:
Je déclare ouverte la séance du Comité permanent des finances. Nous poursuivons notre étude conformément à l'article 108(2) du Règlement, une étude sur les mesures à prendre pour améliorer l'accès au crédit et la stabilité du système financier canadien.
Trois organisations sont représentées ce matin.
En premier lieu, je vous présente M. Ian Russell, président et chef de la direction de l'Association canadienne du commerce des valeurs mobilières, qui revient devant le comité.
Je vous présente aussi M. David Phillips, président-directeur général de la Centrale des caisses de crédit du Canada. Il y a aussi M. Ralph Luimes, chef de la direction de HALD-NOR Credit Union de Hamilton, je crois.
Pour ce qui est de la troisième organisation, DBRS, elle est représentée par son coprésident — et j'essaierai de prononcer son nom de famille correctement — M. Peter Bethlenfalvy.
Nous pouvons commencer. Nous suivrons cet ordre. Nous commencerons par l'Association canadienne du commerce des valeurs mobilières. En général, nous accordons cinq minutes pour une déclaration d'ouverture. Nous pourrions accorder un peu plus de temps aujourd'hui car nous avons trois témoins, puis nous passerons aux questions des membres.
Nous commencerons par M. Russell, s'il vous plaît.
:
Merci beaucoup, monsieur Rajotte.
Bonjour à tous les membres du comité.
[Traduction]
Bonjour. Mon nom est Ian Russell. Je suis heureux de l'occasion qui m'est offerte ce matin de comparaître devant le Comité permanent des finances de la Chambre des communes afin de participer à vos discussions sur l'évaluation des mesures à prendre pour améliorer l'accès au crédit dans les marchés des capitaux.
Ma déclaration d'ouverture sera assez brève, et j'ai hâte d'entendre les questions sur un éventail complet de sujets, qu'il s'agisse de l'accès au crédit ou de la réforme de la réglementation dans laquelle nous sommes tous engagés, pas seulement au Canada, mais partout dans le monde.
[Français]
Il n’a pas fallu attendre longtemps pour que l’économie réelle soit touchée. L’impact financier et la perte de confiance sont présents dans chaque région et dans chaque secteur.
[Traduction]
Les marchés financiers ont traversé une période très difficile au cours des six derniers mois, et cette situation a été mise en relief de façon assez dramatique par ses répercussions sur l'économie réelle. En général, la valeur des portefeuilles a baissé d'environ 20 p. 100, et celle des actions de 30 à 40 p. 100. Le prix des immeubles au Canada commence à suivre la tendance des marchés mondiaux, les taux de chômage sont à la hausse et ont déjà atteint des sommets qui n'avaient pas été vus depuis des années et, comme vous le savez tous, les dépenses de consommation sont également à la baisse.
Un des domaines que je voulais aborder, et sur lequel je voudrais donner des détails aux membres du comité, va un peu au-delà des mesures que nous constatons et qui visent à réellement à évaluer les mesures qui ont été mises en place dans le cadre du budget.
Je dois féliciter la Banque du Canada pour les efforts qu'elle a déployés depuis le début de la crise à l'été 2007. La Banque et le gouvernement fédéral, au moyen de son budget, ont mis en place des mesures très efficaces visant à améliorer le fonctionnement et à augmenter les liquidités et les capacités en matière de crédit dans les marchés des capitaux, mais il existe encore des préoccupations en ce qui concerne les liquidités sur le marché.
[Français]
Même si les mécanismes mis en oeuvre pour fournir des liquidités aux banques ont réussi, particulièrement le Programme d'achat de prêts hypothécaires assurés pour fournir des liquidités aux banques, certains produits des marchés des capitaux n’en ont pas profité.
[Traduction]
De nombreux émetteurs de titres d'emprunt des sociétés ont préféré rester en retrait à cause partiellement de la volonté des acheteurs de diminuer les risques de leur investissement, ce qui est un facteur déterminant expliquant le manque de liquidités dans les marchés. Les autorités doivent demeurer vigilantes pour surveiller et trouver les segments en manque de liquidités qui sont susceptibles de nuire au fonctionnement normal de certains sous-marchés importants, ou même de l'ensemble du marché, et continuer à évaluer les solutions pour régler ces problèmes, en plus des mesures correctives qui ont déjà été prises.
[Français]
Nous nous félicitons que le gouvernement ait suivi la recommandation du Groupe d'experts sur la réglementation des valeurs mobilières et mis en oeuvre un plan de transition en vue de mettre sur pied un organisme canadien de réglementation des valeurs mobilières pour les provinces et territoires qui veulent y participer.
[Traduction]
Je vais terminer par ces remarques, monsieur le président, et de nouveau, j'ai hâte d'entendre les questions portant sur une vaste gamme de sujets.
:
Merci, monsieur le président.
Mon introduction durera environ cinq minutes.
Monsieur le président, mesdames et messieurs membres du comité, merci de m'avoir donné l'occasion de prendre la parole devant vous aujourd'hui.
Je suis accompagné par M. Ralph Luimes, chef de la direction de HALD-NOR Credit Union, située dans le sud-ouest de l'Ontario. M. Luimes est également président du comité directeur responsable de la Stratégie des propriétaires d'entreprises canadiens, l'initiative de notre système axée sur le marché des petites et moyennes entreprises, mais nous reparlerons de cela plus tard.
Avant de nous pencher sur le sujet qui nous amène devant vous aujourd'hui, permettez-moi de commencer avec quelques remarques préliminaires concernant le rôle de Canadian Central, l'organisation que je représente, et, plus généralement, du système des coopératives de crédit au Canada.
Canadian Central est une institution financière réglementée au niveau fédéral qui agit à titre d'association professionnelle nationale pour ses propriétaires, les centrales provinciales de coopératives de crédit et, par leur intermédiaire, pour environ 440 coopératives de crédit affiliées d'un bout à l'autre du Canada. Avec plus de 1 700 succursales servant plus de 5 millions de membres, 24 000 employés et des actifs de l'ordre de 114 milliards de dollars, les coopératives de crédit constituent un élément important de l'économie canadienne.
Aujourd'hui, au Canada, les coopératives de crédit prennent toutes sortes de formes et toutes sortes de tailles et sont ouvertes dans quasiment toutes les collectivités, y compris dans les centres urbains importants. Les coopératives de crédit sont le premier choix d'institution financière pour un pourcentage important de la population. En fait, un Canadien sur trois est membre d'une coopérative de crédit ou d'une caisse populaire.
Nous estimons que ces chiffres reflètent les fortes valeurs de coopération du système et son engagement envers le développement économique des collectivités où il oeuvre, bon temps comme mauvais temps. Cet engagement est illustré par notre présence continue dans plus de 380 collectivités canadiennes où une coopérative de crédit constitue la seule institution financière disponible. L'implication et l'engagement envers la collectivité sont également attestés par le niveau élevé de dons de bienfaisance et de bourses d'études octroyés par le système, ainsi que par la participation de ses employés au développement communautaire. En fait, en 2007, la participation communautaire des coopératives de crédit canadiennes a atteint la somme de 35,8 millions de dollars.
Penchons-nous maintenant sur le sujet qui nous amène devant vous aujourd'hui, à savoir la disponibilité du crédit et la stabilité du système financier canadien. D'abord, permettez-moi de vous assurer qu'en tant qu'institutions appartenant à leurs membres, les coopératives de crédit sont très conscientes des difficultés économiques auxquelles les Canadiens doivent actuellement faire face et qu'elles travaillent en étroite collaboration avec les collectivités pour atténuer l'impact de la crise.
Cela étant dit, certains rapports ont prétendu que le crédit disponible aux entreprises et aux consommateurs avait diminué au cours des derniers mois. Cela est peut-être généralement vrai, car les créanciers non conventionnels se sont repliés avec la contraction des liquidités des marchés financiers et le rétrécissement des marchés de la titrisation. Cependant, le système des coopératives de crédit n'a pas participé à ce recul rapide de l'octroi de crédit. Nous avons plutôt maintenu notre approche des prêts plus traditionnelle, basée sur les relations, et les coopératives de crédit continuent de répondre aux exigences de leurs membres.
En 2008, les prêts octroyés par les coopératives de crédit ont augmenté de 7,2 p. 100. Au cours du dernier trimestre de 2008, nos prêts ont augmenté de 1,6 p. 100, ce qui représente une croissance de 6,5 p. 100 sur une base annuelle. Les prêts calculés comme pourcentage du total des dépôts s'élevaient à 93,7 p. 100 à la fin de 2008, soit une légère réduction par rapport à 95,8 p. 100 douze mois auparavant, ce qui indique une croissance plus forte des dépôts par rapport aux prêts en 2008. Cela étant dit, il est intéressant de noter qu'il y a 10 ans, les prêts ne représentaient que 87 p. 100 du total des dépôts.
Les coopératives de crédit ont une obligation envers le marché des petites et moyennes entreprises. Cela est indiqué clairement par les statistiques d'Industrie Canada. Une comparaison des données concernant les prêts aux PME d'Industrie Canada, qui examine les banques à charte, les banques étrangères et les coopératives de crédit indique qu'à l'échelle nationale, les coopératives de crédit représentent 18 p. 100 des prêts aux PME pour les autorisations de 500 000 $ et moins. À l'Île-du-Prince-Édouard et au Manitoba, ce chiffre s'élève à 50 p. 100; il est de 62 p. 100 en Saskatchewan, de 20 p. 100 en Alberta et de 28 p. 100 en Colombie-Britannique. Ce marché constitue une des clés de la croissance des coopératives de crédit, et notre système ne laissera pas tomber nos membres de la PME.
Notre engagement envers ce marché important est également reflété par la Stratégie des propriétaires d'entreprises canadiens, communément appelée CBOS au sein de notre système. Créée en 2005 pour améliorer les compétences et la capacité des coopératives de crédit à servir le marché des propriétaires d'entreprises, ainsi que pour sensibiliser ces derniers aux coopératives de crédit, la CBOS implique activement plus de 300 coopératives de crédit depuis le début de l'initiative.
En ce qui concerne la stabilité financière, je souhaite souligner que le système des coopératives de crédit demeure solide. En dépit du déclin économique qui a commencé au cours du dernier trimestre de 2008, le système des coopératives de crédit a terminé l'année en restant très solide sur le plan financier. L'actif du système, les épargnes/dépôts et les prêts ont tous enregistré des gains solides, maintenant la croissance annuelle déclarée au cours des trimestres précédents, quoiqu'en légère baisse comparativement aux taux de l'année 2007.
À la fin de 2008, l'actif combiné de toutes les coopératives de crédit et des caisses populaires affiliées du Canada a augmenté de 8,7 p. 100, soit 9,1 milliards de dollars, pour atteindre 113 milliards de dollars. Il s'agit d'une augmentation de 45 p. 100, soit 35,2 milliards de dollars sur les cinq dernières années. La croissance des épargnes et des dépôts est demeurée forte, le total des dépôts sur les coopératives de crédit ayant atteint 100,6 milliards de dollars au quatrième trimestre de 2008, soit une augmentation de 9,5 p. 100 ou 7 milliards de dollars par rapport à l'année précédente.
Nous estimons que le système est en excellente position pour relever les défis présentés par la situation économique actuelle ainsi que pour tirer parti des occasions qui se présenteront en 2009 et après.
Nous vous remercions encore de cette occasion de prendre la parole devant vous aujourd'hui. Nous nous ferons un plaisir de répondre à toutes vos questions.
:
Monsieur le président, membres du comité, je m'appelle Peter Bethlenfalvy, et je suis co-président de DBRS.
DBRS est heureuse de pouvoir présenter son point de vue sur cette question d'une importance cruciale. Mon exposé portera surtout sur les points que voici: les programmes visant à améliorer l'accès au crédit et la stabilité du système financier; et la réforme de la réglementation canadienne. Qu'on me permette au préalable de présenter un bref aperçu de DBRS en précisant son rôle sur le marché et sa situation du point de vue réglementaire.
DBRS est une agence canadienne de notation qui a vu le jour en 1976 et qui est toujours détenue en propriété privée par ses fondateurs. Avec un affilié américain implanté à New York et à Chicago, DBRS analyse et cote un large éventail de titres et d’émetteurs de titres, notamment des institutions financières, des sociétés d’assurance, des sociétés émettrices, des émetteurs de titres gouvernementaux et municipaux et des transactions structurées. Actuellement, DBRS tient des cotes sur plus de 43 000 titres des quatre coins de la planète. Elle cote une centaine des plus grandes banques du monde, dont les grandes banques à charte du Canada, des sociétés d’assurances, des coopératives de crédit et des caisses de retraite, ce qui lui permet d’avoir un point de vue unique sur le fonctionnement des marchés financiers canadiens dans un contexte mondial. Depuis ses débuts, il y a plus d’une trentaine d’années, DBRS est largement reconnue comme un fournisseur d’analyses de crédit rapides, approfondies et impartiales, et elle met gratuitement ses cotes à la disposition du public.
[Traduction]
Étant donné son très large rôle sur le marché, DBRS est déterminé à garantir l'objectivité et l'intégrité de ses cotes, l'indépendance de son personnel d'analyse et la transparence de ses activités. Un code de conduite a été adopté conformément aux normes de l'Organisation internationale des commissions de valeurs (Code de l'OICV).
Le Code de l'OICV est un cadre mondialement reconnu de mesures pratiques conçues pour améliorer la protection des investisseurs, l'équité, l'efficacité et la transparence des marchés de valeurs et pour atténuer le risque systémique.
Un rapport, publié par l'OICV le 12 mars 2009, a révélé que sept des 21 agences de notation mondiales, notamment DBRS, ont mis en place des dispositions relatives au Code de l'OICV 2008. L'OICV a souligné, à quelques exceptions près, que DBRS adhère au Code dans son ensemble.
DBRS estime que le Code de l'OICV est toujours une base solide pour une surveillance réglementaire prudente dans toutes les administrations et qu'un régime uniforme global est essentiel au bon fonctionnement des marchés.
DBRS est également inscrit auprès de la SEC américaine comme organisation d'évaluation statistique de renommée nationale (NRSRO), et a obtenu une reconnaissance réglementaire mondiale, notamment comme institution d'évaluation externe du crédit aux États-Unis, au Canada, en Suisse et dans l'Union européenne.
Le contexte étant établi, voici maintenant nos opinions sur les programmes visant à améliorer l'accès au crédit et la stabilité du système financier canadien tout en réduisant au minimum les risques pour la population.
Comme l'a déjà dit Ian, le cadre de financement extraordinaire présenté en janvier dans le budget fédéral, pour améliorer l'accès des consommateurs au crédit et pour permettre aux entreprises d'obtenir le financement nécessaire pour croître et créer de nouveaux emplois, a été bien reçu.
En octobre 2008, la Banque du Canada a présenté des mesures visant à fournir des liquidités exceptionnelles au système financier canadien tant que la situation l'exigerait. Pris dans leur ensemble, ces programmes sont des moyens essentiels d'accroître les liquidités et de fournir des fonds si on en a besoin et quand on en a besoin. Ou, comme j'aime bien le dire, des fonds si nécessaires, mais pas nécessairement des fonds.
Les sociétés ayant une bonne cote d'investissement ont été capables de profiter des marchés privés et publics, notamment des coopératives de crédit, qui émettent des papiers commerciaux à court terme comme en témoigne le regain de nouvelles émissions de ces derniers mois. Le marché des papiers commerciaux continue d'être solide et de nombreuses entreprises canadiennes gèrent avec prudence leur besoin en liquidité; toutefois, la titrisation, plus particulièrement le marché de titres à terme adossés à des actifs, demeure gelée contrairement au marché des titres adossés à des actifs qui continue de fonctionner et d'avoir en circulation une valeur de 50 milliards de dollars.
DBRS comprend bien les efforts considérables de consultation concernant la Facilité canadienne de crédit garanti — j'imagine que c'est l'équivalent de la TALF aux États-Unis, la Term Asset-Backed Securities Loan Facility — toutefois, beaucoup plus doit être fait pour stimuler le marché. L'émission de titres à terme adossés à des actifs s'élève à ce jour à un peu plus de 1 milliard de dollars, contre 9,5 milliards de dollars pour la même période en 2008.
Selon la vitesse à laquelle ces marchés se débloqueront ou que d'autres se bloqueront de nouveau, des programmes supplémentaires pourraient être nécessaires. DBRS appuie également l'assouplissement quantitatif, s'il était nécessaire à l'égard de ce marché, et estime que le rôle de prêteur de dernier recours de la Banque du Canada est fondamental.
Voilà qui m'amène à mon deuxième sujet, la réforme de la réglementation canadienne. DBRS estime que l'approche canadienne de la surveillance des banques a montré qu'elle fonctionnait très bien, comparée à celles qui ont été adoptées dans d'autres pays. Le paysage réglementaire américain se compose d'une mosaïque d'institutions qui exige une réponse assez différente. Une conception systémique du risque est prudente et nécessaire. La proposition des États-Unis, qui songe à un nouveau grand organisme de surveillance pour gérer systématiquement les risques dans le système financier, est une bonne mesure.
D'après DBRS, contrairement à ce qu'on voit aux États-Unis, le Canada a les bons mécanismes en place pour surveiller le risque systémique. À l'heure actuelle, le Canada a un Comité de surveillance des institutions financières. Il est présidé par Julie Dickson, Bureau du surintendant des institutions financières Canada (BSIF) et est composé notamment du président de la Banque du Canada ainsi que de membres du ministère des Finances, de la SADC et de la SCHL. Ils se rencontrent régulièrement pour discuter de questions générales.
DBRS propose plutôt que la Banque du Canada continue de jouer son rôle de surveillance et de liaison auprès du BSIF et son rôle de prêteur de dernier recours, lequel ne s'occupe pas de réglementation. La Banque du Canada, le BSIF, la SADC et un organisme national de réglementation des valeurs mobilières ont chacun un rôle nécessaire distinct, mais qui s'intègre.
Sur le plan international, la crise mondiale du crédit a été causée par une énorme bulle de dettes, mais le manque de transparence et de communication n'a fait qu'accélérer les choses. DBRS est d'avis qu'une plus grande transparence et une divulgation accrue de l'information sont des éléments clés de la normalisation des marchés du crédit et d'une harmonisation composée de la réglementation internationale.
Au cours des 18 derniers mois, DBRS a apporté un certain nombre de changements dans ses activités, en mettant un accent particulier sur la finance structurée, afin d'améliorer la qualité et la transparence de son propre processus de notation de crédit et d'aider à établir la confiance envers les notations de crédit.
Au début de 2008, et ce sera mon dernier commentaire, DBRS a pris l'initiative de restructurer ses rapports pour divulguer une information plus opportune et transparente sur les transactions titrisées et il s'agit là du principal mode de divulgation de ce type sur tous les marchés de papiers commerciaux adossés à des actifs dans le monde. En fait, DBRS refusera de noter les conduits de papiers commerciaux adossés à des actifs lorsqu'un niveau acceptable d'information au niveau de la transaction ne sera pas assuré.
En conclusion, nous estimons que DBRS et le Canada sont des leaders pour les autres administrations en matière de transparence et de divulgation de l'information.
[Français]
DBRS a derrière elle une longue et fière histoire sur les marchés des capitaux au Canada et au niveau international. Elle prend très au sérieux le rôle qu’elle y joue, et elle est reconnaissante d’avoir eu la possibilité de faire valoir son point de vue en présence des membres du comité.
Je me ferai un plaisir de répondre aux questions que vous pourriez avoir à poser. Merci beaucoup.
:
Il y a là beaucoup de questions. Commençons d'abord par la question de l'acte de contrition ou de la responsabilité qui nous échoit à titre d'acteur majeur non seulement sur les marchés financiers canadiens mais sur les marchés financiers mondiaux.
Nous acceptons notre part de responsabilité pour les cotations, pour toutes les cotations que nous faisons. Ce sont des opinions. Elles sont fondées sur des méthodologies publiques. Nous n'avons fait aucun secret des méthodes par lesquelles nous en sommes arrivés à ces cotations. En fait, le lendemain, nous avons rencontré les parties intéressées — investisseurs, médias, que sais-je encore — pour parler de ces cotes.
Nous acceptons donc la responsabilité telle qu'elle s'inscrit dans le contexte d'événements imprévus survenus sur le marché mondial.
Depuis, nous avons pris un certain nombre de mesures pour améliorer notre processus de cotation. Premièrement, comme je l'ai dit dans mes remarques, le niveau de divulgation que nous appliquons maintenant dans le cas des papiers commerciaux adossés à des actifs est le plus élevé du monde et nous en divulgons davantage transaction par transaction sur ce que contient le portefeuille, c'est-à-dire le type d'actifs. Nous effectuons cette opération chaque mois.
Deuxièmement, nous avons amélioré un certain nombre de nos méthodologies en nous inspirant de certaines des leçons que nous avons apprises non seulement en matière de papiers commerciaux adossés à des actifs mais sur toute une gamme des valeurs mobilières. Le marché de la titrisation est un marché massif dont les papiers commerciaux adossés à des actifs ne forment qu'une partie. Alors nous avons amélioré un certain nombre de nos méthodologies. Nous avons mis sur pied un comité de financement structuré qui a pour fonction d'approuver toute méthodologie ou tout modèle émanant des nombreux secteurs de l'entreprise, afin que nul point de vue particulier ne domine. Comme je l'ai dit, nous souscrivons maintenant entièrement au code de l'OICV, qui regroupe des commissions des valeurs mobilières — celles du Québec, de l'Ontario, et toutes les autres grandes commissions des valeurs mobilières de la planète —, et nos façons de faire ont été approuvées.
J'aimerais délaisser quelque peu votre agence pour parler des agences de notation en général. En ce moment même, le G-20 est en réunion et on y réclame vigoureusement, c'est le cas du moins de certains pays, un resserrement de la réglementation. Les comptes rendus semblent mettre en évidence trois groupes qui devraient être spécialement règlementés: les paradis fiscaux, les agences de notation et les fonds de couverture. Les trois entités présentent des carences fondamentales au niveau de la gouvernance et requièrent par conséquent davantage de contrôle.
Dans le cas des agences de notation, l'un des problèmes — remarquez que je ne parle pas seulement de la vôtre — est ce que certains pourraient percevoir comme un conflit d'intérêt à la base, en ce sens que les personnes auxquelles vous attribuez une cote sont les mêmes que celles qui vous paient. Il y a là un certain conflit, pas seulement chez vous, je tiens à le répéter, mais chez les agences de notation en général.
Donc, ma question est la suivante: êtes-vous prêts à admettre que ces pays, la France, certes, mais pas seulement elle, qui réclament un resserrement de la réglementation des agences de notation ont tout de même un peu raison?
:
Encore une fois, il y a là un certain nombre de questions.
Ces pays ont-ils un peu raison? Nous acceptons sans réserve qu'il y ait surveillance, nous souscrivons à ce principe. La SEC a fait paraître ses règles de réglementation des agences de notation, auxquelles nous nous conformons volontiers. En fait, ces règles sont entrées en vigueur le 10 avril et nous nous y conformons pleinement en date du 31 mars.
En ce qui concerne le G-20, comme vous le savez, le Canada copréside avec l'Inde le groupe de travail sur la réforme de la réglementation, qui s'occupe notamment des agences de notation. Le communiqué qu'ils ont émis le 12 mars, soit il y a trois semaines à peine, fait état de l'entente à laquelle en sont arrivés les ministres des finances des pays du G-20 et les gouverneurs des banques centrales au sujet de la surveillance réglementaire, y compris en ce qui concerne l'enregistrement de toutes les agences de notation dont les cotes sont utilisées à des fins de réglementation, et l'obligation de se conformer au code de l'OICV.
Voilà pour la question du G-20. La France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, le Canada — qui en est un membre important, comme je l'ai mentionné — ont souscrit au code de l'OICV et ils font partie des sept qui s'y conforment. Et nous nous conformons pleinement aux règles de la SEC qui ont été rendues publiques en février et dont la prise d'effet est fixée au mois d'avril.
:
Je répondrai à la question.
Je pense que le débat sur l'évaluation à la valeur de marché porte sur la procyclicalité de celle-ci, et c'est ce que vous avez dit. Sur les marchés à la hausse, vous majorez les actifs, donc vous encouragez l'intensification de l'activité dans le secteur financier, et il peut y avoir des bulles spéculatives. Le pendant de cela, c'est la transparence — argument des comptables — c'est-à-dire que, quelle que soit la valeur, elle devrait être divulguée.
Je crois que la question est beaucoup plus complexe que cela, et je pense que c'est pourquoi — vous avez mentionné l'Institut C.D. Howe — il faut formuler des recommandations qui viseraient à donner un peu plus de souplesse ou une certaine latitude dans l'évaluation à la valeur de marché. L'une des raisons pour cela, c'est qu'il est en fait très difficile d'évaluer à la valeur de marché les valeurs mobilières qui ne sont pas activement échangées sur le marché.
Une partie du problème que nous avons rencontré sur nos marchés, ce sont les valeurs mobilières mal connues que nous avons eu de la difficulté à évaluer. Dans une situation d'évaluation à la valeur de marché, sans marge de manoeuvre, les actifs risquent d'être mal évalués.
Je suis d'accord avec l'Institut C.D. Howe, qui recommande que nous examinions la question plus attentivement, et nous devrons probablement traiter la comptabilité des institutions financières un peu différemment de ce qui se faisait antérieurement, parce qu'on aggravait certains des problèmes que nous avions.
:
Merci, monsieur le président.
Dans un premier temps, monsieur Bethlenfalvy, je tiens à nous excuser d'avoir massacré votre nom sur la petite pancarte qu'on vous a préparée, mais je me console en regardant le DBRS massacrer votre nom, du moins la signature, dans la version française. Ça doit vous arriver souvent.
Je veux revenir sur les propos de mon collègue McCallum, car je pense que c'était très important. Vous avez vu que le temps qui nous est alloué ne nous permet pas toujours d'aller au fond des choses. Je veux revenir sur ce que vous avez dit en anglais. Vous avez justifié la cote AAA que vous avez accordé aux papiers commerciaux adossés à des actifs en invoquant le credit quality. Aussi, en évoquant l'absence, selon vous, de conflit d'intérêts, vous avez dit que vous n'étiez pas plus en conflit d'intérêts que l'avocat qui a préparé les contrats en question.
Pendant six ans, j'ai été président de l'Office des professions du Québec et d'une structure réglementaire responsable de surveiller l'ensemble des professions libérales et de veiller à ce que ces professionnels fassent leur travail de protection du public. Je vous avoue que c'est un sujet que je connais très bien, et je n'ai jamais entendu cette théorie selon laquelle le groupe qui fait une évaluation, et qui est payé pour la faire, ne peut pas être plus en conflit d'intérêts que l'avocat qui a préparé les contrats.
Pouvez-vous m'expliquer comment, avec cette notion de credit quality — pour reprendre votre terme —, vous avez pu donner une cote AAA à ces papiers? Je suis avocat et j'ai exercé le droit corporatif et commercial pendant la majeure partie de ma carrière privée. Je trouve très futé sur le plan du marketing qu'on ait appelé ces affaires du asset back. Cela évoquait une certaine garantie alors qu'il n'en était rien. On ne pouvait pas poursuivre le propriétaire de la camionnette ici et l'autre là.
Employez des termes clairs pour que tout le monde puisse comprendre. Même si je travaille dans ce domaine depuis très longtemps, je vous avoue que j'ai beaucoup de mal à comprendre votre justification de credit quality AAA pour quelque chose qui a causé une des plus graves catastrophes économiques de l'histoire du Canada.
:
Merci, monsieur le président.
Comme vous pouvez le constater, nous ne disposons que de peu de temps.
Bonjour, messieurs. Je voudrais d'abord saluer M. Phillips, qui a fait une excellente présentation sur l'état des services de crédit aux sociétaires. J'ai toujours été membre d'une caisse populaire, par principe. Les caisses de crédit ont des programmes de placement, des fiducies de placement.
Pour ma part, j'ai été touché indirectement, car j'avais des placements dans les caisses populaires, et les fameux PCAA ont eu de mauvais résultats. C'est pourquoi je vais passer immédiatement à M. Bethlenfalvy, et je vais aborder la question des PCAA qui avaient été très bien cotés par son agence de notation.
J'ai déjà demandé qui contrôlait les agences de notation, notamment à des représentants de la Banque du Canada. J'en suis venu à la conclusion que personne n'exerçait de contrôle sur les agences de notation. On m'a répondu que le besoin d'avoir une bonne réputation les obligeait à faire du bon travail.
En ce qui a trait à la facturation de vos clients, puisque c'est ainsi que vous fonctionnez, je crois comprendre que vous facturez à un prix fixe ceux qui ont besoin de cotation. Pourriez-vous me dire si le prix forfaitaire est le même pour toute cotation qui vous est demandée ou si ça dépend de chaque cas? Ainsi, dans le cas des PCAA, le prix pouvait-il être plus élevé parce qu'il y avait plus de risques ou que c'était plus compliqué?
:
Je sais comment prononcer votre prénom correctement.
Je ne peux pas être en désaccord avec mes collègues. J'ai assisté aux séances du Comité des finances de la dernière session — je devrais peut-être dire plutôt législature — qui portaient sur le papier commercial adossé à des actifs. Il y avait des personnes ici qui, si je peux m'exprimer ainsi, n'étaient pas des investisseurs très avertis et qui se sont fiés entièrement à vos cotes.
On pouvait entendre cela ailleurs. Le National Post vous décrit comme la principale agence internationale de notation qui a refusé de coter le PCAA canadien, le papier commercial adossé, parce qu'il n'était pas appuyé ailleurs sur des ententes et des normes sur les niveaux de liquidités, et ainsi de suite. Il ne s'agissait donc pas de nous uniquement. Le milieu financier s'appuyait sur vos cotes en cette matière, et vous en avez entendu beaucoup déjà, je ne veux donc pas... Nous pourrions être d'accord avec certaines des critiques qui proviennent de l'autre côté, et vous êtes venu ici aujourd'hui pour nous conseiller, en quelque sorte.
Lors de notre séance de mardi, j'ai discuté avec un témoin du fait que je voulais m'assurer que le public, et moi-même, comprenions la différence. Nous avions un problème avec le papier commercial, le papier commercial adossé à des actifs, mais le groupe d'actifs auquel vous faites référence contenait de nombreux éléments qui étaient discutables en termes de... La titrisation est nécessaire. C'est ce que nous entendons. Ce que je veux, et je veux m'assurer que je ne suis pas dans l'erreur, c'est que le mécanisme de 12 milliards que nous offrons par ces mesures de stimulation de l'économie est réellement destiné aux biens durables, à des biens que les gens peuvent comprendre — que ce soit des autos, des camions, ou des plans d'implantation pour des concessionnaires.
Il y a un an, nous nous plaignions du papier commercial, du fait qu'on n'y comprenait rien, que le processus n'était pas tout à fait transparent. Il y avait de nombreux éléments au sujet desquels M. Mulcair avait à mon avis absolument... qu'on ne pouvait pas recouvrer si les choses tournaient mal. Bien entendu, les choses ont mal tourné. Ce n'est pas ce que nous faisons ici, et j'aimerais que vous me disiez, à titre de représentant d'une agence de notation, où se situe la différence.
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Il y a quelques éléments à mentionner.
Premièrement, j'ai les mêmes inquiétudes en ce qui concerne le papier commercial adossé à des actifs, et je suis heureux d'avoir l'occasion — aussi pénible que soit cette situation — de m'asseoir parmi vous et de répondre à une grande partie de vos questions. C'est ce qu'il faut faire, et je ne veux pas me défiler de cette responsabilité.
Un des éléments importants, c'est que nous avons adossé ces groupes d'actifs à ce que nous appelons un « concours de trésorerie pour une désorganisation générale du marché », et le fait que nous avons appris que ce ne sont pas toutes les sociétés qui respectent leurs obligations, et que les conditions étaient pertinentes. En janvier 2007 — avant même que la crise se produise —, nous avons dit que nous ne lancerions plus de programmes adossés à des actifs sans normes globales relatives aux liquidités, ce qui signifie que vous pouviez adosser du papier commercial à une marge de crédit bancaire sans conditions. En fait, en septembre 2007, nous avons annoncé les conditions. Nous pouvons maintenant dire que tous les fonds sont adossés à 100 p. 100 selon des normes globales en matière de liquidités. Si vous cherchez une manière de vous assurer que cela ne se reproduise pas, c'est un élément important.
En ce qui concerne les actifs sous-jacents, je conviens avec vous qu'il y a des actifs réels, qui constituent des besoins véritables, et que l'un des objectifs du mécanisme canadien de crédit garanti est selon moi le renouvellement de la confiance que nous avons envers le marché. Les règles ne sont pas publiques. Je crois que nous aurons de nouveau besoin de cotes.
Bien entendu, on ne peut pas trop y aller par essais et erreurs. Notre intégrité constitue notre réputation, et ce qui est déterminant, c'est si le marché continuera à utiliser nos cotes. Le marché les utilise encore aujourd'hui. Nous avons été très ouverts et honnêtes avec tous les investisseurs. J'ai beaucoup discuté avec eux pendant la crise, et j'ai continué à le faire, lors de l'accord de Montréal et par la suite. Je crois donc que nous continuerons à faire de notre mieux, de tirer les leçons du passé, et de nous assurer que nous ne répéterons pas les mêmes erreurs dans l'avenir.
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Le témoin du jour est certainement M. Bethlenfalvy, je crois que je continuerai donc dans la même veine. J'ai un grand nombre de questions sur le même sujet. Je veux que les choses soient claires. Je comprends que vous désirez protéger votre entreprise. Mais si vous ne survivez pas, quelqu'un d'autre prendra la place, donc l'idée — et je crois que M. Wallace y a fait allusion comme tous les autres autour de la table —, c'est de protéger l'avenir et de corriger la situation.
J'ai entendu ce que vous disiez. Vous parliez de complexité. Je n'y crois pas. Je ne crois pas que les choses sont devenues trop complexes. À mon avis, si j'ai 50 $ et que je veux les déposer à la banque, je veux avoir un rendement, que ce soit à l'aide de certificats de placement garantis ou de dividendes versés par une entreprise spécialisée en croissance des actifs. La raison pour laquelle tout cela est devenu complexe, c'est qu'il y a des gens qui sont devenus trop gourmands. Je m'attends à ce qu'on me protège, qu'un organisme de réglementation en valeurs mobilières, une agence de notation, ma banque ou ma caisse populaire, peu importe, me protègent. Cependant, on n'a pas l'impression que c'est ce qui se produit.
Je crois que M. Mulcair vous a posé une question au sujet des actifs et des non-actifs. Je ne suis pas plus avancé. Vous dites que certains instruments ne seront plus cotés par votre agence. Quelle est la différence? Qu'est-ce que vous avez arrêté? Vous dites maintenant qu'il y a des instruments qui dérèglent le marché. Qu'est-ce que cela veut dire? Vous dites que vous êtes régis, mais qui vous régit? Qui vérifie? Vous présumez que les organismes de réglementation vous surveillent, et les organismes de réglementation présument que vous vérifiez ce que vous cotez. Mais vous dites que vous n'avez jamais coté ce qui a été présenté parce que ce n'est pas votre travail.
Je ne comprends toujours pas qui sont vos clients. Est-ce que ce sont des tiers? Est-ce que votre client est la personne qui émet le titre ou l'instrument? Si vous ne cotez pas cet instrument, est-ce qu'un tiers pourrait vous embaucher et vous demander d'évaluer ou de coter ce titre?
Je crois que j'ai fait le tour. En gros, comment veiller à ce que cela ne se reproduise plus? Cela se reproduira lorsque 1 p. 100 n'est plus assez bon pour les certificats de placement garantis, puis lorsque 3 p. 100 ne sera pas suffisant. Éventuellement, ces instruments redeviendront complexes.
Ma question est la suivante: Comment pouvons-nous éviter cela? Que s'est-il passé? Ne regardons que les 12 derniers mois. Comment pouvons-nous éviter que cela se produise à l'avenir? Quel est votre rôle dans cette prévention?
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C'est une très bonne question.
Tout d'abord, je commencerai en disant que je sais que les Canadiens n'aiment pas pécher par orgueil. Je ne me vanterai pas trop des résultats des banques canadiennes, parce que personne ne sait de quoi est fait l'avenir. Qui sait ce qui nous attend au tournant? Une chose concernant les banques: pas de risques, pas de banques. Les banques prennent des risques, y compris les banques canadiennes.
Deuxièmement, les banques canadiennes sont moins endettées qu'ailleurs. Comme je l'ai mentionné plus tôt, c'est dû en partie à la réglementation et aussi, selon moi, à notre nature prudente en matière de risques. Aux États-Unis, le niveau d'endettement des banques est colossal et équivaut au PIB, soit plus de 14 trillions de dollars. En Grande-Bretagne, notamment... le système bancaire correspond à 450 p. 100 du PIB. En Islande, il est neuf fois supérieur au PIB; en Irlande, de six fois. Le problème sera considérable en Europe de l'Ouest, pour plusieurs raisons, en partie à cause du niveau d'endettement.
Relativement parlant, je crois que le faible niveau d'endettement et la gestion prudente des risques, ainsi que le fait de renouer avec les principes en matière de crédit et de ne pas avoir été mêlé à un grand nombre d'actifs toxiques, ont aidé le système bancaire canadien. Mais je me garderais bien de trop nous louanger, parce que nous sommes toujours en terrain inconnu.
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Oui, je répondrai avec plaisir à cette question.
Je commencerai en disant que partout dans le monde les régimes de réglementation sont en pleine réforme. Nous en avons un peu parlé, et on se penche là-dessus dans le contexte des notations financières.
Je suis d'avis que le fait de nous diriger vers un organisme de réglementation unique nous aiderait à entreprendre la réforme globale et approfondie de nos marchés financiers qui, selon moi, est nécessaire. Je vais vous donner deux exemples.
Tout d'abord, ces débats sur la réforme prouvent clairement que les organismes de réglementation, tant à l'échelle nationale qu'internationale, ont manqué de coordination, et ce, en grande partie en raison de la symbiose qui existe entre les banques et les marchés financiers. Et il est important que la main gauche sache ce que fait la main droite.
Il a aussi été souligné au cours de ce débat que bien que nous ayons un Forum sur la stabilité financière au Canada — je crois que c'est comme ça qu'on l'appelle —, une table ronde réunissant les organismes de réglementation, un siège demeure vacant à cette table, et c'est probablement l'un des plus importants: un organisme de réglementation national représentant la réglementation des marchés financiers.
Nous pouvons en dire long sur la cupidité — et je suis aussi d'avis que celle-ci était généralisée —, mais le fait est qu'elle a toujours existé. Or, la réglementation a fait chou blanc, pas tant au Canada qu'aux États-Unis.
Je crois donc, en tout premier lieu, que l'on peut aisément présenter des arguments en faveur de la création d'un organisme de réglementation national, afin de faciliter la coordination et la consultation entre les organismes de réglementation des services bancaires, des assurances — la Banque du Canada joue un rôle très important en tant que prêteur de dernier recours — et des valeurs mobilières.
L'autre point que je veux aborder...
Et merci beaucoup à vous quatre d'être ici aujourd'hui.
J'ai bien peur de devoir revenir à vous, monsieur Bethlenfalvy.
Évidemment, un grand nombre de questions vous ont déjà été posées ce matin. En fait, nous tentons de poser des questions précises au sujet des PCAA non bancaires qui, selon nous, ont commencé à être problématiques en 2007. Cependant, les réponses fournies ne sont pas très précises. Dans les réponses, on nous parle de la crise financière mondiale.
Nous avons posé une question visant la Banque TD en particulier, au sujet de MM. Ed Clark et Don Drummond qui ont tous deux affirmé avoir examiné ces placements, et comme ils n'étaient pas convaincus, ils n'ont pas investi. Et votre réponse a été « Eh bien, la Banque TD a acheté des PCAA ». Il y a une différence entre les PCAA non bancaires... tout comme il y a une différence entre les produits émis de façon générale et le lot particulier de papiers commerciaux qui a entraîné et, je dirais même, continue d'entraîner des difficultés considérables pour un grand nombre de personnes. Alors, j'aimerais obtenir une réponse plus précise au sujet du lot de placements PCAA non bancaires dont il est question ici.
Je vais un peu reprendre ce qu'a dit mon collègue M. Mulcair au sujet de la « qualité du crédit ». Pour lui répondre, vous avez parlé des principes de la diversification. En fait, vous avez dit « Vous ne pouvez les liquider. Ils sont tous regroupés. Vous ne pouvez liquider auprès de créanciers précis ce qui constitue une partie d'un processus plus vaste de titrisation. »
Je ne crois pas qu'il s'agisse simplement d'une question d'incapacité à liquider; on parle ici de valeur sous-jacente. Et votre réponse portait sur la valeur de liquidation. Alors, je dirais que ce n'est pas simplement le fait de ne pouvoir procéder à des liquidations ciblées, mais plutôt le fait que l'évaluation sur laquelle on s'est fondé était vraiment inférieure à tout ce qui aurait pu justifier une cote AAA. Autrement dit, la valeur de liquidation ne pouvait vraiment pas justifier une cote AAA.
Jusqu'ici, rien ne laisse supposer que vous ne feriez pas la même chose; vous n'avez fait aucune remarque du genre. « En fait, nous avons fait une erreur ». J'aimerais vraiment entendre de votre part une réponse plus précise, et non que vous me parliez de la crise mondiale que nous connaissons. Je me demande bien à quoi vous pensiez lorsque vous avez accordé une cote AAA à ces PCAA non bancaires qui, de toute évidence, n'avaient pas cette valeur sous-jacente que vous évoquez?
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Eh bien, je crois que nous sommes effectivement différents. Nous nous concentrons sur le service aux membres; nous nous sommes engagés à travailler avec nos membres et nous avons aussi un engagement vis-à-vis des collectivités où nous oeuvrons et où nous sommes installés. L'éthique ou l'éthos consiste à travailler avec les membres. Nous les connaissons. Nous sommes des chefs de file traditionnels dans le sens le plus pur de l'expression et les prêts sont accordés en se fondant sur la réputation. Les dépôts proviennent de la collectivité et l'argent est ensuite prêté à la collectivité. C'est là que se situe la grande différence.
Ce que j'ai ici, ce sont des chiffres globaux. Et lorsque je me penche sur ces chiffres, je constate une augmentation du nombre de prêts dans l'ensemble de notre système au cours du quatrième trimestre de 2008; soit une augmentation de 1,6 p. 100. Cette période correspond à celle où le marché s'est effondré. C'est vraiment le moment où la chute a été la plus marquée. Et si nous revenons à ces chiffres, il est intéressant de constater qu'ils sont supérieurs à ceux du premier trimestre de 2008. Bien que les augmentations que nous avons connues au cours des deuxième et des troisième trimestres étaient supérieures à 1,6 p. 100, il n'y a aucun signe évident d'une baisse au cours du quatrième trimestre de 2008. Les chiffres du premier trimestre de 2009 n'ont pas encore été publiés. Toutefois, compte tenu de toutes les rumeurs qui nous parviennent de partout, je serais très surpris de voir une baisse dans l'ensemble du système.
Ce qui est remarquable — comme je l'ai mentionné dans la Stratégie des propriétaires d'entreprises canadiens — c'est que nous nous sommes vraiment engagés à accorder des prêts aux petites et moyennes entreprises. Il y a deux ans, nous avons lancé la première campagne publicitaire nationale dans l'ensemble des coopératives de crédit en plus de 25 ans; une campagne qui visait à accroître notre présence sur le marché et à sensibiliser les propriétaires des petites et moyennes entreprises aux services offerts par les coopératives de crédit. Nous avons fait certains calculs et avons constaté qu'effectivement nous occupions une juste part de ce marché, mais que le niveau de sensibilisation vis-à-vis de nos services était encore très limité.
Alors, nous avons réuni les représentants des coopératives de crédit de tout le système et les avons sensibilisés à ce que nous devions faire. Nous avons donc lancé une campagne, à laquelle se sont ajoutées certaines activités, notamment un réseau permettant aux gens d'affaires des petites et des moyennes entreprises de communiquer entre eux ainsi que des séances de formation à l'intention de l'effectif des coopératives de crédit pour les sensibiliser aux besoins des petites et des moyennes entreprises. Nous poursuivons cette campagne. Nous ne nous contenterons pas de maintenir ces activités; nous allons les augmenter et promouvoir nos services auprès des petites et des moyennes entreprises.
C'est pourquoi je suis convaincu que les chiffres seront à la hausse. Et, jusqu'à présent, rien ne nous permet de conclure à une baisse éventuelle.
Toutefois, j'aimerais que M. Luimes commente cette situation en tant que véritable bailleur de fonds et qu'il peut nous donner son point de vue sur le sujet.
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Monsieur Russell, je me tourne vers vous.
Je vais vous lire un titre du Toronto Star d'aujourd'hui.
[Traduction]
HIER: Comment les organismes de réglementation ont été incapables de mettre un frein à la fraude boursière
— ce sont leurs termes, pas les miens —
et se sont bâtis une réputation internationale pour l'inaction et l'inefficacité.
AUJOURD'HUI: Comment une escouade policière à gros budget mise sur pied pour lutter contre la criminalité d'entreprise se transforme en fiasco bureaucratique ne donnant que peu de résultats.
Ce fiasco bureaucratique est en fait l'EIPMF, l'équipe intégrée de police des marchés financiers. Elle est exactement comme l'a décrite le Toronto Star aujourd'hui, et comme nous le disons depuis quelque temps. Elle ne fonctionne pas — centralisée, solitaire, installée à Ottawa et incompétente.
Qu'est-ce qui vous fait croire que le fait d'amener la réglementation des marchés à Ottawa va la rendre plus efficace? Parlons des faits. Au Québec, il y a eu l'histoire plutôt bien connue de Vincent Lacroix. Il est en dedans en ce moment pour 8 à 12 ans, et il est donc en processus d'appel concernant la durée de sa sentence. Il a été reconnu coupable relativement à des dizaines d'affaires de réglementation en vertu des lois provinciales du Québec. Il fait face à plusieurs milliers d'accusations criminelles en vertu du Code criminel du Canada. Depuis le premier jour du premier procès sur les premières accusations, il n'a jamais été question de ces accusations criminelles, et la seule raison pour laquelle il est en prison, c'est parce que l'Autorité des marchés financiers du Québec a fait un excellent travail en appliquant ses règles.
Je trouve, quand je rencontre des groupes, que le simple fait d'affirmer que ce serait mieux de tout regrouper à Ottawa, comme l'EIPMF... Ce n'est pas moi qui ai dit qu'elle était incompétente, c'est le Toronto Star, mais il se trouve que je suis d'accord avec eux, parce qu'elle n'arrive à aucun résultat. Qu'est-ce qui vous fait dire, mis à part vos sentiments et, j'oserais dire, vos préjugés, qu'Ottawa est le meilleur choix et que l'idéal serait d'y ajouter encore plus de bureaucrates, plutôt que d'appuyer les personnes qui se battent réellement, comme l'équipe de M. Bethlenfalvy? Si vous n'arrivez pas à bien appliquer la réglementation des marchés, personne ne fera appel à vous. Le Québec ne fait pas seulement quelque chose pour les épargnants et les entreprises touchées, mais il fait aussi quelque chose pour lui-même, parce que la population n'hésitera pas à faire appel à un organisme bien structuré et bien réglementé.
J'essaie de me mettre à votre place et de comprendre, outre ce que je considère un simple préjugé favorable envers Ottawa, une tendance vers la centralisation, ce qui vous laisse croire, dans les faits, qu'il est réellement possible de faire mieux.
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Merci, monsieur le président.
Je suis tout à fait d'accord avec M. Laforest; il faut examiner cette question.
Nous en avons parlé avant et pendant la réunion et, d'ailleurs, nous nous excusons de l'avoir fait à ce moment, monsieur le président.
Toutefois, ce qui me préoccupe, c'est de voir que trois comités pourraient se pencher sur cette question. Je ne pense pas que cela soit judicieux, avec toutes ces personnes qui perdent leurs emplois au pays.
Je croyais que le Comité de l'industrie était prêt à nous laisser étudier la question, mais que cette décision devait être prise à l'unanimité. Si je comprends bien, l'appui n'a pas été donné à l'unanimité. Cela étant dit, le fait de savoir si nous traitons de cette question aujourd'hui ou non n'est pas important.
J'aimerais proposer un amendement favorable à la motion de M. Laforest. Je vais le lire, pour le compte rendu:
Que le Comité des finances entreprenne une étude concernant les systèmes de cartes de débit et de crédit imposés au Canada, se composant d'au moins dix (10) rencontres pour examiner, mais non limité aux:
a) frais de transactions imposés aux commerçants;
— comme l'a dit M. Laforest —
b) changements proposés aux frais d'échanges de cartes de crédit et le système de paiement de débit; et
que le comité fasse rapport à la Chambre de ses observations et recommandations.
Je soumettrais cet amendement...
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Merci, monsieur le président.
Nous en avons parlé en sous-comité, et je ne vois pas ce qui presse. Nous avons assez de travail à faire d'ici le début de mai. J'ai parlé à mes collègues du Comité de l'industrie, et il n'y a pas de consensus de notre côté, à savoir si la motion devrait être étudiée par le Comité des finances ou le Comité de l'industrie. Les membres du Comité des finances croient que notre comité devrait s'en occuper, mais il n'y a pas de consensus et je ne suis pas à l'aise avec...
Le Sénat se penchera sur la question et il sera également prêt à publier un rapport d'ici le début ou la fin de mai. Le Comité de l'industrie l'examinera et si le Comité des finances l'examine également, je crois simplement que ce serait une manière inefficace d'utiliser le temps du Parlement et de dépenser l'argent des contribuables.
Ce que je propose, si je peux me permettre, c'est simplement de reporter l'étude jusqu'à ce que nous ayons d'autres échanges avec nos collègues. Nous avons tous des collègues qui siègent au Comité de l'industrie.
Monsieur Wallace, vous êtes peut-être l'intermédiaire à ce sujet, mais je n'ai pas été en mesure d'obtenir une réponse ferme.
Vous étiez censé parler au président du comité, monsieur le président.
Je crois donc que nous devrions reporter le vote à la prochaine réunion, et je crois que c'est ce qui a été convenu par le sous-comité. Nous avons également convenu que nous aurions besoin de peut-être deux, trois ou même quatre réunions. Maintenant nous en sommes à six réunions. Je ne suis pas certain que nous ayons besoin d'autant de réunions. Cela signifierait que cette étude retiendrait l'attention du comité jusqu'à la fin de la session et que tous les autres travaux seraient exclus.
Je pense que nous pouvons reporter le débat au sujet de cette motion jusqu'à notre retour des deux semaines de relâche.