:
Merci, madame la présidente.
[Traduction]
Je suis heureuse de vous revoir, en fait. C'est pour moi un plaisir d'être avec le comité aujourd'hui.
[Français]
Je vous remercie de m'avoir invitée à vous parler de la situation de la femme sur le marché du travail.
[Traduction]
Comme vous le savez, je suis accompagnée de M. Thompson, qui a déjà comparu devant le comité sur cette question, et, à nous deux, nous ferons de notre mieux pour répondre aux questions des membres du comité.
En ma qualité de sous-ministre de Ressources humaines et Développement des compétences Canada, je suis très consciente du ralentissement des marchés du travail et de la nécessité d'aider les Canadiens qui sont vulnérables. Aujourd'hui, j'ai l'occasion de prendre du recul et de mesurer, avec les membres du comité, les répercussions de ce ralentissement sur certains groupes, notamment les femmes, et d'examiner les solutions possibles.
J'aimerais commencer par brosser un tableau de la situation des Canadiennes sur le marché du travail et la comparer à celle des femmes dans d'autres pays.
[Français]
Les Canadiennes ont accompli des progrès remarquables en ce qui concerne l'éducation et le marché du travail au cours des dernières années.
[Traduction]
En conséquence, elles sont en relativement bonne position au moment où le Canada commence à ressentir les effets d'une récession mondiale sans précédent. Au chapitre de l'éducation, les Canadiennes affichent le taux de scolarité postsecondaire le plus élevé de tous les pays membres de l'OCDE: en 2006, plus de la moitié, ou 51 p. 100, des Canadiennes de 25 à 64 ans avaient terminé leur études postsecondaires.
Je sais que beaucoup de témoins se sont adressés à vous en invoquant des statistiques, alors j'ai demandé à mes collaborateurs d'inscrire la source des statistiques dans mes déclarations. Si quelqu'un a une question à ce sujet, nous serions heureux de collaborer avec le personnel du comité et de présenter les documents à l'appui qui pourraient être nécessaires. Je vais poursuivre sur le sujet des études postsecondaires.
Ce taux de scolarité postsecondaire est encore plus élevé chez les jeunes femmes. Les femmes sont nettement majoritaires —60 p. 100 — parmi les récents diplômés d'universités canadiennes. De plus, chez les personnes de 25 à 34 ans, le tiers des femmes — 33 p. 100 — est titulaire d'un diplôme universitaire, comparativement au quart des hommes, 25 p. 100.
Vu ces taux de scolarité élevés, les Canadiennes de la jeune génération sont particulièrement bien placées pour satisfaire les besoins du marché du travail dans une économie mondiale du savoir compétitive. En ce qui concerne le marché du travail, les taux de participation à la population active et d'emploi des femmes ont fortement augmenté avec le temps et atteignent maintenant presque ceux des hommes. Les taux de chômage chez les femmes sont inférieurs à ceux des hommes depuis le début des années 1990.
Le rendement global du marché du travail du Canada se compare favorablement à celui des autres pays membres de l'OCDE. La proportion de Canadiennes de 15 à 64 ans qui occupaient un emploi — 70 p. 100 — en 2007 était la plus élevée parmi les pays du G-7, et la sixième parmi les pays membres de l'OCDE.
Le nombre de femmes au chômage pendant une période prolongée au Canada était le plus bas parmi les membres de l'OCDE, s'établissant à 6,3 p. 100, pour ce qui est du chômage pendant une période de 12 mois ou plus.
Toutefois, il y a encore beaucoup à faire; en particulier, à mon avis, sur le plan des revenus. Les membres du comité auront peut-être déjà pris connaissance des statistiques selon lesquelles le revenu des femmes est encore inférieur à celui des hommes. En effet, le salaire horaire des femmes est en moyenne équivalent à 84 p. 100 de celui des hommes. Cependant, cet écart dans le salaire horaire s'est amenuisé depuis 2000, en partie parce que les femmes sont de plus en plus instruites.
L'écart est presque nul chez les jeunes femmes ayant fait des études universitaires qui travaillent à temps plein. En outre, au fur et à mesure que les femmes ont gravi les échelons menant à des emplois mieux rémunérés, leurs revenus ont augmenté par rapport à celui des hommes, de sorte que l'écart salarial entre les sexes s'est rétréci.
Néanmoins, au Canada, l'écart salarial global entre les sexes, 21 p. 100, dépassait la moyenne de l'OCDE en 2006. Il va sans dire que c'est une source de préoccupation et que cela suscite une réflexion constante. Les taux les plus élevés de travailleurs à temps partiel — et je sais que cela fait l'objet de discussions du comité —, 45 p. 100, se trouvent chez les jeunes gens, âgés de 15 à 24 ans, ce qui n'est probablement pas surprenant vu le stade où ils en sont dans leur vie. Toutefois, parmi les personnes de plus de 25 ans, le nombre de travailleurs à temps partiel est beaucoup plus élevé chez les femmes que chez les hommes — 22 p. 100 chez les femmes comparativement à 8 p. 100 chez les hommes, selon nos statistiques pour février. Proportionnellement, chez les jeunes travailleurs adultes de 25 ans et plus, les deux tiers des travailleurs à temps partiel étaient des femmes.
[Français]
Les femmes adultes sont beaucoup plus nombreuses que les hommes à occuper un emploi à temps partiel.
[Traduction]
Permettez-moi d'aborder maintenant la situation économique et son impact sur les femmes. Si l'on se fie au passé, lors des récessions des années 1980 et 1990, beaucoup moins de femmes que d'hommes ont perdu leur emploi.
[Français]
Cette situation est en grande partie attribuable au fait que les femmes sont beaucoup moins nombreuses dans les industries du secteur des biens les plus touchées par la récession, telles la fabrication, la construction et les industries primaires.
[Traduction]
Par exemple, plus de la moitié des pertes d'emploi lors des récessions des années 1980 et 1990 ont été enregistrées dans le secteur de la fabrication, où les femmes n'occupaient que 26 p. 100 et 28 p. 100 des emplois, respectivement. Jusqu'à maintenant, on observe une tendance semblable depuis le début de la présente récession.
Depuis octobre 2008, début des mises à pied, les femmes ne comptent que pour 15 p. 100 des pertes d'emploi nettes, même si elles occupent 47 p. 100 des emplois. Cette situation est comparable à celle des États-Unis et de l'Union européenne.
Jusqu'à maintenant, les femmes plus âgés, celles de 55 ans et plus, s'en sont particulièrement bien tirées; elles constituent le seul groupe démographique qui ait connu une augmentation du nombre d'emplois et du taux d'emploi depuis octobre.
En général, les femmes de plus de 25 ans sont sous-représentées en ce qui concerne les pertes d'emploi cumulatives nettes. Là encore, cela est en grande partie attribuable à la faible représentation des femmes dans le secteur des biens — où elles n'occupent que 22 p. 100 du nombre total des pertes d'emploi — et où, jusqu'à maintenant, on a enregistré le plus grand nombre de pertes d'emploi. Depuis le début du ralentissement économique, en octobre 2008, le secteur des biens au Canada a enregistré un taux de pertes d’emploi nettes de 65 p 100.
J'aimerais maintenant vous expliquer certains aspects des mesures gouvernementales. En période d'incertitude économique, l'assurance-emploi constitue le premier recours de ceux et celles qui ont perdu leur emploi.
[Français]
Permettez-moi de mentionner que l'assurance-emploi est un régime d'assurance contre la perte du revenu d'emploi. L'accès aux avantages est fonction du profil de travail de chaque cotisant, et non pas de son sexe.
[Traduction]
Permettez-moi de traiter un peu plus longuement de la détermination de l'admissibilité aux prestations d'assurance-emploi et de leur durée. La norme variable d'admissibilité permet d'accroître la souplesse du programme d'assurance-emploi actuel, afin qu'il puisse s'adapter automatiquement aux fluctuations des marchés du travail locaux. Ainsi, les critères d'admissibilité s'assouplissent et la durée des prestations augmente à mesure que croît le taux de chômage.
De façon plus précise, l'admissibilité aux prestations d'assurance-emploi et leur durée reposent sur le nombre d'heures de travail assurable et sur le taux de chômage dans la région économique de l'assurance-emploi du demandeur, et non pas sur la province ou le territoire de résidence.
[Français]
Le montant de l'aide offerte peut ainsi augmenter quand le taux de chômage croît, et les mesures de soutien s'adaptent aux nouveaux besoins des régions et des collectivités.
[Traduction]
L'accès des femmes aux prestations ordinaires, soit les prestations qui découlent d'un emploi rémunéré, est élevé. Selon l'Enquête sur la couverture de la population par le régime d'assurance-emploi réalisée par Statistique Canada en 2007, 81 p. 100 des femmes qui avaient cotisé au régime avant d'être licenciées ou de quitter un emploi pour un motif valable étaient admissibles à des prestations ordinaires.
Une autre conclusion de cette enquête pourrait intéresser les membres du comité. Elle montre que, de toutes les personnes occupant un emploi, relativement moins de femmes — 9,3 p. 100 — que d'hommes — 9,8 p. 100 — étaient inadmissibles aux prestations d'assurance-emploi en raison d'un nombre insuffisant d'heures d'emploi assurable.
Or, nous savons que beaucoup de femmes doivent équilibrer exigences professionnelles et responsabilités familiales. Le programme d'assurance-emploi comprend de nombreuses caractéristiques particulièrement importantes pour les femmes, compte tenu de leur rôle général dans la société et du travail non rémunéré qu'elles accomplissent à titre de pourvoyeurs de soins. Les prestations parentales et de maternité versées pendant 50 semaines aux termes de l'assurance-emploi jouent un rôle essentiel dans le soutien des familles canadiennes en offrant un remplacement temporaire du revenu aux parents de nouveaux-nés ou d'enfants récemment adoptés. Ces prestations offrent à beaucoup de femmes et d'hommes la possibilité de rester à la maison pour s'occuper de leur enfant pendant la première année de sa vie.
Selon le Rapport de contrôle et d'évaluation du régime d'assurance-emploi — je sais que le comité a récemment entendu parler de ce rapport —, les femmes comptent pour plus de 86 p. 100 de tous les demandeurs de prestations parentales. D'autres conclusions du rapport montrent que de nombreux aspects du programme profitent aux femmes. Il révèle que le taux de remplacement actuel et la durée des prestations parentales et de maternité ont été à l'avantage de la plupart des Canadiens. En moyenne, les parents utilisent 95 p. 100 des 50 semaines de prestations possibles.
Le programme d'assurance-emploi prévoit également des prestations de compassion, afin qu'une personne puisse s'absenter de son travail pour s'occuper d'un membre de la famille atteint d'une maladie grave. Encore une fois, les bénéficiaires de ces prestations de compassion sont surtout des femmes, dans une proportion de 76 p. 100. L'admissibilité aux prestations spéciales de l'assurance-emploi, comme nous les appelons, pour les distinguer des prestations ordinaires, est très élevée — 97 p. 100 des femmes qui occupent un emploi à temps plein ont suffisamment d'heures pour avoir droit aux prestations spéciales, soit le même taux d'admissibilité que chez les hommes occupant un emploi à temps plein.
[Français]
Ce rapport montre également que 66 p. 100 des femmes occupant un emploi à plein temps ont suffisamment d'heures pour être admissibles aux prestations spéciales, comparativement à 59 p. 100 des hommes.
[Traduction]
Il est aussi important de noter que les personnes occupant un emploi à temps partiel pendant une année complète peuvent avoir droit aux prestations ordinaires de l'assurance-emploi en travaillant aussi peu que 8 à 14 heures par semaine ou, dans le cas de prestations spéciales, où le critère d'admissibilité est uniforme, 12 heures par semaine.
Le retour au travail après une absence motivée par l'éducation des enfants est une autre caractéristique du programme d'assurance-emploi qui est particulièrement avantageuse pour les femmes. Aux termes de certaines dispositions du régime d'assurance-emploi, une personne qui devient ou redevient membre de la population active doit accumuler 910 heures d'emploi assurable, et nous n'appliquons pas cette exigence aux femmes qui retournent sur le marché du travail après une absence aux fins de l'éducation des enfants. En effet, la Loi sur l'assurance-emploi prévoit que les femmes qui reviennent sur le marché du travail peuvent être admissibles aux prestations si elles ont le même nombre d'heures de travail que les autres travailleurs de la même région, aux termes de la norme variable d'admissibilité.
Globalement, les femmes sont avantagées par le programme d'assurance-emploi. Elles reçoivent davantage en prestations que le montant des primes qu'elles versent.
Le gouvernement cherche maintenant la meilleure façon d'offrir aux travailleurs indépendant l'accès aux prestations parentales et de maternité. Il a formé à cette fin un groupe d'experts qui consultera la population canadienne.
Permettez-moi d'aborder le Plan d'action économique du Canada. J'ai fait état tout à l'heure de la souplesse du programme d'assurance-emploi, qui peut s'adapter à la conjoncture économique, ainsi que des modifications apportées par le gouvernement afin de tenir compte des besoins des Canadiennes et des Canadiens. Dans le budget de 2009, le gouvernement a annoncé le Plan d'action économique du Canada. Ce plan comprend de nouvelles mesures temporaires destinées à étendre à l'ensemble du pays les avantages des cinq semaines supplémentaires de prestations d'assurance-emploi qui étaient auparavant offertes dans le cadre d'un projet pilote mis en oeuvre dans certaines régions d'assurance-emploi à chômage élevé. Ces mesures augmentent également le nombre maximum de semaines — il passe de 45 à 50 — dans les régions d'assurance-emploi où le taux de chômage est élevé.
[Français]
Ces modifications pourraient profiter à quelque 400 000 prestataires de l'assurance-emploi, et ce, seulement pendant la première année.
[Traduction]
Notre ministère a produit ces chiffres.
De plus, le gouvernement a prolongé de 14 semaines la durée des accords de travail partagés, l'une des dispositions du régime d'assurance-emploi. Cette formule vise à aider les entreprises aux prises avec un ralentissement temporaire de leurs activités à éviter les licenciements grâce à des mesures de soutien de revenu offertes en vertu de l'assurance-emploi aux employés qui acceptent de réduire leurs heures de travail hebdomadaires.
La semaine dernière seulement, la ministre des Ressources humaines et du Développement des compétences a annoncé qu'un montant de 60 millions de dollars sera consacré à l'amélioration de l'assurance-emploi, notamment pour embaucher des employés supplémentaires et pour appuyer la mise en oeuvre des mesures que je viens de décrire. Cette annonce portait également sur l'accélération du paiement des montants destinés aux prestataires visés par des accords de travail partagés en les exemptant de l'obligation d'envoyer des déclarations de quinzaine, exigence que nous leur imposions par le passé, sauf s'ils doivent signaler un changement de leur situation, comme un autre emploi.
Le gouvernement a également annoncé d'autres mesures, notamment pour les Autochtones, les travailleurs âgés et les collectivités, ainsi qu'une aide à la formation visant à préparer les hommes et les femmes à occuper des emplois à long terme.
En conclusion, madame la présidente, membres du comité, des progrès importants ont été accomplis pour améliorer la sécurité économique des femmes. Les mesures que j'ai décrites aident le gouvernement et le Ministère à atteindre ce but. L'assurance-emploi joue un rôle central à cet égard. De plus, une analyse approfondie de divers enjeux, comme l'accès aux avantages selon le sexe, est essentielle à l'exécution de notre mandat ministériel. D'ailleurs, à ce propos, il importe de souligner que l'analyse différenciée selon le sexe, fait partie intégrante de notre travail touchant les politiques et les programmes au sein du Ministère.
Le régime d'assurance-emploi comble les besoins autant des hommes que des femmes au Canada, et nous continuerons d'examiner les répercussions du régime d'assurance-emploi et la façon dont il aide les travailleurs canadiens à s'adapter aux défis et à l'évolution du marché du travail, particulièrement — j'ajouterais ici — dans le contexte d'une conjoncture économique sans précédent.
J'aimerais remercier, au nom du Ministère, les membres du comité permanent pour les rapports qu'ils ont déposés au fil des ans. Les observations et les recommandations qu'on peut y lire — ainsi que le travail du comité — nous seront toujours utiles pour élaborer la politique relative aux femmes et sont une contribution importante à notre processus d'élaboration des politiques.
[Français]
Je vous remercie de votre attention, et je répondrai avec plaisir à vos questions, avec l'aide de M. Thompson.
:
Je vais essayer de faire ce que je peux. Je vais demander à M. Thompson de répondre à la deuxième question parce qu'il connaît mieux les détails du programme.
[Traduction]
Peut-être que je pourrais, toutefois...
[Français]
Excusez-moi, je vais parler en anglais parce que les détails sont un peu techniques, et
[Traduction]
Je ne veux pas ajouter à la confusion sur ce sujet.
Vous avez parlé du rapprochement des chiffres. L'une des demandes de M. Thompson, lorsqu'il est venu témoigner ici, concernait le pourcentage d'hommes et de femmes qui ne sont pas admissibles aux prestations d'assurance-emploi, parce qu'ils n'ont pas accumulé assez d'heures. Nous sommes sur le point de terminer l'analyse au ministère, et le comité la recevra bientôt. Je crois que vous avez demandé une comparaison dans le temps.
Permettez-moi de revenir sur certaines choses. L'une d'elles concerne la façon dont une personne devient admissible aux prestations d'assurance-emploi. Tout d'abord, il faut cotiser au régime d'assurance-emploi, alors les personnes qui ne cotisent pas au régime d'assurance-emploi sont forcément non admissibles. C'est en fait un pourcentage important. Ce chiffre comprend les personnes qui ne sont pas sur le marché du travail et les travailleurs autonomes. C'est en fait un pourcentage très important. Presque 35 p. 100 des femmes qui ne sont pas admissibles aux prestations d'assurance-emploi sont dans cette situation, car elles ne cotisent pas.
Ensuite, admettons que vous participez au régime et que vous cotisez à l'assurance-emploi. Puis vous perdez votre emploi. Eh bien, pour être admissible aux prestations d'assurance-emploi, il faudrait que la cessation des fonctions soit involontaire. Si une personne quitte volontairement son emploi — si elle démissionne pour retourner à l'école, par exemple, ou pour trouver un autre emploi —, elle n'est pas admissible aux prestations d'assurance-emploi aux termes des lois actuelles. Ces personnes comptent pour environ 16,4 p. 100.
Ensuite, il y a les gens qui n'ont pas accumulé assez d'heures pour être admissibles. C'est 9,3 p. 100 des femmes. Dans le cas d'une personne qui vient à votre bureau pour vous demander pourquoi elle ne peut pas toucher de prestations d'assurance-emploi, il faut remonter dans le temps et déterminer la raison pour laquelle elle n'a pas droit aux prestations d'assurance-emploi. Cotise-t-elle au régime? Quelle est la raison de la cessation d'emploi? A-t-elle accumulé assez d'heures?
Comme les conditions économiques ont changé si radicalement, il importe d'examiner l'importance des exigences d'admissibilité variables concernant la quantité d'heures. Les exigences d'admissibilité variables sont liées, comme je l'ai dit, je crois, dans mes remarques, aux régions économiques de l'assurance-emploi, au nombre d'heures nécessaires pour être admissible aux prestations d'assurance-emploi et au nombre de semaines durant lesquelles la personne y aura droit. Cela varie en fonction de la conjoncture sur le marché du travail de votre région économique de l'assurance-emploi.
Au cours des derniers... Depuis le mois d'octobre, alors seulement quelques mois, cinq mois de données relatives au marché du travail, 26 des 58 régions de l'assurance-emploi dans le pays ont vu les exigences d'admissibilité variables adaptées aux conditions économiques changeantes. La plupart du temps, nous avons vu le taux de chômage monter, quoi qu'il y a eu certaines exceptions, alors 26 de...
:
Je suis actuellement présidente de l'ICREF, et j'aimerais présenter notre coordonnatrice, Fathiya Wais, qui est ici avec moi.
Certains d'entre vous connaissez l'ICREF. Il s'agit d'un institut de recherche qui existe depuis plus de 30 ans et dont les travaux visent à aider les organismes à prendre des mesures pour assurer la justice sociale et l'égalité pour toutes les femmes. Nous avons beaucoup insisté sur cette perspective qui englobe « toutes les femmes »; il faut non pas percevoir les femmes comme un groupe universel et homogène, mais reconnaître la diversité de leurs expériences.
Nous voulons mettre l'accent sur le fait que le régime d'assurance-emploi a laissé tomber les femmes. Nous avons examiné les données d'autres travaux de recherche. Comme l'a mentionné Bonnie, la compression de notre financement pour la recherche signifie que nous ne pouvons plus faire de travaux de recherche primaire à l'heure actuelle, mais nous savons que vous avez pris connaissance de beaucoup de données probantes indiquant qu'un grand nombre de femmes ne sont pas admissibles aux prestations d'assurance-emploi, surtout si l'on ne tient pas compte des soins de compassion et des congés parentaux.
Comme on vous l'a dit, c'est un système qui profite davantage aux hommes. Il est modelé sur un système traditionnel où l'homme est le pourvoyeur, et la participation de la femme à la population active, comme vient de l'expliquer Mme Russell, est considérablement différente. Ce n'est pas un système qui vise à répondre aux besoins des femmes sur le marché du travail.
Les choses ont changé. Les femmes occupent une proportion jamais vue du marché de l'emploi, et le régime d'assurance-emploi doit tenir compte de la réalité des femmes. À l'heure actuelle, nous estimons que le régime d'assurance-emploi pénalise les femmes, surtout celles qui tentent de concilier leurs responsabilités familiales et leur travail à l'extérieur de la maison. Le régime est rigide. Les femmes alternent plus souvent entre le marché du travail et le chômage en raison de responsabilités familiales. Le régime d'assurance-emploi ne tient pas compte adéquatement de ce facteur. Nous croyons qu'il faut le modifier pour qu'il tienne compte de cette réalité différente.
Comme vous le savez sûrement, les femmes qui n'ont pas de revenu adéquat — et le régime d'assurance-emploi joue un rôle important à ce chapitre — sont souvent contraintes de demeurer dans une relation très difficile, voire violente. Pour des raisons qui vont au-delà de l'égalité économique, qui touchent d'autres formes de liberté, il est important que le régime d'assurance-emploi réponde aux besoins des femmes.
Nous tenions également à dire que l'analyse par sexe n'est pas la seule chose qui est importante. Elle est essentielle, mais elle ne suffit pas. Nous ferions valoir qu'il faut aller au-delà de la simple distinction entre les sexes et entreprendre ce que nous appelons une analyse intersectionnelle et féministe dans laquelle les femmes sont envisagées comme un groupe diversifié. Il faut que nous tenions compte de cette diversité dans nos analyses. Il faut que nous comprenions surtout ce qui se produit chez les femmes les plus marginalisées. Qu'est-ce qui se produit chez les femmes autochtones, qui — selon toute probabilité — sont rarement admissibles aux prestations d'assurance-emploi parce qu'elles n'occupent pas souvent un emploi? Qu'advient-il des autres femmes désavantagées, qu'elles soient handicapées ou non? Qu'advient-il des immigrantes et des réfugiées? Quelle incidence ce régime a-t-il sur elles? Dans quelle mesure profitent-elles ou non de ce régime?
Nous vous demandons instamment de continuer à demander des analyses par sexe, comme vous le faites, mais aussi de vous assurer que l'analyse est encore plus diversifiée, plus intersectionnelle et qu'elle mette en lumière la réalité du grand nombre de groupes de femmes différents.
Outre la nécessité de comprendre l'assurance-emploi, nous insistons sur l'importance d'un plus grand nombre de travaux de recherche sur l'aide sociale, car nous savons que les femmes doivent plus souvent se rabattre sur cette mesure. Les personnes qui dépendent de ces prestations ont dû composer avec d'énormes changements et d'énormes difficultés.
Pendant cette période de récession et de restructuration économique, nous vous demandons d'insister pour que l'on produise de bonnes analyses par sexe et intersectionnelles pour mieux comprendre ce qui se produit chez les femmes et chez différents groupes de femmes au fil de la restructuration de l'économie et à mesure que la récession fait ses ravages.
Nancy va parler des recommandations précises.
:
Le régime d'assurance-emploi était censé mettre de l'argent dans les poches des chômeurs pour qu'ils puissent continuer à consommer et nous permettre de contrer les effets de la récession, comme nous le savons tous. L'AFAI fait valoir que l'amélioration de l'accès des femmes aux prestations d'assurance-emploi et l'augmentation des taux de prestations favoriseront l'égalité des femmes et accroîtront leur capacité de contribuer à leur collectivité et à leur économie locale grâce au renforcement de leur pouvoir d'achat.
En 2008, à la 52e session de la Commission de la condition de la femme de l'ONU, on a conclu qu'« investir dans les femmes et les filles a un effet multiplicateur sur la productivité et l'efficacité et favorise une croissance économique soutenue ».
L'AFAI est aussi préoccupée par l'accès des femmes à Service Canada. C'est une préoccupation d'ordre plutôt pratique. Afin de déposer une première demande de prestations d'assurance-emploi, il faut se présenter en personne à un bureau de Service Canada ou présenter sa demande en ligne. Nous sommes conscientes du fait que la ministre Finley a récemment annoncé un engagement de 60 millions de dollars en vue d'accroître la capacité administrative du régime d'assurance-emploi, mais nous aimerions que soient pris en considération les besoins des personnes qui n'ont pas accès à Internet ou ne demeurent pas près d'un Centre Service Canada. Puisque la plupart des collectivités rurales et éloignées ne disposent pas d'un réseau de transport en commun, se rendre au Centre Service Canada le plus proche peut se révéler très difficile. Les personnes qui n'ont pas accès à un véhicule — dans la plupart des cas, des femmes, du fait que leur revenu est habituellement inférieur — doivent se fier à autrui pour le transport; de plus, si elles n'ont pas accès à Internet, elles ne peuvent évidemment pas présenter leur demande initiale en ligne.
Je citerai l'exemple d'une dame que je connais bien dans ma collectivité rurale de la Nouvelle-Écosse. Elle n'a pas accès à Internet chez elle. Du reste — sans vouloir tenir des propos âgistes — elle est âgée et ignore comment présenter une demande en ligne. Pour demander des prestations d'assurance-emploi, elle a dû conduire sur une distance de 40 kilomètres pour se rendre au Centre Service Canada le plus près. Heureusement, elle disposait de sa propre voiture. Si cela n'avait pas été le cas, elle aurait été à la merci de la bonne volonté d'autrui, car il n'y a pas de transport en commun dans sa collectivité, et, habituellement, les taxis sont très chers dans les collectivités rurales, si tant est qu'il y en a.
Une fois qu'elle est arrivée au Centre Service Canada, on lui a indiqué d'aller aux ordinateurs. Les agents ne lui ont pas offert d'aide, car tout doit être fait en ligne. Heureusement, un autre prestataire lui a offert de l'aide. C'était un étranger.
Ce régime ne devrait pas être fondé sur la bonne volonté; il devrait plutôt être fondé sur le service, comme le laisse entendre son nom. Il faut que les services soient plus accessibles aux prestataires. La dame de Nouvelle-Écosse, ainsi que de nombreuses autres dans sa collectivité et dans les collectivités partout au Canada, seront mieux servies si on adopte une approche proactive pour communiquer avec elles. C'est aussi simple que de charger des gens de travailler à temps partiel dans les collectivités pour aider les personnes à présenter leur demande. Il s'agit d'adopter une approche plus pratique pour établir des liens avec davantage de gens.
De plus, je veux souligner le fait que l'accès à des services de garde abordables et accessibles contribue réellement à la sécurité économique des femmes, ainsi qu'à leur capacité de participer pleinement à la population active rémunérée et à être admissibles aux prestations d'assurance-emploi advenant la perte de leur emploi.
Les cinq recommandations que j'aimerais vous présenter sont des recommandations conjointes de l'AFAI et de l'ICREF.
Nous aimerions voir l'élimination du délai de carence de deux semaines que les gens doivent purger avant de toucher leurs prestations.
Nous aimerions que le seuil d'admissibilité soit diminué à 360 heures, quelle que soit la région, et je crois comprendre que d'autres témoins qui ont comparu devant le comité ont formulé la même recommandation, comme l'ont fait nos organisations.
Comme point de départ, nous aimerions que le niveau des prestations soit augmenté. Nous recommandons qu'il soit fixé à 60 p. 100 du salaire des 12 meilleures semaines d'emploi; toutefois, certaines de nos organisations soeurs recommandent des taux plus élevés, ce que nous approuverions sans hésiter.
Nous aimerions que le nombre de semaines de prestations soit augmenté à 50. Cela permettrait de réduire le nombre de prestataires ayant épuisé leurs prestations qui pourraient recourir à l'aide sociale s'ils ne trouvent pas un autre emploi, ce qui est très probable, vu la récession actuelle.
De plus, conformément aux recommandations du CEDAW formulées en novembre 2008 à l'intention du Canada, nous aimerions que les taux d'assistance sociale soient augmentés partout au pays pour répondre adéquatement aux besoins des Canadiens à faible revenu, notamment les femmes, afin qu'elles puissent composer avec les coûts bien réels liés aux aliments, au logement et aux vêtements.
Merci beaucoup.
Nous avons présenté dans notre mémoire un bref historique des mesures du régime d'assurance-emploi depuis 1940 qui sont discriminatoires, directement ou indirectement, à l'égard des femmes.
Je vous ferai grâce des détails, mais on voudrait quand même insister sur la dernière mesure, c'est-à-dire celle qui, dans la réforme de 1996, basait l'admissibilité aux prestations sur les heures de travail plutôt que sur les semaines de travail. À notre avis, cette mesure est directement discriminatoire à l'égard des femmes et représente une continuité de toutes les autres mesures qui ont été discriminatoires pour les femmes, y inclus la première selon laquelle, jusqu'en 1957, pour accéder aux prestations, les femmes mariées devaient prouver qu'elles avaient un attachement permanent au marché du travail. La nouvelle règle fait exactement la même chose.
La réforme de 1957 a établi l'admissibilité en fonction des heures. J'ai bâti des exemples chiffrés que vous pourrez examiner plus tard quand vous aurez un document écrit. Le dernier exemple disponible dans le document que j'avais était celui de Montréal, où le taux de chômage était de 7,5 p. 100 en mars 2007. Pour se qualifier, on doit avoir travaillé pendant 630 heures.
Comparons une femme qui travaille à temps partiel 15 heures par semaine et un homme qui travaille 40 heures par semaine. Pour se qualifier, la femme doit avoir travaillé pendant 42 semaines; l'homme, 16 semaines. S'ils gagnent le même salaire horaire, ils auront chacun droit à 17 semaines de salaire. Mais pour le même nombre d'heures de travail sur une période beaucoup plus longue, ce qui signifie donc un effort et une présence plus continus sur le marché du travail, la femme aura des prestations de 124 $ alors que celles de l'homme seront de 264 $. Ils ont accumulé le même nombre d'heures de travail pour se qualifier, mais les prestations de l'homme sont plus de deux fois plus élevées que celles de la femme. Si l'on compare ces prestations reçues pendant les 17 semaines, on remarque que la femme aura reçu 3,34 $ en prestations pour chaque heure de cotisation, alors que l'homme en aura reçu 7,12 $.
Quel que soit l'exemple que j'aurais pu prendre, dans quelque région que ce soit, les personnes qui travaillent à temps partiel, qui sont encore à 68 p. 100 des femmes, seront admissibles aux prestations à un degré moindre que les gens qui travaillent de longues heures pendant une période plus courte. Pour cette raison, nous recommandons de retourner à un système d'admissibilité basé sur les semaines.
Quand le gouvernement a introduit cette mesure, il a prétendu qu'elle serait bénéfique pour les gens qui travaillent à temps partiel. C'est exactement le contraire. En effet, les personnes qui travaillent moins de 15 heures par semaine, et qui étaient exclues selon l'ancienne règle, ne se qualifieront possiblement jamais.
La façon dont on calcule la rémunération hebdomadaire moyenne pour déterminer les prestations constitue un autre problème. Il y a ce système de dénominateur. On prend le revenu gagné dans les 26 dernières semaines et on le divise par le nombre de semaines travaillées, ou encore on détermine un dénominateur qui est généralement deux semaines de plus que le nombre de semaines de 35 heures qu'on doit travailler. Dans notre exemple, avec un taux de chômage entre 7 et 8 p. 100, cela prendrait 18 semaines pour le dénominateur. Cela touche particulièrement les femmes qui occupent des emplois précaires, particulièrement dans des industries comme la restauration, l'hôtellerie et le commerce de détail, qui sont saisonniers, mais pas nécessairement dans des régions de travail saisonnier où le taux de chômage est généralement élevé.
Elles occupent beaucoup plus des emplois intermittents. Durant les 26 semaines qu'on considère, il risque d'y avoir beaucoup plus de pauses, et cela fait aussi baisser la rémunération hebdomadaire moyenne.
Le troisième élément de la réforme, qui date en fait de 1979 et qui est discriminatoire à l'égard des femmes — et ce, de manière délibérée dès sa conception —, c'est la règle qu'on appelle « DEREMPA », c'est-à-dire celle qui touche les personnes qui deviennent ou redeviennent membres de la population active. Supposons qu'en 2007, une personne n'a pas effectué au moins 490 heures de travail, mais qu'en 2008, elle a rempli les exigences par rapport au taux de chômage dans sa région, et qu'elle se retrouve en chômage en 2009, si elle n'a pas accumulé 910 heures, elle ne sera toujours pas admissible.
C'est une règle qui a été instaurée en 1979 spécifiquement pour empêcher les personnes qui entrent sur le marché du travail, notamment les jeunes qui occupent leur premier emploi et les femmes plus âgées qui y retournent après avoir élevé des enfants, d'être admissibles à l'assurance-emploi. Cela a été modifié partiellement en 2001, pour les gens qui ont touché des prestations de maternité ou parentales. Cependant, les femmes qui ont, par exemple, trois enfants et dont l'absence est plus longue ou qui, à la venue de leur deuxième enfant, n'étaient pas admissibles aux prestations sont toujours touchées.
Nous recommandons donc que la règle DEREMPA soit simplement abolie. Nous recommandons aussi qu'on revienne à un système de semaines, en comptant toutes les semaines d'au moins sept heures.
Nous avons d'autres recommandations mais, peut-être que durant la période des questions, on pourrait...