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La séance est ouverte. Nous avons tout juste le quorum. Nous reprenons notre étude de la Loi sur les espèces en péril, conformément à l'ordre de renvoi de la Chambre.
Nous accueillons plusieurs groupes de témoins et je leur souhaite la bienvenue à tous.
Il s'agit d'abord de représentants de la Canadian Cattlemen's Association, soit Peggy Strankman, responsable du dossier des questions environnementales, et de Lynn Grant, président du comité de l'environnement de l'Association. Bienvenue devant le comité.
Nous accueillons aussi, de l'Association canadienne des producteurs pétroliers, John Masterson, directeur des questions réglementaires fédérales, Peter Miller, conseiller juridique de la société Pétrolière Impériale Ressources, et Journey Paulus, conseillère juridique pour les questions réglementaires et environnementales chez EnCana. Bienvenue à vous.
De l'Association canadienne de l'électricité, nous accueillons Eli Turk, vice-président des relations gouvernementales, et Gary Birch, conseiller technique principal chez BC Hydro.
Finalement, représentant l'Association canadienne de l'hydroélectricité, nous avons Ed Wojczynski, vice-président du groupe de travail sur la LEP chez Manitoba Hydro, et Pierre Lundahl, conseiller en environnement chez Lundahl Environment Inc.
Bienvenue à tous et toutes.
Je vous demande de limiter vos déclarations liminaires à 10 minutes de façon à laisser assez de temps pour la période des questions.
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Bonjour, monsieur le président, membres du comité, témoins et observateurs.
Permettez-moi d'abord de souligner que cette semaine est la Semaine de l'environnement. Nous ne célébrons donc pas seulement un joyeux anniversaire, nous formons aussi des voeux pour notre environnement.
Je vous remercie de votre invitation à comparaître devant le comité. Je tiens à dire d'emblée, au sujet des modifications à la Loi sur les espèces en péril, que la Canadian Cattlemen's Association appuie l'objectif du législateur de protéger les espèces en péril au Canada et d'assurer leur rétablissement. La CCA a participé activement aux consultations qui avaient précédé l'adoption de la loi en 2002. Notre organisation, tout comme nos producteurs individuels, continue de participer aux activités contribuant à la protection des espèces en péril.
Permettez-moi de résumer ce matin six questions qui nous semblent particulièrement importantes pour une mise en oeuvre efficace de la loi. La Canadian Cattlemen's Association a adressé au comité un mémoire dans lequel ces questions sont examinées en détail.
Le préambule de la loi est fortement axé sur le principe d'une bonne gérance en matière de protection et de rétablissement des espèces. Nous avons présenté trois recommandations destinées à encourager et à récompenser une telle gérance. Nous encourageons le gouvernement à faire tout son possible pour que la loi soit mise en oeuvre selon un vrai principe de bonne gérance.
Nous recommandons que l'on accorde plus d'appui à de meilleures pratiques de gestion, d'éducation et de sensibilisation des propriétaires fonciers pour la mise en oeuvre de cette loi. Je crois qu'il est important de réaliser que les propriétaires fonciers, notamment les agriculteurs, voudront agir de manière positive s'ils obtiennent de bonnes informations. Comme nos dépendons tous de la terre et de la santé du sol pour notre survie, tout ce qui est bon pour l'environnement, pour les sols et pour les écosystèmes est d'office bon pour notre économie ainsi que pour toutes les espèces qui partagent cette terre avec nous.
Nous recommandons qu'on examine la possibilité d'employer des instruments économiques tels que le paiement des biens et services écologiques pour assurer la conservation de l'écosystème. J'aimerais renverser le principe psychologique qui fonde la législation en disant que nous devrions faire en sorte que la présence de ces espèces fauniques devienne un atout pour l'exploitant foncier plutôt qu'un passif potentiel risquant d'imposer des restrictions à son mode d'exploitation.
Nous recommandons que le gouvernement se serve des dispositions de la loi qui permettent de négocier des accords de conservation comme d'un outil pour faire participer le monde agricole au rétablissement des espèces en péril. On pourrait appuyer les décisions que prennent les producteurs agricoles de manière à créer un milieu naturel produisant une variété de services écologiques nécessaires pour assurer la pérennité de l'agriculture ainsi que la santé et la prospérité de tous les Canadiens. Un accord de conservation permettrait au producteur de dresser un plan de gestion conforme aux pratiques agronomes acceptées. Il lui indiquerait clairement ce qu'il peut et ne peut pas faire et appuierait des efforts de bonne gérance qui seraient clairement définis.
Un système de permis en agriculture serait lourd et peu pratique. Nous avons 327 000 producteurs agricoles et je crois qu'instaurer un système de permis pour un tel nombre serait trop pesant.
La définition d'un « habitat essentiel » a posé des problèmes de mise en oeuvre de la loi. En qualité de gestionnaires du sol, je pense qu'il nous est difficile de définir ce qui est essentiel par rapport à un simple habitat. Si l'on veut employer dans la loi des termes comme « essentiel », je crois qu'il faut mieux définir comment on doit les appliquer. Pour ceux d'entre nous qui vivent de la terre, un habitat est un habitat et nous voyons mal en quoi un habitat essentiel diffère de n'importe quel autre type d'habitat.
La loi autorise le ministre à verser une compensation juste et raisonnable en cas de dommage extraordinaire. Nous aimerions voir les règlements et les lignes directrices pour savoir comment cette disposition serait appliquée.
Nous approuvons la volonté du gouvernement d'évoluer vers une approche axée sur l'écosystème global. Toute notre vie dépend d'un écosystème fonctionnel et viable et non pas de l'identification d'espèces particulières au sein de cet écosystème. Plutôt qu'envisager un système de gestion pour une espèce particulière, un écosystème très fonctionnel, dynamique et efficace permettra mieux de relever tous les défis qui pourraient surgir et de protéger toutes les espèces qui en dépendent.
Les éleveurs de bétail et toutes les autres parties concernées ont besoin de bonnes informations pour agir correctement et prendre des décisions de gestion adéquates. La diffusion de bonnes informations au moyen de canaux appropriés est cruciale pour une politique de bonne gérance. Plus nous saurons comment fonctionnent nos écosystèmes, mieux nous réaliserons qu'il y a beaucoup de choses que nous ne savons pas. Nous réclamons donc une intensification des efforts d'étude et de recherche afin de recueillir de meilleures informations pour prendre de meilleures décisions.
En dernière analyse, des mesures rigides dans un système aussi diversifié que l'agriculture ne peuvent pas fonctionner. Nous aimerions que le législateur et les instances chargées d'appliquer la loi donnent aux gens de terrain le pouvoir réel de prendre des décisions. Ce sont eux qui travaillent avec les gestionnaires du sol et nous pensons qu'ils prendront de meilleures décisions que quelqu'un voulant imposer une mesure rigide à partir d'Ottawa.
Nous aimerions que l'on envisage le système comme un système d'entraînement à mesure qu'on recueillera les informations et les connaissances nécessaires pour prendre de meilleures décisions. Nous préférerions que l'on place sur le terrain des entraîneurs plutôt que des agents de réglementation. Nous croyons que la carotte est préférable au bâton. Nous faisons beaucoup confiance à nos producteurs et aux gens de manière générale. Si on leur donne les bonnes informations et les bons outils pour prendre de bonnes décisions, ils prendront de bonnes décisions.
Vous trouverez dans nos notes quelques statistiques sur le secteur canadien de l'élevage des bovins mais je sais que vous êtes tous parfaitement conscients de l'importance de l'agriculture et de son association étroite avec l'environnement et le sol. Nous faisons tous partie de la même équipe. Agissons donc mutuellement comme membres de cette équipe plutôt que comme adversaires.
Merci.
Les permis et les autorisations sont des questions importantes pour l'industrie et elles sont déjà prévues dans la loi. L’ACPP partage les principales préoccupations soulevées par l’Association canadienne de l’hydroélectricité et par l’Association canadienne de l’électricité — elles en parleront aujourd'hui — ainsi que par l’Association des produits forestiers du Canada dans son mémoire, en particulier en ce qui concerne les accords de conservation et les autorisations, questions que nous n'aborderons pas nous-mêmes mais qui sont également importantes pour nous.
Les cinq années d'expérience que nous avons acquise avec l'application de cette loi nous ont donné la conviction que le système actuel de permis et d'autorisations — les systèmes d'exclusion pour les dommages fortuits — ne fonctionne pas efficacement. Ces exclusions et autorisations comprennent les accords et permis visés par les articles 73, 74 et 78, ainsi que les exemptions prévues à l'article 83. Des autorisations devraient être disponibles pour des espèces multiples ou pour l'ensemble d'un écosystème et elles devraient être plus accessibles avec les processus d'approbation existants. Lors de la rédaction de la loi, nous pensions totalement en termes d'espèces individuelles particulières mais nous avons constaté qu'il faut plutôt penser en termes d'écosystème global.
Nous avons déployé beaucoup d'efforts pour essayer de comprendre le processus de permis et d'en assurer le succès. En fait, nous avons commencé lors de nos réunions avec le ministère et, selon nous, l'exemple de BC Hydro dont vous entendrez parler un peu plus tard devrait être le prototype à appliquer. Malheureusement, trois ans plus tard et après de longues discussions ayant abouti à une entente sur une solution, celle-ci a été communiquée à Ottawa mais je crois comprendre que la réponse du ministère de la Justice est que la loi n'est pas claire et ne donne pas l'assurance que nous pourrons mettre en oeuvre ce processus de permis sur lequel tout le monde s'entend. Quelques amendements simples sont donc nécessaires pour permettre au processus de permis de fonctionner efficacement.
Cela est très important pour nous et pour notre industrie dans le cadre de grands projets comme le projet de gazoduc du Mackenzie et tous les projets de sables bitumineux. Nous ne les avons pas encore entrepris parce que nous en sommes à l'étape de l'approbation mais nous espérons sincèrement que le premier qui sera réalisé, celui de BC Hydro, sera un succès. Comme je l'ai dit, malgré trois ans d'efforts, le processus ne marche pas. Nous essayons de comprendre pourquoi et nous pensons que des modifications législatives sont la solution. Vous trouverez des détails à ce sujet dans notre mémoire.
Les échéanciers établis au titre de la LEP sont irréalistes pour les grands projets industriels à longue échéance. Les projets de mise en valeur des ressources naturelles ont souvent une échéance de 20 à 50 ans et un simple cycle de trois à cinq ans est inefficace et ne produit pas la certitude réglementaire dont l'industrie a besoin pour faire ses grands investissements. Ce cycle court avait été envisagé au départ pour des projets similaires à des projets de recherche scientifique et nous avons tenté d'en appliquer le concept à une législation sur la gestion de la faune qui est devenue depuis un régime réglementaire de toute activité touchant le milieu naturel, ce qui ne convient tout simplement pas à des grands projets d'exploitation des ressources naturelles.
Il convient donc de revoir ces paramètres si l'on veut que cette partie du dispositif législatif fonctionne efficacement.
Finalement, les activités de gérance dont vous avez entendu parler au sujet de l'agriculture sont également très importantes dans le secteur des ressources naturelles et devraient être le point focal de nos efforts sur la LEP. Nous devrions en particulier pouvoir passer des accords de conservation de façon à mettre en oeuvre des solutions créatives mais, en même temps, ces accords doivent offrir la possibilité d'assurer la conformité avec la législation. Tout comme les représentants de l'agriculture, nous pensons que les espèces en péril seront mieux protégées par des mesures volontaires prises par toutes les parties directement concernées que par des mesures imposées.
En ce qui concerne la planification du rétablissement, cinq années d'expérience nous ont appris que le concept législatif d'origine, fondé sur une approche de commandement et de contrôle très légaliste et axée sur l'imposition de mesures, ne permettra pas d'atteindre les objectifs du législateur. Les objectifs déraisonnables et irréalistes qui ont été énoncés dans la loi pour que le gouvernement formule des stratégies de rétablissement pour chacune des espèces, à très courte échéance, ont été une source majeure de frustration pour toutes les parties et pour le gouvernement lui-même.
On ne disposait ni des données scientifiques ni des ressources nécessaires pour atteindre ces objectifs de manière raisonnable dans les délais impartis. Cela a suscité la frustration de toutes les parties et a causé des difficultés aux entreprises voulant faire approuver des projets. En réfléchissant sérieusement à ce problème, nous avons réalisé qu'un modèle législatif fondé sur des espèces individuelles n'est pas viable. Bien qu'il soit pratique, clair et juridiquement exécutoire — c'est pourquoi je parle d'une approche de commandement et de contrôle simpliste — ainsi que très efficient du point de vue juridique, il n'est tout simplement pas viable parce qu'il ne reflète pas la complexité des écosystèmes et des relations entre les espèces. À notre avis, cela appelle un amendement mineur pour réorienter le principe fondamental de la loi de la planification du rétablissement d'espèces individuelles à une planification du rétablissement d'écosystèmes globaux, avec des espèces multiples.
Finalement, de nombreuses espèces sont inscrites sur des listes provinciales et fédérales, ce qui offre une bonne occasion d'utiliser efficacement les ressources en autorisant explicitement l'emploi des documents de rétablissement provinciaux pour la mise en oeuvre de la LEP. Ce que nous avons constaté au cours des années, c'est que les tribunaux ont interprété la loi comme étant un texte exigeant des processus distincts de la part de chaque décideur exerçant sa responsabilité. Il suffirait d'un simple amendement pour permettre une approche plus efficiente, fondée sur la collaboration.
Je crois que les réalités économiques depuis un an nous obligent à être beaucoup plus créatifs que nous ne l'avons été. S'il est vrai que ce texte de loi a été rédigé il y a cinq ans, le processus avait en fait démarré il y a 10 ans dans un contexte économique complètement différent. Ce que nous proposons aujourd'hui, c'est d'être beaucoup plus créatifs, beaucoup plus efficients et beaucoup plus axés sur la collaboration dans la mise en oeuvre de cette législation et de ce programme.
Merci de votre attention.
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Je veux parler brièvement de l'habitat essentiel et des consultations.
La désignation d'un habitat essentiel a été un processus lent et très litigieux. À ce jour, elle n'a encore permis d'inscrire dans le registre de la LEP que 16 espèces dont l'habitat a été totalement ou partiellement désigné. Cette inaptitude à désigner l'habitat essentiel a entraîné des retards dans le rétablissement des espèces inscrites, de l'incertitude pour les entités exploitant la terre, et aussi des retards dans les projets.
Il n'existe aucune directive sur le processus de désignation de l'habitat essentiel ou des activités qui le détruisent, ce qui a produit des démarches incohérentes de la part des diverses équipes de rétablissement, d'Environnement Canada et du MPO. La démarche actuelle ne mène pas aux solutions les plus économiques pour protéger les espèces en péril et assurer leur survie ou leur rétablissement. Cela va à l'encontre du préambule de la LEP où il est dit que : « la connaissance et les intérêts — notamment socio-économiques — des collectivités devraient être pris en compte lors de l'élaboration et de la mise en oeuvre des mesures de rétablissement ».
La définition d'un habitat essentiel entraîne des interprétations radicalement différentes. À l'extrême, la définition proposée pour l'habitat essentiel du pipit de Sprague, un oiseau des Prairies, englobait toutes les régions dont la probabilité d'être occupées par l'espèce était de 10 p. 100 ou plus. Si l'on appliquait cette méthode à l'ensemble de son aire de répartition, cela entraînerait la désignation de la majeure partie des Prairies. On comprend mal comment cela peut être compatible avec l'idée qu'il s'agit d'un habitat essentiel pour le rétablissement ou la survie de l'espèce. Une démarche similaire a été employée pour la population boréale de caribous des bois. Les répercussions socio-économiques de ces décisions sont importantes et n'ont pas été prises en considération.
La Loi sur les espèces en péril doit être modifiée de façon à indiquer clairement que la désignation des habitats essentiels sert à garantir que les activités humaines seront gérées de façon compatible avec le maintien des fonctions de l’habitat nécessaires pour assurer la survie ou le rétablissement de l’espèce. Cela ne signifie pas que l’activité humaine y seront proscrites dans tous les cas. L’habitat essentiel ne doit être que l’habitat qui est vraiment essentiel à la survie ou au rétablissement de l’espèce ou de l’écosystème. Par conséquent, dans certains cas, désigner un habitat essentiel n'est pas la bonne méthode pour protéger efficacement une espèce ou un écosystème.
L’ACPP recommande de modifier la loi pour que l’habitat, par opposition à l’habitat essentiel, soit désigné à l’étape de la stratégie de rétablissement, avec un plan précis de gestion, de surveillance et d'évaluation de l'habitat dans le but d'identifier l’habitat essentiel ou d'autres méthodes de protection efficace de l'espèce à l’étape du plan d’action.
Certaines entreprises membres de l’ACPP qui sont directement touchées n’ont pas été invitées à participer aux équipes de rétablissement ou n’ont jamais été consultées. En conséquence, beaucoup de temps, d’argent et d’heures-personnes a été consacré à l’élaboration de programmes de rétablissement sans le concours des entreprises directement touchées. Celles-ci sont pourtant des sources potentielles de ressources précieuses et d'informations scientifiques sur les espèces qui se trouvent sur les terres où elles exercent leurs activités. Par exemple, les stratégies de rétablissement de la cryptanthe minuscule et du pipit de Sprague ont été rédigées sans réelle consultation de notre secteur. On y mentionnait que les activités pétrolières et gazières constituaient une menace pour ces espèces. Les responsables étaient donc conscients que des parties étaient directement touchées mais ils ne les ont quand même pas consultées.
L’ACPP recommande que la LEP soit modifiée pour inclure une définition des parties directement touchées, et qu'un règlement soit adopté pour instaurer un processus de collaboration transparent à suivre à chaque étape d'application de la loi.
En conclusion, une politique de commandement et de contrôle est tout le contraire de ce dont nous avons besoin, un modèle de coopération et de collaboration. il suffirait d'apporter quelques modifications mineures à la loi pour assurer le succès d'un tel modèle. L’ACPP entend travailler avec le gouvernement fédéral pour trouver des méthodes efficaces de modification et de mise en oeuvre de la LEP répondant à tous nos besoins.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je suis heureux de pouvoir m'adresser au comité au nom de l'Association canadienne de l'électricité et de ses membres, et je vous remercie de m'avoir invité à comparaître ce matin.
Permettez-moi de dire d'abord que le président et PDG de l'ACÉ, Pierre Guimond, tenait à être ici mais que cela lui a été impossible à cause d'un engagement préalable.
Je m'appelle Eli Turk et je suis vice-président l'Association canadienne de l'électricité. Je suis accompagné de Gary Birch, de British Columbia Hydro, et de Ken Meade, de Nova Scotia Power, qui préside le groupe de travail de l'ACÉ sur la LEP. Nous sommes heureux de pouvoir présenter au comité le point de vue de l'association sur la Loi sur les espèces en péril.
Vous avez déjà reçu une note d'information de notre association, ainsi qu'une analyse juridique exhaustive, et je vais donc me concentrer sur trois questions prioritaires pour nos membres : le problème de la non-conformité des installations dans l'immédiat; les dommages fortuits et les interdictions automatiques; et les conditions préalables, la durée et le renouvellement des permis.
[Français]
Vous avez déjà reçu de l'Association canadienne d'électricité une note documentaire et une analyse juridique complète sur la Loi sur les espèces en péril.
Le présent exposé portera principalement sur trois enjeux prioritaires pour les membres de l'association: le problème de la non-conformité des installations dans les médias; les effets accessoires et les interdictions automatiques; et finalement, les conditions préalables, la durée et le renouvellement des permis.
[Traduction]
L'Association canadienne de l'électricité, qui a été fondée 1891, est la voix nationale de l’industrie canadienne de l’électricité. Ses membres assurent quotidiennement des services de production, de transport et de distribution d’électricité pour les clientèles industrielle, commerciale, résidentielle et institutionnelle de tout le Canada. De l’entreprise d’électricité à intégration verticale au négociant en énergie, toutes les organisations sont représentées par cette association industrielle nationale.
La mise en oeuvre de la Loi sur les espèces en péril est un enjeu crucial pour l’industrie de l’électricité en raison de ses répercussions transsectorielles sur la production, le transport et la distribution de l’électricité. Nous appuyons l’architecture fondamentale de cette loi et nous nous sommes engagés à protéger les espèces en danger de disparition, déjà disparues du Canada ou menacées de disparaître. La protection de la biodiversité est d’ailleurs inscrite au programme Électricité durable de l’ACÉ que le conseil d’administration a officiellement lancé en février 2009.
L’un des engagements clés de ce programme porte sur l’obligation pour les membres de gérer les ressources environnementales et les écosystèmes de manière à prévenir ou à minimiser les pertes et à favoriser le rétablissement. Toutefois, dans sa structure actuelle, la LEP ne comporte pas de moyen expéditif pour faire en sorte que les installations soient conformes aux interdictions automatiques. Il est vital que l’industrie de l’électricité puisse compter sur une certitude et une clarté opérationnelle plus grandes en vertu de la LEP pour continuer de fournir de l’énergie aux Canadiens tout en protégeant les espèces qui sont touchées et en se conformant à la Loi.
La philosophie de la LEP est fermement ancrée à une démarche coopérative et volontaire en matière de protection des espèces, qui devra être assortie de mesures d’application et d’exécution plus fortes. Toutefois, au cours des cinq années qui se sont écoulées depuis son adoption, on s’est concentré beaucoup plus sur les interdictions et les dispositions d’exécution que sur la promotion d'une bonne gérance.
L'examen quinquennal de la LEP est pour le gouvernement fédéral une bonne occasion d’y apporter des modifications pour permettre à l’industrie de s’y conformer.
En ce qui concerne les interdictions automatiques, permettez-moi d'indiquer quels problèmes rencontrent les entreprises du point de vue de la non-conformité immédiate. Les membres de l’ACÉ exploitent des installations qui ont été construites il y a de nombreuses années et qui, malgré leurs meilleurs efforts, peuvent avoir des incidences inévitables sur les espèces en péril. Selon leur interprétation actuelle, les articles 32 et 33 de la Loi placent souvent l’industrie de l’électricité devant des choix impossibles. Dès qu’une espèce fait partie de la liste, une installation ayant la moindre incidence sur elle doit cesser ses activités ou continuer de fonctionner en étant non conforme à la LEP. Cette incertitude ne peut persister. Un amendement doit être apporté à la loi afin d’exempter ces installations des interdictions automatiques, à condition qu’on ait fait une demande de permis aux termes de la LEP au titre de l’article 73, qu’on ait entrepris des activités de rétablissement ou qu’on se soit engagé dans l’élaboration d’un accord de conservation au titre de l’article 11.
Parlons maintenant des permis reliés aux dommages fortuits. Très franchement, le système actuel de délivrance des permis est brisé. Bien que de nombreux permis aient été émis pour de la recherche scientifique et des activités bénéfiques à une espèce, très peu l'ont été en vertu des dispositions relatives aux dommages fortuits. Un système de permis fonctionnel doit comporter un mécanisme rapide pour permettre aux installations de se conformer à la loi lorsqu'elles ne peuvent éviter de causer des dommages fortuits à une espèce, malgré leur recours aux meilleures pratiques.
Considérant la loi dans son ensemble, il est clair que le type de dommages fortuits que le législateur avait l’intention de permettre en vertu de l’article 73 était plus qu’un dommage futile ou de minimis mais sans être assez grave pour compromettre la survie ou le rétablissement de l'espèce. L'ACÉ recommande de modifier la loi de façon à permettre des dommages fortuits qui, même s'ils enfreignent les interdictions automatiques, ne sont pas assez graves pour menacer la survie ou le rétablissement de l'espèce.
En ce qui concerne la durée et le renouvellement des permis, les permis octroyés au titre de l'article 73 sont actuellement limités à trois ans, et les accords, à cinq ans. Ces durées ne sont pas compatibles avec la longue durée de vie des installations exploitées par l’industrie de l’électricité. Beaucoup de ces installations sont en exploitation durant 40 à 60 ans. La limite de trois ans pour les permis semble arbitraire et irréaliste, en particulier si la durée de vie des espèces touchées est beaucoup plus longue.
[Français]
Par ailleurs, il n'y a actuellement aucun régime en place pour la gestion des renouvellements de permis. Compte tenu du fait que la durée maximum d'un permis ou d'une entente est de trois ou cinq ans respectivement, le processus de renouvellement revêt une importance absolument critique pour les membres de l'ACE qui possèdent des installations et exercent des activités à long terme.
[Traduction]
L'ACÉ recommande de modifier le paragraphe 73 (9) de la loi pour permettre l'octroi de permis de plus longue durée reliés aux permis et autorisations d’exploitation des installations accordés par les organismes de réglementation. Les permis de la LEP pourraient être réexaminés et mis à jour en fonction des nouveaux risques pour les espèces de même qu’en cas d'inobservation des modalités des permis.
Vous trouverez dans l'énoncé de position de l'ACÉ l'analyse de nos autres préoccupations concernant les facteurs socioéconomiques, les questions de définition de l’habitat essentiel et de résidence, ainsi que l’harmonisation des législations fédérale et provinciales. Nous pourrons en discuter durant la période des questions.
L’Association canadienne de l’électricité vous remercie d'avoir l'occasion de s’adresser au comité pour exposer ses préoccupations à l’égard de la LEP. Cette question est extrêmement importante pour l’industrie de l’électricité et nous espérons que le comité tiendra compte de nos recommandations de façon à nous permettre de mieux répondre aux objectifs de cette loi.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Avant de commencer, je tiens à exprimer nos remerciements, au nom de l'ACH et de nos membres, car c'est un privilège de pouvoir participer à cette étude importante. La protection des espèces est importante pour l'environnement, pour la société et pour notre industrie et nous espérons que cette révision de la LEP contribuera à l'améliorer.
Je suis accompagné de Pierre Lundahl et je souligne la présence dans le public du nouveau président de notre association, Jacob Irving, qui a succédé la semaine dernière à notre estimé ex-président, Pierre Fortin, que certains d'entre vous connaissez.
Notre délégation comprend également Janice Walton, de Blake, Cassels & Graydon de Vancouver, qui nous a aidés à préparer notre mémoire, et Nadine Adm, d'Hydro-Québec, qui faisait partie de notre groupe de travail sur la LEP.
Comme vous avez reçu notre mémoire détaillé qui vous a été envoyé il y a un mois, ainsi que des notes d'information plus brèves et plus récentes, je ne vous ferai pas perdre votre temps en lisant tous les détails de nos suggestions. Je vais simplement résumer la question qui nous préoccupe le plus car nous estimons qu'il est crucial de la régler sans retard. J'ajouterai aussi quelques remarques qui ne figurent pas dans notre mémoire.
Avant de ce faire, comme beaucoup de gens ne connaissent pas bien la situation de l'hydroélectricité au Canada, permettez-moi de dire que cette industrie produit plus de 60 p. 100 de notre électricité. En outre, contrairement à ce que pensent certaines personnes, notre pays possède un potentiel hydroélectrique suffisant pour tripler notre production. Ce n'est donc pas une ressource épuisée. Une partie de ce potentiel ne pourra pas être exploitée, pour des raisons d'ordre environnemental ou économique, mais une très grande partie pourrait l'être.
Je vous en donne pour preuve que plus de 50 milliards de dollars d'investissements sont actuellement en cours de planification. On croit souvent que les sables bitumineux sont un énorme secteur d'investissement mais on ne saurait faire fi de nos 50 milliards de dollars d'hydroélectricité renouvelable.
L'ACH et ses membres appuient les objectifs, les principes et la structure fondamentale de la LEP. Il y a cependant dans le texte actuel certaines lacunes importantes qui expliquent pourquoi la mise en oeuvre de la loi est plus lente que tout le monde le souhaite et aussi, dans notre cas, pourquoi nous faisons face à de très sérieuses difficultés qui, pensons-nous, ne reflètent pas l'intention du législateur.
Nos recommandations contribueront à une mise en oeuvre plus rapide de la loi, à une protection plus efficace des espèces en péril et à la résolution des difficultés les plus sévères que rencontre l'industrie de l'hydroélectricité. Nous sommes cependant réalistes et savons qu'il est peu probable que des modifications de fond soient apportées à la loi. Selon nos informations, celles-ci viendront plus tard. Toutefois, nous estimons qu'il est essentiel d'envisager immédiatement quelques modifications relativement mineures et c'est pourquoi nous formulons deux recommandations prioritaires qui seraient relativement faciles à formuler et à adopter.
La question la plus importante pour l'ACH — comme pour les autres associations représentées aujourd'hui — concerne l'autorisation des activités des installations existantes et nouvelles d'hydroélectricité. Malgré les meilleurs efforts de notre industrie, il n'est matériellement pas possible de garantir qu'aucun dommage fortuit ne pourra jamais être causé à aucune espèce aquatique. Il est donc indispensable de prévoir un mécanisme pour autoriser les centrales hydroélectriques à fonctionner même en cas de dommage fortuit. Il est cependant évident que cela ne pourrait se faire que dans des conditions rigoureuses, conçues pour éviter ou atténuer les dommages et pour favoriser la protection des espèces.
Nous pourrions donc nous trouver dans une situation où les mesures envisagées pour un projet ou un système contribueraient à la protection d'une espèce mais où la loi, sous sa forme actuelle, empêcherait d'agir par crainte qu'un seul membre de cette espèce soit tué alors qu'on pourrait en sauver ou en créer 100 ou 1 000 autres ailleurs. Voilà pourquoi nous croyons qu'il faut recalibrer la législation, et nos suggestions y contribueront.
À l'heure actuelle, la LEP permet d'accorder des permis ou de passer des accords autorisant des dommages fortuits mais, comme on l'a déjà dit, leur durée est limitée à trois ou cinq ans, ce qui n'est tout simplement pas viable dans le cas d'un projet hydroélectrique dont la planification et la construction peuvent prendre 10 ans et qui devrait fonctionner pendant cent ans. Si l'on n'adopte pas de dispositions adéquates pour l'autorisation des activités, bon nombre de projets risquent de ne pas être conformes une fois qu'ils auront été construits, comme Eli vient de l'expliquer. Si nous n'avons pas un certain degré de certitude de disposer d'une autorisation à long terme, certains nouveaux projets d'hydroélectricité risquent de ne pas pouvoir être financés et de ne pas être réalisés.
Selon nous, la LEP doit être modifiée dans deux domaines pour régler ce problème. Le premier est celui des autorisations et je n'y reviens pas car l'ACÉ vient d'en parler et nous partageons son opinion.
Le deuxième est celui des accords de conservation comme outils de bonne gérance pour protéger les espèces dans leur habitat et pour assurer la conformité avec la loi. Notre but n'est pas de chercher une méthode pour contourner la loi mais plutôt de trouver un outil qui permettra à l'industrie de travailler avec le gouvernement pour nous assurer de satisfaire aux exigences de protection des espèces. Autrement dit, nous cherchons un outil de conformité.
La loi autorise le ministre à conclure un accord de conservation, en vertu de l'article 11, avec un organisme ou un particulier au profit d'une espèce en péril ou pour améliorer ses chances de survie à l'état naturel. Toutefois, ces accords de conservation n'offrent aucune protection ou exemption à l'égard des prohibitions de la LEP et des dommages fortuits, même si l'organisme concerné en respecte pleinement les dispositions.
Les accords de conservation devraient permettre la gestion de l'espèce dans son habitat essentiel en fonction de ses besoins particuliers, des activités des parties à l'accord, des collectivités locales et du gouvernement. De ce fait, l'ACH recommande ce qui suit : permettre que les accords de conservation autorisent les activités qui y sont énoncées, ce qui concerne l'article 11; et prévoir des exemptions aux prohibitions de la LEP pour les entités qui passent et respectent les accords de conservation, ce qui concerne l'article 83.
Évidemment, il faudra qu'on puisse assurer l'exécution de ces accords de conservation et qu'on en assure la redevabilité. Ces accords pourraient être passés en parallèle avec la préparation des stratégies de rétablissement, ou même avant, puis être revus une fois que les stratégies auront été formulées. Cela contribuerait à accélérer ces stratégies de rétablissement au lieu de les ralentir.
Ces suggestions, tout comme les autres mentionnées dans notre mémoire, rehausseraient l'application de la LEP et la protection des espèces, pour quatre raisons. Le gouvernement, l'industrie et les autres parties concernées disposeraient de méthodes claires pour la mise en oeuvre de la loi. Il y aurait moins d'opposition à l'inscription de certaines espèces sur la liste des espèces menacées à cause d'un risque d'incidences socioéconomiques extrêmes. À l'heure actuelle, à cause de ces lacunes de la loi, l'inscription de certaines espèces susciterait une vive opposition parce que cela pourrait avoir de profondes ramifications d'ordre socioéconomique mais, si ces lacunes étaient comblées, l'inscription ne susciterait pas les mêmes craintes.
Troisièmement, le gouvernement, l'industrie et les autres parties prenantes pourraient se concentrer sur la protection d'espèces dans leur ensemble au lieu de quelques individus risquant des dommages fortuits.
Quatrièmement, comme l'a dit l'ACPP, les accords de conservation actuels sont une bonne méthode pour adopter une démarche écologique à l'égard d'espèces multiples au lieu d'une espèce à la fois.
L'ACH a déjà pris des mesures avec d'autres organismes pour élaborer une proposition représentant la position de plusieurs industries. L'ACH s'attend à avoir d'ici à l'automne de 2009 cette proposition plus détaillée sur la manière dont les accords de conservation et le système de permis pourraient être utilisés comme outils de conformité et sur les modifications qu'il conviendrait donc d'apporter à la LEP.
L'ACH est en faveur de la conservation de la faune et de la flore et formule ces recommandations dans le but de renforcer et non pas d'atténuer l'efficacité de la loi pour atteindre des résultats réels en matière de protection des espèces.
Merci de votre attention.
Comme Mme Paulus, je suis biologiste de la faune et suis spécialisé sur le caribou des bois. Si cela peut vous être utile, dites-le moi. Je suis aussi un entrepreneur. J'ai trois petites entreprises et je partage résolument votre postulat de base qui est que la coopération est préférable à l'absence de coopération, que la carotte est préférable au bâton quand c'est possible.
En qualité de biologiste, il me semble que nous avons besoin de deux stratégies pour la plupart des espèces. Nous avons besoin d'une stratégie à long terme, essentiellement pour protéger l'habitat, et d'une stratégie à court terme, pour assurer la survie des fonds génétiques et des populations. Le pire, à mon avis, serait de devoir choisir entre les deux car nous avons vraiment besoin des deux. De même, nous avons besoin d'un plan à long terme pour rendre nos industries plus durables, mais nous devons aussi conserver quelques espèces en péril. Il faut donc trouver un juste équilibre.
J'ai perçu une certaine contradiction dans ce qui a été dit. L'Association canadienne des producteurs pétroliers semble dire deux choses: d'une part, vous voulez de la flexibilité et, d'autre part, vous voulez des accords à long terme pour faire de la planification à longue échéance. Ces deux choses sont contradictoires. En effet, vous dites qu'établir des plans sur deux ou cinq ans, c'est trop court mais, ensuite, vous dites que les choses changent — la technologie, l'information — et qu'il faut faire preuve de souplesse.
Cela vous semble-t-il aussi contradictoire qu'à moi?
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Cela varie de quelques points de pourcentage d'une année à l'autre mais, aujourd'hui, 60 p. 100 ou un peu plus de l'énergie électrique produite au Canada vient de l'hydroélectricité. RNCan avait prévu que la proportion allait baisser mais la situation s'est en fait renversée ces dernières années et la proportion recommence à monter. On prévoit que cela va continuer.
Deuxièmement, en ce qui concerne le potentiel hydroélectrique qu'il reste au Canada, nous avons mené une étude exhaustive avec un consultant il y a quatre ou cinq ans et je dois dire que nous avons été un peu surpris de voir combien nous avions encore de potentiel technique. Je ne me souviens plus des chiffres exacts mais, si l'on exploitait tout le potentiel technique restant, nous pourrions avoir quelque chose comme 350 p. 100 de ce que nous avons déjà aujourd'hui. Cela ne veut pas dire que tout pourrait réellement être exploité car il y a des rivières du patrimoine, des rivières très sensibles et des rivières dont l'aménagement coûterait tout simplement trop cher. Il est cependant réaliste d'envisager un doublement ou un triplement, mais probablement plus un doublement. Je ne peux pas vous dire quel serait alors le pourcentage de l'hydroélectricité au Canada mais il est évident qu'il augmenterait.
Une fois que l'Ontario aura fermé ses centrales au charbon, il faudra trouver d'autres solutions et il y a de réelles possibilités à ce chapitre. Je n'attends pas à ce que l'hydroélectricité soit la source de remplacement à 100 p. 100 et je ne crois pas que ce serait souhaitable. Il est important de diversifier les sources d'approvisionnement. Par exemple, l'hydroélectricité est une bonne source de secours pour l'énergie éolienne. En outre, pour une partie de la production de base, comme le nucléaire, il y a certains avantages à avoir l'hydroélectricité, qui est flexible.
Je ne peux pas vous donner de chiffre optimal mais je sais que notre proportion est sensiblement plus élevée que dans d'autres pays, c'est certain.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence. Il est très intéressant d'entendre le point de vue des entreprises sur l'incidence de la LEP et sur les défis qu'elle pose, et de connaître leurs recommandations.
Vous avez souligné l'importance de la certitude pour les entreprises si l'on veut qu'elles investissent dans les technologies utilisant des combustibles renouvelables et de l'hydroélectricité. Nous effectuons actuellement une étude des sables bitumineux. Nous sommes allés à Fort Chipewyan et avons beaucoup entendu parler du fait que les sables bitumineux seraient à l'origine de beaucoup des problèmes dont nous parlons. Nous poursuivrons cette étude la semaine prochaine. L'une des questions soulevées concernait le niveau des eaux à Fort Chipewyan. D'aucuns pensent que le problème émane des sables bitumineux. À mesure que nous entendions de nouveaux témoins, j'étais de plus en plus convaincu que le barrage W.A.C. Bennett a peut-être bien été l'une des principales causes des changements de niveau des eaux. Les projets hydroélectriques peuvent avoir des conséquences qui n'apparaîtront que des années plus tard.
Je veux donc vous poser des questions sur les consultations.
Madame Paulus, vous avez souligné l'importance de consulter l'industrie. Nous parlons de stratégies de rétablissement et d'échéanciers très rigoureux. Étant donné ces délais très serrés, les gens de première ligne — l'industrie — ne sont souvent pas consultés de manière adéquate. Nous consultons les scientifiques, nous consultons les collectivités autochtones mais je crois vous avoir entendu dire que nous ne consultons pas les entités de première ligne, les entreprises, ce qui crée de l'incertitude.
Si nous voulons évoluer vers des technologies plus propres, il faut investir. Quelle est l'importance du processus de consultation et est-il important que les échéanciers soient réalistes avec la LEP? Cela me semble être une plainte fréquente dans cet examen législatif. Quelle est l'importance de ces échéanciers et des consultations?
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Je dois dire que la situation s'est radicalement améliorée ces derniers temps, au moins en Colombie-Britannique. Lorsque la stratégie de rétablissement de l'esturgeon blanc était à l'état d'ébauche, en 2006 ou 2007, il n'y avait absolument aucune consultation de l'industrie au sujet de sa rédaction ou de l'évaluation du potentiel de rétablissement. Nous n'avions même pas eu la chance de présenter notre point de vue avant que les scientifiques aient examiné le projet lors de leur examen de CCESP, examen qu'ils effectuent chaque été sur certaines de ces choses-là.
Comme la divulgation de cette stratégie de rétablissement a été retardée, nous n'avons pu être consultés. On peut débattre du caractère adéquat ou non de cette consultation, étant donné que nos commentaires ne sont souvent pas pris en compte mais, d'un point de vue général, je dirais que nous sommes maintenant adéquatement consultés, et je crois qu'il faut en donner le crédit au MPO qui fait des efforts pour améliorer sa mise en oeuvre de la LEP.
Si vous me permettez de dire un mot sur les échéanciers, nous réclamons tous des permis de plus longue durée, etc., mais nous sommes pas naïfs au point de croire qu'il pourrait y avoir des permis de 25 ou de 50 ans sans examen intermédiaire. Dans notre cas, avec l'esturgeon blanc, nous nous attendons parfaitement à ce qu'il y ait un examen quinquennal, au minimum, ainsi que durant nos dernières négociations sur les accords de conservation, qui sont en cours.
Nous envisageons un examen relativement exhaustif dans une dizaine ou une quinzaine d'années après l'entrée en vigueur de l'accord mais il y aurait aussi un examen substantiel à une étape intermédiaire, ce qui permettrait de revoir complètement les modalités et les résultats de cet accord. Je crois qu'il y a donc moyen d'intégrer une gestion évolutive tout en permettant l'octroi de permis de longue durée.
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Je voulais parler des ressources de la société. Nous savons que, selon la manière dont la loi a été interprétée par les tribunaux et par le ministère, chaque décideur est obligé d'entreprendre une activité exhaustive de son côté, une investigation. Il n'y a pas de moyen efficace de collaborer de cette manière, au palier fédéral et provincial ou à l'intérieur des ministères. Il nous incombe de trouver le moyen d'épargner les ressources publiques dans le cadre de ce genre de transaction.
Une autre question qui a été portée à notre attention est que ce dédoublement que nous constatons entre les ministères place un fardeau très lourd sur les premières nations qui ont un droit, un devoir, de consulter. Elles sont sollicitées plusieurs fois de suite par les différentes personnes s'acquittant de leurs obligations légales. Cela leur impose un lourd fardeau en matière de ressources et de coûts.
Je dis simplement que, puisque nous devons revoir la manière dont nous agissons et l'efficacité de nos activités, nous devrions appliquer cela à la manière dont la LEP est mis en application, mais nous partageons totalement les objectifs de cette loi. Nous voulons simplement qu'elle soit mise en oeuvre plus efficacement, et plus dans un esprit de collaboration et de planification à longue échéance, en mettant plus l'accent sur la planification plutôt que sur l'exécution, que sur la crainte que ça va mal tourner.
Vous avez parlé d'incitatifs. La vraie question est que les sociétés souhaitent entreprendre des activités favorisant l'épanouissement des espèces mais que, si elles font cela et augmentent le risque de dommages fortuits et de conséquences punitives de l'application de la loi, c'est un facteur de dissuasion. Si vous éliminiez ce facteur de dissuasion, il y aurait beaucoup d'incitations à travailler avec les collectivités, avec les premières nations et avec les parties concernées pour créer un bon habitat, un bon environnement pour les espèces.
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Merci, monsieur le président.
Je reviens à cette question d'indemnisation. Dans les mémoires que j'ai reçus, l'ACE ne parle pas d'indemnisation. La Canadian Cattlemen's Association mentionne qu'il existe un pouvoir d'indemnisation mais elle n'en examine pas le mérite. Elle ne nous dit pas ce qu'elle entend par l'élaboration de règlements adéquats pour permettre une indemnisation. Pour ce qui est de l'ACPP, elle ne parle pas d'indemnisation, à moins que quelque chose m'ait échappé.
Je reviens sur le débat qu'avait suscité ce projet de loi à la fin des années 1990 et en 2000. Si je me souviens bien, notre gouvernement avait demandé à l'époque à Peter Pearse, l'un des premiers économistes écologistes de la Colombie-Britannique, d'essayer de formuler une méthode de calcul de la valeur si l'on devait sérieusement indemniser les propriétaires fonciers, agricoles ou non, pour avoir fait de bonnes choses. Cela soulève la question de savoir si, en tant que société, nous voulons ou non accorder la priorité aux écosystèmes, aux services écologiques et à la gestion de l'écosystème.
À l'époque, M. Pearse s'était fondé sur le travail que notre gouvernement avait entrepris — ou qu'entreprenait la Table ronde nationale, que je présidais — pour étendre le changement, le traitement fiscal des dons de terrains écologiquement sensibles afin d'encourager les propriétaires fonciers qui possédaient des terrains écologiquement sensibles à en faire don à des fiducies foncières et à obtenir des exemptions appropriées de l'impôt sur les gains en capital, l'utilisation d'un mécanisme fiscal pour obtenir un bon résultat environnemental. Si je comprends bien, nous n'avons encore rien sur cette question d'indemnisation. Nous avons eu un débat là-dessus à la fin des années 1990 et au début des années 2000 mais nous n'avons abouti à rien, en partie parce que, si je ne me trompe, nous nous en remettons aux provinces et territoires en ce qui concerne les terrains ne relevant pas de la compétence fédérale. Et il est difficile de faire ça. J'ai besoin de votre aide à ce sujet.
Si nous voulions obtenir la contribution des Canadiens, notamment des propriétaires fonciers en milieu rural, pour régler les problèmes des espèces migratoires ou autres, quels seraient vos conseils? Quelles sont vos idées sur cette question d'indemnisation? Comment pouvons-nous mettre fin à cette fiction qu'on peut continuer à gérer comme éleveurs de bétail, comme producteurs d'électricité, comme producteurs de pétrole en puisant dans le capital naturel, en mettant les écosystèmes en danger et en ne gérant pas d'un point de vue holistique, étant donné que nous sommes tous dans le même bateau, toutes espèces comprises? Comment faisons-nous ça? Comment faisons-nous avancer cette question d'indemnisation?
Qui veut commencer?