Je suis heureux de pouvoir renseigner le comité sur les activités de la Société canadienne d'hypothèques et de logement ce matin.
[Français]
La plupart des Canadiens nous connaissent en raison de nos activités dans le domaine de l'assurance hypothécaire. Au fil des ans, nous avons aidé des millions de personnes à obtenir un prêt hypothécaire, à acheter une maison et à bénéficier d'un financement à faible coût. Comme vous le savez, nous livrons concurrence aux assureurs privés sur le marché, mais nous le faisons en fonction d'un mandat d'intérêt public clair.
[Traduction]
En 2008, plus de 40 p. 100 de nos activités visaient à aider les Canadiens habitant dans des secteurs, ou dans certains types de logement, peu ou pas du tout servis par le secteur privé. Cela inclut les habitations des régions rurales, du Grand Nord canadien et des villes monoindustrielles. En fait, la SCHL est le seul fournisseur d'assurance prêt hypothécaire au Canada qui accepte d'assurer les maisons mobiles et les grands immeubles à logements locatifs, dont les centres d'hébergement et les résidences pour personnes âgées.
Même si la situation économique contribue au ralentissement du secteur de l'habitation, le système canadien du financement de l'habitation continue de fonctionner. Dans bien des pays, il est devenu très difficile pour les prêteurs hypothécaires de trouver les fonds dont ils ont besoin. Mais ce n'est pas le cas au Canada, grâce en partie au Programme des Obligations hypothécaires du Canada et au programme des titres hypothécaires LNH créés par la SCHL depuis déjà bon nombre d'années.
La popularité des programmes des Obligations hypothécaires du Canada et des titres hypothécaires de la SCHL a pris de l'ampleur à mesure que s'aggravait la crise de liquidité. En 2008, 43,5 milliards de dollars d'obligations hypothécaires ont été émises en plus des 61 milliards de titres hypothécaires LNH.
[Français]
Toujours en 2008, l'évaluation du Programme des Obligations hypothécaires du Canada de la SCHL a conclu que ce programme jouait un rôle stabilisateur sur les marchés canadiens en procurant une source de financement fiable et économique pour les prêts hypothécaires. Ce programme fournissait aussi des possibilités de financement aux petits prêteurs, ce qui est tout à l'avantage des consommateurs, car cela stimule la concurrence sur le marché hypothécaire.
[Traduction]
De plus, le gouvernement du Canada a récemment pris des mesures pour lancer le programme d'achat des prêts hypothécaires assurés, lequel est aussi géré par la SCHL. Le Programme d'achat des prêts hypothécaires assurés s'ajoute au soutien dont bénéficient les prêteurs. En vertu de ce programme, la SCHL a jusqu'ici acheté pour plus de 53 milliards de dollars de blocs de créances hypothécaires assurées et pourrait en acquérir jusqu'à concurrence de 125 milliards de dollars de plus. D'ailleurs, une autre adjudication a lieu aujourd'hui même. Ces mesures fourniront aux prêteurs un financement stable à long terme et leur permettront de continuer à accorder des prêts aux consommateurs et aux entrepreneurs canadiens.
[Français]
Une autre raison qui explique la relative stabilité du système canadien de crédit hypothécaire, surtout par rapport à celui des États-Unis, est que le Canada s'est toujours montré prudent en ce qui concerne le financement de l'habitation. Lors du sommet atteint en 2006, les prêts à risque élevé représentaient environ 40 p. 100 des dossiers hypothécaires aux États-Unis. Au Canada, les prêts à risque élevé ne constituaient que 5 p. 100 des dossiers hypothécaires. Comparativement aux produits hypothécaires exotiques offerts chez nos voisins du Sud, il serait plus approprié de considérer le marché canadien des prêts à risque comme étant « à risque assez faible ».
[Traduction]
Dans toutes nos actions, nous sommes déterminés à observer des principes rigoureux pour gérer les risques et à nous donner des pratiques financières prudentes. Nous ne croyons pas qu'il serait bénéfique de mettre les Canadiens dans des maisons qu'ils ne peuvent se permettre.
Le gouvernement, par l'entremise de la SCHL, renforce aussi son engagement à assister ceux qui ont besoin d'un logement abordable. En septembre 2008, le gouvernement a engagé, pour les cinq prochaines années, plus de 1,9 milliard de dollars pour les programmes pour le logement et la lutte contre l’itinérance.
[Français]
Le plan d'action économique du Canada vient ajouter un investissement ponctuel de plus de 2 milliards de dollars sur deux ans pour la construction et la réparation de logements sociaux existants.
[Traduction]
Actuellement, le gouvernement fédéral dépense annuellement 1,7 milliard de dollars en aide à environ 630 000 ménages qui habitent des logements sociaux. Cependant, une partie considérable de ces logements se détériore et nécessite d'importantes réparations et rénovations. Les 2 milliards de dollars d'investissement du Plan d'action incluent 1 milliard de dollars pour la rénovation, ainsi qu'un investissement significatif pour le logement des communautés des premières nations et du Grand Nord canadien, des personnes âgées et des personnes handicapées.
En outre, le Plan d'action économique du Canada offre 2 milliards de dollars de prêts à faible coût aux municipalités afin de les aider à investir dans des projets d’infrastructure liés à l’habitation. Les administrations municipales pourront faire une demande de prêt simple, directement à partir du site Web de la SCHL, et elles recevront une réponse rapidement.
En conclusion je veux vous assurer que la SCHL est engagée à remplir son mandat en matière de politique, tout en exerçant une gestion financière prudente, en toute diligence, et ce, dans toutes ses activités.
[Français]
Je tiens à remercier le comité. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
Merci.
:
J'aimerais remercier les membres du comité de m'avoir invité à prendre la parole aujourd'hui.
La Fondation canadienne d'éducation économique est une organisation nationale, non partisane et à but non lucratif qui cherche à améliorer les connaissances financières et économiques des Canadiens. Fondée en 1974, la fondation collabore avec des écoles, des ministères, des ministères de l'éducation, des organismes d'aide sociale, des organismes d'aide aux immigrants et bien d'autres intervenants pour tenter d'améliorer les capacités financières et économiques des Canadiens. Nous avons pour but d'aider les Canadiens à planifier et à édifier un avenir économique prometteur.
Au fil du temps, nous avons connu certains succès, bien que ceux-ci n'aient pas été aussi nombreux que nous l'aurions espéré, compte tenu du potentiel de réussite que l'on trouve à l'heure actuelle. Le ralentissement économique a suscité un intérêt sans précédent pour la nécessité d'améliorer les connaissances économiques et financières. À notre avis, il faut saisir l'occasion qui se présente.
Aujourd'hui, pratiquement tous les Canadiens sont touchés par le ralentissement économique. La reprise économique, lorsqu'elle viendra, engendrera probablement une autosatisfaction accrue et une meilleure acceptation d'un statu quo qui était loin d'être idéal. Lorsque la situation s'améliorera, les répercussions seront plus limitées, l'intérêt pour ces questions et les préoccupations diminueront probablement. Le moment est venu de déployer des efforts pour améliorer les connaissances économiques et financières et uniformiser les conditions au Canada.
Je sais que bien des sommités ont témoigné devant vous, des représentants d'institutions financières, de ministères et d'organisations gouvernementales, d'associations professionnelles et bien d'autres, mais en ce qui me concerne, j'aimerais parler du mieux que je le peux au nom des Canadiens moyens qui n'auront pas l'occasion, eux, de le faire. J'aimerais parler de leurs intérêts, de leurs préoccupations et de leurs espoirs pour l'avenir.
À ce titre, nous croyons que les Canadiens veulent agir de façon rationnelle. Ils ne veulent pas se mettre dans une situation financière difficile, vivre avec l'angoisse que suscite le surendettement, voir leur relation mise à l'épreuve par le stress financier et leurs espoirs pour l'avenir diminuer. La majorité des Canadiens cherchent simplement à se forger un avenir meilleur, pour eux et pour leur famille. Ce faisant, leurs décisions et leurs actes sont influencés par bien des choses.
Deux facteurs revêtent une importance particulière. D'abord les connaissances et les compétences qu'ils possèdent, et ensuite, les incitatifs qui influencent leurs décisions et leurs actes. Je parle ici des récompenses ou avantages possibles et du risque de pénalité ou de punition. Si nous voulons modifier les comportements dans l'avenir, augmenter les connaissances et les compétences ne suffira pas. Notre structure incitative, qui découle des politiques, des règlements, des programmes et des lois, devra aussi être modifiée.
Prenons un exemple. La majorité des gens s'entendent sur le fait que la crise économique est née aux États-Unis, déclenchée par les prêts hypothécaires à risque qui se sont répandus tels un virus partout sur la planète. On jette souvent une partie du blâme sur les soi-disant gens naïfs qui n'ont pas versé de mise de fonds à l'achat de leur résidence, qui ont emprunté à des taux d'intérêt bas qui ont augmenté rapidement et qui se sont retrouvés avec une maison qui valait moins que leur hypothèque et dont ils étaient incapables d'assumer les coûts.
Ces gens étaient-ils naïfs ou ont-ils agi de façon rationnelle? Comme la plupart d'entre nous, ils rêvaient d'une maison pour leur famille. Le système de règles, de règlements et d'incitatifs en place a en fait renforcé l'idée selon laquelle tout le monde devrait pouvoir réaliser ce rêve. Par conséquent, bien des gens ont acheté une maison sans mettre de mise de fonds, comme 43 p. 100 des Américains qui sont devenus propriétaires en 2005. Ils ont contracté une hypothèque sur 40 ans qui leur a permis de réduire leurs coûts mensuels mais qui a augmenté de façon considérable le coût total de leur maison. Ils croyaient pouvoir assumer les alléchants paiements initiaux, lesquels sont bas les premiers mois, pour enfin réaliser leur rêve et devenir propriétaire.
En réalité, nombre de ces gens ne pouvaient se permettre de devenir propriétaires, mais les règlements, les politiques et les programmes en place leur ont donné à croire qu'ils le pouvaient et leur ont fourni les moyens de le faire. Sans avoir les compétences et les connaissances financières et économiques nécessaires, ils se sont lancés dans ce marché, dans un secteur qui est rapidement devenu miné par les problèmes.
Quels facteurs ont mené les Canadiens à prendre les décisions qu'ils ont prises au cours des deux dernières décennies? Croyons-nous que les décisions et les actes passés des Canadiens sont à l'origine de l'imprévisibilité et de l'instabilité qui touchent notre système financier et la vie des Canadiens? Pour répondre à cette question, il faut examiner certaines des statistiques qui ont marqué la période précédant le ralentissement actuel.
Depuis 1996, les Canadiens dépensent pratiquement tout leur revenu. En 2005, pour chaque dollar de revenu disponible, les Canadiens devaient 1,16 $. Le taux d'épargne des Canadiens a atteint un sommet en 1982, à 20,2 p. 100. En 1990, le taux d'épargne était de 1,9 p. 100. Au début du ralentissement économique, il se situait sous zéro. Au Canada, le taux d'endettement par habitant s'est multiplié par 5,2 au cours des 25 dernières années, passant de 5 470 $ en 1980 à 23 390 $ en 2005. Entre 1982 et 2001, le total des sommes dues par les ménages canadiens a augmenté de 152 p. 100, alors que le revenu disponible s'est accru de 42 p. 100. Le ratio dette-revenu des ménages canadiens est passé de 55 p. 100 en 1983 à 105 p. 100 en 2003. Seulement un Canadien sur trois qui prévoient prendre leur retraite en 2030 dispose d'économie suffisante pour couvrir les dépenses de premières nécessités du ménage. La proportion de Canadiens qui bénéficient d'un régime de pension d'entreprise était tombée à 39 p. 100 en 2003, ce qui constitue un repli par rapport au taux de 45 p. 100 enregistré en 1991. Ce taux continue de diminuer.
Je pourrais vous lire encore toute une kyrielle de statistiques, mais je me contenterai de vous citer la dernière de ma liste. Selon le numéro de juin 2007 de la revue Profit, l'entreprise à plus forte croissance au Canada est Rentcash d'Edmonton, dont le taux de croissance a atteint 33,700 p. 100. De 2001 à 2006, ses recettes sont passées de 456 000 $ à 154 millions $.
À l'intention des interprètes, je vais maintenant sauter quelques passages.
Les Canadiens ont donc besoin d'une aide immédiate. Cela est d'ailleurs indéniablement confirmé par les résultats du premier sondage national que notre organisme a effectué sur les capacités économiques et financières, en collaboration avec le Strategic Counsel. Ils sont affichés sur le site Web de la fondation, et si les membres du comité tiennent à les consulter, j'en ai apporté quelques copies.
Les Canadiens cherchent donc de l'aide et ils en ont besoin dès maintenant. Ils sont prêts à en faire la demande auprès d'organismes en qui ils ont confiance et en mesure de les éclairer dans un langage facile à comprendre et en tenant compte de leurs circonstances et difficultés.
J'ai apporté quelques sources documentaires à votre intention. Ainsi par exemple, la publication Les jeunes et l'argent s'est vendue à 300 000 exemplaires et notre Agenda Nouveaux arrivants au Canada à plus de 400 000 exemplaires, et ce dernier en est rendu à son neuvième tirage en à peine deux ans et demi.
Les Canadiens cherchent à tout prix les ressources qui les aideront à comprendre leur situation économique et financière, surtout si tout cela leur est expliqué dans une langue claire et simple, ce qui n'est guère le cas d'un milieu financier actuel.
Nous aimerions aussi que vous sachiez que la fondation et ses nombreux partenaires, sympathisants et bénévoles sont prêts à soutenir le travail du gouvernement et de votre comité, si vous voulez compter sur notre participation. Il se fait déjà beaucoup de choses pour que les Canadiens puissent se bâtir un avenir économique prospère, mais il faut en faire encore davantage.
Il faut, par exemple, que nous nous dotions de lignes directrices afin d'aider la population à mieux comprendre les questions économiques et financières et qu'après nous puissions ensuite collaborer dans la poursuite d'objectifs communs. Il y a tant de choses que nous sommes en mesure de faire et auxquelles nous devrions nous atteler dès maintenant afin de concrétiser une stratégie nationale. Par conséquent, je tiens à féliciter le gouvernement d'avoir mis sur pied son groupe de travail. Néanmoins, je me demande s'il faut vraiment attendre deux ans pour lancer un plan d'action. Je ne suis pas sûr que nous puissions nous permettre d'attendre aussi longtemps. À mon avis, c'est maintenant qu'il faut agir.
Je vous remercie beaucoup.
:
Je tiens à remercier le comité de m'avoir invité à prendre la parole devant lui aujourd'hui. J'aimerais aussi remercier M. Pagé et ses collaborateurs d'avoir accepté de traduire mon exposé à si brève échéance.
Je dirige le programme de MBA à la Sprott School of Business. Toutefois, pendant les années 1970 et au début des années 1980, j'ai travaillé à la Banque de Montréal à titre de gestionnaire du service des prêts, gestionnaire du service des hypothèques et agent du crédit commercial, dans l'édifice situé directement en face de l'édifice de l'Ouest. Notre succursale était la quatrième en importance de la Banque de Montréal. À l'époque, nous accordions pour 200 millions de dollars sous forme d'hypothèques. J'ai donc prêté des millions de dollars en prêts hypothécaires à proportion élevée dans la ville d'Ottawa.
L'exposé PowerPoint que je vais vous faire se fonde sur un article que j'ai presque terminé et dont j'ai présenté des extraits lors de quelques colloques universitaires.
Avant d'aborder mes propositions en tant que telles, j'aimerais vous situer un peu les choses.
Dans mon article, je soutiens que la bulle immobilière et l'effondrement du marché immobilier sont la conséquence de l'échec des politiques américaines, tant celles du gouvernement que du Congrès. Le Congrès a fait de la microgestion des banques, mais sans les surveiller ni les encadrer. Il a refusé de réglementer le système bancaire fantôme, et je maintiens donc —, et à ma connaissance, je suis le seul à le faire — que les banques commerciales dont les employés sont très intelligents, se rendaient fort bien compte qu'elles étaient forcées d'accorder des hypothèques douteuses par Fannie Mae et Freddie Mac. Leurs cadres ont donc eu recours à la titrisation pour céder à d'autres ces hypothèques à risque très élevé afin qu'elles ne figurent plus dans le livre. C'est ce qui a mené à la bulle de spéculations immobilières puis à son effondrement et enfin à la crise financière. Nous disposons de très nombreuses preuves empiriques à l'appui de cela.
La plupart de mes diapositives présentent des tableaux, je pourrai donc les parcourir assez rapidement.
Cette diapositive vous montre le pourcentage d'hypothèques sans aucune documentation ou à faible documentation. Vous pouvez observer qu'en 2005, 2006 et 2007, plus de la moitié de toutes les hypothèques accordées aux États-Unis comportaient ainsi des exigences simplifiées ou nulles sur le plan de la documentation. On les appelait familièrement les hypothèques NINJA: pas de revenu, pas d'emploi, pas d'actif.
Des voix: Oh, oh!
M. Ian Lee: En dollars, vous pouvez voir que les hypothèques; à risque élevé et les hypothèques Alt-A se trouvent juste au-dessus des hypothèques à risque élevé mais en dessous des hypothèques à taux d'intérêt régulier. Cela signifie donc que 55 p. 100 de toutes les hypothèques accordées en 2004-2005 et 2005-2006 se trouvaient dans la catégorie des hypothèques pourries ou à risque très élevé qui n'auraient jamais, jamais dû être accordées.
J'attire ici votre attention sur le tableau de droite, où on nous montre la titrisation. Le jaune correspond aux hypothèques à risque élevé et le vert à des hypothèques non réglementaires, expression polie désignant les hypothèques douteuses. Vous pouvez voir qu'elles correspondaient à près de la moitié des quelque 2 billions de dollars inscrits sous forme d'hypothèques.
Qu'est-ce que cela a causé? Eh bien, quiconque connaît un peu les réalités économiques bancaires sait fort bien que cela a fait grimper le taux d'achats domiciliaires, le faisant passer de 62 p. 100 à 69 p. 100. Autrement dit, des millions de nouveaux acheteurs sont entrés sur le marché.
S'il arrive des millions de nouveaux acheteurs, qu'est-ce que cela va entraîner? Eh bien, cela poussera le prix des maisons à la hausse. Or, pendant cette même période, les années 1990, les revenus réels n'ont pas bougé; ils n'ont pas augmenté. Voyez cette ligne rouge; elle correspond au prix moyen des maisons. Bien que les revenus n'aient pas du tout augmenté dans leur ensemble, le prix des maisons lui a grimpé presque à la verticale, précisément à cause des erreurs politiques dont j'ai parlé. Par conséquent, le service de la dette s'est alourdi et allongé, passant d'une moyenne de 25 à quelque 30 ans, et nécessitant non plus 12 p. 100 du revenu mais près de 14 p. 100, ce qui est un gonflement insoutenable de la dette.
Voilà donc ce qu'ont entraîné les lois et les règlements nuisibles de l'époque. Tout cela était tout à fait prévisible, comme l'inflation à la hausse. Le gouvernement fédéral a relevé les taux d'intérêt — qui étaient d'ailleurs probablement trop faibles. En second lieu, cette conjoncture a fait augmenter le nombre d'hypothèques non payées; vous voyez cela au coin inférieur droit du tableau. Troisièmement, le prix des maisons a commencé à descendre.
Quelle est l'incidence de tout cela au Canada? L'excellente nouvelle, c'est que le Canada ne s'est pas effondré. Toujours dans mon article, je dis qu'en premier lieu, cela tient à la qualité des banquiers canadiens, qui font partie, à mon avis, du meilleur système bancaire au monde, et d'ailleurs de l'avis des agences de notation internationale. En second lieu, il importe de rappeler que le Canada a la chance d'être réglementé par des pouvoirs très stricts: je songe particulièrement au Parlement du Canada: vous n'êtes pas tombé du haut de la falaise, contrairement au Congrès des États-Unis. Aussi, le ministère des Finances compte lui aussi des employés remarquables, tout comme la Banque du Canada et le Bureau du surintendant des institutions financières. Enfin, le Canada se distingue par sa mentalité pragmatique et conservatrice dans le sens de prudente.
J'ai lu les transcriptions verbatim des travaux de votre comité, je n'ignore donc pas que vous êtes très préoccupés par la question des crédits bancaires et de sa disponibilité ainsi que par la perception que les banques accordent moins de crédit maintenant. En fait, si l'on vérifie les faits ou les statistiques, tel n'est pas le cas. Les crédits bancaires ont augmenté au cours de la dernière année.
Toutefois, avant de passer à la prochaine diapositive portant sur le prix du crédit, ce qui s'est passé, c'est que le secteur bancaire qu'on appelle fantôme s'est effondré et ne prête plus. Au total, il y a donc moins d'argent de prêté en ce moment, bien que les banques le fassent davantage.
J'ai observé que certains d'entre vous sont très préoccupés par l'écart grandissant entre les divers crédits hypothécaires accordés, et d'ailleurs, M. David Dodge en a parlé lors de ses entrevues et des deux excellents exposés qu'il a faits en novembre dernier. Les banques sont en train de reconstituer leurs capitaux en prévision de pertes sur prêts, car c'est ce qui se passe à chaque récession, les pertes sur prêts augmentent, et à leur tour, elles vont exercer des pressions à la hausse sur le prix des mêmes prêts.
Alors, qu'est-ce qui ne fonctionne pas aujourd'hui au Canada? Le système bancaire parallèle, qui comprend les fonds monétaires, les titres adossés à des crédits mobiliers, les banques d'investissement, les fonds de couverture, les produits dérivés, les titres échangés à la bourse ou hors-bourse, est basé sur autre chose. Et il n'est pas réglementé. Je n'ai pas le chiffre pour le Canada, mais le secrétaire du Trésor Geithner évalue le secteur bancaire parallèle aux États-Unis — les données datent de la fin de 2007 — à 10 billions de dollars.
Le secteur bancaire réglementé se chiffre à 10 billions de dollars. En d'autres mots, le système bancaire parallèle aux États-Unis représentait 50 p. 100 du système bancaire total. Ce chiffre est semblable à celui au Canada. La Banque du Canada évalue que les banques représentent 55 p. 100 du secteur, alors le système bancaire parallèle se situe à environ 45 p. 100. Presque la moitié du système financier canadien n'est pas réglementé. En d'autres mots, il n'y a pas de recours pour les actifs, il n'y a pas de transparence, et il y a des cotes de crédit frauduleuses.
Les députés s'inquiètent de la réduction de la disponibilité du crédit. Cependant, le système bancaire parallèle fournissait environ la moitié des prêts. Mais les banquiers parallèles se sont retirés à cause de la crise financière. Je dirais qu'ils se sont retirés parce qu'ils étaient surendettés. Ils étaient surendettés parce qu'ils n'étaient pas réglementés. Il est maintenant temps de résoudre le problème en appuyant un organisme national de réglementation des valeurs mobilières. Comment combattre la réduction de la disponibilité du crédit? Depuis 25 à 30 ans, les banques veulent louer des autos, mais l'Association des concessionnaires s'y opposait. Je travaillais dans une banque lorsqu'elle s'y opposait. Maintenant le vent a tourné parce que les sociétés de crédit à la vente, telles que GMAC et Chrysler Credit, sont sorties de ce marché. Le crédit est insuffisant.
Le Parlement a l'occasion de résoudre ce problème en permettant la location bancaire directe dans les succursales.
Voici mes deux dernières diapositives. Les politiques que je recommande sont les suivantes: premièrement, approuver et mettre en place un organisme national de réglementation des valeurs mobilières qui comprend la réglementation du système bancaire parallèle; deuxièmement, permettre aux banques de faire la location dans leurs succursales; troisièmement, modifier la règle comptable d'évaluation à la valeur du marché afin d'éliminer le caractère procyclique, dont David Dodge a également parlé; quatrièmement, maintenir le ratio d'endettement brut du BSIF à 20:1; cinquièmement, sauf le respect que je dois aux représentants de la SCHL, je crois que nous avons un problème au Canada — la SCHL devrait être plus réglementée parce qu'elle comprend deux entreprises en une non réglementées par le BSIF ou une autre agence semblable, et David Dodge en a déjà également parlé; sixièmement, il faut créer un centre d'échange pour les swaps de crédit; et finalement, j'appuie le programme de prêt, le programme de financement extraordinaire, annoncé dans le budget, parce que voilà des façons novatrices et prudentes de résoudre partiellement le problème.
Merci.
:
Monsieur le président, madame, messieurs les députés, c'est à mon tour de vous remercier de nous avoir invités à vous présenter nos commentaires et recommandations sur l'aide accordée par le gouvernement au secteur financier canadien, notamment en rapport avec l'accès au crédit pour les particuliers, sur la protection des épargnants et sur la stabilité du système financier canadien.
Ce n'est pas la première fois que nous comparaissons devant ce comité, et parions que ce ne sera pas la dernière. Pour ceux d'entre vous qui ne nous connaissez pas, Option consommateurs est une organisation sans but lucratif dont le siège social est à Montréal, mais nous avons également un bureau à Ottawa, dirigé par Mme Anu Bose, qui m'accompagne ce matin. Nous avons pour mission de promouvoir et défendre les intérêts des consommateurs. Créée en 1983, Option consommateurs s'intéresse de près aux questions liées à l'énergie, à l'agroalimentaire, aux services financiers et aux pratiques commerciales.
Actuellement, la récession frappe de plein fouet le marché de l'emploi au pays. Selon Statistique Canada, quelque 129 000 personnes ont perdu leur emploi en janvier, dont 30 000 au Québec. Parallèlement, on observe une croissance rapide du nombre de cas d'insolvabilité. Pas moins de 90 000 consommateurs ont fait faillite au Canada en 2008 comparativement à près de 80 000 un an plus tôt, ce qui représente une hausse de 13,5 p. 100. Ce sont autant de particuliers qui ne pourront probablement pas participer à la relance de l'économie.
Pour répondre à ces turbulences économiques et au tarissement mondial du crédit, le gouvernement du Canada a notamment mis en place le Cadre de financement exceptionnel, afin que les institutions financières canadiennes puissent continuer d'offrir l'accès au financement aux consommateurs et aux entreprises. Ce cadre contient de nombreuses mesures de soutien aux institutions privées et publiques, et plusieurs détails de sa mise en oeuvre semblent échapper au droit de regard des Canadiens, essentiel à la démocratie de ce pays et à la confiance des consommateurs.
Par ailleurs, les constats établis par différents conférenciers invités les 12 et 13 mars derniers dans le cadre d'un colloque international que nous avons organisé, colloque portant sur le crédit et l'endettement des consommateurs, sont plutôt préoccupants, voire même alarmants. Je ne vous apprendrai peut-être rien en vous disant que depuis 25 ans, le taux d'endettement à la consommation au Canada a plus que doublé, passant de 15,7 p. 100 du revenu personnel disponible en 1981 à 36,2 p. 100 en 2007. Non seulement l'endettement des ménages augmente, mais le taux d'épargne est tombé sous la barre du zéro en 2005. Selon Statistique Canada, il se situait à -0,5 p. 100 au deuxième trimestre de 2005, du jamais vu depuis les années 1920.
En ce qui concerne l'accès au crédit pour les particuliers, nous constatons à l'heure actuelle que nous sommes en présence de deux catégories de consommateurs: une qui a un accès trop facile au crédit et qui mène rapidement au surendettement, et une autre qui se voit systématiquement refuser cet accès. Dans un cas comme dans l'autre, il nous est très difficile de connaître les critères utilisés par les institutions financières dans leur prise de décision d'accorder ou non le crédit.
Ces quelques observations sur les programmes d'aide financière accordée au secteur financier canadien par le gouvernement et sur l'état des finances des particuliers nous permettent de faire trois recommandations. Je vais laisser le soin à Mme Bose de vous présenter ces recommandations. Il nous fera ensuite plaisir de répondre à vos questions.
:
Je vous remercie beaucoup.
J'aimerais poser une question à M. Lee.
Dans le cadre de votre témoignage, vous avez comparé ce qui s'est passé aux États-unis à ce qui s'est produit au Canada. D'après ce que vous dites, au Canada, on était protégés par divers systèmes, d'une certaine façon. Vous parlez du ministère des Finances, du gouvernement, des députés, en fait d'à peu près tout le monde. Tout le monde il est bon et tout le monde il est gentil, au Canada, même le système de réglementation.
Cependant, vous recommandez plus loin qu'il y ait une seule commission des valeurs mobilières. Or, vous savez sûrement qu'il s'agit d'une compétence provinciale et que ça a toujours été le cas. C'est donc dire que vous êtes prêt à voir le gouvernement s'engager dans une guerre constitutionnelle. On sait qu'au Québec, il y a eu une levée de boucliers en réaction à cette intention exprimée par le gouvernement. Vous pensez qu'il pourrait être productif d'embarquer dans une telle galère? Nous obtenons un bon rendement, mais on veut bousculer les choses, au risque de provoquer une levée de boucliers. En fait, c'est déjà le cas. J'ai de la difficulté à comprendre vos arguments.
Pourriez-vous me donner quelques explications à ce sujet?
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier M. Serré d'avoir apporté les nuances nécessaires dans sa réponse. M. McCallum avait l'air très pressé de poser un bon nombre de questions, sans laisser à M. Serré l'occasion d'y répondre complètement. Or, ces nuances s'imposaient, dans les circonstances. Il y a une énorme différence entre la situation canadienne et celle qui a cours aux États-Unis.
Néanmoins, j'aimerais poser une question à M. Serré à cet égard. En ce moment, on remarque au Québec que certaines institutions financières, notamment le Mouvement Desjardins, offrent des hypothèques ouvertes à 1 ou 1,5 p. 100. On voit cela fréquemment. Par contre, si on veut les convertir en hypothèques fermées pour une période de quatre ou cinq ans, on se rend compte que le taux est assez élevé par rapport au marché, c'est-à-dire 6 ou 7 p. 100.
Votre organisation surveille-t-elle cette situation actuellement? Je m'inquiète moins du terme de 40 ans ou du taux de 0 p. 100, pour les raisons évoquées par M. Serré, que je ne m'inquiète du taux de 1 ou 1,5 p. 100. Très souvent — et c'était implicite dans les propos de M. Arnold —, les gens qui achètent une maison se soucient moins du prix que de la mensualité. C'est ce qui m'inquiète un peu. Surveillez-vous cette situation? Est-ce quelque chose dont vous vous préoccupez normalement?
:
J'espérais, en fait, qu'on ne me poserait pas cette question.
Des voix: Oh, oh!
M. Ian Lee: Je ne voulais pas me faire tirer dessus par les habitants de diverses provinces.
Nous avons appris au cours des cinq, six ou sept dernières années — Volcker l'a dit, ainsi que David Dodge et d'autres — que tous les marchés financiers sont reliés les uns aux autres. Ils sont profondément interreliés du fait de leur nature. Ils sont fongibles. Ils sont virtuels. Ils ne sont pas physiques. L'argent est mobile, instantanément mobile.
C'est pourquoi j'estime que les distinctions entre les champs de compétence provinciaux et fédéral sont vraiment artificielles, quand il s'agit des marchés financiers. Quand j'étais à la banque, nous avions affaire à des coopératives de crédit sans arrêt, bien qu'elles dépendent d'un cadre réglementaire entièrement différent.
Prenez les caisse de retraite; je suis à l'Université de Carleton et notre caisse de retraite est réglementée par la province de l'Ontario. Je vit à Ottawa où les caisses de retraite sous réglementation fédérale sont nombreuses. Et pourtant, tous interviennent dans les mêmes marchés, investissent dans le même ensemble de valeurs. Tous sont dans le même TSX.
Je pense qu'il est inévitable qu'on se rende un jour à la nécessité de mettre tous les organismes financiers sous le contrôle d'un unique organisme de réglementation. J'inclus dans cela les coopératives de crédit et les caisses de retraite. J'ai bien conscience, toutefois, que les gens pousseraient de hauts cris.