Monsieur le président, membres du comité, c'est avec plaisir que je me présente devant vous aujourd'hui pour parler de cette question très importante. Nombre de facteurs ont contribué aux problèmes qui ont secoué le marché du papier commercial adossé à des actifs, également appelé PCAA, et j'estime qu'il est de toute première importance de discuter de la situation en profondeur et de l'étudier soigneusement.
[Traduction]
Avant d'aborder certains des points en rapport avec la question du PCAA, permettez-moi d'expliquer brièvement le rôle que joue le Bureau du surintendant des institutions financières dans le système financier canadien.
La Loi sur le Bureau du surintendant des institutions financières précise que celui-ci doit s'efforcer de :
protéger les droits et intérêts des déposants, des souscripteurs et des créanciers des institutions financières, en tenant dûment compte de la nécessité pour celles-ci d'exercer une concurrence efficace et de prendre des risques raisonnables.
Parmi les institutions sur lesquelles le BSIF exerce une surveillance réglementaire, il y a les banques, les sociétés de fiducie et de prêts, les sociétés d'assurances multirisques et les sociétés d'assurance-vie fédérales, ainsi que les régimes de retraite privés de compétence fédérale. En ce qui a trait aux banques, le principal rôle du BSIF consiste à protéger les intérêts des déposants. Lorsqu'on sait que de nombreux Canadiens confient aux banques les économies qu'ils ont réalisées tout au long de leur vie, on comprend à quel point ce volet de nos activités est important.
Étant donné que le BSIF a été mis sur pied pour contribuer à faire en sorte que le public fasse confiance au système financier, certaines personnes en ont déduit que nous sommes responsables de la confiance que le public accorde au système financier. Or, la loi qui le régit est claire sur ce point — notre contribution à la confiance du public envers le système financier est axée sur la sécurité et la solidité des banques.
Aujourd'hui, j'aimerais mettre l'accent sur les mesures que prend le BSIF face au problème du papier commercial adossé à des actifs non bancaires. Mais avant, je tiens à rappeler quelques points importants concernant le marché du PCAA non bancaire.
Premièrement, les règles de fonds propres qui émanent du BSIF ont pour but d'accroître la sécurité et la solidité des banques canadiennes, dans l'intérêt des déposants. Ces règles, qui s'appliquent aux banques canadiennes, n'ont pas incité les entreprises non bancaires du Canada à adopter à grande échelle les concours de trésorerie pour désorganisation générale du marché. Ce sujet est abordé en détail dans un document d'information du BSIF daté du 22 avril 2008, dont des copies vous ont été remises avant l'audience d'aujourd'hui.
Deuxièmement, on ne parvenait pas à s'entendre sur le fait que le marché du PCAA représentait un risque important pour les investisseurs. En fait, le marché a très bien fonctionné au cours des 17 dernières années. En outre, certains des événements qui avaient marqué ce dossier, et dont on avait parlé, avaient été jugés positifs (p.ex, la décision prise par le DBRS de modifier sa méthode de notation en janvier 2007).
Troisièmement, on en sait beaucoup plus aujourd'hui sur les facteurs qui étaient importants pour la sûreté des investisseurs. Par exemple, après les événements survenus en août dernier, il est devenu évident que la solidité du garant — que la structure d'émission ait été établie par une banque ou par un établissement autre qu'une banque — était d'une importance capitale.
Le BSIF a pris la mesure que voici face au problème du PCAA. D'abord, nous avons très tôt évalué l'incidence des perturbations qui ont ébranlé les marchés du PCAA sur toutes les institutions financières que nous surveillons. Bien peu d'entre elles couraient des risques importants en raison du PCAA non bancaire. Il importe également de souligner que les institutions financières sont réputées être des investisseurs avertis. Les régimes de retraite privés que le BSIF surveille ne couraient, eux non plus, pratiquement aucun risque.
Nous avons amorcé un examen de la ligne directrice B-5, en vertu de laquelle les banques canadiennes sont tenues de délimiter leurs attributions dans la création d'une structure de PCAA et de déterminer les normes de fonds propres aux fins des prêts à ces structures. Nous nous attardons aux attributions des banques, particulièrement lorsqu'elles font affaire avec des structures d'émission de PCAA créées par des entités non réglementées, comme Coventree. Nous tentons de déterminer si l'apport des banques à ce genre de structure d'émission peut donner l'impression que le PCAA émis par des entités non réglementées est offert par les banques.
Troisièmement, nous nous efforçons de déterminer comment les banques choisissent les produits qu'elles ajoutent à leur liste de produits approuvés destinés à la vente. Nous mettons l'accent sur les risques qui pourraient découler de pertes ou de décaissements importants imprévus. De notre point de vue, les banques canadiennes qui doivent soudainement racheter les produits qu'elles vendent à leurs clients courent des risques. Nous voulons définir des pratiques exemplaires aux fins de l'élaboration des listes de produits approuvés, afin d'atténuer au maximum les risques de pertes.
Quatrièmement, le BSIF a participé très activement aux travaux du Forum sur la stabilité financière, qui avait pour but de cerner les causes des perturbations et de formuler des recommandations visant à accroître la capacité de récupération du système. Mes collègues à l'étranger et moi avons rédigé le rapport du FSF intitulé Enhancing Market and Institutional Resilience. La soixantaine de recommandations qu'il contient ont reçu l'aval des ministres des Finances du G-7 et des gouverneurs des banques centrales. Elles portent sur des questions clés comme les fonds propres et les liquidités des banques, la nécessité, pour les structures d'émission du PCAA, de faire preuve de plus de transparence, et les changements que les agences de notation devront apporter à leurs façons de faire.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je dois vous quitter à 16 h 30. Il y a en effet une réunion du groupe de travail du Forum sur la stabilité financière demain en Europe.
Enfin, à l'instar de ces pendants à l'étranger par l'entremise du Comité de Bâle, le BSIF est lui aussi en voie de relever ses exigences de fonds propres visant les concours de trésorerie à l'appui du PCAA. Cette mesure permettra de conférer encore plus de sécurité et de solidité aux banques.
Comme il fallait s'y attendre, le gel du marché des PCAA non bancaires a soulevé bien des questions et, pour bien comprendre le phénomène, il faut savoir comment il est survenu. Le BSIF appuie sans réserve les efforts déployés de toutes parts à cette fin et entend bien continuer de prendre part à la discussion.
Il me fera maintenant plaisir de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Je vais tâcher de poser quelques questions rapidement, avant de passer le micro à M. Del Mastro.
Merci de votre présence, madame Dickson.
Vous constaterez, je crois, que la question suscite dans le comité des réactions non partisanes, contrairement à bien d'autres. Tous autant que nous sommes, nous nous efforçons de découvrir ce qui est allé de travers. Notre rôle, en tant que parlementaires, est de veiller à ce que nos investisseurs, tant petits épargnants que grosses institutions, soient protégés.
Comme vous le savez sans doute, nous avons commencé par entendre comme témoins des investisseurs, grands et petits, dont les remarques ont été carrément critiques à votre encontre et à l'encontre d'autres entités. Je pense qu'ils se penchaient sur le rôle du ministre des Finances dans cette histoire, limité à encourager tous les intervenants à s'asseoir et à communiquer.
Beaucoup toutefois ont suggéré ne pas avoir su ce qu'ils achetaient. En ce qui nous concerne, c'est hautement préoccupant. Peut-être auriez-vous un commentaire à ce sujet, que cela relève de vos attributions ou pas.
On nous a accusés d'avoir abandonné les personnes âgées, qu'on a laissées investir sans protection dans ces instruments, ce qui a nui à leurs économies pour l'avenir, disons.
Une autre accusation portée a été que les banques internationales ne devraient pas avoir le droit de mettre sur pied au Canada des affaires pouvant coûter des milliards de dollars.
Je ne sais pas si cela relève de vos attributions, mais pourriez-vous réagir à ces accusations, qu'on sache au moins quelle est votre position?
:
Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité. Le ministre des Finances ainsi que son ministère reconnaissent l'importance des présentes audiences sur le marché canadien du papier commercial adossé à des actifs (PCAA), particulièrement sur le segment non bancaire de ce marché qui a fait l'objet de l'Accord de Montréal et d'une restructuration sous surveillance judiciaire selon la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies.
Je suis très heureux d'avoir l'occasion de représenter le ministère des Finances devant votre comité.
La restructuration du marché du PCAA non bancaire aux termes de l'Accord de Montréal est une initiative du marché, et aucun fonds public ni garantie du gouvernement n'ont été fournis. Cette restructuration est un bon exemple de la façon dont le secteur privé peut régler une question qui est liée au marché, et son succès a été reconnu à l'échelle internationale. Toutefois, cela n'enlève rien au fait que le processus a été long, complexe et difficile pour tous les intéressés.
Avant de répondre à vos questions, j'aimerais vous exposer le point de vue du ministère des Finances sur le marché du PCAA et sur les événements qui ont mené au gel du segment non bancaire, notamment le contexte mondial dans lequel ces événements se sont produits, quelques-unes des leçons apprises et la réponse des responsables politiques.
[Français]
La réglementation des marchés des valeurs mobilières au Canada est sous la responsabilité des commissions des valeurs mobilières provinciales. Le cadre de réglementation précise, entre autres, le niveau de divulgation exigé des émetteurs de valeurs et des courtiers qui vendent des titres au public. Au Canada, le papier commercial, y compris le PCAA, est vendu en vertu d'une exonération pour une créance à court terme accordée par les règlements provinciaux en matière de valeurs mobilières. Cette exonération permet de vendre un titre de créance dont l'échéance ne dépasse pas un an de la date d'émission et dont la cote de crédit a été approuvée par une agence de notation accréditée, sans aucun prospectus.
Au Canada, le marché canadien du PCAA est constitué de deux segments: les conduits bancaires, qui représentent environ 80 milliards de dollars canadiens de PCAA en circulation en date du mois d'août dernier, et les conduits non bancaires, lesquels sont de l'ordre de 35 milliards de dollars canadiens.
Tous les programmes de PCAA comportent une non-concordance entre l'échéance des actifs — plusieurs années dans la plupart des cas — et l'échéance du PCAA — n'excédant pas trois mois en règle générale. Pour ces motifs, les conduits PCAA requièrent auprès des institutions financières des marges d'octroi de liquidités auxquelles ils peuvent avoir accès sous certaines conditions, lorsque la vente de nouveaux PCAA est difficile ou impossible.
Dans la plupart des pays, les programmes de PCAA s'appuient sur les conversions de liquidités de facture mondiale, auxquelles ils peuvent accéder pour plusieurs motifs selon les circonstances du marché, y compris un événement de crédit. Jusqu'en août dernier, le marché canadien comportait une caractéristique unique, car la plupart des PCAA, y compris tous les conduits du segment non bancaire, s'appuyaient sur des conventions de liquidités de perturbation généralisée des marchés, lesquelles étaient accessibles aux émetteurs uniquement dans le cas où l'incapacité d'émettre de nouveaux PCAA résultait d'une perturbation généralisée du marché canadien du PCAA, plutôt que de la détérioration de la solvabilité de l'émetteur et de ses actifs. Ainsi, cela laissait le marché canadien du PCAA davantage exposé au risque, et par conséquent, les investisseurs sont réticents à renouveler leurs effets à l'échéance.
Le marché canadien, y compris les investisseurs et l'agence de notation, a accepté les conventions de liquidités de perturbation généralisée des marchés. Cette décision, ce ne sont pas les autorités de réglementation qui l'ont prise. Le surintendant des institutions financières a déjà discuté de ce sujet avec vous.
[Traduction]
Le déclencheur principal de la perturbation mondiale a été la hausse du taux de défaillance des prêts hypothécaires à risque aux États-Unis. Cela a immédiatement touché les actifs structurés adossés à de tels prêts hypothécaires. Ce qui est clair maintenant c'est que, dans le marché américain en plein essor des prêts hypothécaires à risque, les initiateurs de prêts avaient élargi considérablement leurs normes de souscription d'emprunts, créant ainsi un bassin d'actifs douteux qui se sont insérés dans les produits financiers structurés du marché mondial par le biais du processus de titrisation.
Les inquiétudes des investisseurs se sont propagées au sein d'une grande variété de produits financiers complexes qui ont une exposition potentielle aux valeurs mobilières reliés à des prêts hypothécaires à risque, en raison de leur degré de complexité ainsi que d'un manque général de transparence. Ces actifs comprenaient également des valeurs structurées hautement cotées par les agences de notation. À titre d'exemple, le marché mondial du PCAA.
L'été dernier, face à l'évolution de cette toile de fond mondiale, les investisseurs canadiens ont commencé à remettre en question la valeur des actifs qui soutiennent le PCAA canadien. À la mi-août, nous avons assisté au gel du marché non bancaire: les investisseurs refusaient de renouveler leurs titres. Les banques nationales, et c'est tout en leur honneur, ont soutenu leurs propres programmes de PCAA; par contre, pour les PCAA non bancaires, la plupart des fournisseurs de liquidités n'ont pas fourni les fonds nécessaires. L'incapacité des structures d'émission non bancaires de répondre aux obligations des titres à l'échéance a fait craindre le spectre d'une vente au rabais des actifs et de pertes importantes en capital.
Le 16 août, un groupe représentant les principaux investisseurs dans les PCAA non bancaires ainsi que les principaux fournisseurs internationaux d'actifs bancaires ont convenu d'un moratoire en vertu de l'Accord de Montréal. Cet accord entre les intervenants du marché a instauré les principes de base d'une restructuration du marché des PCAA non bancaires en vue de protéger l'argent des investisseurs. Le processus de restructuration, dirigé par le comité pancanadien des investisseurs, sous la présidence de M. Purdy Crawford, constitue une initiative des marchés.
Depuis le début du moratoire, le ministère des Finances et la Banque du Canada ont favorisé une restructuration dirigée par les marchés, estimant qu'elle constitue un meilleur plan d'action pour les investisseurs, les autres participants et les marchés financiers qu'une vente au rabais des actifs. Nous ne sommes pas membres du comité des investisseurs. Toutefois, nous avons surveillé de près ce qui s'y faisait, grâce à notre observateur auprès du comité, tout en encourageant toutes les parties à en arriver à résolution réglée. Lors des principales étapes du processus de restructuration, le ministre des Finances a fait des déclarations soutenant cette démarche.
Le 5 juin, la Cour supérieure de justice de l'Ontario a approuvé le plan de restructuration du PCAA mis au point par le comité pancanadien des investisseurs. Il s'agit d'une étape décisive dans un processus qui a été long et ardu. Depuis le début du moratoire, en août dernier, le gouvernement du Canada a appuyé cette restructuration dirigée par les marchés, estimant que cette approche était plus bénéfique pour les investisseurs et pour la stabilité continue de l'ensemble du système financier canadien. On a tenu compte des intérêts des petits investisseurs dans le plan final. La réussite de cet accord soulève le voile d'incertitude qui assombrissait nos marchés financiers; il devrait aider à y restaurer une plus grande stabilité.
Alors que l'Accord de Montréal est un bon exemple d'une initiative du secteur privé, il est évident que, pour les participants du marché et les responsables politiques, on doit tirer des leçons aussi bien dans un contexte national qu'international. Le marché canadien procède déjà à des ajustements. Les investisseurs veulent, d'une part, plus de transparence et d'informations financières de la part des émetteurs, et d'autre part, renforcer leur propre processus de contrôle diligent. Depuis août dernier, tous les programmes non bancaires de PCAA ont adopté les concours de trésorerie de style international, et les promoteurs se sont engagés à garantir une plus grande transparence concernant les actifs sous-jacents à ces programmes. Les institutions financières renforcent également leurs politiques et leurs pratiques de gestion des risques.
Nombre des leçons apprises sont de nature mondiale et nécessitent une intervention coordonnée à l'échelle mondiale. En avril, les ministres et les gouverneurs des banques centrales des pays du G-7 ont appuyé un rapport rédigé par le Forum sur la stabilité financière qui formulait des recommandations détaillées pour cerner les lacunes qui ont contribué à la désorganisation des marchés mondiaux, et pour accroître la solidité des marchés et des institutions. Le ministre des Finances a mentionné que le Canada s'est engagé formellement à mettre en oeuvre ces recommandations, lesquelles comprennent des échéanciers déterminés et des priorités précises.
Un bon nombre de ces recommandations s'appliquent au marché du PCAA: notamment, des recommandations concernant le besoin d'améliorer la transparence du processus de titrisation, les changements à apporter au rôle et à la qualité du processus de notation, et l'utilisation appropriée des cotes de crédit par les investisseurs et les autorités de réglementation.
Le FSF a fait un bon nombre d'autres recommandations pertinentes reliées à l'amélioration des processus de comptabilisation et d'évaluation des produits complexes et à la mise au point de normes plus contraignantes de divulgation des firmes financières. Le ministère des Finances, le Bureau du surintendant des institutions financières, la Banque du Canada, les organismes de réglementation des valeurs mobilières, les participants au marché et les agences de notation travaillent tous sur ces questions, comme le font les organismes internationaux de normalisation.
À titre d'exemple, il appartient aux organismes de réglementation des valeurs mobilières d'examiner les conditions selon lesquelles le papier commercial adossé à des titres structurés peut être vendu à des investisseurs canadiens. Les organismes de réglementation prudentielle, y compris les nôtres, doivent, pour leur part, évaluer les politiques et les pratiques appropriées en matière de traitement des capitaux et de gestion des risques concernant les titres structurés.
Le FSF a également demandé au pays d'examiner et de renforcer leurs cadres de réglementation financière. Au Canada, la priorité est un organisme de réglementation des valeurs mobilières commun avec un cadre de réglementation fondé davantage sur des principes.
Le ministre des Finances a annoncé en février 2008 l'établissement d'un groupe d'experts sur la réglementation des valeurs mobilières au Canada. Sous la présidence de l'honorable Tom Hockin, le groupe d'experts consulte actuellement un grand nombre de participants au marché, notamment des investisseurs et leurs groupes représentatifs. Le groupe d'experts présentera un rapport final au ministre des Finances et aux ministres provinciaux et territoriaux responsables de la réglementation des valeurs mobilières d'ici la fin 2008. Le ministre félicite votre comité de sa décision de tenir des audiences sur ces questions. Vous pourrez ainsi étudier à fond et de façon profitable plusieurs enjeux importants.
Voilà pour ces quelques mots d'introduction. Je me ferai donc un plaisir de répondre à vos questions.
Merci.
:
Je vais vous parler du contexte mondial et ensuite revenir à cette question précise.
Il serait juste de dire, qu'il y a un an et demi, de nombreuses personnes croyaient que les écarts de risque étaient très bas. Ils semblaient trop bas et devaient être élargis. On savait qu'il était possible que cette transition ne se fasse pas sans heurts. Mais je crois que personne n'avait prévu les turbulences financières mondiales que nous traversons depuis 10 mois. Personne n'avait prévu le potentiel de contagion des prêts hypothécaires à risque à toute la vaste gamme de produits complexes. Personne n'avait prévu les effets de contagion jusqu'aux marchés monétaires qui sont au coeur du système financier.
Cela nous a menés à réfléchir longuement sur ce qui doit être fait afin d'empêcher qu'une telle crise ne se reproduise, et nous y avons travaillé. En réalité, les cycles de crédit ne sont pas nouveaux. Ils ne disparaîtront pas. Donc, il faut être prêt à gérer de telles situations à l'avenir.
Quant à ce marché particulier, comme la surintendante l'a dit, il n'est pas nouveau. Il existe depuis quelque temps. Et il fonctionnait bien. Dans le milieu, on connaissait les problèmes liés aux liquidités du marché international ou général. Comme la surintendante l'a dit, il s'agissait surtout de très grands investisseurs et d'investisseurs hautement avertis qui investissaient dans ce marché. Il s'agissait de contrats émis dans le secteur privé entre des acteurs assez avertis, en général.
Quant au contrôle réglementaire, comme je l'ai mentionné, la réglementation des valeurs mobilières relève des commissions des valeurs mobilières provinciales. Comme il s'agissait d'instruments à court terme assortis d'une cote de crédit approuvée, ils ont été émis sur le marché non réglementé. Les commissions des valeurs mobilières provinciales examinent présentement l'étendue de ce marché non réglementé.
:
Merci, monsieur le président.
Pour ces cas que nous devons étudier pour voir ce qui a mal tourné, nous ne pouvons pas nécessairement étudier le passé; nous devons aussi considérer l'avenir et voir comment on peut corriger la situation. Mais pour trouver une solution, il faut blâmer quelqu'un — je ne sais pas si je veux vraiment employer ce terme « blâmer ».
Je comprends que c'est complexe. Je ne veux pas trop simplifier les choses, mais nous tournons en rond. Le BSIF nous dit qu'il est là pour protéger les déposants. Vous venez de dire que les investisseurs devraient faire preuve de plus de discernement et mieux comprendre. Mais les investisseurs ont des conseillers, lesquels ont donné de mauvais conseils. Les conseillers dépendent des organismes de crédit, et ceux-ci n'ont pas fait leur travail.
Puis, tout à coup, les investisseurs voulaient un rendement supérieur. Et donc les banques, ou quiconque a regroupé ces produits, se sont arrangés pour que les rendements augmentent. Un marché a été satisfait et des gens ont voulu acheter. Voilà les forces qui étaient en jeu. Je ne crois pas que nous puissions changer cela.
Ce n'est pas une question qui concerne un organisme de réglementation des valeurs mobilières, car un tel organisme étudiera ce qui s'est passé avant. Il n'existe pas de mécanisme pour empêcher que cela se reproduise, car il faut le prévenir avant que cela se produise.
En bout de ligne, je ne sais même pas si quelqu'un viendra dire qu'ils vont régler la question, car cela ne semble être le travail de personne. Les organismes de réglementation des valeurs mobilières étudieront ce qui les concerne. Le BSIF étudiera les questions qui le concerne. Vous étudierez les questions qui vous concernent. M. Purdy Crawford n'est là que pour s'assurer que les investisseurs reçoivent leur argent — et cela est une entente distincte pour ce qui s'est produit dans le passé. J'ai l'impression que l'on tourne en rond.
La réponse que l'on nous donne semble toujours être qu'il s'agit d'une question très compliquée. Mais des gens ont participé à l'élaboration de ces produits et à l'investissement. On peut voir que les petits investisseurs reçoivent sans doute une protection, alors que certains investisseurs plus avertis, comme TransAd, qui avaient des gens aptes à analyser ces produits, ne l'ont pas fait. Jean Coutu et plusieurs autres entreprises au Canada ont investi dans ces produits. Je ne sais pas s'ils feront l'objet d'une protection. Ils avaient la capacité d'étudier cela avant. Ils dépendaient de quelqu'un, et cette personne dépendait de quelqu'un d'autre.
Y a-t-il une solution? Peut-on faire quelque chose? Est-ce quelqu'un peut faire quelque chose?