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Merci beaucoup. Je suis très heureux de me présenter à nouveau devant le Comité des finances de la Chambre des communes. J'ai participé à de nombreuses occasions à vos délibérations au cours des années antérieures.
J'ai toujours trouvé que la période de questions et de réponses était particulièrement utile, et je suis convaincu qu'il en est de même pour les députés. Je vais aborder aussi brièvement que possible plusieurs sujets, pour disposer ensuite de plus de temps pour discuter avec les membres du comité.
Permettez-moi de commencer par dire que, depuis 2000, le Canada a fait des efforts considérables pour atténuer les répercussions de l'impôt sur les investissements et sur l'épargne, qui sont d’une importance capitale si l’on veut que les Canadiens profitent de la croissance économique et mettent de l’argent de côté en vue de leur retraite, vu le vieillissement de la population. Les gouvernements, tant libéraux que conservateurs, ont beaucoup fait dans ces domaines depuis huit ans.
Les taux fédéraux et provinciaux d'imposition du revenu des sociétés ont été réduits de 43 p. 100 en 2000 à 32 p. 100 aujourd'hui, et ils diminueront encore pour atteindre 28 p. 100 en 2012.
L'imposition du capital a été éliminée au fédéral et l'est progressivement dans les provinces.
Les déductions pour amortissement correspondent mieux à la dépréciation économique, bien que certains avantages fiscaux aient été réduits et d’autres bonifiés.
Le régime fiscal a été remanié de façon à abolir la pénalité applicable aux épargnes, par exemple en haussant, dans le dernier budget, les limites des cotisations aux REER et en instaurant le nouveau compte d’épargne libre d’impôt, ce qui m’a paru une excellente idée.
Cependant, la réforme fiscale est un processus qui réagit continuellement aux changements. Étant donné l’état de l’économie américaine, le déséquilibre mondial et les préoccupations constantes au sujet de la productivité, le Canada devrait poursuivre sur sa lancée.
Nous devrions prêter attention aux questions fiscales suivantes.
Tout d’abord, le Canada a fait d’énormes progrès dans la réduction de l’impôt des sociétés, mais il devrait réformer l’impôt des particuliers, en particulier pour abolir les taux élevés occasionnés par les hauts taux marginaux d’imposition et la récupération des prestations et des crédits liés au revenu. Il serait logique de réduire à trois le nombre de tranches d’imposition, par exemple à 15 %, 20 % et 25%. Nous devrions aussi envisager différentes formules pour éliminer la récupération fondée sur la vente d’actifs de REER ou de regrouper des avantages pour réduire les taux de récupération applicables simultanément.
En second lieu, le Canada devrait tenir compte des tendances démographiques qui, à long terme, sont des déterminants passablement importants d'éventuelles pénuries de main-d'oeuvre, même si au cours des quelques années à venir, nous risquons de subir les contrecoups du ralentissement de l'économie américaine.
Je suis d'avis que le fait que l'assurance-emploi constitue désormais un fonds distinct, une mesure annoncée dans le dernier budget, fournit l'occasion de réfléchir à nouveau à la réforme de l'assurance-emploi pour lui conférer davantage les caractéristiques d'un régime d'assurance. L'assurance-emploi apporte une aide importante aux personnes qui perdent leur emploi, mais elle leur fournit aussi l'occasion de s'adapter à de nouveaux emplois et c'est précisément dans ce domaine que les programmes de recyclage pourraient s'avérer utiles.
Il faudrait aussi modifier ce régime de façon à réduire les taux de cotisation des employeurs qui licencient moins de travailleurs. C'est ce qu'on appelle couramment la « tarification par expérience » qui a donné de bons résultats dans des programmes provinciaux d'accidents du travail. À l'étranger, ce principe a été appliqué à l'assurance-emploi depuis de nombreuses années, en particulier aux États-Unis.
Le troisième point est que le Canada devrait examiner le traitement fiscal des petites entreprises, qui nuit à la croissance et à la création d’emplois. Les mesures incitatives, comme l’exonération cumulative des gains en capital et la déduction accordée aux petites entreprises, sont souvent pénalisantes car elles ne s’appliquent pas au-dessus d’un certain seuil ou quand la petite entreprise est introduite en bourse. Il faudrait plutôt instaurer des mesures incitatives qui améliorent les perspectives de croissance des petites entreprises pendant un certain nombre d’années, par exemple en réduisant de moitié le taux d’inclusion des gains en capital pour les investisseurs, comme aux États-Unis, dans le cas d’une émission initiale d’actions.
Le point suivant est que le gouvernement fédéral pourrait encourager une réforme du régime fiscal des provinces en accordant une subvention aux provinces qui adoptent une taxe sur la valeur ajoutée semblable à la TPS. Cette mesure a été prise il y a dix ans dans les provinces de l’Atlantique. Il serait bon que l’Ontario, la Colombie-Britannique, la Saskatchewan, le Manitoba et l’Île-du-Prince-Édouard remanient eux aussi leurs régimes désuets de taxe de vente qui créent des distorsions et sont peu adaptables à la croissance de l’économie.
Cinquièmement, un bon nombre des propositions que je viens de formuler coûtent de l’argent alors que l’économie ralentit. Le ministre des Finances souhaite éviter les déficits, et il a raison. Pour financer les réformes fiscales, il faudrait notamment convertir la taxe fédérale d’accise sur le carburant en une véritable taxe générale pour l’environnement qui s’appliquerait à tous les secteurs de l’économie, en ayant des effets justes et neutres. Les recettes serviraient à réduire l’impôt sur le revenu des sociétés et des particuliers et à favoriser les investissements dans les nouvelles technologies, dont les entreprises ont besoin pour faire face aux coûts environnementaux.
C'était là, messieurs, les principaux sujets dont je tenais à vous entretenir aujourd'hui.
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Je vous remercie de m’avoir invité à prendre la parole devant le comité.
Je suis ravi que le comité ait un mandat aussi large parce que, si les détails ont toujours leur importance, il est également utile de ne pas perdre de vue l’objectif à long terme, c’est-à-dire un régime fiscal qui permette de percevoir des revenus de la façon la plus efficace et équitable possible.
Permettez-moi de commencer par présenter rapidement cinq idées, avant de passer à une proposition plus générale.
D’abord, il faut déployer des efforts intenses en vue d’harmoniser la TPS et les taxes de vente dans les provinces qui ne l’ont pas encore fait. Les faits observés donnent à penser que les investissements des entreprises augmenteraient.
Deuxièmement, il faut étudier avec soin la proposition de report des gains en capital. Comme l’expérience des fiducies de revenu l’a montré, des problèmes peuvent surgir lorsqu’un type de revenu de capital est imposé différemment des autres.
Troisièmement, il faudrait arrêter de multiplier les crédits d’impôt au titre de dépenses, comme pour la pratique du sport et les laissez-passer des transports en commun. À mon avis, même si ces crédits sont populaires dans certains milieux, ils relèvent d’une mauvaise politique fiscale.
Quatrièmement, je vous exhorte à envisager un certain rôle pour l’écofiscalité. De nombreux économistes d’allégeances très variées sont favorables aux écotaxes. Les mesures de cette nature annoncées récemment par le gouvernement de la Colombie-Britannique devraient montrer la voie à nos politiciens fédéraux.
Enfin, j'aimerais traiter des déductions autorisées au titre des régimes enregistrés d'épargne-études. Je crois comprendre que ces mesures ont été supprimées par la législation. C'est une excellente chose, car c'était un non-sens du point de vue de la politique fiscale, et une farce de celui de la politique de l'éducation.
Tout en estimant que ces cinq points méritent qu'on les analyse soigneusement, je vais garder mes autres commentaires les concernant pour la période des questions, et je me ferai alors un plaisir d'entrer davantage dans les détails. Pendant le temps qu'il me reste, j'aimerais vous entretenir d'une réforme plus fondamentale à laquelle nous pourrions réfléchir.
L’actuel régime canadien d’impôt sur le revenu repose sur les recommandations de la Commission royale d’enquête sur la fiscalité des années 1960, fréquemment appelée la « Commission Carter ». Le principe central des recommandations de la Commission Carter était l’idée que tous les revenus, quelle que soit leur provenance, doivent être traités de la même façon: gains en capital, revenus gagnés, prestations sociales, bourses d’étude, puisque tout va au même endroit. Les économistes parlent de l’« assiette du revenu global », mais la notion est souvent résumée par l’expression « un dollar, c’est toujours un dollar ».
En théorie, ce type de régime offre essentiellement deux avantages. D’abord, il semble équitable de façon inhérente : peu importe d’où provient le pouvoir économique, il est traité de la même manière. Deuxièmement, il peut en principe permettre des gains d’efficacité : comme il évite d’accorder un traitement préférentiel à certains types de revenus, rien n’incite les contribuables à organiser leurs affaires et à prendre leurs décisions pour faire correspondre leurs revenus aux catégories qui jouissent d’un avantage préférentiel.
Quels que soient les avantages théoriques, la mise en œuvre de ce régime s’est avérée complexe et difficile, surtout dans le cas du revenu du capital. En outre, les capitaux sont devenus plus mobiles, depuis les années 1960, et il y a lieu de se demander si le cadre proposé par la Commission Carter répond toujours aux besoins du Canada en 2008.
Il y a une autre solution. C'est ce qu'on appelle le « double régime d'imposition ». Un tel régime combine un barème progressif pour l'imposition du travail et un barème uniforme distinct pour les revenus provenant du capital. Les revenus des sociétés, les gains en capital, les revenus en intérêts et en dividendes seraient tous imposés exactement au même taux.
Ce type de régime existe en Suède et dans d’autres pays nordiques depuis le début des années 1990. Certains éléments de ce régime se retrouvent également en Belgique, en Irlande, aux Pays-Bas, aux États-Unis et ailleurs.
Quels sont les avantages de ce régime? J’en vois trois. D’abord, la simplification. Les règles complexes de l’imposition des revenus provenant du capital occasionnent d’énormes difficultés administratives, car des comptables et des juristes inventifs trouvent des moyens d’éviter l’impôt. Si tous les revenus provenant du capital sont imposés au même taux, il devient possible d’éviter une grande partie de ce gaspillage.
Deuxièmement, la neutralité. L’un des principaux objectifs de la politique fiscale est d’éviter d’influencer les décisions sur les modalités des investissements et le moment où il faut les faire. Il est possible d’atteindre cet objectif de neutralité en imposant tous les revenus provenant du capital de façon simple et égale.
Enfin, ce régime laisse une certaine latitude pour établir le taux d’imposition des revenus provenant du capital en fonction de préoccupations en matière d’équité. Dans un régime qui obéit au principe de l’assiette du revenu global, tout effort visant à rendre le Canada plus attrayant pour les investisseurs, par une baisse des taux d’imposition, bute sur un problème: il faut aussi abaisser le taux de l’impôt sur les revenus du travail. Si la fiscalité des deux types de revenus est distincte, il est possible d’établir le taux qui convient dans les deux cas.
Permettez-moi de conclure en vous donnant deux exemples qui montrent comment le double régime d’imposition améliorerait le régime fiscal canadien. Considérons d’abord l’épisode des fiducies de revenu. Au départ, le problème a surgi à cause du traitement différent des revenus d’intérêts et des revenus en dividendes. Les modifications apportées récemment au crédit d’impôt pour dividendes et aux taux d’impôt des sociétés ont rétabli l’équilibre pour l’instant. Toutefois, dans un double régime d’imposition, pareil problème ne pourrait jamais se présenter, car tous les types de revenus provenant du capital seraient automatiquement imposés de façon égale. Cela pourrait fort bien priver de travail une foule de comptables et d’avocats fiscalistes, car la recherche des avantages fiscaux devient moins fructueuse, mais ce serait une bonne chose pour notre économie, car nous pourrions sûrement leur trouver un rôle plus productif.
Le deuxième exemple concret concerne l’inégalité des revenus. En travaillant avec mes collègues David Green et Marc Frenette, nous avons mis en évidence une accentuation marquée de l’inégalité des revenus avant impôt et des revenus provenant des transferts depuis 1980 au Canada. La plus grande cause de l’inégalité croissante des revenus tient à la rémunération du travail : les gains des mieux rémunérés augmentent très rapidement. Il est toutefois difficile d’imposer plus lourdement les gros salariés parce que nous devrions aussi relever le taux d’imposition sur les revenus provenant du capital et que nous ferions peut-être fuir les investissements
Un régime double d’imposition règle le problème en permettant au régime fiscal d’imposer selon des taux progressifs les revenus provenant du travail, sans qu’il faille craindre de faire fuir les investissements. Bien entendu, un régime double d’imposition poserait plusieurs problèmes de mise en œuvre. Il peut y avoir des difficultés concernant le traitement des revenus des travailleurs autonomes, les pensions, les considérations fédérales-provinciales et diverses questions de fiscalité internationale, pour ne donner que quelques exemples. Je conviens que, aujourd’hui, nous n’avons pas toutes les réponses à ces problèmes, mais je sais aussi que les avantages que peut donner l’adoption d’un régime double d’imposition sont tels qu’il vaut la peine d’envisager pareil changement. Si ce régime est assez bon pour une petite économie progressiste et ouverte fondée sur l’exploitation des ressources comme celle de la Suède, il est peut-être assez bon pour le Canada également. Je préconise donc une étude sérieuse de ce régime.
Merci de votre temps et de votre attention. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Tout d'abord, nous fêterons demain les 20 ans du rapport du comité technique sur la fiscalité des entreprises, qui recommandait la tarification par expérience, et qui proposait de l'appliquer sur une base individuelle, entreprise par entreprise.
Permettez-moi de commencer par rappeler que Statistique Canada a réalisé un certain nombre d'études, et s'il est vrai que, dans certains secteurs, l'incidence des mises à pied serait plus élevée, la situation varie cependant beaucoup d'une entreprise à l'autre, même au sein d'un même secteur. C'est pourquoi, à mon avis, la tarification par expérience devrait, si nous devions jamais emprunter cette voie, se faire entreprise par entreprise et non pas secteur par secteur, ce qui constitue une solution de rechange.
Quant aux coûts de conformité, on estime souvent que cette approche est plus coûteuse, et c'est peut-être vrai. Cependant, dans certaines études que j'ai lues sur les États-Unis, le coût de la conformité au système d'assurance-emploi, même en appliquant la tarification par expérience comme le font certains États, dont celui de Washington, est en vérité inférieure à ce qu'il est au Canada. Je crois donc que nous devrions nous poser quelques questions sur la façon dont nous faisons face ici, au Canada, aux coûts d'administration et de conformité de notre système.
Je conviens volontiers qu'il pourrait y avoir quelques coûts additionnels, mais nous ne devons pas perdre de vue les avantages économiques liés à cette formule parce que, concrètement, l'assurance-emploi est utilisée comme un moyen d'aider réellement les entreprises à éviter de verser leur part des cotisations en s'organisant, lorsqu'elles mettent des gens à pied, pour qu'ils restent disponibles afin qu'elles puissent les rappeler par la suite.
Dans la pratique, avec notre système actuel, nous taxons lourdement de nombreux secteurs de l'économie, y compris celui des entreprises de service. Vous avez évoqué les banques, mais vous n'avez pas parlé du grand nombre de petites entreprises qui ne licencient que très rarement leurs employés mais qui, elles aussi, paient cependant des cotisations très élevées.
Les études ont révélé que vous pourriez réduire les taux de chômage de presque un point de pourcentage en intégrant, au moins en partie, la tarification par expérience au système de l'assurance-emploi. C'est la raison pour laquelle de nombreux économistes sont réellement très favorables à ce concept parce qu'il apporterait des avantages économiques importants, en particulier à une époque où nous nous inquiétons des pénuries de main-d'oeuvre.
Je dois convenir que l'un des aspects sur lesquels nous devrions nous pencher est la façon, dans le cadre du système d'assurance-emploi, de gérer les retombées régionales. C'est une question de la toute première importance pour la région de l'Atlantique.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour. Ma question s'adresse à vous deux; vous pourrez y répondre à tour de rôle.
Je m'attendais à ce que vous puissiez nous parler d'un certain ratio. Nous avons regardé avant-hier les proportions dans lesquelles le Canada, les fonds qui proviennent du gouvernement... Une sorte de ratio s'établit entre l'impôt sur le revenu et les taxes à la consommation. Je me trompe peut-être, mais vous n'en n'avez pas parlé.
Dans le cadre de notre étude, c'est quand même une préoccupation. Devrait-on éventuellement augmenter les taxes à la consommation au Canada afin de diminuer l'impôt sur le revenu et que, au bout du compte, les revenus soient les mêmes? Cet aspect fait aussi partie de notre étude.
Le système fiscal comporte des aberrations. Lors de la même présentation, on a vu que des couples, des individus ou des familles monoparentales gagnant un salaire de 35 000 $ et 40 000 $ étaient peu encouragés à gagner 5 000 $ supplémentaires parce qu'il ne leur reste alors que 1 500 $ dans leurs poches. C'est quand même problématique. Il faudra bien apporter des corrections éventuellement.
J'aimerais vous entendre là-dessus, tous les deux.
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Permettez-moi d'ajouter un certain nombre de commentaires.
Tout d'abord, je crois que si nous tentions d'accorder plus d'importance à la distinction entre les taxes à la consommation et l'impôt sur le revenu, nous nous lancerions dans tout un exercice parce que notre régime fiscal actuel comporte déjà des éléments de ce que vous pourriez appeler « des taxes à la consommation ». C'est parce que nous avons adopté des dispositions qui permettent aux gens d'éviter de payer des impôts sur les économies qu'ils ont réalisés à même leur revenu ou, effectivement, comme dans le cas des REER et des régimes de retraite, de déduire leurs versements à ces régimes de leur revenu imposable. En d'autres termes, vous déduisez vos économies de votre revenu pour obtenir votre revenu imposable, et seule votre consommation à même ce dernier est imposée. Ensuite, quand vous retirez de l'argent de votre compte de REER ou que vous retirez votre pension, vous êtes imposé sur votre consommation.
La création du compte d'épargne libre d'impôt se révèle en réalité une autre façon d'imposer la consommation. Bien évidemment, notre traitement fiscal du logement au Canada repose dans une très large mesure sur un système de consommation. Vous n'obtenez pas de déduction pour l'argent que vous versez, mais vous ne payez pas non plus d'impôt sur les revenus de loyer dont vous bénéficiez en possédant la maison et en vous la louant à vous-même, pas plus que votre gain en capital sur la maison dont vous êtes propriétaire n'est imposé. Lorsque vous tenez compte de tous ces éléments, ils équivalent dans la réalité à un système du genre REER, en autant que vous appliquiez des taux d'imposition comparables dans le temps quand vous faites les calculs pour ce type de bien.
Il en découle que de nombreux Canadiens sont, avec le régime fiscal actuel, soumis à ce qu'on a appelé un régime de taxes à la consommation parce que leurs actifs se trouvent soit dans les logements qu'ils occupent et dont ils sont propriétaires, soit dans des comptes de retraite de type REER, et qu'ils ont maintenant accès au compte d'épargnes libre d'impôt. Dans la mesure où tout se trouve dans ce type de bien et qu'ils ne paient pas d'impôt sur le rendement de leurs épargnes, ils sont effectivement traités de la même façon qu'ils le seraient dans un régime de taxes à la consommation dans le cadre de l'impôt personnel sur le revenu.
À mon avis, il y a d'autres façons d'introduire des taxes à la consommation et d'accroître leur importance. L'une d'entre elles est manifestement de favoriser la réforme des taxes de vente provinciales afin d'éliminer celles au détail au profit des taxes à la valeur ajoutée. Actuellement, les taxes de vente au détail permettent de prélever environ un tiers des revenus retirés par les entreprises de leurs intrants intermédiaires et des biens d'équipement. Cela a des effets sur la capacité concurrentielle.
Si nous adoptons un régime de taxe à la valeur ajoutée, comme l'ont fait maintenant plus de 150 pays à travers le monde, et comme nous l'avons bien évidemment fait au niveau fédéral avec la TPS, ainsi qu'au Québec avec la taxe de vente et avec la taxe de vente harmonisée à...
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Je serai très rapide, monsieur le président.
Tout d'abord, il y a un principe dans le domaine de l'assurance voulant que si ce qu'on appelle le problème du « risque moral » ne se posait pas, c'est-à-dire qu'on doive faire face à des gens prenant des risques indus, y compris décidant de chômer plus longtemps, vous aimeriez avoir une assurance complète, et vous pourriez alors dans un tel cas n'avoir aucune raison de recourir à la tarification par expérience parce que la totalité du chômage serait alors due à des évolutions cycliques.
Par contre, si le système d'assurance-emploi incite les gens à rester au chômage plus longtemps qu'il ne le ferait normalement, et les entreprises pourraient bien évidemment jouer le même jeu... Par exemple, je connais des enseignants travaillant dans des écoles privées qui n'ont qu'un contrat d'un an et qui profitent de l'assurance-chômage en été. Cela leur permet, pour l'essentiel, de toucher les prestations, et cela dispense l'école privée d'avoir à verser des salaires plus élevés.
Face à ce type de situation, vous pourriez prôner une tarification partielle par expérience, pas complète mais partielle, en imaginant que les entreprises qui ont tendance à licencier fréquemment finiraient par payer davantage. Elles pourraient alors être tentées d'éviter de prendre certaines des mesures qui conduisent à des licenciements quand il ne s'agit pas uniquement d'effets cycliques.
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Je vous remercie, monsieur le président
Pour commencer, je sais fort bien que vous avez tous deux, messieurs, une solide connaissance des questions sur lesquelles nous nous penchons ici. Mon seul souhait, je crois, serait que vous répondiez un peu plus rapidement aux questions. Nous aurions ainsi peut-être le temps de vous poser davantage de questions, si cela est possible. Sachez que j'exprime ce vœu, bien évidemment, avec le plus grand respect.
L'une de mes questions, Kevin, porte sur votre approche. J'essaie de déterminer les choix de la majorité des témoins entendus par notre comité entre impôt sur le revenu et taxes à la consommation. Il me semble que, dans votre cas, vous préférez les taxes à la consommation à l'impôt sur le revenu.
Je vous serais reconnaissant de nous dire très rapidement ce que vous pensez de ce choix. Au début de votre exposé, vous avez précisé ne pas être un grand partisan de toute la gamme des crédits d'impôt, et c'est ce qui a retenu mon attention.
Pouvez-vous me donner des précisions parce que je n'ai peut-être pas le même point de vue que vous. Vous êtes partisan des taxes à la consommation, mais vous n'êtes pas favorable à un crédit d'impôt à la consommation. Les deux ne me paraissent pas mutuellement exclusifs. En réalité, ce sont à mes yeux des mesures qui se complètent l'une l'autre.
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C'est vrai. Permettez-moi d'aborder cette question très rapidement.
Ce que j'ai appelé la multiplication des crédits d'impôt soulève pour moi un certain nombre de problèmes. L'un d'eux est que vous réduisez l'assiette fiscale. Le gouvernement vous accorde des crédits et calcule votre revenu après, ce qui signifie que l'assiette fiscale se réduit. Pour obtenir le même montant de recettes, il faut augmenter les taux.
Ce que les gens préfèrent en général, et j'imagine que c'est ce que nombre de ceux qui se sont présentés devant ce comité vous ont probablement dit, est un système à faible taux mais s'appliquant à une large assiette fiscale. Les préoccupations en la matière viennent en partie de là.
L'autre volet des préoccupations tient à la seconde partie de votre question. Avec ces types de crédit d'impôt, la différence entre cette solution et un système de taxe à la consommation plus générale est que vous choisissez les types de dépenses qui sont admissibles à ces crédits d'impôt alors que, avec un régime général de taxes à la consommation, tous les types de dépenses sont soumis au même traitement.
Prenons comme exemple le crédit d'impôt pour la condition physique. Je me souviens avoir lu l'an dernier un exposé du représentant de la Fédération canadienne des archers qui craignait que le tir à l'arc ne soit pas considéré comme une discipline suffisamment physique pour avoir droit à ce crédit d'impôt.
Vous organisez alors des réunions et vous observez beaucoup d'intérêt sur la façon dont vous allez définir les activités admissibles à ce crédit d'impôt pour la condition physique. Il faut fixer un seuil quelque part. Ce que je veux dire est que vous choisissez ce qui est bien et ce qui ne l'est pas pour les enfants. Je ne sais pas si le tir à l'arc est une bonne chose ou une mauvaise chose pour les enfants, mais je suis convaincu qu'un système qui traite le tir à l'arc de la même façon que les clubs d'échec et que le hockey est en vérité un très bon système.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les deux. Je vous suis reconnaissant d'avoir pris le temps de venir.
Monsieur Mintz, je crois que c'est vous qui avez soulevé la question de la tarification selon l'expérience. Tout allait bien, jusqu'à ce que vous fassiez allusion à la Commission de la sécurité professionnelle et de l'assurance contre les accidents du travail de l'Ontario. La tarification selon l'expérience à cette commission est un cauchemar à l'heure actuelle. En fait, Steve Mahoney, un ancien député au Parlement — je l'ai également côtoyé quand nous étions tous les deux députés à l'assemblée législative de l'Ontario — qui est le président de la commission, vient tout juste de reconnaître publiquement que le système au complet est un véritable cauchemar. Il y a des compagnies qui constatent que cela leur coûte moins cher d'avoir des employés qui sont blessés et qui se tournent les pouces dans la salle des employés; on préfère leur payer plein salaire plutôt que de les laisser faire une réclamation, parce que cela influe sur cette fameuse tarification. L'inconvénient pour les travailleurs est qu'en l'absence d'une réclamation, si jamais ils ont un problème à l'avenir, surtout quand ils vieillissent et que leur problème de santé se transforme en une blessure ou maladie débilitante, c'est tant pis pour eux.
À moins que la situation n'ait changé depuis que je travaillais là-bas, puisque cela fait maintenant près de cinq ans, on paye plus d'argent en bonifications pour absence de réclamations qu'en prestations proprement dites aux travailleurs blessés. J'essaie seulement de comprendre comment, compte tenu de cette expérience en Ontario, vous pouvez dire que c'est un avantage sur le plan national. Peut-être pouvez-vous m'aider à comprendre.
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Je vais répondre à cela. Merci pour la question.
Vous avez raison de dire que le régime fiscal est un moyen d'atteindre les résultats qu'on souhaite obtenir. Les impôts peuvent influer sur les décisions des gens et c'est un outil pour obtenir des résultats concrets, mais les impôts ne sont pas le seul moyen d'agir. On peut aussi dépenser de l'argent à même le budget, directement sous forme de dépenses budgétaires, au lieu de procéder au moyen de dépenses fiscales, c'est-à-dire en accordant des crédits.
Mon argumentation est peut-être un peu subtile.
Dans certains dossiers, il est peut-être préférable d'utiliser le levier fiscal, par exemple dans le dossier de l'équité, où l'on utilise le crédit d'impôt pour TPS, comme M. Mintz l'a dit. Dans d'autres cas, c'est peut-être mieux de procéder au moyen de dépenses directes. Prenons l'exemple du crédit d'impôt pour condition physique. Si l'on examine cela de plus près, l'approche du crédit d'impôt présente un problème en ce sens que beaucoup de familles n'ont aucun revenu imposable. Elles ne voient donc pas l'intérêt d'un crédit d'impôt pour condition physique, et si l'on essaie de cibler, disons, les familles à faible revenu, elles n'en tireront absolument aucun avantage. D'autre part, des programmes de dépenses visant à aider les centres communautaires, par exemple, pourraient peut-être améliorer la situation de toutes les familles.
Il faut peut-être examiner tout cela au cas par cas, mais en général, plus une mesure est de portée générale, moins il y a de chances que l'on doive s'inquiéter des petites distorsions auxquelles nous avons fait allusion.
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Bon. Je ne suis toujours pas entièrement convaincu, mais je comprends votre argument.
J'ai une autre question, monsieur le président, s'il me reste du temps.
Au sujet du double impôt sur le revenu, l'un des changements que nous avons constatés au cours des 30 ou 40 dernières années, c'est qu'une proportion de plus en plus grande des recettes gouvernementales de notre pays vient de l'impôt sur le revenu des particuliers, et une proportion moindre de l'impôt sur les sociétés. En fait, depuis... Évidemment, c'est vous qui êtes professeur et vous me reprendrez si je me trompe, mais au cours de cette période, il y a eu un changement considérable par rapport à l'époque où la majorité des revenus venait des sociétés. L'impôt sur le revenu des particuliers rapporte plus depuis maintenant longtemps.
Je n'entrerai pas dans l'aspect politique de ce que font les gouvernements actuels, mais puisque vous proposez ce système, pouvez-vous me donner l'assurance que cela permettrait de rééquilibrer la situation, ou bien croyez-vous que ce rééquilibrage n'aura pas lieu? Êtes-vous prêt à soutenir que c'est une bonne chose qu'une proportion aussi élevée de nos revenus vienne de l'impôt sur le revenu des particuliers plutôt que des sociétés, c'est-à-dire l'inverse de la situation qui existait encore durant les années 1960?
Je trahis mon âge en disant cela.
Merci.
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Premièrement, je voudrais dire que ce n'est pas la bonne question au départ et la raison en est que les entreprises ne paient pas d'impôts. Ou bien les actionnaires obtiennent un rendement après impôt plus bas, ou bien les travailleurs touchent des salaires moins élevés.
Je dis cela parce que dans le monde d'aujourd'hui, s'il y a une chose qui n'arrive plus, c'est que les impôts sur les sociétés ne sont plus transmis aux actionnaires. La raison en est que si l'on exige des impôts sur les sociétés très élevés et que cela diminue les profits qui sont remis aux actionnaires ou aux investisseurs, ceux-ci vont prendre leur argent et l'investir ailleurs dans le monde. En fin de compte, la société doit payer le même taux de rendement après impôt aux actionnaires, peu importe quel est le taux d'impôt sur les sociétés.
Je vais maintenant vous parler d'importantes études qui viennent d'être publiées. Ces dernières années, les preuves s'accumulent, indiquant que les baisses des impôts sur les sociétés débouchent réellement sur des salaires plus élevés payés aux travailleurs.
Mike Devereux, de l'Université d'Oxford, a fait récemment une étude, de concert avec un collègue, pour examiner l'incidence des impôts sur le revenu des sociétés en Europe et en particulier en Grande-Bretagne. C'était l'une des premières études sur le sujet depuis très longtemps. Il a constaté qu'à court terme, si l'on réduit de 1 $ l'impôt sur les sociétés, les salaires augmentent de 50 ¢; à long terme, ils augmentent de plus de 100 p. 100. Il a obtenu un chiffre supérieur à 100 p. 100 parce que les compagnies investissent dans de nouvelles technologies qui augmentent la productivité des travailleurs, ce qui leur permet de payer à leurs travailleurs des salaires plus élevés. Ou bien elles sont en mesure de réduire leurs prix, ce qui a pour conséquence d'accroître le pouvoir d'achat des travailleurs.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être venus aujourd'hui.
Monsieur Mintz, j'ai fait beaucoup d'interventions sur la taxe de vente harmonisée ou taxe sur la valeur ajoutée et les avantages de l'adoption graduelle de cette forme d'imposition, et j'ai beaucoup étudié la question. Je constate que c'est l'un des points abordés dans votre exposé aujourd'hui.
Nous en avons discuté ici même au comité et je suis d'accord avec ceux qui soutiennent que ce n'est même pas le taux de la taxe qui compte dans bien des cas, mais plutôt le point auquel on prélève les revenus fiscaux. C'est souvent ce qui détermine la productivité de l'économie et l'utilisation optimale du régime fiscal.
Je sais que notre gouvernement a mis en place des mesures incitatives pour l'harmonisation des taxes et l'on ne cesse de revenir à la possibilité que l'on offre peut-être une subvention plus importante, afin d'encourager davantage ce mouvement. Mais ce que je ne comprends pas vraiment, c'est pourquoi ce changement ne pourrait pas être fiscalement neutre pour les provinces. Pourquoi ne peuvent-elles opérer la transition vers une taxe sur la valeur ajoutée sans être durement frappées sur le plan économique, surtout si l'on tient compte que la plupart des revenus fiscaux des provinces sont tirés, comme dans le cas du gouvernement fédéral d'ailleurs, de l'impôt sur le revenu des particuliers, et non pas des taxes sur la valeur ajoutée ou des impôts sur les sociétés? Il me semble qu'il devrait être possible de rendre cette transition relativement neutre sur le plan fiscal pour les provinces, si l'on fait exception des frais administratifs.
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Il y a plusieurs années, j'ai prononcé un important discours sur les programmes de développement régional au Canada et je me suis longuement attardé aux travaux qui ont été publiés et aux constatations qui ont été faites à ce sujet partout dans le monde. La Banque mondiale a fait observer qu'à peu près tous les programmes de développement régional qui ont été mis à l'essai n'ont pas marché, en ce sens qu'ils n'ont pas vraiment donné le moindre résultat.
Mais j'ai constaté que deux moyens sont très efficaces pour tenter d'aider les régions frappées par le marasme. Le premier consiste à assurer de meilleures liaisons avec les régions urbaines sur le plan des communications et des transports. Cela permet aux gens d'échanger plus facilement avec les grandes villes à partir des régions périphériques. On a constaté en Europe et dans bon nombre d'autres études que de tels efforts ont tendance à donner des résultats.
L'autre type d'effort de développement régional qui a été couronné de succès consiste à abattre les frontières entre les diverses instances et en particulier, dans le cas des petites régions, à faciliter le partage du coût des grandes dépenses d'infrastructure en faisant en sorte que plusieurs collectivités partagent le coût plutôt que de laisser chacune d'elles bâtir son propre centre, par exemple. Si l'on obtient ainsi des économies d'échelle et une plus grande efficience, c'est un succès.
J'ai été très étonné de constater que l'une des provinces canadiennes a justement déployé des efforts importants en ce sens. Il s'agit de l'Alberta. Avec ses politiques de développement régional, la province s'efforce d'obtenir que les petites villes partagent davantage leurs ressources, de manière qu'elles puissent disposer de meilleures installations.
Rien de tout cela n'est du domaine de la fiscalité et je pense donc que nous devons peut-être prendre du recul pour définir ce que nous voulons réaliser et trouver la meilleure manière d'y parvenir. Je pense que ce sont des orientations intéressantes auxquelles il vaut certes la peine de réfléchir.
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Je dirai tout d'abord qu'une telle proposition a été faite il y a 10 ans par le comité technique sur la fiscalité des entreprises que j'ai présidé. J'avais été nommé par Paul Martin quand il était ministre des Finances.
En fait, nous avons recommandé de prendre la taxe d'accise fédérale sur le carburant, qui avait perdu sa raison d'être... Elle a été créée en 1975 pour réduire les importations de pétrole. Ce n'est vraiment plus pertinent aujourd'hui. On peut même se demander pourquoi cette taxe existe au niveau fédéral, étant donné que le gouvernement fédéral ne finance pas vraiment les routes, tandis que les provinces le font, et l'on pourrait soutenir que c'est une taxe imposée à l'usager. Pourquoi le gouvernement fédéral ne pourrait-il utiliser cette taxe de manière plus utile? Nous avons recommandé à l'époque d'étendre la portée de la taxe d'accise fédérale sur le carburant pour la transformer en une taxe sur l'énergie ou sur les toxines. Cela permettrait d'englober efficacement tout cela.
Aujourd'hui, j'ai présenté un document et j'ai prononcé un discours au Economic Club de Toronto. Dans cet exposé, Nancy Olewiler et moi-même avons développé cette argumentation de manière plus détaillée, en reprenant la recommandation formulée dans le rapport d'il y a 10 ans. Nous nous sommes demandé ce qui se passerait si l'on conservait la taxe sur l'essence à 10 ¢ et si l'on décidait d'appliquer une taxe environnementale de portée générale à d'autres carburants. Ce pourrait être une taxe sur le carbone; ce pourrait être une taxe sur le soufre et l'oxyde d'azote ou sur une combinaison de ces divers éléments. C'est un choix que l'on pourrait faire, mais nous nous sommes attardés à la taxe sur le carbone parce que c'était en fait plus facile à calculer.
Une taxe de 10 ¢ le litre, qui existe actuellement sous forme de taxe d'accise fédérale, est l'équivalent d'une taxe sur le carbone de 42 $ la tonne. Si l'on applique ce chiffre de 42 $ à tout le reste, nos calculs donnent les résultats suivants: au lieu de percevoir 5,1 milliards de dollars au moyen de la taxe d'accise fédérale sur le carburant, on pourrait percevoir 17 milliards de dollars grâce à une taxe sur le carbone d'une vaste portée qui serait une taxe à la consommation. Autrement dit, on essaye d'exempter les exportations et l'on taxe les importations, bien que cela pose un important problème si l'on tente d'aller au-delà de l'étape de la combustion du carburant.
La raison en est que si l'on importe un jouet de Chine, on n'y trouve pas seulement du plomb; on y trouve du carbone, mais ce n'est peut-être pas du carbone de Chine, parce que le jouet peut avoir été assemblé à partir de composantes produites partout dans le monde, y compris aux États-Unis et au Canada. Ensuite, il faut connaître le prix du carbone dans tous les pays du monde pour mesurer ce carbone et tout le reste. Imposer des droits sur les biens manufacturés serait vraiment tout un défi, mais comme on l'a vu dans le cas de la taxe sur le carbone de Colombie-Britannique, c'est possible de surmonter cet obstacle.
Je pense qu'il y a place au niveau fédéral pour une restructuration de l'actuelle taxe d'accise fédérale que l'on pourrait peut-être utiliser plus judicieusement, au lieu de s'en servir seulement pour aller chercher des revenus.
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J'ai été très bref dans mes observations. Mais premièrement, l'exemption à vie pour gains en capital est offerte à quiconque possède des actions de sociétés privées sous contrôle canadien.
En fait, beaucoup de grandes entreprises se sont réorganisées et ont créé une société de gestion privée dont les dirigeants, qui sont en fait des gens très riches, réclament l'exemption à vie pour gains en capital au moment de vendre leurs actions de cette société privée sous contrôle canadien.
Mon objection à l'exemption à vie pour gains en capital est qu'elle est seulement disponible pour les actions de sociétés privées. Donc si l'on devient public, on peut cristalliser et réclamer intégralement l'exemption, mais il arrive parfois, si l'on n'a pas encore accumulé suffisamment de gains en capital, que l'on décide pour cette raison de garder la compagnie privée.
Ce que je dis, c'est qu'à mon avis, nous devons commencer à réfléchir à des mesures incitatives qui permettraient aux petites entreprises de grandir. Un exemple qui m'a toujours frappé est celui des États-Unis qui ont accordé une exemption de la moitié des gains en capital pour les investisseurs qui procèdent à un premier appel public à l'épargne pour de petites compagnies, et la dernière fois que j'ai vérifié, on définissait « petites compagnies » comme des compagnies ayant jusqu'à 60 millions de dollars d'actifs. Une étude faite à Harvard indique que les investisseurs n'ont reçu que la moitié des avantages de cette exemption, la compagnie en empochant la moitié sous forme d'une baisse du coût du capital. Mais c'était intéressant et c'était une mesure visant à encourager les compagnies à devenir publiques, par opposition à ce que je considère comme un encouragement à ne pas dépasser le cadre de la petite entreprise.
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En effet. Premièrement, je ne suis pas d'accord avec M. Milligan sur un point, à savoir que même si l'on tente d'amalgamer le gain en capital, les dividendes et l'intérêt, cela ne va pas simplifier le système. D'ailleurs, les gains en capital sont seulement imposés lorsqu'ils sont réalisés, quand les gens vendent leurs actifs. Cela établit déjà une importante différenciation, et le droit fiscal est en grande partie fondé sur cette différenciation entre les sources de revenu.
Par ailleurs, pour les dividendes, comme dans le cas des gains en capital, on sait que si une compagnie paye de l'impôt sur le revenu des sociétés, cela réduit d'autant sa valeur et le montant des gains en capital et des dividendes. Si nous avons des crédits d'impôt pour dividendes, surtout pour les petites entreprises, ainsi que des impôts moins élevés sur les gains en capital réalisés à même la vente d'actions, c'est que l'on tente justement de tenir compte du fait que le revenu que touche le propriétaire a déjà été frappé par un impôt, au niveau de la société. Il faut donc tenir compte de cette différenciation.
Dans le cas des petites entreprises, je pense que c'est difficile de bâtir une compagnie et que les gens doivent avoir accès à des capitaux d'un coût suffisamment bas pour permettre la croissance de leur compagnie. Les impôts, surtout sur les gains en capital, peuvent nuire à la prise de risques, parce que les gouvernements sont là pour s'emparer d'une partie du gain, mais ils n'assument pas nécessairement la totalité de la perte, même si nous avons tenté de compenser cela dans le régime fiscal.
Mais étant donné que nous n'avons pas un système parfait pour l'imposition des gains en capital — nous n'y parviendrons jamais —, il faut parfois offrir des incitatifs pour compenser. C'est à ce niveau qu'il faut à mon avis reconsidérer ce dossier, mais je voudrais que l'on réfléchisse pour élaborer des incitatifs qui permettraient vraiment d'encourager la croissance et d'éviter les taux d'imposition marginaux très élevés, ce qui est le cas quand une compagnie grandit, puisque ses revenus sont alors imposés à des taux beaucoup plus élevés.
C'est très semblable au cas des personnes à faible revenu qui s'efforcent de...
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J'ai déjà posé cette question et je pense que John y a fait allusion, mais c'était un peu contradictoire, monsieur Mintz, et c'est pourquoi je veux la poser de nouveau.
Il n'y a aucun doute que le gouvernement a besoin d'un certain montant pour administrer l'appareil gouvernemental, pour fournir les services. Peu importe que ce soit 200 milliards de dollars ou 300 milliards de dollars. Nous avons dit que les charges sociales devraient servir à financer certaines prestations; nous avons dit que les cotisations à l'AE doivent peut-être servir à payer les prestations. À partir de quel point ne devraient-elles plus servir à payer des prestations?
Il y a quelques années, on a introduit les taxes aéroportuaires. Tout à coup, une nouvelle source de recettes fiscales est devenue disponible, et le gouvernement est devenu accro. Il est probable que l'on n'a pas investi la même somme pour assurer la sécurité dans les aéroports, mais on dirait que ces taxes ont permis d'amasser des revenus qui semblent inépuisables.
Je donne cet exemple parce qu'il a été soulevé, mais vous avez donné un autre exemple, celui de la taxe d'accise. Les gouvernements devraient-ils être partout? En un sens, vous dites que la taxe d'accise devrait être versée au Trésor, mais du même souffle, vous dites que la taxe d'accise devrait peut-être diminuer, que nous devrions introduire une taxe sur le carbone et qu'une partie de cet argent devrait être retourné à la population qui l'a versé. À partir de quel point nous devrions en faire autant pour l'impôt sur le revenu des particuliers? Que devrait-on faire des impôts sur les sociétés?
La question est de savoir quand nous devrions recourir à des taxes spécialement affectées et quand nous devrions écrémer tout le monde pour essayer d'obtenir autant d'argent que possible des contribuables?