:
Merci, monsieur le président.
J'apprécie de pouvoir discuter de ce sujet avec vous aujourd'hui. Je travaille sur le dossier des changements climatiques, au sein de l'ACPP, depuis 1988. Certains d'entre vous se souviendront sans doute du processus des Tables de concertation, l'énorme processus qui nous a lancés dans cette voie.
Nous nous sommes intéressés aux politiques de tarification du carbone au Canada depuis l'automne 2002. Cela fait donc longtemps, sept ans, que nous avons commencé à parler d'une tarification du carbone. L'ACPP a soutenu cette idée depuis… Je pense que nous avons pris publiquement position vers 2001 ou 2002. Nous avons étudié des moyens d'établir une bonne politique.
Je voudrais quelques observations sur la façon dont nous percevons la politique à l'égard des gaz à effet de serre et le lien entre notre perception et la position que nous avons adoptée.
Vous connaissez tous, j'en suis sûr, la nature du défi que les gaz à effet de serre posent à l'échelle mondiale: les revenus et la population augmentent de façon spectaculaire dans le monde en développement et les revenus augmentent également dans le monde industrialisé. Tout cela entraîne une croissance de la demande d'énergie.
Les hydrocarbures constituent la principale forme d'approvisionnement en énergie dans le monde et notre énergie nous est fournie par des systèmes extrêmement capitalistiques qui sont longs à mettre en place et à modifier. Par conséquent, compte tenu de la dangereuse augmentation des gaz à effet de serre, le monde se trouve confronté à un défi: il faut développer d'autres sources d'énergie rentables pour remplacer les hydrocarbures, tout en réduisant les émissions actuelles d'hydrocarbures. Étant donné la croissance rapide de la demande d'énergie, ce n'est pas chose facile.
Nous devons prendre d'importantes mesures à l'échelle mondiale pour faire face au problème et essayer de ralentir et d'inverser la croissance des émissions de gaz à effet de serre. Premièrement, nous devons mettre l'accent sur l'efficacité énergétique et la conservation de l'énergie afin de pouvoir ralentir la demande d'énergie, ce qui va prendre un certain temps. Nous devons déployer les technologies existantes qui sont rentables pour réduire les émissions de carbone. Mais surtout, nous devons faire d'importants investissements dans les technologies qui seront appliquées dans le monde industrialisé et en développement au fur et à mesure que la demande d'énergie augmentera. Enfin, nous devons réduire la déforestation mondiale, car c'est essentiel pour la santé de la planète et cela fait partie de la stratégie à long terme qui nous permettra de transformer le système énergétique mondial.
Le Canada doit faire sa part de cet effort mondial, mais nous avons découvert à quel point la situation du Canada est différente de celles des autres pays industrialisés. Nous possédons environ 10 p. 100 de la masse terrestre mondiale avec toutes les ressources que cela comprend. Toutefois, nous ne comptons que 0,5 p. 100 de la population mondiale. Il n'est donc pas étonnant que le Canada ait une économie primaire qui dépend d'industries qui absorbent beaucoup de ressources, consomment beaucoup d'énergie et produisent beaucoup d'émissions. Le Canada a un taux élevé d'émissions par habitant en raison de son climat et de son économie centrée sur le secteur des ressources naturelles.
Contrairement à de nombreux autres pays industrialisés qui connaissent actuellement une désindustrialisation et dont la population est stable, nous connaissons une croissance rapide de nos émissions de gaz à effet de serre en raison de l'expansion de notre économie. Nous allons, bien sûr, faire nettement moins bonne figure que les économies qui se désindustrialisent et qui ont une population stable. Par conséquent, il est trompeur de comparer nos efforts avec ceux des autres pays. Pour toute évaluation de nos émissions, il est important de tenir compte de notre situation particulière.
Si nous adoptons un objectif relié à des niveaux antérieurs qui est similaire à celui des autres pays, nous ne pourrons pas l'atteindre. Cela nous plongera dans le débat indéterminable qui a eu lieu depuis la signature du Protocole de Kyoto quant à savoir comment nous allons atteindre la cible et réussir l'impossible et qui va en payer le coût. Tout ce débat retarde la contribution que le Canada peut apporter en améliorant l'efficacité, en déployant la technologie existante et en investissant dans la nouvelle technologie pour la déployer et parvenir à une réduction plus importante des émissions à l'avenir.
Alors voyons ce que l'objectif que propose le projet de loi C-311 représente vraiment. Je tiens compte seulement de la cible pour 2020, car 2050 est bien loin et toutes sortes de facteurs peuvent changer énormément la situation d'ici là. Toutefois, si nous prenons l'objectif pour 2020 qui est de réduire les émissions de 75 p. 100 par rapport à leur niveau de 1990, cela représente 38 p. 100 de moins que le niveau de 2006 et 49 p. 100 de moins que le niveau qu'Environnement Canada prévoit pour 2020 si le statu quo est maintenu ou si la tendance actuelle se poursuit.
Bien entendu, si nous ne connaissons pas un déclin importante de la production économique, de la population ou du revenu par habitant, cela veut dire que nous allons devoir réduire l'intensité d'émission du produit intérieur brut dans une forte proportion, soit de 49 p. 100, par rapport au maintien de la tendance actuelle d'ici 2020.
Si nous examinons certaines tendances récentes observées aux États-Unis et au Canada pour voir combien c'est important, aux États-Unis, l'intensité d'émission du PIB a diminué de 2,2 p. 100 par année entre 1980 et 2006. C'était surtout en raison de la réduction de l'intensité énergétique du PIB et seulement dans une faible mesure suite au remplacement des hydrocarbures par d'autres sources d'énergie.
Si nous prenons la situation au Canada entre 1990 et 2007, la diminution de l'intensité d'émission du PIB a été de 1,3 p. 100 par année. D'après les prévisions d'Environnement Canada pour 2020, si le statu quo est maintenu, la réduction sera de 0,73 p. 100 par année d'ici 2020 — c'est l'amélioration d'intensité du PIB qui est prévue. Par conséquent, si nous essayons d'atteindre l'objectif de réduction visé à partir du niveau actuel, cela représente une réduction de 6,7 p. 100 par année des émissions. Avec une croissance du PIB disons de 2,1 p. 100, ce qui correspond, je pense, aux dernières données budgétaires du gouvernement — si vous additionnez les deux, il faudrait une amélioration de l'intensité d'émission du PIB de 8,7 p. 100 par an.
Cela représente sept fois, environ sept fois l'amélioration de 1990 à 2007 et plus de 10 fois l'amélioration prévue pour 2020 si le statu quo est maintenu. C'est sans précédent. Cela n'a été observé nulle part ailleurs. Il est tout simplement inconcevable que nous puissions vraiment réduire nos émissions de gaz à effet de serre dans une telle proportion au cours de cette période.
Nous pourrions aller acheter des crédits à l'étranger afin de payer quelqu'un d'autre pour faire les efforts que nous ne ferons pas chez nous. Il y a toutefois certains facteurs qui s'y opposent. Cela suppose que les autres pays feront plus que leur juste part pour améliorer leurs émissions de GES et qu'ils auront des droits supplémentaires à nous vendre. Cela soulève la question de savoir pourquoi nous avons pris ou nous prendrions un engagement beaucoup plus exigeant que ce que nous sommes capables de faire tandis qu'ils en ont pris un qu'ils peuvent largement dépasser.
Deuxièmement, si des pays comme la Chine et l'Inde, les grands pays dont l'industrie se développe, contribuent à l'effort mondial, ils auront besoin de leurs propres réductions pour répondre à leurs propres engagements. Par conséquent, l'idée selon laquelle il y a des gigatonnes de crédits étrangers qui circuleront et que nous pourrons acheter pour satisfaire à nos engagements n'est qu'un leurre. La plupart des observateurs éclairés que j'ai rencontrés croient que la quantité de crédits étrangers qui seront disponibles quand le monde entier agira pour résoudre le problème des changements climatiques sera beaucoup moins importante que ne le supposent certaines de ces prévisions.
À mon avis, le qui fixe une cible de 25 p. 100 de réduction par rapport à 1990 d'ici 2020 va à l'encontre des efforts que le Canada doit déployer pour faire sa part.
Quelle devrait être notre politique à l'égard des GES?
Nous devons nous aligner avec les États-Unis dans le domaine de l'industrie et des transports étant donné nos liens économiques solides avec les États-Unis et nos systèmes énergétiques intégrés. Nous ne devons pas oublier que, quoi que nous fassions, nous devons le faire de façon à ce que ce soit compatible avec les États-Unis. Nous devons tarifier les émissions de carbone. Nous avons essayé de travailler à cette politique, comme je l'ai dit, depuis sept ans, avec le gouvernement fédéral et certains gouvernements provinciaux. Nous devrons augmenter le prix, avec le temps, pour l'aligner avec le prix établi aux États-Unis et les autres grandes économies. Et nous devons accroître notre investissement dans la technologie à faible émission de carbone, surtout dans les domaines qui intéressent particulièrement l'industrie et la situation du Canada.
Nous ne devons pas oublier qu'au niveau provincial, le Canada joue déjà un rôle de chef de file. L'Alberta a établi un prix pour les grandes émissions industrielles au milieu de 2007 et jusqu'ici il est de 15 $ la tonne pour les émissions qui dépassent 88 p. 100 de leur intensité pendant la période de référence. Le Québec a fixé sa taxe sur le carbone aux environs de 3,30 $ la tonne, ce qui couvre les émissions de la combustion d'hydrocarbures et il l'a fait en octobre 2007. La Colombie-Britannique a établi une tarification du carbone sous la forme d'une taxe sur les émissions dues à la combustion, en juillet 2008. Ce prix a d'abord été fixé à 10 $ la tonne, puis il est passé à 15 $ la tonne et il devrait atteindre 30 $ la tonne en 2012.
Nous sommes déjà des chefs de file. Ce dont nous avons besoin c'est une politique nationale sur le prix du carbone, une politique qui sera coordonnée avec les provinces et que nous devons aligner sur celles des autres grandes puissances économiques. Nous devons contribuer à l'effort mondial en fixant le prix des émissions de façon à améliorer l'efficacité énergétique et en investissant dans la technologie pour pouvoir offrir des solutions pour le Canada et le reste du monde.
Monsieur le président, j'ai hâte de participer à la discussion à la suite de l'exposé de M. Turk.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Français]
Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier les membres du comité de me donner aujourd'hui la possibilité de m'exprimer au sujet du projet de loi .
Le secteur canadien de l'électricité s'est engagé à contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre du Canada. La démarche axée sur les objectifs a contribué de manière efficace à assurer une meilleure compréhension de l'importance des coûts et de la complexité du défi. Cependant, ces objectifs doivent être fixés selon une compréhension raisonnable des stratégies nécessaires en vue de les réaliser.
[Traduction]
Le secteur canadien de l'électricité s'est engagé à contribuer à réduire les émissions globales de gaz à effet de serre du Canada. La démarche axée sur les objectifs a contribué de manière efficace à assurer une meilleure compréhension de l'importance, des coûts et de la complexité du défi. Cependant, ces objectifs doivent être fixés selon une compréhension raisonnable des stratégies nécessaires en vue de les réaliser. Permettez-moi d'expliquer davantage mon point de vue.
Pour le secteur de l'électricité, la question centrale est la suivante: comment assurer un avenir à faible intensité de carbone tout en faisant en sorte de combler les besoins en électricité futurs du Canada? Comme vous le savez, le réseau canadien d'électricité fait l'envie du reste du monde. Il est non polluant à plus de 75 p. 100 grâce à la présence de sources d'énergie hydroélectrique et nucléaire. Seulement 24 p. 100 du parc de production d'électricité du Canada repose sur des combustibles fossiles comme le charbon, le mazout et le gaz.
Les services publics membres de l'ACÉ font déjà d'importants investissements pour réduire l'intensité carbonique de la production d'électricité. Des projets d'aménagements hydroélectriques sont en voie de planification ou de construction au Labrador, au Québec, en Ontario, au Manitoba, en Colombie-Britannique et au Yukon. La production éolienne est en pleine expansion et on prévoit que sa puissance dépassera 3 000 mégawatts cette année. L'éolien et d'autres formes de microproduction constitueront un élément clé de la modernisation de notre réseau et de l'émergence de la technologie du réseau intelligent.
Nous nous sommes particulièrement réjouis de l'annonce faite par le premier ministre, il y a deux semaines, à Calgary, de la conclusion d'un partenariat public-privé entre les gouvernements du Canada et de l'Alberta à propos du projet Pioneer de TransAlta. Il est crucial de réussir à mettre en oeuvre un système de captage et de stockage du carbone (CSC) si le Canada et le reste du monde désirent réduire les émissions de CO2 résultant de la production axée sur le charbon. Comme plusieurs autres pays, le Canada possède d'abondantes réserves de ce combustible dans plusieurs de ses régions et le CSC pourrait faire du charbon un combustible neutre en carbone. Le Canada est par ailleurs un chef de file mondial de cette technologie. Lorsqu'il aura été mis en place, le projet Pioneer sera l'une des plus grandes installations de CSC au monde et la première à être dotée d'un système de stockage souterrain intégré.
Les membres de l'ACÉ conviennent de l'éventualité d'une contrainte de nature juridique touchant le carbone, qui transformera la manière dont le monde produit, transporte et distribue l'électricité. L'électricité est, à plusieurs titres, l'énergie de l'avenir. Non seulement prévoit-on que le secteur canadien de l'électricité réduira ses propres émissions, mais il aidera aussi d'autres secteurs à réduire les leurs. Il n'y a qu'à penser aux voitures électriques rechargeables, aux transports collectifs dans nos grandes agglomérations et même aux gazoducs, dont on désire faire fonctionner les stations de compression à l'électricité.
L'électricité a, pour l'avenir, des usages auxquels nous n'avons même pas encore pensé. Il faut donc, en prévision de ces nouveaux usages, investir dans notre infrastructure électrique. Nous devons construire des installations de production qui seront fiables et abordables et dont les émissions seront faibles ou nulles. Qu'il s'agisse de l'hydroélectricité, du nucléaire, de l'éolien, du solaire, de l'énergie marémotrice ou géothermique ou du charbon propre, nous avons besoin de toutes ces formes d'énergie. Nous devons aussi envisager un réseau plus intelligent qui offrira également la souplesse nécessaire pour intégrer davantage d'énergies renouvelables.
Nous croyons que le Parlement devrait envisager des changements législatifs qui permettent la transition à une production moins polluante fondée sur la réalité économique du roulement de nos immobilisations. Les équipements de production, de transport et de distribution d'électricité ont une longue durée de vie et doivent être amortis sur plusieurs décennies. Nous veillons de près à maintenir ces équipements dans un état de fonctionnement optimal afin de maintenir le prix de l'électricité à un niveau abordable.
Dans cette optique, les lois et règlements qui concernent les émetteurs du secteur de l'électricité doivent être bien conçus et équitables et tenir compte du caractère interconnecté du réseau électrique. Ils doivent aussi offrir des options de conformité autres que la fermeture de centrales de production d'électricité.
Pour l'industrie de l'électricité, toute politique viable en matière de changements climatiques doit comprendre les éléments suivants. Premièrement, elle doit inclure un cadre énergétique et environnemental intégré et coordonné. L'enjeu climatique a des ramifications mondiales, nationales et régionales et la coopération et l'harmonisation de nos démarches avec les États-Unis au chapitre de la recherche des résultats sont essentielles. La mise en oeuvre de démarches fragmentées par les divers gouvernements ne serait pas viable.
Deuxièmement, il faut prendre en compte notre compétitivité avec les États-Unis. Nous devons harmoniser le rythme des changements et tout investissement futur dans une production d'électricité plus propre et de nouvelles technologies avec nos partenaires commerciaux afin que les entreprises canadiennes puissent demeurer concurrentielles. À cet égard, nous trouvons encourageant le Dialogue sur l'énergie propre en cours entre le Canada et les États-Unis.
Troisièmement, nous avons besoin de mécanismes de conformité adéquats, dont un Fonds technologique favorisant l'investissement dans des technologies propres et dans leur déploiement, ainsi que des politiques favorisant une utilisation accrue de l'électricité dans l'économie, y compris l'abandon progressif par l'industrie de l'électricité des sources d'énergie à fortes émissions en faveur de sources à émissions faibles ou nulles.
Quatrièmement, nous avons besoin d'une démarche globale favorisant la clarté et la cohérence des lois et règlements touchant les enjeux énergétiques et environnementaux. Des processus réglementaires qui engloberaient l'énergie et l'environnement seraient de nature à réduire les retards qui gênent actuellement l'expansion des infrastructures et des activités d'intendance en matière d'énergie propre.
Cinquièmement, le fardeau doit être réparti équitablement entre toutes les industries.
Enfin, il est essentiel de tenir compte du cycle du roulement des immobilisations dans l'industrie de l'électricité en mettant l'accent sur la mise au rancart ou la remise à neuf des centrales déjà en place à la fin de leur durée de vie économique. Nous favorisons des changements législatifs susceptibles de permettre la transition à des technologies moins polluantes fondées sur cette réalité économique.
Pour terminer, monsieur le président, j'aimerais rappeler aux membres du comité la nécessité de respecter l'équilibre régional. L'industrie de l'électricité est un microcosme du Canada, où se reflètent les intérêts et les réalités des diverses régions du pays. Ce sont les provinces qui ont construit le réseau d'électricité. Un plan sur les changements climatiques qui imposerait des réductions rigoureuses pour la production d'électricité axée sur le charbon aurait des répercussions sur des provinces comme l'Alberta, la Saskatchewan, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse. Par ailleurs, comme je l'ai dit plus tôt, Terre-Neuve-et-Labrador, le Québec, le Manitoba et la Colombie-Britannique disposent d'un potentiel hydroélectrique qui doit être développé.
Même si les réalités du bilan de production du Canada sont à divers égards le résultat de sa géographie, ce sont les Canadiens qui, à terme, paieront la note et tout plan qui se traduirait par une augmentation des coûts pour certains, mais non pour d'autres, ne serait pas accepté par le public. C'est d'ailleurs peut-être ce dernier point qui est l'un des plus importants, non seulement pour le gouvernement, mais aussi pour l'ensemble de notre industrie. Pour bâtir le réseau d'électricité dont notre pays aura besoin dans les décennies à venir — afin de soutenir la croissance économique et notre qualité de vie — nous aurons besoin d'un large appui du public et du gouvernement.
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Français]
Je remercie également les membres du comité.
[Traduction]
J'ai hâte que nous ayons une bonne conversation.
Merci.
Évidemment, lorsqu'il est question d'équité, c'est dans les détails que l'on définit le programme que l'on veut mettre en place. Sur la question d'intensité ou de non-intensité, c'est évidemment un débat qui se tient, en ce moment. Quand on dit « équitable », on veut dire: obtenir des crédits pour les actions prises dans le passé. Au sein de notre industrie, par exemple, on préconise cela.
Donc, il faut aussi être un peu intelligent et voir quels sont les différents impacts dans les différents secteurs pour arriver à quelque chose d'équitable, sur le plan national et pour les industries. Comment fait-on cela? Il faut tenir un dialogue à ce sujet.
Pour revenir à votre première question, en ce qui a trait aux cibles, on préconise certainement la certitude. Quand il s'agit de gros projets, de gros dollars et d'une longue échéance, il faut évidemment avoir une certitude. Cela doit aussi se faire dans un contexte raisonnable. Donc, il faut s'assurer d'avoir un contexte nord-américain et un contexte global. Pour vous donner un exemple, au Canada, on aura peut-être deux ou trois nouvelles installations. Chaque semaine, en Chine, il y a deux ou trois nouvelles installations qui surgissent. Ce qui se passe en Chine, en Inde et aux États-Unis a évidemment un impact pas seulement sur notre secteur, mais aussi sur d'autres secteurs. Dans le contexte global, il faut évidemment voir une perspective.
Donc, oui à la certitude mais, comme M. Hyndman l'a dit, dans un contexte et une démarche raisonnables.
:
Vous voulez donc dire dans un contexte très continental.
En même temps, quand on regarde ce qui se fait aux États-Unis et au Canada, j'ai l'impression que... Vous avez félicité le gouvernement aujourd'hui pour ses investissements dans le captage et la séquestration du carbone. Donc, vous croyez qu'il faut réduire l'empreinte carbonique au Canada, mais que cela doit se faire par le régime de séquestration et de captage. Pendant ce temps, aux États-Unis, on a décidé de faire des investissements massifs dans les énergies renouvelables.
Ce que j'entends, de la part de représentants du secteur de l'énergie éolienne, c'est qu'on est en train de manquer le bateau et le virage vert au Canada, et que des entreprises d'ici décident de ne plus investir au Canada et se dirigent déjà vers les États-Unis parce que le système fiscal et la réglementation leur sont plus favorables.
N'est-on pas en train de faire en sorte que l'économie canadienne demeure à l'âge de pierre du développement, alors que les États-Unis, eux, décident d'adapter leur fiscalité et leur réglementation?
Parlons de fuite de capitaux, car on dit souvent qu'une réglementation sur les changements climatiques ferait fuir les capitaux. Au bout du compte, notre politique actuelle ne fait-elle justement pas fuir des capitaux qui pourraient être investis dans les industries de l'avenir et des technologies, comme dans les énergies durables et environnementales?
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les deux témoins. J'ai vraiment apprécié vos témoignages. C'était très intéressant.
Je reviens tout juste de Copenhague où j'ai participé, au cours du week-end, à une conférence sur l'environnement organisée par Globe International, seulement quelques semaines avant que des milliers de gens de 192 pays se rendent à Copenhague dans le but de conclure une nouvelle entente internationale sur les changements climatiques. J'étais très fier de nos objectifs ambitieux, soit une réduction de 20 p. 100 d'ici 2020 et une approche harmonisée avec les États-Unis.
C'était la première fois que je me rendais à Copenhague. J'aime toujours aller voir à l'avance ce qui se passe. J'ai pris l'avion jeudi soir, je suis arrivé là-bas vendredi matin et j'ai passé la majeure partie de la journée de vendredi à bord d'un bateau à examiner le port, les turbines et ce que fait Copenhague. Il y a une centrale au charbon et des turbines en pleine ville et les Danois se rendent compte de la possibilité de nettoyer leur environnement.
J'ai toutefois été frappé par leur efficacité et leur mode de vie. C'est très différent de ce qui se passe ici en Amérique du Nord. Pour acheter un véhicule, vous devez payer une taxe de 180 p. 100. Disons que vous achetiez un véhicule 30 000 $ ici, au Canada. À Copenhague, vous devriez débourser peut-être 80 000 $ à 85 000 $ à cause de cette taxe de 180 p. 100. La taxe de vente est de 25 p. 100 et le carburant coûte 2,50 $CAN le litre. C'est très cher.
Les objectifs proposés dans le projet de loi C-311 sont les objectifs européens, mais les objectifs que le Canada s'est fixés sont quand même ambitieux compte tenu de notre situation. J'ai vraiment apprécié votre témoignage.
Une approche nord-américaine à l'égard du dialogue sur l'énergie propre avec les États-Unis me semble logique — les États-Unis étaient d'ailleurs représentés également à cette conférence. En fait, le groupe de témoins précédent était composé de scientifiques — c'était il y a une semaine, mardi dernier — et ils ont reconnu qu'une approche continentale était une bonne idée, que le Canada, les États-Unis et le Mexique avaient des objectifs similaires pour les négociations internationales de Copenhague et celles qui suivront.
Par conséquent, je voudrais savoir combien il est important, selon vous, que nous adoptions une approche continentale? Si nous ne le faisions pas, si nous suivions la voie du projet de loi C-311 et adoptions un objectif européen plutôt qu'une approche continentale, quelles en seraient les conséquences pour vos industries?
:
Merci beaucoup pour cette question.
Comme je l'ai déjà dit, la réduction de 20 p. 100 par rapport aux niveaux de 2006 d'ici 2020 est beaucoup plus exigeante et ambitieuse que ce même objectif ne l'est pour les États-Unis compte tenu de la tendance sous-jacente de nos émissions. L'effort que nous devons faire n'est pas par rapport aux niveaux historiques, mais par rapport à ceux que nous atteindrions autrement. Par conséquent, la différence entre le statu quo et cet objectif est proportionnellement beaucoup plus importante pour nous que ce n'est le cas pour les États-Unis avec le même objectif. Aller encore plus loin sous-entend qu'il faut être prêt à envoyer de l'argent de l'autre côté de la frontière pour compenser la différence.
L'idée d'une politique comparable à celle des États-Unis est importante. Toutefois, j'estime qu'il s'agit de voir exactement comment nous nous alignons sur les États-Unis. Les économistes ont notamment souligné que si nous voulons parvenir à des réductions efficaces dans les deux pays, c'est en ayant un même prix pour le carbone que nous pourrons le faire, si nous parlons d'une politique de tarification du carbone. Les échanges de crédits de part et d'autre de la frontière n'apporteront aucun avantage supplémentaire. Si notre tarification est la même, nous obtiendrons les mêmes réductions dans les deux pays sans qu'il soit nécessaire de s'échanger des crédits de part et d'autre. Si vous reliez, par un régime d'échange de droits d'émission, deux pays dans lesquels le maintien du statut correspond à des cibles très différentes, vous générerez un transfert régulier d'argent des objectifs les plus onéreux vers les moins onéreux. C'est ce que je crains si nous sommes bientôt entièrement intégrés avec les États-Unis.
Je pense donc que nous devons nous aligner sur les États-Unis. Nous devons imposer un fardeau comparable à nos industries, nous devons établir un prix comparable pour le carbone et nous pourrions même relier notre prix au prix américain, mais si nous allons plus loin, cela dirigera un important flux d'argent vers les États-Unis. Si nous établissons un objectif par exemple de 25 p. 100 en dessous des niveaux de 1990, cela créera un transfert d'argent tout aussi énorme du Canada vers les États-Unis.
J'aimerais... qu'un grand nombre de nos membres soient présents.
Je veux dire que nous avons étudié les chiffres. J'ai tendance à examiner les politiques de façon assez simple. Par exemple, quel objectif ou quelle limite prévoit-on pour l'industrie? Quel sera le prix du carbone? Quel sera l'écart entre nos émissions et la limite fixée? Si vous multipliez cela par le prix, cela vous donne le coût par baril. Quand vous le multipliez, vous obtenez des coûts de dizaines de millions de dollars. Bien entendu, selon la situation dans laquelle l'industrie se trouve en ce qui concerne le prix de son produit sur le marché, le coût peut être important et avoir de lourdes répercussions sur l'investissement. Il peut être moins important si nous avons des prix élevés comme c'était le cas il y a un an ou deux.
Je n'ai pas de chiffres exacts à vous donner pour le moment, mais il y a d'autres endroits où investir dans le monde. Un des avantages que nous avons au Canada est que c'est un bon endroit où investir. Il y a d'énormes investissements dans les sables bitumineux, particulièrement en Alberta, mais aussi dans le secteur du gaz.
Toutefois, là où nous sommes le plus exposés sur le plan de la concurrence, c'est au niveau de la valorisation du bitume et de la production de gaz naturel. Dans ces deux cas, nous devons nous comparer aux États-Unis pour ce qui est du coût de ces activités si nous ne voulons pas détourner l'investissement vers les États-Unis pour la valorisation du bitume ou la production du gaz naturel. Comme vous le savez, le secteur du gaz subit actuellement les pressions de la concurrence américaine.
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Vous avez parlé de l'hydroélectricité. Comme je le disais au début de ma présentation, il y a beaucoup de potentiel en Colombie-Britannique, au Manitoba, au Québec et à Terre-Neuve-et-Labrador à ce chapitre. Il est vraiment important qu'on développe ce potentiel. Il y a des questions réglementaires, mais nous devons le développer.
En ce qui a trait aux énergies renouvelables, on a besoin de la totalité de ces nouvelles sources d'énergie. Il y a toutefois des questions techniques et économiques à résoudre. Sur le plan technique, quand il y a du soleil, il y a plus d'énergie et quand il y a plus de vent, il y a plus d'énergie. Il y a beaucoup de travail à faire sur le plan de l'intégration des systèmes, en ce moment, parce que les systèmes n'ont pas été conçus de manière à intégrer ces types de technologie, mais on est en train de le faire. Quand on sera en mesure de faire les changements techniques, il y aura plus d'énergie éolienne et solaire.
Sur le plan de l'économie, en Ontario, par exemple, on paie 80 ¢ le kilowattheure d'énergie solaire, tandis que le coût de l'hydroélectricité et d'autres technologies est de 4 ¢ ou 5 ¢ le kilowattheure. Il y a donc des questions économiques à résoudre.
Comme vous le disiez, il y a un potentiel incroyable. Nos compagnies sont des chefs de file sur le plan du développement. Nous n'avons pas encore complété d'analyse économique, mais on a étudié l'aspect économique, cas par cas. Par exemple, l'énergie solaire coûte environ 80 ¢ le kilowattheure. On souhaite que la technologie évolue, pour que les coûts baissent. Ça se fera avec le temps.
Tout d'abord, pour ce qui est de repousser la date de référence de 1990 à 2006, cela montre où en est le pays. Il n'y a aucun pays au monde qui se réfère à 1990 pour fixer des objectifs à l'industrie, aucun pays. Le Royaume-Uni s'est servi des niveaux de 2003 à 2005. L'Australie utilise une base de référence plus actuelle. Les États-Unis proposent un niveau actuel et même futur. Ce n'est donc pas une question de droits d'émissions pour l'industrie; cela reflète seulement la situation du pays.
Quelles sont les réductions possibles dans le secteur du pétrole et du gaz? Il y a deux grands domaines qui offrent des possibilités. On y travaille actuellement et des travaux ont été faits par le passé dans ce sens. Nous avons obtenu une importante réduction au niveau du torchage et de l'évacuation jusqu'à récemment, mais les résultats se sont stabilisés et il y a même eu une légère augmentation si bien qu'il faut faire davantage de travail à ce niveau-là. Il y a des émissions fugitives, qui ne sont pas d'une importance mineure — des fuites de gaz des tuyaux des usines à gaz, des pipelines, etc. Il est donc possible de faire quelque chose de ce côté-là.
L'autre possibilité se trouve dans la façon dont nous traitons les sables bitumineux in situ, non pas lors de l'extraction, mais quand nous injectons de la vapeur dans le sol pour produire le pétrole. Il y a toutes sortes d'activités différentes visant à trouver d'autres modes de production moins énergivores et c'est un des domaines sur lesquels nous devons centrer notre attention: la technologie, parce qu'une technologie de remplacement pourrait nettement modifier le niveau d'émissions et la quantité d'énergie requise pour la production in situ. Il faut toutefois du temps pour démontrer l'efficacité de cette technologie, pour l'essayer dans différents réservoirs, augmenter son utilisation et voir si elle donne des bons résultats.
C'est le domaine le plus prometteur que je connaisse en ce qui concerne les sables bitumineux.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Hyndman, en tant qu'économiste, vous savez sans doute qu'il est difficile de prédire la technologie de l'avenir, si l'on tient compte du fait qu'au début des années 1960, on prédisait que les États-Unis iraient sur la lune alors que cela semblait impossible du point de vue technologique. Ou encore, l'industrie nous a dit, à propos du Protocole de Montréal sur la réduction des CFC pour protéger la couche d'ozone que cela allait lui coûter extrêmement cher. Elle a ensuite changé son fusil d'épaule et cela a fini par améliorer son efficacité et lui économiser de l'argent.
Il est très difficile de prédire l'avenir, les innovations que nous pourrons faire et les problèmes que nous pourrons résoudre, car nous sommes forcés d'envisager une nouvelle façon de faire. Je pense que c'est une des raisons pour lesquelles vous insistez sur la tarification. Si nous savons que les choses vont coûter beaucoup plus cher, nous allons commencer à viser plus haut et nous forcer à innover pour trouver des solutions.
J'apprécie votre honnêteté au sujet de la tarification et du fait que ce sera un élément essentiel pour relever le défi des changements climatiques.
Quand Bob Page est venu nous voir, il a parlé d'un prix de 100 $ la tonne pour le carbone compte tenu des objectifs que le gouvernement a proposés.
Dans les différentes versions du plan dont le gouvernement nous a parlé depuis quatre ans, tout d'abord, si quelqu'un s'en souvient, c'était le plan « made in Canada ». Kyoto avait été préparé quelque part ailleurs et nous avions donc besoin d'un plan canadien. Puis, l'année dernière, nous avons « pris le virage » et il semble que nous en soyons maintenant au plan « made in Washington avec l'appui de Pékin ».
Quelle était la tarification prévue dans ces plans antérieurs? De quels chiffres le gouvernement vous a-t-il fait part pour ce qui est du coût à la tonne? Obtenez-vous la prévisibilité et la stabilité que vous demandez du plan du gouvernement actuel, si ce plan existe?
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Merci pour ces questions, monsieur Trudeau.
Permettez-moi de commencer par vous répondre au sujet de la technologie. C'est un bon argument et c'est important.
Nous ignorons quels seront les progrès technologiques. Peut-être que certaines découvertes fortuites nous permettront d'obtenir beaucoup d'énergie en produisant peu d'émissions en plus de la technologie que nous connaissons déjà. Toutefois, il ne faut pas oublier qu'on ne s'est pas soucié du prix quand on est allé sur la lune. L'homme du Cirque du Soleil a dépensé 30 millions de dollars pour se rendre dans la station spatiale et je ne pense donc pas que ce soit une technologie dont nous pouvons bénéficier pour la plupart d'entre nous.
En ce qui concerne le Protocole de Montréal, bien entendu, les entreprises ont trouvé la solution et elles ont pu faire payer leurs clients plus cher pour les produits remplaçant les substances qui détruisent la couche d'ozone. Ces technologies sont différentes de celles qui permettent de se débarrasser du dioxyde de carbone.
M. Justin Trudeau: Le principe reste toutefois valide.
M. Rick Hyndman: Oui. Vous avez raison et c'est pourquoi nous sommes pour une tarification. Cela va inciter les gens à prendre des mesures créatives et innovatrices pour des raisons économiques et plus cela s'appliquera, plus nous en tirerons des effets positifs.
En ce qui concerne la tarification, « Prendre le virage » prévoyait 65 $ la tonne pour 2018 environ. Nous n'avons entendu personne d'autre — en tout cas personne au sud de la frontière — citer ce genre de chiffres.
À mon avis, pour que les chiffres de 100 $ la tonne de M. Page se vérifient, il faudrait que le Canada atteigne une bonne partie de son objectif en achetant des crédits étrangers. Cela ne reviendrait pas à réduire les émissions de 20 p. 100 par rapport à 2006. Nous ne ferions que la moitié du chemin et nous achèterions des crédits pour le reste.
En fait, nous avons demandé qu'on mette le système en place. Nous devons commencer en Alberta. La Saskatchewan parle de faire la même chose et la Colombie-Britannique a déjà appliqué le système de façon générale. Si nous allons trop loin… Si nous avions un tarif de 100 $ la tonne pendant que celui des États-Unis serait de 20 $, nous aurions beaucoup de difficulté à gérer nos tarifs d'électricité, les coûts de l'industrie et tout cela. Cela nous plongerait dans de sérieuses difficultés économiques.
Nous disons que nous pouvons devancer les États-Unis comme nous l'avons fait si les coûts sont gérables, mais que nous ne pouvons pas aller plus loin avant que les États-Unis et les autres grandes puissances économiques agissent aussi. Si elles ne le font pas, nous n'irons nulle part au niveau mondial.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Turk et monsieur Hyndman, vous avez tous les deux déclaré que si nous devions atteindre les cibles du , cela augmenterait énormément les coûts de vos secteurs qui reposent sur les combustibles fossiles.
Ce n'est pas le NPD qui a inventé ces objectifs. Ce sont ceux que les climatologues mondiaux disent que nous devons atteindre. Les principaux climatologues canadiens nous ont déclaré, il y a une semaine, que ce sont les cibles minimums que nous devons atteindre. Voilà pourquoi ils ont été choisis.
Une évaluation indépendante des centrales au charbon de l'Alberta et également de l'Ontario a démontré que le charbon pourrait facilement être remplacé par des technologies abordables reposant sur l'énergie renouvelable d'ici 2020.
Quand nous parlons des coûts, ce qui m'ennuie, quand le secteur des combustibles fossiles et le gouvernement parlent de réduire le coût des gaz à effet de serre, c'est qu'ils parlent de l'équilibrer avec l'impact environnemental. Toutefois, ils oublient de mentionner les coûts que les oxydes d'azote, les oxydes de soufre, les particules et les métaux lourds associés au secteur des combustibles fossiles entraînent sur le plan de la santé et de l'environnement. Les coûts qu'on s'apprête à imposer aux consommateurs de l'Alberta s'élèvent à 100 p. 100 du coût d'une énorme ligne de transmission servant à envoyer vers le sud de la province l'électricité produite par des centrales au charbon et de l'expansion de ces centrales.
Je voudrais savoir ce que vous en pensez. On semble chercher davantage à assurer la durabilité du secteur des combustibles fossiles qu'à offrir aux Canadiens un approvisionnement en énergie durable pour le transport, le chauffage et l'électricité. J'ai l'impression que c'est surtout une analyse étroite des répercussions auxquelles le secteur des combustibles fossiles doit s'attendre si nous ne continuons pas à subventionner et à réduire nos normes.
Vous pourriez peut-être répondre tous les deux à cela.
Monsieur Hyndman, vous avez mentionné que ces cibles constitueraient un sérieux obstacle à la poursuite de la valorisation du pétrole en Alberta. Pourtant, la raison pour laquelle tous les projets d'usines de valorisation ont été annulés en Alberta est que le gouvernement du Canada a décidé d'accélérer l'approbation des pipelines afin que le produit puisse être traité aux États-Unis. Cet argument ne me semble donc pas tout à fait valide.
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Oui, mais il y a également une incertitude du côté de la réglementation au sud de la frontière.
Si nous ajoutons un fardeau supplémentaire qui va multipler l'incertitude de la réglementation au Canada, nous signerons l'arrêt de mort de tous les projets et cela bientôt, comme pour les usines de valorisation, car les gens diront simplement: « Je ne peux pas investir; je ne vais pas dépenser des milliards de dollars dans le contexte actuel tant que je ne saurai pas quels seront mes coûts par rapport à ceux de mes concurrents ».
À mon avis, il ne s'agit pas d'assurer la viabilité du secteur pétrolier et gazier comme vous l'avez dit plus tôt. Il s'agit de fournir de l'énergie aux Canadiens. Il n'y a pas de solution toute faite. S'il y en avait, nous le saurions. Il ne sera pas facile de remplacer le charbon au cours des 10 prochaines années en Alberta.
Qu'allons-nous faire pour atteindre la cible? L'énergie éolienne atteint déjà sa capacité limite. C'est un système thermique. À moins que vous n'installiez une autre turbine au gaz à côté de chaque centrale au charbon pour suivre les fluctuations de l'offre et répondre à la demande… Vous ne pouvez pas construire des éoliennes indéfiniment.
J'empiète sur le territoire de M. Turk, mais j'ai passé beaucoup de temps à m'intéresser à l'électricité dans une carrière antérieure et je connais les exigences du système. Pour ce qui est du pétrole et du gaz, je ne vois personne renoncer encore à l'essence et au diesel. Par conséquent, l'exploitation du pétrole et des sables bitumineux du Canada assure une source d'approvisionnement sûre en Amérique du Nord. C'est un débouché économique. Nous faisons ce que nous pouvons sur le front de la technologie et nous appliquons la technologie déjà disponible pour réduire l'intensité des émissions de cette activité. Toutefois…