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Bonjour, monsieur le président, et bonjour aux membres du comité.
Je tiens à souligner que nous vous sommes reconnaissants de prendre le temps de nous écouter, de nous avoir invités ici et d'être venus visiter nos installations d'exploitation de sables bitumineux à Fort McMurray.
Je m'appelle Don Thompson. Je suis président de l'Oil Sands Developers Group. J'aimerais commencer par vous présenter les membres de notre groupe. Je suis accompagné de Stuart Lunn, de L'Impériale; de M. Ian Mackenzie, de Golder Associés; de M. Fred Kuzmic, de Shell Canada; et enfin, de M. Greg Stingham, de l'Association canadienne des producteurs pétroliers.
De toute évidence, l'eau est une composante essentielle du procédé d'exploitation utilisé pour l'extraction et la récupération du bitume, à propos desquelles je vous parlerai un peu plus tard. En réalité, au Canada, l'exploitation des sables bitumineux n'exige qu'un très faible pourcentage de l'eau disponible, et l'utilisation de l'eau est sévèrement réglementée. Par exemple, à l'heure actuelle, l'utilisation hydrique dans le cadre de l'exploitation des sables bitumineux est inférieure à 1 p. 100 du débit annuel moyen de la rivière Athabasca, et des procédures et des processus sont en place pour plafonner cette utilisation pendant les périodes de bas débit.
En outre, la réglementation ne permet pas le déversement d'eaux non traitées utilisées dans le processus d'exploitation des sables bitumineux, et la surveillance continue de l'eau indique que l'exploitation des sables bitumineux n'a aucune incidence sur l'écosystème aquatique de la basse Athabasca.
Dans le cadre des projets d'exploitation des sables bitumineux, les eaux utilisées sont recyclées dans une proportion de 80 p. 100 pour ce qui est des mines à ciel ouvert et de plus de 95 p. 100 dans le cas de l'exploitation in situ. En fait, le secteur de l'exploitation in situ modifie graduellement ses façons de faire et utilise de l'eau saline plutôt que de l'eau douce. Bien sûr, l'eau saline ne provient pas de la rivière Athabasca.
L'autre réalité dont il faut tenir compte, c'est que le pompage, le stockage et le traitement de l'eau s'assortissent d'importants coûts de production. Nous avons donc plein de bonnes raisons de réduire au minimum notre utilisation de l'eau — cela est crucial, sur le plan économique, pour le secteur de la production des sables bitumineux.
Récemment, tant au Canada qu'aux États-Unis, des appels ont été lancés en faveur de l'établissement d'un équilibre entre énergie, environnement et économie. À mon avis, à l'heure actuelle, le secteur des sables bitumineux a atteint cet équilibre.
Au chapitre de l'environnement, la qualité locale de l'air est excellente et bien gérée. Le niveau d'émissions de gaz à effet de serre est bas et représente un pourcentage peu élevé des émissions totales à l'échelle tant canadienne que mondiale. Grâce au recours accru à des technologies améliorées, la quantité d'eau utilisée est réduite. Comme je l'ai mentionné précédemment, nous recyclons un pourcentage élevé de l'eau que nous utilisons, et l'industrie de l'exploitation in situ se tourne de plus en plus vers l'utilisation d'eau non potable.
Au chapitre de la terre, le mot d'ordre a toujours été de réduire au minimum l'incidence de notre exploitation. Sur les 530 kilomètres carrés de terre qui ont été perturbés par plus de 40 ans d'exploitation à ciel ouvert, 65 kilomètres carrés sont en train d'être remis en état de façon active. Des technologies d'avant-garde sont en cours de conception, et des innovations technologiques sont employées dans le cadre de toutes les activités de gestion environnementale.
La réalité, c'est que les sables bitumineux sont une importante ressource stratégique du Canada, qui procure aujourd'hui au Canada une solide garantie d'approvisionnement énergétique, et cela sera de plus en plus vrai dans l'avenir. Les sables bitumineux occupent une place de premier plan dans l'ensemble des sources d'énergie d'avenir du Canada.
Au chapitre de l'économie, les retombées économiques des sables bitumineux se font sentir partout au pays. De 2000 à 2020, l'exploitation des sables bitumineux pourrait engendrer des retombées économiques totales d'au moins 885 milliards de dollars, dont 123 milliards de dollars en redevances et en recettes fiscales pour le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux. Il faut bien comprendre que pour chaque emploi permanent lié aux sables bitumineux, neuf emplois directs, indirects et induits supplémentaires sont créés au Canada.
Hier, je me trouvais à Drummondville, au Québec, où j'ai rencontré des membres de la section québécoise de l'organisation Manufacturiers et exportateurs du Canada et de nombreux représentants des aciéristes, des métallurgistes, des fournisseurs de matériel d'exploitation minière et d'autres acteurs de l'industrie. Des représentants de Suncor, qui m'accompagnaient, ont expliqué que l'entreprise disposait de 199 fournisseurs au Québec, où elle a engagé des dépenses de près de 200 millions de dollars l'an dernier.
Il est également important de prendre conscience du fait que les membres de notre organisation emploient des gens partout au pays, tant dans les sites de l'Ouest que dans ceux de l'extrême Est, et que Fort McMurray constitue le lieu de rassemblement de tous ces gens et entreprises du secteur. Les sables bitumineux sont une entreprise nationale.
Pour déterminer la place qu'occupent les sables bitumineux dans le futur panier d'énergies du Canada, il faut comprendre qu'une plus grande quantité d'énergie de tous types sera nécessaire en raison de la croissance économique mondiale. En Amérique du Nord, l'utilisation d'énergie augmente à un taux d'environ 1,5 p. 100 par année en raison de la croissance démographique et de l'amélioration de la qualité de vie, et cette augmentation n'est résorbée qu'à un faible degré par la hausse de l'efficience. Malgré le fait que les énergies renouvelables et les autres formes d'énergies sont de plus en plus utilisées, le pétrole demeure une composante essentielle du panier d'énergies mondial à long terme.
La croissance démographique mondiale fait en sorte que nous aurons besoin de toutes les formes d'énergie. Il convient de souligner que les sables bitumineux sont un élément essentiel de l'approvisionnement mondial en pétrole. Au Canada, nous avons la chance de posséder la deuxième réserve de pétrole brut en importance au monde. Avec nos 178 milliards de barils, le Canada se classe au 2e rang, derrière l'Arabie Saoudite. Le fait est que 97 p. 100 de ces barils, c'est-à-dire 173 milliards de barils, se trouvent dans les sables bitumineux. En d'autres termes, dans les autres pays ou lieux où du pétrole brut est accessible, une proportion de 87 p. 100 des réserves pétrolières mondiales connues sont détenues ou contrôlées par les États, par exemple par les pays membres de l'OPEP et la Russie. Seulement 13 p. 100, ou un baril sur six, est ouvertement accessible aux sociétés pétrolières internationales, et la moitié de ce pétrole accessible se trouve dans les sables bitumineux du Canada.
Notre production conventionnelle décline de 4,5 p. 100 environ chaque année, et cette tendance se poursuivra. Cet écart devait être comblé par les sables bitumineux, et il l'est. Mais l'autre réalité qu'on ne peut passer sous silence, c'est le fait que la récente crise économique a ralenti la croissance. Nous prévoyons une stagnation du taux de croissance entre 2008 et 2012. Par conséquent, les sables bitumineux sont un élément crucial de la future sécurité énergétique du Canada. Les exportations de sables bitumineux représenteront également une part importante de la balance des paiements du Canada dans l'avenir.
Je sais que, pendant votre visite de nos installations, vous avez pu observer nos deux technologies de production de sables bitumineux. Je ne m'étendrai donc pas sur le sujet. Vous avez sûrement assisté à des activités de minage, de transport et de creusage; toutefois, j'attire votre attention sur le fait que 80 p. 100 des réserves dont je vous ai parlé doivent être produites au moyen de l'extraction in situ, ou sur place, où il n'y a ni mine, ni bassins de décantation ni eau provenant de la rivière Athabasca.
Je cède maintenant la parole à M. Lunn, qui abordera les questions relatives aux quantités d'eau.
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Au cours des prochaines minutes, j'aimerais vous parler des perspectives en matière de disponibilité de l'eau en Alberta, pour ensuite aborder plus particulièrement la question de l'utilisation de l'eau dans l'industrie des sables bitumineux, tant dans le secteur de l'exploitation à ciel ouvert que dans celui de l'exploitation
in situ.
Chaque année, à peu près 130 milliards de mètres cubes d'eau coulent dans les rivières de l'Alberta, et une proportion de 85 p. 100 de cette eau afflue vers le nord. Les rivières de la Paix et Athabasca sont, de loin, les plus grandes rivières de la province, et les deux se rejoignent au nord pour former la rivière Slave, qui poursuit sa route à l'extérieur de l'Alberta. Pour mettre les faits en contexte, 88 p. 100 de la demande en eau en Alberta provient du secteur de l'agriculture, et les principaux centres de population se trouvent dans la moitié sud de la province.
L'exploitation des sables bitumineux se déroule uniquement dans les bassins du nord. Les sables bitumineux miniers se trouvent tous dans le bassin de la rivière Athabasca, et les sables bitumineux in situ sont répartis dans les bassins des rivières de la Paix, Athabasca et Beaver.
Sur les 130 milliards de mètres cubes d'eau qui s'écoulent chaque année dans les rivières de l'Alberta, le gouvernement n'attribue pour l'ensemble des secteurs de la province qu'un peu moins de 10 milliards de mètres cubes par année. L'industrie pétrolière et gazière compte pour environ 7 p. 100 de cette attribution provinciale — sur le graphique, il s'agit de la portion jaune de la barre verticale —, derrière les importants secteurs agricole, commercial et municipal.
Les entreprises d'exploitation minière des sables bitumineux dans le bassin de l'Athabasca utilisent la majorité de cette eau attribuée, à savoir 70 p. 100 de la proportion de 7 p. 100. Le reste du secteur pétrolier et gazier utilise le reste de l'eau et, en comparaison, peu d'eau est utilisée pour l'exploitation in situ des sables bitumineux.
Il convient de souligner que les personnes qui critiquent l'utilisation de l'eau dans le cadre de l'exploitation des sables bitumineux négligent souvent de mentionner que l'eau est utilisée dans les bassins nordiques, où les ressources hydriques sont abondantes et où on n'utilise qu'un faible pourcentage de l'approvisionnement naturel en eau.
À ce sujet, entrons un peu plus dans les détails. L'affectation des ressources en eau au secteur pétrolier et gazier représente 2,2 p. 100 du débit naturel de la rivière Athabasca, 0,04 p. 100 du débit naturel moyen de la rivière de la Paix et 3,7 p. 100 de la disponibilité en eau du bassin de la rivière Beaver. Il faut également mentionner que l'utilisation en eau réelle est souvent inférieure à la quantité allouée, mais les pénuries d'eau dans le centre et le sud de l'Alberta et les préoccupations en matière d'eau qui ont été soulevées dans ces régions ont entraîné des perceptions erronées au sujet de l'approvisionnement en eau pour les sables bitumineux du nord de la province.
Si vous jetez un coup d'oeil au graphique, vous remarquerez qu'il y a trois barres. L'ordonnée représente le volume d'eau en milliards de mètres cubes. La barre bleue représente l'approvisionnement naturel moyen dans le bassin de la rivière, la bande rouge représente la quantité totale d'eau du bassin allouée à l'ensemble des secteurs, et la barre jaune, la quantité d'eau allouée aux secteurs pétrolier et gazier. Un coup d'oeil rapide nous permet de constater que l'affectation des ressources en eau dans la moitié sud de la province, dans le bassin des rivières Saskatchewan Nord et Saskatchewan Sud, représente un pourcentage élevé de l'approvisionnement naturel — environ 30 p. 100 dans le cas de la rivière Saskatchewan Nord et près de 60 p. 100 dans le cas de la rivière Saskatchewan Sud.
En comparaison, compte tenu de la croissance prévue de l'industrie des sables bitumineux, les rivières de la Paix, Athabasca et Beaver demeureront parmi les bassins les moins utilisés en Alberta.
Je vais maintenant me concentrer sur l'industrie des sables bitumineux miniers. Depuis plusieurs années, l'Oil Sands Developers Group s'efforce de prévoir la quantité d'eau provenant de la rivière Athabasca qui pourrait devoir être utilisée. Les deux courbes du graphique représentent les prévisions en cas de croissance vigoureuse, l'objectif consistant à tenter de déterminer la quantité d'eau de la rivière qui pourrait devoir être utilisée si les projets actuels et futurs progressent au rythme prévu.
La courbe inférieure représente une production de 2,5 millions de barils de pétrole par jour, et la courbe supérieure, une production de 3,5 millions de barils par jour, c'est-à-dire environ quatre fois les taux de production actuels. L'ordonnée de gauche indique la quantité absolue d'eau retirée de la rivière Athabasca, et l'ordonnée de droite indique le pourcentage du débit annuel moyen à Fort McMurray que représente ce retrait d'eau. Les deux courbes montrent que l'on prévoit que l'augmentation de l'utilisation d'eau par l'industrie se situera entre 10 et 15 mètres cubes par seconde, ce qui équivaut à peu près à une proportion de 1,5 p. 100 à 2,5 p. 100 du débit de la rivière Athabasca. On voit également que, dans le cas de croissance la plus vigoureuse, l'utilisation d'eau atteint un sommet de 16 mètres cubes par seconde, c'est-à-dire un peu moins de 2,5 p. 100 du débit moyen. Je reviendrai sur ces chiffres un peu plus tard.
Ainsi, pourquoi l'utilisation de l'eau de la rivière Athabasca suscite-t-elle autant d'inquiétude, compte tenu du très faible pourcentage d'eau attribuée et des faibles pourcentages d'eau qui sera utilisés à l'heure actuelle et qui seront utilisés dans l'avenir?
Ces inquiétudes découlent principalement du fait que l'Athabasca est couverte de glace de cinq à six mois par année et que les débits hivernaux sont environ 10 fois inférieurs aux débits de l'eau s'écoulant librement. De plus, les débits de l'Athabasca ne sont pas contrôlés par des barrages. Les inquiétudes concernent principalement les détournements pendant les semaines hivernales de bas débits, plus particulièrement au cours des périodes de sécheresse qui ont lieu pendant ces semaines hivernales de bas débit.
Il convient de souligner qu'à l'endroit où la rivière Athabasca rejoint la rivière de la Paix pour former la rivière Slave au-delà du lac Athabasca, les bas débits ne soulèvent pas autant de préoccupations. Cela est dû au fait que le barrage W.A.C. Bennett, qui se trouve sur la rivière de la Paix en Colombie-Britannique, détourne les débits estivaux élevés et les redistribue pour la production d'hydroélectricité pendant les mois d'hiver, ce qui se traduit, sur la rivière de la Paix et de la rivière Slave, par des débits supérieurs aux débits naturels, à savoir environ 700 mètres cubes par seconde. En comparaison avec les 16 mètres cubes par seconde prévus par l'industrie des sables bitumineux, on comprend que les inquiétudes relatives aux bas débits d'eau ne concernent vraiment que la rivière Athabasca.
Les quantités cumulatives d'eau attribuées à l'industrie des sables bitumineux pendant les périodes de bas débit ont été plafonnées par les gouvernements fédéral et provincial. Cette réglementation est énoncée dans le document intitulé Cadre de gestion de l'eau: Norme de débit minimal et système de gestion de l'eau du cours inférieur de la rivière Athabasca.
Ce cadre de gestion, qui prévoit des mesures de protection et de conservation très vigoureuses, a été rendu public en 2007, à l'issue de sept années de recherches menées par un groupe multilatéral. Ce cadre s'applique aux segments 4 et 5 du cours inférieur de la rivière Athabasca, segments où se trouvent les exploitations de sables bitumineux à ciel ouvert. En vertu de ce cadre de gestion, les détournements d'eau par les exploitants du secteur des sables bitumineux sont limités, pendant les périodes hivernales de bas débit, à un taux variant entre 8 et 15 mètres cubes par seconde, selon le débit de la rivière et la période de l'année.
Ce cadre de gestion est en train d'être peaufiné par un groupe multilatéral qui met à profit les autres recherches menées à propos de la rivière. La deuxième phase du cadre de gestion devrait être mise en oeuvre au début de 2011.
Alors qu'est-ce que cela signifie? Quelle sera l'incidence de la croissance prévue de l'utilisation d'eau par l'industrie des sables bitumineux miniers — qui pourraient atteindre un sommet de 16 mètres cubes par seconde — et des mesures de protection prévues par le cadre de gestion de l'eau du cours inférieur de la rivière Athabasca sur les détournements d'eau et les débits naturels?
Sur le graphique de la diapo suivante, on peut voir l'évolution des débits naturels au cours de la période la plus sèche enregistrée au poste de Fort McMurray, à savoir la période de 1998 à 2004. La courbe bleue représente les débits naturels. Vous pouvez constater la variabilité des débits hydrographiques, qui sont bas en hiver et élevés en été. La deuxième courbe, qui est difficile à distinguer de la première, représente la quantité d'eau qui demeurera dans la rivière Athabasca si la prévision de croissance à 16 mètres cubes par seconde se réalise.
Grâce aux mesures de protection prévues par le cadre de gestion de l'eau, les variations du débit naturel de l'Athabasca sont presque imperceptibles, même dans le cas où il y aurait croissance pendant une période très sèche. Toutefois, nous sommes préoccupés par les périodes de bas débits hivernaux, et les recherches se poursuivent à ce sujet.
D'aucuns ont laissé entendre que la rivière Athabasca s'assèche en hiver. Cela dépend en grande partie de la période que l'on examine. Jetons un coup d'oeil aux périodes de débits élevés enregistrés à Fort McMurray de 1970 à 2004. Nous pouvons constater une forte tendance à la baisse. Cela n'est pas très évident sur le graphique, mais si l'on tient compte de toutes les données enregistrés au fil du temps sur la rivière Athabasca à Fort McMurray, de 1957 à 2007, les données — y compris des prévisions pour l'avenir — sont beaucoup moins alarmantes.
Dans la ville d'Athabasca, située en amont de Fort McMurray, les données sur les débits sont recueillies depuis plus longtemps, et la tendance sur le plan des débits est très semblable à celle de Fort McMurray. Bien sûr, il s'agit d'une plus petite rivière en amont qui compte moins d'affluents. À Athabasca, des données de surveillance sont recueillies depuis pas moins de un siècle, et l'examen de l'ensemble des données ne permet pas de déceler une tendance à la baisse dans les débits de la rivière Athabasca enregistrés au cours des 100 dernières années. On observe des hausses et des baisses périodiques attribuables aux variations saisonnières et aux fluctuations à plus long terme des conditions météorologiques.
Cela dit, si les débits de la rivière Athabasca devaient diminuer en raison des changements climatiques ou pour toute autre raison, le cadre de gestion de l'eau serait appliqué plus souvent, ce qui aurait pour effet de restreindre plus souvent les détournements d'eau destinés à l'exploitation des sables bitumineux de manière à assurer la protection de la rivière.
En outre, l'industrie composerait avec la disponibilité réduite en eau par l'utilisation de diverses mesures d'atténuation, notamment par l'augmentation du stockage d'eau en dérivation, de manière à tirer profit des périodes plus humides, c'est-à-dire les périodes estivales à haut débit, pour stocker de l'eau qui pourra être utilisée pendant les périodes hivernales à faible débit. De plus, nous pouvons nous attendre à des améliorations continues de l'efficience hydrique, et nous avons également entendu parler de quelques nouvelles technologies qui semblent prometteuses.
J'aimerais prendre deux ou trois minutes pour parler du secteur de l'exploitation in situ, qui est assez différente de l'industrie de l'exploitation à ciel ouvert.
L'eau est également essentielle à la majeure partie de la production in situ, et les besoins en eau douce augmentent à mesure que croît l'industrie. Cependant, la hausse de la demande en eau douce est compensée par un certain nombre d'initiatives, notamment la migration vers l'emploi d'eau salée — l'eau qui est trop salée pour être consommée ou pour être utilisée en agriculture — et la hausse des taux de recyclage de l'eau produite avec le bitume. ces taux sont supérieurs à 90 p. 100 et, certaines années, ils s'approchent de 100 p. 100.
J'aimerais tout d'abord attirer votre attention sur la courbe noire du graphique. Cette courbe indique la production de bitume ou de pétrole de l'industrie des sables bitumineux in situ. On peut constater qu'au cours des 20 dernières années, la production a sextuplé.
Quant à la courbe bleue, elle indique les fluctuations du volume d'eau utilisé aux fils des ans. On peut observer une légère augmentation au cours des dernières années, mais celle-ci a été compensée en grande partie par un recours accru à l'eau salée, particulièrement depuis 2002. L'utilisation d'eau salée a monté en flèche et, comme le montre le graphique, en 2007, pour la première fois, l'industrie utilise davantage d'eau salée que d'eau douce pour la récupération du bitume.
On s'attend à ce que cette tendance se maintienne dans l'avenir, selon la disponibilité de l'eau salée. On prévoit que l'industrie des sables bitumineux in situ utilisera, d'ici 2020, de 25 à 45 millions de mètres cubes d'eau douce pour produire plus de 1,6 million de barils de pétrole par jour, ou 90 millions de mètres cubes par année. En somme, cela signifie que moins de 0,5 p. 100 de la quantité d'eau actuellement attribuée par l'Alberta permet de produire près de 40 p. 100 de la quantité totale de pétrole brut produit au Canada.
L'amélioration continue est un autre aspect essentiel de l'industrie. Voici un graphique qui montre l'efficacité avec laquelle l'eau est utilisée dans les installations de l'Impériale à Cold Lake. Leurs données indiquent les unités d'eau douce utilisées pour chaque unité de bitume produit. On voit qu'au cours des 30 dernières années, la quantité d'eau douce utilisée pour produire un baril de pétrole a baissé de façon spectaculaire. Tous ces résultats en matière d'amélioration continue me permettent d'espérer que l'industrie des sables bitumineux, tant les exploitations in situ que celles à ciel ouvert, continueront d'améliorer leur efficience sur le plan de l'utilisation de l'eau.
Enfin, je veux mentionner que, dans le cadre de quelques nouveaux projets dans l'industrie in situ, par exemple le projet Jackfish de Devon, la génération de vapeur se fera exclusivement à l'aide d'eau salée. Aucune eau douce n'est utilisée.
Merci beaucoup.
Je cède maintenant la parole à Ian Mackenzie, qui parlera de la qualité de l'eau.
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Bonjour. Je vais aborder la question de la qualité de l'eau en lien avec le processus d'évaluation des répercussions environnementales dans la région des sables bitumineux en Alberta. Mon exposé portera exclusivement sur les mines à ciel ouvert.
Tout d'abord, j'aimerais vous présenter une diapo où l'on voit les dépôts de bitume sur les affleurements le long des berges de l'Athabasca. Je pense qu'il est évident que les hydrocarbures, notamment les hydrocarbures aromatiques polycycliques, ont une incidence sur la qualité de l'eau. Je suis certain que vous en avez déjà entendu parler. Ainsi, compte tenu de ce lien entre qualité de l'eau et bitume, j'estime qu'il convient d'admettre qu'au cours des millénaires, l'écosystème de la rivière Athabasca a vraisemblablement subi l'influence de ces dépôts ou qu'il s'y est adapté.
Mon exposé sur le processus d'évaluation des répercussions environnementales, plus particulièrement les répercussions sur la qualité de l'eau, tournera autour des cinq éléments essentiels suivants: la caractérisation de la qualité actuelle de l'eau; l'évaluation de la conception de projet; la confirmation de la mise en place de mesures d'atténuation appropriées, l'évaluation cumulative de la qualité de l'eau des cours d'eau récepteurs; et enfin, le règlement des problèmes résiduels.
Depuis un bon moment, de nombreux organismes gouvernementaux surveillent minutieusement la qualité de l'eau, la qualité des sédiments, les invertébrés benthiques et les poissons, sans mentionner la surveillance hydrologique dans le cours inférieur de l'Athabasca. Par le truchement d'Environnement Canada et de Pêches et Océans Canada, le gouvernement fédéral a participé à l'Étude sur les bassins des rivières du Nord du milieu à la fin des années 1990. Depuis le début des années 1990, des dizaines d'études portant sur le cours inférieur de la rivière Athabasca ont été financées par le Programme de recherche et de développement énergétiques. L'Initiative des écosystèmes des rivières du Nord, qui a été mise en oeuvre à la fin des années 1990 et qui a pris fin en 2003 ou en 2004, a donné suite aux recommandations de l'Étude sur les bassins des rivières du Nord. Alberta Environment et l'organisme qui l'a précédé surveillent mensuellement, depuis un bon moment, la qualité de l'eau en amont, à Fort McMurray, ainsi qu'en aval des installations d'exploitation de sable bitumineux de Old Fort.
Alberta Environment a également participé à l'Étude sur les bassins des rivières du Nord menée par le gouvernement fédéral. Nous vous fournirons ultérieurement de plus amples renseignements à propos du programme de surveillance des milieux aquatiques régionaux, qui a été lancé en 1997. J'aimerais également mentionner deux ou trois organismes régionaux qui ont effectué beaucoup de travail dans le secteur des sables bitumineux. Tout d'abord, le Réseau canadien de recherche et de développement pour les sables bitumineux, mieux connu sous l'acronyme anglais de CONRAD, qui finance, depuis le début des années 1990, une kyrielle d'études portant sur diverses questions liées aux sables bitumineux, notamment des recherches sur les terres humides, des études sur l'acidification, l'altération et la pollution possibles des rivières, et sur bien d'autres sujets encore. En outre, la Wood Buffalo Environmental Association, la WBEA, se penche depuis quelque temps déjà sur la possibilité d'acidification des cours d'eau.
La Cumulative Environmental Effects Management Association, la CEEMA, dont on vous parlera plus en détail ultérieurement, a élaboré plusieurs cadres de gestion, notamment sur l'acidification possible des lacs, la gestion des cours d'eau, l'établissement d'objectifs précis en matière de qualité de l'eau et les lacs de kettle.
Pour obtenir les approbations requises, l'industrie doit elle aussi mener des activités de surveillance, qui peuvent être d'une ampleur assez considérable. Ceux qui procèdent aux évaluations des répercussions sur l'environnement doivent également entreprendre des recherches de grande envergure sur les conditions de base liées à cette évaluation.
Ainsi, comme on vient de le voir, une pléthore d'organismes et de programmes se sont penchés sur la question, et pourtant, il a été impossible de confirmer que les activités dans les sables bitumineux avaient une quelconque incidence sur le cours inférieur de la rivière Athabasca. J'ai sous les yeux un certain nombre de témoignages à cet égard, et il ne s'agit que de la pointe de l'iceberg. Par exemple, le rapport de l'Initiative des écosystèmes des rivières du Nord contient la citation suivante, extraite de l'étude découlant du Projet de recherche et de développement énergétiques: « rien n'indique que les industries de la région contribuent de manière significative à l'augmentation des niveaux d'hydrocarbures qui ont été mesurés ou aux répercussions biotiques qui ont été observées. »
En 2008, dans son rapport intitulé Alberta's oil Sands: Opportunity. Balance, Alberta Environment indique ce qui suit:
Les tests rigoureux qui ont été effectués montrent invariablement que les concentrations de contaminants n'avaient pas augmenté à mesure que croissait l'exploitation des sables bitumineux. En fait, les niveaux de contamination d'autres rivières de la région n'ayant absolument aucun lien avec les activités du secteur des sables bitumineux se sont révélés être plus élevés que ceux des rivières jouxtant les sites d'exploitation des sables bitumineux. Dans la région, les contaminants sont d'origine naturelle.
Dans le rapport technique de 2007 du Programme de surveillance des milieux aquatiques régionaux, le RAMP, il est indiqué ce qui suit:
Selon les comparaisons de la qualité de l'eau entre les stations en amont et en aval dans le temps, aucun effet notable des activités humaines n'a pu être recensé sur la qualité de l'eau de la rivière Athabasca en 2007.
La dernière citation, mais non la moindre, est tirée d'un article publié en 2002 par un certain Evans, un chercheur d'Environnement Canada, et d'autres chercheurs:
Les carottes de sédiment prélevées dans le lac Athabasca et dans les lacs du delta n'indiquent qu'une faible augmentation, voire aucune, des concentrations d'hydrocarbures aromatiques polycycliques avec le temps, ce qui permet de croire que les activités liées aux sables bitumineux n'ont aucune répercussion, ou alors des répercussions minimales.
Les mesures d'atténuation proposées et mises en place dans les sites d'exploitation des sables bitumineux — et qui permettent aux praticiens des évaluations des répercussions environnementales de mesurer leur efficacité — comprennent les bassins de sédimentation, où se ramassent les particules des eaux de drainage de tourbières et de dépôts meubles avant le minage. Les eaux traitées sont déversées dans les cours d'eau récepteurs. Toutes les eaux utilisées au cours du processus d'exploitation des sables bitumineux et toutes les eaux ayant pu entrer en contact avec du bitume au cours des activités de minage sont traitées en circuit fermé
Les résidus se trouvent dans des bassins remblayés, dont le fonctionnement est décrit sur le diagramme qui figure sur cette diapo. Comme vous pouvez le voir, les résidus se déposent de manière telle que le suintement qui y est lié est dirigé vers des dispositifs de récupération expressément conçus pour les assainir. Du côté droit, vous pouvez voir un cours d'eau récepteur, qui est protégé par des barrières à faible perméabilité pour éviter que l'eau ne s'écoule dans cette direction. Il ne s'agit là que d'un schéma conceptuel — chaque bassin est adapté en fonction des conditions du lieu où il se trouve.
La conception adéquate des bassins de résidus et des sites d'enfouissement de résidus de sable comprend des fossés d'interception où sont recueillis le suintement et les eaux de ruissellement qui s'écoulent de la structure. Bon nombre des nouveaux bassins de résidus qui sont proposés sont dotés de puits d'interception situés à l'extérieur de ces structures et qui recueillent l'eau pour la diriger vers le système en circuit fermé.
Au moment de la remise en état de ces bassins, la charge hydrostatique — ou la pression d'eau — est réduite à partir du sommet par l'extraction de l'eau et des résidus, de manière à ce que la quantité de suintement soit infime et puisse être traitée sur les lieux. Des processus de remise en état durable des sites sont mis au point expressément en vue de traiter le suintement sur les lieux. Ces eaux sont filtrées dans des marécages aménagés puis dans des lacs de kettle répondant aux normes réglementaires avant d'être déversées dans les cours d'eau récepteurs.
Après que les praticiens des évaluations des répercussions environnementales ont confirmé, en s'appuyant sur des modèles prudents, que les mesures d'atténuation proposées sont suffisantes pour protéger les cours d'eau récepteurs locaux, on procède à une modélisation intégrée pour s'assurer que toutes les voies de pénétration dans l'environnement sont prises en considération de façon cumulative en tenant compte des divers débits des rivières, de plusieurs périodes différentes et d'une kyrielle de scénarios de croissance possibles. Ces modèles de pointe comprennent les produits intégrés des modèles concernant les eaux souterraines, de modèles concernant la qualité de l'air et de modèles concernant les eaux de surface. Les modèles sur la qualité de l'eau sont ensuite utilisés pour que l'on puisse s'assurer que les prévisions sont solides et qu'elles sont conformes aux repères et aux seuils réglementaires.
Un processus itératif doit quelquefois être exécuté lorsqu'il est démontré que des seuils importants ne pourraient pas être atteints autrement. Des mesures d'atténuation supplémentaires doivent être prises, et les prévisions modélisées doivent être peaufinées. Les résultats de ce processus peuvent servir de fondement à la demande présentée aux organismes de réglementation et aux intervenants. Les évaluations sur les répercussions environnementales sont ensuite examinées dans le cadre d'un processus ouvert et transparent auquel participent souvent des experts indépendants.
Par exemple, par le truchement de Pêches et Océans Canada et d'Environnement Canada, le gouvernement fédéral a financé des examens internationaux par les pairs de certaines études sur la qualité de l'eau et la quantité d'eau. Les membres de l'industrie ont également financé des examens de ce genre. En outre, les intervenants font souvent appel aux services d'experts indépendants pour faire examiner leurs évaluations.
À l'issue du processus exhaustif et de longue haleine d'évaluations des répercussions environnementales menées dans la région, il est possible de continuer de prédire que les répercussions environnementales sur le cours inférieur de la rivière Athabasca sont négligeables et continueront de l'être dans l'avenir.
À la fin du processus, les organismes de réglementation et les experts du secteur ont tout le temps voulu pour examiner les évaluations sur les répercussions environnementales et les applications intégrées et pour demander des renseignements supplémentaires aux proposants, qui répondent par le truchement de processus officiels ou officieux. Dans l'industrie des sables bitumineux, ce processus exige fréquemment un an ou plus.
Des audiences conjointes fédérales-provinciales permettent de résoudre certaines questions n'ayant pas été réglées dans le cadre du processus que je viens d'expliquer. Au bout du compte, si l'on estime qu'il est dans l'intérêt du public de mener le projet, le comité mixte formule des recommandations qui prennent la forme de conditions, d'approbations et de programmes régionaux afin de s'assurer que les systèmes fonctionnent efficacement et que des mesures protectrices pour l'avenir sont prises.
Merci.
Je cède maintenant la parole à Fred Kuzmic, qui représente le RAMP.
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Je veux remercier le comité de me donner l'occasion de prendre la parole aujourd'hui et de dire quelques mots à propos du programme de surveillance des milieux aquatiques régionaux, mieux connus sous son acronyme anglais, RAMP, dont je suis l'ancien président et président technique.
Dans les faits, le RAMP est un programme environnemental conjoint dans le cadre duquel nous évaluons la santé des rivières et des lacs de la région des sables bitumineux. Il s'agit d'un programme scientifique financé par l'industrie et composé d'intervenants d'un vaste éventail de secteurs de la région. Les activités du programme se poursuivent depuis 1997, date à laquelle il a été lancé.
Un bon nombre de membres de l'industrie participent au programme, et il ne s'agit pas seulement d'entreprises d'exploitation des sables bitumineux. Le groupe technique du RAMP est composé de membres d'une kyrielle d'organismes gouvernementaux, de l'échelon tant provincial que fédéral, notamment Pêches et Océans Canada, Environnement Canada et Santé Canada, qui ont contribué à la conception du programme et à la mise au point de ces aspects techniques.
Conformément aux approbations qui leur sont accordées en vertu de l'Environmental Protection and Enhancement Act, les exploitants de la région des sables bitumineux doivent mener des études pour surveiller les répercussions de leurs activités sur les milieux aquatiques. Ils peuvent mener eux-mêmes ces études, mais la plupart choisissent de joindre le RAMP, qui mènera ces études pour eux.
L'objectif du RAMP consiste à surveiller les milieux aquatiques de la région des sables bitumineux et de comparer les données recueillies avec celles découlant des prévisions de l'évaluation des répercussions environnementales. Le RAMP doit également recueillir des données initiales pour caractériser la plage de variabilité naturelle de la région. Là encore, ces données sont appelées à être comparées aux prévisions de l'évaluation des répercussions environnementales pour que l'on puisse en vérifier l'exactitude. Enfin, nous recueillons des renseignements pour permettre aux exploitants de satisfaire aux exigences particulières auxquelles sont assujetties les approbations aux termes de l'Environmental Protection and Enhancement Act.
Le RAMP est un programme qui utilise des approches de surveillance axées sur les facteurs de stress et les effets pour parvenir à une compréhension holistique des répercussions possibles de l'exploitation des sables bitumineux sur les milieux aquatiques. Nous nous efforçons d'admettre et d'intégrer les connaissances environnementales traditionnelles de quelques-uns de nos intervenants des premières nations, et nous tentons d'établir un contact avec les collectivités, les organismes de réglementation et les autres parties concernées pour mettre en commun l'information dont nous disposons. De fait, chaque année, nous publions un rapport technique qui présente un résumé des activités de notre programme de surveillance.
L'une des composantes essentielles du RAMP est le processus d'amélioration continue, dont nous sommes vraiment fiers. Nous nous efforçons de concentrer nos efforts sur l'examen des résultats, et nous tentons de trouver des moyens de modifier le programme à la lumière de l'évolution des connaissances scientifiques ou des nouveaux mécanismes de surveillance auxquels nous pouvons avoir recours.
Le RAMP est composé de cinq ou six volets clés. Je vais vous fournir des détails à propos de quelques-uns des aspects de ces volets à l'aide des diapos qui suivent. Commençons par le volet sur le climat et l'hydrologie.
L'objectif du volet « climat et hydrologie » du RAMP est la surveillance des modifications du niveau d'eau de certains lacs et de la quantité d'eau qui s'écoule dans les rivières et les lacs. À cette fin, on effectue des relevés d'enneigement dans des stations hydrométriques situées le long de la rivière Athabasca et d'un certain nombre de ses affluents, y compris la rivière Muskeg. Il y a en fait 10 stations hydrométriques le long des affluents au nord de Fort McMurray, et trois autres le long des affluents au sud de cette ville. En outre, nous avons mesuré les niveaux d'eau de trois lacs.
Le programme comporte aussi un volet sur les populations de poisson. Celles-ci constituent des indicateurs biologiques de l'intégrité de l'écosystème et sont une ressource extrêmement précieuse de la région. Je vous présenterai un peu plus tard une diapo à ce sujet et je vous fournirai de plus amples détails à ce moment-là.
Nous nous préoccupons également des communautés d'invertébrés benthiques. À cet égard, nous examinons divers paramètres dans les rivières, les lacs, le delta de la rivière Athabasca et le delta Paix-Athabasca. Les invertébrés benthiques sont des indicateurs biologiques qui contribuent à l'évaluation de l'habitat des poissons — il est donc important pour nous de les prendre en considération.
Le dernier volet du RAMP porte sur les lacs vulnérables à l'acidification. Dans le cadre de ce volet, la qualité de l'eau est vérifiée et constitue un indicateur précoce des effets possibles des dépôts acides. Le RAMP a dressé la liste des 50 lacs les plus susceptibles d'être vulnérables à l'acidification. Dans le cadre du contrôle annuel de ces lacs, nous vérifions la qualité générale de l'eau et les concentrations de métaux traces, de phytoplancton et de zooplancton. Dans le cadre du programme de surveillance, nous nous occupons de 50 lacs vulnérables à l'acidification et de 11 ou 12 affluents à l'extérieur du cours principal de l'Athabasca.
La population peut contribuer au RAMP en participant à deux ou trois initiatives régionales qui ont été mises en oeuvre. Je vais vous parler de ces initiatives et de quelques constatations qui en ont découlé.
La première initiative est le réseau d'intervention pour la protection des rivières. Ce réseau intervient rapidement lorsque des incidents non liés à un déversement sont rendus publics, par exemple des cas de mortalité massive de poissons ou la présence de mousse ou d'écume sur la rivière. Le réseau travaille en collaboration avec le ministère de la protection de l'environnement de l'Alberta. Le réseau dispose d'un numéro de téléphone sans frais pour transmettre ce type d'information.
Il existe également un programme de marquage des poissons. Dans le cadre de cette initiative, le public est invité à signaler la prise de tout poisson marqué. Dans le cadre du programme sur les populations de poisson, des poissons sont capturés, étiquetés puis relâchés. Ces poissons peuvent être pêchés en aval ou à un autre endroit de la rivière, et on demande aux pêcheurs de signaler leur prise et de communiquer le numéro inscrit sur l'étiquette.
À titre informatif, je souligne en passant que le doré semble parcourir de très grandes distances. Il est arrivé qu'un poisson marqué soit pêché à environ 715 kilomètres du site de marquage initial — dans le lac Lesser Slave, au centre de la province, dans l'un des points les plus en amont du bassin de l'Athabasca — ou bien à 403 kilomètres en aval, le long de la rivière Slave. Ces poissons se déplacent donc sur un énorme territoire.
Nous avons également lancé un programme sur la santé des poissons dans le cadre duquel nous encourageons les gens à signaler les poissons anormaux. Nous incitons les pêcheurs qui capturent un poisson présentant des anomalies — des lésions, des tumeurs ou des anomalies physiques comme une épine dorsale incurvée, la cécité ou l'absence de nageoires — à communiquer avec nous en composant un numéro de téléphone sans frais pour nous communiquer cette information de manière à ce que nous puissions récupérer le poisson pour le faire analyser à l'école vétérinaire.
Si vous jetez un coup d'oeil à la carte reproduite sur cette diapo, vous constaterez que la zone d'études du RAMP est très vaste. Cette zone couvre toute la municipalité régionale de Wood Buffalo. Les sites de surveillance sont situés en amont des sites d'exploitation des sables bitumineux et en aval de Fort McMurray. D'autres sites de surveillance sont situés loin en aval, près du delta de la rivière Athabasca, pour étudier les répercussions possibles du développement dans la région.
La zone d'études régionale s'étend sur l'ensemble de la municipalité régionale de Wood Buffalo, comme je l'ai indiqué, mais nous nous concentrons plus particulièrement sur quelques zones et bassins versants où se trouvent des sites d'exploitation des sables bitumineux ou près desquels on prévoit en installer dans l'avenir. Nos efforts sont véritablement axés sur ces zones particulières.
Voici quelques renseignements sur la qualité de l'eau. Comme je l'ai mentionné plus tôt, la qualité de l'eau et la qualité des sédiments sont deux volets importants de notre programme. Nous examinons tous les affluents régionaux des rivières, et nous vérifions également les renseignements recueillis à propos de certains lacs et du delta Paix-Athabasca.
La qualité de l'eau et des sédiments reflète la qualité de l'habitat et indique l'exposition possible des poissons et des invertébrés à des substances nocives. Nous disposons de 45 sites où des échantillons sont prélevés au moins une fois par année. Dans certains sites, des échantillons sont recueillis de façon mensuelle. Nous prélevons des échantillons de sédiment dans 28 sites différents, qui sont également utilisés dans le cadre du programme sur les invertébrés benthiques.
Nous effectuons des essais de toxicité. Nous analysons les concentrations d'hydrocarbures aromatiques polycycliques. Nous analysons également la présence de composés susceptibles d'altérer la chair des poissons, et quelques thermographes nous permettaient de surveiller les variations de la température de l'eau.
Les diapos qui suivent donnent un bref aperçu de quelques points essentiels des activités de surveillance que nous avons menées de 1997 à 2007. Vous remarquerez que, pour chacun des aspects, les résultats sont inférieurs aux lignes directrices qui s'appliquent à l'heure actuelle, qu'il s'agisse de celles du CCME ou d'autres organismes. Vous constaterez également que, en ce qui concerne les résultats des activités de surveillance menées en amont et en aval des sites d'exploitation des sables bitumineux, il y a peu de variation au fil du temps, voire pas du tout dans la plupart des cas.
Jetons un coup d'oeil aux diapos en question. La première concerne les concentrations d'arsenic, la deuxième a trait aux concentrations de sulfate, et la troisième porte sur les concentrations de carbone organique dissous. Les carrés violets représentent les sites en aval, et les triangles verts, les sites en amont.
La dernière diapo portant sur la qualité de l'eau a trait aux concentrations d'HAP, les hydrocarbures aromatiques polycycliques. À ce chapitre, on remarque quelques fluctuations. Les niveaux de concentration dans les sites en amont sont parfois plus élevés en raison de l'érosion qui se produit le long de la rivière ou du suintement provenant de quelques sites dont Ian nous a parlé un peu plus tôt. Toutefois, les concentrations enregistrées dans les sites en aval semblent être demeurées relativement stables au cours de la période de surveillance. Tout cela montre qu'il n'y a eu aucun changement dans la région.
Les échantillons d'invertébrés sont de véritables indicateurs biologiques qui rendent compte de l'habitat du poisson et de la qualité des sédiments. Nous disposons de 29 sites d'échantillonnage répartis sur 23 rivières, dont trois dans la région du delta Athabasca et trois près de lacs de la région. Nous évaluons autant l'habitat d'érosion que l'habitat de dépôt. Puisque 10 échantillons répétés sont prélevés sur chacun de ces sites, l'efficacité statistique de nos analyses est très élevée. Nous recueillons également les mesures physiques requises. Aucun des échantillons de sédiment n'a indiqué un quelconque changement dans la qualité des sédiments. Au regard des données antérieures, on constate que la structure de la communauté d'invertébrés benthiques n'a pas changé.
Ainsi, comme cela est indiqué sur la diapo, l'une des principales conclusions du rapport technique 2007 du RAMP est la suivante: les analyses des bassins versants et des lacs montrent que les invertébrés benthiques et la qualité des sédiments n'ont pas été touchés de façon importante.
Passons maintenant à la question des populations de poisson. Chaque année, au printemps et à l'automne, le RAMP effectue un relevé des populations de poisson des rivières Athabasca et Clearwater. En 2007, nous avons prélevé un peu plus de 3 500 poissons, 2 500 dans la rivière Athabasca. Un certain nombre de ces poissons sont marqués avant d'être relâchés, mais nous mesurons et pesons tous les poissons, en plus de déterminer leur sexe, de manière à déterminer la distribution de fréquence des longueurs et du poids et la structure par âge. D'après nos relevés, nous avons 19 espèces de poisson, notamment le doré, le grand brochet, le laquaiche aux yeux d'or et le meunier rouge, pour n'en nommer que quelques-uns. Sur le plan écologique, nous n'avons observé aucun changement pertinent dans quelque population de poisson que ce soit, ce qui montre que les seules variations qui se produisent sont d'origine naturelle.
En outre, nous avons constaté que « les espèces sentinelles surveillées dans les sites potentiellement affectés n'ont pas montré d'écarts cohérents comparativement aux sites de référence. »
Il s'agit d'un programme de surveillance non létale que nous avons utilisé au cours des dernières années pour examiner les jeunes de l'année en amont et en aval, pour analyser tout changement pouvant survenir dans ces populations et pour évaluer les prévisions de croissance en relation avec tout projet d'aménagement.
L'étude des populations de poisson comporte quelques autres aspects. Nous posons des barrages et menons des activités de pêche à l'électricité et de surveillance en lien avec notre travail sur les espèces sentinelles.
À l'heure actuelle, nous sommes le seul organisme qui prélève des échantillons de tissu et qui effectue des analyses des concentrations de mercure. Nous transmettons nos résultats à Alberta Health and Wellness, à Environnement Canada et à Santé Canada pour contribuer aux avis sur la consommation de poisson.
Cela met fin à mon exposé. Je cède la parole à Greg.
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Merci, monsieur le président.
Compte tenu des contraintes de temps, je serai relativement bref.
Je vais me concentrer sur deux sujets principaux. Vous avez entendu parler des questions réglementaires et de ce qui se passe à l'heure actuelle, mais pour ma part, je veux dire quelques mots à propos des avancées technologiques qui sont en train d'être réalisées. Un de ces groupes de témoins se présenteront devant vous et vous donneront des exemples précis, mais j'ai pensé qu'il serait important pour vous de comprendre les activités de recherche et de développement et les projets pilotes qui sont menés actuellement, tant dans le secteur des mines à ciel ouvert que dans celui de l'exploitation in situ ou souterraine, pour tenter de réduire la quantité d'eau utilisée, d'augmenter la quantité d'eau recyclée ou, dans de nombreux cas, comme on vous l'a expliqué, de cesser d'utiliser de l'eau douce au profit de l'eau salée et d'autres sources, parfois même des solvants.
Voici une diapo qui présente deux ou trois choses qui sont en train de se passer dans le secteur des mines à ciel ouvert. Hier, vous avez reçu des gens de l'Université de l'Alberta. Un centre pour l'innovation dans l'industrie des sables bitumineux mène des activités en Alberta. On y mène des activités de recherche et de développement très approfondies sur les questions liées aux sables bitumineux et à l'eau. De plus, comme on vous l'a expliqué à propos d'une kyrielle d'autres activités de recherche qui sont en cours, des efforts considérables sont actuellement déployés pour augmenter les taux de recyclage et réduire la quantité de résidus. Par exemple, la technologie de consolidation des résidus a été mise au point — il s'agit d'une technologie qui permet de séparer l'eau des résidus fins plus rapidement qu'avant de manière à passer plus vite à la phase de remise en état.
Un peu plus tard, des témoins vous parleront de l'injection de CO2, procédé qui consiste à épaissir les résidus grâce à l'injection de CO2, et de recherches portant sur les résidus en pâte et les résidus secs. De fait, l'Université de l'Alberta est dotée d'installations de recherche sur les résidus des sables bitumineux où l'on s'efforce de faire progresser la technologie.
Comme Stuart vous l'a expliqué, la technologie dont nous disposons a déjà fait ses preuves dans le cadre de projets visant à réduire la quantité d'eau utilisée, mais nous poursuivons nos recherches pour tenter de déterminer ce qui serait possible et réalisable dans l'avenir.
L'une des technologies faisant actuellement l'objet du plus grand nombre de recherches est celle de la dessiccation des résidus, dont vous avez déjà entendu parler, si je ne m'abuse. Pour l'essentiel, il s'agit de créer un terrain praticable — sur lequel vous pourrez marcher — de manière à ce que la remise en état soit plus rapide. Shell, Chevron et Marathon ont investi 100 millions de dollars dans un projet pilote mené à la rivière Muskeg, dans l'usine que vous avez survolée lundi.
En outre, Ressources naturelles Canada participe directement aux travaux de recherche. Vous pouvez voir quelques photos tirées des études menées conjointement par Ressources naturelles Canada, Syncrude et Suncor, qui sont véritablement axées sur la technologie de dessiccation des résidus. Cette technologie n'est pas parfaite — elle n'est pas encore tout à fait au point, mais nous sommes près, très près du but, et la recherche se poursuit.
À l'heure actuelle, environ 20 p. 100 des sables bitumineux se prêtent à l'extraction minière. Le reste, à savoir 80 p. 100, est exploité in situ. Il s'agit de la ressource d'avenir. Actuellement, environ la moitié du pétrole produit provient des projets miniers, et l'autre moitié, des projets in situ.
Dans le cadre des projets in situ, des technologies très prometteuses sont en train d'être mises au point. Elles permettront de réduire les répercussions environnementales, y compris au chapitre de l'utilisation de l'eau. L'image que vous voyez dans le haut de la diapo illustre le processus de combustion in situ. Les membres du deuxième groupe de témoins vous présenteront cette technologie, et ils vous expliqueront comment ils produiront de la chaleur sous la terre de façon à récupérer le bitume sans utiliser d'eau. Aucune vapeur n'est requise. Ce processus est déjà utilisé, et les représentants de Petrobank vous en parleront dans quelques instants.
Toujours dans le secteur de l'exploitation in situ, en plus du virage vers l'utilisation d'eau salée, d'autres avancées technologiques semblent très prometteuses, notamment l'utilisation de solvants, qui réduit la quantité d'eau ou de vapeur nécessaire pour récupérer le bitume. L'injection d'un solvant comme le propane dilue le bitume, qui est très épais, de manière à ce qu'il puisse s'écouler dans le puits et remonter à la surface. Cette technique a fait naître de grands espoirs, et elle est actuellement utilisée dans le cadre de quelques projets pilotes. On envisage même la possibilité d'éliminer complètement l'utilisation de l'eau et de n'utiliser que des solvants pour récupérer le bitume dans l'avenir. Pour l'instant, tout cela demeure au stade de la recherche en laboratoire — la technique n'est pas encore employée sur le terrain.
Ainsi, quelques avancées technologiques qui me semblent très prometteuses sont en train d'être réalisées, et la technologie continue de progresser, comme cela a toujours été le cas. Le progrès technologique est essentiel non seulement pour récupérer la ressource, mais également pour protéger l'environnement.
Je vais faire un bref résumé. Comme nous l'avons mentionné, il est vraiment crucial pour nous de trouver un équilibre. Nous sommes conscients du fait que les ressources en eau sont extrêmement précieuses et qu'elles doivent être gérées adéquatement, et nous reconnaissons qu'il faut trouver un équilibre entre l'aspect économique, l'aspect environnemental et l'aspect social du développement de notre industrie.
Je vais mettre les faits en contexte. Par exemple, en 2008, l'industrie des sables bitumineux a employé un peu plus du tiers de la quantité d'eau utilisée dans la ville de Toronto pour produire environ la moitié du pétrole produit au Canada. Comme Don l'a indiqué, dans l'hypothèse où nous produisions 3,3 millions de barils par jour, compte tenu du déclin de la production de pétrole conventionnel, environ 80 p. 100 du pétrole du Canada proviendraient des sables bitumineux. Par ailleurs, à l'heure actuelle, nous savons également que l'utilisation d'eau sera plafonnée à 2,5 points de pourcentage du débit annuel de la rivière Athabasca, et que les nouvelles technologies dont je viens de vous parler seront mises à profit dans le cadre de l'exploitation in situ. Nous estimons donc être en mesure d'atteindre l'équilibre mentionné plus tôt, et nous savons que nous devons continuer à nous améliorer.
Nous avons parlé de la réglementation. L'utilisation de l'eau et les répercussions qui y sont liées, notamment sur le plan de la qualité, sont réglementées par les autorités tant fédérales que provinciales. En outre, les gouvernements, des groupes multilatéraux et des associations industrielles ont mis en place d'importants mécanismes de surveillance pour évaluer la qualité de l'eau de façon régulière et produire des rapports à l'intention du public.
J'ai mentionné plus tôt qu'il y avait une différence entre l'exploitation à ciel ouvert et l'exploitation in situ, mais je tiens aussi à souligner que des améliorations considérables ont déjà été faites au chapitre de l'utilisation de l'eau. Nous déployons réellement de grands efforts. La réduction de l'utilisation de l'eau et l'augmentation de la quantité d'eau recyclée comportent des avantages sur le plan tant économique qu'environnemental. L'eau que nous prélevons peut être utilisée et réutilisée à maintes reprises. Dans de nombreux projets, nous recyclons jusqu'à 85 p. 100 de l'eau que nous utilisons, et dans certains cas, cette proportion monte jusqu'à 95 p. 100. Nous puisons toujours de l'eau, mais la même eau est utilisée de façon continue tout au long du cycle de vie du projet.
Enfin, je veux mettre l'accent sur la technologie. Elle nous a déjà permis de réaliser des gains appréciables au chapitre de la réduction de l'utilisation de l'eau. Nous avons été en mesure de mettre au point des techniques d'exploitation qui n'exigent aucune eau, et la technologie nous permet de progresser en ce sens. Dans l'avenir, la technologie demeurera un élément clé dans l'amélioration de notre rendement environnemental.
Je vais m'arrêter ici. Je vous redonne la parole, monsieur le président.
Merci.
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Très bien. Je suis heureux de savoir que vous avez apprécié. J'aime certainement montrer ce que nous faisons.
Ce matin, je vais parler plus précisément de Suncor. Nous avons vu lundi la plupart des grands projets dans la région. En particulier, je veux vous parler de ce que nous faisons de l'eau, de la façon dont nous l'utilisons, de ce que nous faisons pour essayer d'utiliser l'eau de façon plus efficiente.
Nous fonctionnons actuellement avec le même permis d'utilisation de l'eau que nous avons reçu au moment de l'établissement de la Great Canadian Oil Sands à la fin des années 1960. Depuis, nous avons quadruplé notre production et encore plus, et notre projet Voyageur va nous permettre de doubler la production encore une fois, tout cela avec le même permis d'utilisation de l'eau; notre utilisation de l'eau a donc beaucoup gagné en efficience au fil des ans. Une fois que nous aurons doublé ainsi la production, nous allons continuer à explorer les possibilités de gains en efficience dans l'utilisation de l'eau, et nous allons continuer à réduire notre impact global sur l'environnement.
Comment allons-nous procéder? Eh bien, nous examinons plusieurs options. Nous examinons la possibilité de recycler et de réutiliser les eaux usées, et d'améliorer la qualité de nos eaux usées, afin de pouvoir en réutiliser davantage ou encore de renvoyer à la rivière une eau de meilleure qualité, ce qui servira à améliorer notre bilan en matière de consolidation des résidus. J'expliquerai cette notion-là sous peu, mais je dirais pour l'instant que cela nous donnera de plus grande quantité d'eau pour le procédé. Nous examinons également de nouvelles techniques touchant les résidus, par exemple, celles des résidus secs.
Je ne voudrais pas trop m'attarder à cette diapositive. C'est un peu dense. On y voit que l'eau sert à toutes les étapes de notre production. Nous avons des installations minières et des installations de valorisation du bitume. Nous avons des services énergétiques, qui produisent de la vapeur, de l'électricité. De même, nous avons un grand projet in situ baptisé Firebag, que nous n'avons pu survoler, mardi, malheureusement, parce qu'il y avait du brouillard.
L'eau sert à toutes les étapes de notre production. Je voudrais tout de même attirer votre attention sur le petit tableau qui se trouve dans le coin inférieur gauche de la diapositive. On y voit le degré d'efficience avec lequel nous utilisons l'eau par mètre cube ou par baril. Une fois le projet Voyageur en marche, nous allons utiliser 1,67 baril d'eau en moyenne pour produire un baril de pétrole.
Voilà notre taux d'efficience pour l'utilisation de l'eau et les quantités globales d'eau que nous utilisons pour les quelques dernières années. Nous avons connu une augmentation de 30 p. 100 pour le taux d'efficience de l'utilisation de l'eau et pour les quantités globales d'eau utilisée. Grâce à notre permis actuel, nous pouvons prélever 59,8 millions de mètres cubes d'eau dans la rivière tous les ans. Nous avons employé moins de 85 p. 100 de ce maximum permis au cours des trois dernières années, et nous nous attendons à continuer à réduire cette proportion à l'avenir. Notre utilisation totale représente moins de 0,5 p. 100 de l'écoulement annuel moyen. C'est ce que nous avons vu à la rivière, lundi; le débit annuel moyen, plus ou moins.
Il y a bien eu une petite augmentation l'an dernier. Dans les usines, nous avons eu quelques problèmes de fiabilité, que nous avons réussi à surmonter; notre production est remise sur la bonne voie, de même que notre utilisation de l'eau.
Parmi les procédés que nous employons à la mine, il y a la consolidation des résidus. C'est un procédé qui a été mis au point grâce à un effort coopératif de recherche entre industries au milieu des années 1990. Le procédé consiste à densifier un flux de résidus; cela permet d'en retirer une certaine quantité d'eau, puis d'ajouter certains résidus fins provenant du bassin de décantation, de mélanger cela avec du gypse, puis de pomper le mélange vers le bassin.
Il y a une différence entre les résidus consolidés et les résidus ordinaires que nous obtenons normalement. Dans le bassin, les résidus ordinaires tombent au fond, mais l'argile demeure en suspension dans l'eau, au-dessus. Il y a là une séparation très nette. Quand il s'agit de résidus consolidés, le sable et l'argile ne se séparent pas. La structure argileuse se défait sous l'effet du gypse, ce qui libère de l'eau. Ça a pour effet de consolider les résidus beaucoup plus rapidement et de libérer de l'eau. Quand l'eau est libérée, on peut obtenir beaucoup plus rapidement une surface sèche, praticable.
Nous avons commencé à employer la consolidation des résidus au milieu des années 1990. Il a fallu plusieurs années pour raffiner la méthode. C'est un procédé qu'il est très facile d'utiliser en laboratoire, là où il s'agit de mélanger plusieurs litres de liquide, mais quand on a affaire à 60 000 gallons la minute, il faut un peu plus d'efforts pour trouver le bon dosage. Cependant, on peut le voir: depuis trois ans, notre taux d'efficience en consolidation des résidus a augmenté sensiblement. Le maximum que nous pouvons atteindre se situe probablement autour de 76 p. 100. Environ 76 p. 100 du temps, on peut bien consolider les résidus.
Pourquoi n'est-ce que 76 p. 100 du temps? Fait étonnant, cela s'explique en partie par la disponibilité limitée du sable. Étant donné la quantité de sable avec laquelle nous travaillons tous les jours à la mine, ce sont plusieurs centaines de tonnes de sable, on croirait notre réserve de sable bien assurée, mais, en fait, il y en a une bonne partie qui sert à dresser les murs de protection autour des bassins de résidus consolidés. C'est une condition nécessaire au procédé; le taux de 76 p. 100 représente donc l'usage le plus efficace auquel nous pouvons arriver. À ce taux, nous allons pouvoir utiliser notre réserve de résidus fins mûrs.
Que faisons-nous par ailleurs? Nous avons plusieurs projets. Nous envisageons d'ériger une autre tour de refroidissement, de façon à prélever moins d'eau dans la rivière à des fins de refroidissement. Nous envisageons de recycler l'eau vers les cokeurs. En ce moment, l'eau est rejetée vers les bassins de décantation; nous allons essayer de la recycler, pour n'avoir pas à utiliser l'eau de la rivière ou d'autres eaux encore, pour alimenter les cokeurs. Nous envisageons de traiter et de recycler une partie des eaux usées qui sont actuellement rejetées dans la rivière. Cela nous permettrait d'utiliser différents flux pour alimenter notre chaudière et de renvoyer à la rivière une eau de meilleure qualité. Au total, la valeur de ces projets se situerait autour de 100 millions de dollars.
Je voudrais parler aussi de deux autres questions: les résidus secs et la remise en état des bassins.
Une fois un bassin remis en état, vous pouvez commencer déjà à remettre le terrain dans l'état où il se trouvait avant les activités minières. Nous aurons ainsi revalorisé notre premier bassin de résidus dans la région d'ici l'an prochain, le bassin 1, et nous travaillons à des techniques qui nous permettront de revaloriser d'ici 2019 les bassins 5 et 6, nos premiers bassins de résidus consolidés.
Nous nous attachons aussi aux résidus secs. Nous envisageons à ce chapitre plusieurs techniques qui doivent permettre de retirer l'eau des résidus, de la libérer. Ainsi, nous pourrons la recycler, la réutiliser, assécher aussi le territoire.
Voici la dessication des résidus fins mûrs, une des expériences que nous menons. Voici notre matière première sur la photo, à droite. Ce sont des résidus fins mûrs qui ont été soumis à un traitement chimique ou mécanique qui fait qu'ils sont un peu plus denses et qu'ils contiennent plus de solides. Les résidus sont étalés sur une plage, où ils sèchent. Ils gèlent et se fracturent, et l'eau pénètre. Au moment du dégel printanier, l'eau s'écoule, et ce qu'il reste ressemble aux résidus de la photo d'en bas, à droite. Du point de vue de la consistance, ça passe en quelque sorte du yogourt au marc de café.
À propos de remise en état, voici le bassin 1. Nous l'avons survolé lundi. On peut voir les progrès qui y ont été enregistrés depuis quelques années. Une des raisons pour lesquelles le remplissage ne semble pas se faire très rapidement, c'est qu'il se fait pour la plus grande part sous la surface de l'eau; on ne voit donc pas la différence.
Les premiers bienfaits visibles de nos efforts de remplissage remontent à l'été 2007. On peut voir ici une minuscule plage blanche, dans la partie supérieure de la photo de l'été 2007. En été 2008, c'est une grande part du secteur rempli qui se situait au-dessus du niveau de l'eau. C'est l'automne 2008. Puis, vous avez vu le secteur lundi, et il y a encore une zone où il y a de l'eau. Nous sommes en train de retirer cette eau-là et de remplir le bassin en question de sable. L'an prochain, nous y aménagerons de quoi refaire le sol et la végétation et, d'ici 2020, ça ressemblera beaucoup au territoire, qui entoure la mine elle-même.
Merci beaucoup. J'aimerais céder la parole à M. Duane.
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Bonjour, et bienvenue à Calgary.
Je vais vous parler de trois sujets plutôt stimulants pour Canadian Natural en ce qui concerne l'eau et son utilisation dans le contexte de sables bitumineux.
Je vais commencer par vous parler de notre nouvelle technologie qui utilise le dioxyde de carbone dans les résidus. Il s'agit d'une technologie qui ressemble à ce dont M. Fordham a parlé plus tôt quand il a traité de la consolidation des résidus: nous utilisons le dioxyde de carbone pour arriver à peu près aux mêmes résultats.
Comme vous pouvez le constater, dans notre cas, le dioxyde de carbone est utilisé pour créer des résidus non séparés. L'image permet d'illustrer de quelle façon la matière s'est déposée dans le bas des cylindres; il s'agit essentiellement des résidus fins qui se séparent du reste. Cette méthode nous permet d'utiliser une plus petite quantité d'eau douce et de réduire l'empreinte des résidus. Nos résidus se solidifient plus rapidement, ce qui offre une surface pour la remise en état. Cette méthode nous permet de réduire d'environ 11 p. 100 nos émissions de dioxyde de carbone et, grâce à un processus intégré, elle permet de réduire bon nombre d'éléments.
Ma prochaine diapositive ressemble beaucoup à celle que M. Fordham a utilisée pour vous expliquer sa technique, et vous pourrez constater que les deux processus présentent de nombreux éléments en commun. Le but est d'épaissir les résidus. Dans notre cas, une injection de dioxyde de carbone permet de produire des résidus plus épais, et, dans notre cas, non séparés.
Ensuite, j'aimerais vous parler du stockage de l'eau. Il s'agit d'une nouveauté dans le secteur des sables bitumineux, mais il est courant de voir les responsables de nouveaux projets prévoir un bassin de stockage d'eau sur place. Nous avons créé un bassin qui permet de stocker 1,7 million de mètres cubes d'eau brute provenant de la rivière Athabasca. Si l'on suppose que le lac est recouvert d'une couche de glace de 1,3 mètre d'épaisseur, cela signifie que nous avons suffisamment d'eau pour 30 jours de fonctionnement.
Le bassin a été conçu trois ans avant l'entrée en vigueur d'une norme de débit minimal; ce n'est donc pas cette norme qui a motivé sa création, mais bien le fait que nous étions conscients de l'importance d'une saine gestion de l'eau. Nous nous sommes assurés que le bassin était opérationnel deux ans avant la mise en fonction du projet Horizon de façon à nous assurer d'avoir accès à l'eau dès le début de nos opérations, et non seulement par la suite. Il s'agissait d'une mesure prise à des fins de gestion exemplaire qui visait à dissiper les préoccupations des partenaires et des Autochtones.
Enfin, en troisième lieu, j'aimerais vous parler de la création d'un lac de compensation de pêche, qui permet de compenser pour la perte d'habitat. Il s'agissait d'une exigence du ministère des Pêches et des Océans, et nous l'avons respectée. Nous avons créé un lac, qui a été rempli en mai 2008. Jusqu'à présent, nos attentes ont été dépassées. La qualité de l'eau est meilleure que ce que nous avions prévu, et le lac contient déjà des poissons. À l'heure actuelle, on trouve, dans le lac, cinq des huit espèces de poisson que nous souhaitions y trouver.
Le lac permet de compenser pour la perte d'habitat dans les rivières Tar et Calumet. Le rapport de remplacement de 2:1, ce qui signifie que, pour chaque unité d'habitat perdu, nous en créons deux grâce au lac. La conception du lac a exigé quatre ans de consultations intensives avec des partenaires et d'ateliers scientifiques. Nous nous sommes servi autant de connaissances scientifiques que de connaissances environnementales traditionnelles. Nous avons tenu compte de nombreux facteurs, et le lac respecte les exigences du ministère des Pêches et des Océans.
Pour terminer, j'ai voulu vous fournir quelques statistiques au sujet du lac, simplement pour satisfaire votre curiosité.
Voilà. Cela résume les trois sujets dont je voulais vous parler, et je crois que j'ai réussi à respecter le temps qui m'était alloué.
Je vous remercie.
Je laisse la parole à M. Fox.
:
Je vais traiter plus particulièrement de l'utilisation de l'eau et du procédé de drainage par gravité au moyen de vapeur (le DGMV) dans le contexte de l'exploitation des sables bitumineux. Je souhaite, au bout du compte, vous transmettre trois messages très clairs: le DGMV n'utilise que des sources d'eau non potable provenant d'aquifères profonds; les entreprises qui utilisent le DGMV utilisent de plus en plus, au fil du temps, l'eau saline; et l'évolution de la technologie devrait améliorer grandement l'utilisation de l'eau aux fins du DGMV au cours des années à venir.
Tout d'abord, je crois savoir que vous ne vous êtes pas rendus jusqu'à Surmont. Cette diapositive vous donne néanmoins une idée de l'empreinte générale de la phase un du développement de Surmont. Vous pouvez voir, à l'avant, les installations centrales et, dans le haut de l'image, les deux plateformes d'exploitation. Cela vous donne une idée de l'empreinte générale du projet.
La diapositive suivante contient une photo des installations de transformation. Je l'ai incluse uniquement pour illustrer le fait que les installations de DGMV sont essentiellement des installations de traitement de l'eau. Le DGMV, qui signifie, comme vous le savez, le drainage par gravité au moyen de vapeur, est un procédé par lequel nous injectons de la vapeur dans le réservoir pour faire fondre le bitume. Cela suppose l'utilisation d'une grande quantité de chaleur, et, comme l'eau utilisée est destinée à être transformée en vapeur, elle doit être saine. Une grande part du processus concerne l'assainissement de l'eau produite afin que nous puissions la réutiliser — l'assainissement de l'eau que nous puisons dans les aquifères profonds parce qu'elle n'est pas potable ou suffisamment saine pour être envoyée dans la chaudière, puis le traitement de cette eau à chaque étape de l'installation.
Sur la diapositive suivante, vous pouvez voir de quelle façon se fait le traitement de l'eau aux fins du DGMV. La petite flèche bleue qui part du bas de l'image pour se rendre jusque dans le haut désigne l'eau que nous utilisons au départ, c'est-à-dire celle qui est tirée de la formation de Grand Rapids. Cette eau n'est pas potable, mais elle est considérée comme de l'eau douce puisqu'elle contient moins de 4 000 parties par million de matières dissoutes; en fait, elle contient environ 2 500 parties par million de matières dissoutes.
Si vous regardez le schéma à la gauche de la diapositive, vous constaterez que, pour produire un baril de bitume, nous transformons 2,5 barils de cette eau en vapeur dans l'usine. La vapeur est ensuite injectée dans le réservoir. Elle redevient de l'eau et est récupérée avec le bitume, et une proportion de 90 p. 100 de l'eau récupérée est traitée puis recyclée. Ensuite, un quart du baril est rejeté dans la formation la plus profonde que vous voyez ici, la formation de Fort McMurray. Et puis un quart des barils d'eau est tirée de la formation sablonneuse de Grand Rapids, et cette eau est mêlée aux 90 p. 100 d'eau recyclée, puis le processus recommence. Cela signifie que nous utilisons environ un quart de baril d'eau des aquifères pour chaque baril de pétrole ou de bitume produit.
Nous produisons aussi l'équivalent d'un quart de baril d'eau en vapeur d'eau pendant le processus de combustion. C'est ce que vous voyez dans le haut du diagramme. Cela signifie que, concrètement, nous produisons, dans le cadre du cycle hydrologique, la même quantité d'eau que ce que nous tirons de l'aquifère, si vous me suivez. Je vais y revenir à la dernière diapositive, quand je parlerai de la technologie.
Si nous utilisons une eau qualifiée d'eau douce, c'est parce que c'est tout ce que nous pouvons trouver près du site de Surmont. C'est ce que l'on trouve sous la superficie louée. Nous avons procédé à des explorations depuis au moins cinq ans afin de trouver des sources d'eau saline; nous étions à la recherche d'une eau qui contiendrait de 4 000 à 10 000 parties de sel par million. Nos explorations nous ont menés jusqu'à 60 kilomètres de l'usine, et nous avons récemment découvert quelques sources d'eau qui auraient de tels taux de salinité. Mais cette eau se trouve assez loin de l'usine; elle peut se trouver facilement à 30 kilomètres de l'usine; il faudrait des canalisations pour l'acheminer jusqu'à Surmont, et il faudrait la traiter avant de l'utiliser. Mais nous continuons à chercher activement d'autres sources d'eau salée afin de réduire la quantité d'eau tirée de l'aquifère que nous utilisons actuellement.
La dernière diapositive concerne l'avenir. À ce sujet, nos projets futurs sont conçus pour permettre de recycler 95 p. 100 de l'eau plutôt que 90 p. 100. Évidemment, quand vous passez de 90 p. 100 à 95 p. 100 de recyclage, cela ampute de moitié la quantité d'eau dont vous avez besoin. Comme je l'ai dit, nous cherchons à utiliser davantage d'eau salée et nous effectuons activement des explorations à cette fin. Au cours des cinq dernières années, nous avons consacré 70 millions de dollars simplement à l'exploration pour trouver de l'eau salée à utiliser dans l'usine.
Nous avons fait une grande quantité de recherches, pour au moins 300 millions de dollars, et nous effectuerons des recherches pour une valeur de 300 à 500 millions de dollars au cours des cinq prochaines années dans le domaine des sables bitumineux.
L'un de nos principaux objectifs est de réduire le rapport vapeur-bitume puisque cela permettrait de réduire les coûts en achat de gaz, de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de réduire la quantité d'eau rejetée. Il existe de nombreuses technologies prometteuses en matière de réduction du rapport vapeur-bitume, dont l'injection de solvants dans la vapeur.
Nous effectuons aussi des recherches afin de trouver des façons économiques de récupérer l'eau provenant de la combustion — le quart d'un baril dont j'ai parlé plus tôt. Si nous pouvons trouver une façon économique de le faire, nous pourrions pour ainsi dire éliminer le recours à une source externe d'eau pour le DGMV.
En résumé, notre projet, qui est aussi un projet de drainage par gravité au moyen de vapeur, est semblable à celui qui vient d'être décrit, mis à part une chose: nous n'utilisons que de l'eau salée.
[Français]
Bonjour, mesdames et messieurs.
Je travaille chez Devon Canada Corporation, et nous sommes très fiers de ce que nous avons accompli sur le plan de l'eau et vis-à-vis d'autres aspects. De plus, je suis bien content qu'on nous ait donné la chance de vous parler.
[Traduction]
Je vais le répéter: ne paniquez pas.
Merci, tout le monde.
Mesdames et messieurs, à Devon, nous sommes très fiers de ce que nous avons accompli dans le cadre de notre projet, c'est-à-dire de la façon dont nous avons traité l'eau, mais aussi d'autres aspects. Nous sommes heureux d'avoir l'occasion de vous en parler.
Tout d'abord, notre projet se situe à environ 140 kilomètres au sud de Fort McMurray. Je suis sûr que vous n'êtes pas allés jusque là. Nous sommes situés à environ 15 kilomètres au sud-est d'une petite collectivité qui s'appelle Conklin. En fait, le projet est situé dans la municipalité régionale de Wood Buffalo, et c'est à cette municipalité que nous versons des taxes. Je souligne cet aspect puisque, en fait, nous utilisons principalement les services du Lac La Biche, d'où viennent bon nombre de nos employés, ce qui signifie que notre projet n' a que peu de répercussions sur Fort McMurray.
[Français]
Pour que vous vous souveniez de cette présentation, je vais en énumérer les trois points principaux. Premièrement, nous n'utilisons aucune eau de surface à Jackfish et aucune eau potable. Deuxièmement, nous recyclons 95 p. 100 de notre eau. Troisièmement, nous n'avons pas de bassin de décantation comme dans les mines.
[Traduction]
Je vais résumer le tout très rapidement.
Il y a trois choses à souligner au sujet de Jackfish. D'abord, nous n'utilisons aucune eau douce ni eau de surface dans le cadre de nos activités, mis à part l'eau potable destinée à la consommation humaine. Ensuite, nous avons un taux élevé de recyclage, pouvant aller jusqu'à 95 p. 100. Troisièmement, nous n'avons aucun refoulement, c'est-à-dire aucun bassin de résidus sur place. Nous ne tirons pas d'eau de surface et nous n'effectuons aucun refoulement en surface, et quand nous tirons de l'eau, c'est à partir d'un aquifère salin profond situé à environ 300 mètres sous la surface du sol.
On ne le voit peut-être pas très bien sur cette photo, mais nous possédons trois petits bassins. L'un d'eux est ce qu'on appelle un bassin d'extraction. Nous utilisons ce bassin pour évacuer de l'eau quand nous tentons d'accélérer, d'activer nos opérations ou de les ralentir; une fois que c'est fait, nous pouvons réintégrer cette eau dans le processus. Nous possédons aussi un bassin d'eaux usées, qui est en fait l'eau utilisée par les personnes qui vivent dans notre campement, et nous possédons un autre bassin, le bassin de retenue, qui sert simplement à recueillir l'eau de surface.
Au sujet de la diapositive suivante, vous avez entendu Matt parler du rapport vapeur-bitume. Nous avons actuellement un rapport de 2,65:1, mais, évidemment, nous en recyclons la majeure partie. Nous souhaitons atteindre dans un proche avenir un rapport de 2,5:1, mais nous visons une réduction encore plus importante.
J'aimerais souligner autre chose à propos du DGMV: l'empreinte ou l'impact sur la surface de ce type d'activité est relativement peu important, même par rapport à l'impact des activités pétrolières conventionnelles. Nous allons produire essentiellement 35 000 barils de pétrole chaque jour à partir de quatre plateformes, qui comptent chacune plus ou moins sept puits. Chaque puits permettra de produire de 1 000 à 1 500 barils. En comparaison, un puits de pétrole conventionnel moyen en Alberta permet de produire moins de 20 barils par jour. Cet avantage-là n'est pas à négliger non plus.
Je peux vous dire que ce n'est pas un hasard si nous utilisons de l'eau salée à Jackfish. Nous avons, à titre d'entreprise, un engagement et une politique portant que nous réduisions au minimum l'utilisation de l'eau douce. Nous avons consulté nos partenaires, et nous nous efforçons de réduire la quantité d'eau douce utilisée, non seulement dans le traitement des sables bitumineux, mais dans toutes nos activités. Quand le projet Jackfish a vu le jour, nous avons appliqué la politique et nous l'avons mise en oeuvre. Évidemment, il fallait trouver de l'eau salée si nous voulions respecter cette promesse. Nous avons dû creuser un certain nombre de puits, mais nous avons été chanceux et nous avons trouvé ce que nous cherchions.
À nos yeux, il s'agissait de la chose à faire. Nous voulions exploiter les sables bitumineux, mais nous voulions le faire de manière respectueuse de l'environnement.
Matt vous a montré une diapositive semblable tout à l'heure. Ces installations se divisent essentiellement en quatre parties, de la séparation du pétrole au stockage de pétrole, mais elles comptent aussi une importante partie qui sert au traitement de l'eau, de même, évidemment, que des générateurs de vapeur. Nous nous sommes fixé comme limite de consacrer environ la moitié du capital destiné à ces installations au recyclage de l'eau. Pour nous, il s'agit d'installations de recyclage de l'eau qui nous permettent de réutiliser l'eau.
Un autre aspect, qui ne figure pas sur la diapositive, c'est le vaste programme de contrôle utilisé tout autour de nos installations. Nous disposons de 12 puits qui permettent de contrôler environ une douzaine d'aquifères de diverses natures. Des données sont recueillies et font l'objet de rapports destinés à des organismes de réglementation. Si des changements devaient survenir dans la température ou dans la pression, nous le saurions et nous pourrions prendre des mesures correctives.
Vous avez vu diverses versions de la prochaine diapositive. J'aimerais simplement souligner que, en plus du contrôle que nous exerçons, il y a, au-dessus de la formation de Fort McMurray, où nous produisons notre pétrole, une couche tampon de substrat rocheux de plus de 200 ou 250 mètres qui est appuyée sur la formation et qui crée, d'une certaine façon, une frontière étanche entre la formation et les aquifères qui se trouveraient plus près de la surface. En comparaison, cela correspond à peu près à la hauteur de la Calgary Tower, ou à deux fois la hauteur de la Tour de la Paix.
En ce qui concerne les prochaines étapes, nous ne voulons pas nous contenter d'agir « bien », plus particulièrement en ce qui concerne l'eau. Nous avons l'habitude de dire, au sein de l'entreprise, que nous obtenons nos permis des gouvernements, mais que nous obtenons la permission de travailler auprès des collectivités. Il est très important d'écouter ce que les gens ont à dire, d'essayer d'en tenir compte et d'être les meilleurs voisins possibles. Nous voulons en faire plus, et nous adaptons nos activités à cet objectif.
Je sais que vous avez visité les sables bitumineux, mais — et je m'adresse à chacun d'entre vous ou à vous tous —, si vous en avez un jour envie ou si vous en avez l'occasion, nous vous invitons à venir visiter nos installations.
[Français]
En terminant, je voudrais vous remercier sincèrement de nous avoir donné l'occasion de faire cette présentation. De plus, nous serions honorés si certains d'entre vous veniez nous visiter.
:
Merci beaucoup, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité. Je suis heureux d'être ici aujourd'hui.
Je suis ici pour représenter Petrobank Energy and Resources. À titre d'information, nous sommes en affaires un peu partout dans l'ouest du Canada, de même qu'en Amérique latine, et nous connaissons bien les défis en matière d'environnement et de réglementation auxquels l'industrie des sables bitumineux et du pétrole lourd font face dans ces régions, de même que certaines des répercussions de ceux-ci à l'échelle mondiale.
Notre groupe qui s'occupe du pétrole lourd possède une division de la technologie, qui détient en fait une partie de notre propriété intellectuelle brevetée. Je vais aborder cette question en partie aujourd'hui. Mais l'entreprise s'occupe surtout de trouver des solutions mondiales aux problèmes auxquels l'industrie du pétrole lourd fait face, non seulement en Alberta, mais partout où l'on trouve des bassins qui contiennent du pétrole lourd dans le monde.
En ce qui concerne l'emplacement — la présentation de Michel peut aider, à ce sujet —, nos installations sont situées à l'ouest des installations du projet Jackfish de Devon, dans la région de notre projet Whitesands. C'est un projet central in situ. Sur la petite carte qui se trouve à droite, vous pouvez voir des projets prévus et approuvés qui représentent environ 600 000 barils par jour et qui se trouvent sur une très petite partie des sables bitumineux. Dans tous ces projets, le bitume sera extrait à l'aide de méthodes in situ puisqu'il est impossible de l'extraire à l'aide de méthodes conventionnelles.
Nos méthodes se distinguent radicalement de tout ce qui a été fait auparavant. Pour le projet Whitesands, nous avons mis en place le procédé THAI. Je pourrais vous expliquer comment fonctionne ce procédé pendant des heures, mais, en résumé, je vous dirai que l'acronyme THAI, toe to heel air injection, signifie qu'il y a injection d'air. Plutôt que d'utiliser de la vapeur ou du gaz naturel à la surface pour effectuer une combustion, nous creusons un puits horizontal dans le bas du réservoir, de même qu'un puits vertical à partir du bout de ce puits horizontal, puis nous injectons de l'air, de l'air extérieur, sous pression. L'air entre en contact avec le bitume in situ et provoque une réaction d'oxydation qui entraîne des températures allant de 700 °C à 1 000 °C dans la zone de combustion. La chaleur permet de mobiliser le pétrole; en fait, elle permet d'améliorer en partie le pétrole in situ et de laisser sur place un certain pourcentage du coke, et ensuite, le pétrole remonte naturellement à la surface.
Grâce à cette simple diapositive, je peux vous montrer que nos installations ont vraiment très peu de répercussions à la surface. Il n'y a aucune installation de traitement de l'eau et aucun générateur de vapeur. C'est une installation pétrolière toute simple et un système de compression d'air.
Mais les avantages du procédé THAI ne s'arrêtent pas au fait que nous n'utilisons aucune eau douce. En fait, nous produisons de l'eau utilisable. Nous avons éliminé l'utilisation du gaz naturel. Nous avons amélioré les taux de récupération, et tout cela en n'émettant qu'environ la moitié des gaz à effet de serre produits par tous les autres procédés employés de nos jours. Comme le pétrole que nous obtenons a été partiellement amélioré par le procédé, nos activités à la surface sont beaucoup plus simples et, en outre, comme notre empreinte à la surface est beaucoup plus petite, cela signifie que les répercussions générales totales du procédé sont très peu importantes.
Si l'on veut décrire le bitume qui est extrait du sol à l'aide de la plupart des procédés, on peut regarder l'image à gauche de la diapositive. On voit qu'il est en fait plus lourd que l'eau et qu'il n'est pas liquide à la température ambiante. À la droite de la diapositive, vous pouvez voir le pétrole amélioré grâce à notre procédé THAI, qui peut, compte tenu de sa viscosité, être transporté par pipeline aux conditions que l'on retrouve à la surface et qui a une densité de 4 ° API à 5 ° API inférieure à celle du bitume in situ. Celui-ci a une densité d'environ 12 °API à l'état naturel.
L'avantage de disposer d'un produit pétrolier léger dans une industrie de pétrole lourd, c'est que votre procédé devient beaucoup plus simple. Notre pétrole flotte sur l'eau produite, ce qui signifie que l'émulsion se sépare facilement, ce qui nous permet d'avoir accès à une eau produite très propre offrant des caractéristiques intéressantes.
Si nous comparons l'eau produite à la sortie de nos séparateurs, nous constatons qu'elle possède de nombreuses caractéristiques en commun avec l'eau que Devon tire des aquifères situés directement à côté de nos installations. En fait, l'eau que nous produisons est très semblable à l'eau que Devon utilise pour son procédé et pourrait aussi devenir une autre source d'eau à d'autres fins industrielles.
La dernière chose que j'aimerais souligner à propos de l'eau produite, c'est que, comme nous condensons, pendant la condensation secondaire, un composant de vapeur plus pur, nous nous retrouvons, concrètement, à condenser de l'eau distillée obtenue par notre procédé, et cette eau peut être utilisée directement pour des applications permettant de produire de l'énergie et pour d'autres applications.
Pour conclure — tous les intervenants semblent avoir une diapositive semblable —, vous pouvez voir à quoi ressembleraient en surface les emplacements de nos puits.
La dernière diapositive illustre l'impact minimal sur la surface que nous aurions si nous mettions sur pied une installation de traitement qui nous permettrait de produire jusqu'à 100 000 barils par jour de pétrole commercial.
C'était un aperçu de ce que nous sommes.
:
Nous vous remercions de nous donner l'occasion de nous adresser à vous. Nous sommes heureux que les membres du comité se soient rendus en Alberta.
Je m'appelle Simon Dyer. Je suis le directeur du programme des sables bitumineux de l'Institut Pembina, ce qui signifie que je dirige la recherche sur l'exploitation des sables bitumineux à l'Institut Pembina.
L'Institut Pembina est un groupe de réflexion national sur les ressources énergétiques renouvelables dont l'objectif est d'élaborer des solutions en matière d'énergies renouvelables. Il a été créé à Drayton Valley, en Alberta, en 1985.
Nous avons étudié les répercussions environnementales de l'exploitation des sables bitumineux pendant plus de 10 ans et nous sommes en faveur d'une exploitation responsable des sables bitumineux. Malheureusement, l'approche actuelle du Canada à ce sujet constitue un exemple patent d'exploitation non durable.
Les méthodes qui ont été utilisées dans l'exploitation des sables bitumineux touchent de nombreux secteurs de compétence fédérale et vont bien au-delà des répercussions sur l'eau. Malheureusement, le gouvernement fédéral ne s'est que très peu engagé dans la gestion environnementale des sables bitumineux jusqu'à présent, même si des aspects importants relèvent de sa compétence.
J'ai préparé un exposé qui vous a été distribué sur papier. J'espère qu'il vous permettra de suivre.
Compte tenu du peu de temps dont je dispose, je vais axer mes commentaires sur trois domaines principaux: la protection insuffisante du débit des eaux de la rivière Athabasca, les pratiques insuffisantes concernant la gestion des résidus, et les préoccupations relatives au bien-fondé et à la transparence de la surveillance.
Le cadre de gestion fédéral-provincial pour la rivière Athabasca accorde la priorité à l'exploitation des sables bitumineux plutôt qu'à la protection de l'eau et des pêches. En fait, le cadre de gestion des eaux pour la rivière Athabasca ne contient aucune disposition selon laquelle les prélèvements d'eau peuvent être interrompus pour protéger l'habitat des poissons. Il prévoit plutôt un système de « feux de signalisation » qui permet de désigner des zones verte, jaune et rouge. Quand la zone est rouge, cela signifie que les poissons et leur habitat sont atteints. Malheureusement, dans ce cas, une zone rouge ne signifie pas un arrêt des prélèvements, et ceux-ci peuvent se poursuivre même si l'habitat des poissons est endommagé.
La diapositive 5 contient des données sur les risques actuels et futurs pour l'eau associés à des pratiques non durables de gestion des résidus. On estime qu'un total de 720 millions de mètres cubes de résidus liquides sont accumulés sur les terres au nord de Fort McMurray. Cela représente 288 000 piscines olympiques remplies de déchets toxiques. Les bassins de résidus couvrent maintenant 130 kilomètres carrés de territoire, soit l'équivalent de la ville de Vancouver. En moyenne, pour chaque baril de bitume produit, un baril et demi de résidus liquides sont accumulés.
En plus de 40 ans d'exploitation des sables bitumineux, aucune région contenant des bassins de résidus n'a été certifiée comme étant remise en état, et l'industrie n'a jamais fait la preuve qu'elle pouvait traiter les déchets liquides toxiques qui se trouvent dans les bassins de résidus.
Quand des représentants de l'industrie vous disent que les premiers bassins de résidus seront remis en état au cours des prochaines années, c'est un mensonge. Les résidus fins mûrs seront simplement acheminés par canalisation à un autre endroit pendant que les bassins de résidus seront remplis. Ces bassins sont toxiques et contiennent des acides napthténiques et des hydrocarbones à des concentrations qui peuvent être jusqu'à 100 fois supérieures à celles que l'on retrouve dans le bitume.
On court aussi, évidemment, un risque de fuite catastrophique, ce qui aurait des répercussions inimaginables.
En plus des risques associés à la production actuelle de résidus et des risques présents de fuite, dont je parlerai sous peu, il y a aussi un risque plus important encore, soit le sort à long terme de ces résidus, la plupart des Canadiens seraient stupéfaits d'apprendre que la méthode sur laquelle nous nous sommes entendus pour traiter ces déchets liquides à long terme est une méthode non contrôlée appelée « lacs de Kettle ».
D'autres industries utilisent les lacs de Kettle. Cette méthode consiste à mettre de l'eau dans une carrière de gravier à la fin de la vie de la mine, par exemple. Le cas des sables bitumineux est cependant unique puisque les bassins de résidus, ou les lacs de Kettle, incluront des déchets liquides toxiques qui s'accumuleront au fond. Le plan approuvé consiste simplement à recouvrir les déchets et les résidus liquides d'eau douce et d'espérer qu'un processus, la méromicticité permettra, pour toujours, d'empêcher que les couches inférieures ne se mélangent aux couches d'eau qui les recouvrent.
À la diapositive 8, j'ai inséré une image de la CEMA, la Cumulative Environmental Management Association, qui illustre très bien de quelle façon ces déchets liquides toxiques deviendront partie intégrante du sol de façon permanente.
Je ne saurais trop insister sur le fait qu'il s'agit d'une méthode risquée qui n'a pas fait ses preuves. La CEMA et les organismes fédéraux et provinciaux de réglementation ne cessent de soulever leurs préoccupations concernant le fait que la méthode des lacs de Kettle n'a pas encore fait ses preuves; pourtant, toutes les mines de sables bitumineux qui utilisent cette méthode ont été autorisées. Jusqu'à présent, 25 lacs des Kettle existent sur le territoire canadien, et ils ont tous été approuvés. Ma présentation contient une citation qui illustre que cette méthode en est, en fait, au stade expérimental. Personne n'a prouvé qu'il s'agissait d'une solution durable.
J'aimerais maintenant parler des fuites de résidus. Les bassins de résidus fuient. Je sais que vous avez entendu des avis contradictoires pendant votre séjour, et cela n'est pas étonnant puisqu'on manque cruellement de données accessibles au public pour pouvoir s'attaquer à la source du problème.
L'an dernier, l'Institut Pembina a reçu comme mandat d'effectuer une analyse des fuites potentielles des bassins de résidus. Nous avons donc communiqué avec le gouvernement de l'Alberta à trois occasions au moins pour obtenir de l'information et des données sur les fuites des puits d'eau souterraine, mais aucune donnée ne nous a été fournie. Nous n'avons pas pu établir clairement s'il existe des résumés cumulatifs des données, ni si le gouvernement de l'Alberta ou celui du Canada sont en mesure d'analyser ces données. En fait, on ne sait même pas si le gouvernement du Canada a obtenu ces données.
Contrairement à ce que certains témoins ont pu laisser entendre, les évaluations donnent à penser que tous les bassins de résidus ont des fuites, même compte tenu des mesures d'atténuation. Cela signifie que, même après les opérations de pompage dont vous avez entendu parler, qui permettent de rapporter cette matière dans les bassins de résidus, il continue à y avoir des fuites de résidus dans l'environnement, c'est-à-dire dans les eaux souterraines, de même que dans la rivière Athabasca et dans ses affluents.
Nous avons procédé à une évaluation très prudente des données concernant l'évaluation des répercussions environnementales et nous avons constaté que les bassins de résidus pourraient actuellement laisser s'écouler quotidiennement 11 millions de litres dans les eaux souterraines, et que ces fuites pourraient plus que doubler si les projets actuellement proposés sont réalisés.
Nous avons parfois accès à des données validées sur les fuites. Par exemple, dans des approbations données récemment à Suncor, on apprend que son bassin numéro 1 laisse s'écouler dans la rivière Athabasca des résidus à un débit de 1 600 mètres cubes par jour.
Enfin, j'aimerais me prononcer sur la disponibilité et la pertinence des données accessibles en ce qui concerne les résultats, sur le plan environnemental, des sables bitumineux.
Malheureusement, l'une des caractéristiques qui définit l'exploitation des sables bitumineux est le manque de transparence et l'absence de données publiques sur de nombreux éléments liés aux préoccupations environnementales, comme les fuites de résidus, les résultats de leur récupération et l'accès aux données du RAMP. L'Alberta et le gouvernement fédéral n'ont jamais fourni de données claires et cumulatives de l'importance potentielle des fuites des bassins de résidus. Ce sont les organismes gouvernementaux qui doivent tenter de prévoir ces répercussions.
Bon nombre d'intervenants se préoccupent de la surveillance inadéquate de la rivière Athabasca. Le Programme de surveillance aquatique régionale (RAMP), a été critiqué pour son manque de leadership de la part des gouvernements provincial et fédéral. Les analystes fédéraux du RAMP ont exprimé d'importantes préoccupations au sujet du programme en tant que tel, et nous ne savons pas si ces préoccupations ont été dissipées.
J'aimerais aussi souligner clairement que l'Institut Pembina n'a jamais été membre du RAMP et n'y a jamais participé au cours des six dernières années. Nous souhaitons toutefois exprimer nos préoccupations à propos de la crédibilité du programme, et nous n'avons pas les capacités qui nous permettraient de participer à tous ces divers procédés.
En conclusion, nous demandons avec insistance au gouvernement fédéral qu'il joue un rôle beaucoup plus actif dans la gestion des sables bitumineux sur le plan environnemental. J'aimerais porter à votre attention trois principales recommandations.
D'abord, nous recommandons au gouvernement fédéral de s'assurer qu'aucune nouvelle approbation pour des mines de sables bitumineux n'est accordée avant qu'un débit de base de l'écosystème reposant sur des données scientifiques soit établi pour la rivière Athabasca, débit au-dessous duquel le prélèvement serait interdit pour tous les exploitants de sables bitumineux en périodes de zone rouge ou d'étiage. Le drame, c'est que l'utilisation du stockage d'eau en dérivation constitue une méthode rentable pour l'industrie, mais il n'existe aucune réglementation qui oblige les sociétés à stocker l'eau et à interrompre les prélèvements, ce qui fait qu'on continue à assister à des prélèvements d'eau pendant les périodes d'étiage.
Deuxièmement, le gouvernement fédéral devrait s'assurer de ne plus approuver l'exploitation de mines de sables bitumineux à l'aide de techniques d'extraction produisant des résidus fins mûrs ou proposant l'utilisation de lacs de Kettle comme stratégie de remise en état puisque celle-ci n'est pas éprouvée. Vous avez entendu parler en long et en large des technologies, qui seraient le remède miracle à tous les problèmes de l'industrie des sables bitumineux, mais s'il n'y a pas de réglementation, les technologies ne permettront pas d'apporter les changements que nous souhaitons. L'industrie mène des recherches sur les bassins de résidus depuis 40 ans et n'a toujours pas réussi à prouver qu'elle avait trouvé une solution. Nous avons besoin d'une réglementation qui aura pour effet d'interdire cette pratique non viable.
Enfin, il faut une surveillance exercée de façon indépendante et transparente, qui reposerait sur une base scientifique solide et qui serait examinée par des pairs. Le gouvernement fédéral doit jouer le rôle de chef de file pour améliorer la qualité des données et s'assurer qu'elles sont accessibles au grand public. Les données devraient aussi inclure des données détaillées sur la qualité de l'eau, la récupération des résidus et les fuites de résidus.
Merci beaucoup.
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Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui au sujet de ce que je considère être l'enjeu actuel le plus important du Canada en ce qui concerne l'eau douce.
Je m'appelle Tony Maas. Je suis le conseiller principal en matière de politique à WWF-Canada.
Comme certains d'entre vous le savez, ou peut-être pas, WWF-Canada se targue d'être un organisme qui s'appuie sur des solutions et des principes scientifiques. Nous visons essentiellement à favoriser la collaboration entre les divers secteurs — public, privé et sans but lucratif — afin de chercher et de mettre en oeuvre des solutions aux problèmes environnementaux actuels de plus en plus complexes à mesure que notre compréhension des principes scientifiques sous-jacents évolue, dans la mesure des capacités actuelles. Si nous ne sommes pas en mesure de comprendre les principes scientifiques, ou si ceux-ci ne sont pas complets ou sont remis en question, nous préconisons la prudence.
Maintenant que cette brève mise en situation est faite, je peux vous dire que, un peu à l'instar de mon collègue de l'Institut Pembina, je suis ici pour recommander qu'aucune approbation de projets d'exploitation des sables bitumineux qui exigent des prélèvements d'eau ne soit effectuée à court terme. Nous formulons cette recommandation parce que nous estimons que des décisions sont prises sans tenir compte des meilleurs principes scientifiques dont on dispose et sans faire preuve de suffisamment de prudence.
Je souligne aussi que WWF est un membre actif du comité du cadre de gestion de la phase 2, le P2FC. Il s'agit d'un comité qui regroupe des représentants de l'industrie, des premières nations et des Métis, de même que d'autres organismes environnementaux et des représentants des gouvernements fédéral et provinciaux, et qui élaborent une recommandation qui permettra, nous l'espérons, d'établir un plan amélioré de gestion de l'eau pour le cours inférieur de la rivière Athabasca. Nous nous sommes entendus avec nos collègues membres de ce comité pour ne pas discuter du fonctionnement interne du comité sur la place publique tant que ce procédé sera en cours, et il l'est encore.
Je vais axer mon exposé sur la notion des flux environnementaux, ou de ce que l'on appelle souvent, en Alberta, la norme de débit minimale.
La plupart des écologistes aquatiques s'entendent pour dire que le régime d'écoulement naturel d'une rivière, c'est-à-dire les crêtes et les dépressions, les débits maximaux et minimaux, est le principal facteur déterminant pour assurer l'intégrité et la productivité des écosystèmes d'eau douce. En ce qui concerne les flux environnementaux, la rivière Athabasca a un caractère unique. Elle n'est contrôlée par aucun barrage, ce qui fait que son écoulement est essentiellement naturel. Vu sa taille, elle vient au troisième rang des rivières à écoulement libre en Amérique du Nord.
Étant donné que la rivière Athabasca n'est pas contrôlée par des barrages ou par d'autres infrastructures, son écoulement varie grandement au cours d'une même année et d'une année à l'autre. C'est ce caractère variable qui permet de garantir l'intégrité de la rivière en tant que telle, mais aussi du delta formé par les rivières de la Paix et Athabasca, en aval. Comme vous le savez peut-être, ce delta se trouve à 80 p. 100 dans le parc national Wood Buffalo, désigné site du patrimoine mondial de l'UNESCO.
Il convient aussi de souligner, concernant cette variabilité au cours d'une même année et d'une année à l'autre, que les débits minimaux de l'hiver constituent la période la plus importante pour la santé, la survie et la reproduction des espèces qui vivent dans la rivière Athabasca, simplement parce que c'est à cette période que le débit est le moins important.
Quant il est sujet des flux environnementaux, il est important de reconnaître qu'il existe des limites viables à la mesure dans laquelle on peut bouleverser le régime d'écoulement d'une rivière. Si l'on observe ce qui se fait à ce sujet dans le contexte de l'exploitation des sables bitumineux, on constate qu'on met, de toute évidence, la charrue avant les boeufs.
Le ministère de l'Environnement de l'Alberta a autorisé les exploitants des sables bitumineux à prélever des volumes importants d'eau dans la rivière Athabasca avant même d'avoir fixé les limites viables de ces prélèvements et avant d'avoir mis en place des mesures appropriées de protection. En fait, le ministère a reconnu ces lacunes dans le contexte de la phase 1 du cadre de gestion des eaux mais, malheureusement, nous estimons que la phase 1 du cadre de gestion du cours inférieur de la rivière Athabasca, le cadre de gestion actuellement en vigueur, n'est pas adéquat, et ce, pour au moins trois raisons.
D'abord, comme cela a été mentionné précédemment, le débit de base de l'écosystème n'a pas été établi. Le débit de base de l'écosystème constitue, essentiellement, la limite ou le seuil en deçà duquel il faudrait interdire les prélèvements si l'on veut protéger l'écosystème. Cependant, conformément à la phase 1 du cadre, l'industrie a le droit de prélever au moins 5,2 p. 100 des débits médians en tout temps, indépendamment de la gravité du ralentissement du débit.
Il est important de souligner que certaines des statistiques évoquées ce matin au sujet du pourcentage du débit annuel moyen que les exploitants de sables bitumineux prélèvent dans la rivière peuvent être très trompeuses. Il faut, en fait, tenir compte de la période au cours de laquelle le débit est très bas. Pendant cette période, la proportion du débit que représente l'eau prélevée par les exploitants de sables bitumineux est de beaucoup supérieure à ce que laissent croire les chiffres des moyennes annuelles.
Ensuite, il n'y a aucune disposition concernant les débits de pointe, ces débits maximaux qui sont très importants pour le remplissage du delta des rivières de la Paix et Athabasca. Dans la phase 1 du cadre, on présume, sans s'appuyer sur des données scientifiques probantes, que les prélèvements n'auront aucune répercussion sur la santé de l'écosystème. On autorise donc les exploitants à faire des prélèvements maximaux d'eau pendant cette période.
Enfin, et je crois que c'est vraiment très important — la question a été soulevée à quelques occasions — la phase 1 du cadre ne tient pas compte des effets des changements climatiques sur les débits à venir dans la rivière Athabasca. Selon les données scientifiques, le débit de la rivière Athabasca est en diminution, et cette diminution est grandement attribuable aux changements climatiques, eux-mêmes provoqués par les activités humaines.
Au cours des dernières années, WWF a commandé des rapports auprès de M. Jim Bruce, que certains d'entre vous connaissez peut-être. Il a dirigé le rapport sur les eaux souterraines, qui a été mentionné à quelques occasions. Il fait aussi partie du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat et est un scientifique spécialiste du climat et réputé à l'échelle canadienne et internationale.
Dans un rapport commandé par WWF, M. Bruce prévoyait que, d'ici 2050, le débit médian annuel de la rivière Athabasca pourrait diminuer de 25 p. 100 et que le débit minimum pourrait ralentir de 10 p. 100. Nous avons demandé récemment à M. Bruce de mettre son rapport à jour. Il a alors signalé que ses prévisions antérieures étaient peut-être erronées pour diverses raisons, et que le ralentissement pourrait survenir plus rapidement que prévu.
Parmi les raisons, il y a le fait que les émissions de gaz à effet de serre augmentent à un rythme plus rapide que ce qui était prévu dans la dernière évaluation du GIEC, et les glaciers du cours supérieur qui forment une partie du débit de base des rivières comme l'Athabasca ont franchi le point critique. Ils apportaient autrefois plus d'eau à la rivière grâce à la fonte, mais ils contribuent maintenant au ralentissement des débits.
Enfin, quand il est question de flux environnementaux, on ne peut laisser de côté l'aspect qualité. On se doit de tenir compte du fait que, quand une rivière coule, elle transporte la pollution qui provient des activités en amont vers les collectivités et les écosystèmes qui sont en aval. Je crois qu'il est important d'envisager cet enjeu en tant que problème de gestion équitable des bassins hydrographiques. Si l'on place les collectivités en aval en situation de risque, nous ne faisons qu'augmenter les risques de conflit.
Les bassins de résidus dont on a discuté en détail aujourd'hui sont au coeur de cet enjeu — les fuites de ces bassins de résidus et leurs répercussions sur la santé des collectivités en aval, comme Fort Chipewyan. Malgré la mince possibilité qu'un bassin de résidus cède par malheur, une telle catastrophe aurait des répercussions sur la gestion équitable des bassins hydrographiques qui s'étendraient beaucoup plus en aval dans le bassin du fleuve Mackenzie, y compris sur les Territoires du Nord-Ouest.
On fait face, encore une fois, à d'importantes incertitudes en ce qui concerne les répercussions d'une fuite de résidus sur les personnes et sur l'écosystème, mais aussi à d'importantes incertitudes en ce qui concerne la façon dont les polluants se disperseraient si une fuite catastrophique de résidus devait avoir lieu.
Pour conclure, je crois qu'on peut sans risque affirmer que les sociétés qui exploitent les sables bitumineux peuvent depuis trop longtemps poursuivre leurs activités sans faire l'objet d'une supervision adéquate et sans que le gouvernement fédéral ne joue son rôle de chef de file. Il est clair que le gouvernement fédéral a un rôle extraordinaire à jouer et a des responsabilités dont il doit s'acquitter en ce qui concerne la protection des poissons et de leur habitat, les enjeux liés aux eaux transfrontalières et la protection des droits des Autochtones. On a bien souvent utilisé comme prétexte à l'inaction le fait que les pouvoirs liés à la gestion de l'eau sont complexes et sont répartis de façon confuse entre les gouvernements fédéral et provinciaux.
Nous avons quelques recommandations particulières à l'intention du gouvernement fédéral afin qu'il fasse preuve de leadership et qu'il prenne des initiatives concernant des enjeux pour l'eau douce liés à l'exploitation des sables bitumineux. Les chefs de file du gouvernement fédéral, y compris le ministère des Pêches et des Océans, devraient être incités à soutenir les recommandations formulées par le comité sur la gestion de l'eau chargé de la phase deux du cadre et s'assurer que le cadre jouit d'un plein soutien politique de façon à ce qu'il devienne un plan de gestion des eaux fonctionnel, et s'assurer que le cadre reçoit suffisamment de ressources pour pouvoir être mis en oeuvre et exécuté.
Comme vous le savez peut-être, pendant la phase un du cadre de gestion, un biologiste du MPO avait proposé une approche plus rigoureuse qui garantissait une plus grande protection de l'écosystème. Il prévoyait un débit fondé sur l'écosystème. On ne sait toutefois pas clairement pourquoi elle ne fait finalement pas partie de la phase un du cadre de gestion.
Enfin, le gouvernement fédéral peut profiter de l'occasion pour faire preuve de leadership dans un secteur où les conflits pourraient bien augmenter en ce qui concerne les enjeux transfrontaliers nationaux relatifs à l'eau. L'Alberta et les Territoires du Nord-Ouest sont en train de négocier un accord bilatéral selon l'Entente-cadre sur les eaux transfrontalières du bassin du Mackenzie. Le gouvernement fédéral est l'une des parties à l'entente, et nous lui recommandons de participer à ces négociations afin de s'assurer qu'il en ressort un plan solide de gestion de l'eau garantissant une gestion équitable des bassins hydrographiques et la diminution des conflits.
Merci.
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Je vous remercie, monsieur le président, et mesdames et messieurs les membres du comité, de nous donner l'occasion de nous adresser à vous aujourd'hui.
Je m'appelle Barry Robinson. Je suis avocat à Ecojustice Canada, auparavant le Sierra Legal Defence Fund.
C'était Karin Buss qui devait s'adresser à vous aujourd'hui, mais, malheureusement, elle était malade ce matin. Elle vous transmet ses excuses.
La présentation écrite que nous vous avons remise et l'exposé que je présenterai aujourd'hui traitent essentiellement du rôle que le gouvernement fédéral devrait et doit jouer dans la gestion des ressources en eau dans la région de la rivière Athabasca où l'ont trouve des sables bitumineux. À notre avis, le gouvernement fédéral manque à l'appel dans un secteur où il possède clairement des responsabilités.
Dans notre mémoire présenté par écrit, nous fournissons des éléments qui prouvent que le gouvernement fédéral ne s'est pas acquitté de ses responsabilités de protéger les ressources en eau dans les régions où l'on trouve des sables bitumineux. Aujourd'hui, j'aimerais attirer votre attention sur le fait que le gouvernement fédéral possède actuellement de grandes responsabilités et des pouvoirs importants qu'il peut et qu'il doit exercer, et je demande avec insistance au comité de recommander au gouvernement d'exercer ces pouvoirs.
Dans la Loi constitutionnelle de 1867, on précise clairement que le gouvernement fédéral possède des responsabilités et des pouvoirs bien précis dans certains secteurs, comme les pêches. Dans d'autres secteurs, les sphères de compétence du gouvernement fédéral chevauchent les pouvoirs provinciaux, ce qui signifie qu'il doit coordonner ses actes avec l'Alberta. Cela ne signifie toutefois pas, sur le plan juridique, que le gouvernement fédéral doit abandonner ces pouvoirs, ni qu'il doit accepter le régime de réglementation de la province. Concrètement, le gouvernement fédéral doit faire preuve de leadership, jouer le rôle de défenseur des intérêts, et travailler de façon diligente.
Il ne faut pas oublier que, quand il existe un conflit évident entre les pouvoirs du fédéral et du provincial, c'est le gouvernement fédéral qui l'emporte. Nous recommandons donc au gouvernement fédéral d'exercer les pouvoirs qui font partie de ses compétences. J'aimerais passer rapidement en revue certaines de ces sphères de compétence.
D'abord, dans le cadre de la Convention sur le transfert des ressources naturelles, de 1930, le Canada rendait l'Alberta propriétaire des ressources naturelles mais conservait le droit de déterminer quel était le débit suffisant des rivières et des cours d'eau qui se déversent dans le Parc national Wood Buffalo et de protéger ses débits afin d'en préserver les beautés naturelles, comme on dit dans la convention.
En des termes modernes, je dirais que la protection de l'écosystème ferait partie de cet objectif général de protéger les beautés naturelles. Cela signifie que le gouvernement fédéral a le pouvoir absolu et prééminent de déterminer quel doit être le débit des cours d'eau qui circulent dans le Parc national Wood Buffalo.
Comme l'a mentionné Tony, le ministère des Pêches et des Océans a déterminé, en 2006, quels étaient les besoins en matière de débit dans la rivière Athabasca. Il ne reste donc plus au gouvernement fédéral qu'à aviser officiellement l'Alberta du débit requis dans le Parc national Wood Buffalo.
Ensuite, le Canada est clairement le principal responsable de la protection de l'habitat des poissons en vertu de la Loi sur les pêches, et de faibles débits peuvent, comme l'ont souligné mes collègues, détruire l'habitat des poissons.
À ce jour, le MPO a délivré des permis de DDP — c'est-à-dire des permis de détérioration, de destruction ou de perturbation de l'habitat des poissons — uniquement en ce qui concerne le processus qui consiste en fait à creuser des ruisseaux et des cours d'eau pour faire de l'exploitation en dessous, pour modifier le parcours d'un ruisseau, du moins pour ce que j'en sais. Je n'ai pas entendu parler du fait que le MPO délivrait des permis concernant les répercussions d'un débit plus lent dans la rivière Athabasca à cause d'une déviation de l'eau à ces fins industrielles.
En fait, j'ai entendu parler d'un seul cas de permis, le permis délivré à Albian Sands pour le projet Muskeg, qui prévoyait une restriction. Il s'agissait du permis concernant les structures physiques qui tiraient de l'eau de l'Athabasca. Le permis prévoyait un débit minimal au-delà duquel la société ne pouvait tirer de l'eau.
Je proposerais que le gouvernement fédéral et le MPO utilisent leur pouvoir et fassent de même avec tous les permis de DDP qu'ils délivrent et avec les autres permis délivrés concernant les sables bitumineux.
Troisièmement, Environnement Canada est responsable, sur le plan administratif, des dispositions de la Loi sur les pêches qui concernent les dépôts de substances dangereuses dans les eaux fréquentées par les poissons. Les tribunaux ont établi clairement que ces dispositions prévoient l'interdiction des fuites de matières dangereuses dans des eaux qui ne contiennent pas de poisson, mais qui finissent par se déverser dans des eaux qui contiennent du poisson. Il n'y a donc pas que les déversements directement dans les cours d'eau qui contiennent du poisson qui sont interdits.
Je suis fasciné par ce que j'ai entendu ce matin et ce que j'ai lu concernant le fait que les bassins de résidus ne fuient pas. Nous avons eu des preuves, ce matin, du fait que le bassin un de Suncor a fui pendant un certain nombre d'années, et je crois comprendre qu'il fuit toujours dans la rivière Athabasca.
Le rapport sur les eaux souterraines de Syncrude pour 2007 révèle que le bassin de résidus de la rivière Muskeg fuit dans le ruisseau Beaver. Il s'agit là non pas de données théoriques, mais bien de mesures publiées dans le rapport sur les eaux souterraines qui prouve que de l'eau suinte dans le ruisseau Beaver. Celui-ci se trouve dessous leur système de confinement. Il s'agit donc non pas seulement d'une donnée théorique utilisée pour une évaluation des répercussions environnementales, mais bien d'une fuite réelle qui a lieu sous un système de confinement.
D'après ce que je comprends, M. Shindler vous a probablement dit, hier, que des substances dangereuses pouvaient entrer dans les eaux de surface par des émissions atmosphériques. Nous aimerions donc qu'Environnement Canada renforce et applique les dispositions de la Loi sur les pêches qui concernent les matières néfastes.
Quatrièmement, la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale exige que le gouvernement fédéral procède à des évaluations des projets proposés d'exploitation des sables bitumineux, ce qu'on vous a répété à de multiples reprises, j'en suis sûr. Cette loi donne donc au gouvernement fédéral le pouvoir d'évaluer les projets avant qu'ils ne soient mis en oeuvre, en plus d'inclure des dispositions concernant la surveillance des projets, ce qui permet au gouvernement d'exiger des suivis à la suite de l'approbation des projets.
C'est à ce sujet qu'il y a certaines lacunes puisque les engagements pris pendant les audiences du comité conjoint d'examen ne sont pas, à l'occasion, respectés par les sociétés. Cela signifie que les fondements même sur lesquels le gouvernement s'appuie pour approuver un projet — le fait que certaines mesures d'atténuation seront prises — deviennent... Les mesures ne sont pas mises en oeuvre ou ne sont pas efficaces, mais personne n'effectue de suivi à ce sujet.
Notre document écrit mentionne d'autres dispositions législatives et d'autres pouvoirs, comme les dispositions concernant la paix et l'ordre ainsi que le bon gouvernement, selon lesquelles les compétences non attribuées en matière d'enjeux environnementaux de portée nationale, comme les eaux transfrontalières, relèvent du gouvernement fédéral.
Enfin, nous voulons souligner que le Canada possède une Politique relative aux eaux. Elle a été adoptée en 1987 et a comme stratégie et comme but louable de protéger les ressources canadiennes en eau et de favoriser une gestion liée à l'utilisation efficiente de l'eau. Parmi les stratégies énoncées dans la Politique relative aux eaux, il y a les pouvoirs du Canada de punir les pollueurs et d'encourager une gestion efficiente de l'eau par des moyens financiers et des règlements. La Politique relative aux eaux de 1987 traite aussi de la tarification de l'eau comme méthode de conservation de l'eau. Cette politique n'a pas été mise en oeuvre, mais elle peut tout de même être utilisée comme outil.
En conclusion, nous recommanderions que le gouvernement fédéral utilise les pouvoirs dont il dispose, y compris ses pouvoirs de dépenser et ses autres pouvoirs budgétaires, pour améliorer le rendement environnemental de l'exploitation des sables bitumineux. Nous demandons au gouvernement fédéral d'aller plus loin et de régler les enjeux liés à l'eau dans le secteur des sables bitumineux.
Je vous remercie de votre attention.
Je m'appelle Ken Chapman. Je représente aujourd'hui Mary Granskou, qui est à Vancouver avec le Conseil principal de la forêt boréale canadienne. Je suis de Cambridge Strategies à Edmonton, et je suis heureux de faire un exposé au nom de l'Initiative boréale canadienne.
D'après ce que nous avons compris, le comité s'intéresse plus particulièrement à la qualité de l'eau et à sa quantité.
Je vais vous parler brièvement de l'IBC. Il s'agit d'un organisme national qui adhère à la Convention de la conservation de la forêt boréale, un projet visant à appuyer la protection d'au moins la moitié de la forêt boréale du Canada et à pratiquer un développement durable de classe mondiale dans le reste du territoire dans le respect des droits des peuples autochtones. Cette vision est soutenue par des entreprises de premier plan de l'industrie des ressources, les premières nations et des organismes de conservation, dont bon nombre sont établis en Alberta.
Nous élaborons de vraies solutions. Nos entreprises forestières associées disposent de plus de 50 millions d'acres bénéficiant de la certification du Forest Stewardship Council, ce qui en fait des chefs de file à l'échelle mondiale. Nos sociétés pétrolières et gazières associées se sont engagées à apporter des améliorations au chapitre du rendement environnemental, social et technologique. Nos partenaires des premières nations élaborent des plans d'utilisation des terres qui équilibrent la protection et le développement durable des ressources. Nous collaborons avec des groupes environnementalistes afin de relever les normes de rendement environnementales. Nous établissons des protocoles d'entente avec les gouvernements, et nos partenariats englobent un large éventail de secteurs.
Nous croyons que la planification axée sur la conservation et l'établissement de grandes zones protégées interconnectées sont essentiels si l'on veut s'assurer que l'exploitation ne porte pas atteinte aux valeurs culturelles et écologiques là où elle a lieu. Nous croyons que la planification de la durabilité de la forêt boréale est la clé de la prospérité économique, de la vitalité culturelle et de l'intégrité écologique.
Toutefois, nous aimerions préciser dès le départ que ces approches exigent également une action immédiate si nous voulons relever les défis engendrés par le changement climatique. Nous reconnaissons que, sans une intervention nationale et mondiale en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (y compris des améliorations considérables au chapitre du rendement du secteur de l'énergie), rien ne va plus. Bien que le présent exposé porte sur la gestion des répercussions sur la terre et l'eau, c'est dans ce contexte et avec cette mise en garde que nous formulons les observations suivantes.
Aujourd'hui, trois pays disposent encore de grandes terres forestières intactes, c'est-à-dire le Brésil, la Russie et le Canada. Parmi ceux-ci, la forêt boréale canadienne représente le quart des forêts naturelles restantes du monde et l'un des plus grands écosystèmes intacts de la planète. Le Canada a la responsabilité de protéger cette ressource mondiale envers toute la planète. Cette forêt est composée de 1,4 milliard d'acres et recouvre 58 p. 100 de notre territoire. Elle s'étend de Terre-Neuve au Yukon.
Les scientifiques demandent la création de zones protégées à grande échelle afin d'y préserver la faune et les autres éléments de l'environnement. Certaines régions de la forêt boréale, comme l'Alberta, ont un besoin crucial de protection. Par exemple, le caribou des bois est très vulnérable aux perturbations, et la population boréale est à la baisse dans cette province. Si on ne protège pas son habitat essentiel, cette espèce déjà menacée pourrait disparaître de la majeure partie de son territoire.
Maintenant, en ce qui concerne les répercussions des sables bitumineux sur l'ensemble de la forêt boréale, je dirais que, en Alberta, la forêt boréale recouvre environ 60 p. 100 des assises territoriales et compte pour la majorité des terres forestières de la province. La forêt boréale de l'Alberta représente un moteur économique pour la province et, bien sûr, pour l'ensemble du pays. Toutefois, le développement de cette région présente des défis de taille et engendre des répercussions considérables sur le climat, les écosystèmes boréaux, les collectivités locales et les populations animales.
Bon nombre de ces pressions découlent du rythme et de l'échelle sans précédents de l'exploitation des sables bitumineux de l'Alberta. La croissance importante de cette exploitation, combinée à l'exploitation habituelle du pétrole et du gaz ainsi qu'aux activités de l'industrie forestière nuit à la réalisation de nombreuses fonctions écologiques dans le nord de l'Alberta.
Après 41 ans d'extraction des sables bitumineux en Alberta, la vitesse de régénération des ressources est jusqu'à maintenant inférieure au taux de perturbation. Les répercussions que cette situation entraîne sur la quantité et la qualité de l'eau sont source de grandes préoccupations.
Il faut de toute urgence une solution qui permettrait de prendre de nouveaux engagements importants en matière de conservation des terres et des milieux humides ainsi que d'établir un système de réglementation général qui accorde la priorité tout d'abord à la planification proactive de la protection de l'air, de l'eau et des autres éléments de l'écosystème dans la région entourant les sables bitumineux. La priorité suivante serait la bonne santé et la durabilité des collectivités locales, plus particulièrement les collectivités autochtones. Troisièmement, on viserait à réduire l'empreinte écologique et à atténuer les répercussions de l'exploitation de façon à respecter les deux premières priorités.
Nous avons quatre recommandations pour vous. D'abord, nous recommandons au comité de soutenir la mise en oeuvre d'une stratégie intergouvernementale en matière d'eau à laquelle participeraient tous les gouvernements du bassin du fleuve Mackenzie, y compris le gouvernement fédéral.
Le Mackenzie est le fleuve le plus long du Canada, et son bassin hydrographique de 1,8 million de kilomètres carrés draine le cinquième du pays. Il constitue véritablement le coeur de la majeure partie du Nord du Canada. Les sables bitumineux sont situés dans les bassins hydrographiques des rivières de la Paix et Athabasca, qui constituent les eaux d'amont essentielles de l'ensemble du bassin du fleuve Mackenzie. Nos recommandations portent principalement sur les solutions aux répercussions de l'exploitation des sables bitumineux sur ce grand bassin hydrologique, puisqu'elles se font sentir dans toute la région, particulièrement dans les nombreuses collectivités autochtones situées en aval.
On a besoin d'une gestion intégrée efficace des ressources en eau comme celle qui a mené à la création du Conseil du bassin du Mackenzie et à l'entente-cadre sur les eaux transfrontalières du bassin du Mackenzie par le passé et qui guiderait les activités. Les membres de ce Conseil sont les Territoires du Nord-Ouest, le Yukon, la Colombie-Britannique, l'Alberta et la Saskatchewan. En 2008, les gouvernements des Territoires du Nord-Ouest et de l'Alberta ont signé un protocole d'entente sur le développement économique dans lequel la gestion de l'eau et de la faune sont mentionnées comme deux priorités.
Le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest a incité les premières nations et les collectivités en général à concevoir une stratégie transfrontalière relative à l'eau du bassin Mackenzie. Environnement Canada y a contribué sur le plan financier.
Le gouvernement fédéral doit devenir un chef de file de ce processus. Comme vous le savez, le Canada a des responsabilités constitutionnelles particulières ayant trait aux pêches, aux eaux navigables, aux oiseaux migrateurs et aux collectivités autochtones, mais il est également le gouvernement supérieur assumant la responsabilité des répercussions environnementales touchant plusieurs provinces et territoires. Le gouvernement canadien se doit de participer à ce projet et d'être prêt à assurer la défense des intérêts nationaux, c'est-à-dire la propreté de l'eau, la qualité de l'environnement ainsi que la santé et la durabilité des collectivités autochtones, au moyen de ce processus.
Notre seconde recommandation concerne le fait que le comité devrait soutenir la mise en oeuvre de crédits de conservation en fournissant des ressources financières fédérales, principalement dans le but d'appuyer les propositions relatives aux crédits soumises par les premières nations.
Les approches actuelles en matière de remise en état et de gestion des terres dans la région de sables bitumineux ne se sont visiblement pas montrées à la hauteur des attentes du public, tandis que les responsabilités environnementales s'accumulent rapidement. Nous éprouvons le besoin urgent de mettre sur pied de nouveaux outils et de nouvelles approches afin de remédier aux dizaines d'années de retard que nous avons pris à amorcer la remise en état tout en relevant de façon proactive les défis liés aux nouvelles exploitations.
Depuis le début de 2008, l'IBC collabore avec les premières nations, l'industrie et d'autres parties intéressées à la mise en oeuvre de crédits de conservation comme outils de réglementation dans le but de réduire les répercussions de l'exploitation industrielle dans la région des sables bitumineux. À la suite de la publication d'un rapport et des ateliers qui ont suivi, nous avons conclu que les crédits de conservation devaient être envisagés comme moyen de réduire les écarts entre l'empreinte écologique croissante découlant du développement en Alberta et les besoins non comblés en matière de conservation et de remise en état de la forêt boréale. Les crédits de conservation constituent des mesures de compensation qui peuvent être utilisées pour compenser l'empreinte écologique laissée par les industries par la protection de zones de valeur biologique égale ou supérieure.
Dans le cadre d'une stratégie complémentaire qui exigerait l'augmentation marquée du nombre de nouvelles zones protégées et de conservation; des mesures d'atténuation et de surveillance de pointe visant à protéger la terre, l'air et l'eau; l'édiction et l'application de normes de remise en état plus sévères et de limites concernant l'importance de l'empreinte écologique liée à l'exploitation; et le traitement équitable des collectivités touchées, les crédits de conservation constituent un outil qui peut véritablement servir à limiter l'empreinte laissée par les industries et aider à préserver la biodiversité au sein de la forêt boréale de l'Alberta. Dans un tel contexte, les crédits de conservation peuvent représenter une méthode rentable et efficace pour garantir de bons résultats au chapitre de la conservation, pour aider les sociétés à consolider leur approbation sociale, et pour contribuer à la gestion des risques pour leur réputation.
En fait, en Alberta, il est dit, dans le cadre d'aménagement du territoire, qui est la Land Stewardship Act de l'Alberta, et dans les plans relatifs aux sables bitumineux, que les crédits de conservation sont un outil de gestion des terres qui contribuerait à atteindre les résultats souhaités au chapitre de la conservation dans le cadre du processus de planification régionale.
Le gouvernement fédéral a un rôle à jouer dans la promotion des crédits de conservation, soit d'offrir un soutien financier. Il serait juste de comparer cette recommandation à l'entente sur la forêt pluviale du Grand Ours en Colombie-Britannique, dans le cadre de laquelle Ottawa a investi 30 millions de dollars, tout comme la Colombie-Britannique, ce qui a permis d'amasser 120 millions de dollars pour l'exécution d'un plan de conservation et d'exploitation respectueuse de l'environnement.
Nous recommandons troisièmement au comité de soutenir la création des zones protégées dans la région entourant les sables bitumineux et dans la région plus générale du bassin du fleuve Mackenzie.
En raison du volume et de l'importance de l'extraction des sables bitumineux, la réussite des mesures visant à atténuer les répercussions de l'exploitation auront une grande incidence sur l'intégrité du bassin du fleuve Mackenzie en tant que tel. La capacité du Canada de respecter cette entente internationale et son image à l'échelle mondiale sont en jeu.
Les zones protégées constituent un élément clé des mesures essentielles liées aux crédits de conservation. Elles sont essentielles au maintien des processus écologiques régionaux, à la protection des exemples représentatifs de collectivités écologiques autochtones, et à la préservation de la biodiversité indigène. Si on les choisit de façon appropriée, les zones protégées peuvent constituer des points de référence pour les stratégies qui visent à garantir une gestion durable dans la région tout en préservant l'intégrité écologique. Elles peuvent également constituer une occasion de diversification de l'économie locale et régionale, et bon nombre de ces retombées risquent de favoriser les collectivités locales.
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Merci, monsieur le président. J'aimerais vous remercier, ainsi que tous les membres d'avoir invité la CEMA à comparaître devant votre comité.
Pendant la période qui m'est allouée, je chercherai à communiquer au comité tous les efforts et les bons résultats obtenus par la CEMA et qui ont contribué à la prospérité des promoteurs et des organismes de réglementation des sables bitumineux, ainsi qu'aux citoyens de l'Alberta et du Canada.
La CEMA est une association multilatérale sans but lucratif dont le siège est situé à Fort McMurray. Elle dispose d'un budget d'environ 8,5 millions de dollars et oriente ses efforts sur des recherches et des études examinant les effets environnementaux cumulatifs de l'exploitation des sables bitumineux. Nous accomplissons cette tâche par l'entremise de cinq groupes de travail. Les groupes de travail se penchent sur des questions atmosphériques, terrestres et hydriques, et se penchent également sur les enjeux humains. Nous avons un comité consultatif sur les connaissances environnementales traditionnelles ainsi qu'une table ronde autochtone. Ces groupes de travail sont composés de spécialistes techniques provenant de nos organismes membres, ainsi que de spécialistes provenant d'organismes non membres, qui nous aident à nous attaquer à certaines de ces grandes questions. C'est une tâche imposante, et nous nous appuyons sur ces bénévoles pour nous aider à l'accomplir.
L'engagement parfois particulièrement exigeant sur le plan temporel de cette tâche limite la participation de certains membres de la CEMA, ce qui mène à certaines frustrations. La CEMA compte 46 membres, que nous appelons le conseil de la CEMA. Il inclut des représentants de l'industrie, de différents ordres de gouvernement — les administrations municipales et les gouvernements fédéral et provinciaux —, les premières nations et les groupes autochtones et les ONGE. Les organismes fédéraux suivants sont représentés au conseil de la CEMA: Santé Canada, Environnement Canada, Pêches et Océans Canada, Ressources naturelles Canada et l'Agence canadienne d'évaluation environnementale.
La Stratégie régionale de développement durable élaborée par Alberta Environment pour la région des sables bitumineux de l'Athabasca oriente le travail de la CEMA. Cette stratégie a été élaborée pour fournir un cadre de gestion des effets cumulatifs et pour veiller au développement durable dans la région des sables bitumineux. À l'époque, 72 enjeux environnementaux ont été relevés et classés par ordre de priorité. La CEMA s'est vu confier l'étude d'une partie de ces enjeux et, à l'heure actuelle, elle se penche sur 27 d'entre eux.
Depuis sa création, la CEMA a transmis aux organismes de réglementation tant fédéraux que provinciaux huit cadres importants. Nous avons transmis un manuel de remise en état du milieu et un manuel sur les milieux humides. Pendant l'élaboration de ces documents, la CEMA a produit plus de 200 rapports et accumulé bon nombre de bases de données liées aux questions de fond pertinentes. La majeure partie de cette information est accessible sur notre site Web, et nous vous encourageons à visiter notre site et à utiliser l'information.
Au cours des 18 derniers mois, la CEMA a dû faire face à un certain nombre d'obstacles en raison du retrait de membres provenant de premières nations et d'ONGE. Ces débats pourraient être considérés comme étant complètement négatifs, mais, en réalité, cela a lancé la balle dans le camp de la CEMA pour qu'elle réagisse aux préoccupations dont ces groupes ont fait part en quittant l'organisation.
La gestion d'un organisme multilatéral pose de nombreux défis; la manière dont la CEMA réagit et gère cette organisation multilatérale pourrait contribuer de manière importante à de futurs projets. Nous relèverons le défi continuel qui consiste à établir ce réseau et à le rendre viable et efficace.
La CEMA a fait l'objet de trois examens menés par de tierces parties au cours des dernières années. Les résultats de ces examens sont tous à la disposition du grand public sur notre site Web.
Récemment, le conseil du CEMA, par l'entremise de son comité de gestion, a organisé une journée de réflexion pour discuter des questions soulevées dans ces examens. Il est intéressant de souligner que la plupart des recommandations étaient dirigées non pas vers la CEMA elle-même, mais plutôt vers les organismes de réglementation et la manière dont ils interagissent avec l'association.
Le comité de gestion de la CEMA, avec l'approbation du conseil, est en train d'examiner la manière dont la CEMA pourrait être réorganisée pour devenir plus efficace, plus efficiente et plus attrayante de façon à donner envie aux organisations d'y participer et, dans le cas de celles qui nous ont quitté, d'y revenir. J'affirme cela parce que l'un des principaux messages que nous avons reçus de tous les organismes qui ont quitté la CEMA, c'est qu'ils laissaient tous la porte ouverte. Ils ont fait part des changements qu'ils aimeraient voir apporter et ont mis la CEMA au défi.
Récemment, la CEMA a également joint l'équipe d'un comité de réglementation mixte fédéral-provincial — au cours des prochains mois, d'ici la fin de l'année — pour examiner cette réorganisation de l'association et pour formuler des recommandations à ses membres sur la manière dont cette réorganisation pourrait se dérouler, parce que seuls les membres de la CEMA peuvent entreprendre ce changement.
La CEMA est comme n'importe quel autre organisme sans but lucratif. Elle s'appuie sur le financement externe. À ce jour, c'est l'industrie qui a fourni la plus grande partie de ce financement, et c'est à la fois une bénédiction et une malédiction. D'une part, c'est une bénédiction parce qu'il s'agit d'une forme de financement relativement stable, que nous avons reçu de manière régulière. D'autre part, c'est une malédiction parce que, quand la majeure partie de votre financement provient d'une seule et même direction, il existe une perception selon laquelle son influence est plus importante qu'elle ne l'est en réalité.
Dernièrement, je me suis rendu à Ottawa pour rencontrer les cinq organismes fédéraux qui sont membres de la CEMA pour leur dire que l'association a besoin de leur aide dans deux domaines. D'abord, il faut qu'ils prennent une part très active à la réorganisation de la CEMA pour la rendre plus efficace, ce qui suppose un degré de participation plus élevé dans nos comités de gestion, nos membres ainsi que dans nos groupes de travail. Assurément, quand l'expertise se trouve à Ottawa et que les réunions se tiennent à Fort McMurray, Edmonton et Calgary, des obstacles financiers se posent, mais nous sommes convaincus que c'est très important, et nous avons communiqué ce message.
L'autre partie du message était la suivante: en cette période d'incertitude économique pour l'industrie pétrolière, il y a lieu de se demander si l'industrie continuera à appuyer la CEMA dans la même mesure qu'elle l'a fait jusqu'ici, ou si l'association devra s'appuyer sur d'autres sources de financement, provenant plus particulièrement des organismes gouvernementaux fédéraux et provinciaux, pour pouvoir poursuivre son mandat.
Au cours des deux dernières années, le gouvernement provincial a saisi la balle au bond et a octroyé un montant considérable à nos budgets annuels. À ce jour, les contributions fédérales ont été plutôt minimales. Cependant, nous étions très heureux d'annoncer tout récemment que le ministère des Pêches et Océans nous a beaucoup aidés en prenant la charge du financement de quelques-uns de nos projets et en fournissant également un soutien en nature à l'une de nos principales études sur les pêches, équivalant à un soutien total de 350 000 $.
De plus, pour réagir en partie à certaines des critiques à l'égard de la CEMA, de la transparence dont elle fait preuve et de son lourd processus décisionnel, le conseil de l'association a adopté deux nouvelles politiques en une très courte période au cours des derniers mois. Nous avons maintenant une nouvelle politique de prise de décisions fondée sur un modèle consensuel, portant principalement sur les recommandations que la CEMA formule à l'intention des organismes réglementaires. Et en ce qui concerne bon nombre de questions de procédures internes, nous fonctionnons maintenant davantage au vote de la majorité.
Cette dernière mesure vise non pas à diminuer l'importance de qui que ce soit autour de la table ou à chercher à cibler des groupes, mais plutôt à être plus efficace. L'une des critiques que la CEMA a essuyées à la suite de la phase un de l'étude sur la norme de débit minimale, était que nous ne respections pas les échéances, que nous ne faisions pas notre travail. Je vois la chose autrement: nous avons enfin réalisé les limites des groupes multilatéraux. Et plutôt que de continuer à se taper sur la tête quand nous avons réussi à faire 95 p. 100 du travail, nous avons décidé que c'était à l'organisme de réglementation de prendre la décision finale. Alors remettons le produit final aux organismes de réglementation et laissons-les prendre cette décision. Mais cette décision était fondée sur du travail accompli à 95 p. 100 par la CEMA. C'est elle qui a mené la recherche; elle a mené les études qui ont contribué à cette décision.
L'une des choses qui semblent avoir échappé à l'attention de tous ce matin est le fait que CEMA coordonne l'étude de la phase deux. C'est nous qui avons eu à recueillir le financement nécessaire pour mener cette étude. Nous avons dû changer certaines de nos politiques internes pour permettre la participation de groupes comme le Fonds mondial pour la nature, parce que nous avions une politique selon laquelle vous ne pouviez participer si vous n'étiez pas membre.
Alors, nous sommes en train de changer. Nous cherchons à trouver des solutions pour que ce groupe multilatéral réagisse de manière plus efficace.
Nous venons également de parachever une politique de diffusion de l'information grâce à laquelle la majeure partie de l'information dont la CEMA dispose, y compris les rapports, les bases de données, et ainsi de suite, sera diffusée. Il y a certaines restrictions, parce que nous ne sommes pas autorisés à diffuser certains éléments d'information. Par exemple, nous avons recueilli une assez bonne quantité d'information sur les connaissances environnementales traditionnelles de divers groupes des premières nations, avec lesquels nous avons conclu des ententes ayant force obligatoire selon lesquelles nous pouvons diffuser cette information sans leur approbation.
Cette politique de diffusion de l'information, menée sous l'égide de membres de l'industrie, ne vise pas à recouvrer les coûts de ces études. Si l'information sert à de la recherche, que ce soit par une ONG, un institut de recherche ou un organisme gouvernemental, nous devrions être disposés à diffuser ces données. L'unique restriction est la suivante: si cette information devait servir à une entreprise commerciale, alors la CEMA pourrait saisir l'occasion de recouvrer une partie de ses coûts.
En ce qui concerne l'eau, la plupart des enjeux liés à l'eau dont la CEMA a la charge sont examinés par notre groupe de travail sur les eaux de surface; il concentre principalement ses efforts sur les enjeux de la Stratégie régionale de développement durable liés à l'eau. Parmi les enjeux relatifs à la quantité d'eau de surface, on porte une attention particulière à garantir la santé de l'écosystème aquatique et la conservation des usages socio-économiques du cours inférieur de la rivière Athabasca.
On prévoit que la version préliminaire du rapport final sera achevée d'ici la fin de l'année. Il sera formulé en une recommandation à l'intention du gouvernement, et nous espérons qu'elle ira de l'avant en 2010.
L'occasion de créer un groupe multilatéral pour aborder des enjeux épineux est unique, et je pense que le fait qu'il y a toujours 46 organismes assis autour de la table en train de chercher des solutions à ces problèmes indique que nous avons franchi une étape importante. Oui, les organismes...
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Je vais donc pouvoir parler à un rythme raisonnable. C'est très bien.
C'est probablement moi qui devrais commencer, monsieur le président. Le point de vue que j'ai à exprimer semble un peu plus général que celui de ma collègue.
Merci de m'avoir invité. J'insisterai d'abord sur le fait que je viens témoigner à titre personnel. L'Institut canadien du droit des ressources ne prend habituellement pas position sur les questions relevant des politiques gouvernementales; le point de vue exprimé par son personnel professionnel demeure donc un point de vue personnel.
Avant de m'attaquer au sujet, je dirais que mes observations se limiteront ici à deux choses: premièrement, les problèmes transfrontaliers pouvant découler de la mise en valeur des sables bitumineux; et, deuxièmement, certaines des conséquences intergouvernementales des approches nouvelles qu'appliquent les provinces à la gestion des ressources naturelles particulièrement en ce qui concerne les sables bitumineux.
Je vais d'abord parler très brièvement de la première question. Le rôle du gouvernement fédéral dans la gestion des eaux transfrontalières est une question qui intéresse votre comité, il me semble, sous deux aspects tout au moins.
Premièrement, pour parler du cours inférieur de la rivière Athabasca, son bassin versant fait partie, bien entendu du grand bassin du Mackenzie. Si on essayait de voir la question dans son ensemble en songeant aux facteurs de stress qui influeront vraisemblablement sur le bassin durant les années à venir, particulièrement à la lumière des impacts possibles des changements climatiques, il me semble qu'on est inévitablement frappé par plusieurs choses: premièrement, la très grande déférence dont le gouvernement fédéral a fait preuve au moment de négocier l'accord intergouvernemental sur le Mackenzie; deuxièmement, la faiblesse de l'accord lui-même en conséquence; et, troisièmement, le bilan — médiocre, à nos yeux — des administrations quand il s'agit de conclure les accords bilatéraux nécessaires pour donner corps à l'entente maîtresse.
En somme, le gouvernement fédéral a d'importants intérêts en jeu et doit clairement prendre la situation en main, après avoir renoncé à agir, essentiellement, depuis 30 ans.
Le comité voudra peut-être se pencher sur une deuxième question transfrontalière. Il s'agit du recours aux aquifères salins profonds qui se trouvent à cheval entre les États-Unis et le Canada, ce qui met en jeu les intérêts du Canada. L'idée est de capter et de stocker le carbone. Cela n'a rien d'une hypothèse gratuite. Il existe réellement des formations transfrontalières qui présentent un intérêt sur ce plan dans la partie sud de la province.
Encore une fois, le gouvernement fédéral a clairement un intérêt à défendre en rapport avec ces aquifères-là, mais les lois actuelles ne laissent pas voir clairement un élément déclencheur qui permettra au gouvernement fédéral d'engager une évaluation environnementale là-dessus. Tournons la question autrement: là où il est question d'eaux transfrontalières, le gouvernement fédéral abandonnerait-il simplement la question à la province?
Pour parler maintenant de la deuxième question que j'ai évoquée au début de mon exposé, je voudrais parler brièvement de la façon dont on peut s'y prendre pour concilier la nature des responsabilités constitutionnelles du gouvernement fédéral et les impératifs associés aux approches modernes de gestion des ressources naturelles.
Selon moi, on peut résumer comme suit le défi que doit relever le gouvernement fédéral à ce chapitre. Notre Constitution confère au gouvernement fédéral, en matière de gestion des ressources naturelles, un rôle qui se veut fort à certains égards, mais fait encore plus important, le rôle en question est clairement délimité. Il porte sur un nombre relativement restreint d'intérêts — par exemple les pêches et les eaux navigables.
En comparaison avec cela, l'assise provinciale dans ce champ de compétence est très large. De ce fait, on ne conteste pas sérieusement l'idée que les provinces devraient, de manière générale, prendre en main la gestion de leurs propres ressources naturelles. Ce qui cause encore plus de difficultés, c'est la façon dont les régimes de gestion des ressources naturelles sont structurés pour reconnaître à la fois la prédominance de l'autorité provinciale et, néanmoins, les responsabilités constitutionnelles du gouvernement fédéral, tout en permettant que des décisions efficaces soient prises en rapport avec la mise en valeur des ressources.
Parmi les outils principaux utilisés pour intégrer les préoccupations du gouvernement fédéral au processus de gestion des ressources naturelles au cours des dernières décennies, il y a, bien entendu, l'évaluation environnementale. Au fil des ans, la coopération fédérale-provinciale en la matière a permis au gouvernement fédéral d'intégrer ces idées à l'approbation de projets particuliers qui relèvent essentiellement de la province. La valeur des évaluations environnementales ne fait aucun doute; cependant, ces dernières années, les limites des analyses portant sur de tels projets particuliers sont de plus en plus reconnus, particulièrement en ce qui concerne la reconnaissance des effets cumulatifs.
Dans une certaine mesure, l'évaluation environnementale en elle-même a été adaptée de manière à tenir compte des effets cumulatifs. Cependant, de façon plus générale, on s'active aussi à créer différents procédés pour prévoir le coup indépendamment de l'évaluation environnementale.
Parfois, ce sont des procédés sectoriels, par exemple la stratégie « Water for Life » de l'Alberta. Parfois, c'est de portée plus large, par exemple le cadre d'aménagement du territoire de l'Alberta, qui fait l'objet d'un projet de loi déposé récemment à l'assemblée législative. Ces nouvelles initiatives se distinguent d'abord et avant tout par la reconnaissance de deux principes fondamentaux: premièrement, l'aménagement idéal prend pour échelle le territoire lui-même, de sorte que toutes les interactions entre les humains et le milieu naturel sont prises en considération; et, deuxièmement, les exercices de planification doivent être fondés sur le lieu, de manière à tenir compte des conditions uniques de l'endroit dont il s'agit et d'ouvrir donc la voie à une contribution locale importante.
Ce sont des approches qui contraignent le gouvernement fédéral à relever un défi: si, pour être efficace, la planification doit avoir le territoire comme échelle et le lieu comme orientation, comment concilier cela avec l'objectif fédéral, qui, lui , est essentiellement sectoriel du point de vue de l'échelle — qu'il s'agisse de protéger les pêches ou les eaux navigables, par exemple — et essentiellement national du point de vue de l'orientation?
L'approche adoptée dans le cours inférieur de la rivière Athabasca recèle une façon possible de relever ce défi-là; c'est-à-dire que, pour défendre les intérêts fédéraux en la matière — dans le cas qui nous occupe, il s'agit surtout du poisson et de l'habitat des poissons — de façon ponctuelle et, au départ, dans le contexte de la CEMA et, par la suite, au moyen d'un accord-cadre fédéral-provincial sur la gestion des eaux. Je ne m'attarderai pas au mérite de la CEMA ou du cadre en question pour l'instant, même si je crois que ma collègue le fera, elle, mais je soulignerai que même la CEMA s'interroge sur le rôle qu'elle peut jouer en rapport avec les exercices de planification provinciaux associés au nouveau cadre d'aménagement du territoire prévu dans la loi de mise en oeuvre en question.
Sur ce point, je crois que le comité pourrait dispenser des conseils utiles sur la façon dont le gouvernement fédéral devrait adapter, à la lumière des nouvelles approches provinciales en question, le rôle qu'il est appelé à jouer en matière de gestion des ressources naturelles.
Merci beaucoup.
Bien entendu, je ne représente pas l'Université de Calgary non plus. Les idées que je vais défendre m'appartiennent.
Mon exposé portera sur deux grandes questions. Je parlerai de l'importance de prévoir dans la loi un mécanisme d'exécution efficace en ce qui concerne le cadre de gestion des eaux, le besoin en matière de débit, et le système de gestion des eaux dans le cas du cours inférieur de la rivière Athabasca. C'est ce qu'évoquait mon collègue — à savoir un des accords en question et l'existence d'un tel mécanisme.
De même, je ferai valoir brièvement à quel point il importe d'avoir une politique efficace en matière de milieux humides pour la forêt boréale du Nord, là où il y a l'exploitation des sables bitumineux et les activités in situ, et en quoi l'industrie des sables bitumineux, ainsi que l'industrie pétrolière et gazière, a réussi à faire obstacle à une politique qui faisait l'objet d'une recommandation consensuelle au gouvernement.
Pour ce qui est de la première question, celle du cadre de gestion des eaux, vous le savez probablement pour avoir lu d'autres mémoires: l'exploitation des sables bitumineux exige une très grande quantité d'eau. Plus les projets du genre prendront de l'ampleur, plus il faudra d'eau, ce qui accroîtra l'impact sur la rivière Athabasca. Pour essayer de régler les problèmes entourant la quantité d'eau, le ministère des Pêches et Océans et le ministère de l'Environnement de l'Alberta ont mis au point le cadre de gestion des eaux, qui, entre autres, détermine le besoin en matière de débit dans le cours inférieur de la rivière Athabasca et expose les mesures de gestion de l'eau des industries qui s'en servent pour exploiter les sables bitumineux.
Selon le mécanisme principal prévu dans le cadre, les cours d'eau se classent dans trois « zones » — vert, jaune et rouge — pour chaque semaine de l'année. Jusqu'à maintenant, en 2009, le ministère albertain de l'Environnement a émis trois avertissements de « zone jaune ». Les mesures de gestion associées à la zone jaune et à la zone rouge peuvent faire entrer en scène tous les deux une autorisation relevant de la Loi sur les pêches, dans la mesure où le prélèvement ponctuel ou cumulatif de l'eau cause une détérioration, une destruction ou une perturbation de l'habitat du poisson comme on l'envisage au paragraphe 35(1) de la Loi sur les pêches.
De même, selon le cadre, là où le débit limite l'approvisionnement en eau, les utilisateurs industriels doivent restreindre cumulativement leurs prélèvements en fonction des cibles établies, puis partager la quantité d'eau résiduelle, pour que chaque industrie en obtienne pour poursuivre ses activités.
Cependant, pour protéger le débit, il faut impérativement que les utilisateurs du domaine des sables bitumineux respectent au minimum les mesures de gestion de l'eau prévues dans le cadre. Selon certains, les normes de débit minimales auraient pu être plus élevées.
Je soulève la question suivante: qu'est-ce qu'il y a en place pour assurer la conformité avec les règles? La loi albertaine sur l'eau n'oblige nullement les industriels détenteurs du droit de prélever l'eau à se conformer aux règles. Il en était de même de la loi précédente. De fait, le droit de prélever de l'eau repose sur la notion de « premier en date, premier en titre » — et chaque utilisateur d'eau a le droit de prélever en entier la quantité d'eau qui lui est attribuée dans le permis, conformément aux conditions du permis en question.
Essentiellement, le cadre exige des industries qu'elles soient exemptées de la loi par un contrat qui les astreint à maintenir le respect des normes de débit minimales de la rivière Athabasca. Je soulève une autre question: qu'y a-t-il en place pour exiger que cette forme d'exemption contractuelle se fasse?
J'ai lu l'accord de 2008 conclu avec l'industrie. Je ne vois pas où cela serait même envisagé et je ne vois pas en quoi ce serait clairement un contrat exécutoire. De plus, aucune disposition législative n'impose le maintien de cet accord volontaire.
D'autres éléments ont été vantés comme étant des mesures de protection réglementaires. Par exemple, certaines conditions sont rattachées aux permis d'utilisation de l'eau. Si vous y regardez de plus près, vous remarquerez toutefois que les conditions sont différentes d'un permis à l'autre. Dans certains cas, ce sont des arguments juridiques qui m'apparaissent spécieux, dans le sens où les conditions ont été rattachées à un permis déjà délivré, et je ne sais pas très bien si le gouvernement pourrait vraiment les faire respecter.
De toute manière, dans d'autres secteurs, la province a fait valoir qu'elle n'allait pas faire respecter de telles conditions — je parle ici du bassin hydrographique de la rivière Saskatchewan Sud, un autre bassin —, à moins que le permis ait été délivré après 2005. L'idée de s'en remettre aux conditions rattachées aux permis ne m'inspire certainement pas confiance.
Bien entendu, il y a la Loi sur les pêches et l'obligation d'obtenir une autorisation sous son régime dans la mesure où les prélèvements cumulatifs ou, j'imagine, individuels causent une détérioration, une destruction ou une perturbation de l'habitat, ou DDP. Cependant, cela me paraît causer de réelles difficultés aussi. Étant donné qu'on ne pourra ramener un problème à un seul permis, il sera difficile de déterminer qui est responsable de la DDP en question. De toute manière, le gouvernement fédéral pourra toujours autoriser l'activité, ce qui n'aurait pas pour effet de protéger nos débits.
Enfin, dans l'accord, dans le cadre lui-même, il est dit que cela ne s'applique pas aux permis d'utilisation de l'eau accordés avant 1977, étant donné que c'est à ce moment-là que les dispositions relatives à la DDP ont été inscrites dans la Loi sur les pêches. Les permis accordés avant 1977 sont ceux de Suncor et de Syncrude, tout au moins celui de Suncor, et ils représentent environ 75 000 acres-pieds d'eau par année. Je ferai valoir qu'il n'y a pas vraiment, en droit, de raisons d'exclure ces permis-là de l'application de la loi; de fait, le MPO a publié par ailleurs une politique pour dire qu'il appliquera l'article 35 aux structures préalables à 1977. Je ne comprends donc pas très bien pourquoi on n'a pas modifié le cadre pour indiquer clairement qu'il s'applique aussi aux permis accordés avant 1977.
J'avance qu'il est dans l'intérêt public de le faire et, si nous souhaitons protéger la rivière, il faudra exercer un contrôle légal digne de ce nom sur les permis en question et maintenir l'accord complet avec l'industrie. Si l'industrie souhaite bel et bien respecter le cadre, comme elle le prétend le faire, elle ne devrait pas être malheureuse de telles dispositions législatives mises en place.
La deuxième question dont je souhaite parler brièvement, c'est celle de la politique provinciale des milieux humides. Depuis 1993, l'Alberta applique une politique des milieux humides à ce que nous appelons la zone blanche de la province, la zone habitée de la province, si vous voulez, et non pas la forêt boréale où se fait l'exploitation des sables bitumineux. C'est une politique à perte nette nulle, c'est-à-dire que là où quelqu'un souhaite détruire ou perturber un milieu humide marécageux, d'après la politique en question, il doit en remettre un autre en état ailleurs.
Depuis 1993, le gouvernement essaie de mettre au point une politique globale des milieux humides qui s'applique non seulement à la zone blanche, la zone habitée de la province, mais aussi à la forêt boréale du Nord et à la zone de tourbières. En mai 2005, la province a adopté une mesure importante à cet égard. À ce moment-là, l'Alberta Water Council a reçu pour mandat d'élaborer une politique globale et de mettre sur pied une équipe chargée des milieux humides, dont je faisais partie. Je représentais l'Alberta Environmental Network.
Nous nous sommes réunis pendant trois ans. Nous avons tenu de nombreuses réunions, qui ont duré toute la journée. Il y avait une somme énorme de travail. Pendant cette période, le milieu des ONG a fait de nombreuses concessions pour qu'on puisse en arriver à un document consensuel au bout du compte, ce que nous avions, d'après ce que je croyais. De fait, après notre dernière réunion, les deux organismes représentant les intervenants du domaine gazier et pétrolier ont envoyé des lettres et soit ont nié qu'ils étaient d'accord avec le consensus, soit se sont retirés pour dire qu'ils n'acceptaient pas le document. Voilà où nous en sommes aujourd'hui, après trois ans.
Le document se trouve maintenant entre les mains du gouvernement provincial, mais nous n'avons toujours pas de politique des milieux humides, sauf pour dire que l'exploitation des sables bitumineux détruira ou a déjà détruit 80 000 hectares de tourbières. Comme vous le savez tous, j'en suis sûr, les tourbières en question, les milieux humides du Nord dont il est question, ont de nombreuses fonctions pour la qualité et la quantité d'eau à la fois, sans compter qu'ils assurent la santé de l'écosystème.
Je ne sais pas jusqu'à quel point vous êtes en mesure de faire cela — mais je ferais valoir qu'il faut vraiment mettre cette politique en place avant que d'autres projets soient approuvés. Mon espoir, c'est que la politique s'appliquerait à tous les projets à l'étude et que le gouvernement ne reporte plus l'échéance.
Merci.
Pour commencer, j'aimerais faire deux ou trois commentaires. Je vous remercie d'être venus ici.
Dans un premier temps, vous avez abordé la question de la capture et du stockage du carbone, les conséquences liées à l'orientation prise par le Canada et les États-Unis et certaines des préoccupations concernant les eaux transfrontalières.
Dans le monde, s'il y a deux pays qui misent sur la capture et le stockage du carbone, ce sont bien le Canada et les États-Unis qui, respectivement, ont fait des investissements massifs d'un peu plus de trois milliards de dollars et d'environ 3,5 milliards de dollars dans cette technologie.
En outre, grâce au dialogue sur l'énergie propre que le gouvernement fédéral a engagé avec l'administration Obama — nous progressons très rapidement pour nous préparer à la conférence sur les changements climatiques qui se tiendra à Copenhague en décembre, mais également pour harmoniser nos approches respectives —, le Canada et les États-Unis seront en voie d'atteindre de concert un certain nombre d'objectifs en matière d'environnement. Je suis persuadé que vous êtes au courant de cette initiative.
Je crois qu'on a demandé quelle était l'étendue du pouvoir du comité. Le comité effectue un voyage d'information. Lorsque nous retournerons à Ottawa, nous débattrons pendant trois jours de ce que nous avons entendu. Les membres du comité se réunissent deux fois par semaine. Le comité a un calendrier très chargé. Il est censé discuter des questions liées à l'eau et aux sables bitumineux à l'automne. Il se pourrait également que nous examinions ces questions plus tôt; nous verrons.
Nous espérons parvenir à un consensus. Si nous trouvons un terrain d'entente — chacun a son point de vue —, nous formulerons des recommandations. Le comité transmettra alors ses recommandations à la Chambre des communes, qui les soumettra à un débat. Ces recommandations pourraient être communiquées au gouvernement à des fins de changement.
Je ne souhaitais que répondre à votre question.
Je voudrais vous remercier tous les deux de vos exposés. Ils étaient très inspirants. Nous verrons où ils nous mèneront.
Merci.