Conformément au paragraphe 32(5) du Règlement, nous accueillons maintenant le commissaire à l'environnement et au développement durable, M. Scott Vaughan. Il est accompagné de deux membres du Bureau du vérificateur général du Canada: M. Richard Arseneault, directeur principal, et M. Paul Morse, directeur principal, Stratégies de développement durable, vérification et études.
M. Vaughan nous parlera du rapport sur l'environnement et le développement durable qu'il a déposé le 31 mars 2009.
Nous écouterons avec intérêt votre déclaration préliminaire, puis nous vous poserons des questions.
:
Merci, monsieur le président.
[Français]
Monsieur le président, je suis heureux de vous présenter notre rapport Le Point de 2009, qui a été déposé au Parlement récemment.
[Traduction]
Ce rapport décrit ce que les ministères et les organismes ont fait pour régler deux questions qui avaient été soulevées dans nos rapports précédents. Pour déterminer si les progrès réalisés sont satisfaisants ou insatisfaisants, nous tenons compte de la complexité de la question et du temps qui s’est écoulé depuis la vérification initiale.
[Français]
Les deux questions environnementales sur lesquelles porte ce rapport sont essentielles à la vie; il s'agit de la salubrité de l'eau que nous buvons et de la qualité de l'air que nous respirons.
J'aimerais commencer par le premier chapitre du rapport, qui traite de la salubrité de l'eau potable.
[Traduction]
On tient souvent pour acquis que notre eau potable est salubre jusqu’à ce que surgissent des problèmes aux conséquences parfois tragiques. La façon dont le gouvernement fédéral s’acquitte de ses responsabilités à l’égard de la salubrité de l’eau que nous buvons a des répercussions sur des millions de gens, dont les voyageurs, les touristes qui visitent les parcs nationaux, les détenus dans les pénitenciers fédéraux, les consommateurs d’eau embouteillée et les employés fédéraux.
[Français]
Le gouvernement fédéral est responsable de l'élaboration des Recommandations pour la salubrité de l'eau potable au Canada, fondées sur la science. Ces recommandations établissent la concentration maximale acceptable de quelque 120 contaminants différents pouvant être présents dans l'eau potable.
[Traduction]
Le gouvernement fédéral doit veiller, en collaboration avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, à ce que ces recommandations soient mises à jour à la lumière des données scientifiques actuelles. Les provinces et les territoires s’en servent de différentes façons, soit comme directives générales ou comme normes réglementaires. En vertu du Code canadien du travail, les employeurs fédéraux sont tenus de fournir à leurs employés une eau potable qui satisfait aux exigences des recommandations.
[Français]
En 2005, nous avions indiqué que le processus appliqué par Santé Canada pour formuler et réviser les recommandations était fondé sur les risques, les connaissances scientifiques, la consultation et la transparence.
Toutefois, nous avions aussi signalé que ce processus était encore trop lent et qu’il y avait un arriéré d’environ 50 recommandations nécessitant un examen pour tenir compte des nouvelles données scientifiques disponibles. Le ministère a depuis grandement réduit cet arriéré. Je suis heureux de mentionner que Santé Canada dispose d’un processus pour mettre à jour régulièrement les recommandations en se fondant sur les données scientifiques et les risques pour la santé humaine, et pour élaborer de nouvelles recommandations au besoin.
En 2005, nous avons noté que Santé Canada avait interrompu toutes ses inspections régulières de l'eau potable à bord des avions commerciaux de passagers. Je suis heureux de noter que Santé Canada a repris cet important travail. Toutefois, nous avons aussi noté que ses activités d'inspection sont incomplètes.
[Traduction]
En 2005, nous avions déploré le fait que les procédures visant à assurer la salubrité de l’eau dans les installations et les sites des ministères et organismes fédéraux présentaient des lacunes et des incohérences. À la fin de 2005, Santé Canada a publié un guide central pour aider les organisations fédérales à cet égard.
[Français]
Des deux organisations fédérales que nous avons examinées au cours de la présente vérification de suivi, Parcs Canada est la seule qui s'est dotée de systèmes pour assurer la mise en application des lignes directrices fédérales. Par ailleurs, le Service correctionnel du Canada n'a pas suivi certaines des procédures indiquées dans le guide central de Santé Canada. Il convient de noter en particulier que de fortes concentrations de plomb ont été détectées dans certaines installations du Service correctionnel au Québec.
[Traduction]
Enfin, le premier chapitre traite aussi de la responsabilité partagée de Santé Canada et de l’Agence canadienne d’inspection des aliments à l’égard de la salubrité de l’eau potable embouteillée. Le besoin de réviser les parties du Règlement sur les aliments et drogues qui visent l’eau embouteillée, de manière à y inclure des renvois aux Recommandations pour la qualité de l’eau potable au Canada, fait partie des cinq recommandations du chapitre.
[Français]
Parlons maintenant de la cote air santé. Cette cote donne un aperçu de la qualité de l'air à un endroit donné. Elle couvre trois polluants clés qui affectent la santé humaine et qui doivent faire l'objet d'une surveillance à l'échelle nationale. Tout comme l'indice UV, la cote air santé permet à chaque Canadien de prendre une décision éclairée pour ce qui est des activités pratiquées à l'extérieur.
[Traduction]
La Cote air santé mesure l’effet combiné de trois polluants que l’on trouve au Canada et qui peuvent affecter la santé humaine, soit l’ozone troposphérique, les particules fines et le dioxyde d’azote. C’est la première fois qu’un indice combine les données sur la pollution et les risques probables pour la santé humaine ou établit une corrélation entre eux. Auparavant, les provinces et certaines municipalités communiquaient les données recueillies par les réseaux nationaux à l’aide de leurs propres indices. Ces indices tiennent uniquement compte du polluant qui présente la concentration la plus élevée au moment de la mesure en un lieu donné. Ils ne sont pas basés sur une combinaison de mesures et ne sont pas expressément liés aux risques pour la santé.
[Français]
Nous avons constaté qu'Environnement Canada et Santé Canada ont réalisé des progrès satisfaisants pour ce qui est d'élaborer une cote air santé. Ils respectent ainsi l'engagement qu'ils avaient pris dans leurs réponses à des pétitions soumises par le public en 2002 et en 2003. Au moment de notre vérification, la cote avait été mise à l'essai dans plusieurs régions du pays, notamment dans le cadre de trois projets-pilotes réalisés respectivement en Nouvelle-Écosse, en Colombie-Britannique et à Toronto.
Notre vérification nous a permis de constater que Santé Canada et Environnement Canada ont tenu des consultations avec les parties intéressées à toutes les étapes du projet et qu'ils comptent appliquer graduellement la cote air santé dans tout le Canada. À court terme, ces ministères veulent inclure toutes les villes de plus de 100 000 habitants d'ici 2011.
[Traduction]
Les ministères ont reconnu qu’ils doivent relever d’autres défis, dont le besoin d’améliorer la collecte de données dans les régions rurales, de travailler avec les provinces pour les questions liées à l’élimination totale ou partielle des indices provinciaux actuels de la qualité de l’air, et de financer le perfectionnement de la Cote air santé de manière à inclure les régions rurales et à traiter les enjeux liés aux polluants propres à certaines régions.xxx
Monsieur le président, voilà qui conclut ma déclaration préliminaire. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du comité.
:
Monsieur le président, je vais partager mon temps avec M. Ouellet.
Je comprends les questions de M. McGuinty, mais il faut être prudent lorsqu'on parle d'une loi nationale en matière d'eau et qu'on laisse entendre que certaines catastrophes pourraient ne pas avoir lieu si le gouvernement fédéral décidait de créer une loi fédérale. La preuve, c'est que la responsabilité du gouvernement fédéral en matière de qualité de l'eau potable dans les pénitenciers sur le territoire du Québec est un échec lamentable.
Il faut être plutôt prudent, lorsqu'on dit que ce serait préférable que le gouvernement fédéral soit responsable de l'évaluation de la qualité de l'eau sur les territoires et dans les provinces.
À la page 23, vous dites ceci:
La présence de plomb dans l’eau était liée à la désuétude des réseaux de distribution d’eau des établissements et non à la source d’approvisionnement municipale auxquels ces établissements étaient raccordés.
Dois-je comprendre que le problème n'était pas la qualité de l'eau, mais la désuétude des infrastructures fédérales? Si les prisonniers buvaient une eau qui n'était pas adéquate et ne respectait pas les normes prévues en matière de concentration en plomb, ce n'était pas parce qu'à la source, les systèmes d'approvisionnement et de contrôle de la qualité d'eau mis en place par les municipalités, lesquelles relèvent des provinces, étaient désuets, mais parce que les infrastructures fédérales, elles, l'étaient. Est-ce ce que je dois comprendre de votre rapport?
:
Merci, monsieur le président.
Je suis heureux de vous voir et je vous remercie d'être venus nous rencontrer aujourd'hui. J'ai apprécié l'exposé que vous avez donné plus tôt. J'ai pensé que nous avions eu une bonne conversation, suivi de commentaires.
Mon point de vue est probablement légèrement différent de celui de mon collègue, assis à ma droite. Je pense que le gouvernement fédéral n'arrive pas à affirmer la compétence qu'il possède. Ce qui m'inquiète, c'est qu'au cours des deux dernières vérifications que votre bureau a menées avec excellence, le gouvernement a donné des réponses de plus en plus étroites. Il en découle que vos vérifications de suivi portent sur ces réponses de plus en plus étroites.
Le rapport de 2005, que votre bureau a produit avant votre arrivée, recommandait que le gouvernement fédéral envisage un cadre fédéral global de gestion de l'eau. Le gouvernement fédéral détient beaucoup plus de compétences et de responsabilités en matière d'eau que ne le suggère le document relatif aux recommandations fédérales. J'ai remarqué, monsieur Vaughan, que dans vos propos d'ouverture vous avez dit expressément: « Le gouvernement fédéral est responsable de l'élaboration des Recommandations pour la salubrité de l'eau potable au Canada fondées sur la science. » En réalité, il est responsable d'assurer la salubrité de l'eau potable, un point c'est tout — et pas nécessairement au moyen de recommandations. Il a choisi d'avoir recours à des recommandations.
Toutes les études entreprises au cours des 35 dernières années — et j'ai participé à bon nombre d'entre elles —, y compris celle menée dernièrement par le Gordon Water Group, finissent toujours par émettre la même recommandation, à savoir qu'il est temps d'établir des normes fédérales de gestion de l'eau.
Je me demandais si vous pouviez formuler des remarques à ce sujet. Votre bureau a procédé à d'excellentes vérifications de la salubrité de l'eau potable des Autochtones. Vous avez, à plusieurs reprises, vérifié divers aspects de la salubrité de l'eau potable du Canada. Ce qui a glissé entre les mailles du filet, c'est l'atteinte d'un consensus au sein du régime fédéral responsable et sa coordination générale qui permettraient de réglementer la salubrité de l'eau potable, y compris celle qui sort du robinet et de la station d'épuration, ainsi que les sources d'approvisionnement en eau. Ce que je vois glisser entre les mailles du filet, c'est la protection des sources d'approvisionnement en eau qui restreint les coûts que les municipalités, les premières nations et les petites collectivités doivent assumer pour épurer l'eau et fournir de l'eau potable.
Pourriez-vous faire de brèves observations sur ce mouvement qui évite de régler le vrai problème?
S’il y a une autre chose que je pourrais vous demander de commenter, ce serait une disposition qui me préoccupe parce que l’on ne l’applique jamais. La Loi canadienne sur la protection de l’environnement stipule que la ministre fédéral de la Santé doit prendre des mesures chaque fois qu’elle est informée d’un lien possible entre des toxines et la santé publique. C’est une obligation impérative. Si l'on tient compte de cet ensemble de lois, on se retrouve devant un mandat assez vaste sur le plan des compétences et, pourtant, nous ne semblons pas faire progresser cette question. Je me demandais si vous pourriez nous dire, malgré les rapports du ministère sur certaines de ces recommandations étroites, si nous sommes plus près d’avoir réglé la question plus vaste de la détermination du mandat et de la responsabilité du gouvernement fédéral et ce que le gouvernement peut faire pour faire avancer ce dossier, si les provinces ne collaborent pas.
Je suis désolée; c'est une vaste question.
:
Oui, et merci beaucoup.
Comme le membre précédent l’a souligné, nous indiquons dans le rapport que nous croyons que… Et vous avez raison, en ce qui concerne les programmes que nous avons examinés, nous partions de l’hypothèse que l’eau est une responsabilité partagée qui relève grandement des provinces et des municipalités, en particulier en ce qui a trait à l’eau du robinet.
Pour ce qui est des tendances générales, ce n'est pas quelque chose qui relève de mes compétences et c'est également une question qui pourrait toucher aux domaines liés aux politiques.
Le rapport que nous venons de déposer est, par définition, de nature restreinte parce que les rapports de suivi ont pour objet d’assurer le suivi des questions abordées dans le rapport antérieur qui, lui, rend compte de la vérification complète. Intentionnellement, nous nous efforçons d’être aussi précis que possible en examinant seulement les mesures engendrées par nos recommandations. Sont-elles satisfaisantes ou inacceptables? Y a-t-il de nouveaux problèmes à résoudre?
Enfin, en ce qui concerne les mécanismes d’intervention en vue d’attirer l’attention du ministre de la Santé, un des exemples tirés de la section consacrée à l’eau embouteillée — un secteur qui relève à la fois de Santé Canada et de l’ACIA — que nous avons étudiés au cours de cette vérification, concernait le nombre d’inspections et l’existence de mécanismes d’intervention, qui comprennent évidemment les rappels lorsque la situation comporte des risques considérables pour la santé humaine.
Compte tenu de la complexité de cette question, il se peut que les tendances et les responsabilités générales soient du ressort des politiques qu’en règle générale, nous ne commentons pas.
:
Je comprends ce que vous dites, mais si nous examinons la compétence et la responsabilité fédérale en matière d’eau, nous constatons qu’il existe différents régimes pour émettre les recommandations qui s'appliquent aux premières nations et celles qui s'appliquent aux autres Canadiens. Cela s’effectue par accord de contribution. Donc, si vous n’en avez pas conclu un, vous n’avez pas de normes.
Je sais que votre bureau a rédigé d’excellents rapports et formulé d’excellentes recommandations par le passé et je crois comprendre que les affaires indiennes à l’échelle fédérale sont en train de mettre en place un certain régime, mais il me semble que quelqu’un — et votre bureau serait probablement l’un des organismes appropriés pour le faire — devrait passer en revue tous les terrains et les installations du MDN, les autres installations fédérales, les terres indiennes, les sources d’approvisionnement en eau des Autochtones, les questions transfrontalières, etc.
Pendant l’exposé, nous avons eu une brève discussion à propos de l’eau du robinet et de l’eau embouteillée, mais j’ai appris entre-temps, au cours de mes recherches, que bon nombre de collectivités rurales, dont certaines composées d’Autochtones, de Métis et de non-Autochtones, reçoivent de l’eau en contenant et que la réglementation est en train de glisser entre les mailles du filet. Donc, je ne crois pas qu’il soit si simple d’établir des limites et de dire, d’accord, le gouvernement fédéral va seulement formuler les recommandations et les municipalités vont s’occuper de tout le reste, parce que dans les prairies du Nord et dans le Nord du Canada, tout est en train de glisser entre les mailles du filet. Dans bien des cas, les représentants provinciaux essaient de combler ces lacunes, même si cette question ne relève peut-être pas d’eux.
Dans votre rapport antérieur, au paragraphe 4.61, vous recommandez qu'en collaboration avec les autres ministères et organismes fédéraux, on s'emploie à établir le cadre fédéral de gestion de l’eau, comme M. McGuinty l’a mentionné. Je pense que, compte tenu du fait que certains éléments ici et là ont progressé mais que, dans l’ensemble, les choses ne se sont pas améliorées, il est très important d’effectuer de nouveau une vérification approfondie de cette question et de mettre en évidence ce qui est bon et ce qui l'est moins.
:
Merci beaucoup, monsieur le président. J'aimerais faire rapidement trois observations.
D’abord, vous avez parlé de la vérification de 2005 concernant les premières nations. Je tiens simplement à dire que notre bureau a pris ces conclusions très au sérieux. Les résultats étaient inacceptables compte tenu du degré de risque que la qualité de l’eau des premières nations comportait. J’ai mentionné, il y a quelques semaines, que nous planifions d’effectuer un suivi distinct de cette question, étant donné son importance.
Quant à la deuxième observation, la question du cadre, j’aimerais répéter que les enjeux plus généraux de la gestion fédérale de l’eau, y compris la partie en amont et la relation entre la partie en amont et la partie en aval, sont des éléments que nous examinerons en 2010. Enfin, nous nous apprêtons aussi à étudier une question connexe, c’est-à-dire l’adaptation au climat, et nous savons que l’eau sera l’une des ressources les plus touchées par le changement climatique, soit par l'accroissement des précipitations, soit par l'accroissement des sécheresses. Donc, cela est également prévu pour 2010.
Je vous remercie d’avoir suggéré des questions liées à ce sujet qui pourraient faire l'objet d'un suivi.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur le commissaire, d’être venu nous rencontrer.
J’aimerais d’abord répondre à certaines des questions soulevées par M. McGuinty. Lorsque nous avons accédé au pouvoir en 2006, nous avons constaté que nous avions hérité d’un gâchis environnemental. Oui, l’incident de Walkerton s’est produit sous le gouvernement précédent. Nous avons hérité d’une infrastructure fédérale minée par une décennie d'inaction, et M. Arseneault a tout à fait raison: il nous faut centrer nos efforts et notre centre d'intérêt était la décontamination des sites. J’ai eu l’honneur d’annoncer le financement du nettoyage des étangs bitumineux de Sydney avant de revenir.
Au cours des trois dernières années, nous avons beaucoup accompli. Votre rapport met l’accent sur l’eau et l’air. J’étais très heureux de vous entendre dire en premier lieu que les enjeux environnementaux sont essentiels à la vie, ce en quoi vous avez parfaitement raison. La David Suzuki Foundation a publié, il y a quelques années, un rapport qui parlait de l’importance de développer un environnement propre durable. La pollution environnementale de nos eaux, de nos terres et de notre air contribue directement au décès prématuré d’une personne sur douze et coûte chaque année des milliards de dollars à notre système de santé. Il importe donc que nous nous assurions de bénéficier d’un environnement propre et c’est un engagement que notre gouvernement a pris, il y a trois ans, lors de son ascension au pouvoir.
Votre rapport indique que vous avez observé des progrès satisfaisants. Dans votre dernier rapport qui traitait des recommandations de 2005, vous avez signalé que Santé Canada mettait beaucoup de temps à formuler et à réviser les Recommandations pour la qualité de l’eau potable au Canada. À cette époque, il y avait un arriéré d'une cinquantaine de recommandations qui avaient peut-être besoin d’être mises à jour pour tenir compte des données scientifiques actuelles. Vous avez mentionné que nous avions fait progresser de manière satisfaisante les deux enjeux environnementaux que sont l’eau et l’air.
J’aimerais maintenant mettre l’accent sur le processus de consultation. Vous avez donné quelques précisions à ce sujet dans le contexte de l’eau et de l’air et vous avez déclaré que la consultation qui avait eu lieu illustrait comment on pourrait réaliser des progrès dans l’avenir. Pourriez-vous fournir plus de détails sur la consultation, les personnes qui ont été consultées et la raison pour laquelle ce processus pourrait servir de modèle? De plus, pourriez-vous nous en dire davantage sur les sommes que les ministères ont engagées pour réussir à faire avancer la résolution de ces problèmes? Je m'intéresse donc à la consultation et aux coûts.
:
Formidable. Merci beaucoup.
Permettez-moi d’abord d’aborder la question des consultations. Vous avez absolument raison. Nous avons dit à propos de l’établissement de la Cote air santé que c'était un exemple où des organisations non gouvernementales établies partout au Canada, ainsi que des provinces et des municipalités urbaines avaient été consultées. Je pense que 30 organisations non gouvernementales indépendantes ont été consultées et que cela souligne le fait que parmi les meilleurs bénéficiaires ou gardiens du savoir environnemental, se trouvent les organisations de citoyens. Ces personnes se lèvent tous les matins et travaillent avec acharnement sur la question. Je pense que nous avons fait des efforts particuliers pour le souligner parce c'était un exemple où l'on a fait un véritable effort pour obtenir un meilleur résultat.
En ce qui concerne les divers groupes, je vais poser la question à M. Morse, mais il y avait des ONG locales et nationales. Nous pouvons vous en fournir la liste.
En ce qui concerne votre deuxième question, à savoir les coûts du processus de consultation, je n'ai pas ces renseignements en main. Je ne suis pas certain que l'équipe de vérification ait posé la question au ministère pendant le processus de vérification, mais nous pouvons vous faire parvenir ces renseignements dans une lettre de suivi, monsieur le président.
Paul.
Dans le rapport, nous ne nommons pas tous les groupes. Je suppose qu'il faudrait que j'obtienne la liste. Il y avait quelques municipalités et, bien entendu, les neuf provinces et les territoires. Au début, l'Alberta participait au processus, mais elle s'est retirée. Donc, initialement, les dix provinces y prenaient part, puis seulement neuf sont restées et, comme l'a mentionné M. Vaughan, plusieurs groupes ont été consultés.
De plus, une des choses que nous mentionnons dans le rapport, c'est que certains des critères que nous avons utilisés étaient tirés des Lignes directrices pour des consultations efficaces sur la réglementation publiées par le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada. Nous avons examiné ces lignes directrices et la façon dont ils ont procédé dans ce cas-là. Nous avons constaté que ce qu'ils avaient fait coïncidait pas mal avec les lignes directrices. Donc, elles existaient déjà mais n'étaient pas nécessairement prévues pour... puisqu'il ne s'agissait pas d'un exercice de réglementation. Néanmoins, elles s'appliquaient très bien à la situation et elles ont été suivies. Mise à part l'Alberta, qui a manifesté certaines réserves à leur sujet, toutes les parties concernées ont paru très satisfaites de leur utilisation et ont eu l'impression qu'elles étaient utiles.
En ce qui a trait aux coûts de cet exercice, je ne pense pas qu'ils aient été évalués par qui que ce soit. Il est certain que nous ne disposons pas de chiffres à cet égard.
:
Merci pour la question.
Notre rapport ne présente pas la question de cette manière. Nous avons pris une vue d'ensemble, et nous avons jugé que les progrès étaient satisfaisants. Comme le disait M. Vaughan, il y avait beaucoup de travail scientifique à faire; il fallait étudier l'ancienne méthode de mesure basée sur la méthodologie de 1979 pour établir la meilleure façon de procéder, les polluants à examiner, les façons de combiner l'examen de ces polluants... Beaucoup de travail scientifique a été accompli, des articles ont été publiés, et plus encore.
Dans l'ensemble, il nous a semblé que les progrès étaient satisfaisants. Les gens suivaient la méthode scientifique. Selon nos critères, la consultation respectait les recommandations du Conseil du Trésor. Je ne voudrais donc pas isoler les éléments pour demander s'ils en ont fait assez en 2001, et en 2002... Je ne crois pas qu'il serait juste de procéder de cette façon.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais continuer sur ma lancée de tout à l'heure et parler de la navigation des bateaux sur les plans d'eau qui fournissent de l'eau potable. Il s'agit entièrement d'une compétence fédérale.
Je tiens à souligner que, dans mon comté, 80 p. 100 de la population puise son eau de différents plans d'eau sur lesquels il y a de la navigation. Ce n'est pas une minorité mais bien la majorité de la population qui est touchée par cette situation. Il n'existe pas au Canada de règlement ou de loi incluant une norme sur les rejets d'huile ou d'essence dans l'eau potable attribuables aux bateaux à moteur.
Je reviens encore une fois sur le fait qu'on parle ici d'eau potable. Or, les tétraéthyles de carbone présents dans l'eau potable sont très difficiles à détecter, très cancérigènes, et se retrouvent dans l'eau du robinet. Ces rejets sont attribuables aux bateaux.
Le Canada est l'un des seuls pays développés à ne pas imposer de norme sur les rejets d'huile et d'essence provenant des bateaux qui naviguent sur les plans d'eau potable. Ça fait trois ans que les conservateurs sont au pouvoir, mais ils n'ont toujours pas déposé de projet de loi à cet égard et n'en proposent pas non plus. Quand on regarde les autres, il faut également se regarder soi-même.
Tenez-vous compte de ce facteur quand vous évaluez la qualité de l'eau potable au Canada?
:
Je vais laisser la parole à M. Arseneault dans un moment.
Nous avons examiné certaines choses incluses dans ce chapitre. Pour ce qui est de savoir s'il y a un système à l'échelle nationale visant à assurer la qualité de l'eau, je préciserai qu'il y a une obligation, des règlements. Dans le rapport, nous avons noté qu'il y avait des lacunes. Concernant les bateaux, nous n'avons pas pu identifier de système d'inspection visant à assurer la qualité de l'eau à bord des bateaux. En ce sens, vous avez raison.
Si j'ai bien compris, le fédéral a une responsabilité concernant les bateaux qui passent d'une province à une autre, à l'intérieur du Canada, ou qui vont à l'extérieur du Canada. Dans le rapport de 2005, nous avons noté qu'il y avait de graves problèmes concernant l'inspection et les pénalités imposées dans le cas de bateaux qui ne satisfaisaient pas aux inspections. Nous avons remarqué que d'importants problèmes subsistaient.
Comme M. Morris l'a dit, le Conseil du Trésor, entre autres, a émis des lignes directrices sur la tenue de consultations efficaces. Nous sommes d'avis que ce programme a non seulement atteint, mais aussi dépassé les objectifs. Il a tenu compte des opinions des différents intervenants, y compris des associations non gouvernementales et du secteur privé. Il a fait participer les provinces, les municipalités et les territoires. Étant donné que ce programme profitera au public, il est extrêmement important que celui-ci participe à son élaboration, de même qu'à l'établissement de la cote. Nous avons déployé des efforts à ce chapitre.
Si vous voulez savoir à quoi pourrait servir un processus semblable, vous devriez vous adresser à Environnement Canada ou à d'autres ministères. Chose certaine, les programmes évoluent tout le temps, et je crois fortement que le fait de solliciter la participation du public à ce programme ne fera que l'améliorer.
Il y a trois secteurs visés. Tout d'abord, comme le président l'a dit, il y a les petits transporteurs. Est-ce que le ministère connaît l'ampleur de la population réglementée? Ensuite, il y a les transporteurs étrangers qui atterrissent aux aéroports canadiens ou en décollent, et qui ont possiblement à bord des passagers canadiens, car ils ne sont pas tous assujettis à des inspections. Enfin, il y a les aéroports eux-mêmes, qui relèvent également de la responsabilité fédérale, pour lesquels, d'après notre vérification, on ne semble pas avoir mis en place un système d'inspection systématique. Il faudrait porter une attention particulière aux services d'alimentation à bord des avions dont l'eau pourrait poser un risque. Nous ne disons pas qu'il y a nécessairement des risques; mais plutôt qu'il devrait y avoir un système d'inspection en place.
Ce serait donc les trois secteurs à surveiller.
:
Je vous souhaite la bienvenue, monsieur le commissaire. En fait, ce serait plutôt à vous de le faire étant donné que je suis arrivé en retard aujourd'hui.
J'ai une petite question à propos de la qualité de l'eau à bord des avions commerciaux de passagers. Il y a quelques années, j'ai lu quelque part que Santé Canada était responsable de la surveillance de cette eau, mais lorsque j'en ai parlé à un de mes amis qui est pilote, celui-ci m'a répondu que ce n'était vraiment pas nécessaire puisqu'on utilisait toujours de l'eau embouteillée.
Je me demande donc pourquoi le gouvernement fédéral joue un rôle à ce chapitre, et s'il est réellement nécessaire d'intervenir. Utilise-t-on de l'eau embouteillée partout? Chaque fois que je prends l'avion, on me sert toujours de l'eau embouteillée, alors j'aimerais connaître votre avis là-dessus.
J'ai également lu dans votre rapport qu'il était difficile d'obtenir la collaboration des compagnies aériennes afin de négocier certaines normes ou procédures de surveillance. J'aimerais que vous nous en disiez davantage à ce sujet.
:
Merci, monsieur le président.
Encore une fois, messieurs Vaughan, Arseneault et Morse, merci d'être ici. Ce sont de bonnes nouvelles. Le gouvernement s'est engagé à réduire les gaz à effet de serre, mais aussi à assainir l'eau que nous buvons et l'air que nous respirons. Vous avez présenté un rapport, une vérification, qui révèle que nous accomplissons des progrès satisfaisants.
J'ai une courte question à poser au sujet de la cote sur la qualité de l'air. Comment l'appliquera-t-on de façon à ce que les Canadiens puissent en tirer avantage? Lorsque nous regarderons le canal météorologique — je le fais souvent, comme beaucoup de Canadiens, pour savoir quel temps il fera, quel sera l'indice UV et si l'on doit craindre les coups de soleil, sans parler des avertissements de pollen, au printemps —, y verrons-nous cette cote sur la qualité de l'air? Ou encore, la verrons-nous aux nouvelles? Vous avez dit que les projets pilotes étaient maintenant terminés, et que tout cela serait à l'avantage des Canadiens. Est-ce ainsi qu'on mettra en application cette cote afin que les Canadiens puissent en profiter?
:
Merci beaucoup, monsieur Woodworth. Votre temps est écoulé. Je sais que le temps file quand on passe un bon moment.
J'aimerais vous remercier, commissaire Vaughan, ainsi que messieurs Morse et Arseneault, de votre participation d'aujourd'hui et de cette séance d'information très complète que vous nous avez donnée. Cela nous a été fort utile. Nous vous libérons. Nous sommes impatients de voir votre rapport, le 12 mai.
Cela dit, nous allons maintenant aborder les motions du comité.
Avant de traiter la motion de Mme Duncan, j'aimerais que nous réglions quelques questions d'ordre pratique. On a distribué une motion portant que le comité approuve le budget opérationnel de 26 250 $ pour son étude concernant l'examen, prévu par la loi, de la Loi sur les espèces en péril. Quelqu'un pourrait-il proposer cette motion, s'il vous plaît?
M. Calkins en fait la proposition.
(La motion est adoptée.)
:
Avant d'ouvrir le débat, j'aimerais citer quelques passages du Règlement au comité.
L'article 120 du Règlement stipule que:
Les comités permanents, spéciaux et législatifs sont autorisés individuellement à retenir les services de spécialistes et du personnel professionnel, technique et de soutien qu'ils peuvent juger nécessaires.
Dans la reliure que vous avez tous, je crois, se trouve également le « Guide de la gestion et des politiques financières des comités ». On y dit ceci:
Les comités sont autorisés à retenir les services de spécialistes... pour obtenir l'aide nécessaire.
Avant de faire appel à du personnel temporaire, le greffier du comité doit d'abord vérifier auprès du greffier principal adjoint s'il n'est pas possible de recourir à des ressources internes pour obtenir l'aide nécessaire.
Lorsqu'un comité prévoit à son budget des services d'aide temporaire, il doit d'abord déterminer la nature et l'ampleur du travail à accomplir.
La rémunération du personnel temporaire embauché sur place lorsqu'un comité voyage fait partie du budget de déplacement du comité...
Et ainsi de suite. On expose ensuite des lignes directrices quant au montant que nous pouvons payer pour embaucher du personnel.
Maintenant, je sais qu'au cours de mes cinq années ici, je n'ai siégé qu'à un seul comité, celui de l'agriculture, où nous avions fait appel à des experts-conseils pour réaliser une étude sur les entreprises du Canada et des États-Unis, étude qui n'aurait pu être effectuée par le personnel de la Bibliothèque du Parlement. Mais à part cela, ce n'est pas une chose qu'on a l'habitude de faire. D'après ce que je sais, tous ces rapports sont rédigés par le personnel de la Bibliothèque du Parlement.
M. Warawa, puis M. Bigras sont les suivants.
:
Je ne songe pas à un consultant en particulier. Je vous assure que je ne cherche en aucune façon à insulter le personnel de la Bibliothèque du Parlement — bien au contraire. C'est simplement que notre comité n'a pas du tout parlé de la question.
Je suis une nouvelle membre du comité. Mais j'ai témoigné devant des comités durant 25 ans, et je sais que des firmes de consultants comme Stratus, anciennement appelée RFI, a travaillé pendant des années pour le comité afin de l'aider à analyser les questions. Si c'est le personnel de la Bibliothèque du Parlement qui est chargé de l'élaboration du rapport, j'en serai tout à fait heureuse. Mais ni notre comité, ni même le comité directeur, n'ont discuté du cadre que nous souhaiterions adopter pour les rapports qui feront suite à nos deux études majeures.
Je serais plus à l'aise si nous avions simplement une discussion là-dessus. Nous recevrons des témoins de façon ponctuelle, mais j'ignore quelles sont exactement nos attentes, et si, à un moment donné, nous discuterons des recommandations qui découleront de notre étude. C'est fondamentalement ce que je cherchais à soulever. Je voulais simplement qu'on précise les suites à donner à ces deux études. Y aura-t-il un rapport écrit, et comprendra-t-il des recommandations? Aurons-nous besoin d'aide supplémentaire?
Si le personnel de la Bibliothèque du Parlement est parfaitement capable de s'en charger, j'en suis entièrement satisfaite. Je ne suis pas nécessairement pour ou contre ma motion; c'était simplement un moyen de mettre la question sur le tapis et de lancer la discussion sur la marche à suivre.