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Merci, monsieur le vice-président.
C'est un plaisir de rencontrer les membres du comité ce matin. Je suis bien placé pour suivre votre visite des exploitations de sables bitumineux d'hier, ainsi que votre réunion avec la collectivité de Fort Chipewyan.
Je suis professeur de génie chimique à l'Université de l'Alberta, et je suis le directeur du Centre for Oil Sands Innovation — je vous ai apporté de la documentation à ce sujet. Ce matin, j'aimerais aborder brièvement deux questions qui me préoccupent particulièrement en tant que chercheur dans le domaine des sables bitumineux. La première question est de savoir si l'industrie des sables bitumineux peut utiliser de nouvelles technologies pour améliorer son rendement environnemental. La deuxième question est de savoir quels travaux de recherche sont nécessaires pour développer ce que l'on appelle des technologies transformatrices pouvant être utilisées dans le domaine des sables bitumineux.
En ce qui concerne la première question, le passé nous a démontré que cette industrie, dans laquelle d'énormes investissements frôlant les 10 milliards de dollars ont été faits, a été très innovatrice et disposée à accepter le changement. Les installations que vous avez survolées hier ne ressemblent en rien à ce que Suncor avait l'air en 1967 ou à ce que Syncrude avait l'air en 1978. Les activités ont été complètement transformées en raison des activités minières et des activités d'extraction. Ces transformations reposent sur la recherche et le développement, les essais pilotes et les innovations industrielles réalisés au Canada. Selon moi, l'industrie des sables bitumineux a démontré qu'elle est capable d'apporter des innovations techniques uniques dans toutes les industries canadiennes d'extraction des ressources.
Le principal moteur de ces changements a été les coûts. Au cours des deux dernières décennies, l'industrie s'est efforcée de réduire ses dépenses afin d'accroître sa rentabilité. Cela peut sembler étrange, mais en 1990, Suncor Energy a envisagé sérieusement de fermer sa division des sables bitumineux. Cette entreprise, parfois un des chouchous sur le marché boursier canadien, est présentement en train de racheter Petro-Canada. En 1990, l'entreprise a évalué la possibilité de mettre fin à ses activités dans le domaine des sables bitumineux parce qu'elles étaient peu importantes. À la place, elles ont adhéré au changement technologique, réorganisé leurs activités minières et leurs activités d'extraction et elles ont fait des sables bitumineux un centre de profit important.
L'autre chose qui motive ces entreprises pour les années à venir est la pression du public sur le plan environnemental. Je crois qu'il faut être réaliste par rapport aux mesures incitatives qui font que les entreprises acceptent les innovations et les changements technologiques. Les coûts sont toujours un facteur, la réglementation environnementale et les attentes du public sont, bien sûr, d'autres facteurs.
Je suis un chercheur universitaire. Je me soucie particulièrement de la recherche sur les innovations à long terme. Je ne m'intéresse pas tant aux technologies qui sont disponibles aujourd'hui qu'à ce qui est nécessaire en ce moment pour élaborer des technologies qui seront prêtes dans 5, 10 ou 15 ans. Les sables bitumineux de l'Alberta sont une énorme ressource stratégique, et ce serait une erreur de voir les choses uniquement à court terme; il est important de se préparer non seulement pour la prochaine année, mais également pour les décennies à venir.
J'aimerais vous parler brièvement du centre unique en son genre que je dirige à l'Université de l'Alberta, le Centre for Oil Sands Innovation. Il y a cinq ans, en 2003, l'intérêt international pour les sables bitumineux ne faisait que commencer à s'accentuer. L'industrie commençait à prendre de l'expansion et, à ce moment-là, le président d'Imperial Oil, M. Tim Hearn, a fait une proposition extraordinaire au président de l'Université de l'Alberta. Il a dit: « Nous avons besoin d'aide. Nous disposons d'importantes ressources dans le Nord de l'Alberta, mais nous ne croyons pas que la technologie actuelle est viable à long terme, nous souhaitons donc travailler avec vous pour faire de la recherche et du développement à long terme afin de trouver des technologies transformatrices pour les sables bitumineux ».
Lorsque je parle de technologies transformatrices, je parle de techniques d'exploitation minière dont les répercussions sur le paysage sont réduites, des technologies d'extraction qui n'utilisent pas une grande quantité d'eau douce provenant de la rivière Athabasca et qui n'entraînent pas la création de bassins de résidus ainsi que de la mise à jour des processus en vue de réduire la consommation d'énergie et les émissions de gaz à effet de serre.
Imaginez un président d'université confronté à un dirigeant de l'industrie qui lui demande de faire de la recherche fondamentale à long terme. Bien sûr, nous avons répondu oui sans hésitation. Nous avons travaillé à la mise sur pied d'un centre dont l'envergure est désormais nationale.
Pourquoi M. Hearn s'est-il présenté à l'Université de l'Alberta? Ce n'est pas uniquement parce qu'Edmonton est le grand centre le plus près des sables bitumineux. Grâce à l'appui du gouvernement du Canada par le biais du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, et aux partenariats avec des entreprises comme Syncrude et Suncor, l'Université de l'Alberta a réuni un groupe de professeurs exceptionnels capables de mener des recherches et d'innover dans le domaine des sables bitumineux. C'est donc l'investissement à long terme du gouvernement du Canada qui a permis de mettre en place des ressources scientifiques — les gens qui étaient en mesure de relever ce défi. Plus particulièrement, le programme de chaires industrielles et les programmes de partenariat du CRSNG ont été des éléments clés du développement de ces ressources à l'université.
Je suis fier de dire que depuis son ouverture officielle en 2005, le Centre for Oil Sands Innovation s'est développé et regroupe 20 projets différents dans le domaine de la chimie, de la biologie, de la physique et du génie fondamentaux. Le succès de notre collaboration avec Imperial Oil les a menés à renouveler leur engagement. Il nous accorde encore cinq ans de financement, soit 10 millions de dollars au total, parce qu'ils sont très satisfaits du succès obtenu au cours des cinq premières années de notre collaboration. En partenariat avec la province de l'Alberta et le gouvernement du Canada, nous entreprenons encore cinq ans de recherche sur les innovations dans le domaine des sables bitumineux.
Je suis très fier de l'Université de l'Alberta et de nos ressources scientifiques, mais lorsqu'il s'agit de défis de recherche aussi importants, nos ressources scientifiques sont restreintes. Nous avons donc établi un réseau de recherche sur les sables bitumineux dont font partie l'Université de la Colombie-Britannique, l'Université de Victoria et l'Université Queen's. Nous entreprendrons bientôt des projets en collaboration avec Ressources naturelles Canada, le Conseil national de recherches et l'Université d'Ottawa.
En ma qualité de directeur du Centre for Oil Sands Innovation, j'ai à relever un défi fascinant. J'enseigne à des professeurs au sujet des sables bitumineux et des défis qu'ils représentent et j'essaie de susciter leur intérêt et leur attention.
Les sables bitumineux de l'Ouest du Canada, présents en Alberta et en Saskatchewan, constituent une ressource de niveau mondial. Dans l'industrie des sables bitumineux, nous avons une étonnante capacité réceptrice pour les nouvelles technologies et les nouvelles idées, et nous avons d'excellentes bases en science et en génie pour faire de la recherche et du développement concernant les nouvelles technologies afin de pouvoir exploiter cette ressource de façon durable pour l'environnement.
J'aimerais vous remercier de m'avoir invité à témoigner ce matin, et j'espère pouvoir répondre à vos questions et discuter avec vous des innovations dans le domaine des sables bitumineux.
Merci beaucoup.
Le vice-président (M. Francis Scarpaleggia): Merci beaucoup, monsieur Gray.
Nous céderons la parole à Mme Guigard.
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Merci beaucoup, monsieur le vice-président.
Je remercie également les membres du comité de me permettre de témoigner aujourd'hui. J'ai un bref dossier dont j'espérais vous faire part sous forme de présentation PowerPoint. J'aimerais prendre le temps de vous présenter ce document, si vous me le permettez.
[Français]
Si vous me le permettez, je vais parler un peu en français.
[Traduction]
Je suis professeure à l'Université de l'Alberta au sein du groupe de génie de l'environnement du département de génie civil et de génie de l'environnement. Je vais axer ma présentation sur les questions environnementales liées aux sables bitumineux. Je crois que ces points ont été abordés lors de rencontres précédentes du comité, mais je pensais les passer en revue et brosser un tableau des technologies que nous examinons afin de résoudre certaines de ces questions environnementales.
Hier, vous avez pu constater de vos propres yeux une partie de cette information au cours de votre survol, et vous verrez que les sables bitumineux couvrent une très grande superficie. Les réserves connues sont importantes. La plupart d'entre elles sont accessibles par des techniques de récupération in-situ, mais environ 20 p. 100 de ces réserves sont présentement accessibles par l'exploitation à ciel ouvert. Ainsi, ce que vous avez vu hier était probablement des activités d'exploitation à ciel ouvert, et c'est là-dessus que j'aimerais m'attarder.
Quelles sont les trois questions environnementales liées à l'exploitation à ciel ouvert des sables bitumineux? Vous êtes ici aujourd'hui pour discuter de celle qui entoure l'utilisation de l'eau pour l'exploitation à ciel ouvert des sables bitumineux et l'exploitation minière des sables bitumineux. Mais la question des bassins de décantation y est directement reliée. Il y a également, comme l'a souligné M. Murray Gray, l'utilisation de l'énergie qui fait partie de ces questions environnementales. J'aimerais vous parler un peu de chacune de ces questions.
J'aimerais d'abord vous parler de l'utilisation de l'eau. Pour extraire le bitume des sables bitumineux, on utilise le procédé d'extraction à l'eau chaude. Il y a toujours eu un peu de confusion, je crois, concernant la quantité d'eau réellement nécessaire à l'extraction du bitume des sables bitumineux. Vous remarquerez que selon les chiffres que je vous donne, il faut de 12 à 13 barils d'eau par baril de bitume. Le processus nécessite cette grande quantité d'eau, mais de 80 à 90 p. 100 de cette eau est recyclée. Il faut de 2 à 4,5 barils d'eau douce pour compenser la perte de l'eau qui ne peut pas être recyclée. Je crois que ce sont des chiffres importants à examiner lorsque nous discutons des problèmes d'eau liés à l'exploitation des sables bitumineux.
Cela signifie que des quantités excessives d'eau douce doivent être puisées dans la rivière Athabasca. Les besoins en eau provenant de la rivière Athabasca continueront d'augmenter au fur et à mesure que le développement des sables bitumineux se poursuivra. La plupart de l'eau utilisée dans le procédé se retrouve dans les bassins de décantation. En raison de la politique des entreprises qui exploitent les sables bitumineux interdisant les rejets, l'eau n'est pas retournée dans l'environnement.
Le problème des bassins de décantation est directement lié à l'utilisation de l'eau.
[Français]
Je vais poursuivre en français.
Je veux parler justement des bassins de décantation, tailing ponds en anglais. Ceux-ci sont des structures que nous avons mises en place pour retenir les résidus de l'extraction. Ces résidus sont placés dans ces bassins de décantation, et après trois à cinq ans, les résidus forment ce qu'on appelle les résidus mûrs fins, qui sont constitués d'environ 30 p. 100 de solides, le reste n'étant pratiquement que de l'eau. Cette eau est très difficile à recycler car elle est emprisonnée dans les résidus.
Les résidus mettent très longtemps à se déposer, ce qui signifie que nos bassins de décantation resteront là pendant plusieurs années. Il faut aussi reconnaître qu'il y a à peu près 130 kilomètres carrés de bassins de résidus. Le chiffre qu'on entend souvent est 50 kilomètres carrés, mais le gouvernement de l'Alberta a refait ses estimations et on parle maintenant de 130 kilomètres carrés de bassins de décantation. Donc, ces bassins de résidus de décantation augmentent beaucoup. De plus, nous avons besoin de nouveaux bassins de décantation pour mettre les résidus de notre développement.
Vous avez constaté, malheureusement, le décès de plusieurs canards. Quand vous avez survolé ces bassins de décantation, vous avez remarqué qu'ils contiennent du bitume, qui reste du procédé qui n'est pas extrait. Il y a aussi beaucoup de sel et des composés toxiques comme les acides naphténiques, ainsi que d'autres composés tels que des métaux lourds.
La conséquence de la présence de ces composés, c'est que l'eau ne peut pas être rejetée dans l'environnement. Il faut garder cette eau, qui est présentement recyclée, mais elle ne peut pas l'être indéfiniment. Il faudrait traiter cette eau avec des moyens assez importants, afin de pouvoir continuer à l'utiliser dans le futur.
[Traduction]
J'aimerais poursuivre brièvement sur la question de l'utilisation de l'énergie. Je sais que ce n'est pas nécessairement la priorité, mais c'est une question environnementale importante que nous devons aborder.
L'énergie utilisée pour l'extraction, l'exploitation minière et la valorisation des sables bitumineux varie entre 0,7 et 1,3 gigajoule par baril de bitume. Si on fait le calcul, cela signifie qu'il faut l'équivalent en énergie d'environ 20 p. 100 d'un baril de bitume pour en produire un autre. Cela a pour conséquence d'augmenter les émissions de gaz à effet de serre, ce qu'on a pu observer avec l'augmentation du développement des sables bitumineux. Il faut vraiment penser à ce que nous pouvons faire pour atténuer ces problèmes environnementaux. Comme Murray Gray l'a souligné, nous devons élaborer de nouvelles technologies novatrices, une technologie qui se distingue ou une technologie transformatrice.
J'observe ces technologies de deux façons. Je regarde ces technologies à l'intérieur du paradigme — de la technologie que nous utilisons en ce moment — et à l'extérieur du paradigme, d'où nous pourrions réellement faire un bond en avant et étudier les nouvelles technologies qui transformeraient véritablement la façon de faire les choses dans l'industrie des sables bitumineux. De quoi avons-nous besoin pour parvenir à mettre en place ces nouvelles technologies, qu'elles soient à l'intérieur ou à l'extérieur du paradigme? Il y a des défis à relever. Par exemple, il y a une importante infrastructure, et vous l'avez tous vue lorsque vous avez survolé les sables bitumineux hier. Il y a une infrastructure très importante. Souvent, le commentaire que nous avons entendu à propos des technologies nouvelles et novatrices à l'extérieur du paradigme est que nous pouvons apporter des changements progressifs — des changements progressifs mineurs, mais qui sont certainement nécessaires, cela ne fait aucun doute.
Nous ne pouvons pas laisser tomber cette infrastructure du jour au lendemain pour laisser la place aux technologies transformatrices qui apporteraient de grands changements. Ainsi, ce que nous devons et pouvons faire, selon moi, est d'encourager la recherche de nouvelles technologies novatrices. Pour y arriver, nous devons élaborer des politiques qui favoriseront l'innovation et mettre en place une structure qui permettrait de développer ces technologies et de faire la preuve qu'elles vont au-delà de la recherche fondamentale.
Il faut donc faire un pas de plus, et mettre en place une structure afin que les technologies élaborées en laboratoire puissent être utilisées sur le terrain. Nous devons également continuer d'appuyer la recherche et le développement afin d'améliorer le procédé utilisé présentement. C'est un point très important. Nous devons faire face aux problèmes maintenant, mais nous devons également nous tourner vers l'avenir et élaborer des technologies transformatrices.
En résumé, j'aimerais dire qu'il y a des questions environnementales liées aux sables bitumineux que vous connaissez tous, mais qu'il faut croire qu'il est possible d'apporter des innovations et des améliorations durables — et pas seulement de petites améliorations, mais des améliorations importantes — et nous devons exploiter les sables bitumineux de façon plus responsable dans l'avenir.
Merci.
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Je parlerai des modifications apportées à l'approvisionnement en eau de la rivière Athabasca, plus particulièrement dans le bassin au complet, et des répercussions générales sur l'aménagement des eaux.
Je crois que je vais commencer par un résumé de base sur ce qu'est la science. Je ne sais pas si on vous a déjà parlé de ce qu'est la science, mais selon certains, la science consiste à formuler et à tester des hypothèses fondées sur des observations. En ce sens, les expériences sont importantes ou applicables, mais elles ont pour fonction de vérifier les observations et d'imposer des conditions contrôlées. Selon Richard Feynman, physicien récipiendaire d'un prix Nobel et écrivain à succès, de tous les sujets, la science seule renferme en elle-même la leçon du danger de croire à l'infaillibilité des plus grands professeurs de la génération précédente.
D'ailleurs, je peux également définir la science d'une autre façon. La science est la croyance en l'ignorance des experts. Je qualifierais cela en disant que c'est la croyance des experts en l'ignorance des experts.
Généralement, je dirais que la science est l'observation systématique de conditions et d'événements naturels dans le but de découvrir des faits les concernant et à partir desquels des explications sont formulées, et ensuite de poser des questions critiques dirigées, et de tenter d'y répondre, questions qui se fondent sur le désaccord évident entre le fait observé et les explications que nous avons formulées au préalable. Autrement dit, la science est un processus par lequel nous apprenons, et elle implique des essais continuels pour réfuter ce que nous croyons savoir, en posant des questions cruciales et en cherchant à y répondre de manière rationnelle.
La prochaine diapositive s'intitule « Qu'est-ce qui n'est pas de la science? » Ce qui n'est pas de la science, c'est tout ce qui n'implique pas la collecte de données et la tentative de formuler des explications générales sur ces données ou l'examen subséquent de telles explications préalables au moyen d'autres observations et de la formulation d'hypothèses. Ou bien ce qui n'est pas de la science, c'est tout ce qui est incorrect du point de vue scientifique et qui est quand même présenté comme irréfutable. Je dirais que le deuxième aspect représente ce que nous voyons beaucoup dans nos échanges aujourd'hui sur le plan de la science de l'environnement.
Je passe maintenant à d'autres sujets.
Voici le tableau 1 du mémoire que je vous ai remis. Essentiellement, il montre les variations de température et de précipitations dans le Nord de l'Alberta. La plupart des informations figurent en partie dans un document que M. Schindler et moi-même avons publié en 2006. Le message général, c'est que dans la plupart des centres du Nord de l'Alberta, ainsi que dans bon nombre des provinces de l'Ouest, on a remarqué des augmentations de température assez importantes depuis 1970 environ. J'ai choisi 1970 pour plusieurs raisons, que j'explique dans le mémoire.
En général, la tendance montre des augmentations importantes de température, des diminutions importantes des précipitations totales et généralement aucun changement ou des diminutions dans les chutes de pluie selon l'endroit où on se trouve. Si l'approvisionnement en eau vous intéresse, l'accroissement des températures et la diminution des précipitations sont fondamentales à ce chapitre.
La prochaine diapositive montre les variations dans l'accumulation de neige en hiver dans le Nord de l'Alberta. Encore une fois, ces tendances sont les mêmes dans les Prairies. En Alberta, nous vivons dans l'ombre pluviométrique des Rocheuses, et au bout du compte, une grande quantité de notre approvisionnement en eau provient du manteau neigeux de printemps, dont nous dépendons grandement. Comme vous pouvez le voir ici, le rouge indique les changements dans le nombre de jours par année où il y a de la neige au sol et les changements dans la profondeur absolue du niveau maximum d'accumulation de neige. La tendance générale, je le répète, c'est que depuis 1970, la plupart des endroits ont connu une diminution importante de la période au cours de l'hiver où il y a de la neige au sol et la profondeur totale de l'accumulation de neige. Encore une fois, si vous misez sur l'accumulation de neige en hiver pour produire beaucoup d'eau à la suite de la fonte des neiges au printemps et tous les écoulements et processus écologiques qui se produisent dans une rivière lorsque les accumulations de neige diminuent, vous pouvez vous attendre à des effets écologiques assez importants dans les eaux de surface.
Ce que je montre ici est le débit d'eau estival de la rivière Athabasca à Fort McMurray. C'est le graphique 1 du mémoire.
En général, comme vous pouvez le constater, il y a passablement de variations d'une année à l'autre, mais au bout du compte, la tendance depuis environ 1970 indique une diminution assez importante. Les Prairies ont connu une année humide en 1998. Essentiellement, d'une année à l'autre, on ne sait pas vraiment s'il y aura beaucoup d'eau ou très peu, mais comme je l'ai mentionné, la tendance est généralement à la baisse. Cette étude des tendances à long terme est probablement la première chose qu'on devrait essayer d'utiliser afin d'éclairer un certain plan qui s'appuie sur l'approvisionnement en eau.
Mme Griffiths parlera de la région de Cold Lake et des eaux souterraines, mais j'ai simplement pensé que je glisserais ceci dans mon exposé; ce n'est pas dans mon mémoire. Il s'agit de la rivière Beaver près de Cold Lake. C'est la rivière la plus importante dans cette partie du monde et c'est un bassin qui est indépendant dans la région du centre-est de l'Alberta.
Comme vous pouvez encore le constater, les variations du débit total de la rivière Beaver année après année sont importantes, mais essentiellement, au cours des 40 à 50 dernières années, la baisse a été très importante. Cela se voit beaucoup dans les lacs et les autres eaux de surface de la région. Beaucoup de lacs de la région ont un niveau considérablement bas.
Un autre élément que j'ai présenté dans mon mémoire, c'est ce qui se passe dans le bassin de la rivière Athabasca au niveau des sous-bassins. Ce que j'ai fait, et je l'explique dans le mémoire, c'est de prendre une série de points de prélèvement sur la rivière Athabasca et d'examiner les changements dans le débit de l'eau entre ces points. Quels sont les ajouts? Quelles sont les différences dans le débit à un point en aval par rapport à un point en amont? Cela se fonde sur l'hypothèse que ce changement dans l'eau correspond à l'eau qui est ajoutée à partir du bassin entre ces deux points.
Comme vous pouvez le voir, si on examine la rivière Sunwapta, l'affluent de la rivière Athabasca qui reçoit une certaine quantité d'eau s'écoulant des glaciers dans les Rocheuses, depuis le début des années 1970 jusqu'au milieu des années 1990, on constate en fait une augmentation de la quantité d'eau provenant du bassin hydrographique. Cela est causé par une augmentation de la fonte glacière.
À mesure que l'on descend vers Jasper, le débit n'a pas vraiment changé. Plus on descend dans le bassin et plus on s'éloigne des montagnes, plus la baisse dans la quantité d'eau qui provient du bassin est importante. Pour ceux d'entre vous qui ne connaissent pas vraiment la géographie du bassin de la rivière Athabasca, Hinton est situé à environ 80 kilomètres à l'est de Jasper, juste à l'extérieur des montagnes dans les contreforts du bassin de la rivière Athabasca. Le bassin situé en aval de Hinton comprend 94 p. 100 de la surface totale du bassin.
Cette analyse montre que pour tous les points entre Hinton et Fort McMurray, la quantité d'eau provenant du bassin et qui se jette dans la rivière a diminué d'environ 50 p. 100 depuis le début des années 1970 jusqu'aux années 2001 à 2005.
Je viens de brosser un tableau de la situation qui prévalait et de la façon dont elle a évolué quant au changement climatique et de l'approvisionnement en eau. Si on se tourne vers l'avenir, des projets sur le changement climatique sont en cours à l'Université de Victoria. L'université a créé l'un des principaux modèles de circulation mondiale qui prédisent les changements de température à venir dans la plupart des régions du Canada. Ce que j'ai fait ici, c'est résumer les résultats de 10 modèles régionaux pour les provinces de l'Ouest. Il indique l'ampleur des changements de température prévus en fonction de l'un de ces modèles. Comme vous pouvez le constater, on s'attend à ce qu'au XXIe siècle, la température dans les provinces de l'Ouest augmentera de 6,5 degrés en moyenne.
Le graphique suivant montre ce que cela signifie sur le plan du changement climatique. Ça ressemble à peu près à la différence de climat entre Calgary et Fort Smith dans les Territoires du Nord-Ouest. Donc, si nous atteignons cette ampleur de changement de température, nous pouvons nous attendre à ce que le climat à Calgary se déplace vers le nord à Fort Smith.
Qu'est-ce que cela signifie sur le plan de l'approvisionnement en eau? J'ai préparé certains modèles. Je n'ai pas inclus beaucoup de détails, mais j'ai créé certains modèles qui ont prédit le débit des rivières et l'apport en eau, en fonction uniquement des variables influant sur le climat, comme la température, l'accumulation de neige et l'évaporation. En ce sens, j'ai retranché beaucoup d'autres renseignements nécessaires à d'autres modélisateurs et qui sont beaucoup plus détaillés, simplement parce qu'il y a un manque lamentable de données dans ce domaine, en ce qui concerne les renseignements hydrogéologiques, les types de sédiments, la couverture végétale et les mesures détaillées de l'évaporation. Beaucoup des modèles sur l'eau qui existent sont produits à la suite de recherches intensives à très petite échelle sur des bassins hydrographiques dont la taille est de moins de un hectare. Donc, le fait d'essayer d'amplifier ces résultats à une superficie qui équivaut à des dizaines de milliers de kilomètres carrés est impossible pour l'instant.
À partir de mes modèles, j'ai examiné une série de bassins hydrographiques dans le Nord-Est de l'Alberta dont la superficie variait de 300 kilomètres carrés à 30 000 kilomètres carrés environ. Pour essayer de répliquer ce qui est arrivé dans le passé quant au débit d'eau, le modèle prévoit environ 75 p. 100 de la variation à partir de données historiques; il réplique donc de manière assez précise ce qui est arrivé dans le passé.
J'ai ensuite modifié légèrement le modèle afin de créer des scénarios montrant des augmentations de trois et de six degrés Celsius et j'ai examiné les incidences qu'elles auraient sur l'approvisionnement en eau. En bleu, ce sont les changements qui sont prévus à la suite d'une augmentation de trois degrés Celsius et en rouge, ce sont les changements à la suite d'une augmentation de six degrés Celsius.
En moyenne, avec une augmentation de trois degrés Celsius — et le résultat comprend toutes les années et tous les bassins hydrographiques —, le modèle laisse entrevoir une baisse prévue de 15 p. 100 dans la quantité d'eau provenant des bassins situés dans cette région du Nord-Est de l'Alberta entre avril et octobre.
Dans le cas d'une augmentation de six degrés, la moyenne était de 39 p. 100. Les chiffres sous chacune des barres représentent le pire scénario, la pire année, parmi les données que j'ai utilisées pour chacun des bassins. Il y aura des années humides et des années sèches, comme il y en a eu dans le passé. Cependant, ce sont en réalité les années sèches qui inquiéteront probablement la plupart des gens. Les chiffres sous chacune des barres représentent le pire scénario pour les années sèches dans le cas des changements de trois et de six degrés Celsius.
Comme vous pouvez le voir, les pourcentages varient d'un peu moins de 40 p. 100 à 70 p. 100 environ, selon le bassin, quant à l'augmentation de trois degrés. Dans le cas de l'augmentation de six degrés, au cours des années sèches la situation était très très critique, les diminutions se situant entre 50 et 100 p. 100 selon le bassin. Dans la plupart des cas, on parle d'une baisse de 60 à 70 p. 100.
Si vous n'examinez pas les tendances évolutives du passé en ce qui concerne l'eau lorsque vous formulez vos plans de gestion, à savoir les éléments sur lesquels vous vous appuierez pour obtenir de l'eau et le genre de développement que vous ferez et qui dépendra considérablement sur l'eau, et que vous ne vous pencherez pas sur la possibilité future que le changement climatique aura des incidences sérieuses sur la quantité d'eau dans cette partie du monde, alors vous courez le risque de voir des effets assez catastrophiques sur le plan économique à la suite des répercussions potentiellement catastrophiques du changement climatique sur l'écologie.
Je suis à la diapositive suivante. Dans mon exposé, j'ai parlé un peu du cadre de gestion du cours inférieur de la rivière Athabasca. Il y a trois stades: vert, jaune et rouge. Le message que je voulais transmettre, c'était que dans sa forme actuelle, le cadre n'est pas fondé sur une science de l'observation. Il ne tient pas compte des tendances du passé. Essentiellement, il classe tous les débits historiques du plus élevé au plus bas, et il examine ensuite les changements dans cette tendance. Il n'examine pas les changements sur une période donnée et il pose certaines hypothèses selon lesquelles si un changement considérable survient dans le débit classé, cela représente une répercussion écologique.
Essentiellement, ils ont conçu un modèle qui tient compte de manière plus précise de la géométrie du lit de la rivière que toute autre chose. Le modèle ne tient pas compte des processus écologiques qui dépendent du débit, comme le renoyage périodique des terres humides suspendues dans le bassin, le transport des sédiments, l'affouillement, les répercussions sur les pêches, etc. Ils ont décidé au hasard que dans 90 p. 100 des cas, il n'y aura aucune répercussion écologique et qu'il ne sera pas nécessaire de limiter les extractions de l'eau; dans 5 p. 100 des cas environ, les limites d'extraction seront modérées; et dans 5 p. 100 des cas, historiquement, les limites d'extraction seront plus strictes sous les bonnes conditions.
Je suis maintenant à la prochaine diapositive.
Ces graphiques figurent dans mon rapport. Le graphique du haut montre essentiellement les tendances dans les débits de septembre de l'Athabasca. Il vise à illustrer où ils sont allés. Ça varie, mais depuis 1970 environ, la tendance est à la baisse, comme c'est indiqué. Sur la diapositive du bas, vous pouvez voir que je les ai tous classés. Conformément au cadre, il y aurait une conclusion arbitraire selon laquelle dans 5 p. 100 des cas, le débit est rouge, dans 5 p. 100 des cas, il est jaune, et le reste du temps il est vert. Le vert représente de bonnes conditions écologiques.
Cela ne tient pas compte du fait que dans 50 p. 100 des cas au cours des 10 dernières années, il aurait été jaune ou rouge. Si nous examinons l'évolution de l'approvisionnement futur en eau, si l'approvisionnement en eau diminue, la fréquence des débits en jaune et en rouge augmentera considérablement.
Un article sous presse rédigé par l'Université de l'Alberta soutient que si le cadre de gestion de l'eau actuel avait été mis en place en 2000, les débits de la rivière Athabasca auraient été en jaune ou en rouge pendant 40 semaines tout au plus par année et en rouge pendant au moins 20 semaines par année.
Si le changement climatique cause une diminution de 10 p. 100 dans le débit, cela se traduira par une augmentation importante des conditions contraignantes liées au débit pour l'industrie pétrolière. Selon moi, ces 10 p. 100 sont assez conservateurs et représentent un scénario optimiste, étant donné qu'on constate une baisse de 50 p. 100 provenant de l'aval du bassin au cours des 30 dernières années, et que la croissance prévue pour l'extraction de sables bitumineux devrait augmenter à 2,3 millions de barils par jour d'ici 2020. De trois choses l'une: l'industrie devra trouver un large entrepôt autre que le cours d'eau, ce qui représentera environ 15 p. 100 de l'approvisionnement annuel total en eau; elle devra réduire le volume d'eau qu'elle extrait de la rivière à environ 50 p. 100 au-dessous des niveaux actuellement autorisés; ou elle devra trouver une façon de réduire l'utilisation d'eau à moins de 0,2 m3 d'eau par baril de pétrole, ce qui est sensiblement moins que ce qu'elle utilise actuellement.
Essentiellement, mon message c'est que nous sommes sur une ligne de collision entre la diminution de l'approvisionnement en eau et les demandes en eau qui augmentent rapidement. Dave Sauchyn et d'autres personnes à l'Université de Regina ont créé certains modèles de climat pour les provinces des Prairies. Dans la partie Nord-Est de l'Alberta, ils prévoient un changement de conditions humides semi-humides à sèches semi-humides ou même à semi-arides. La quantité de précipitations entre le Nord et le Sud de l'Alberta est maintenant approximativement la même et l'est depuis les 30 ou 40 dernières années. La différence, c'est que le climat du Sud est beaucoup plus chaud et que le solde net de l'eau signifie qu'il y a moins d'eau libre et que le climat est plus aride. Dans le triangle de Palliser au Sud-Est de l'Alberta et au Sud-Ouest de la Saskatchewan, si on augmente l'évaporation et la température dans le Nord, il y aura moins d'eau libre, et cela signifie beaucoup moins de superficie disponible à des fins écologiques et industrielles.
C'est ce qui conclut mon exposé.
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Je vais vous montrer des photos et des cartes qui illustrent l'information qui figure dans le mémoire que vous avez. J'y explique la raison de notre étude.
Ceci est un suintement naturel de sables bitumineux; on en trouve plusieurs le long de la rivière Athabasca. Évidemment, l'industrie est d'avis que tous les polluants présents dans la rivière proviennent de ces suintements naturels. Selon moi, en tant que personne dont le travail porte constamment sur les bassins versants et les eaux, il est inconcevable que le fait de passer d'une empreinte comme celle-ci en 1974 à une empreinte à la même échelle en 2008 n'entraînerait pas beaucoup de déversements de produits chimiques dans la rivière provenant du bassin versant. Nous avons entrepris d'étudier ce sujet.
Dans mon mémoire, j'ai souligné les lacunes du Programme de surveillance aquatique régionale. Ce que nous avons fait plutôt, c'était de sélectionner 18 sites le long de la rivière Athabasca, partant en amont de Fort McMurray jusqu'au bout de la rivière, et ensuite quelques-uns, comme vous le constaterez, autour de Fort Chipewyan, et de les superposer sur une carte géologique. La zone en blanc au centre est la formation de McMurray, là où se concentre la grande partie de l'exploitation de sables bitumineux. Nous nous sommes également rendus à chacun des affluents importants le long de la rivière et nous avons prélevé des échantillons en amont de la formation de McMurray, dans la formation de McMurray, mais en amont de l'exploitation de sables bitumineux, et à l'embouchure de la rivière, en aval de l'activité d'exploitation. Nous avions quelques cours d'eau de référence et six cours d'eau qui coulent dans des régions où se trouvent des exploitations.
Je vais simplement les passer en revue pour vous montrer une tendance générale. Ils sont dans le mémoire.
Les barres noires représentent les débits hivernaux et les barres blanches, les débits estivaux. En général, sur cette diapositive et les suivantes, vous constaterez que les sables bitumineux n'ont pas vraiment beaucoup de répercussions au cours de l'hiver. Si on part de Fort McMurray au bas du diagramme jusqu'à Fort Chipewyan en haut, les petits panneaux latéraux représentent les divers affluents. Cependant, si on regarde les panneaux indiquant les données pour l'été, au cours de la période où il n'y a pas de glace sur la rivière, vous verrez des répercussions importantes, dans ce cas-ci, sur les hydrocarbures aromatiques polycycliques dissous dans la rivière. Nous avons choisi d'étudier ce groupe de composés parce qu'il renfermait plusieurs agents cancérogènes connus qui présentaient des taux élevés de bitume et dont les taux avaient aussi été élevés lors d'études antérieures, comme le déversement du Exxon Valdez et le tristement célèbre déversement du lac Wabamun. Je vais vous montrer ces graphiques rapidement, mais recherchez la régularité dans la tendance.
L'aluminium n'est pas nécessairement un métal très toxique, mais comme l'indiquent les lignes rouges, les taux de la plupart des échantillons sont supérieurs à ceux figurant dans les lignes directrices du Conseil canadien des ministres de l'environnement. Encore une fois, vous remarquerez que les niveaux augmentent considérablement en aval, lorsqu'on arrive dans la région des sables bitumineux en été, et non en hiver.
L'arsenic présente sensiblement la même tendance, avec encore un doublement en aval des exploitations au cours de l'été. Quant au plomb, encore une fois, plusieurs des valeurs pour l'été dépassaient celles figurant dans les lignes directrices du CCME. Pour ce qui est du mercure, il y en a très peu en hiver, mais remarquez l'augmentation à mesure qu'on approche des sables bitumineux et au-delà pendant l'été.
L'uranium est un des métaux lourds qui suscite beaucoup d'inquiétudes. Dans ce cas, les sables bitumineux n'influent pas sur l'uranium en hiver ou en été. La tendance est assez régulière et indique que la source est en grande partie en amont.
Il en va de même pour la cadmium. Il est à noter que les taux de cadmium, particulièrement l'été, sont de loin supérieurs aux taux figurant dans les lignes directrices du CCME, mais encore une fois, il n'y a aucune preuve manifeste ici d'une contribution des sables bitumineux.
Il y a une différence entre l'hiver et l'été parce que la glace recouvre la rivière pendant environ quatre mois — et cet hiver pendant pratiquement cinq mois — au cours de la saison hivernale. Les particules qui se déposent dans la rivière ont donc tendance à s'accumuler sur la glace.
L'apport par voie aérienne a été très important, ce qui nous a surpris. Voici une couche de neige sur la rivière Muskeg. Ce n'est pas la pire que nous avons constatée, mais vous pouvez voir les couches noires et la surface noire sur la neige à la suite de la contamination atmosphérique.
À chacun de ces sites, les mêmes sites qui figuraient sur une diapositive montrée plus tôt, nous avons pris un échantillon de l'accumulation totale de neige, nous l'avons fait fondre et nous avons ensuite filtré 900 millilitres de chacune des accumulations. Les filtres étaient tous blancs lorsque nous avons commencé. Ils sont très fins; leurs pores sont d'environ un demi-micromètre. Les chiffres en jaune représentent les distances entre les sites. Dans ce cas, Fort McMurray est à gauche, en se dirigeant en aval vers Fort Chipewyan à droite, et les petites barres sur le côté représentent les six affluents principaux. Vous pouvez donc constater, visuellement même, une quantité élevée de particules suspendues dans la neige dans la région sur une distance importante autour des usines d'exploitation de sables asphaltiques, mais il est à noter qu'elles diminuent de beaucoup en aval.
Les prochains graphiques indiquent encore une fois l'HAP total. Dans ce cas, nous avons analysé l'hydrocarbure aromatique polycyclique présent dans les deux filtres, que vous avez vus, et dans les éléments filtrés, la partie dissoute. La partie dissoute est en rouge. Les particules présentes dans le filtre sont en noir. La concentration totale est indiquée à la fin de la barre. Encore une fois, vous pouvez constater la contribution importante de la contamination atmosphérique aux alentours des usines d'exploitation de sables asphaltiques et qui diminue en aval, avec Fort Chipewyan en haut, et évidemment presque rien en amont de Fort McMurray, en bas.
Une fois de plus, la tendance est très similaire dans le cas de l'aluminium, sauf qu'il se retrouve surtout sous forme de particules.
Dans le cas de l'arsenic, la tendance est la même. Il s'agit clairement d'une contribution par voie aérienne des usines d'exploitation de sables asphaltiques. La tendance pour le plomb est à peu près la même.
Tous les diagrammes indiquent les quantités maximales selon les lignes directrice du CCME.
Dans le cas du mercure, l'apport de mercure par voie aérienne est énorme, surtout dans la fraction des particules. Il est à noter que ces valeurs sont très basses. On les compte en partie par billions. Mais ce n'est pas là où le mercure pose un problème. Le mercure est bioaccumulable dans les chaînes alimentaires et ses concentrations peuvent être jusqu'à un million de fois plus grandes. Des concentrations aussi élevées se sont déjà traduites par de graves problèmes de contamination dans d'autres systèmes. Encore une fois, cela indique que du mercure vient de l'amont, mais l'apport le plus important vient de l'exploitation minière qui rejette des charges de mercure dans l'atmosphère, charges qui se retrouvent ensuite dans l'accumulation de neige.
Le cadmium ne contribue pas à la contamination. La seule contribution se situe juste sous le point de rejet pour Fort McMurray, et elle est peut-être le résultat d'une certaine influence urbaine. Évidemment, le cadmium se retrouve dans diverses pièces automobiles, etc. Alors cela n'est pas trop surprenant. Encore une fois, il est à noter que la plupart de ces valeurs respectent les lignes directrices du CCME ou qu'elles sont supérieures pour ce qui est du cadmium en partie par milliards.
Il y a de plus en plus de preuves selon lesquelles les concentrations d'hydrocarbures aromatiques polycycliques, particulièrement dans leurs formes alcaloïdes, qui sont très répandues dans cette rivière, entraînent des malformations chez les poissons. Je vous ai donné deux références. J'aurais pu vous en donner une douzaine. Les preuves sont claires: les oeufs et les embryons qui sont en contact, surtout, avec l'HAP sous forme de particules tout juste à la surface des sédiments présentent des malformations, ce qui correspond évidemment à l'endroit où les oeufs sont déposés. Il s'agit d'une étude gouvernementale dans le cadre de l'initiative sur l'écosystème des rivières du Nord, accompagnée de certaines photos des malformations.
L'étude indique également qu'il y avait des malformations dans la formation d'Athabasca en amont des exploitations, mais que les incidences augmentaient en aval des exploitations, ce qui indique que les particules provenant des exploitations ont une influence: elles sont responsables d'au plus 95 p. 100 des mortalités embryonnaires et de l'incidence élevée des malformations chez les embryons qui ont survécu. Le CCME en tient compte dans ses lignes directrices provisoires sur la qualité des sédiments. Toutefois, cette même étude indique que le Programme de surveillance aquatique régional et le Programme du delta des rivières de la Paix et Athabasca ont obtenu des incidences relativement élevées lors de la mesure de ces mêmes composés, incidences qui étaient supérieures à celles indiquées dans les lignes directrices provisoires du CCME sur la qualité des sédiments.
Je suis certain que vous avez entendu parler hier de la grande inquiétude à Fort Chipewyan: certains des taux de cancer relevés dans la communauté sont attribuables à certains des composés, qui sont, du moins en partie, présents en raison des exploitations minières.
Nous avons trouvé de grands brochets remplis de mercure. Je ne crois pas que l'eau devrait être le seul élément central de ce programme. Si on examine l'ensemble des problèmes associés aux sables bitumineux, il faut clairement accorder de l'importance à ce programme. Vous avez beaucoup entendu parler des pratiques in situ et je crois qu'elles ont de grandes répercussions sur l'eau. Elles ont déjà de grandes répercussions sur la faune. Le coin nord-ouest de Fort McMurray sera exploité par Opti-Nexen, et c'est le genre d'exploitation intense qui fera partie de ces pratiques in situ. La forte concentration de plateformes d'exploitation, de routes reliées entre elles et de pipelines est également très inhospitalière à la faune. Presque tout le corridor est altéré. Mais l'exploitation est aussi suffisamment vaste pour influer de manière importante sur l'approvisionnement en eau douce, tant en ce qui concerne les eaux de surface que les eaux souterraines.
À mon avis, les faibles débits hivernaux dans l'Athabasca sont encore plus inquiétants que le débit moyen. L'industrie se fait un plaisir de dire qu'elle utilise seulement 2 p. 100 du débit moyen de l'Athabasca. Ce fait n'est pas pertinent. Nous savons que l'Athabasca contient de grandes quantités d'eau en été. En hiver, les débits sont très faibles et diminuent très rapidement, et c'est probablement l'aspect le plus sensible de la rivière. À ce moment-ci, l'industrie utilise 7 ou 8 p. 100 du débit de l'Athabasca. Les débits diminuent et l'industrie augmente. Vous pouvez voir où tout cela s'en va.
C'est la fin de mon exposé.
Je vais commencer tout de suite. Je suis heureuse de l'occasion qui m'est donnée de parler devant le comité, et je suis ici aujourd'hui à titre personnel.
J'aimerais commencer par mes messages clés. Vous savez que l'Athabasca doit produire beaucoup d'eau pour les sables bitumineux, mais je veux examiner non seulement l'Athabasca mais aussi l'influence de l'exploitation des sables bitumineux sur la quantité d'eau souterraine et sa qualité. Je crois que nous verrons beaucoup plus de répercussions à l'avenir en raison des effets cumulatifs de nombreux projets. Nous ne voyons pas encore vraiment les répercussions auxquelles nous pouvons nous attendre, alors mon vrai message c'est qu'il nous faut beaucoup plus d'informations et un processus afin d'appliquer une science éclairée pour faire en sorte que nous puissions exercer une gestion durable des ressources fournies par les eaux souterraines.
Nous pouvons voir ce qui se produit dans la rivière. Nous recevons beaucoup d'avertissements. La rivière fait l'objet de nombreuses recherches, mais ce qui m'inquiète le plus, ce sont les eaux souterraines, qu'on ne voit pas, et qu'on a tendance à oublier.
En guise de contexte, je crois qu'il est parfois utile d'avoir des chiffres absolus afin de savoir de quoi nous parlons. Nous savons que le volume d'eau autorisé provenant de la rivière Athabasca pour l'exploitation des sables bitumineux est de loin la quantité la plus importante: 550 millions de mètres cubes ont été autorisés à la fin de 2007. Les allocations dépassent déjà l'utilisation actuelle; bon nombre des projets ont reçu leurs allocations, mais ils ne sont pas encore en opération. Par conséquent, nous ne voyons pas encore les répercussions sur l'environnement. En 2007, le volume d'eau qui a été utilisé en réalité n'était seulement que d'environ 130 millions de mètres cubes, dont les trois-quarts environ provenaient de la rivière Athabasca, 20 p. 100 de l'écoulement des surfaces et 5 p. 100 des eaux souterraines non salines. Cette eau est destinée aux activités d'exploitation. Comme vous pouvez le constater, l'eau ne provient pas uniquement de la rivière Athabasca.
Je crois qu'il est utile de se servir d'une comparaison pour se faire une idée de ce que représentent 129 millions de mètres cubes d'eau. La ville d'Edmonton, qui approvisionne une population d'environ un million de personnes, y compris les personnes à la périphérie de la ville, traite chaque année à peu près 130 millions de mètres cubes d'eau, ce qui correspond environ à la quantité utilisée en 2007 pour l'exploitation des sables bitumineux. Mais dans le cas de la ville, l'eau se rend à la station d'épuration des eaux usées et seulement environ 10 p. 100 ou moins de l'eau est en réalité consommée; le reste finit par retourner à la rivière. Évidemment, ce n'est pas le cas pour l'exploitation des sables bitumineux, parce que toute l'eau est consommée. L'eau consommée est en fait déposée dans un bassin de décantation; elle ne retourne pas à la rivière, alors cela a des répercussions sur le débit de la rivière.
Passons maintenant à l'eau utilisée pour les activités in situ. David vient de montrer une diapositive qui donne une idée des énormes répercussions que cela aura à l'avenir, parce qu'on se rendra compte que 80 p. 100 du bitume proviendra des activités in situ, et non de l'exploitation minière. En fait, plus de 90 p. 100 de la zone où se trouve le bitume est trop profonde pour être exploitée, et nous obtiendrons une grande partie du bitume à l'avenir des activités in situ en particulier.
En 2007, le volume total d'eau utilisé in situ était de loin inférieur à celui utilisé pour l'exploitation minière. Si vous vous souvenez, l'exploitation minière utilisait 129 millions de mètres cubes d'eau; les activités in situ en ont utilisé 31 millions et la moitié de cette eau était de l'eau souterraine saline. Vous pensez peut-être que nous n'avons pas à nous préoccuper autant de l'eau souterraine saline, mais évidemment elle ne se renouvelle pas aussi rapidement, alors je crois que les entreprises vont commencer à s'inquiéter beaucoup des quantités disponibles. Aux yeux du public, évidemment, c'est l'eau souterraine non saline peu profonde qui est davantage un sujet de préoccupation. En 2007, neuf millions de mètres cubes d'eau souterraine non saline étaient déjà utilisés pour les activités in situ. Pour mettre les choses en perspective, un plus grand volume d'eau souterraine était utilisé pour les activités in situ par rapport au volume utilisé pour l'exploitation des sables bitumineux, même en 2007, et même si nous n'en sommes qu'aux étapes préliminaires de la production de bitume. Plus tard, une quantité beaucoup plus importante de bitume proviendra des activités in situ, mais en 2007 seulement, 40 p. 100 du bitume provenaient des activités in situ et 60 p. 100 provenaient de l'exploitation minière.
Quelles seront donc les répercussions de l'exploitation minière sur la quantité d'eau souterraine? Le rabattement des eaux souterraines dans le cadre des projets in situ se produit pendant tout le projet, voire plusieurs décennies. Il aura des répercussions sur les aquifères non salins peu profonds et les eaux salines plus profondes. Certains projets ont utilisé de l'eau saline, certains utilisent des eaux souterraines non salines, certains utilisent des eaux de surface et certains utilisent une combinaison, mais la recharge d'eau souterraine est très lente. L'eau souterraine peut se déplacer très lentement, peut-être de 1 à 35 mètres par année, ou peut-être jusqu'à 130 mètres par année dans un aquifère situé au fond de canaux enfouis, que nous verrons plus tard.
Le drainage des terres humides peut avoir un impact sur la recharge des eaux souterraines. C'est un phénomène que nous avons observé abondamment sur les sites d'exploitation à ciel ouvert. La recharge peut être influencée par l'utilisation et par le débit de l'eau de surface. Naturellement, il existe un lien très étroit entre l'eau souterraine et les cours d'eau. Toute réduction de la quantité d'eau souterraine peut avoir un impact sur le volume d'eau dans la rivière.
Je crois que le principal problème réside dans l'effet cumulatif du grand nombre de projets qui se recoupent. Quand une entreprise procède à une évaluation des impacts environnementaux, elle se tourne vers ses voisines immédiates et observe les impacts de leurs propres activités sur les entreprises qui se trouvent dans leur voisinage immédiat. Mais il n'existe pas de modèle régional permettant de déterminer les impacts cumulatifs globaux d'une multiplicité d'activités de mise en valeur et il est possible que l'utilisation de l'eau dans une région ait un impact sur la recharge ailleurs. Et n'oublions pas que les changements climatiques auront également un impact sur les précipitations et sur la recharge d'eau souterraine.
Nous avons donc besoin de beaucoup plus d'information sur les aquifères dans les zones de projets in situ comme base de données essentielles. Nous ne disposons pas d'un bon volume de données sur une longue période de temps. Nous avons besoin de plus de surveillance et de modèles de surveillance des eaux de surface et des eaux souterraines, du rapport entre les eaux de surface et les eaux souterraines. De plus, nous ne devons pas perdre de vue que, dans cette région, il n'y a pas que ce que j'appelle des aquifères horizontaux. Les aquifères sont entrecoupés de canaux enfouis et la géologie de la région est beaucoup plus complexe que la topographie de la surface pourrait nous laisser croire en raison de la présence de ces canaux d'eau de fonte de glacier comblés par du sable et recouverts par la moraine, qui ne sont pas évidents à la surface.
La diapositive suivante donne un aperçu général de la région au nord de Fort McMurray. Fort McMurray se situe là où le bleu touche le fond, au centre. C'est une région d'environ 130 kilomètres sur environ 145 kilomètres. La région de Cold Lake, plus au sud, n'est pas visible. Mais même dans ce secteur, on trouve une vingtaine de canaux enfouis et l'Alberta Geological Survey, prévoit qu'on en trouvera encore davantage dans la région située plus au sud.
Par souci de brièveté, je ne m'étendrai pas davantage sur le sujet pour le moment mais je serais heureuse de répondre à toute question s'y rapportant.
Je voudrais simplement mentionner que les impacts sur la quantité d'eau souterraine ne sont pas la seule source de préoccupation; la qualité de l'eau souterraine a de quoi inspirer de grandes inquiétudes également. Nous savons déjà que des effluents s'échappent de certains sites d'exploitation des sables bitumineux, et il y a le risque, et la réalité, de fuites d'eau contaminée des bassins de décantation. Mais dans les projets d'extraction in situ, le réchauffement des aquifères a entraîné dans plusieurs cas des éruptions, des ruptures de tubage et des fuites de vapeur. Dans la région de Cold Lake, où l'on utilise non pas la technique SAGD mais le procédé d'injection cyclique de vapeur, les températures sont beaucoup plus élevées. L'arsenic naturellement présent dans la formation est libéré et il tend à former un panache qui s'éloigne de la zone chauffée. Il en résulte des impacts sur la qualité de l'eau souterraine.
Naturellement, on peut se féliciter de ce qu'il se fasse beaucoup de recyclage d'eau afin de réduire l'utilisation d'eau douce. Si on utilise de l'eau saline que l'on veut convertir en vapeur, il faut d'abord la traiter; si on recycle l'eau, il faut aussi la traiter avant de pouvoir la réutiliser et il faut se débarrasser des déchets issus de cette opération en les transportant vers un site d'enfouissement, en les stockant dans un puits profond. La manipulation de ces déchets crée ainsi des problèmes supplémentaires.
Enfin, par souci de brièveté, je vais récapituler en disant que nous nous attendons à une augmentation de l'ampleur des opérations d'extraction. D'après les plus récentes prévisions de l'Association canadienne des producteurs pétroliers, la production devrait éventuellement atteindre les trois millions de barils de bitume par jour d'ici à 2020. C'est plus de deux fois et demie la quantité qui a été produite l'an dernier. On observera une augmentation considérable des impacts cumulatifs dans les régions d'exploitation à ciel ouvert et des impacts encore plus importants à long terme dans les régions d'extraction in situ; les activités pourraient même en venir à s'étendre jusque dans la région d'Edmonton si on construit autant d'usines de valorisation que ce qui était prévu à l'origine. Il pourrait également y avoir une importante ponction d'eau dans la rivière Saskatchewan Nord, qui est la rivière qui approvisionne Edmonton en eau.
Il faut donc réduire l'utilisation d'eau dans tous les sites d'exploitation des sables bitumineux. Il faut améliorer la surveillance tant de la quantité que de la qualité de l'eau et il faut intensifier la recherche afin d'en arriver à mieux comprendre les impacts cumulatifs, y compris les interactions entre les eaux de surface et les eaux souterraines. J'ai la ferme conviction que le gouvernement fédéral a un rôle à jouer à cet égard.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour. Bienvenue à Edmonton.
J'aimerais faire un bref exposé. Je sais que nous n'avons que cinq minutes, alors j'ai fourni un document aux membres du comité concernant notre exposé, qui contient des détails sur les points que je vais aborder aujourd'hui.
Fort McKay est une petite communauté des premières nations. Notre première nation est entourée de sites d'exploitation des sables bitumineux. Nous sommes situés au centre géographique d'une vaste zone industrielle. Nous sommes entourés de bassins de décantation et nous avons vécu avec l'exploitation des sables bitumineux au cours des 40 dernières années.
Mes membres ont perdu environ 60 p. 100 de leur territoire de piégeage en raison de l'exploitation des sables bitumineux, et l'exploitation minière a eu lieu sur 57 p. 100 de nos terres dans un rayon de 20 kilomètres autour de nos communautés, où une approbation a été donnée pour une telle exploitation. Des concessions de sables bitumineux se trouvent sur presque tout notre territoire traditionnel et ont mis un terme dans les faits à l'application de nos droits garantis par traité pour chasser, pêcher, piéger et nous rassembler.
Notre corporation des relations industrielles a participé activement aux consultations avec l'industrie, aux interventions auprès des organismes de réglementation et aux négociations avec le gouvernement. La corporation a préparé de la documentation à l'appui pour cet exposé et serait heureuse de fournir au comité tout autre rapport technique sur le sujet de mon exposé.
Dans le cadre d'une économie mondialisée avec des préoccupations environnementales à l'échelle de la planète, les intérêts et les perceptions des consommateurs par rapport aux produits liés aux sables bitumineux sont importants. On considère de plus en plus que l'exploitation des sables bitumineux se fait en l'absence d'un plan cohérent de réglementation ou de développement durable, et que des dommages irréparables sont causés à l'environnement et aux communautés des premières nations. Le résultat, c'est que les produits pétroliers sont globalement perçus comme étant des produits pétroliers sales.
Malheureusement, une grande partie de cette perception est exacte. Actuellement, il n'existe aucun cadre ou plan détaillé cohérent en ce qui concerne la réglementation, l'environnement ou l'économie à l'échelle fédérale ou provinciale pour aborder non seulement la question de la production durable liée aux sables bitumineux, mais aussi ses répercussions cumulatives et à long terme sur l'environnement en ce qui a trait à l'eau, à la terre, à l'air et aux droits des Autochtones.
Jusqu'à maintenant, l'exploitation des sables bitumineux a eu lieu projet par projet, en respectant un cadre sur la fiscalité et la réglementation environnementale qui est très dépassé. Comme il manque un plan et une stratégie cohérents et globaux, il n'existe qu'une démarche isolée, inefficace et réactive par rapport aux questions environnementales, comme la gestion de l'eau, les effets cumulatifs et la planification de la restauration. Le manque de volonté politique et de collaboration fédérale-provinciale, les intérêts corporatifs concurrents et l'instabilité économique inhérente des industries fondée sur les ressources ont, chacun à sa façon, miné l'élaboration d'un plan détaillé durable et cohérent pour la deuxième principale ressource en hydrocarbures au monde, et le reste du monde en prend note.
Tous les Canadiens ont intérêt à modifier les perceptions du monde par rapport aux sables bitumineux, mais les perceptions ne seront pas changées avant que le Canada, l'Alberta et l'industrie mettent en place des plans détaillés pour un environnement et une économie durables, ainsi que des régimes réglementaires efficaces pour l'exploitation des sables bitumineux et la restauration associée.
Chaque année, l'industrie doit prélever dans la rivière Athabasca l'équivalent de l'eau nécessaire pour faire vivre deux millions de personnes afin de soutenir ses propres besoins. Malgré un certain recyclage, la majeure partie de cette eau ne retournera jamais à la rivière. Elle est plutôt pompée dans ce que l'on pourrait appeler la plus grande digue au monde construite par les hommes, qui contient des déchets toxiques.
Le volume actuel autorisé de 550 millions de mètres cubes d'eau par année et la demande croissante n'est pas soutenable, surtout lorsqu'on tient compte des débits à la baisse de la rivière Athabasca. Le MPO a omis d'établir un niveau de débit minimum pour la rivière Athabasca. Les exploitants actuels des sables bitumineux continuent de prendre de l'eau, sans tenir compte du faible débit de la rivière. Le risque de causer des dommages irréparables aux pêcheries ou aux droits liés aux traités menace notre production de sables bitumineux.
Nous appuyons les conclusions suivantes tirées du rapport intitulé Running out of Steam? Oil Sands Development and Water Use in the Athabasca River Watershed: Science and Market-Based Solutions, préparé par l'Université de l'Alberta et le Centre Munk en 2007.
Actuellement, l'eau constitue une ressource publique qui est fournie gratuitement à l'industrie de l'énergie. Un manque de cadre réglementaire a permis à certaines entreprises de s'appuyer sur des technologies d'extraction et de restauration qui dépendent de la fourniture gratuite et sans limites d'une ressource publique de plus en plus rare et précieuse. Par conséquent, cette ressource est sous-évaluée et utilisée de façon excessive, et les coûts réels économiques et environnementaux ne sont pas complètement pris en compte.
Dans le cadre d'une stratégie de conservation de l'eau, nous recommandons que les gouvernements mettent en oeuvre un plan à long terme, ainsi que des normes de réglementation solides qui, avec le temps, établissent des quantités maximales et diminuent les volumes autorisés d'eau disponible pour chacun des producteurs de sables bitumineux. En sachant que ces fournitures d'eau seront réduites, l'industrie sera obligée d'investir dans la recherche et la technologie disponibles afin de créer des technologies d'extractions plus efficaces et moins préjudiciables en ce qui concerne l'eau douce.
Je crois que l'établissement d'un volume maximal de prélèvement d'eau pour chacun des projets et pour l'industrie dans son ensemble doit être établi. Les droits limités, mais transférables d'usage de l'eau, c'est-à-dire un système « de plafonnement et d'échange », fournirait une justification économique pour les améliorations technologiques et généreraient des solutions rentables, ce qui protégerait clairement des besoins relatifs au débit de la rivière Athabasca.
Au total, 90 p. 100 de l'eau prélevée aboutit dans des bassins de décantation. Ces bassins, qui représentent 70 p. 100 de l'eau, constituent la plus grande installation d'entreposage d'eaux usées au monde. D'ici 2025, les bassins de décantation contiendront un milliard de mètres cubes d'eau dégradée et traitée.
En 1995, notre première nation a comparu devant la Commission chargée de l'économie des ressources énergétiques pour s'opposer à l'octroi d'un certificat de restauration pour le bassin de décantation Syncrude. Cette audience a donné lieu à un certain nombre de recommandations concernant la recherche et les mesures à prendre, mais il semble que depuis ce temps, peu de progrès a été enregistré en ce qui concerne l'élaboration de plans de restauration contenant des stratégies réalisables et acceptables pour l'industrie, les gouvernements ou les communautés avoisinantes. Après 40 années d'exploitation, il n'y a toujours pas de plan de restauration éprouvé et viable pour les anciens bassins de décantation.
Récemment, en février 2009, la Commission chargée de l'économie des ressources énergétiques a émis sa première directive à l'intention de l'industrie en ce qui concerne le rendement de la restauration des bassins de décantation, qui est soutenue par la communauté de Fort McKay. Toutefois, le problème principal, entre autres, en ce qui concerne cette directive et ses objectifs est l'absence de technologie éprouvée pour traiter l'eau de façon adéquate dans le but d'éliminer les produits chimiques par décantation, afin de permettre le recyclage de manière à pouvoir retourner l'eau dans la rivière.
Les gouvernements fédéral et provinciaux doivent participer activement à la création de normes réglementaires appropriées et d'incitatifs fiscaux pour les technologies de restauration transparentes et éprouvées. Ils doivent aussi s'assurer que les résultats de cette technologie et de cette recherche soutenue par des fonds publics pour le traitement des eaux et la production rentable de la décantation sèche sert l'intérêt de la population et n'est pas limité dans sa disponibilité ou utilisée au moyen des droits de propriété du promoteur.
Le gouvernement fédéral a un champ de compétence étendu qui, s'il est mis en application, peut avoir des répercussions directes sur l'exploitation des sables bitumineux. La Loi sur les pêches, la Loi sur les Indiens, la Loi sur la Convention concernant les oiseaux migrateurs et la Loi sur les espèces en péril sont des lois que le gouvernement fédéral a jusqu'à présent omis d'imposer convenablement en ce qui concerne les sables bitumineux. Plus particulièrement, le MPO surveille depuis des décennies la détérioration de la qualité de l'eau et de la quantité d'eau dans la rivière Athabasca, ses affluents, et les lacs en aval.
Depuis des générations, notre communauté s'est appuyée sur l'exercice de nos droits garantis par traité en ce qui concerne la pêche et la fourniture d'aliments de qualité. Ces droits garantis par traités ont effectivement disparu dans notre région sans que le Canada ait procédé à des consultations, à des aménagements ou au versement d'une compensation. Fort McKay prendra bientôt des mesures pour s'assurer que l'échec du gouvernement fédéral à protéger nos droits garantis par traité et les importantes ressources naturelles liées à la qualité et à la quantité d'eau, y compris la pêche dont dépendent nos droits garantis par traité, ne se poursuive pas.
Chaque année, le gouvernement fédéral encaisse des milliards de dollars grâce aux sables bitumineux par l'entremise de taxes ou par d'autres façons. D'ici 2020...
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Merci, monsieur le président.
La Première nation crie Mikisew a présenté à de nombreuses occasions aux gouvernements de l'Alberta et du Canada ses préoccupations concernant le rythme et la portée du développement des sables bitumineux. L'exploitation sans entrave des sables bitumineux en tenant peu ou pas compte des préoccupations et des réclamations de la nation crie Mikisew a amené la Première nation à conclure que les deux ordres de gouvernement avaient mis fin dans les faits aux droits garantis par traité de la Première nation crie Mikisew.
Les Autochtones sont les populations les plus affectées par le développement, et ils soulèvent des préoccupations sur les répercussions à l'échelle régionale depuis le début des années 1960. La Première nation crie Mikisew a remis en question, et continuera de le faire, l'ampleur de ces répercussions sur les droits garantis par traité et les droits des Autochtones. En ce qui concerne le manque de réconciliation avec les droits des Autochtones et les violations actuelles et passées de ces droits, le caractère inconstitutionnel des politiques et des lignes directrices des consultations des premières nations du gouvernement de l'Alberta, les besoins relatifs aux eaux de ruissellement et le cadre de gestion des eaux — que nous avons suggéré de façon constante est totalement inadéquat et ne protège absolument pas la rivière Athabasca —, le processus réglementaire provincial, la Commission chargée de l'économie des ressources énergétiques de l'Alberta et son équivalent fédéral, l'Agence canadienne d'évaluation environnementale, ou le cadre proposé pour l'utilisation des terres, il existe un besoin d'une plus grande reconnaissance et d'une intégration des réactions, des connaissances et des préoccupations des Autochtones dans la gestion des ressources pour cette région de l'Alberta.
Depuis 2003, la Première nation crie Mikisew a participé à cinq audiences sur les sables bitumineux, y compris trois audiences en 2006 au cours de laquelle les droits Autochtones et les droits garantis par traité n'ont pas fait l'objet de discussion. La Première nation crie Mikisew n'a été consultée adéquatement par aucun gouvernement en ce qui concerne le développement des sables bitumineux, à l'exception de certaines approbations de permis concernant les eaux en 2004. La première nation considère que les droits Autochtones et les droits garantis par traité sont protégés par la constitution et que ces droits de chasser, de pêcher et de trapper correspondent aux fondements mêmes du patrimoine du style de vie traditionnel existant depuis longtemps chez les Cris Mikisew. Les gouvernements ne peuvent pas simplement éliminer ces droits pour permettre le développement des sables bitumineux. Les Cris Mikisew croient que c'est leur obligation sacrée d'agir en tant que protecteur de l'environnement en collaboration avec le gouvernement. Ce qui est en jeu, ce sont les précieux écosystèmes vivants, la survie de la culture crie Mikisew et le bien-être économique et physique des première nations.
Plus de la moitié des terres traditionnelles des Cris Mikisew sont occupées par des concessions de sables bitumineux. L'ampleur de la dévastation écologique atteint des niveaux jamais vus en Amérique du Nord. Le développement des sables bitumineux, parallèlement aux effets du barrage W.A.C. Bennett et d'autres exigences concernant la rivière Athabasca réduiront de façon importante la capacité des Cris Mikisew de vivre comme nous l'avons fait dans le passé, et cette situation est due à la perte des terres. Nous ne sommes tout simplement pas prêts à accepter une transgression croissante de notre territoire, et nous ne sommes pas prêts non plus à accepter une approche « faites-nous confiance » du gouvernement et de l'industrie pendant que notre santé est compromise et que les taux de cancers continuent d'augmenter à Fort Chipewyan.
Le gouvernement fédéral a les outils juridiques et l'obligation légale de protéger nos droits et notre santé. Nous avons déjà établi nos points de vue sur les possibilités de développements supplémentaires qui pourraient avoir des répercussions négatives et violer nos droits garantis par l'article 35. En outre, notre première nation est constamment préoccupée en ce qui concerne des répercussions négatives sur la santé découlant du développement des sables bitumineux.
En tenant compte de ces préoccupations, nous demandons respectueusement l'établissement d'un moratoire sur tout nouveau développement à l'intérieur de notre territoire traditionnel jusqu'à ce que des études pertinentes aient été faites, y compris des études liées à la santé, afin d'évaluer suffisamment et de façon crédible de telles répercussions et jusqu'à la mise en place d'une utilisation convenable des terres et d'une autre planification. Plus particulièrement, nous demandons au gouvernement fédéral de s'abstenir d'octroyer plus de permis, de licences ou d'approbations en ce qui concerne les champs de compétence fédéraux dans notre territoire traditionnel, jusqu'à ce que de telles mesures aient été prises. Nous ne sommes pas contre toute forme de développement. Cependant, nous sommes contre tout empiètement continu de nos droits et contre les répercussions négatives sur notre santé qui découlent d'un tel développement des sables bitumineux. Nous considérons que l'idée de demander un moratoire jusqu'à ce que des études convenables aient été élaborées constitue une réponse raisonnable à un développement pratiquement débridé.
Pour terminer, il existe un précédent en ce qui concerne le type de moratoire que nous cherchons: une enquête publique complète. La Commission Berger a été créée en réponse aux préoccupations des premières nations au nord du 60e parallèle. La commission avait pour but d'étudier les répercussions éventuelles du développement sur ces premières nations, ainsi que sur les aspects social, économique et culturel et sur l'aspect de la santé en ce qui concerne le projet de gazoduc du MacKenzie.
Finalement, si les répercussions négatives éventuelles d'un seul projet suffisait à mettre fin à l'exploitation pétrolière, en attendant une étude convenable, il est sûr qu'une demande semblable n'est pas déraisonnable compte tenu de la possibilité de répercussions négatives pendant des années.
Merci.
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Bonjour, monsieur le président.
Un des sujets que nous voulons aborder, de notre point de vue, est lié aux questions relatives à la santé en relation avec l'ampleur du développement dans la région, en tenant compte du fait qu'il n'y a pas de système de réglementation en place en ce moment.
La Première nation Athabasca Chipewyan regroupe de nombreuses réserves situées le long de la rivière Athabasca et sur les rives du lac Athabasca. Compte tenu de l'ampleur des activités dans la région et de l'ampleur des activités à venir, et compte tenu des problèmes liés à l'eau, nous savons pertinemment que les problèmes relatifs à la santé dans la communauté de Fort Chipewyan ont augmenté de façon importante au cours des années. Depuis le début des années 1970 et au cours des années 1980, 1990 et 2000, les taux de cancers, le lupus, l'asthme et les maladies de la peau ont connu une hausse dans la communauté de Fort Chipewyan. Non seulement les personnes âgées sont-elles malades, mais en plus, les jeunes le sont aussi.
Nous ne savons pas ce qui cause ces effets dans la région, mais la communauté remet en question l'ampleur du développement dans la région, et tout le monde a une préoccupation commune: la question de l'eau.
La communauté de Fort Chipewyan exerce toujours fortement nos droits garantis par traité et notre droit inhérent lié à la terre, et utilise les ressources hydriques qui nous entourent. Comme je vous l'ai dit hier à Fort Chipewyan, 78 p. 100 des membres de la communauté utilisent toujours des moyens traditionnels de vie en exploitant la terre. Nous récoltons de la nourriture de la terre et des eaux. Chaque jour, les animaux boivent dans la rivière Athabasca et dans d'autres étendues d'eau de la région. Notre peuple consomme toujours la nourriture, les animaux sauvages qui vivent à cet endroit, pour nourrir leurs familles.
Nous habitons dans une communauté éloignée. Nous n'avons pas tous les produits luxueux qu'ont les gens du sud, qui peuvent tout simplement se rendre au magasin et acheter un grand contenant de lait pour un peu plus de trois dollars. Nous pouvons payer plus de 13 $ pour quatre litres de lait. Nos aînés et nos chefs de famille monoparentales, qui n'ont souvent pas d'emploi et vivent de revenus fixes, n'ont d'autre choix que de vivre sur la terre et sur ce qu'elle peut leur fournir.
Compte tenu de tous les problèmes et des préoccupations en matière de santé dans la région, nous avons demandé l'élaboration d'un programme de surveillance communautaire. On continue de nous demander de fournir une solution pour régler ce problème, mais lorsque nous demandons des fonds pour un programme de surveillance communautaire, on nous les refuse en disant « nous ne voulons pas que vous fassiez en double ce que nous faisons déjà ».
Nous ne pouvons pas fournir de solutions si vous ne nous fournissez pas les fonds dont nous avons besoin pour aller de l'avant et en arriver à nos propres constatations. C'est seulement à ce moment que nous serons en mesure de donner une solution, car si nous ne connaissons pas la cause du problème, nous ne pouvons pas proposer une solution.
J'ai répété ces paroles de nombreuses fois, et parfois, on m'a étiqueté comme étant le mauvais garçon parce que je m'étais exprimé ouvertement. Lorsqu'on parle de comportements radicaux, je suis profondément une personne radicale qui s'exprime ouvertement pour protéger la terre, l'environnement, l'air, les ressources hydriques et la santé humaine. Lorsqu'on s'aperçoit de l'ampleur de la destruction, avec l'industrie qui déchire la terre, pollue l'air et l'eau, et qui déplace les animaux, selon nous, il s'agit d'un comportement radical.
Nous ne sommes pas opposés au développement. Comme je l'ai dit hier, le Canada sera probablement l'un des principaux pays du monde à être axé sur les besoins de l'industrie. Mais le Canada n'aura pas les industries des plus avancées au monde s'il ne tient pas compte de toutes les questions relatives aux premières nations, car les régions qui sont propices au développement sont situées dans les territoires traditionnels des premières nations.
Lorsque le Dr O'Connor a tenu des propos alarmistes en indiquant que les questions relatives à la santé à Fort Chipewyan constituaient une cause d'inquiétude, il a été visé par quatre chefs d'accusation. Aujourd'hui, trois de ces chefs d'accusation ont été retirés, mais un autre reste en vigueur. Les habitants de Fort Chipewyan appuient le Dr O'Connor totalement pour avoir tiré la sonnette d'alarme. Santé Canada l'a envoyé représenter la communauté de Fort Chipewyan et prendre soin de notre santé. Il faisait son travail. Nous avons demandé au gouvernement du Canada et à Santé Canada de laisser tomber les derniers chefs d'accusation contre le Dr O'Connor et d'examiner les constatations de ce qui se passait dans la région.
Pour terminer, je n'ai pas beaucoup de choses à dire parce qu'il reste peu de temps, mais je peux vous assurer, et j'avertis le gouvernement du Canada à cet égard, qu'en vertu de l'article 35 des Lois constitutionnelles, nos droits sont protégés si le Canada omet de respecter ses obligations en ce moment. Nous avons laissé ces terres en fiducie, et non en dévastation. Nous croyons que si rien n'est fait pour s'occuper des problèmes de la communauté de Fort Chipewyan — et je ne peux parler que pour Fort Chipewyan en ce moment, et encore plus pour la Première nation Athabasca Chipewyan, car j'en suis le chef — nous n'aurons d'autre choix que de prendre d'autres moyens, et de trouver des façons de régler ces problèmes en ayant recours au système judiciaire.
J'ai dit cela hier, et je le redis aujourd'hui: nous ne prendrons pas les armes contre le Canada ou contre sa population dans le but de protéger nos territoires traditionnels. Il existe un système judiciaire mis en place pour tous les Canadiens. En tant que premières nations, nous faisons partie de la population canadienne. La seule chose qui nous différencie, c'est un traité que nous avons signé en 1899, et ce traité doit être respecté par le Canada pour protéger nos droits.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Merci de me donner la possibilité de vous parler aujourd'hui.
J'ai avec moi des copies de la résolution que nous, chefs, avons adoptée plus tôt cette année, et que j'aimerais distribuer aux membres du comité. Comme j'ai su à la dernière minute que j'allais venir ici, je remettrai une copie de ma présentation au greffier. Je pense bien pouvoir le faire dans les délais accordés.
Mon nom est Bill Erasmus. Je suis le chef régional de l'Assemblée des Premières Nations des Territoires du Nord-Ouest, mais je suis aussi le chef national des Dénés. Nous comptons 30 communautés qui vivent en aval du projet de développement dans le nord de l'Alberta, lequel nous préoccupe énormément. Je suis aussi signataire du Traité 8, le même traité auquel tous les membres des premières nations ici présents souscrivent. Nous sommes la communauté qui est la plus au nord et la plus éloignée du Traité 8, ce qui veut dire que nous couvrons sensiblement le même territoire.
Comme vous le savez, la mise en valeur des sables bitumineux se fait dans la région de Fort McMurray et de Fort McKay, comme l'a dit mon homologue tout à l'heure, c'est-à-dire en amont du bassin d'Athabasca.
Les travaux actuels de développement des sables bitumineux a complètement changé le paysage du delta et du bassin hydrographique d'Athabasca. L'exploitation et la mise en valeur des sables bitumineux ont entraîné de graves conséquences, notamment la déforestation de la forêt boréale, l'exploitation de mines à ciel ouvert, l'assèchement de systèmes d'eau et de réseaux hydrographiques, la contamination par des produits chimiques, la perturbation de l'habitat et de la biodiversité, et la restriction des droits des Dénés, des Cris et des Métis en ce qui concerne la chasse et la trappe.
Beaucoup de peuples de premières nations ne savent pas à quel point la nourriture sauvage traditionnelle que nous consommons est contaminée. Nous voudrions que le gouvernement procède régulièrement à l'analyse des aliments traditionnels pour s'assurer que le niveau de contaminants et de toxines ne dépasse pas les niveaux recommandés.
Les nombreux effets de l'exploitation des sables bitumineux sur les eaux préoccupent beaucoup les communautés de premières nations. Par exemple, de grandes quantités d'eau sont utilisées pour l'exploitation des sables bitumineux, soit environ 349 millions de mètres cubes d'eau par année. Comme on l'a déjà dit, cela représente le double de la quantité d'eau utilisée par la ville de Calgary, sans parler du fait que 90 p. 100 de l'eau usée ne peut retourner au réseau hydrographique après usage.
Les émissions de gaz à effet de serre attribuables à la production de sables bitumineux sont trois fois plus grandes que pour la production de pétrole et de gaz conventionnelle. On nous a informés que la production actuelle de sables bitumineux émet 27 mégatonnes par année, mais que la quantité d'émissions pourrait grimper entre 108 et 126 mégatonnes d'ici 2015. L'industrie des sables bitumineux est donc en voie de devenir le plus grand émetteur de gaz à effet de serre au Canada, ce qui ne ferait qu'augmenter la contribution du pays au réchauffement de la planète.
Les communautés de premières nations qui vivent près des projets de sables bitumineux dans le nord de l'Alberta ont remarqué que les niveaux d'eau des lacs et des rivières avaient baissé à mesure que la production de pétrole augmentait.
Les problèmes de santé chez les peuples de premières nations ont aussi atteint des niveaux alarmants compte tenu du fait que ces peuples dépendent étroitement des terres et des rivières. Le nombre de cas de cancers rares et étranges a augmenté, et il est devenu courant d'observer des anomalies chez des espèces sauvages. Malheureusement, le public et les gouvernements du Canada et de l'Alberta ne comprennent toujours pas que les communautés de premières nations sont les plus touchées et les plus affectées par la mise en valeur des sables bitumineux.
Les terres ancestrales des premières nations de l'Alberta, de la Saskatchewan et des Territoires du Nord-Ouest sont détruites au profit de l'exploration et de l'extraction de sables bitumineux. Mais les premières nations ne sont pas consultées et ne reçoivent pas de compensation adéquate pour les terres perdues et détruites, les problèmes d'alimentation en eau, le non-respect des droits conférés par traité, et la perte de nourriture traditionnelle. Les nations dénée, crie et métisse vivent à proximité des gisements de sables bitumineux, principalement le long du bassin de la rivière Athabasca.
Du 16 au 19 février 2009, la Nation dénée a convoqué les chefs à Yellowknife pour une rencontre visant à discuter des questions relatives aux Dénés. Au cours de cette rencontre, un certain nombre de résolutions ont été proposées concernant l'incidence de l'exploitation des sables bitumineux en Alberta — en particulier en ce qui concerne l'incidence sur l'eau. Nous vous remettons aujourd'hui une copie de la résolution qui a été adoptée.
Nous sommes déçus que les gouvernements de l'Alberta et du Canada ne soient pas à la hauteur de leurs responsabilités sur le plan financier, fiduciaire et moral afin de gérer les sables bitumineux de l'Alberta de façon responsable pour l'environnement. Nous sommes déçus que le gouvernement de l'Alberta ait encouragé l'expansion rapide des sables bitumineux de l'Alberta sans avoir d'abord mis en place les mesures de réglementation et de protection adéquates du point de vue environnemental afin de réduire l'impact de chacun des projets ou de l'ensemble des projets combinés. Nous sommes également déçus que le gouvernement de l'Alberta n'ait pas pris de mesures adéquates pour protéger l'eau, le poisson et les espèces migratoires.
Cette mauvaise gestion ne concerne plus seulement les Albertains. Une menace imminente plane sur les communautés vivant en aval du bassin du fleuve Mackenzie, et plus imminent encore, au moment où on se parle, est le risque de contamination de l'eau provenant de fuites des bassins de décantation qui se trouvent sur la rivière Athabasca. Une grande brèche dans les bassins de décantation et un déversement important de substances toxiques dans les eaux de la rivière Athabasca et du bassin du fleuve Mackenzie auraient des conséquences catastrophiques impossibles à renverser.
Par conséquent, il a été résolu que tous les membres de la Northwest Territories Association of Communities demandent au gouvernement de l'Alberta de cesser immédiatement l'expansion des projets de sables bitumineux jusqu'à ce que les mesures suivantes aient été mises en place: un, un plan d'urgence public advenant une brèche catastrophique des bassins de décantation des sables bitumineux; deux, un plan pour réparer les fuites existantes des bassins de décantation; trois, un plan de 10 ans visant la régénération des bassins de décantation n'étant pas impliqués dans le déversement d'effluents toxiques dans le système hydrographique; quatre, un engagement d'utiliser des technologies produisant des résidus secs pour tout développement futur de sables bitumineux; et cinq, un engagement de la tenue d'audiences environnementales approfondies — auxquelles participeraient les communautés des Territoires du Nord-Ouest — sur l'impact cumulatif des projets de sables bitumineux, y compris les plans prévoyant le retour des eaux des bassins de décantation dans la rivière Athabasca.
Il a aussi été résolu que jusqu'à ce que ces conditions soient respectées, nous demanderons la collaboration de tous les gouvernements des Territoires du Nord-Ouest et de l'Amérique du Nord en vue de la mise en oeuvre d'une norme sur le combustible à faible teneur en carbone afin de réduire ou d'éliminer entièrement l'utilisation de sables bitumineux usagés.
Parlons maintenant des recommandations. Pour revenir à la raison de notre présence ici aujourd'hui, monsieur le président, sachez que nous sommes heureux de pouvoir présenter notre point de vue au comité concernant l'incidence négative de l'exploitation des sables bitumineux sur les terres et les communautés de premières nations.
Mises à part les demandes de consultation et d'accommodation, il faudrait attendre que les premières nations donnent leur consentement libre et éclairé avant de poursuivre les travaux relatifs aux sables bitumineux.
La gouvernance des gouvernements fédéral et provincial doit tenir compte des connaissances exceptionnelles des premières nations dans son processus décisionnel, et ce, parce que ces connaissances leur viennent de la relation étroite qu'ils entretiennent depuis toujours avec les terres et les rivières.
En conclusion, monsieur le président, il est essentiel que le gouvernement fédéral reconnaisse le pouvoir et l'autorité des premières nations. Le gouvernement ne peut continuer à faire cavalier seul, puisque les premières nations ont tant à offrir. Nous insistons pour que les gouvernements du Canada et de l'Alberta prennent leurs responsabilités pour s'assurer que les impacts cumulatifs et environnementaux de l'exploitation des sables bitumineux n'aient pas de conséquences irréparables pour la planète et les générations futures.
Une fois de plus, monsieur le président, nous demandons au comité d'inclure nos recommandations et nos résolutions dans son rapport pour ce qui est de cesser toute expansion future des activités liées aux sables bitumineux jusqu'à ce que les mesures dont j'ai parlé concernant les bassins de décantation soient prises.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Merci encore pour vos exposés et pour le temps que vous avez pris pour nous rencontrer aujourd'hui. C'est très apprécié.
Je me demandais si les chefs pourraient nous fournir des cartes montrant où se trouvent vos terres ancestrales et vos réserves, puisque la question a déjà été soulevée hier et qu'elle l'est encore aujourd'hui. Malheureusement, nous n'avons pas de cartes pour nous situer. Je crois que ça pourrait nous aider si nous pouvions voir...
Oh, nous avons le Traité 8, mais ce serait important de voir où se trouvent les terres traditionnellement consacrées à la cueillette et l'endroit où se trouvent les réserves. Je crois que ça pourrait vraiment nous être utile.
J'ai quelques questions pour vous.
Je crois que vous, chef Adam — ou était-ce plutôt la Nation crie Mikisew? — avez soulevé la question du manque de surveillance dans la collectivité.
Était-ce vous, chef Adam?
Chef Allan Adam: Oui.
Mme Linda Duncan: C'est un point très important, et je suis contente que vous le souleviez.
Avant, je faisais partie du comité chargé de fournir un programme de formation destiné aux premières nations concernant la surveillance fondée sur la collectivité, mais on m'a fait voir à quel point cette pratique était inutile si les fonds nécessaires à l'exécution du programme de surveillance n'étaient pas débloqués. Pourriez-vous nous en dire davantage sur ce point?
Pour perdre moins de temps, je vais vous poser tout de suite ma deuxième question car vous risquez de faire des liens entre les deux. Si j'ai bien compris, vous voulez lancer des mesures de surveillance fondée sur la collectivité. Je présume que ce que vous avez en tête, c'est la pêche, les animaux sauvages, la qualité de l'eau, et possiblement la qualité de l'air, mais peut-être également des études sur la santé. Je vais vous laisser nous en dire davantage.
Mes autres questions, et je vais laisser à chacun des chefs le soin de répondre, concernent l'étude sur la santé. Ce que je ne comprends toujours pas, c'est que, je pensais que c'était Santé Canada qui était responsable de fournir du financement et du soutien concernant les services de santé dispensés aux peuples des premières nations, mais lorsque des problèmes ont été signalés, c'est l'Alberta Cancer Board qui a procédé à l'étude.
Peut-être pourrez-vous m'expliquer pourquoi tout cela a été transféré à un organisme provincial. Mais ce que je veux surtout savoir, c'est si vous avez été consultés quant à la méthode, aux termes, et aux autres détails des études.
Par ailleurs, comme l'a dit le Cancer Board, il faut mener des études de suivi sur certains taux de cancer. Avez-vous été consultés sur ces études de suivi, sur les méthodes à utiliser, le moment où elles seront menées, et ainsi de suite?
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Merci pour cette occasion.
Mon nom est Albert Mercredi. Je suis chef de la Première nation du Fond du Lac. Je suis membre de l'une des communautés qui vivent en aval du projet de développement des sables bitumineux.
Pour vous situer durant mon exposé, j'ai demandé aux organisateurs de vous fournir le système cartographique d'où nous vivons, dans la région de l'Athabasca. Le processus de planification concernant l'utilisation des terres de l'Athabasca vous sera aussi présenté à titre de référence.
Sur ce, bon après-midi aux représentants élus, aux aînés, aux membres, et à vous, mesdames et messieurs. Merci. C'est pour moi un honneur d'être ici pour représenter ma communauté, le peuple denesuline, et de pouvoir vous parler de ces questions importantes.
Je vais parler pour mon peuple, les Denesulines d'Athabasca, qui vit dans la région située au nord et au sud du 60e parallèle. En langue dénée, cette terre s'appelle Dene Nene. Ça signifie « la terre » en français.
Nous remarquons que la durabilité de l'environnement et la prospérité des économies occidentales est un sujet d'importance au programme. Ce qui compte pour notre peuple, c'est que les terres et les eaux d'Athabasca ont assuré la survie de notre peuple pendant des milliers d'années, et que le peuple déné a assuré la survie des terres et des eaux.
Nos aînés nous ont enseigné, et nous y croyons, que si nous prenons soin des terres et des rivières, elles prendront soin de nous en retour. C'est pourquoi le peuple déné considère que sa principale richesse est l'air pur, l'eau claire et les terres propres sur lesquelles il peut chasser et trapper pour assurer sa subsistance. La prospérité est secondaire pour nous.
De nos jours, nos terres, nos rivières et nos ressources nous sont enlevées par des entreprises nationales et internationales désirant exploiter ces ressources. Elles envahissent la terre à un rythme effarant. Cet empressement a alarmé la population, sans parler des rapports faisant état de la dégradation de l'environnement et du peuple déné.
L'industrie énergétique a envahi les terres et les rivières, la plupart du temps sans consulter ni respecter notre peuple; néanmoins, la plus grande menace pour nous est l'envahissement de l'industrie pétrolière et gazière sur notre territoire et les activités menées dans la région de Fort McMurray, du côté de l'Alberta. Récemment, on a annoncé la coupe de milliers de kilomètres de forêt dans la région où se trouve Oilsands Quest, en Saskatchewan, et la construction de routes sur notre territoire, dans l'intention d'entamer la production d'ici un an ou deux.
Le peuple déné d'Athabasca est très préoccupé par les rapports récemment déposés par l'Alberta et mettant au jour la nature toxique des sables bitumineux d'Athabasca exploités dans la région de Fort McMurray, ce qui constitue aussi une préoccupation sur la scène internationale. Le peuple déné a été alarmé en apprenant les souffrances de nos parents et amis de la Première nation Denesuline de Fort Chip — qui a connu le plus grand nombre de morts dans la communauté denesuline — en raison de cancers et de maladies qui seraient causés par la présence de substances toxiques dans l'eau en raison de la production de sables bitumineux à Fort McMurray.
Le peuple déné s'inquiète de savoir si les eaux coulant vers le nord dans la rivière Athabasca transportent des substances toxiques dans notre lac Athabasca et à nos portes, du côté de la Saskatchewan. De plus, les rapports de l'Alberta et de la Saskatchewan ont révélé une hausse des niveaux de pluies acides attribuable aux sables bitumineux de Fort McMurray. Le peuple déné est victime des effets nocifs de ces projets toxiques sur les poissons et les animaux sauvages, qui sont à la base de notre survie et qui contribuent à l'économie denesuline.
Tant le projet de sables bitumineux de Fort McMurray que celui d'Oilsands Quest de Saskatchewan ont été mis en oeuvre sans la consultation ni la participation du peuple denesuline d'Athabasca. Dans une lettre qui m'a été adressée, une des entreprises indique que selon elle, elle n'a aucune obligation de consulter notre peuple et que la décision revient exclusivement aux provinces.
Nos aînés denesulines en parlaient depuis des années et nous ont mis en garde contre la destruction de l'environnement si nous ne prenions pas soin des terres, des rivières, et des animaux sauvages, et si nous ne prenions pas nos responsabilités en tant qu'habitants de la terre. À une époque où le monde et la nation du Canada sont en crise et cherchent désespérément des sources d'énergie propres, les provinces de l'Alberta et de la Saskatchewan et toutes les provinces de l'Ouest doivent montrer l'exemple et garder nos terres et nos eaux en parfait état. La province de l'Alberta devrait se concentrer à nettoyer le gâchis environnemental dont elle est responsable, et la province de la Saskatchewan devrait se préoccuper des dommages et de la destruction causés par la promotion et la mise en oeuvre de projets similaires.
Nous sommes conscients que la région d'Athabasca est l'une des plus attirantes du monde pour l'exploration de ressources énergétiques et l'extraction de ressources compte tenu de la demande pour l'énergie produite à partir d'hydrocarbures et d'uranium. Toutefois, les activités liées à l'industrie pétrolière et gazière et à l'industrie nucléaire sont une menace pour le mode de vie traditionnel, la culture et les valeurs de mon peuple. Quand nous allons sur nos terres, nous sommes souvent surpris de tomber sur de nouveaux camps d'exploration ayant reçu l'autorisation des provinces de se rendre sur les terres et les rivières denesulines sans avis ni consultation, et sans avoir d'abord obtenu le consentement du gouvernement de la première nation.
Depuis beaucoup d'années, notre peuple n'a pas eu les chances qu'il aurait dû avoir de se développer, de parfaire son éducation, d'améliorer sa formation, et de faire croître ses entreprises, ni de tirer profit des occasions que représente l'industrie énergétique. Ces entreprises étrangères, avec leurs travailleurs canadiens, en ont bénéficié beaucoup plus que notre peuple au fil des ans. Nous reconnaissons que l'industrie énergétique profite à notre peuple d'une certaine façon, mais les entreprises qui exploitent l'énergie et l'économie des provinces en ont bénéficié beaucoup plus que nous, si l'on compare.
C'est pourquoi notre peuple de première nation a décidé d'adopter une approche proactive en deux volets afin de préserver les intérêts des Denesulines d'Athabasca aujourd'hui, et pour les générations futures.
Premièrement, nous avons créé notre propre société de développement régional afin d'essayer de contrôler le développement de manière à ce que le peuple déné d'Athabasca puisse en profiter et, surtout, de permettre à nos chefs d'avoir leur mot à dire, du point de vue industriel, sur la façon dont les terres seront exploitées. Cela nous a permis de bénéficier de certains avantages, notamment en ce qui concerne l'éducation, la formation, l'emploi et le développement des entreprises.
Deuxièmement, nous prenons des mesures proactives afin de faire respecter nos droits et exigeons que les provinces et les entreprises d'énergie suivent un processus qui les force à fournir de l'information aux dirigeants denesulines concernant l'exploration de l'entreprise, ce qui veut dire de rencontrer notre gouvernement de première nation aussi souvent que nécessaire avant que les permis ne soient octroyés.
Troisièmement, nous avons établi un plan concernant l'utilisation des terres d'Athabasca, lequel a été approuvé par tous les chefs denesulines d'Athabasca et les communautés dénées voisines. Vous l'avez dans la pièce ici. Le plan d'utilisation des terres d'Athabasca a toutefois été ignoré par les provinces, si bien que l'accès au territoire a été accordé à des étrangers pour des périodes beaucoup trop longues.
Quatrièmement, nous avons établi un protocole afin de définir un cadre concernant le devoir de l'État en matière de consultation et d'accommodation, ce qui comprend un processus d'examen et d'approbation des projets de développement des ressources. Ce protocole a été établi en réponse directe à l'absence de processus officiel jusqu'à maintenant, absence qui semble refléter le manque de volonté politique de la part du Canada et des provinces, qui refusent d'exercer leur leadership. Dans le cas des Denesulines d'Athabasca, l'État semble vouloir déléguer sa responsabilité de son devoir de consultation à l'industrie énergétique. C'est inacceptable, et c'est le peuple denesuline d'Athabasca qui se retrouve à devoir assumer les conséquences de la politique de l'État.
Les dirigeants des Denesulines Athabasca doivent agir pour éviter que des projets néfastes et destructeurs se concrétisent, dans un contexte provincial où notre peuple ne serait pas pris en considération, et où aucun processus officiel de consultation et d'accommodement n'assure sa participation.
Nous devons donc travailler à faire respecter nos droits, nos intérêts et nos titres face au Canada, aux provinces et aux entreprises qui ne nous consultent pas. Nous ferons ce qu'il faut pour participer à la négociation des conditions qui permettraient l'accès à nos terres et à nos eaux, et faire face aux conséquences éventuelles. L'obligation de consulter doit inclure nos communautés dans la région de l'Athabasca, et il est important d'accommoder leurs intérêts.
L'Athabasca ne peut plus attendre. C'est le temps de prendre position, car nous risquons de tout perdre. Le peuple denesuline n'a pas le choix.
C'est le point de vue des communautés de l'Athabasca. Dans cette région, que je représente, il y a des activités minières depuis plus de 67 ans, trois sites miniers abandonnés et 39 sites d'exploration satellites qui n'ont jamais été nettoyés. Nous venons d'une région riche en uranium, qui se développera encore dans les années à venir, et voilà qu'Oilsands Quest se met de la partie.
Je vous remercie de m'avoir écouté, mesdames et messieurs. Merci beaucoup.
Voici ce que je voudrais dire au comité.
Dans notre langue, quand nous disons « Tu degiha », ça veut dire « L'eau est sacrée »; « Tubeta tsina », « L'eau est la vie »; « Tu nere dela tulahta », « L'eau est comme notre sang qui circule dans la Terre-Mère ».
Ce dont nous parlons aujourd'hui, ce qui est l'objet de cette audience, c'est l'eau, par opposition au pétrole. Comme les chefs l'ont déjà dit, les traités nous confèrent des droits sur l'eau. La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, qui a été adoptée aux Nations Unies, fait référence à l'eau et aux droits sur l'eau.
Comme vous le savez, le printemps amène la vie. Il amène la vie, mais cette substance toxique, empoisonnée, qui est versée dans la terre — et vous l'avez vu, vous avez survolé le secteur... La vie arrive au printemps, comme une femme qui donne la vie, mais si vous injectez des substances toxiques à une femme enceinte, vous allez la tuer, et tuer aussi l'enfant. C'est comme ça que les Dénés perçoivent ce qui se produit.
J'ai participé à l'enquête Berger dans les années 1970. Je voudrais parler de deux façons de voir le monde. La première est la colonisation. Les colonisateurs croient que les Autochtones doivent être assimilés et intégrés à une économie basée sur les salaires. C'est une mentalité très coloniale, qui perdure. Ça veut dire que cette économie doit prospérer aux dépens de notre « Dene chanie », notre culture. Si on traduit littéralement, ça signifie « le chemin que nous suivons ». Ça veut dire que notre mode de vie, notre perception du monde, est rétrograde. Nous menons une vie simple, donc nous devons être colonisés.
Notre peuple fait maintenant des efforts pour se décoloniser, carrément. L'enquête Berger a joué un rôle important dans cette histoire, et c'est ce qui se produit encore ici, mais de façon beaucoup plus limitée. Pour se décoloniser, il faut simplifier, et prendre en main notre mode de vie, pour que notre culture, notre Dene chanie, survive, comme les cultures d'autres peuples qui ont préservé et protégé leur mode de vie, et l'ont entretenu. Je veux juste dire que nos investisseurs nous demandent de ne pas détruire cette culture, et ne permettront pas que nous le fassions. C'est aussi simple que ça.
Je vis près de la frontière des Territoires du Nord-Ouest. Je vous ai fourni des cartes de la rivière des Esclaves. On nous appelle les Dénés Phabettie, ce qui signifie « début des rapides ». L'histoire de ces rapides est fascinante. Notre existence et notre survie dépendent entièrement de ce secteur. Nous sommes à côté du parc national Wood Buffalo. Le gouvernement de l'Alberta a désigné ce corridor comme site patrimonial.
Nous polluons la rivière. Et maintenant, ATCO et TransCanada PipeLines proposent de construire un ouvrage à partir du réservoir pour bloquer la rivière, afin de produire de 1 000 à 1 500 mégawatts d'électricité. Ça n'a pas de bon sens. L'eau est polluée. C'est comme si on bouchait le réseau d'égouts de la ville. Tout le réseau sera pollué, et ça ne sera pas long. Mais c'est ce qu'ATCO et TransCanada proposent. Alors la rivière va mourir — nos poissons, les autres animaux, etc. Les sables bitumineux détériorent le beau territoire dont je proviens. C'est la réalité.
J'habite près de la rivière, à 180 ou 200 milles des sables bitumineux. Il y a deux ans, je m'étais rendu à la rivière, mais j'avais oublié d'apporter de l'eau à boire, et j'ai été malade pendant trois jours parce que l'eau de la rivière est polluée. Comment est l'eau? Comment vont les poissons? Les poissons sont en péril dans cette rivière, dans cette eau. Nous avons vu des boues brutes dans l'eau. Lorsque les gens vont pêcher, ils trouvent des algues vertes dans leurs filets. Ça ne s'était jamais vu. Il y a de la mousse à la surface de l'eau, et ça ne s'était jamais vu non plus. Le seul système de contrôle de la rivière est celui qui a été installé où j'habite, à Fort Fitzgerald. Tout ce qu'il mesure, c'est le débit et la profondeur de l'eau. C'est tout ce qu'il fait.
D'après l'institut Pembina, la rivière a baissé de 35 p. 100 depuis 1971. Je vis au bord de la rivière. J'emprunte la rivière pour me rendre à Fort Chipewyan. Je dirais que l'automne dernier, elle avait diminué de 40 p. 100... Ce n'est pas rien.
Cet hiver, j'ai participé à la préparation d'un plan stratégique pour l'eau des Territoires du Nord-Ouest. Notre rôle était de consulter les dirigeants et les chefs de la vallée du Mackenzie. Les chefs et les aînés se préoccupent beaucoup du réseau hydrographique dans le Nord. Ils s'inquiètent des poissons, de la faune. Ils disent que les poissons ne sont pas normaux; quand on les ouvre ou qu'on les mange, on voit que leur chair est plus épaisse.
Les aînés se préoccupent aussi grandement de la santé, parce qu'il y a beaucoup de cas de cancer le long de la rivière. Il y en a autant qu'à Fort Chipewyan. Là-bas, il y a probablement plus de cas que dans d'autres secteurs de la vallée du Mackenzie. Ce qui les dérange surtout, c'est qu'il n'existe absolument aucune donnée sur ce qui se produit par rapport à l'eau, aux rivières ou aux lacs. Dans mon secteur, il n'y a aucun contrôle. Il n'y a pas de données, sauf sur le débit et la profondeur de l'eau.
Est-ce que j'ai déjà vu des représentants du gouvernement provincial dans ma communauté? Jamais. Est-ce que j'ai déjà vu un fonctionnaire fédéral venir examiner l'eau? Jamais.
Le parc national Wood Buffalo, qui n'est pas loin d'où j'habite, ne dispose pas non plus d'un système de surveillance de l'eau. Je crois qu'avant qu'on en sache plus, il ne devrait pas y avoir de nouveaux projets. Il devrait y avoir un moratoire sur les projets.
Je sais que mon temps est écoulé. Je suis habitué à faire... non pas de longs exposés, mais je vais résumer...
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Merci, monsieur le président. Bonjour à tout le comité.
Que notre idéologie soit occidentale, européenne, orientale, noire, autochtone, peu importe notre situation, nous avons tous besoins les uns des autres, nous avons tous des principes et des croyances qui guident nos vies quotidiennes.
C'est grâce au bon vouloir de notre Terre-Mère que nous sommes ici aujourd'hui. Pourtant, nous continuons de créer de nouveaux subterfuges pour ne pas voir ce qui saute aux yeux, laisser entendre qu'il y a erreur, jouer à la roulette russe, traiter la nature avec négligence et abuser de sa générosité. Nous devons honorer les éléments sacrés que sont l'eau, l'air, la terre et le feu. Si l'un d'entre eux venait à disparaître, la race humaine telle que nous la connaissons disparaîtrait aussi.
Les peuples autochtones des Amériques ont beaucoup à offrir, dont une vaste connaissance de ce qui était bien, de ce qui s'est détraqué et de ce qui pourrait être récupéré dans notre relation avec l'environnement au sens large.
Avant de connaître l'homme blanc, les Dénés du Deh cho vivaient de la terre et avec la terre, assurant ainsi la subsistance, la croissance et le développement de leurs sociétés. Les relations étaient organisées de sorte que les Dénés et tous les êtres vivants pouvaient continuer de prospérer et de s'épanouir. Cela exigeait l'instauration de systèmes de savoir traditionnel qui étaient précis et structurés, au sens « matériel » ou « scientifique » d'aujourd'hui, en matière de protection, de renouvellement et de régénération des ressources.
Au siècle où nous vivons, notre environnement a été détruit jusqu'au point de non-retour. La terre que nous foulons, l'eau que nous buvons et l'air que nous respirons ont tous le potentiel de nous rendre malades, plutôt qu'être sources de santé et de bien-être. Les Dénés du Deh cho ont beaucoup à offrir sur ce plan.
Le savoir traditionnel est au coeur de la gestion de notre environnement. Le plan d'aménagement du territoire de 2006 en est un exemple patent. Ce document essentiel qui crée de l'harmonie entre les gouvernements, l'industrie et les premières nations a perdu sa pertinence à force de jouer avec ce que nous considérons comme des mécanismes de survie. L'industrie et le gouvernement semblent passer à côté de l'essence de ce document.
Monsieur le président, le plan d'aménagement du territoire Deh cho est un modèle que l'industrie devrait utiliser pour planifier son développement. C'est un bon document de travail et d'orientation pour l'industrie. Ce document parfaitement raisonnable est en voie d'être modifié au nom de la conformité. Or, ces exigences de conformité n'ont aucun sens pour ceux et celles qui utilisent la terre et l'eau depuis des temps immémoriaux. Les zones de conservation ont été remplacées par des zones de développement spécial par des gens qui n'ont jamais mis les pieds sur notre territoire.
Dans un pays moderne et développé comme le Canada, les politiques débattent souvent des idées de manière abstraite. L'aliénation idéologique des individus conduit souvent à une lutte pour défendre une théorie de gouvernance au détriment d'une autre, chacun prétendant que sa façon est meilleure que celle du voisin et même la seule acceptable. Les politiques ont tendance à se croiser les bras, adoptant une attitude défensive, plus soucieux d'avoir raison que de faire ce que la raison commande. Les Dénés voient le gouvernement comme un ensemble de relations dynamiques et en constante évolution entre les gens, qui doit être prêt à s'adapter à l'évolution des conditions et des situations. La manière de gouverner des Dénés, comme tous les modes de gouvernement d'ailleurs, n'est pas nécessairement parfaite, mais nous avons une très importante contribution à apporter aux débats actuels sur la façon de gouverner, de prendre soin les uns des autres et de vivre en harmonie.
Les Dénés du Deh cho peuvent transmettre leur savoir traditionnel en matière de commerce, de paix, d'ordre et de bonne gouvernance par l'exploration des modes de gouvernement des premières nations et des relations entre peuples et groupes ethniques différents. Nous aussi vivons dans un monde qui change rapidement. Nous traversons actuellement une récession. Les systèmes de gestion sont tous vulnérables et ont tous des points forts et des points faibles. Les valeurs et principes autochtones ont été largement rejetés et remplacés par un gouvernement administratif qui carbure à l'économie.
Le Canada a relégué aux oubliettes les valeurs et les principes du passé des Dénés et déclaré que leur système de gouvernement ne convenait pas à la réalité d'aujourd'hui. Faire abstraction du savoir et des manières ancestrales qui régissaient la vie des Dénés du Deh cho depuis des milliers d'années a été une erreur monumentale et une perte immense dont notre peuple continue de souffrir, tout comme la terre, le ciel et l'eau.
Pour récupérer les pertes et ouvrir les yeux et les esprits des peuples de la terre à cette tragédie historique, il faudra plus que des remords et des regrets. Il faudra d'abord faire amende honorable, puis agir avec respect. Le gouvernement devra prendre des décisions courageuses et les appliquer avec détermination.
Nous avons des droits acquis. Comme gardiens, nous avons le devoir de protéger ce que nous avons; pourtant, pour l'instant, nous dépendons de gouvernements qui n'en ont que pour l'économie. La récession nous donne du temps pour réfléchir, évaluer et repenser notre raison d'être sur cette planète. C'est le bon moment. Nous avons la possibilité d'agir, tout de suite.
Monsieur le président, nous sommes des gardiens de l'eau maintenant. Cette expression n'est pas nouvelle, car depuis des temps immémoriaux nous partageons notre savoir, nos contes et nos légendes sur le territoire et l'eau. La nature nous a enseigné l'art de la survie. Depuis une génération, nous avons aussi appris à connaître le développement industriel et les mesures de dévastation et de destruction qu'il préconise au nom du progrès.
Grâce à leur réseau de communication particulier, les premières nations du continent sont devenues une force collective à la défense de notre ressource la plus précieuse de toutes, l'eau. Cet enjeu humanitaire qui a pris naissance dans le Nord se répand maintenant dans tout le pays, tout le continent et toute la planète. Un réseau collectif constitué des « Keepers of the Water », les gardiens de l'eau, du réseau autochtone de l'eau, de la stratégie de l'eau et de forums environnementaux mène une lutte efficace pour protéger notre Terre-Mère et ses éléments sacrés. Comme gardiens, nous devons toujours privilégier l'évolution humaine plutôt que la richesse matérielle, protéger la ressource qu'est l'eau, son utilisation culturelle et sa valeur traditionnelle. Nos pratiques de conservation devraient nous assurer que les prochaines générations ne seront pas privées de ces éléments qui nous maintiennent en vie aujourd'hui.
Nous ne sommes pas à côté de la plaque; même si nous convenons qu'un peu d'argent en poche ne fait pas de tort, nous pensons qu'il faut s'élever au-dessus de ces considérations si nous voulons que la race humaine telle que nous la connaissons puisse survivre. Il faut avoir le courage de remettre le statu quo en question. Il faut être vigilant et ouvrir les yeux. Nous n'avons pas survécu sur ce continent en confisquant aux autres leurs moyens de survivre. Nous avons tous des droits acquis. Notre survivance ne dépendra pas des gouvernements. Les décisions stupides qui mettent notre survie en péril ne passeront pas sans contestation.
Depuis que le réchauffement de la planète est devenu un enjeu, on a lancé mollement certaines initiatives pour se donner bonne conscience. On fait semblant de s'inquiéter tout en croisant les doigts dans l'espoir que la situation se redressera toute seule.
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Je voudrais vous remercier de m'avoir donné l'occasion de témoigner devant le comité. Pour votre information, je m'appelle Michael Miltenberger et je suis ministre de l'Environnement et des Ressources naturelles. Je suis aussi vice-premier ministre, ainsi que ministre des Finances.
Je veux vous parler du bassin du fleuve Mackenzie, des Territoires du Nord-Ouest, ainsi que des questions de l'eau et des répercussions cumulatives. J'aimerais parler du contexte dans lequel nous vivons, de certaines menaces auxquelles nous faisons face en ce qui concerne l'eau. J'aimerais discuter de quelques-uns des défis que nous relevons ainsi que des mesures que nous avons prises grâce à notre stratégie sur l'eau, et j'aimerais faire quelques recommandations aux membres du comité, particulièrement en ce qui a trait au gouvernement fédéral.
Les Territoires du Nord-Ouest ont une superficie de 1,2 million de kilomètres carrés, ce qui représente environ 12 p. 100 du territoire du Canada. On y trouve 33 communautés, toutes près d'un plan d'eau du bassin du fleuve Mackenzie. Les territoires comptent 42 000 personnes, et la moitié d'entre elles sont de descendance autochtone. Pour les gens des Territoires du Nord-Ouest, l'eau est une préoccupation commune; il faut la protéger, du point de vue de la quantité et de la qualité. Les Territoires du Nord-Ouest sont situés presque entièrement à l'intérieur du bassin du fleuve Mackenzie. Nous sommes le plus grand territoire en aval du bassin. Dans les Territoires du Nord-Ouest, on trouve deux deltas importants: le delta de l'Esclave, et le delta du bassin du Mackenzie.
Nous sommes très préoccupés par ce qui se passe dans le bassin du fleuve Mackenzie. J'aimerais rappeler l'entente transfrontalière signée en 1997. Le gouvernement fédéral a joué un rôle d'initiateur, et il a lié les signataires dans une entente commune. Ces signataires sont la Saskatchewan, l'Alberta, la Colombie-Britannique, le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest. Les Autochtones sont représentés. Cependant, cette entente est sous-utilisée.
Nous sommes très intéressés par le règlement de la question des ententes transfrontalières. Je dirais que lorsqu'il est question de l'eau, aucun gouvernement n'est une île, si je peux paraphraser John Donne. Nous avons tous des intérêts communs. La question nous tient à coeur et d'ailleurs, le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, lors de sa quinzième et dernière assemblée, a adopté une motion unanime décrétant l'eau comme étant un droit humain fondamental. Je crois que nous sommes le seul gouvernement dans ce pays à l'avoir fait. Tandis que le gouvernement fédéral a le mandat juridique de gérer l'eau dans les Territoires du Nord-Ouest au nom des gens du Nord, le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest exerce, avec les gouvernements autochtones, ce qui constitue à notre avis notre autorité politique et morale, la responsabilité de traiter des questions qui nous touchent profondément et personnellement — des questions qui ne peuvent attendre le gouvernement fédéral pour être résolues.
Nous reconnaissons également la relation avec les gouvernements autochtones. Comme vous l'avez entendu de la part de quelques-uns des témoins précédents, la question des droits issus de traités sera tôt ou tard soumise aux tribunaux, lorsque les droits fondamentaux se trouvant dans ces ententes seront contestés. Nous reconnaissons ces gouvernements et travaillons avec eux. Je parlerai brièvement de la question des connaissances traditionnelles et de ce que nous décrivons comme le capital naturel.
L'une des menaces que nous voyons pour notre réseau hydrographique, en plus des enjeux qui concernent les Territoires du Nord-Ouest, est le développement en amont. J'aimerais parler des répercussions cumulatives. Vous avez parlé aujourd'hui des sables bitumineux. Il y a également les usines de pâtes, il y a plus d'un million de têtes de bétail, il y a des communautés, il y a un projet de réacteur nucléaire au lac Cardinal, du côté de la rivière de la Paix. Il y a le projet du barrage Bennett, sans compter toutes ces choses dont nous ne sommes pas au courant et qui se produisent dans le cours supérieur des rivières, du côté de l'Alberta et de la Colombie-Britannique, dans les rivières de la Paix et Athabasca, à mesure que les glaciers fondent et que la couverture de neige diminue en raison du réchauffement climatique. De plus, notre manque de connaissances est substantiel.
Nous sommes également très préoccupés par les substances qui se trouvent dans l'air et qui retombent sur nos territoires. Vous avez entendu parler aujourd'hui des acides naphthéniques, des hydrocarbures aromatiques polycycliques, du bitume, du mercure, et des métaux lourds. Une grande partie de ces substances se trouve dans l'air. Vous pouvez lire la littérature. L'Arctique en est couverte.
Nous avons également nos propres problèmes dans les Territoires du Nord-Ouest. Nous tentons d'améliorer notre façon de procéder avec le développement, que ce soit des pipelines ou des mines en général. Il y a une énorme mine désaffectée au bord du Grand lac des Esclaves, où on trouve 230 000 tonnes métriques de trioxyde d'arsenic entreposées dans les puits sous le niveau de l'eau du lac — le nettoyage que nous devrons faire nous coûtera un milliard de dollars. Les répercussions des changements climatiques sur le pergélisol sont une autre menace. Les saisons des feux de forêt sont de plus en plus longues. La couche de glace s'amincit. Le niveau d'eau baisse partout sur le territoire. Dans chaque communauté, on vous dira que la terre et l'eau ont changé.
Nous faisons face à certains de ces défis parce qu'il n'existe pas de stratégie nationale sur l'eau qui permettrait au gouvernement fédéral de jouer un rôle clair comme leader dans un dossier qui touche toutes les instances, sans exception. Ce sont des défis qui concernent toutes les communautés, tous les Canadiens.
Nous soutenons le travail et les efforts faits par les ministres de l'environnement et le gouvernement fédéral pour mettre en oeuvre cette stratégie nationale sur l'eau. La dernière fois qu'on a travaillé sérieusement dans ce dossier, c'était en 1987, et il s'est passé peu de choses depuis. Il y a eu un comité du Sénat qui a fait un examen, et ce comité était dirigé par Tommy Banks, un sénateur de l'Alberta. Il a cerné tous les problèmes: le manque de ressources, la réduction des programmes, et l'incapacité du gouvernement fédéral de faire le travail nécessaire en ce qui concerne l'eau de surface et l'eau souterraine.
En même temps, nous avons connu ce qui était, jusqu'à la présente récession, un développement sans retenue, qui se déroulait à un rythme souvent plus rapide que le processus d'évaluation. Sur notre territoire, nous avons un régime réglementaire plutôt confus. Le gouvernement fédéral s'en est mêlé et a instauré un processus souvent très difficile et frustrant pour toutes les parties concernées.
Un autre défi consiste à tisser des liens entre les connaissances traditionnelles et la science européenne, tandis que nous avançons dans tous les secteurs des Territoires du Nord-Ouest où les gouvernements autochtones font partie des principaux propriétaires terriens. Aucun partenariat de recherche exhaustif n'a été établi pour faire une bonne partie du travail nécessaire.
Nous avons une entente-cadre sur les eaux transfrontalières du bassin du Mackenzie qui ne sert à presque rien et dont le financement n'a pas été majoré depuis 1997. On fonctionne avec un budget de 250 000 $ par année. Les ministres ne se sont toujours pas réunis. À notre avis, c'est un mécanisme qui a un potentiel énorme s'il est revitalisé, si les parties, dirigées par le gouvernement fédéral, viennent à la table pour discuter de la gestion de l'eau dans une approche intégrée de gestion du bassin hydrographique du Mackenzie. Cela ne s'est toujours pas produit.
Tous les témoins que vous avez entendus aujourd'hui vous ont fait part de toutes ces inquiétudes parce qu'il n'y a pas de mécanisme qui permette aux gens d'en discuter. L'Alberta veille sur les intérêts de l'Alberta. À moins que le gouvernement fédéral n'utilise les lois qu'il a déjà à sa disposition, les chances d'obtenir la participation des autres instances sont très minces. L'une des communautés des Territoires du Nord-Ouest, Fort Resolution, a tenté de participer à l'une des audiences sur le développement de Fort McMurray, et il a été très difficile pour cette communauté d'avoir une oreille attentive. Cela montre à quel point notre gouvernement doit travailler avec les gouvernements autochtones afin d'établir un plan et des politiques qui nous permettront de régler cette question.
J'ai parlé très brièvement du manque de suivi de la recherche. C'est un enjeu pour les Territoires du Nord-Ouest, mais c'en est aussi un pour le bassin du Mackenzie, de son cours supérieur jusqu'à l'océan Arctique. La santé de l'écosystème aquatique fait également partie des enjeux. La plupart des signataires de l'entente-cadre du bassin du Mackenzie sont muets en ce qui concerne l'eau souterraine, mais ce rapport publié hier, qui a été mentionné par Mme Griffiths, indique très clairement que l'eau souterraine est une partie essentielle du cycle hydrologique.
Les changements climatiques causent de très graves problèmes. Certains secteurs connaissent des problèmes d'approvisionnement. Nous devons tous travailler ensemble afin de surveiller et gérer ces problèmes. Nous devons utiliser les connaissances traditionnelles à bon escient. Les gens qui ont habité le bassin depuis des milliers d'années nous parlent de changements, et ces changements ne vont pas en s'améliorant.
Nous travaillons ensemble afin d'élaborer pour les Territoires du Nord-Ouest une stratégie sur l'eau intitulée « Northern Voices, Northern Waters ». Notre point de vue, au nord, doit être entendu. Nous reconnaissons que si nous voulons être efficaces dans un territoire peuplé par 42 000 personnes, nous devons travailler avec les gouvernements autochtones pour élaborer un plan qui nous permettra d'examiner plus clairement le développement des ressources, dans le cadre de la négociation d'ententes avec l'Alberta, la Saskatchewan, la Colombie-Britannique, le Yukon et le gouvernement du Canada.
Il faudra établir clairement ce qui devra être négocié dans une entente, qui s'annonce très complexe. Ce n'est pas qu'une question de débit et de qualité de l'eau. Il y a bien d'autres problèmes. Ce n'est pas qu'une question d'eau de surface. Nous voulons être prêts à faire face à toute éventualité. Nous voyons un lien très clair avec le capital naturel, qui est devenu un des sujets de discussion ici. Nous reconnaissons que les écosystèmes intacts ont de la valeur. Ça ne se limite pas à dénuder le sol pour obtenir du pétrole, des diamants, de l'or et d'autres minéraux. Les Autochtones, qui se fient à leurs connaissances traditionnelles, nous l'ont répété pendant des dizaines d'années. Nous avons dû reconnaître qu'ils avaient raison. Il ne s'agit pas seulement d'une valeur spirituelle, culturelle et sociale; on peut maintenant y attribuer une valeur sur le plan économique, dans une langue que tout le monde comprend, y compris le monde des affaires. C'est ce que nous tentons d'intégrer à notre approche.
Nous recommandons de revitaliser et de renforcer les mécanismes transfrontaliers qui se trouvent dans l'entente-cadre sur les eaux transfrontalières du bassin du Mackenzie. On y parle d'une approche de gestion intégrée du bassin hydrologique, ce que nous appuyons. Nous appuyons la participation du gouvernement fédéral et nous lui demandons de jouer un rôle de leader. Cette question ne touche pas que les Territoires du Nord-Ouest ou les autres régions; elle doit être réglée à l'échelle nationale. C'est dans l'intérêt de tous.
Nous devons trouver des moyens de faire participer plus efficacement les régions en aval. Par exemple, il ne suffit pas de limiter le champ des consultations à 12 kilomètres sous le site C. Nous avons besoin d'être avertis rapidement et clairement lorsqu'il y a des problèmes, ce qui est inévitable. La plupart du temps, nous apprenons ces choses dans les journaux ou à la radio de la CBC.
Nous désirons recommander à ce comité qu'il demande et appuie une stratégie nationale sur l'eau dans laquelle le gouvernement fédéral jouera un rôle de leader afin que les différents gouvernements discutent ensemble. Nous croyons qu'il y a une place pour les connaissances traditionnelles aux côtés de la science occidentale, dans nos travaux concernant les bassins hydrologiques sur l'ensemble du territoire; nous parlons à des gens qui ont des milliers d'années d'expérience que nous n'avons pas.
On doit affecter plus d'argent à la recherche. Nous ne pouvons pas prendre de décisions éclairées sans nous appuyer sur des recherches. Sinon, nous devons nous en tenir au principe de précaution, ce qui signifie que nous devons utiliser la meilleure information que nous avons. Cette situation cause toujours des problèmes; cependant, nous devons nous engager. Je suis allé dernièrement à une conférence à Canmore où étaient présents tous les spécialistes et les scientifiques qui mesurent l'eau et la couche de glace des glaciers. Ils ont dit qu'il y avait des lacunes importantes dans nos systèmes.
L'eau souterraine, l'eau de surface, ces défis nous concernent tous, non seulement dans les Territoires du Nord-Ouest mais à la grandeur du bassin du Mackenzie. En tant que résidants du Nord, des Territoires du Nord-Ouest, nous voyons ce qui se produit en amont, et nous espérons que des décisions judicieuses seront prises à l'égard du bassin.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, je voudrais m'excuser pour la qualité de ma voix. Je suis aux prises avec un rhume dont je ne peux me débarrasser. Non je ne la partage pas et non, ce n'est pas la grippe porcine. Lorsque vous retournerez à Ottawa, ne dites pas que c'est ma faute.
Avec votre permission, monsieur le président, j'ai ici une présentation que je vais tout simplement feuilleter pour laisser plus de temps pour les questions. En fait, cela ne prendra pas plus de cinq minutes. Je veux aborder les enjeux de l'exploitation des sables bitumineux.
Ainsi, à la page deux de la présentation, nous voyons pourquoi les sables bitumineux sont très importants pour l'économie de l'Alberta et du Canada. Cette exploitation est très importante pour les citoyens d'un point de vue économique ainsi que pour la prospérité des générations futures. Comme vous en avez sûrement entendu parler beaucoup ces derniers temps, je ne vais pas répéter ce qui a été dit. Cependant, si vous regardez les chiffres présentés à la page deux, vous pouvez voir que cette activité génère un très grand nombre d'emplois directs et indirects ainsi que des recettes pour le gouvernement.
Il y a deux méthodes d'extraction pour les sables bitumineux. L'une d'elles est l'exploitation in situ et l'autre, l'exploitation de surface. Chacune d'elles comporte des défis qui leur sont propres. Ces deux méthodes ont des incidences sur le terrain, sur l'air et sur l'eau. Ces incidents varient selon la méthode d'extraction, mais elles sont importantes et nous devons nous y attaquer.
Le graphique de la page quatre montre l'utilisation de l'eau dans l'extraction et le traitement des sables bitumineux dans le cadre de l'exploitation de surface. La page cinq illustre l'utilisation de l'eau pour l'exploitation in situ. Dans le graphique de l'exploitation de surface, nous utiliserons disons 100 unités — vous pouvez choisir le nombre d'unités que vous voulez. De ces 100 unités, 74 unités sont recyclées et 26 s'en vont dans des bassins, ce qui rend très difficile la tâche de s'en débarrasser dans des circonstances normales. Donc, nous récupérons 74 unités, alors nous devons obtenir 26 unités d'autres sources. Il y a de l'eau qui vient du minerai, ce qui représente quatre unités, et là où il est écrit « Rivières », c'est une fausse appellation dans ce cas-ci; en réalité, ce devrait être de l'eau fraîche venant de la rivière qui, après avoir été traitée, constituerait les 22 autres unités. On doit compter une évaporation d'environ quatre unités alors que les précipitations sont à peu près correspondantes, soit quatre unités. Les deux s'annulent. Les 26 unités équivalent entre trois et quatre barils d'eau par baril de bitume.
J'essaie d'être très concis afin qu'au moins nous puissions parler des mêmes enjeux.
Pour ce qui est de l'exploitation in situ, nous avons choisi le procédé SAGD qui, ainsi que vous le savez peut-être, signifie drainage par gravité au moyen de la vapeur. Encore une fois, nous commençons le traitement avec la même quantité de vapeur, soit 100 unités, et celle-ci va dans le réservoir. Dix unités sont retenues et 90 unités sont recyclées. Il arrive que l'eau ait besoin d'être traitée pour cette opération. Donc, nous devons nous procurer 10 unités d'eau fraîche. Il s'agit d'un mélange de 27,6 unités d'eau fraîche et d'eau salée... [Note de la rédaction: Inaudible]... pour procéder au traitement et/ou en perd environ 17,6 unités. Il reste donc 10 unités.
Ces 10 unités correspondent à environ 0,7 baril d'eau par baril de bitume, et selon de nombreuses estimations, cela correspond à environ un baril pour l'exploitation in situ.
Je vous renvoie à la page 6.
Nous pensons que les technologies sont le seul moyen de résoudre certaines de ces difficultés. Nous devons disposer de technologies qui nous permettront de régler les problèmes liés à l'eau dans l'exploitation à ciel ouvert. Nous devons débarrasser les résidus de l'eau qu'ils contiennent, et lorsque cette eau en est extraite, il arrive parfois qu'elle n'est pas dans un état idéal. Il faut donc la traiter et il sera important d'améliorer le traitement de l'eau.
L'exploitation in situ contourne le problème de l'eau en en consommant moins grâce à l'utilisation de technologies qui utilisent cette eau, notamment dans le cas de la méthode SAGD avec solvants ou encore l'injection d'air et la combustion, etc. Cette méthode requiert, elle aussi, un traitement de l'eau.
Les bassins de résidus font les manchettes depuis très longtemps, par leur vaste étendue, et à cause d'autres événements récents qui ont encore mis les bassins de décantation sous les projecteurs.
Rappelons qu'au début du processus d'extraction les bassins de résidus n'étaient pas censés être aussi importants qu'ils le sont maintenant, parce qu'on s'était fondé sur le nombre de fines, c'est-à-dire sur le nombre de très fines particules, et personne à l'époque ne s'était soucié de la nature de ces particules. Les particules fines immobilisent l'eau autour d'elles si bien qu'une grande quantité d'eau est ainsi immobilisée, en raison non seulement de la taille des particules, mais en raison de la nature des argiles et d'autres facteurs également.
Comprendre toutes ces choses nous aidera beaucoup. Et ce sera encore mieux, si nous y accordons plus d'attention.
Nous avons mis sur pied un consortium de recherche à la fin des années 1980. Presque tous les membres de ce consortium étaient des chercheurs du gouvernement provincial ou du gouvernement fédéral, ou encore d'universités. Ils ont travaillé pendant cinq ans, à l'aide d'un budget de 25 millions de dollars, et les résultats qu'ils ont obtenus ont été appliqués, dans une large mesure, sur le terrain.
J'ai en main un résumé de ces résultats. L'industrie a parlé de solution miracle. Elle en a parlé beaucoup, et je dirais qu'elle cible l'information qui pouvait être utile ici. Il y avait là les compagnies, RNCan et le gouvernement de l'Alberta. Nous y avons tous contribué, ainsi que deux universités.
C'est ainsi que les choses ont commencé. Je crois qu'il y a encore beaucoup à faire et que nous devrions nous intéresser à diverses technologies.
J'aimerais aussi aborder une autre question qui a retenu un peu plus l'attention dernièrement, à savoir les composés organiques volatils que libèrent les résidus, ainsi que la mine en exploitation. Je dirais que ces composés affectent à la fois la santé et l'environnement. Ces composés génèrent aussi des GES. Ici encore, un certain travail a été fait dans différents endroits afin de comprendre la nature ou la teneur de ces composés afin de les caractériser et de comprendre leur incidence sur l'environnement.
Pour résumer, les sables bitumineux sont très importants. On ne saurait les abandonner. Des améliorations se font mais il ne faut pas oublier que si l'on parvient à réaliser des améliorations dans un domaine, il ne faut pas perdre de vue l'incidence, positive ou négative, que ces améliorations peuvent avoir dans d'autres domaines. Nous devons donc examiner la situation dans son ensemble, plutôt que comme un problème particulier. C'est très important, et nous sommes résolus à travailler à la recherche d'une solution qui permettra une exploitation responsable de la ressource.
Merci.
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Avant de commencer, monsieur le président, j'ai apporté avec moi des échantillons afin de montrer à quoi ressemble notre technologie, pour que tous puissent bien voir de quoi il s'agit. Essentiellement, notre technologie est fondée sur ces granules de polymère organique, qui ont pour propriété d'absorber les hydrocarbures. Vous voyez ici le sable résiduel, après application de notre procédé.
Dans ces pots... Nous en avons un ici qui n'a pas été agité, montrant essentiellement ce que l'on obtient, après traitement, lorsque le bitume est absorbé par les granules, et vous pouvez voir de l'eau claire et les résidus solides qui se sont déposés au fond. Dans celui-ci, que je vous propose de tourner à l'envers, nous pouvons voir la rapidité du processus de stabilisation. Vous verrez que les solides qui se sont déposés dans une colonne d'eau deviennent quelque peu traficables. Ils se déposent et se compactent. Ils ne sont pas mobiles.
C'est en gros la solution que nous proposons. Elle est fondée sur les lois de la nature, dont je vais vous parler maintenant et que je décris ici dans ma documentation.
Monsieur le président et distingués membres du comité, je m'appelle Thomas Gradek. Je suis l'inventeur et le développeur d'une technologie canadienne de pointe. Ma petite compagnie, Energie Gradek Inc., est établie à Montréal et son siège opérationnel est à Calgary. Energie Gradek propose d'éliminer les résidus provenant de l'exploitation des sables bitumineux et, avec le temps, d'éliminer les bassins de décantation existants, sans aucun coût pour les compagnies d'exploitation de sables bitumineux. Notre objectif est de faire en sorte que le pétrole extrait des sables bitumineux devienne un pétrole propre de qualité pipeline. La clé réside dans la technologie RHS.
Energie Gradek est à développer une technologie d'extraction d'hydrocarbures appelée RHST, en vue de son application à n'importe quel médium. L'efficacité de la RHST a été démontrée au terme d'essais approfondis en laboratoire, et Energie Gradek conçoit actuellement un projet pilote avec la participation d'exploitants de sables bitumineux, afin d'en prouver l'efficacité à éliminer les hydrocarbures et les effluents de résidus qui contribuent à la multiplication des bassins de décantation.
La technologie actuelle d'aéroflottation est plus ou moins efficace à transformer l'eau en boue en raison de la présence de particules fines et de minéraux dissous. Du fait de cette inefficacité, du bitume reste attaché aux particules fines et celles-ci restent en suspension dans l'eau, d'où la nécessité d'aménager des bassins de décantation, pour permettre, sur une longue période, que ces particules fines se déposent.
L'industrie des sables bitumineux a investi des milliards dans l'aménagement de ses installations actuelles de production, et ce, sur des décennies. C'est par nécessité que l'industrie se concentre sur la production. Le modèle d'affaires proposé par Energie Gradek libérerait en quelque sorte l'industrie du fardeau des résidus, et consisterait à construire et exploiter les canalisations et les étangs de résidus, dans une usine de traitement, le tout hors circuit, et de financer par ses propres moyens une entreprise profitable et viable, sans risques pour les activités existantes.
Quelle est cette technologie? Ces granules recouverts de bitume dans de l'eau claire et les solides déposés représentent le résultat que l'on peut obtenir à l'aide de notre technologie. Comme vous pouvez le voir, d'après les échantillons que j'ai apportés ici aujourd'hui, les particules fines débarrassées du bitume se déposent facilement.
Comment ça fonctionne? Les granules sont, fondamentalement, des bulles d'air améliorées qui permettent d'extraire le bitume plus efficacement. Il s'agit d'une nanotechnologie appliquée, qui fait appel aux lois de la nature, pour réaliser la capture sélective des hydrocarbures. L'équilibre est atteint lorsque l'hydrocarbure se pose à la surface du granule, et dès lors, le bitume se trouve à son niveau d'énergie libre minimal. Par la suite, le bitume est séparé du granule par lavage à l'aide d'un solvant, pour produire un bitume dilué de qualité.
Cette diapositive montre le processus d'extraction du bitume et illustre l'utilisation de résidus frais mélangés à de la boue provenant de bassins de décantation, de façon à obtenir notre température optimale, soit 40 degrés Celsius environ. Ce mélange de boue est introduit dans le mélangeur avec les granules RHS, pour mettre en contact les particules enduites de bitume avec les granules. Le bitume migre vers les granules. La boue est ensuite acheminée dans un deuxième compartiment, dont on retire l'eau claire et les solides, et les granules chargés de bitume sont acheminés dans une unité de lavage à l'aide de solvants, pour produire du bitume dilué. Les granules sont ensuite récupérés, séchés et peuvent être réutilisés.
Le projet RHST est un programme pilote qui prévoit deux étapes. Nous en sommes à la phase de conception de la première étape du programme. La première étape du projet démontrera la faisabilité d'un processus en flux continu. La deuxième étape aura pour objet de démontrer la faisabilité du processus à une échelle commerciale.
Cette diapositive montre que la démonstration et la validation de la technologie ont mis à contribution divers établissements et installations. Les tests menés au cours des étapes de développement ont été nombreux et ont produit d'excellents résultats.
Les avantages de la technologie RHS qui sont décrits dans les diapositives 12 à 16, se résument ainsi:
Performance environnementale: la technologie RHST pourrait réduire l'impact environnemental de l'exploitation des sables bitumineux dans son ensemble.
Performance sociale: elle pourrait contribuer à un environnement plus sain par la réduction des effets des effluents et de leurs émissions.
Performance économique: elle pourrait contribuer à l'amélioration d'ensemble des coûts d'exploitation, par l'élimination des dépenses de gestion des résidus, et des risques futurs qui s'y rattachent.
Enjeux technologiques: la technologie RHST pourrait permettre aux exploitants de se conformer à leurs obligations d'efficacité en matière de récupération du bitume, imposées par la CERE.
Enjeux politiques: la technologie RHST pourrait faciliter la conformité à la réglementation américaine et aux politiques des États-Unis sur les carburants utilisés dans le transport.
Une fois mise en oeuvre, la technologie RHST permettrait de s'attaquer à la prolifération des bassins de décantation, grâce à la récupération du bitume résiduel fixé aux particules fines, notamment les argiles et les oxydes. La RHST est une solution à coût nul pour l'industrie. Elle permettrait de récupérer une eau que l'on peut directement traiter et recycler, de la terre traficable pouvant servir aux travaux de remise en état des sites.
Ce procédé permettrait en outre de se conformer directement et complètement à la réglementation américaine. De manière générale, la réduction de l'intensité des émissions de carbone serait conforme à la législation américaine en cette matière, les émissions de gaz à effet de serre seraient éliminées des bassins de décantation, en conformité avec la législation sur les changements climatiques et la valeur RIN du combustible résiduel serait conforme à la loi américaine concernant les sources d'énergie renouvelable.
Les sables bitumineux représentent des perspectives économiques considérables pour le Canada, qui sont toutefois limitées par l'impasse actuelle du côté environnemental. La mise en oeuvre de la technologie RHS permettrait au gouvernement du Canada et à l'industrie de trouver un équilibre entre ces intérêts conflictuels. Le financement de sources gouvernementales est essentiel à l'accélération des étapes de ce projet pilote. Tout le pays bénéficierait de l'activité économique que générerait la solution que nous proposons. Sa mise en oeuvre réduira et pourrait à la limite éliminer les bassins de décantation et la technologie RHS est prometteuse, en termes d'expansion et de diversification des possibilités d'exportation.
Monsieur le président, je vous remercie de m'avoir permis de prendre la parole, et je suis disposé à répondre aux questions du comité.