:
Merci, monsieur le président.
Nous allons commencer, puis ce sera au tour de l'Agence canadienne d'évaluation environnementale et du ministère des Pêches et des Océans.
Merci de nous donner l'occasion de parler avec vous aujourd'hui et de vous faire une présentation. Je vais vous donner un bref aperçu de la situation des sables bitumineux. Je vais commencer à la deuxième page de la présentation et parler des possibilités économiques, de la surveillance réglementaire fédérale et provinciale, des défis environnementaux, des améliorations technologiques et du rôle du gouvernement fédéral.
[Traduction]
Mon exposé sera un petit peu plus large que les deux autres. Je vais discuter des sables bitumineux en général, pour ensuite traiter plus particulièrement de la question de l'eau. Les deux autres exposés porteront sur les questions liées aux ressources hydrographiques en particulier.
Je devrais vous présenter la personne qui m'accompagne: il s'agit de Kim Kasperski, gestionnaire, recherche sur la qualité de l'eau à CanmetENERGY, un laboratoire gouvernemental situé à Devon, tout à côté d'Edmonton, et qui se consacre aux questions liées aux sables bitumineux.
La troisième transparence comporte une carte qui montre où sont situés les sables bitumineux.
[Français]
Comme vous pouvez le voir, les sables bitumineux sont principalement situés dans le nord-est de l'Alberta, mais il y en a également un peu en Saskatchewan.
[Traduction]
Les trois différentes régions que vous voyez, celle de l'Athabasca, celle de Cold Lake et celle de Peace River, sont les régions qui renferment les sables bitumineux.
La quatrième transparence livre une explication scientifique très pointue de ce dont il s'agit. Il s'agit en vérité de bitume. Le bitume est une huile visqueuse de même consistance que la mélasse, qui ne coule pas à moins d'être chauffée ou diluée à l'aide d'hydrocarbures plus légers. Le bitume peut être mélangé à des diluants et acheminé aux raffineries ou il peut être enrichi en pétrole brut synthétique. Mais il est renfermé dans le sol et a la consistance d'une rondelle de hockey, et lorsqu'on le réchauffe, il commence à ressembler à ce que l'on voit dans la photo de la transparence quatre.
La transparence cinq est plutôt importante. Elle explique le procédé employé. Il existe deux façons d'extraire le bitume des sables bitumineux. La méthode la plus connue, et qui est à l'heure actuelle la plus courante, est l'exploitation à ciel ouvert, que vous avez pu voir en photo avec de gros camions à benne basculante et d'énormes pelleteuses, etc. Il est cependant très important de savoir qu'environ 82 p. 100 des gisements nécessitent des méthodes dites in situ, comme celles que l'on voit employées dans des champs de pétrole ailleurs, où l'on injecte de la vapeur dans le sol pour ensuite extraire la ressource via des puits. En d'autres termes, l'extraction minière, qui compte pour un important pourcentage de l'activité en cours à l'heure actuelle, ne représentera plus à l'avenir que 20 p. 100 de l'activité d'extraction. Il nous faut donc nous intéresser aux deux méthodes.
Comme le montre la transparence six, environ les deux tiers de la production de bitume sont en fait du pétrole brut qui enrichi pour devenir du pétrole synthétique avant d'être acheminé aux raffineries, et le tiers de bitume résiduel est mélangé à des diluants avant d'être expédié aux raffineries.
J'aimerais m'attarder un petit peu sur la transparence sept, qui donne le contexte pour la suite. En d'autres termes, vers quoi nous dirigeons-nous avec les sables bitumineux? Quelles sont les projections quant à la croissance de leur exploitation au cours des années à venir? Ce que vous livre cette transparence ce sont les prévisions qui avaient été faites pour l'année 2007.
Je vais parcourir rapidement avec vous les différentes régions. Les trois couches inférieures sont les sources traditionnelles de pétrole au Canada, la plupart provenant du bassin sédimentaire de l'Ouest canadien en Alberta, en Saskatchewan et dans une partie de la Colombie-Britannique. Exception faite de la côte Est, les sources qui sont en croissance sont les sables bitumineux, dont une partie est exploitée à ciel ouvert et dont l'autre est extraite in situ, ce qui est le cas du bitume se trouvant enfoui à plus de 80 mètres de la surface.
Vous pouvez voir qu'encore l'an dernier, le sentiment était que ce secteur allait croître sensiblement. Nous avons essayé d'indiquer ici l'effet du ralentissement économique — et c'est la grosse question qui se pose — sur la croissance de l'exploitation des sables bitumineux. Je vais revenir là-dessus dans un instant, mais il s'agit d'une question très importante dans le contexte des autres aspects entourant les sables bitumineux, notamment l'utilisation de l'eau. Cette transparence-ci s'appuie sur les chiffres de l'an dernier, mais dans le contexte des ramifications du ralentissement économique.
La transparence huit fait ressortir à quel point l'exploitation des sables bitumineux est un important moteur économique pour le Canada, ce dont les membres du comité sont, j'en suis certain, au courant. Mais voici quelques chiffres. Il s'agit, encore une fois, de chiffres de l'an dernier et il nous faut voir ce qu'amènera le ralentissement économique. Les chiffres montrent cependant que les sables bitumineux ont généré environ 120 000 emplois directs et indirects. Il est également intéressant de noter que 60 p. 100 de ces emplois sont en Alberta et que les autres 40 p. 100 se trouvent ailleurs. Il y en a un bon nombre en Ontario et au Québec, et encore d'autres à l'étranger.
L'investissement dans les sables bitumineux a été très considérable, l'industrie ayant dépensé 47 milliards de dollars pour de nouveaux projets d'immobilisations entre 1996 et 2006. Selon les prévisions en date de l'an dernier, encore 110 à 125 milliards de dollars devaient être dépensés au cours des 10 prochaines années. Le ralentissement économique se fait déjà sentir. Selon les prévisions de l'an dernier, 20 milliards de dollars en nouveaux investissements dans les sables bitumineux devaient être consentis en 2009, et nous pensons aujourd'hui que ceux-ci se chiffreront plutôt à environ 10 milliards de dollars. L'on parle donc de 10 milliards plutôt que de 20 milliards de dollars.
Nombre des projets en construction le sont toujours, et nous verrons ce qu'il adviendra des projets en cours une fois ces projets-là terminés, en 2009 pour la plupart.
Les sables bitumineux sont une énorme ressource à long terme. Selon le rapport de l'Agence internationale de l'énergie publié l'automne dernier, le Canada sera le seul pays à enregistrer quelque croissance que ce soit en production pétrolière, ce grâce aux sables bitumineux. Il y aura de la croissance ailleurs dans le monde, dans les pays de l'OPEP et dans d'autres encore, mais le Canada sera le seul pays de l'OCDE à enregistrer une croissance, ce, encore une fois, grâce aux sables bitumineux, qui représentent 97 p. 100 des réserves prouvées du pays.
La transparence 10 vous donne une idée du potentiel des sables bitumineux. Ce qui figure en rouge, en bas, correspond à la production. Les sables bitumineux sont quelque chose d'assez nouveau, et cela ne fait qu'une vingtaine d'années qu'on les exploite.
Les réserves prouvées sont indiquées en vert. Ces réserves prouvées sont les réserves disponibles compte tenu des technologies et des prix actuels, et elles sont de l'ordre de 173 milliards de barils. Cela classe le Canada au deuxième rang mondial pour ses réserves certaines, derrière d'Arabie saoudite et devant tous les autres pays.
Les réserves récupérables sont indiquées en bleu pâle. Avec les améliorations technologiques que l'on voit pointer, les meilleures estimations scientifiques établissent à environ 173 milliards de barils la quantité récupérable totale. Mais nous pensons que les sables bitumineux en place, tel que cela est illustré ici, offrent une capacité de 1,7 billion de barils, ce qui excède actuellement de 50 p. 100 la production mondiale totale de pétrole. En d'autres termes, 1,78 milliard de barils de pétrole ont déjà été produits à ce jour dans l'histoire du monde, et les sables bitumineux en renferment des quantités sensiblement supérieures. L'on pense qu'avec les améliorations technologiques qu'il est raisonnablement possible d'espérer les sables bitumineux pourraient livrer 315 milliards de barils.
J'aimerais consacrer un peu de temps aux questions environnementales et aux responsabilités fédérales. Mes collègues vont traiter plus particulièrement de l'eau, mais il y a des questions concernant l'air, le sol et l'eau. Nous vous avons fourni un dossier qui en donne un aperçu.
J'aimerais vous parler un petit peu de l'aspect compétence. En bout de ligne, il s'agit d'une ressource nationale, mais la Constitution laisse entendre qu'elle relève principalement de la compétence des provinces. Ce sont les provinces qui sont les propriétaires des ressources naturelles. Ce sont elles qui établissent le rythme et l'envergure de l'exploitation des ressources qui sont de leur ressort. Le gouvernement fédéral dispose cependant d'importants leviers en ce qui concerne les sables bitumineux, notamment la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale, la Loi sur les pêches, la Loi sur la protection des eaux navigables, la Loi sur la Convention concernant les oiseaux migrateurs, la Loi canadienne sur la protection de l'environnement, la Loi sur les espèces en péril et de nombreuses autres lois encore.
Je ne vais pas passer en revue le reste du document, sauf la transparence 16, concernant la consommation d'eau. Nous sommes préoccupés par la consommation d'eau. Je me ferai un plaisir, pendant la période des questions et réponses, de vous expliquer certaines des utilisations qui sont faites de l'eau relativement aux sables bitumineux, mais qu'il suffise de dire ici qu'entre un et quatre barils d'eau sont utilisés pour chaque baril de bitume produit. Il y a eu des améliorations et, aujourd'hui, entre 75 et 90 p. 100 de l'eau est recyclée. Dans un cas, l'eau est recyclée à 95 p. 100. Les représentants du MPO vont examiner avec vous le cadre de gestion de l'eau que nous avons élaboré conjointement avec l'Alberta.
Une autre grosse question intéressant l'eau est celle des bassins de résidus, dont il est question à la transparence 18. L'Alberta a élaboré un nouveau régime de réglementation qui exige des améliorations environnementales dans les bassins de résidus.
Le dernier aspect, à la transparence 19, est la technologie. Mme Kasperski est ici avec moi et nous croyons que la technologie revêt une importance énorme en vue d'améliorations. Nous autres fonctionnaires appuyons la recherche ailleurs et l'industrie oeuvre elle aussi en vue de percées technologiques visant à réduire les bassins de résidus et la consommation d'eau et à améliorer l'efficacité. Nous pourrons vous entretenir du travail qui est en cours lors de la période des questions.
Merci beaucoup.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Avant de commencer, j'aimerais indiquer que je suis accompagné de M. Steve Chapman, qui est directeur adjoint de nos opérations de l'Ouest au sein du groupe d'évaluation de projets.
[Traduction]
Ce que j'aimerais faire dans le temps dont nous disposons ici aujourd'hui, monsieur le président, c'est vous parler un petit peu de notre processus fédéral d'évaluation environnementale et plus particulièrement de son application aux sables bitumineux.
J'aimerais discuter un petit peu de la collaboration fédérale-provinciale. Vous avez, il y a un instant, entendu M. Stringer dire que la ressource est essentiellement provinciale, d'où la nécessité d'une collaboration fédérale-provinciale en matière d'évaluations environnementales.
J'aimerais ensuite vous entretenir très brièvement des sables bitumineux et de la question de l'eau du point de vue évaluation environnementale.
[Français]
La page 3 décrit l'objectif de l'évaluation environnementale. Habituellement, la mise en application a lieu au début de la phase de planification d'un projet. Ce processus permet de prévoir et d'évaluer les effets éventuels et les effets cumulatifs d'un projet, et de proposer des mesures d'atténuation pour minimiser ou éliminer les effets négatifs sur l'environnement. Un aspect très important du processus est qu'il permet au public de participer et d'influencer les décisions du gouvernement qui concernent le projet.
Un des objectifs de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale est d'être un outil de promotion de développement durable.
[Traduction]
Il est important de comprendre un petit peu le fonctionnement de la Loi sur l'évaluation environnementale. Elle s'applique aux décisions prises par le gouvernement fédéral et pouvant mener à l'autorisation d'un projet. Cela englobe les décisions de réglementation, comme celles relevant de la Loi sur les pêches, les décisions qui interviennent lorsque le gouvernement fédéral finance un projet, par exemple, et en est véritablement le promoteur, et les décisions en vertu desquelles le gouvernement fédéral fournit des terres en vue de la réalisation d'un projet.
Dans le cas de sables bitumineux, ces déclencheurs, comme nous les appelons, sont en règle générale des décisions réglementaires prises en vertu de la Loi sur les pêches ou, dans certains cas, de la Loi sur la protection des eaux navigables, qui est administrée par Transports Canada. Il s'agit d'un processus d'auto-évaluation, en ce sens que les ministères qui ont des décisions réglementaires ou autres à prendre relativement au projet concerné sont ceux-là mêmes qui sont responsables de la réalisation de ces évaluations.
Il existe plusieurs types d'évaluations pouvant être entreprises en vertu de la LCEE. Cela va des examens préalables, qui s'appliquent généralement aux projets relativement petits dont les effets environnementaux sont peu importants, jusqu'aux examens par une commission. Je reviendrai un petit peu plus tard dans mon exposé sur le processus d'examen par une commission.
Je pense cependant qu'il est important de mentionner que, du fait que la loi nous régissant n'intervienne que dans les situations dans lesquelles le gouvernement fédéral prend des décisions, ce ne sont pas forcément tous les projets menés dans les sables bitumineux ou ailleurs qui subiront une évaluation en vertu de la LCEE; ce ne sera le cas que dans les situations dans lesquelles le gouvernement rend une décision précise concernant le projet visé. Il existe de nombreux exemples dans les sables bitumineux, et c'est notamment le cas pour les projets d'exploitation in situ, pour lesquels la loi nous régissant n'intervient pas et pour lesquels une évaluation environnementale fédérale n'est pas requise.
Pour ce qui est des rôles et responsabilités des différents intervenants fédéraux en matière d'évaluations environnementales, c'est l'agence qui administre de manière générale le processus. Typiquement, nous n'entreprenons pas nous-mêmes les évaluations environnementales. C'est là la responsabilité des différents ministères qui ont à prendre des décisions relativement au projet concerné. Nous avons cependant un important rôle à jouer dans la gestion et l'appui des commission d'examen public qui doivent analyser certains projets.
Aux termes de la loi, nous appelons les ministères chargés de prendre une décision les « autorités responsables ». Comme je l'ai déjà mentionné, ce sont principalement eux qui effectuent les évaluations proprement dites. Ces évaluations doivent être menées avant la prise de décision autorisant le lancement d'un projet.
Il y a également des ministères experts. Bien que ceux-ci n'aient pas de décisions à prendre, ils doivent ou peuvent fournir des informations aux fins de l'évaluation environnementale. Je songe ici tout particulièrement à Environnement Canada, qui est une autorité et qui a un mandat en matière d'oiseaux migrateurs, par exemple.
Il y a également le Bureau de gestion de grands projets (BGGP), qui a été créé il y a sans doute environ un an maintenant et qui relève de Ressources naturelles Canada. Le bureau est responsable d'appuyer la coordination des processus d'évaluation environnementale et réglementaire liés aux projets d'envergure portant sur des ressources naturelles. Les projets visant les sables bitumineux font bien évidemment partie de cette catégorie.
[Français]
Je vais maintenant parler de la collaboration fédérale-provinciale dans le domaine de l'évaluation environnementale. Je suis à la diapositive 6.
L'évaluation environnementale a lieu dans un contexte de responsabilité conjointe. Nous avons conclu des ententes bilatérales avec plusieurs provinces concernant l'harmonisation des processus d'évaluation environnementale, notamment avec l'Alberta. Lorsqu'un projet requiert une évaluation provinciale et fédérale, les deux paliers de gouvernement conduisent une évaluation conjointe. Cela a pour but d'éviter les dédoublements et de promouvoir l'efficience du processus.
[Traduction]
La transparence sept donne en gros le schéma du processus d'examen environnemental, dans le contexte, surtout, des examens par une commission.
Je ne vais pas trop entrer dans le détail ici, vu le temps dont nous disposons. Il importe cependant de souligner qu'il y a dans le processus plusieurs étapes au cours desquelles le public a l'occasion de participer. C'est le cas notamment de l'examen des lignes directrices relatives aux énoncés des incidences environnementales, qui établissent les exigences en matière de fourniture de renseignements aux fins de l'évaluation environnementale, pendant la finalisation de l'énoncé lui-même puis, bien sûr, pendant les audiences publiques.
[Français]
Ensuite, il y a une carte qui démontre la localisation de tous les projets passés ou en cours qui ont fait l'objet d'une évaluation dans la région des sables bitumineux. Ma carte est peut-être un peu difficile à interpréter; elle indique les projets qui ont fait l'objet d'une étude approfondie par une commission, conformément à la loi.
[Traduction]
Je pensais maintenant m'attarder sur certaines des questions liées à l'eau soulevées dans le processus d'évaluation environnementale. Ces questions concernent les effets liés au prélèvement d'eau et aussi la quantité d'eau, ainsi que la qualité de l'eau.
Les représentants de Pêches et Océans Canada vous entretiendront tout à l'heure d'un cadre de gestion de l'eau qu'ils ont récemment élaboré conjointement avec l'Alberta. Il s'agit, je pense, de quelque chose qui nous aidera à l'avenir, dans le cadre du processus d'évaluation environnementale, à mieux comprendre l'incidence de ces projets sur les volumes d'eau dans les cours d'eau pouvant être touchés.
Des préoccupations ont été soulevées dans le cadre du processus d'évaluation environnementale au sujet de la qualité de l'eau et de la fiabilité des prédictions relatives à la qualité de l'eau. C'est ainsi que dans le cadre de certains examens, — visant notamment les projets de Kearl, de la rivière Muskeg et de Jackpine —, il y a eu des exigences en matière de contrôle de la qualité de l'eau pour veiller à ce que tout effet néfaste soit relevé et à ce que des mesures de gestion adaptative soient prises, au besoin.
Nous disposons également, avec la Loi sur les pêches, d'un filet de sécurité réglementaire en quelque sorte. Comme cela a été reconnu dans le rapport de la commission d'examen du projet Horizon en 2004, nous y voyons un mécanisme d'intervention en cas de rejet d'eau de qualité inférieure ou de rejet d'autres substances nocives.
Je vais m'arrêter là, monsieur le président, et céder maintenant la parole aux représentants de Pêches et Océans. Merci beaucoup.
:
Ce sera moi, monsieur le président.
[Français]
Bonjour, monsieur le président et membres du comité. C'est un plaisir pour moi d'être ici avec vous.
J'aimerais vous présenter Ginny Flood, la directrice nationale des évaluations environnementales et des grands projets.
[Traduction]
Je vais passer en revue l'exposé. Je vais sans doute suivre plutôt librement le texte, car ce que je tiens vraiment à faire c'est expliquer ce que dit la loi et comment elle s'applique aux types de projets que nous voyons avec les sables bitumineux. Je vais également couvrir certaines des questions juridictionnelles qui interviennent dans notre interaction avec les provinces et d'autres parties prenantes.
Voyons la transparence trois. La Loi sur les pêches renferme deux dispositions principales visant la réglementation de l'habitat du poisson. L'une dit que vous ne pouvez tuer du poisson autrement que par la pêche que si vous avez une autorisation du ministre. L'autre dit que vous ne pouvez détruire, modifier, altérer, endommager, perturber ou détruire l'habitat du poisson que si vous avez l'autorisation du ministre. Il est important de comprendre cela, car s'il vous faut une autorisation, alors il y a un déclencheur dans la Loi sur l'évaluation environnementale qui dit qu'il vous faut une évaluation environnementale. Si donc vous allez tuer des poissons ou détruire ou altérer leur habitat, alors il vous faut une autorisation et vous allez également déclencher une évaluation environnementale.
Tout cela est bien sûr fait projet par projet, de telle sorte que si le promoteur a un projet qu'il veut entreprendre, nous l'examinons et l'autorisation éventuelle ne visera que le projet concerné.
La Loi sur l'évaluation environnementale exige cependant de nous que nous tenions compte des effets environnementaux cumulatifs, et il s'agit là aussi d'un concept qu'il est important de garder en tête. J'y reviendrai plus tard lorsque je traiterai du cadre de gestion de l'eau.
J'aimerais insister sur le dernier point qui figure sur cette page. Il y est question des effets cumulatifs. Examiner un projet isolément est utile mais du fait de la mobilité de l'eau, les projets ont un effet cumulatif. Lorsque nous pensons qu'il y aura une incidence environnementale conséquente, due dans certains cas à l'effet cumulatif de projets multiples, alors nous recommanderons ou proposerons que le ministre recommande au ministre de l'Environnement l'exécution d'une évaluation environnementale par une commission d'examen. C'est ce que nous avons recommandé dans le cas des quatre derniers projets.
La transparence quatre traite des autorisations en vertu de la Loi sur les pêches. Il est important de comprendre que notre préférence serait que les gens ne tuent pas de poissons ni ne détruisent ou modifient leur habitat. C'est ainsi que, lorsque nous travaillons avec des promoteurs, notre objet est véritablement de les aider à trouver des moyens d'éviter d'infliger ces dommages. Nous proposons, nous appuyant sur la science, différents moyens d'atténuer les effets de leurs activités. Mais, dans certains cas, les impacts ne peuvent pas être évités, auquel cas il faut passer à une discussion au sujet de la possibilité d'une autorisation. Avant d'autoriser quelque destruction, nous cherchons à obtenir une compensation.
L'exploitation de sables bitumineux a typiquement, comme vous le savez, deux effets sur le bassin hydrographique: premièrement, il peut y avoir détournement de ruisseaux ou de tributaires, du fait qu'il y ait une vaste mine à ciel ouvert et des cours d'eau sillonnant la zone. Dans ce genre de situation, la compensation prendra typiquement la forme d'un détournement du cours d'eau pour contourner la zone afin que l'eau puisse continuer de couler ou, dans certains cas, de la création d'un nouveau plan d'eau pour remplacer celui qui serait éliminé.
Le deuxième impact de ces types de projets est qu'ils puisent de l'eau dans le bassin hydrographique. Il nous faut être sensibles à cela également, car les poissons ont besoin de cette eau pour vivre. Nous évaluons donc le volume d'eau qui est requis pour que le poisson puisse survivre.
La transparence cinq, pour poursuivre avec le dernier point que j'ai soulevé, explique que ces questions sont une responsabilité partagée, la province réglementant le volume d'eau utilisé par les promoteurs et le palier fédéral s'intéressant à la quantité d'eau requise pour que le poisson et son habitat soient viables.
Il nous faut travailler étroitement ensemble, et nous avons trouvé un moyen de combiner ces deux intérêts en élaborant un cadre de gestion de l'eau. Ce cadre est le fruit de discussions entamées au sein d'une organisation multipartite appelée Cumulative Effects Management Association ou CEMA. Les deux principaux décideurs au sein de cette organisation sont la province et le gouvernement fédéral.
Je vais maintenant passer à la transparence six et discuter un peu plus dans le détail du cadre.
Le cadre de gestion de l'eau est l'outil que nous avons mis au point pour traiter des effets cumulatifs dans le bassin hydrographique de tous ces projets. La façon la plus simple de l'expliquer est d'envisager le bassin hydrographique comme étant une série de tributaires se jetant dans le cours inférieur de la rivière Athabasca. Chaque fois que vous éliminez un ruisseau ou que vous le détournez, vous allez avoir une incidence sur le débit de l'eau, non seulement en ce qui concerne le volume mais également en ce qui concerne la vitesse à laquelle l'eau passe dans le réseau fluvial. Ces deux facteurs sont importants pour nous en ce qui concerne le poisson et son habitat. Les poissons ont besoin d'une certaine quantité d'eau dans laquelle vivre, mais le débit et le flux de l'eau sont eux aussi importants.
Nous savons que le débit de l'eau variera naturellement dans le courant d'une année. Le cadre utilise un modèle scientifique pour établir quelle est une variation acceptable dans le débit de l'eau dans l'année. Il établit en fait une fourchette. Si le débit de l'eau, en règle générale exprimé en unités de volume d'eau par seconde par unité temporelle, est supérieur à ce seuil, alors cela est acceptable, mais s'il passe légèrement en dessous, alors nous frisons la zone de mise en garde. Il existe également une zone rouge. Nous sommes d'avis que si vous atteignez ce faible niveau de débit, vous allez en définitive détruire l'habitat du poisson.
Ce cadre est utile pour que l'industrie sache comment nous allons évaluer les différents projets. Elle peut s'en servir comme outil de planification. Et en notre qualité de décideurs, nous pouvons demander aux promoteurs quel sera le taux de retrait d'eau du bassin hydrographique et prédire quelle incidence cela pourrait avoir sur l'habitat du poisson. Encore une fois, l'objectif est d'éviter la perturbation ou la destruction de l'habitat du poisson. Nous préférons que les promoteurs de projets trouvent le moyen d'éviter de basculer dans ces zones jaunes ou rouges.
C'est en vérité la province qui fixe les conditions quant à la quantité d'eau qui peut être retirée. Ce sont les lois provinciales qui établissent les conditions entourant le retrait d'eau. Nous nous y intéressons car si un promoteur devait dépasser la limite ou mettre en oeuvre un plan risquant de provoquer des retraits d'eau à un rythme tel que le débit dans les cours d'eau passerait à un niveau très bas, alors cela déclencherait la nécessité de l'obtention de notre autorisation.
À l'heure actuelle, l'exploitation des sables bitumineux en étant à ses débuts, les projets ne seront pas si nombreux que les exigences en matière de débit dans les cours d'eau soient un problème. Mais nous comptons que si cette activité continue de se développer, il nous faudra faire un usage beaucoup plus attentif de cet outil. Celui-ci deviendra beaucoup plus important pour les décideurs et pour guider notre processus décisionnel quant à l'importance de l'activité que nous autoriserons dans une zone donnée.
Il s'agit d'un outil fort utile. Il permet aux gens d'assurer une surveillance. C'est la province qui surveille les volumes d'eau qui sont utilisés, et cet outil peut être utilisé en temps réel pour indiquer ce qui se passe au moment présent. Les renseignements peuvent être communiqués aux promoteurs et des décisions peuvent être prises pour gérer activement le processus.
La dernière transparence précise simplement que nous ne travaillons bien sûr pas seuls. Nous sommes un participant à part entière qui travaille en étroite collaboration avec la province de l'Alberta. Nous consultons activement toutes les parties prenantes, y compris les premières nations et, bien que la loi soit principalement axée sur les besoins environnementaux, notre processus décisionnel renferme des mécanismes — et nous pourrions en parler si vous voulez — qui nous permettent d'équilibrer également les besoins socio-économiques.
:
Donc, les projets hydroélectriques, évidemment, doivent être soumis à des évaluations environnementales parce qu'ils ont un impact sur les poissons. Par contre, les projets de sables bitumineux ne doivent pas nécessairement être soumis à une évaluation environnementale, parce que, selon vous, il n'y a pas de responsabilité fédérale ou internationale relativement aux émissions de gaz à effet de serre.
Pourtant, le projet Kearl, d'Imperial Oil, est un projet de 7 milliards de dollars ayant pour but de produire 300 000 barils de pétrole par jour pendant les 50 prochaines années. C'est l'équivalent environ de 800 000 autos sur les routes. Ce projet a été porté devant la Cour fédérale, qui a estimé que la commission d'examen, dans son rapport, avait très peu étayé ses conclusions en rapport aux émissions de gaz à effet de serre reliées à la réalisation de ce projet.
Donc, comment pouvez-vous dire aujourd'hui que les projets hydroélectriques ont un impact environnemental et qu'ils doivent être soumis à des évaluations environnementales, mais que certains autres ne doivent pas l'être. Même vos évaluations actuelles ne tiennent pas compte de l'impact des changements climatiques.
Comment pouvez-vous répondre à la Cour fédérale que vous avez évalué le projet, mais que les conclusions et les rapports qui sont reliés aux émissions de gaz à effet de serre, eux, ne sont pas tout à fait complets.
C'est à la fin de 1990 que vous avez compris que l'évaluation des effets cumulatifs des projets de sables bitumineux sur la base des projets individuels était relativement inefficace et gravement limitée. C'est ce que vous nous avez dit pas plus tard qu'au mois de juin 2008, ici en comité. C'est ce qui a fait en sorte, comme M. McGuinty le disait, qu'on a créé le CEMA en 2000.
Donc, admettez-vous que même dans vos juridictions, les projets de sables bitumineux et les rapports soumis par les commissions d'examen sont incomplets. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est la Cour fédérale.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Stringer, j'ai lu le témoignage que vous avez fait à ce comité il y a moins d'un an, en juin de l'année dernière. Je suis heureux de vous revoir.
En lisant cela, je me suis dit que le monde avait bien changé depuis. Vous avez commencé par évoquer les prévisions. J'aimerais vous demander de nous en dire un peu plus sur les prévisions, parce que... Quelle est la production? Vous avez dit que l'investissement serait divisé par deux, tombant de 20 à 10 milliards de dollars. Avons-nous maintenant une nouvelle courbe prévisionnelle montrant ce qui pourrait se passer?
J'ai une autre question et elle s'adresse probablement à Mme Kasperski, sur le captage et le stockage du carbone. L'eau représente un élément très important dans ce procédé. La plus grande partie, dans le cas de la technologie d'extraction in situ, est recyclée. Je pense que nous en sommes à 90 p. 100 de recyclage maintenant. Mais si nous avons recours au captage et au stockage de carbone, à cette technologie où l'on réinjecte le carbone, d'anciens puits qui ne produisent plus vont commencer à produire de nouveau. Si nous utilisons le captage et le stockage de carbone, est-ce que cela va aussi réduire la consommation d'eau?
Voilà les deux questions. En quoi cela va-t-il se répercuter sur la consommation d'eau? Et, commençant avec M. Stringer, quelles sont les répercussions sur les prévisions et les émissions ultimes totales de gaz à effet de serre, peut-être l'importance de...? Avec le ralentissement, les émissions totales de gaz à effet de serre vont probablement diminuer, mais nous aurons aussi une utilisation plus efficiente par unité de production.
Pourriez-vous traiter de ces deux questions? Merci.
:
Certainement. Je commencerai en précisant qu'en 2007, 38 mégatonnes de GES provenaient des sables bitumineux, soit de 4 à 5 p. 100 du total canadien. C'est la réponse à une question antérieure.
Pour ce qui est de la conjoncture et de la prévision actuelle, nous avons donné une idée dans les transparences — je crois que c'était la transparence sept — de ce que nous anticipons.
Lorsqu'on parle de prévisions, il ne faut pas perdre de vue deux ou trois choses. Premièrement, pour parler franchement, lorsqu'on parle aux gens de Calgary qui prennent ces décisions, ils semblent changer d'avis de semaine en semaine. C'est réellement une cible mouvante en ce moment.
Nous sommes sûrs de deux ou trois choses. La première, c'est qu'il y a un ralentissement. Nous pensons qu'il y aura indubitablement moins de dépenses à l'avenir que dans le passé. Pendant combien de temps cela durera, nous ne le savons pas. Si vous prenez les annonces faites récemment par les grandes compagnies qui ont des investissements et qui avaient annoncé des expansions majeures, elles ne disent pas qu'elles arrêtent leurs projets, elles disent qu'elles vont les retarder, qu'elles vont les reporter de 18 mois ou d'une certaine durée. Il faut savoir qu'avec l'évaluation environnementale de la phase de construction, il faut compter près de six ans pour passer de la planification, à la demande, à l'agrément et à la mise en chantier. Il va donc s'écouler un certain temps avant que tous ces projets soient remis sur les rails et que l'on voie une expansion significative dans les sables bitumineux. Voilà un aspect.
Un deuxième élément que je fais ressortir, c'est que l'on constate actuellement une baisse sensible — et c'est tout récent — des coûts d'intrants. J'ai peut-être dit, et j'aurais probablement dû le dire lorsque j'étais ici en mai ou en juin dernier, que le coût de l'acier, ou du travail de génie, ou de la main-d'oeuvre, était... « surchauffé » est un terme que l'on a souvent employé. Il n'a plus cours aujourd'hui. L'emploi dans les sables bitumineux reste considérable. Il n'y a pas de baisse de la production, mais les coûts d'intrants ont baissé, et même diminué considérablement. Vont-ils baisser autant que le prix du pétrole, il est difficile de le dire, et cela va déterminer le montant des investissements nouveaux qui seront effectués.
Ma dernière remarque sera pour dire que, peu importe que les reports soient de deux ans ou de six ans, si l'on considère les besoins en pétrole du monde et sa provenance future, les sables bitumineux représenteront une ressource très importante, que ce soit dans 10 ans ou dans 20 ans. D'aucuns dans les milieux du pétrole estiment que le rythme de croissance est devenu beaucoup plus viable et que le ralentissement donne une occasion de travailler sur certains des enjeux dont nous discutons aujourd'hui.
Voilà certains des commentaires que je peux formuler. Nous avons donné une idée préliminaire de ce que pourrait être la courbe d'expansion. Nous la suivons de très près, et ces trois éléments sont ceux qui me paraissent devoir influencer la prévision de croissance.