prêts abusives, les évaluations foncières faussées et la titrisation opaque ont plongé le marché du crédit américain dans la crise. Malheureusement, il semble qu'il y ait eu des pratiques semblables en Espagne et au Royaume-Uni. Les salaires des dirigeants, les bonus à Wall Street et à Bay Street et la paye des gestionnaires de fonds de placement spéculatifs battaient tous les records, malgré un piètre rendement dans bien des cas.
Personne à la coopérative ne se souvient d'avoir vu la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario ou la GRC poursuivre un Canadien pour un acte financier criminel, bien que tout le monde se rappelle de la condamnation de Conrad Black et celle du président-directeur général d'Enron. C'est peut-être parce qu'il n'y a pas eu d'affaires très médiatisées au Canada ou parce que les Canadiens sont plus honnêtes ou, avec un brin de cynisme, parce qu'au mieux, l'application de la loi dans ces secteurs est pathétique, et au pire, elle protège ceux qui enfreignent la loi.
Si les scandales qui ont frappé le secteur financier ont permis à des gens riches de se mettre encore plus d'argent dans les poches, c'est une chose. Toutefois, s'ils ont fait mal à monsieur et madame tout le monde, qui n'ont aucunement pris part aux décisions ou à l'évaluation des risques et qui n'ont touché aucun profit, c'en est une autre.
En ce qui concerne la crise du PCAA, le fait qu’un tel produit ait été vendu à titre de quasi-espèces démontre clairement une lacune dans la divulgation et la réglementation. J’ose espérer que ce comité veillera à ce qu’un règlement rigoureux soit adopté pour empêcher que cette situation ne se reproduise. Je doute également de l’intégrité des agences et des personnes impliquées. On a déjà affirmé que Coventry avait avisé la Banque Scotia, au début de juillet 2007, que des problèmes étaient imminents. Ni Coventry ni la banque n’ont rendu ces préoccupations publiques. La banque aurait plutôt vendu des centaines de millions de dollars du papier suspect, dont quelques-uns à Canaccord, qui à son tour, l’aurait utilisé comme fonds monétaires normaux pour ses clients. On a beau mettre en place des règlements, ceux-ci ne servent à rien si on ne veille pas à leur respect.
Le public continue de penser que les chefs, autant en politique qu’au sein des entreprises, manquent de crédibilité et d’intégrité. La débâcle du PCAA confirme encore plus son point de vue. Le vote n’est pas très populaire chez les jeunes citoyens. Avant que les dernières élections ne soient tenues en Ontario, j’ai rappelé à mes étudiants, dans chaque classe, la date du scrutin et l’importance de leur participation. Environ 10 p. 100 d’entre eux ont voté. Quand je leur ai demandé la raison de ce désintérêt, la plupart m’ont répondu que tous les politiciens étaient corrompus et qu’un ou l’autre, ça ne faisait aucune différence.
Ayant vécu personnellement dans une dictature, je trouve que la possibilité d’avoir une population indifférente est inquiétante. Malheureusement, le comportement qu’affichent les dirigeants d’entreprise et les politiciens depuis dix ans ajoute au cynisme profond. Il est impératif que les membres élus assurent l’intégrité du système financier et la crédibilité de ses participants. La confiance institutionnelle est essentielle au fonctionnement de notre société, et celle-ci est ébranlée.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour et merci, au nom de la Coalition pour la protection des investisseurs, de nous donner cette occasion. Je suis Andrée De Serres, professeure à l'École des sciences de la gestion de l'Université du Québec à Montréal. Je représente la Coalition pour la protection des investisseurs.
La Coalition pour la protection des investisseurs est née d'un mouvement spontané en réaction au scandale financier des fonds Norbourg, et du fait que des milliers de personnes ont été spoliées de quelque 130 millions de dollars à la suite de ce scandale.
La coalition soutient et a soutenu, lors d'un mémoire déposé à la Commission des finances publiques du gouvernement du Québec, qu'il est urgent pour les gouvernements provinciaux, comme pour le gouvernement fédéral, de réfléchir à une politique nationale sur l'épargne et l'investissement, que nous fondons autour de cinq points fondamentaux: d'abord, une réflexion d'une politique; la refonte du régime de gouvernance de fonds et des sociétés de gestion de fonds; la mise en place d'un observatoire sur l'épargne et l'investissement; l'évaluation et/ou l'annotation de ces sociétés de gestion de fonds; et enfin, la mise en place d'un fonds d'indemnisation, dont nous allons vous entretenir plus longuement.
La coalition rassemble et profite du soutien d'un groupe de personnalités dont la provenance mérite d'être soulignée et, à la fois, décrit l'ampleur du problème auquel nous faisons face. Vous avez une liste de ces « supporteurs ». Nous avons une série d'ex-présidents des grandes institutions financières du Québec et du Canada: M. Claude Béland, M. Claude Castonguay, M. Holger Kluge, M. Rosaire Couturier, M. Reynald Harpin, M. Jean-Luc Landry, qui sont aussi associés au monde des institutions financières, M. Robert Pouliot, mon collègue, quelques professeurs, dont M. Pierre Fortin et M. René Delsanne et moi-même, et aussi un ancien premier ministre et un ancien ministre des Finances, M. Bernard Landry et M. Yves Séguin.
Nous avons aussi le soutien d'organismes qui représentent quelque 1,8 million de personnes, ce qui illustre encore l'ampleur de l'intérêt et de l'inquiétude.
Si, après l'affaire Norbourg, la grande majorité des investisseurs spoliés n'ont toujours pas été indemnisés, rien ne laisse croire qu'ils le seront ou qu'ils le seront bientôt. Il faut noter que ce scandale Norbourg n'était pas le premier, mais il s'inscrivait après une longue série de scandales, soit RT Capital, Transamerica Life Canada, Strategic Value, Portus, Norshield et, bien avant, Triglobal et le scandale des papiers commerciaux adossés à des créances, auquel nous faisons face. J'oserais répéter l'expression qu'un célèbre animateur de Radio-Canada utilise maintenant pour parler des PCAC: des papiers commerciaux adossés à n'importe quoi.
La coalition présente l'idée d'un fonds d'indemnisation qui viendrait compléter des mesures de protection des investisseurs au même titre que les épargnants le sont à l'intérieur des institutions financières. Mon collègue Robert Pouliot va compléter cette idée.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les parlementaires, il y a 20 ans, ce Parlement décloisonnait l'industrie bancaire en permettant aux banques d'intervenir sur le marché des valeurs mobilières: la plus importante réforme financière de l'histoire de ce pays.
Le but était d'accroître la concurrence sur le marché des capitaux en bouleversant profondément les règles du jeu financier. Jusque-là, les Canadiens étaient habitués à traiter avec deux types fort différents d'institutions. D'abord, l'industrie du crédit, représentée par les banques commerciales, les compagnies de finances ainsi que les cartes de crédit. Les règles de réciprocité étaient claires, et clients comme institutions étaient tenus à une obligation de résultat: rembourser les prêts ou les dépôts, au risque de faire faillite.
Divers filets de sécurité existaient, comme l'assurance-dépôt, et il n'y avait qu'un seul régulateur, soit le Bureau du surintendant des institutions financières et la Banque du Canada, pour assurer une discipline de marché.
Puis il y avait la deuxième industrie, soit l'industrie fiduciaire, représentée par tout l'univers des valeurs mobilières des courtiers, gestionnaires de portefeuille, fonds mutuels, caisses de retraite et gardiens de valeurs. Les règles de réciprocité étaient confuses, car il n'y a jamais eu d'obligation de résultat, seulement de moyen. Les consommateurs se doutaient bien que les risques étaient plus élevés et complexes, mais n'avaient rien pour reconnaître si les moyens — ces fameux moyens —, les ressources et les pratiques répondaient à des conditions généralement reconnues et acceptées. Il n'y avait pas un régulateur, mais treize. Il n'y avait pas d'assurance-indemnité contre la fraude et les abus, ni de super-gendarmes pour assurer la discipline de marché. Bref, c'était un autre monde.
Le décloisonnement, mesdames et messieurs, a entraîné une telle confusion entre risques de crédit et risques fiduciaires que petits et grands investisseurs, avertis ou non, ont encore peine à s'y retrouver 20 ans plus tard. C'est ce qu'illustre la crise des PCAC. Beaucoup d'investisseurs ont confondu certificat de dépôt et papier commercial en se faisant promettre sécurité et liquidités. Pire, certains croyaient que ces produits libellés d'un triple A par DBRS et vendus pour une bonne part par des filiales bancaires et coopératives étaient protégés par l'assurance-dépôt. Bref, y avait-il obligation de résultat, ou de moyen?
Mille huit cents investisseurs détenant 1 p. 100 des PCAC non-bancaires menacent aujourd'hui l'accord de Montréal et sept mois d'efforts difficiles pour sauvegarder quelque 32 milliards d'actifs émis par des fonds spécialisés mis en place par des institutions non bancaires. C'est la première fois depuis longtemps que les petits porteurs semblent en position de force sur le marché des capitaux. Il paraît inévitable que leur participation soit rachetée pour éviter une catastrophe de premier plan. Mais la question est de savoir par qui.
Les vendeurs de papier eux-mêmes devraient assumer leurs responsabilités puisque les preuves démontrent que ces titres ont été vendus sur la foi d'une sécurité supérieure même à celle des certificats de dépôt. Canaccord, avec des fonds propres de 390 millions de dollars et des liquidités de 422 millions de dollars à la fin 2007, et Credential, avec huit actionnaires coopératifs institutionnels, devraient pouvoir absorber cette transaction. C'est ce que Canaccord a justement proposé de faire hier. La Financière Banque Nationale pourrait en faire autant, ainsi que Scotia Capital, qui s'est retrouvée avec 220 millions de dollars de PCAC. Mais voilà, rien ne les y oblige. Plus ironique encore, ces courtiers devraient faire faillite pour que leurs investisseurs soient indemnisés par le Fonds canadien de protection des épargnants, comme ses règles le stipulent.
Le poids de la décision semble devoir être supporté par les signataires de l'accord de Montréal, conclu en août dernier pour assurer que 100 p. 100 du projet de règlement passe. Comme par hasard, les yeux se tournent vers la Caisse de dépôt et de placement du Québec et ses 150 milliards de dollars.
Pour une grande partie de l'opinion publique, la Caisse de dépôt représente le bas de laine des Québécois, même si le public en contrôle moins de 30 p. 100 par le biais de ses contributions au Régime des rentes du Québec ou ses primes à la Société d’assurance automobile du Québec. Les 20 autres déposants de la caisse sont tous des régimes de retraite privés ou des fonds d'assurance dédiés.
Mais la Caisse n'est pas une société d'État -- comme Hydro-Québec --, ne fait pas de profit pour son compte, n'a pas de fonds propres comme un gestionnaire indépendant et sert uniquement ses déposants. À moins que les fonctionnaires, les travailleurs de la construction, les techniciens ambulanciers et les agriculteurs n'y consentent ou qu'on puisse démontrer que cela sert leur meilleur intérêt, la Caisse ne pourrait venir à la rescousse des autres détenteurs de PCAC. En effet, la caisse n'est ni un régulateur, ni un fonds d'indemnisation, pas plus d'ailleurs que les régimes ontariens de Teachers ou d'Omers.
Mesdames et messieurs, ce qui manque le plus au Canada, c'est justement un fonds d'indemnisation des investisseurs pour les cas de fraude et de négligence fiduciaire. On ne peut plus continuer à se demander, chaque fois qu'un scandale éclate ou que des erreurs importantes de marché font surface, qui devrait indemniser les investisseurs, ou encore dépendre de la décision discrétionnaire ou arbitraire d'une institution ou d'une autre, qu'il s'agisse du Mouvement Desjardins, des deux autres coopératives d'épargne de l'Ontario et de l'Ouest, qui offrent une indemnisation, de la Financière Banque Nationale, qui offre une indemnisation partielle, ou de Canaccord et de Credential Securities, qui n'en offraient pas jusqu'à tout récemment.
C'est une responsabilité de place financière, qui ne peut être assumée que par quelques institutions ou un segment de marché, comme c'est le cas au Québec avec les conseillers en épargne, les seuls à financer le Fonds d'indemnisation des services financiers du Québec alors qu'il ne fabrique rien.
Un tel fonds augmenterait la concurrence sur le marché en permettant à un plus grand nombre de sociétés de gestion d'offrir une protection équivalente aux investisseurs. D'après Jean-Luc Landry, président sortant de l'Association des conseillers financiers du Québec, il est urgent de traiter les fonds mutuels au même titre que les autres produits de consommation de masse ou les autres produits d'épargne.
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Merci, monsieur le président.
Du fond du coeur, je tiens à tous vous remercier d'être ici aujourd'hui, particulièrement les investisseurs. Merci de nous avoir livré une présentation aussi rationnelle et d'avoir su contenir vos émotions. Je suis conscient que vous vivez une situation très troublante et qu'il est difficile pour vous d'en parler, alors je vous remercie.
Sachez que lorsque cette motion a été présentée au comité, elle a reçu l'appui de tous les partis. Je pense que tout le monde ici voulait entendre ce qu'avaient à dire les investisseurs. En août dernier, lorsque cette affaire a été dévoilée au grand jour, nous pensions que tout le monde impliqué — autant les acheteurs que les vendeurs — était convaincu qu'il s'agissait de liquidités sûres.
Je trouve très préoccupant, madame Miles, le fait que vous ne saviez même pas que vous aviez investi dans du papier commercial adossé à des actifs. Ce sera ma première question, mais d'abord, j'aimerais revenir sur ce qui a été dit aujourd'hui concernant la nécessité de créer un organisme commun de réglementation des valeurs mobilières. Notre ministre des Finances le réclame, et je crois que c'est un argument solide.
M. Elford et Mme Urquhart nous ont dit que les organes de réglementation provinciaux — et à l'heure actuelle, nous traitons de ces règlements, et c'est ce que nous avons, des organes de réglementation provinciaux — n'étaient pas efficaces dans leur rôle. Le gouvernement et la Banque du Canada surveillent la situation, mais malheureusement, c'est tout ce que nous pouvons faire, puisque nous disposons déjà de 13 organismes de réglementation au pays. J'aimerais donc en savoir davantage à ce sujet .
Par ailleurs, l'implication des banques étrangères est quelque chose qui m'inquiète beaucoup.
Madame Miles, vous pourriez peut-être nous donner plus de détails sur ce qu'on vous a dit au moment de l'achat. Saviez-vous ce que vous achetiez? Comme vous nous l'avez dit, vous ignoriez que vous achetiez des titres de PCAA.