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Je déclare ouverte cette 65
e réunion du Comité permanent des finances.
À l'ordre du jour de la réunion d'aujourd'hui, nous examinons, conformément à notre ordre de renvoi du mercredi 27 mai 2009, le projet de loi , Loi modifiant la Loi de l'impôt sur le revenu — crédit d'impôt pour les nouveaux diplômés travaillant dans les régions désignées.
Chers collègues, nous avons deux groupes d'experts qui comparaissent aujourd'hui, et auxquels nous consacrons une heure chacun. Donc, nous sommes ravis d'accueillir, parmi nos premiers témoins, notre collègue, Mme Deschamps.
[Français]
Bienvenue à ce comité.
Mme Deschamps est députée de Laurentides—Labelle. Elle est accompagnée de M. Jean-David Beaulieu, recherchiste du Bloc québécois.
Nous recevons aussi Mme Lysiane Boucher et M. Mathias Boulianne de la Fédération étudiante universitaire du Québec.
[Traduction]
Bienvenue au comité.
Nous allons vous accorder un certain temps pour vos exposés liminaires. En tout, nous disposons d'une heure pour vos exposés liminaires et la période de questions.
Nous allons commencer par Mme Deschamps, qui va nous faire maintenant son exposé liminaire. Vous avez la parole.
Tout d'abord, je voudrais remercier les membres du comité de m'accueillir aujourd'hui pour discuter du projet de loi visant à mettre en place un crédit d'impôt pour les nouveaux diplômés travaillant dans les régions éloignées.
Le principal objectif du projet de loi est d'attirer des jeunes diplômés en région éloignée. Il vise aussi à contrer deux problèmes qui affectent ces régions, soit l'exode des jeunes et la grave pénurie de main-d'oeuvre. Il est important d'encourager les jeunes diplômés à s'installer en région pour y entreprendre leur carrière professionnelle et de recruter, pour le bien des régions, une main-d'oeuvre qualifiée.
Tel que mentionné, l'exode des jeunes s'avère une problématique croissante pour la vitalité économique des régions éloignées des grands centres. Celles-ci ont besoin de l'apport de jeunes diplômés afin de voir au développement de la région et d'accroître ses capacités d'innovation. Il est évident que le fait d'accorder un crédit d'impôt de 3 000 $ par année, pouvant atteindre un maximum de 8 000 $ en trois ans, aux nouveaux diplômés qui s'installent en région contribuerait à raviver l'économie locale et à combler les besoins en main-d'oeuvre.
Plusieurs étudiants quittent leur région natale afin de poursuivre leurs études postsecondaires dans les grands centres urbains. Ces jeunes qui quittent la région pour aller étudier dans de grandes villes vont y créer des liens, des amitiés et y construisent aussi des réseaux. Il est donc plus probable qu'à la fin de leurs études, ces jeunes auront beaucoup plus de raisons et d'occasions de s'installer dans leur nouvel environnement que de revenir dans leur région d'origine. Selon Statistique Canada, les personnes les plus scolarisées migrent généralement en destination des grands centres urbains. Le crédit d'impôt proposé par le projet de loi C-288 pourrait inciter les jeunes, une fois diplômés, à revenir vivre en région ou à y demeurer.
L'exode des jeunes a des conséquences négatives sur les plans social et économique d'une région. Cela accélère le vieillissement de la population et fait diminuer le taux de scolarisation moyen de ceux qui restent, ce qui mine les capacités d'innovation en région. Les régions les plus éloignées sont celles qui perdent le plus de population. Souvent, elle ne dépendent que d'un type d'industrie, ce sont des régions dites mono-industrielles. Il y a souvent, dans la base économique traditionnelle de ces régions, qui reposent soit sur l'extraction ou sur la première transformation de ressources naturelles, peu de place pour des emplois qualifiés. L'époque où les régions ressources pouvaient asseoir leur prospérité sur la seule extraction de ressources naturelles destinées à être transformées à l'extérieur est révolue. Pour que les régions se développent, elle doivent prendre le virage technologique et développer davantage leur industrie de transformation.
Ma circonscription, Laurentides—Labelle, illustre bien la disparité entre une région éloignée et une région proche d'un centre urbain, ainsi que les impacts subis suite à une crise des ressources dans une région mono-industrielle. Je parle ici de la crise forestière. La région plus au sud des Laurentides connaît depuis quelques années une augmentation de sa population qui s'explique surtout par une migration interrégionale, les Laurentides attirant un nombre important d'individus en provenance de Montréal et de Laval. Toutefois, dans la MRC d'Antoine-Labelle, qui comprend les municipalités au nord de la municipalité de Labelle, la population a tendance à diminuer considérablement. La crise forestière a frappé de plein fouet cette MRC. Il ne faut pas imputer la décroissance de la population à la seule crise forestière, mais tout de même, plusieurs jeunes durent quitter la région à cause du manque d'emplois à la suite de la fermeture des compagnies forestières et des entreprises connexes.
Des 17 forestières présentes dans mon comté, 14 furent contraintes à cesser leurs opérations. Plus de 1 250 emplois furent perdus. Les opérateurs de machinerie lourde, les ingénieurs, les techniciens et les camionneurs furent les plus affectés par ces pertes d'emplois. Les personnes les plus scolarisées, avec une spécialisation ou une expertise — on peut parler, par exemple, d'ingénieurs — furent obligés de quitter cette belle région afin de chercher un emploi dans leur domaine.
Pour sa part, le gouvernement du Québec s'est dit que, pour travailler à diversifier les économies de ces régions, il fallait développer de nouvelles entreprises dans d'autres domaines.
Il s'agit d'un frein important au développement des activités de deuxième transformation et des industries de pointe en région.
Dans toutes les études qui ont été réalisées, de nombreux entrepreneurs ont mentionné qu'ils pourront maintenir leur entreprise en région uniquement si elle ne prend pas de l'expansion. Tant que l'entreprise demeure petite, ils pourront faire eux-mêmes les activités qui requièrent des connaissances professionnelles ou techniques. Si l'entreprise grossit, ils devront embaucher du personnel spécialisé. La difficulté à trouver ce type de personnel dans leur région pourrait les condamner à déménager leur entreprise vers un centre urbain où ils seront plus susceptibles de trouver de la main-d'oeuvre qualifiée.
Le projet de loi C-288 s'avérerait une mesure fiscale avantageuse pour l'ensemble des jeunes diplômés canadiens admissibles Le phénomène de l'exode des jeunes n'est pas unique au Québec. Partout au Canada, l'activité économique s'est graduellement déplacée des régions dites rurales vers les grands centres. Quelques provinces, dont le Québec, le Saskatchewan, la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick et le Manitoba, se sont dotées d'un crédit d'impôt pour les jeunes diplômés. Le gouvernement québécois a instauré le sien en 2003. Il fut ensuite modifié et ressemble maintenant à celui proposé par le projet de loi dont je vous entretiens aujourd'hui.
Plusieurs jeunes diplômés se sont prévalus de ce crédit d'impôt, et selon les dernières statistiques disponibles, plus de 16 000 personnes en ont profité en 2007. Simplement pour la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean, en date du mois d'avril 2009, 22 074 personnes s'en étaient prévalues, depuis sa mise en place. Le crédit d'impôt connaît donc un très grand succès. En Saskatchewan, le gouvernement s'est doté d'un crédit d'impôt afin d'inciter les diplômés postsecondaires à rester en Saskatchewan. Le gouvernement provincial a établi une exemption d'impôt allant jusqu'à 20 000 $ pour les diplômés, tout dépendamment de leur niveau de scolarité.
Le projet de loi C-288 a reçu plusieurs appuis de différents groupes et de différentes générations à travers le Québec, dont la Fédération étudiante collégiale du Québec, la FECQ, et la Fédération étudiante universitaire du Québec, la FEUQ, qui représentent respectivement 40 000 et 125 000 étudiants à travers le Québec. Le réseau FADOQ, qui compte 255 000 membres, ainsi que la Fédération québécoise des municipalités, qui représente 972 municipalités à travers le Québec, ont donné leur plein appui au projet de loi. En plus, le projet de loi est appuyé par plusieurs MRC, chambres de commerce et Carrefours Jeunesse.
Lors de notre tournée promotionnelle du projet de loi C-288 à travers le Québec, les gens nous ont témoigné leur grand appui au projet de loi. L'exode des jeunes est bel et bien réel pour les populations de l'Abitibi-Témiscamingue, du Saguenay—Lac-Saint-Jean, de la Côte Nord, de la Gaspésie, des Îles-de-la-Madeleine, du Bas-Saint-Laurent et du nord du Québec.
Selon le scénario de référence des plus récentes perspectives démographiques de l'Institut de la Statistique du Québec, qui couvrent la période de 2006 à 2031, cela pourrait se conclure par une croissance légèrement négative, et le mouvement de déclin causé, entre autres, par la migration régionale se poursuivrait de façon plus importante par la suite.
Le crédit d'impôt du gouvernement fédéral pour les jeunes diplômés pourrait s'avérer une mesure efficace pour contrer le déclin trop important de la population en région. Le défi est aujourd'hui de retenir ces jeunes en région et d'en amener de nouveaux à s'y établir.
Je demande donc aux membres du Comité des finances d'aider les régions québécoises et canadiennes et de soutenir nos jeunes. Il faut mettre un frein à la décroissance démographique et à l'exode des jeunes, qui sont beaucoup plus importants en région que dans les centres urbains.
Je vous parle ici, messieurs, d'avenir pour les jeunes et de l'avenir de nos régions.
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Bonjour, monsieur le président, messieurs et mesdames les députés. Tout d'abord, merci de nous recevoir dans le cadre des travaux sur le projet de loi .
Je m'appelle Lysiane Boucher et je suis coordonnatrice aux Affaires fédérales et internationales pour la FEUQ, la Fédération étudiante universitaire du Québec. Mathias Boulianne, notre attaché politique, m'accompagne.
La FEUQ regroupe plus de 16 associations membres. Nous parlons donc aujourd'hui au nom de plus de 125 000 étudiants universitaires du Québec, dont environ 50 p. 100 se trouvent en région. Notre rôle, depuis 20 ans cette année, est de défendre les droits et intérêts des étudiants universitaires avant, pendant et après leurs études, et ce, auprès des instances gouvernementales et acteurs de l'éducation appropriés.
Le problème de l'exode des jeunes vivant en région est un problème bien réel et ressenti. Nos associations membres voient leurs étudiants partir pour étudier dans les villes des grands centres sans qu'ils reviennent trop souvent s'établir en région, et ce, pour plusieurs raisons différentes. Par exemple, il y a la perception du potentiel d'emploi, les relations de couple qui sont établies dans le temps, etc. L'exode vers les centres urbains est donc une réalité concrète. Des soldes migratoires et des perspectives démographiques négatifs se font maintenant sentir. Nous pouvons prendre pour exemple, au Québec, l'Abitibi-Témiscamingue, qui connaissait, en 2006 et 2007, un solde migratoire négatif et des prévisions démographiques de moins 12,9 p. 100 à plus long terme. Des études ont démontré que la propension des gens à migrer vers les centres urbains ou vers d'autres régions augmente avec l'âge et le temps. Alors, le nombre des retours ne parvient pas tout à fait à pallier cette migration progressive. La population nette de certaines régions s'en trouve donc diminuée.
Cette réalité est vraie au Québec mais aussi partout au Canada. Toutes les provinces vivent, à des niveaux relativement comparables, un vieillissement de la population, des diminutions du taux de natalité ainsi que l'exode des jeunes vers les grands centres. Pensons, par exemple, aux provinces Maritimes ou encore au nord de l'Ontario.
Le projet de loi , qui en est maintenant à l'étape de la deuxième lecture, est un excellent moyen d'inciter les nouveaux diplômés à s'installer dans les régions désignées, en vue de freiner l'exode des jeunes tout en favorisant le développement économique des régions visées. Certains pourraient dire qu'il ne s'agit là que d'une solution temporaire. Cependant, cet incitatif devrait être perçu comme une solution immédiate à certains freins de la mobilité des étudiants et, surtout, complémentaire aux mesures de revitalisation des régions. Fraîchement sortis des études, les jeunes diplômés ou couples n'ont pas forcément l'argent nécessaire au remboursement des dettes contractées lors des études ou à l'achat d'une maison, par exemple. Notons que les étudiants en région ont la plus forte propension à l'endettement, en raison du fort taux de mobilisation qui leur est demandé lors de la continuité de leurs études. Ce crédit d'impôt viendrait donc alléger les dépenses fiscales, une fois le diplômé rendu en région, pour favoriser des investissements directs au départ d'une nouvelle vie.
Une fois le crédit d'impôt arrivé à son terme, les diplômés seront finalement installés et financièrement plus à l'aise, compte tenu de l'assurance d'un salaire stable. L'idée d'étaler le crédit d'impôt sur trois ans est une excellente initiative qui favorise la rétention de la main-d'œuvre dans la région. Après trois années passées dans la région, les diplômés ont de beaucoup plus fortes chances de s'y établir — que l'on pense à la fondation d'une famille, par exemple, à l'achat d'une première maison ou à la création d'une entreprise, qui constituent de forts points d'ancrage.
Au Québec, un tel crédit d'impôt existe déjà sous une forme semblable. Ce dernier affiche des résultats concrets, intéressants et surtout irréfutables. Effectivement, lors de la première année d'implantation du crédit d'impôt, c'étaient 4 578 étudiants ou nouveaux diplômés qui retournaient travailler en région. Et quatre ans plus tard, en 2007, c'étaient 15 991 nouveaux diplômés qui retournaient en région. C'est donc en quantité de plus en plus importante, annuellement, que les jeunes diplômés viennent aider à la revitalisation d'une région ressource désignée, en stimulant l'économie locale et en fournissant une main-d'œuvre qualifiée.
Certes, en ces temps de crise économique où les actions politiques gravitent autour de plans de relance économique, il peut sembler ambitieux de priver le gouvernement de rentrées fiscales. La majorité des actions posées dernièrement ont pour objet de stimuler l'économie en créant de nouveaux emplois. Mais que faire si aucun candidat potentiel n'est intéressé à combler le poste à cause sa situation géographique? Pour retenir nos jeunes en région, stopper l'hémorragie démographique et permettre le développement des industries de transformation en donnant à nos entrepreneurs la possibilité d'avoir accès à de la main-d'œuvre qualifiée dont ils ont besoin, l'investissement demandé est relativement faible. C'est sans mentionner que le plan de relance économique consiste en des actions implantées à court terme.
Le problème de l'exode des jeunes peut être vu en corrélation avec les temps de crise économique. Cependant, ce problème était présent bien avant le temps de crise et ne se résorbera probablement pas avec le temps, si nous n'agissons pas maintenant. C'est sans compter que la population québécoises fera face, plus tôt que tard, au problème évident du vieillissement de la population. Il est donc venu le temps d'encadrer cette problématique par une loi stable dans le temps, qui assurera une solution à long terme au problème de la mobilité, vers les régions, d'une main-d'œuvre nécessaire.
L'époque où les régions ressources pouvaient compter sur l'extraction des ressources naturelles est dépassée. Le développement du secteur de la transformation et un souci constant d'innovation sont des nécessités pour stimuler les économies régionales. C'est par l'intermédiaire d'une main-d'œuvre qualifiée que saura être relevé ce défi. La première étape consiste en l'attraction et la rétention des nouveaux finissants.
Bref, la FEUQ a toujours eu à coeur le développement des régions, qui est un facteur nécessaire à une économie canadienne prospère. Nous croyons que c'est en contrant l'exode des jeunes que nous réussirons à relever un tel défi de société. L'apport d'une main-d'oeuvre qualifiée, créant ainsi une revitalisation des régions ciblées à plusieurs niveaux, assurera une prospérité économique concurrentielle à long terme.
Pour toutes les raisons précédemment mentionnées, la FEUQ suggère fortement l'adoption du projet de loi . Merci beaucoup.
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Le retour en région est important. On trouve que la réussite de l'économie en général passe par la somme des parties. En tant que fédération, on se préoccupe de l'étudiant avant, pendant et après ses études. On a une forte masse d'étudiants qui proviennent des régions et qui vont étudier dans des centres plus urbains, mais qui ont le désir de retourner en région, soit parce qu'ils y ont de la famille et des amis ou parce qu'ils ont le désir de vivre au rythme de leur région. Cependant, ils attendent des incitatifs.
On considère que le projet de loi C-288 est un incitatif complémentaire aux autres incitatifs déjà existants pour les régions. Au Québec, on a beaucoup de projets pour promouvoir les attraits touristiques et autres des régions. Cependant, le capital financier manque. Or, c'est cet appui qui, généralement, convaincra les gens.
On a des exemples très concrets, dans nos entourages respectifs, d'achats de maisons, de gens qui fondent une famille. On voit cela dans une perspective à plus long terme, mais qui dit plus de familles en région dit stimulation de l'économie en général. Cela permet de créer des postes. Par exemple, il faudra des médecins pour soigner les familles, et ces derniers deviendront des consommateurs locaux. Pour nous, pouvoir stimuler les régions, c'est assurer la bonne santé de la province au complet.
Je ne sais pas si mon collègue Mathias a quelque chose à ajouter.
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Je vais prendre le relais, monsieur le président. Il me reste deux minutes.
Je poserai peut-être une question à la fin, mais je ferai d'abord un commentaire afin de vous rappeler et de vous signifier, madame Deschamps, que le projet de loi que vous présentez répond aux demandes, évidemment, et correspond aussi à ce qui a été présenté au Québec, où il y a eu des effets très positifs. Il correspond aussi aux besoins de nombreuses régions hors Québec.
Le Comité permanent des finances vient de terminer une grande tournée pancanadienne dans le cadre des consultations prébudgétaires. J'étais présent à presque toutes les rencontres. On a entendu très souvent des groupes de personnes venues témoigner des problèmes que vient résoudre le projet de loi que vous présentez. Dans de nombreuses autres régions du Canada, il y a un exode des jeunes. On aurait besoin d'un coup de main similaire à ce que vous présentez dans vos arguments pour faire valoir votre projet de loi. Un tel projet de loi viendra aider des régions ressources qui ont vraiment besoin que les jeunes qui y sont nés y retournent afin de faire profiter leur région de leurs nouvelles connaissances, de leurs nouvelles compétences. Le projet de loi ferait en sorte qu'on puisse s'y établir et arrêter vraiment l'exode. On pourrait ainsi stimuler le développement économique de ces régions, ce qui est un des éléments importants.
Je n'ai pas nécessairement une question à vous poser, mais plutôt des félicitations à vous adresser. Je tiens à vous dire que ce que vous faites est vraiment important pour l'ensemble des jeunes non seulement au Québec mais aussi à la grandeur du Canada.
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Merci, monsieur le président.
Mon personnel et moi nous réjouissons de pouvoir nous présenter aujourd'hui devant le comité pour répondre à ses questions au sujet de l'évaluation des coûts du projet de loi , lequel prévoit un crédit d'impôt non remboursable pour les nouveaux diplômés qui s'établissent dans certaines régions du pays.
Avant de passer aux questions, j'aimerais tout d'abord profiter de l'occasion pour donner aux membres certains renseignements généraux concernant le cadre de référence de notre évaluation, les principales constatations et l'analyse future qui pourrait être nécessaire.
[Français]
Nous avons élaboré le cadre de référence avec l'aide des membres du comité peu après avoir reçu la demande du comité en septembre 2009. Il s'agit d'une tâche courante dont le but est de s'assurer que les deux parties aient les mêmes attentes à l'égard de l'étendue des travaux, de l'ampleur de l'analyse et des échéances. Le cadre de référence est exposé à l'annexe A de notre évaluation des coûts. Les membres du comité s'accordaient pour dire que la contribution la plus utile que je pouvais fournir à leurs délibérations consistait à effectuer une analyse des estimations des coûts qui avaient été remises au comité et à la Chambre des communes.
On souhaitait également connaître, dans la mesure du possible, les répercussions des modifications législatives proposées sur les régions. Les membres ont accepté de faire connaître les travaux considérables qui ont été réalisés jusqu'à maintenant et qui sous-tendent les estimations de coûts de 180 millions de dollars et de 600 millions de dollars. En tirant partie des travaux réalisés précédemment, j'ai pu éviter de refaire le chemin parcouru et répondre plus rapidement à la demande du comité. Je me suis donc consacré à deux tâches fondamentales: premièrement, reproduire les deux estimations et déterminer leurs hypothèses implicites et, deuxièmement, établir un cadre permettant de déterminer si les résultats correspondants des hypothèses semblaient raisonnables. Je tiens à remercier les représentants du ministère des Finances et de Statistique Canada qui m'ont aidé avec patience et diligence à préparer mon évaluation.
[Traduction]
Au cours des sept dernières semaines, j'ai pu compter sur les compétences et l'expérience de fonctionnaires provinciaux, de chercheurs et de dirigeants gouvernementaux pour évaluer le caractère raisonnable des estimations de coûts présentées au comité. Comme je l'ai indiqué dans ma note, les deux estimations de coûts reposent sur des hypothèses différentes concernant la taille des régions qui seraient désignées aux fins du crédit d'impôt proposé et la tendance des nouveaux diplômés à se prévaloir du nouveau crédit d'impôt.
L'estimation la plus basse — soit 180 millions de dollars — est fondée sur des données réelles de la province du Québec. Le crédit d'impôt offert par la province depuis 2006 correspond généralement à ce qui est proposé dans le projet de loi . Il est offert dans les régions qui forment environ 14 p. 100 de la population de la province, et environ 7 p. 100 des diplômés y ont recours.
L'estimation la plus élevée — soit 600 millions de dollars — repose sur un modèle élaboré par Finances Canada. Elle part de l'hypothèse que le crédit serait offert dans les régions initialement désignées dans la Loi sur les subventions au développement régional en 1974, incluant les centres urbains comme Winnipeg et Halifax et correspondant à près de 28 p. 100 de la population nationale. Elle suppose également que près de 20 p. 100 des diplômés annuels se prévaudraient du crédit d'impôt.
J'ai préparé une évaluation objective des coûts à l'aide de données de recensement et de données relatives au marché du travail infraprovinciales fournies par Statistique Canada. Mon analyse corrobore de façon générale chacune des estimations de coûts, selon la taille et le nombre de régions, et selon le taux d'utilisation du crédit par les nouveaux diplômés.
En règle générale, les données permettent de conclure que le taux d'utilisation du crédit d'impôt et son coût augmentent avec l'étendue des régions désignées. En fin de compte, les deux estimations semblent raisonnables, vu leurs hypothèses respectives. J'en conclus que la question posée par le comité n'est pas vraiment une question de coûts, mais plutôt de principe, qu'il lui appartient de débattre.
Comme les membres du comité le savent, le projet de loi reprendrait l'autorisation légale prévue dans la Loi sur les subventions au développement régional pour la désignation des régions. Certaines régions ont été désignées lors de l'entrée en vigueur de la Loi en 1974, mais elles ne le sont plus depuis le milieu des années 1980.
Étant donné que l'estimation du coût du crédit d'impôt est grandement fonction du nombre et de la taille des régions désignées, les membres du comité voudront peut-être préciser davantage la proposition en répondant aux questions suivantes: combien de régions faut-il désigner, et les régions désignées devraient-elles représenter le huitième de la population, comme dans l'estimation de 180 millions de dollars, ou le tiers de la population, comme dans l'estimation de 600 millions de dollars? Les députés devraient également se demander si les régions désignées devraient comprendre les centres urbains. Enfin, il y a la question de savoir s'il faut des critères normatifs pour désigner les régions, tels que le taux de chômage ou un autre facteur.
Une fois ce travail de réflexion terminé, je serai certainement en mesure de fournir une estimation plus précise du manque à gagner que pourrait occasionner le crédit d'impôt proposé.
Je vous remercie de m'avoir donné la possibilité de faire une déclaration liminaire. Je suis à votre disposition pour répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président. Je compte partager mon temps de parole avec John McKay.
Merci de votre présence aujourd'hui.
Je voudrais vous poser une question. À votre insu — car cela s'est produit il n'y a pas longtemps — j'ai annoncé que nous aimerions proposer un amendement, et les membres du Bloc sont d'accord, pour que la définition de « régions » exclue les zones métropolitaines ayant plus de 150 000 ou 200 000 habitants. À mon avis, cela permettrait de nous rapprocher davantage du modèle québécois, car si vous excluez des villes comme Winnipeg, Regina, Saskatoon, Halifax et, sans doute, de nombreux autres centres urbains, le pourcentage de la population se rapproche nécessairement de celui du modèle québécois, si bien que les coûts seront plus semblables à ceux du programme québécois, par rapport à l'estimation fournie par le ministère des Finances fédéral.
D'ailleurs, on pourrait déterminer l'impact du programme en tenant compte des villes, grandes et petites, qui seraient visées. Peut-être ne le savez-vous pas exactement, mais pourriez-vous nous donner une idée de l'effet éventuel de l'exclusion de toutes les villes ayant plus de 150 000 habitants?
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Merci, monsieur le président.
Messieurs Page, Khan et Jacques, je vous remercie du travail que vous avez fait. C'est une analyse intéressante.
On mentionne dans votre rapport que le projet de loi est inspiré de la loi du Québec qui porte sur le développement régional et le retour des jeunes en région. Vous dites qu'il est offert dans 11 régions désignées du Québec. Un peu plus tôt, nous avons entendu Mme Deschamps, qui dépose ce projet de loi. Je lui demandais si son projet de loi correspondait plus au modèle de 180 millions de dollars, comme celui que M. Bouchard — qui est ici d'ailleurs — avait déjà présenté, ou s'il correspondait plus au modèle de 600 millions de dollars, comme les conservateurs l'avaient présenté.
Vous dites qu'il y a 11 régions désignées au Québec mais même dans ces régions, il ne s'agit pas de la région dans son entièreté. Je donnais l'exemple de ma propre région. On y trouve environ 50 municipalités diverses, mais ce ne sont pas toutes les municipalités qui sont admissibles à ce projet de loi, si on se fie à la loi au Québec. Dans la présentation que Mme Deschamps a faite, on veut retrouver ces mêmes critères. Ce sont les mêmes municipalités qui ont vraiment besoin, parce qu'elles ont un taux de chômage élevé, de ce retour des jeunes en région.
Lorsque vous avez fait votre évaluation des autres régions du Canada, avez-vous appliqué le modèle du Québec? Pouvez-vous, comme au Québec, mesurer la différence à l'intérieur d'une même région? Êtes-vous en mesure de le faire dans les autres régions du Canada?
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Merci, monsieur le président.
Très rapidement, nous avons déjà appris tout à l'heure que le Parti libéral du Canada envisage de déposer un amendement bien spécifique, et je voudrais donc demander au Bureau du directeur parlementaire du budget d'examiner cet amendement et d'en évaluer le coût. Cet amendement aura peut-être pour résultat de réduire grandement le coût de cette mesure. À mon avis, il convient de consulter le BDPB à ce sujet.
À mon avis, il faut consulter le ministère des Finances à ce sujet. Je voudrais qu'on les invite à comparaître. M. Pacetti vient d'évoquer la différence entre un crédit d'impôt de 100 p. 100 — c'est-à-dire que le montant intégral est déductible — et d'autres crédits d'impôt d'environ 17 p. 100, que vous pouvez déduire de vos impôts exigibles. Assurons-nous que l'auteure du projet de loi comprend ce qui est envisagé.
Je voudrais également revoir l'auteure du projet de loi, car il y a un certain nombre de questions que je n'ai pas pu poser. Et, vu les témoignages des responsables du BDPB aujourd'hui, nous devrions demander au professeur Finnie, de l'Université d'Ottawa, de venir nous parler de la mobilité de la main-d'oeuvre et des véritables effets de cette mesure législative. C'est pour cela que je préconise cette prolongation.
Pour moi, un examen plus approfondi s'impose, pour rendre ce projet de loi plus acceptable.
Merci, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
Je disais donc que j'étais en désaccord sur la motion de M. Wallace pour la raison suivante. Cette motion visant à demander une prolongation de 30 jours pour l'étude de ce projet de loi est inutile, à ce moment-ci du moins, parce que la date limite pour référer le projet de loi à la Chambre est le 2 décembre, donc mardi prochain. D'ici là, nous aurons encore deux rencontres du comité. Je sais que les horaires sont chargés, mais on n'est pas, actuellement, dans une situation d'urgence.
M. Wallace disait, en faveur de sa motion, qu'il voulait éventuellement étudier les amendements proposés par le Parti libéral. Cependant, je pense que ce sera aussi une occasion, lors de ces deux rencontres, d'étudier ces amendements attentivement, et d'autres, s'il y en a. On verra. Donc, il faudrait qu'on puisse les étudier attentivement et qu'on puisse procéder à l'étude article par article. Je propose qu'on le fasse, d'ailleurs, mardi prochain, le 1er décembre, qui serait la date limite.
Il serait préférable de se rendre à la date limite avant de demander une prolongation ou un délai, plutôt que de le faire tout de suite. Je pense qu'il serait plus raisonnable d'agir ainsi.