:
Merci de votre invitation. Je suis heureux de pouvoir m'adresser à vous, aujourd'hui.
[Traduction]
Je suis heureux de pouvoir m'adresser à vous aujourd'hui.
[Français]
Parmi les sujets couverts par votre motion, l'accès au crédit pour les entreprises est évidemment celui que BDC connaît le mieux et dont elle est le plus à même de parler, et c'est avec plaisir que je vais le faire. Je vais vous rappeler brièvement les trois secteurs d'activité de BDC, à savoir le financement, c'est-à-dire du prêt à terme, du financement subordonné, des services d'experts-conseils et du capital de risque. Bien que la consultation joue un rôle clé dans le développement des compétences des entrepreneurs canadiens et que le capital de risque soit essentiel pour la commercialisation des technologies canadiennes, je vais m'attarder uniquement, aujourd'hui, au financement des entreprises.
Chez BDC, le financement des entreprises est assuré par 1 800 employés qui travaillent à partir d'un réseau de 100 succursales à l'échelle du pays, un portefeuille de prêts de 12 milliards de dollars servant 28 000 entrepreneurs et, fait intéressant, ces clients génèrent des ventes d'à peu près 160 milliards de dollars, incluant des ventes à l'exportation d'environ 22 milliards de dollars.
Par ailleurs, BDC détient à peu près 3 p. 100 du financement à terme, donc une petite part comparativement aux institutions financières. Un réseau sans succursales, c'est assez modeste par rapport aux 6 600 succursales des 6 grandes banques canadiennes. Mais quand même, on a 600 directeurs et directrices de comptes qui sont en contact avec des milliers d'entrepreneurs tous les mois. Donc, on peut prendre le pouls du marché.
Présentement, on voit qu'il y a deux forces à l'oeuvre.
[Traduction]
La première est la récession. Beaucoup d'entrepreneurs hésitent à entreprendre de nouveaux projets; ils attendent de voir plus clairement ce que le marché leur réserve. Le nombre d'entrepreneurs qui souhaitent financer un projet est par conséquent plus faible qu'il ne l'est normalement, et le nombre de transactions potentielles en souffre.
La deuxième force est le resserrement des conditions du crédit, qui résulte de plusieurs facteurs: le retrait du marché de certaines institutions n'acceptant pas le dépôt, la diminution importante du nombre d'intervenants sur le marché de la titrisation, un marché obligataire difficile et la difficulté, pour les institutions financières, d'accorder des prêts dans un climat d'incertitude économique. Par conséquent, davantage d'entrepreneurs qu'en temps normal se tournent vers nous pour obtenir de l'aide, et nous accordons plus de prêts. Pour l'exercice en cours, qui se termine à la fin du mois, les nouveaux prêts autorisés par la BDC totaliseront plus de trois milliards de dollars. Le tiers de nos prêts est consenti au secteur manufacturier. Nous constatons également que les entreprises de taille moyenne nous approchent en beaucoup plus grand nombre qu'auparavant. Les transactions supérieures à cinq millions de dollars ont augmenté de 50 p. 100 par rapport à l'année dernière.
Les échanges entre nos employés et ceux des autres institutions financières n'ont jamais été aussi nombreux qu'à l'heure actuelle. Au cours des 10 premiers mois de l'exercice, on a dénombré près de 15 000 contacts, comparativement à près de 9 000 au total pour l'exercice précédent. Et ces échanges ont généré au-delà de 1 200 renvois à la BDC au cours de l'exercice. Ainsi, nous nous employons à aider autant l'entrepreneur que possible; c'est là notre rôle, dans les bons moments comme dans les plus difficiles.
Vous vous souvenez sans doute que le gouvernement nous a accordé, en novembre 2008, 350 millions de dollars de capitaux supplémentaires. Nous avons reçu jusqu'ici 250 millions de dollars, qui ont déjà été utilisés à bon escient sur le marché du financement. Nous devrions recevoir les 100 millions de dollars qui restent en avril. Ceux-ci serviront à offrir un nouveau mécanisme de garantie sur les marges de crédit que nous sommes à développer en consultation avec des institutions financières.
Actuellement, le projet de loi sur le budget renferme deux initiatives qui font appel à la BDC. La première est le programme de crédit aux entreprises, ou le PCE. Il favorise un resserrement de la collaboration entre les grandes banques canadiennes, EDC et la BDC dans le but de fournir pour au moins cinq milliards de dollars de prêts et de mesures de soutien du financement à des entreprises solvables dont l'accès au crédit serait par ailleurs limité. Les représentants de toutes les organisations concernées ont commencé à se réunir — en comités de direction et de travail — afin de déterminer les meilleures façons de procéder.
Dans le cas de financement de montants élevés, la BDC commencera à participer à des syndicats financiers en remplacement des prêteurs qui se retirent. Pour ce qui est des prêts à la moyenne entreprise, les institutions financières feront un nombre croissant de transactions sur une base pari passu. En ce qui concerne les petits prêts à l'égard desquels le financement pari passu pourrait s'avérer inefficace ou coûteux, la BDC acquerra une participation dans des hypothèques commerciales.
J'ai mentionné précédemment que nous sommes en train d'élaborer un programme de garantie sur les marges de crédit, notre quatrième projet. Et, enfin, nous examinons, avec certaines institutions financières, des moyens de traiter plus rapidement les petits prêts qui seraient rejetés en raison du système d'évaluation du crédit par points de ces institutions.
Comme vous pouvez le constater, les choses bougent. Nous avons une bonne collaboration avec EDC et les banques, et des partenariats constructifs sont en train de se former.
Or, je suis conscient que certains estiment que la BDC met trop de temps à agir ou qu'elle n'accorde pas assez de prêts. Il est important pour vous de savoir que les gens qui travaillent à mes côtés à la BDC ont à coeur de remplir notre mandat, qui est de soutenir les entrepreneurs; c'est ce qui nous motive — eux et moi — à travailler et à demeurer à la BDC. Chacun d'entre nous s'efforce d'aider le plus grand nombre possible d'entrepreneurs. Il ne faut cependant pas oublier que nous sommes une société d'État commerciale — une banque — tenue par la loi de soutenir des entreprises solvables et des projets qui ont une chance raisonnable de réussite. Malheureusement, nous ne pouvons, pour cette raison, répondre favorablement à toutes les demandes. Je peux vous assurer que chaque demande de financement est examinée en détail. Chaque entrepreneur qui nous approche a l'occasion de bien présenter son projet. Nous voulons aider les entrepreneurs et nous comprenons qu'il est nécessaire d'agir rapidement, mais notre engagement et notre désir d'aider sont assujettis à certains paramètres et s'accompagnent de certaines responsabilités. Nous devons chercher des clients solvables et des projets viables sur le plan commercial.
Le budget prévoit également la création de la Facilité canadienne de crédit garanti visant à aider les entreprises et les consommateurs à obtenir du financement pour l'achat de véhicules et de matériel — c'est une initiative très importante. À ce chapitre, nous travaillons avec Finances Canada, dont les représentants sont ici aujourd'hui. Le document de consultation a été mis en ligne sur notre site Web, et j'ai avec moi quelques copies papier si cela vous intéresse.
Nous avons entrepris les consultations publiques et rencontré plusieurs des principales parties intéressées. Nous croyons que les consultations prendront fin au début de la semaine prochaine, après quoi nous entreprendrons immédiatement la rédaction d'un plan d'action. Comme pour le PCE, nous mettons tout en oeuvre pour lancer dans les plus brefs délais ce projet, qui pourrait s'élever à un maximum de 12 milliards de dollars. Il faut cependant comprendre que cela ne peut pas se faire en un jour et que nous prenons très au sérieux notre responsabilité en tant que gardiens de l'argent des contribuables.
En conclusion, sachez que personne à la BDC, des membres de notre conseil d'administration aux directeurs de comptes qui travaillent en première ligne, ne sous-estime la gravité de la présente récession ou les contraintes qu'elle fait peser sur les propriétaires d'entreprise. Nous voulons tous apporter à ces derniers notre soutien d'une manière rapide, professionnelle et efficace. Soyez assurés que nous faisons tout en notre pouvoir, dans la mesure de nos moyens, pour y arriver.
[Français]
Merci. Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je suis reconnaissant de l'occasion que vous m'offrez de vous rencontrer, ainsi que les membres du comité, pour discuter du secteur financier du Canada.
Je suis accompagné de Jeremy Rudin, sous-ministre adjoint, Direction de la politique du secteur financier, au ministère des Finances.
Aujourd'hui, je ferai le point sur l'évolution de la situation du crédit, je vous entretiendrai de la position toute particulière du Canada dans ce contexte et j'énoncerai les mesures que prend le gouvernement pour maintenir l'avantage du Canada sur les marchés financiers mondiaux.
Il ne fait aucun doute que le Canada est confronté à des perspectives économiques très difficiles dans un contexte de récession mondiale. Cette situation aura de graves conséquences sur les familles et les entreprises canadiennes. Le Canada s'en tire mieux que bon nombre d'autres pays, en partie grâce à la stabilité de son secteur financier. Les banques et les marchés financiers du Canada fonctionnent bien, ce qui contraste nettement avec ce qui se passe à l'étranger. Ce fait retient l'attention dans le monde entier.
Contrairement à ce qui se passe aux États-Unis, l'ensemble du crédit aux entreprises, des prêts hypothécaires et des prêts à la consommation au Canada a continué de croître, quoique à un rythme moins rapide qu'au cours des dernières années. Selon les données hebdomadaires les plus récentes de la Banque du Canada, en décembre 2008, les prêts aux entreprises accordés par des banques dépassaient de 13,2 p. 100 le niveau enregistré un an plus tôt. Au cours de la même période, les prêts aux entreprises consentis par toutes les institutions financières, y compris les prêteurs non bancaires, ont augmenté de 11,5 p. 100. Les banques ont accru les prêts classiques aux entreprises — en hausse de 11,2 p. 100 d'une année sur l'autre — de même que les garanties d'emprunt assumées directement par leurs clients.
Les prêts aux ménages sont demeurés solides. En décembre, les prêts hypothécaires ont dépassé de 10,7 p. 100 leur niveau d'il y a un an, tandis que l'ensemble du crédit à la consommation a progressé de 9,1 p. 100 durant cette période. En date d'hier, quatre des grandes banques du Canada ont déclaré des bénéfices, ce qui dépasse les attentes, compte tenu de la situation économique difficile.
S'il est vrai que ces résultats sont modestes comparativement au rendement antérieur, ils contrastent nettement avec ceux des banques des États-Unis, qui ont essuyé des pertes collectives de 26,2 milliards de dollars au premier trimestre.
[Français]
Pour mieux comprendre ces résultats positifs, il convient de mentionner certains facteurs clés qui sous-tendent le système financier canadien et leurs différences par rapport aux facteurs du système américain.
D'abord, les banques et les autres institutions financières du Canada sont bien capitalisées. De plus, elles utilisent moins l'effet de levier que leurs concurrentes internationales. Les exigences de capital du Canada pour les institutions financières dépassent les normes minimales internationales, et nos banques ont constitué de solides réserves de capital qui dépassent nos normes plus rigoureuses.
Le Canada a également profité du plafonnement de l'effet de levier. Les multiples de l'actif par rapport au capital des grandes banques canadiennes sont de moins de la vingtaine, alors qu'aux États-Unis, les multiples des banques d'investissement se situent dans la trentaine, et ceux de nombreuses banques européennes se retrouvent dans la quarantaine et même dans la cinquantaine.
La structure des institutions financières du Canada diffère de celle de leurs concurrentes américaines. Les grandes maisons de courtage de valeurs du Canada appartiennent à des banques depuis le début des années 1990 et elles sont réglementées sur une base consolidée par le Bureau du surintendant des institutions financières. Les prêts hypothécaires des ménages canadiens sont moins élevés que ceux des ménages américains, tant par rapport à la valeur des résidences que du revenu disponible.
Enfin, le marché canadien du financement du logement ne renferme pas une importante composante de prêts à risque, élément responsable des problèmes que connaissent les États-Unis ces derniers temps.
[Traduction]
Malgré la vigueur de notre système, il ne fait pas de doute que la perturbation des marchés mondiaux du crédit a accru la pression exercée sur l'accès au financement au Canada. Même si le volume des prêts aux entreprises continue d'augmenter, les modalités offertes aux emprunteurs se sont resserrées, et certains emprunteurs solvables ont du mal à accéder au crédit.
Pendant que la crise du crédit s'intensifiait à l'automne, le gouvernement a agi à l'aide d'une gamme de mécanismes pour permettre la circulation du crédit de sorte que les ménages et les entreprises puissent avoir accès au financement. Le Plan d'action économique du 27 janvier prévoyait l'intégration de nouveaux mécanismes à une série de mesures en vertu du Cadre de financement exceptionnel qui prévoit le versement de sommes pouvant atteindre 200 milliards de dollars aux entreprises et aux ménages canadiens.
De façon générale, ce cadre applique des mesures pour corriger les lacunes de certains segments du marché du crédit, atténuer les risques systémiques et empêcher un éventuel désavantage concurrentiel pour les entreprises canadiennes à la suite de décisions stratégiques prises par les gouvernements étrangers.
Avant de vous décrire ce cadre, permettez-moi de souligner que ces mesures n'exigent pas le recours aux deniers publics du Canada. Il ne s'agit pas de sauvetages. En effet, en offrant des liquidités, des fonds à long terme et des garanties de prêt à des banques et à d'autres institutions financières, le gouvernement a bâti un portefeuille de prêts de facto — qui rapporte près de 100 points de base, et le risque couru par le Trésor fédéral est de faible à nul. Par souci de brièveté, je ne mentionnerai que certaines des mesures clés.
Le Programme d'achat de prêts hypothécaires assurés permet d'acheter jusqu'à 125 milliards de dollars de prêts hypothécaires assurés aux institutions financières. Au 24 février 2009, ce programme avait fourni une aide financière de 51 milliards de dollars pour aider les banques à continuer de prêter aux entreprises et aux consommateurs canadiens.
Le gouvernement a accru les ressources et a élargi le champ d'action des sociétés d'État à vocation financière de sorte qu'elles puissent offrir plus de 13 milliards de dollars supplémentaires aux entreprises canadiennes.
La Facilité canadienne d'assurance aux prêteurs, qui assurera les emprunts de gros des institutions de dépôt fédéral, a amorcé ses activités la semaine dernière. À mesure que la situation s'améliorera sur les marchés financiers, les banques pourraient ne plus avoir besoin de cette assurance, mais, selon l'Association des banquiers canadiens, il s'agit d'un outil qui pourrait s'avérer utile dans notre trousse.
Des consultations ont aussi été amorcées sur la structure de la Facilité canadienne de crédit garanti, qui appuiera l'achat par la Banque de développement du Canada de jusqu'à concurrence de 12 milliards de dollars de titres adossés à des actifs garantis par des prêts ou des baux relatifs à des véhicules ou du matériel.
Outre ces mesures fédérales, la Banque du Canada a annoncé, le 23 février, une nouvelle Facilité de prise en pension à plus d'un jour pour les instruments d'épargne de détail du secteur privé. Ce mécanisme permettra aux participants admissibles du marché qui exercent d'importantes activités sur les marchés monétaires et obligataires privés au Canada d'obtenir des liquidités à l'aide d'une gamme de titres servant de garanties. Cette mesure accroîtra sensiblement l'accès aux liquidités d'un nouveau groupe de participants du marché. Et ce matin, la Banque du Canada a abaissé de nouveau son taux directeur de 50 points de base, un creux jamais enregistré auparavant.
Comme vous le savez, le gouvernement dispose également d'autres initiatives pour raffermir le système financier. Les mesures qu'a prises le gouvernement par le passé ont été importantes dans le cadre de la crise. Tout particulièrement, la modification du pouvoir d'emprunt dans le budget de 2007 a permis au gouvernement de fournir des liquidités aux institutions financières lorsqu'elles en avaient besoin, l'automne dernier.
Le gouvernement, de concert avec les provinces et les territoires intéressés, fait des progrès en vue de mettre sur pied un organisme canadien de réglementation des valeurs mobilières. De plus, il élargit le pouvoir du ministre des Finances et de la Société d'assurance-dépôts du Canada pour assurer la stabilité du système financier.
Toutes les mesures que je vous ai mentionnées sont conformes à nos engagements dans le cadre du FMI et du G-20, c'est-à-dire collaborer avec nos partenaires internationaux pendant cette période de difficulté économique. En effet, je suis privilégié de coprésider, avec Rakesh Mohan, gouverneur adjoint de la Banque de réserve de l'Inde, un groupe de travail chargé de formuler des recommandations visant à favoriser une saine réglementation et à raffermir les normes internationales dans les domaines de la comptabilité, de la divulgation et des risques et à assurer une plus grande cohérence entre les régimes de réglementation. Nous mettons actuellement au point un rapport en prévision du Sommet des dirigeants du G-20, qui aura lieu à Londres, le mois prochain.
Je puis affirmer avec confiance que l'expertise du Canada dans ces dossiers est prisée et que nous contribuons de façon importante au système financier mondial. Comme on pouvait le lire dans le New York Times cette fin de semaine, pourquoi ne pas imiter ce qui se fait de mieux dans le monde, et qui se trouve justement chez notre voisin?
Monsieur le président, je vous remercie de m'avoir accueilli aujourd'hui et je suis maintenant disposé à répondre à vos questions et à celles du comité. Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Macklem et monsieur Halde.
Je tiens à vous féliciter, monsieur Macklem, pour votre poste au G-20. Comme vous le savez, le Parti libéral a toujours insisté sur l'importance de ce forum; Paul Martin a, dans une certaine mesure, contribué à sa création, alors nous croyons qu'il s'agit d'une institution vitale.
Mais j'aimerais parler de la BDC. Nous avons entendu dire, d'un océan à l'autre, que les entreprises ont terriblement besoin de crédit — et vous avez fait allusion à cette réalité dans votre allocution —, mais nous n'avons pas l'impression que la BDC éprouve un sentiment d'urgence. Un homme d'affaires bien en vue, qui a tenu à garder l'anonymat, m'a écrit pour me dire que les annonces du gouvernement concernant la BDC et EDC, en soi, ne mènent pas à grand-chose. Voici ce qu'il écrit:
En réalité, le coeur de la question est de savoir quelles mesures et quels plans précis on a adoptés pour se donner la marge de manoeuvre nécessaire en vue de venir en aide aux petites entreprises et aux exportateurs; à ce chapitre, EDC et la BDC n'ont absolument rien annoncé. Par conséquent, il ne se produit absolument rien, si ce n'est que les entreprises canadiennes ont vu leurs possibilités de crédit se détériorer pour atteindre des niveaux jamais vus, selon le dernier sondage de la Banque du Canada.
Lorsque j'ai lu vos déclarations, monsieur Halde, j'y ai trouvé des formulations qui m'ont rendu nerveux et qui ont tendance à confirmer ce point de vue. Oui, vous avez parlé des cinq milliards de dollars que vous allez peut-être pouvoir mettre en circulation à un moment donné, mais vous dites, par exemple, que « les représentants de toutes les organisations concernées ont commencé à se réunir ». Eh bien, seigneur, bien sûr qu'ils auraient dû commencer à se réunir — la journée même du budget. Cela ne me rassure pas du tout.
À la page suivante, vous dites: « Nous examinons aussi avec certaines institutions financières des moyens de traiter plus rapidement les petits prêts. » Mais, j'espère bien que vous faites cela! J'aurais espéré que vous ayez terminé votre exploration et que vous vous soyez mis au travail. On est en mars. Le budget a été annoncé en janvier. Nous sommes en pleine crise.
Ensuite, j'ai lu: « Comme vous pouvez le constater, les choses bougent. Nous avons une bonne collaboration avec EDC et les banques, et des partenariats constructifs sont en train de se former. » Merveilleux.
Alors ma question est très précise. Je crois que les entreprises ont terriblement besoin de crédit. Je crois que les entreprises veulent savoir ce que vous faites exactement. Si vous disposez de cinq milliards de dollars supplémentaires pour accorder des prêts, j'aimerais savoir quand ces cinq milliards de dollars seront versés sous forme de prêts. Par exemple, dans 12 mois, peut-on raisonnablement penser que tout l'argent sera prêté? Dans trois mois, quelle proportion de cet argent sera prêtée? J'ai l'impression que ni le gouvernement ni la BDC ne comprennent que nous sommes en pleine crise, alors j'aimerais vous demander si vous pouvez préciser quel sera le calendrier applicable aux prêts aux petites entreprises.
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Eh bien, je ne peux que vous contredire au sujet de la possibilité que la BDC ne comprenne pas la nécessité d'agir rapidement. J'imagine qu'il faudrait que vous puissiez distinguer dans votre esprit les activités habituelles — les activités habituelles de la BDC — du programme spécial qu'on appelle le PCE.
Les activités habituelles de la BDC ont augmenté. Voici des statistiques qui pourraient vous intéresser: dans le secteur de l'automobile, nous avons augmenté nos prêts de 11,5 p. 100, comparativement à l'année dernière; dans le secteur de la foresterie, nous avons augmenté nos prêts de 20 p. 100; dans le secteur du tourisme, de 6 p. 100. Et vous savez aussi bien que moi qu'il s'agit de secteurs qui éprouvent beaucoup de difficultés, qui ont vraiment besoin d'aide. Nous nous employons à recruter des gens pour que nous puissions mener nos activités habituelles. Nous en faisons autant que nous le permet notre capacité physique à l'heure actuelle, pour ce qui est des activités habituelles.
La deuxième chose à laquelle vous faites allusion, c'est le PCE, le Programme de crédit aux entreprises, qui nous a été confié dans le cadre du budget. Il s'agit d'un effort de toutes les institutions financières — pas seulement de la BDC, mais aussi d'EDC et de nous-mêmes —, déployé de façon conjointe ou collective, en vue de collaborer pour essayer d'en faire plus. Je vous ai dit que nous avions entrepris cinq projets avec tous ces partenaires. Lorsque nous nous sommes réunis, nous leur avons demandé comment nous pouvions les aider. Ils ont répondu qu'il serait utile, tout d'abord, que nous participions aux syndicats financiers et prenions la place d'autres joueurs qui ne sont plus là. Nous sommes en train de faire cela.
Il y a les cinq initiatives dont j'ai parlé, y compris les acquisitions, l'aide prenant la forme de l'acquisition d'une participation dans les hypothèques commerciales, afin d'aider les institutions financières à libérer une certaine partie de leur capital. Mais ce sont toutes de nouvelles initiatives, et chacun s'efforce de faire en sorte qu'elles se réalisent.
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Bien sûr. J'imagine que j'ai quelques idées à ce sujet.
Nous écoutons les discussions internationales, et nous ne pouvons que constater que les opinions sont très diversifiées. Il ne fait aucun doute que les choses doivent changer. Nous traversons une crise très grave. De toute évidence, il y a eu des échecs au chapitre de la réglementation.
Certains joueurs veulent mettre en place une réglementation très stricte. Certains veulent que l'on établisse un grand organisme de réglementation mondial. Je crois que le Canada est l'exemple d'un pays axé sur les forces du marché et très ouvert au commerce. Il a tiré avantage énormément du commerce et des marchés financiers ouverts, mais n'a jamais connu le genre de problèmes que nous voyons aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans un certain nombre de pays européens.
Je crois que cela est attribuable au fait que le Canada maintient un meilleur équilibre entre l'efficience et la stabilité. Je crois que l'expérience canadienne démontre qu'il est possible de jouir des avantages que procure une économie dynamique, ouverte et axée sur les forces du marché. À condition de maintenir un équilibre suffisant entre la stabilité et l'efficience, il est possible d'éviter les pires retombées de ces crises financières.
Comme je l'ai mentionné dans mes déclarations préliminaires, un bon nombre des caractéristiques du système canadien se sont révélées très utiles. Nous avons mis en place des normes de fonds propres plus rigoureuses, et nos banques ont constitué de solides réserves de capital qui dépassent ces normes. Je crois que le plafonnement de l'effet de levier a joué un rôle très important dans la prévention de certains des pires excès ici au Canada. Comme je l'ai mentionné, au Canada, le plafond de l'effet de levier est de 20 pour 1, ce qui a empêché la montée de l'effet de levier que vous avez pu observer dans d'autres pays. Le monde connaît actuellement une période de désendettement très abrupte et pénible. Bien des banques internationales tentent de faire correspondre leurs normes relatives à l'effet de levier à celles des banques canadiennes.
Ce sera l'occasion pour le Canada de jouer dans la cour des grands à l'échelle internationale. Nous avons appris, comme bien d'autres pays qui vivent cette crise, que, même si nous gérons bien nos affaires chez nous, nous subissons les contrecoups des échecs des autres pays. Sur la scène mondiale, nous avons tous la responsabilité et le devoir de mettre de l'ordre dans le système de réglementation mondial, et je crois que le Canada a un bon message à livrer. La réglementation saine commence chez soi. Il faut mettre en place une surveillance internationale pour veiller à ce que les autres assurent leurs responsabilités. Il faut apporter des changements, et on se tourne vers le Canada pour tirer des leçons de son expérience.
:
Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins d'être venus comparaître.
Je veux vous dire en passant, monsieur Halde, que c'est une belle histoire que vous nous racontez. Vous parlez de la Banque de développement du Canada et de toutes les choses que vous faites pour aider. N'oublions cependant pas que vous êtes une banque, et que ça coûte plus cher de faire affaire avec votre banque. Vous gérez votre banque comme une banque; il y a des frais.
C'est peut-être un point de vue personnel que j'exprime. Un électeur qui est dans le secteur du textile est venu me voir. Ça va mal depuis des années, mais ça a enfin commencé à s'améliorer dans sa région. Il est l'un des rares survivants. Il cherche à obtenir un financement supplémentaire. Il a des commandes fermes, parce que ses installations sont proches du marché américain. Voici donc un exemple dans lequel des frais de 8 911 $ ont été exigés pour la partie non réglée d'un prêt de 100 000 $. Au total, c'était environ 40 000 $.
Je comprends que ça fait partie des comptes spéciaux, mais il semble y avoir un problème. Vous êtes grosso modo le prêteur de dernier recours, mais vous traitez les gens comme si vous étiez une banque. Je comprends que vous devez faire de l'argent, mais il ne semble pas y avoir de mécanismes permettant aux gens de demander une nouvelle évaluation de leur cas ou un deuxième avis.
Y a-t-il quelque chose que je ne comprends pas? Si le secteur des affaires n'a pas confiance dans le fait qu'il peut faire des affaires avec vous pendant le second tour de versement de ces sommes supplémentaires à prêter dans le cadre du programme de crédit aux entreprises, comment puis-je être certain que vous allez être en mesure de verser cet argent, non seulement aux bonnes personnes, mais de façon efficace et à un coût réduit?