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Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Richard Fahey et je suis le premier vice-président au Développement stratégique à la FCEI. Celle-ci représente 105 000 PME au Canada, dont 24 000 au Québec. Sur ce nombre, on compte environ 11 000 travailleurs autonomes au Canada et près de 3 000 au Québec, ce qui en fait la plus grande association nationale de travailleurs autonomes.
L'enjeu de la présentation d'aujourd'hui est la définition du terme « entreprise de prestation de services personnels », le paragraphe 125(7) de la Loi de l'impôt sur le revenu et son impact sur les déductions fiscales qu'un travailleur autonome, notamment dans le secteur de l'informatique, peut réclamer.
Quand cette disposition a été créée, au cours des années 1990, on parlait de deux cas de figure, deux raisons, deux objectifs fondamentaux. Au sein des épiceries Métro, on avait fait des changements qui touchaient les chauffeurs affectés à la livraison, à la distribution des épiceries. Ces employés avaient été mis à pied, puis réembauchés immédiatement après à titre de travailleurs indépendants du domaine du transport. Il y avait eu également un autre problème, à savoir que certains athlètes professionnels s'incorporaient afin de pouvoir déduire des dépenses alors qu'ils avaient pour seul employeur l'équipe de sport à laquelle ils étaient liés par contrat. Ces deux cas sont à l'origine du paragraphe 125(7) de la Loi de l'impôt sur le revenu.
Parlons maintenant du point de vue de ces travailleurs autonomes. Je vais vous faire part de données provenant de sondages que la FCEI a réalisés. D'abord, au cours des années 2000, on a effectué deux sondages dans le cadre desquels on a demandé aux entrepreneurs ce qui les motivait à devenir travailleurs autonomes. Il s'est avéré que leur première motivation était de pouvoir être leur propre patron, de jouir de flexibilité, de créer leur propre emploi et d'améliorer en quelque sorte leur situation financière.
Les mêmes questions ont été posées en 2007 dans le cadre d'un sondage conjoint de Hewlett-Packard et Ipsos Reid. On voit que dans une très large proportion, les gens veulent être leur propre patron. En effet, lorsqu'on a demandé à ces travailleurs autonomes s'ils se considéraient comme des travailleurs autonomes, des travailleurs ou des entrepreneurs, ils ont répondu très clairement, dans une proportion de 82 p. 100, qu'ils se considéraient comme des entrepreneurs. Essentiellement, on parle d'une entreprise qui va éventuellement croître au fil des ans. Cette décision de se lancer en affaires est importante.
Au Québec, on a discuté de la façon de considérer les travailleurs autonomes dépendants, c'est-à-dire ceux qui ont un petit nombre de clients. Il faut préciser que « dépendants » ne signifie pas « exclusifs ». Or 86 p. 100 des travailleurs autonomes dépendants se considéraient eux aussi comme des entrepreneurs. Au Québec pendant les années 2000, on a tenté d'associer ces travailleurs autonomes dépendants à des salariés, mais les travailleurs autonomes ont refusé ce statut, comme l'indiquent les données de sondage se trouvant au bas de la page 3.
Plus récemment, soit en 2005, le gouvernement a proposé d'inclure les travailleurs autonomes dans la partie III du Code canadien du travail. À ce moment-là, nous avons sondé nos membres, et 52 p. 100 des répondants ont dit ne pas être intéressés.
Si on fait une répartition des indécis — vous savez comment fonctionnent les sondages —, on se rend compte que 62 p. 100 des entrepreneurs ne veulent pas de la proposition et 38 p. 100 des entrepreneurs acceptent d'inclure le travail autonome dans le cadre de la partie III du Code canadien du travail. Cela a amené la FCEI, en 2005, à dire qu'il n'y avait pas de raisons convaincantes pour modifier le statut du travailleur autonome au Canada.
Prenons quelques minutes — et ce sera le dernier point de ma présentation — pour analyser l'évolution du travailleur autonome au Canada. Penser que les travailleurs autonomes s'incorporent ou se lancent en affaires par dépit est un mythe. Ils le font par choix, indépendamment des cycles économiques.
Selon la dernière Enquête sur la population active de Statistique Canada, on estime environ que 16 p. 100 des emplois au Canada sont exercés par des travailleurs autonomes, soit 2,8 millions de travailleurs autonomes. Malgré un marché de l'emploi qui était très dynamique au cours des années 1990, la croissance du travail autonome a été de 4 p. 100 par année.
Fait intéressant, vous voyez sur le graphique, au bas de la page 4, que le travail autonome augmente. Le travail autonome incorporé, surtout, augmente dans une proportion de 18 p. 100, alors que le travail salarié augmente seulement dans une proportion de 8,5 p. 100.
Si on regarde la population des travailleurs autonomes, on se rend compte que la présence de plus de femmes sur le marché du travail amène une plus grande proportion de travailleurs autonomes, mais c'est aussi le cas de travailleurs plus âgés qui décident de faire, en quelque sorte, un pont vers la retraite en devenant travailleurs autonomes.
Actuellement, en vertu des données du recensement de 2006, près des deux tiers des travailleurs autonomes sont masculins et un tiers des travailleurs autonomes sont des femmes. La plus grande croissance, parmi les divers groupes qui constituent les travailleurs autonomes, se trouve chez les travailleurs âgés de 45 ans à 64 ans, comme on le voit sur le graphique à la page 5. C'est donc un pont vers la retraite.
Compte tenu du vieillissement de la population au Canada, ces travailleurs extrêmement compétents, qui décident de continuer à participer à l'activité économique du Canada, sont essentiels. Leur manquer de respect en prétendant qu'ils ne sont pas vraiment des entrepreneurs mais plutôt des salariés pourrait décourager ces gens de se lancer en affaires, de devenir travailleurs autonomes et de former une entreprise, une PME. On ne ferait qu'aggraver la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée qu'on connaît au Canada.
Il faut donc faciliter le travail autonome et la compétitivité globale de l'économie canadienne. Sur ce, vous allez voir que la réalité macroéconomique du Canada s'applique, de façon très pertinente, au statut des travailleurs autonomes dans le secteur de l'informatique.
Là-dessus, je passe la parole à Jean-Pierre Mathieu.
Merci, monsieur le président.
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Mesdames et messieurs les députés, bonjour.
Je m'appelle Jean-Pierre Mathieu. Je suis ingénieur de formation et je détiens une maîtrise en gestion de projets. Je travaille depuis environ 25 ans. J'ai commencé à travailler à mon compte à partir de l'an 2000. En 2006, ma compagnie a reçu une cotisation du ministère du Revenu du Québec pour les années 2002 à 2004. L'année suivante, l'Agence du revenu du Canada m'envoyait une cotisation à son tour.
Aujourd'hui, je vais vous démontrer comment l'organisation économique de l'industrie des technologies de l'information, que l'on appelle les TI, est en contradiction avec les critères servant à déterminer le statut des entreprises des prestation de services personnels, communément appelées les EPSP. Pour ce faire, je vais commencer par vous décrire l'organisation du marché des TI.
Dans notre industrie, la demande de services informatiques provient principalement des grands donneurs d'ouvrage. Il y a certainement des entreprises privées, mais aussi le secteur public, le gouvernement fédéral, les provinces ou les municipalités, avec leurs ministères, leurs organismes gouvernementaux et leurs sociétés d'États à caractère commercial comme Postes Canada et Hydro-Québec.
Du côté de l'offre, des entreprises se font concurrence pour satisfaire à la demande. Premièrement, il y a quelques grandes entreprises de service-conseil et de fournitures de services informatiques, comme CGI et LGS-IBM qui sont en fait les deux plus grandes au Canada. Deuxièmement, il y a plusieurs sociétés de service-conseil de moyenne envergure ainsi que des agences de placement spécialisées en TI. Finalement, il y a une forte proportion de petites entreprises, dont les entrepreneurs indépendants.
Pour vous donner une idée, en 2008, 86 p. 100 des entreprises en technologie de l'information employaient moins de 10 employés.
Une caractéristique de notre industrie est l'incorporation, pour mode privilégié de fonctionnement. Quatre-vingt pour cent des travailleurs autonomes en TI sont constitués en société, en corporation, contrairement aux autres secteurs où seulement 20 p. 100 le sont. Le statut d'entrepreneur enregistré est donc plutôt rare.
Une autre caractéristique de l'industrie est la sous-traitance. Les grands donneurs d'ouvrage, en particulier le secteur public, embauchent peu. Ils préfèrent combler les projets en ressources humaines par la sous-traitance plutôt que d'embaucher des employés.
Une autre caractéristique est que les grands donneurs d'ouvrage font généralement affaire avec les grandes entreprises de services informatiques pour les projets d'envergure. La conséquence de cette situation est qu'il est très difficile, voire impossible pour les entrepreneurs indépendants d'offrir directement leurs services aux clients finaux. Ils doivent passer par les firmes de service-conseil ou les agences de placement qui n'agissent qu'à titre d'intermédiaires. La relation d'affaires est donc généralement tripartite: un entrepreneur indépendant, un intermédiaire, un client final.
Parfois, la relation est multipartite, c'est-à-dire qu'il peut y avoir plusieurs intermédiaires entre le donneur d'ouvrage et l'entrepreneur. La relation bipartite, c'est-à-dire une relation directe avec le client final, est plutôt rare elle aussi.
À propos de la relation bipartite, je tiens à souligner le cas du Conseil du Trésor du Canada qui traite des relations d'employeur à employé dans sa politique de marchés publiée sur son site Internet. En 2006, l'année où on m'a envoyé une cotisation, le Conseil du Trésor fixait une limite de temps de 20 semaines pour conclure un marché de service avec un particulier à son compte afin de prévenir toute situation de relation d'employeur à employé.
Par contre, nulle part dans les documents officiels de l'Agence du revenu du Canada, on ne faisait mention d'une limite de temps au-delà de laquelle la relation d'affaires pouvait être considérée comme une relation d'employeur à employé.
Maintenant que vous avez une idée générale de l'organisation du marché des TI, je vais vous présenter sommairement l'organisation du travail dans le cadre d'un projet informatique.
Le développement informatique est effectué en mode projet. Une équipe est créée de toute pièce pour produire un système informatique. Un projet est par définition unique et temporaire. Il a un début, un milieu plus ou moins long et une fin. La durée du projet est variable. Un petit projet peut durer moins d'un an et requérir quelques personnes seulement. Par contre, un grand projet peut durer plusieurs années, être divisé en plusieurs phases, requérir des centaines de personnes et coûter des dizaines sinon des centaines de millions de dollars.
Le développement informatique est complexe et comprend une multitude d'activités. Je vais vous en nommer quelques-unes: l'analyse des besoins du client, la conception et la programmation des logiciels, l'installation du matériel informatique, les essais de vérification et d'acceptation, la mise en production.
Un entrepreneur indépendant peut intervenir dans une ou plusieurs activités selon son expertise. Par exemple, un analyste d'affaires n'interviendra qu'au début du projet pour analyser les besoins du client. Un programmeur interviendra à partir de l'étape de programmation jusqu'à la mise en production. Finalement, un gestionnaire de projet dirigera le projet du début à la fin. On voit donc que la durée de la prestation peut être plus ou moins longue.
De plus, le professionnel en TI exécute sa prestation conformément aux usages et aux règles de l'art. Pour nous, les règles de l'art sont les corpus de bonnes pratiques, comme le guide PMBOK, ou « Project Management Body of Knowledge, pour la gestion de projet et la norme ISO 9001 pour la qualité, que vous connaissez certainement.
Ces normes sont internationales et n'appartiennent pas aux donneurs d'ouvrage, ni aux entreprises de service-conseil, mais tous les mettent en pratique.
Comme vous pouvez le constater, l'organisation des TI est plus propice aux interventions courtes et multiples, à moins d'être réparateur d'ordinateurs. La prestation requiert généralement une présence dans les bureaux du client. Il s'agit d'une présence à temps plein, normalement durant les heures normales de bureau parce qu'il y a beaucoup de rencontres, de réunions et d'interactions avec les intervenants du projet. La prestation est effectuée avec les systèmes informatiques du client.
Comment tout cela est-il interprété par le fisc? Comment juge-t-il le fait que nous travaillons dans les bureaux du client à temps plein durant les heures normales de bureau, et que nous participons à des rencontres? Il juge cela comme des indices de contrôle, parce qu'il nous dit que nous participons à l'organisation du travail du client.
D'autre part, comment le fisc voit-il le fait de travailler sur les systèmes informatiques du client? Comme un autre indice de contrôle, parce que le client nous fournit les outils et les équipements, alors que nous ne fournissons pas les nôtres.
J'ai un troisième exemple. Comment le fisc voit-il le fait de remplir des feuilles de temps, ce qui est pourtant une bonne pratique de gestion de projets, dans le but de suivre la progression du projet dans son ensemble?
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Je reprends donc le troisième exemple. Comment le fisc voit-il le fait de remplir des feuilles de temps, ce qui est pourtant une bonne pratique de gestion de projets dans le but de suivre la progression du projet dans son ensemble? Comme un autre indice de contrôle, parce qu'en fournissant ces feuilles de temps, le client pourrait, supposément, contrôler notre travail.
J'ai un quatrième exemple. Quand nous travaillons sur un projet en équipe pour une durée plus ou moins longue, comment le fisc interprète-t-il cette situation? Comme des indices d'intégration, parce qu'il nous dit que nous sommes intégrés à l'organisation du client.
Je vous donne un cinquième exemple. Si nous remettons au client une facture basée sur un taux horaire, comment le fisc voit-il cela? Il nous dit que c'est comme un salaire.
Mon prochain exemple est le suivant: si nous organisons nous-mêmes notre horaire de travail en termes d'horaire variable, de prise de congés et de choix de vacances, sans nuire à l'avancement du projet, comment cela est-il vu par le fisc? Le fisc nous dit que nous sommes comme des employés, puisque les employeurs offrent maintenant à leurs employés des horaires flexibles.
Le dernier exemple, et non le moindre, est le suivant: comment le fisc nous considère-t-il quand nous sommes dans une relation tripartite? Il nous considère comme un employé d'un intermédiaire, comme un employé du client final ou comme un employé des deux à la fois, ce qui est mon cas.
Je vais donc conclure. Considérant l'organisation économique de notre industrie, considérant l'organisation du travail en technologie de l'information, considérant l'interprétation en notre défaveur de la plupart des éléments de l'organisation de notre travail par le fisc, j'affirme que les critères de détermination du statut d'entreprise de services personnels sont en contradiction avec notre façon de travailler. J'affirme aussi que, en pratique, la plupart des entrepreneurs indépendants en TI sont des EPSP en puissance et que, par conséquent, le paragraphe 125(7) de la Loi de l'impôt sur le revenu et les guides d'interprétation doivent être revus et modifiés pour qu'ils s'accordent sur les façons de faire de notre industrie, afin que les professionnels en TI puissent exercer leur profession comme entrepreneurs indépendants, sans avoir au-dessus de leur tête l'épée de Damoclès fiscale que constituent les EPSP.
Je vous remercie.
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Je m'appelle Paul-André Robitaille. En 1998, j'ai constitué une société et je me suis lancé en affaires. J'ai d'ailleurs mis sur pied d'autres entreprises depuis lors. Il est fort difficile de vous résumer en 10 minutes tout le désespoir vécu par ma famille et moi-même depuis le printemps 2006, époque à laquelle nous avons reçu l'avis de cotisation du ministère du Revenu.
Je m'étais documenté avant de prendre la décision de me lancer en affaires, et quand je l'ai fait, j'ai fait affaire avec des professionnels, principalement des comptables. Or jamais il n'a été question de cette notion d'EPSP, ni en 1998, ni en 2003 lorsque j'ai fondé mon autre entreprise. C'est peut-être normal, vu qu'il s'agit de dispositions anti-évitement, donc punitives, et que celles-ci visent habituellement un groupe restreint d'individus. Ça ne touchait pas du tout nos affaires. Aucun comptable n'a donc mis ça en évidence. Si j'avais connu les intentions du fisc, jamais je n'aurais quitté l'emploi rémunérateur que j'occupais à Hydro-Québec pour me lancer en affaires. Comme le décrivait plus tôt M. Fahey, se lancer en affaires a été pour moi un choix.
Nous avons appris qu'à la fin des années 1990, le fisc avait averti les grandes firmes de consultation des risques que représentait pour eux le fait d'avoir recours à des travailleurs autonomes enregistrés. Pratiquement tous les sous-traitants ont dû constituer une société. La souricière a donc été mise en place à ce moment-là, un scénario digne des Vincent Lacroix, Bernard Madoff et compagnie.
Pour ma part, j'installe chez les clients, en l'occurrence de grandes entreprises, des progiciels SAP. Ce sont les progiciels les plus vendus au monde, je crois. Je travaille dans le cadre de projets de plusieurs dizaines de millions de dollars qui se déroulent sur plusieurs mois et en plusieurs phases. Je ne fais donc pas partie du quotidien des entreprises.
Dans le cadre d'un projet de Gaz Métro, l'équipe technique comprenait 14 consultants, dont 13 travailleurs autonomes et un employé de la firme intermédiaire, soit CGI. Ça donne un aperçu du fonctionnement de notre industrie. Est-ce que, sur le plan juridique, j'étais de quelque façon que ce soit le subordonné de CGI? Jamais CGI ou le client n'est venu me dire quoi faire ou vérifier mon travail. Au contraire, c'est moi qui avais des connaissances. La seule fois où j'ai mis les pieds dans les locaux de CGI, c'était pour signer une convention de services avec cette entreprise.
Dans le cadre de son travail, le travailleur autonome en informatique encourt diverses dépenses. C'est le cas de toutes les entreprises. Les dépenses encourues incluent notamment ce qui suit: ordinateurs, logiciels spécialisés, imprimantes, télécopieurs, accès Internet, lignes téléphoniques, téléphones cellulaires, papeterie, cartes d'affaires, frais comptables et juridiques, cotisations professionnelles à la FCEI et à l'AQIII, soit l'Association québécoise des informaticiennes et informaticiens indépendants, colloques, déplacements, hébergement et, au tout premier plan, la formation.
La formation est fondamentale pour tout informaticien. C'est une question de survie pour nous, les travailleurs autonomes, car notre domaine est en constante et rapide évolution. Les coûts de formation sont faramineux, oscillant entre 500 $ et 700 $ par jour. Or un cours peut facilement s'échelonner sur deux semaines. Pendant sa formation, le travailleur autonome n'a aucun revenu. Pour un travailleur autonome, rester en demande est par conséquent ardu et exigeant, en termes de temps et d'argent. C'est l'un des risques les plus importants auxquels il doit faire face. Pourtant, les fonctionnaires nous disent que nous n'avons aucun risque à surmonter, qu'il soit financier ou autre.
Comment le fisc réagit-il aux frais de formation? Dans le but de m'assurer de la qualité et de la pertinence de mes services dans le cadre d'un mandat particulier, j'ai quitté le projet durant une semaine pour suivre une formation qui s'offrait à Toronto. Je n'ai reçu aucun honoraire durant cette semaine-là, mais j'ai déboursé 5 000 $ en frais de cours et d'hébergement. À ce sujet, les fonctionnaires du fisc me disent ceci: « Monsieur Robitaille, nous sommes désolés, mais vu que nous vous considérons comme un employé, vous ne pouvez pas déduire cette dépense. D'ailleurs, nous avons mis toutes vos dépenses à zéro, pour ce qui est de votre corporation, même les frais comptables. Un employé qui fait faire sa déclaration de revenus par un comptable n'a pas droit à cette déduction ». Pourtant, une firme de consultants ou un client qui enverrait un employé suivre la même formation pourrait déduire tous les coûts reliés à cette dernière. En fait, je ne serais pas surpris qu'il déduise en plus le salaire de l'employé. Est-ce que ça ne correspond pas à l'expression « deux poids et deux mesures »?
Les clients ont recours à nous de façon ponctuelle, car nous sommes pour la plupart des super spécialistes, à la fine pointe de la technologie de l'information. C'est d'ailleurs la niche des travailleurs autonomes. Le fait que l'équipe technique du projet de Gaz Métro ait été constituée de 14 consultants, dont 13 travailleurs autonomes, l'a démontré. Je peux vous dire que les gens de Gaz Métro ont fait des commentaires élogieux sur notre prestation. Ça se trouve également sur les sites Web de CGI, d'ailleurs.
Pour tout vous dire, il est facile de devenir travailleur autonome en informatique, mais combien plus difficile de le demeurer. Nous devons faire face aux aléas du marché et au risque de voir nos connaissances devenir obsolètes.
Je suis devant vous, aujourd'hui, car mon entreprise figurait sur la liste des sous-contractants de CGI, liste à partir de laquelle le fisc s'est mis à porter des accusations en série, sans vérification des faits, grâce à un pouvoir et à une impunité sans limite. La mise en accusation initiale reposait uniquement sur l’arrêt Carreau, un jugement de première instance — faut-il le dire — et le contrat type de CGI.
Dans Le Devoir du 10 novembre dernier, on mentionne que notre fleuron canadien de service-conseil en informatique abolit 500 postes pour en créer 500 autres dans ses bureaux de l'Inde et donne pour raison que ce n'est pas sa faute, car ce sont les clients qui le demandent. Il est tout de même incroyable que les entreprises d'ici demandent à travailler avec des gens de l'Inde. Sans blague, un économiste peut-il me dire quel sera l'impact sur l'économie canadienne des capitaux qui quittent le pays? Pendant ce temps, que fait-on pour renflouer les coffres de l'État? On attaque les travailleurs autonomes. Pourtant, nos revenus sont dépensés dans l'économie canadienne.
Je vous parlerai maintenant des bienfaits du travail autonome. Les travailleurs autonomes sont le reflet du dynamisme des individus qui ne comptent plus sur les gouvernements et les grandes entreprises gourmandes de subventions pour assurer leur avenir. Nous ne comptons que sur nous-mêmes. Nous investissons en nous-mêmes. Nous sommes la nouvelle économie tertiaire, fonctionnant avec des réseaux virtuels de contacts. Nous sommes les nouveaux créateurs d'emplois. Citez-moi le nom de grandes entreprises qui ont créé des emplois sans obtenir de subvention au cours des 10 dernières années. De par nos spécialisations, nous aidons les entreprises d'ici à être plus concurrentielles sur le plan mondial. Nous sommes donc des créateurs d'emplois. Nous constituons une saine compétition pour les grandes firmes de consultation qui, elles, utilisent de plus en plus de ressources outre-mer.
Avant de conclure, j'aimerais porter quelques points à votre attention. À qui profitera notre disparition? Ne nous faisons pas d'illusion, si nous sommes coupables, c'en est fini des travailleurs autonomes en informatique. Que dire d'une loi qui attaque seulement le petit, le plus démuni, celui qui prend tous les risques et qui fait le travail? Quel est le but de cette loi anti-évitement? Quel est l'esprit initial de cette loi? La Loi de l'impôt sur le revenu étant autodéclarative, comment puis-je juger si mon prochain mandat sera celui d'un contractuel et non celui d'un employé? Comment prévoir? N'est-on pas en train de pervertir l'esprit de cette loi?
À l'origine, cette loi visait probablement les professionnels du sport qui, au moyen de montages financiers, pompaient l'argent à l'extérieur du pays, évitant ainsi certaines obligations fiscales. Maintenant, on nous étiquette « coupables en série » et on espère le Klondike.
En conclusion, je dirai que ce dossier n'est pas un dossier juridique, mais bel et bien un dossier politique, et surtout économique. Les fonctionnaires nous renvoient devant la justice pour construire l'avenir de notre économie à coups de jurisprudence payée par nos économies, tandis que cette vision devrait venir du milieu politique et non des juges qui, eux, ont pour base l'application des lois qui ne sont pas au diapason avec la nouvelle économie et la mondialisation.
Pour vérifier l'application de cette loi punitive, le juge qui entendra ma cause se posera la question suivante. M. Robitaille travaillait-il en tant qu'employé ou en tant que contractuel? Si la réponse est que je suis considéré comme un employé, alors ma famille et moi nous retrouverons à la rue. Si j'ai travaillé en tant que contractuel, je ne dois rien au fisc. Nous aurons seulement perdus quelques dizaines de milliers de dollars en frais juridiques, et les quatre dernières années de notre vie n'auront été que stress et anxiété, sans parler des cheveux blancs, et du manque de cheveux !
Il est grand temps que l'on tienne un débat public à ce sujet et que l'on parle ouvertement de la situation.
Je vous remercie.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, bonjour. Je vous remercie de prendre le temps d'écouter mon témoignage.
Je m'appelle Olivier Guerrero, je suis citoyen canadien, président et actionnaire de ma propre entreprise de conseils en informatique, Conseils GO & See Inc., créée en mars 2000.
La raison de ma présence ici, aujourd'hui, est de témoigner et de vous faire part des poursuites injustes dont je fais l'objet de la part du MRQ et de l'ARC, notamment, car le MRQ a décidé de me considérer comme une EPSP. J'ai créé mon entreprise, une société par actions à charte fédérale, moi-même avec toute l'information dont j'ai pu disposer en m'adressant au gouvernement, en consultant la documentation et les sites Internet. À l'époque, et encore aujourd'hui, il n'était mentionné nulle part que je pouvais me constituer en société comme une EPSP. Pour obtenir un peu de détails sur le statut d'EPSP, j'ai dû faire des recherches assez précises, avec des termes très techniques sur les sites du gouvernement pour savoir ce qu'était une EPSP.
Pendant 10 ans, j'ai agi comme le ferait n'importe quel entrepreneur en produisant mes déclarations annuelles auprès des gouvernements fédéral et provincial, en payant mes acomptes provisionnels de TPS et de TVQ. Mes déclarations de l'impôt des sociétés, autant fédérales que provinciales, n'ont jamais été entachées d'irrégularités.
Un beau jour de février 2008, je reçois un appel d'un vérificateur du MRQ qui m'annonce que, en vertu de son analyse de mon dossier, mon entreprise est considérée comme une EPSP. Son argument est que je suis avec la même firme depuis plusieurs années et que, par conséquent, je suis comme un employé. Il m'annonce également qu'une nouvelle cotisation pour les années antérieures sera produite car, à ce titre, les seules dépenses admissibles pour une EPSP sont les salaires versés et que le taux d'imposition doit être revu à la hausse puisque je ne suis pas propriétaire d'une vraie entreprise. Après plusieurs mois d'échanges avec le vérificateur, je reçois finalement un avis de cotisation de plusieurs dizaines de milliers de dollars, dont le montant d'intérêts cumulés représente à peu près 20 p. 100 de ma facture. Cinq semaines plus tard, je reçois un avis de cotisation de l'ARC, cette fois-ci, basé sur le jugement du MRQ. La facture vient donc d'être doublée. J'ai aussitôt payé cet avis et les deux avis du gouvernement, parce que je suis un citoyen honnête et que je ne veux pas que quelque chose me traîne au-dessus de la tête. Par contre, j'ai dû emprunter à une banque pour pouvoir payer cette somme. J'ai fait opposition auprès des deux paliers du gouvernement. Le MRQ a refusé mon opposition, et, actuellement, je fais des démarches pour déposer ma plainte en cour pour pouvoir poursuivre mon dossier. C'est un bref résumé de ma situation et de mon parcours. Je voudrais maintenant démontrer l'absurdité de la notion d'EPSP ainsi qu'elle est.
De façon très grossière, le statut d'EPSP peut se déterminer de deux façons différentes, à partir de critères complètement subjectifs et discriminatoires, à mon avis. La première est punitive. On vous dit qu'on va reculer de trois ans et que vous devez payer des intérêts parce que vous n'avez pas fait les bonnes choses. La deuxième est sur une base volontaire. À mon avis, on tombe alors dans un paradoxe très spécial. On me reproche d'avoir offert mes services à une firme de consultation pendant plusieurs années.
La première année, je n'ai pas lieu de m'interroger sur mon statut d'EPSP, car j'agis comme un entrepreneur avec cette firme. Le client est satisfait de mes services, il m'offre alors de renouveler le contrat pour un autre projet. Je déclare alors mes revenus, l'année suivante, de la même façon. Ai-je une raison de me questionner sur mon statut? Je ne pense pas. Par contre, je n'ai vraiment pas de chance, parce que le client trouve que j'offre de bons services et décide de m'offrir un nouveau contrat. Finalement, je devrais me dire que puisque je suis avec la même firme depuis trois ans, je devrais plutôt me considérer comme une EPSP. Comment faire? Ai-je un formulaire pour déclarer que je forme une EPSP? Comment indiquer cela au gouvernement? Si je le fais volontairement, vais-je tomber dans un processus punitif? On va me dire que je fais cela depuis trois ans et que je devrai donc payer des intérêts. Je ne sais pas comment me positionner.
Selon les arguments avancés par le gouvernement, une entreprise doit prendre des risques. En réalité, le but d'une entreprise n'est-il pas plutôt de fidéliser sa clientèle et, moins de risques elle subira, mieux elle se portera? Pourquoi, dans mon cas, cela deviendrait-il un critère de discrimination?
Doit-on punir les bons éléments qui offrent un bon service? Devrais-je plutôt être mauvais et changer de contrat tous les trois mois? Comment puis-je prévoir la façon d'effectuer l'autocotisation? Quels sont les critères, hors de tout doute, que je peux considérer?
Je poursuis la description de ce paradoxe en suivant un autre axe, où je me trouve et à cause duquel j'ai dû emprunter de l'argent. On m'attribue le titre d'EPSP car on veut me faire passer pour l'employé d'une compagnie qui n'est pas la mienne. En tant qu'entreprise, quels sont mes avantages par rapport à un employé permanent de l'entreprise à laquelle j'offre mes service? En gros, je gagne en effet un salaire plus important, mais comparée à la liste d'avantages dont bénéficie un employé permanent, la mienne est bien mince. En outre, comme dans le cas de mon ami M. Robitaille, je dois assumer des frais de gestion d'entreprise, qu'il s'agisse de frais d'enregistrement auprès du gouvernement, de frais comptables, de frais d'association professionnelle, de frais d'équipement, de logiciels ou de frais de formation.
Pour ce qui est de l'assurance-emploi, je n'ai pas le droit d'y cotiser et encore moins d'en profiter. Un employé qui travaille 35 heures par semaine, par exemple un employé permanent, rentre tout simplement chez lui une fois que sa journée est finie. De mon côté, je dois fournir environ cinq heures de travail par semaine tout au long de l'année pour assurer la survie de mon entreprise et faire les démarches administratives. Or c'est du temps non rémunéré.
Un employé bénéficie d'un programme de formation. Pour ma part, quand je suis une formation, je ne peux pas facturer le coût de cette dernière et je ne suis pas payé. C'est donc une perte. Par contre, ma liberté d'entrepreneur est ce que je considère comme un avantage pour lequel il y a un prix à payer. C'est pour cette liberté que j'ai fait ce choix. Je veux être à l'origine de mes propres décisions, mais le gouvernement me refuse cela.
Enfin, dans cette histoire, le comble du paradoxe est qu'on m'accuse d'agir comme un employé. En me déclarant EPSP, on m'oblige à rester une entreprise, mais on ne me reconnaît pas le droit d'en être une. Je n'ai pas le droit de déduire toutes mes dépenses. En tant qu'EPSP, mon taux d'imposition est d'environ 50 p. 100 alors qu'avec la déduction accordée à la petite entreprise, ce taux est de 19 p. 100. Il est de 38 p. 100 dans le cas des grandes entreprises.
Pensez-vous que de tels taux d'imposition me permettent de rester compétitif face à la concurrence? Suis-je en train de subir une discrimination, en fin de compte? Veut-on tuer l'entrepreneur indépendant au profit de compagnies qui, au passage, profitent de subventions? Ces mêmes compagnies n'hésitent pas non plus à se délocaliser pour investir des marchés étrangers comme la Chine ou l'Inde. Je suis perdant dans tous les cas. Je vous pose donc la question suivante: une EPSP est-elle un employé ou une entreprise?
J'espère que ma présentation vous a convaincu qu'il faut changer la loi et définir des critères objectifs pour encadrer ce genre de débordement. Les micro-entreprises canadiennes ne pourront pas rester concurrentielles et se développer si elles doivent porter sur leurs épaules ce genre de fardeau. C'est au Canada et non dans d'autres pays que nous voulons créer de la richesse.
Je vous ai fait parvenir un document intitulé « EPSP = employé ou entreprise? », qui reprend un peu les arguments dont je vous ai fait part. Pour terminer, j'aimerais vous remercier encore une fois, mesdames et messieurs les députés, de m'avoir écouté.
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Bonjour, monsieur le président. Bonjour aux députés.
Je m'appelle Fernand Garceau. Je suis un travailleur autonome en informatique depuis 1994, et j'exerce cette profession depuis 1980. Le nom de ma compagnie est Techno-Dba inc, et elle est enregistrée sous charte fédérale. Je m'occupe de mon avenir en choisissant mes propres assurances vie et invalidité. Je gère moi-même ma formation et je gère également mon fonds de pension que je dois moi-même bâtir. De plus, j'entretiens constamment mon réseau de contacts afin de pouvoir trouver de nouveaux contrats lorsque nécessaire. Avant de commencer, je tiens à vous dire, en tant que travailleur autonome, qu'il n'y a aucun travail au noir effectué par ma compagnie.
Maintenant, je décrirai la problématique. En novembre 2005, j'ai été appelé pour une inspection par le MRQ. Mon comptable a fourni les documents demandés par télécopieur, puisqu'il y avait une tempête de neige et que la vérificatrice se déplaçait en fauteuil roulant. Par la suite, j'ai eu le droit de recevoir des projets de cotisation pour les années 2003 à 2005, évidemment avec intérêts rétroactifs, sous prétexte que mon entreprise était une EPSP. À ce moment, je n'avais aucune idée de ce qu'était une EPSP.
Deux autres fois par la suite, j'ai reçu de nouveaux projets de cotisation du MRQ, toujours de plus en plus importants, pour me faire taire. Toutefois, jamais personne n'a voulu me rencontrer pour clarifier cette situation. Si vous vérifiez, j'ai un document adressé à Me Ménard, datant de mars 2009, dans lequel 13 questions sont posées, ce qui prouve bien que le gouvernement voulait nous faire cotiser sans nous parler, puisque ces questions auraient dû être posées en novembre 2005, soit avant qu'on m'accuse d'être une EPSP. Maintenant, on semble effectuer cette démarche afin de préparer le dossier pour la cour. Si vous vérifiez, vous constaterez que vous avez tous reçu ce document. C'est un document qui a été adressé à mon avocat, Me Ménard.
Si vous vérifiez tous les documents expédiés, vous remarquerez dans un de ceux-ci, le rapport de vérification de Revenu Québec — je crois que vous ne l'avez pas en main —, qu'il y a une attaque en règle contre le milieu des informaticiens. Je vais citer ce qui y est écrit:
Il est à noter que le présent dossier fait partie d'un projet spécial pour le même genre d'entreprise. Étant donné qu'il s'agit d'un réseau de personnes, la majorité des dossiers feront possiblement l'objet d'opposition. Le comptable nous a affirmé qu'ils iront en opposition.
C'est quelque chose qu'on a reçu du gouvernement.
Maintenant, je vais vous parler de la CSST et de l'assurance-emploi. Puisqu'on a considéré mon entreprise comme une EPSP, je me suis dit que j'allais aller voir ce qui se passait. J'ai donc vérifié auprès de la CSST, afin de savoir si j'étais un employé. Si vous vérifiez, vous verrez qu'il y a un document de la CSST. Je ne sais pas si ce document vous a été transmis à vous tous. Dans ce document, on peut lire: « Nous vous informons qu'en tant que dirigeant de votre compagnie, vous n'êtes pas couvert par la CSST. » Je suis donc considéré comme une compagnie par la CSST.
Ensuite, j'ai vérifié auprès des services de l'assurance-emploi, et ce fut beaucoup plus ardu. Il m'a fallu attendre six mois pour avoir une réponse de l'ARC. J'ai effectué ma première demande le 28 janvier 2009. J'ai reçu une réponse le 29 juillet 2009, sans parler des relances que j'ai dû faire. Si vous vérifiez les documents de l'Agence du revenu du Canada, on peut lire:
À la suite de notre analyse, nous avons décidé que durant la période mentionnée ci-dessus, Fernand Garceau étant un employé. Cependant son emploi n'était pas assurable en vertu de l'alinéa 5.2 b) de la Loi sur l'assurance-emploi étant donné qu'il contrôlait plus de 40 p. 100 des actions avec le droit de vote de Techno-Dba.
Si je comprends bien, pour l'assurance-emploi, je suis un employé de Techno-Dba, puisque je me paie un salaire. Cependant, je ne suis pas assurable parce que je détiens plus que 40 p. 100 des actions votantes.
J'aimerais savoir comment je peux être considéré comme une compagnie par la CSST, comme un employé non admissible par les services d'assurance-emploi, et comme une EPSP par le MRQ et l'ARC! Comme vous pouvez le constater, le pire des scénarios est toujours imposé au travailleur autonome.
Non seulement nous n'avons aucune protection, mais la notion d'EPSP double notre taux d'imposition en nous retirant toutes les dépenses. Si vous vérifiez parmi les documents que l'on vous a donnés, vous trouverez un beau tableau comparatif. Je suis certain que vous l'avez vu, puisqu'il était sur la table. Ce tableau compare une petite entreprise et grande entreprise, une EPSP avec salaires et une EPSP de quelqu'un qui se paie des dividendes.
Dans le tableau comparatif, on constate que si la petite entreprise a des revenus de 140 000 $, le cash-flow, à la dernière ligne du tableau, correspond à 31 200 $. Or, dans la dernière colonne du tableau, on constate que l'EPSP avec dividendes conclut sur un déficit de 23 000 $.
Je vais maintenant passer aux critères utilisés par les agences du revenu pour distinguer un salarié d'un travailleur autonome.
Revenu Québec a établi six critères: la subordination effective du travail; le critère économique; la propriété des outils; l'intégration des travaux; les résultats spécifiques; et l'attitude des parties quant à leurs relations.
En ce qui concerne le formulaire RC4110-98f de l'Agence du revenu du Canada, il y a: le contrôle, la fourniture de l'équipement et des outils, les chances de profits ou les risques de pertes et l'intégration. Je vais passer par-dessus la partie relative aux critères spéciaux.
Maintenant, si vous vérifiez le document de direction qui a été expédié par le MRQ, vous pouvez constater que celui-ci se sert allègrement des critères pour nous définir comme une EPSP, mais sans jamais vouloir nous rencontrer. Ce qu'il faut savoir, c'est que ces critères sont très anciens et n'ont jamais été révisés. De plus, cette loi semble avoir été mise en place pour le sport amateur et professionnel. Un bulletin d'interprétation existe à ce sujet, et je pense qu'il a été distribué.
J'aimerais maintenant vous parler des critères. Peut-on m'expliquer pourquoi la loi privilégie de façon déloyale les grandes entreprises? Pourquoi une entreprise ayant cinq employés n'a plus à répondre aux mêmes critères que les travailleurs autonomes qui sont souvent seuls et qui doivent s'occuper de tous les aspects de leurs entreprises: comptabilité, formation, etc.?
Prenons un consultant permanent d'une grande firme, CGI ou IBM, qui travaille chez un client et qui a exactement les mêmes conditions de travail que moi. Pourquoi la grande entreprise n'a-t-elle pas à satisfaire aux mêmes critères? Si on décide que je suis non admissible en raison des critères, pourquoi la loi ne s'applique-t-elle pas de même dans le cas de la grande entreprise? Il y a deux poids et deux mesures quand il s'agit des travailleurs autonomes, qui se font exploiter par leurs propres agences du revenu.
Maintenant, qu'en est-il des intermédiaires et du client final face à ces critères? Ils n'ont aucun problème, puisque nous sommes constitués en sociétés. Ils ne sont actuellement pas poursuivis par la loi, bien que ce soient eux qui aient le contrôle sur l'application des critères. Ils peuvent jouer avec ma compagnie comme ils le veulent présentement, et je ne peux rien faire pour refuser, à part mettre fin au contrat moyennant une pénalité et quitter.
Regardons maintenant les articles que j'ai joints et qui traitent de Macroscope. Ce sont des articles de journaux qui, je crois, n'ont pas été traduits. On constate qu'en utilisant les méthodes Macroscope, méthodes développées chez DMR, Revenu Québec établit un contrôle pour ce qui est de la réalisation des projets en matière de TI, et c'est pareil pour ce qui est de l'ARC.
Est-ce correct que ces critères les plus importants selon le MRQ — qui est le contrôle — soient utilisés par les personnes du MRQ pour livrer leur fameux projet informatique, et que ces critères soient ensuite utilisés par les vérificateurs pour nous facturer? Pour gérer un projet informatique, il faut du contrôle, tout comme quand on construit un pont, et cela se fait sur place, comme la construction d'un pont.
Le MRQ connaît bien la recette: il a gagné un « nota » en 2008. Si on vérifie dans le « nota » — il y a un beau document —, on constate que l'ARC faisait partie de ce développement informatique.
Nos professions fonctionnent depuis des dizaines d'années de cette façon, et parce que les gouvernements ont besoin d'argent, ils attaquent les travailleurs autonomes en utilisant une vieille loi. L'économie, la technologie et autres ont bien évolué, mais pas les lois. C'est aussi ridicule pour nous d'avoir plusieurs clients présentement que ça l'est pour un dentiste d'avoir un seul client sur sa chaise pendant une année.
Pour vous prouver ce que je dis, vous pouvez consulter les articles de journaux. Je les ai joints, bien que vous ne les ayez pas encore. Croyez-vous qu'un informaticien travaillant sur l'équipement d'une grande entreprise, dont on parle à l'intérieur de ce document, pourrait fournir son propre équipement?
Si l'on a besoin de 9 000 gigaoctets, soit ce dont a besoin le ministère pour développer un nouveau système, un informaticien pourrait-il fournir cet équipement? C'est tout à fait impossible.
Puisque les technologies ont évolué, les employeurs permettent maintenant aux employés permanents de travailler à partir de la maison. Dans le futur, est-ce que je serai considéré comme un employé permanent, puisque les employés permanents ont maintenant le droit de travailler de la maison tout comme moi?
En ce qui concerne le courriel de M. Jolie, directeur des petites entreprises de l'ARC, et le document de cette même agence, comment l'ARC peut-elle continuer à s'acharner sur les travailleurs autonomes en maintenant sa décision, alors qu'elle n'a jamais demandé aucune information à propos de ma compagnie, et que ses décisions sont basées sur les décisions du MRQ? L'ARC vérifie-t-elle les dires du MRQ? Est-ce normal que les droits des contribuables soient bafoués par un vérificateur qui a le pouvoir de décider s'il fera ou non une analyse plus approfondie?
Avec toutes les démarches que j'ai entreprises, je suis certain que l'ARC connaît très bien mon dossier. De plus, comme vous pouvez le constater à la lecture du courriel de M. Jolie, il semble que la seule solution à notre problème soit une modification de la loi. Pour ce faire, on doit s'adresser aux députés.
Je demande au comité une modification de la loi actuelle, afin de protéger les 2,5 millions de travailleurs autonomes canadiens contre les abus exercés par l'Agence du revenu du Canada.
Je vous remercie. Cela met fin à ma présentation.
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Bonjour. Je vous remercie de nous avoir invités.
Comme l'expliquait M. Sabourin, nous avons regardé rapidement les dispositions de la loi. D'après ce que nous comprenons, une personne qui exploite une entreprise a le droit de déduire les dépenses qu'elle a engagées pour gagner un revenu, ainsi que le prévoit l'article 18 de la Loi de l'impôt sur le revenu. Naturellement, cela exclut, par définition, le statut d'un employé, étant donné qu'il n'engage pas de dépenses pour gagner un revenu.
Selon ce que j'ai pu constater, des gens très astucieux ont compris au cours des années 1980 que la création ou l'interposition d'une compagnie entre le client ou le donneur d'ouvrage et l'employé pouvait faire bénéficier l'employé de déductions. Ça inclut naturellement la DAPE, qui est prévue au paragraphe 125(7) de la loi. C'est ce qui est à l'origine de la modification et des dispositions anti-évitement dont vous avez entendu parler et qui empêchent ce genre de stratagèmes très astucieux.
Naturellement, le fait de créer une compagnie coupe le lien d'emploi. Nous considérons donc qu'avec les dispositions anti-évitement, la loi poursuit un but légitime, comme ça a été le cas déjà. En revanche, l'interprétation que Revenu Canada fait de cette disposition ne tient pas compte, à notre avis, de la réalité des travailleurs autonomes, surtout ceux qui travaillent dans des milieux très spécialisés comme l'informatique.
Je vous parle de cela parce que dans le paragraphe 125(7) de la loi, lorsqu'on détermine ce qu'est une entreprise de prestation de services personnels, le critère utilisé est très vague. On y dit: lorsqu'il est « raisonnable de considérer » que l'actionnaire de la compagnie qui rend des services à un client pourrait être un employé du client ». Ça peut aussi bien s'appliquer à Jean-Pierre qu'à Fernand. Savoir ce qui est raisonnable, voilà le noeud de l'affaire, à mon avis.
Le problème est également qu'on a recours à des présomptions pour émettre des inférences. Ces présomptions peuvent être reliées à des circonstances particulières. On peut utiliser comme présomptions une foule de critères, que ce soit l'organisation du travail, les horaires ou autre chose encore. Naturellement, lorsqu'on met tout cela bout à bout, le fonctionnaire de Revenu Canada s'empresse de dire qu'il s'agit d'un employé.
Revenons au noeud du problème. De par la nature de leur travail, les informaticiens font face à des réalités différentes. Comme le disait M. Garceau, un informaticien qui doit développer des logiciels ou du matériel informatique pour une grande entreprise ne peut pas déménager le système informatique pour l'installer dans son bureau, chez lui. Ce genre de contrainte fait qu'à première vue, son statut semble correspondre à celui d'une EPSP, selon le paragraphe 125(7). Or quand on y regarde de plus près, on constate que compte tenu de la nature de son travail, il faudrait vraiment se pencher sur la question pour déterminer s'il s'agit oui ou non d'une EPSP. Est-ce que ça nécessiterait que l'agence émette un nouveau bulletin d'interprétation ou d'autres mesures pour permettre à ces gens de savoir davantage à quoi s'en tenir? Il n'y a pas eu vraiment d'évolution pour ce qui est des critères permettant de déterminer ce qu'est une EPSP dans les milieux technologiques. À mon avis, c'est un problème majeur.
L'autre problème majeur vient du fait que les entrepreneurs, les entreprises ou même les gouvernements exigent que ces gens soient constitués en sociétés parce qu'ils veulent voir disparaître le lien d'emploi.
Ils ne veulent pas payer de primes d'assurance-emploi et avoir à assumer ces fardeaux, ces taxes sur la masse salariale. Ils sont donc un peu complices du fait qu'ils contribuent à faire naître une présomption dans l'esprit de Revenu Canada, à savoir que ces travailleurs sont des EPSP.
Le Comité permanent des finances ne pourrait-il pas proposer un formulaire exigeant que le donneur d'ouvrage informe Revenu Canada qu'il oblige le sous-traitant à se constituer en corporation et que, dès lors, il peut intervenir à l'égard de toute question d'opposition?
Par ailleurs, ces gens vivent dans l'incertitude pendant 12 mois, et l'année suivante, ils risquent d'avoir à payer des cotisations s'ils ont indiqué dans leur déclaration de revenus qu'ils avaient droit à la DAPE et à la déduction de leurs dépenses. Ça créé de l'incertitude chez eux, ce qui est aussi un problème.
Je ne sais pas si dans des cas semblables, on pourrait avoir recours à une décision anticipée ou à un mécanisme simple de ce genre. Par exemple, on pourrait établir que dans les 30 jours suivants, si le ministère ne se prononce pas sur le statut de ce travailleur, le fardeau de la preuve sera renversé et on présumera alors que le travailleur n'est pas une EPSP. De plus, s'il y a une cotisation, il incombera au ministère de démontrer que c'en est une.
À mon avis, ce genre de mesures pourraient aider ces gens. Il y en a peut-être une foules d'autres. On vous donne des pistes de solution, mais en définitive, c'est à vous, les sages de la Chambre des communes, de trouver des solutions.
Quoi qu'il en soit, il y a certainement un décalage entre l'évolution de la loi et celle des technologies. Mario et moi vous avons préparé des documents. J'espère qu'ils vous aideront à poursuivre votre réflexion.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier tous les témoins d'être parmi nous aujourd'hui.
Je ne peux vous dire à quel point je suis contente de vous rencontrer et de voir que le Comité permanent des finances réalise une étude sur cette question. J'ai eu le plaisir de travailler à ce dossier avec mes collègues du Bloc québécois et du NPD ainsi qu'avec mes collègues libéraux. Nous avons fait en sorte que le comité se penche sur cette question.
Si j'ai bien compris ce que tout le monde a dit, le phénomène des travailleurs autonomes et des entrepreneurs n'est pas nouveau ou éphémère. Il va durer et continuer de s'accroître.
M. Fahey a soumis des données à ce comité, au nom de son association. Malheureusement, je n'ai que la version anglaise. À la page 4, on dit ce qui suit:
[Traduction]
En fait, le Canada a connu une croissance importante du travail indépendant depuis une vingtaine d'années, surtout parmi ceux qui sont constitués en personnes morales. D'après le recensement de 2006, il y a eu une augmentation de 8,5 p. 100 du nombre des employés entre 2001 et 2006, tandis que le nombre de travailleurs indépendants constitués en personnes morales a augmenté de 18,6 p. 100 durant la même période.
[Français]
Si je regarde les données qui sont sorties depuis que la récession nous a frappés, on remarque qu'il y a encore plus de personnes qui se cherchent un travail d'entrepreneur.
Je vais vous lire quelque chose et vous demander ce que vous en pensez. C'est une motion dont j'ai déjà donné avis à la Chambre. Je ne vais pas la lire au complet, parce qu'elle prend toute une page.
a) de modifier le paragraphe 125(7) de la Loi de l'impôt sur le revenu en vue d'y inclure une disposition qui définirait une entreprise comme n'étant pas une « entreprise de prestation de services personnels » s'il y a un contrat clair de « service fournisseur-client » en vigueur plutôt qu'un contrat « employé-employeur », et ce, quel que soit le nombre de travailleurs à l'emploi du fournisseur de services; b) de modifier la Loi de l'impôt sur le revenu en vue de définir un contrat de « service fournisseur-client » comme étant un contrat qui (i) décrit les produits livrables particuliers devant être fournis par le fournisseur de services au client et stipule qu'en aucun cas les parties n'entendent pas établir de relations d'employeur à employé, (ii) stipule qu'aucune des parties ne peut avoir accès à des avantages fournis par la division des services de ressources humaines de l'autre partie, y compris les avantages sociaux, les promotions, la formation et la planification de carrière;
Cela continue: « [de créer] un taux d'imposition distinct », etc.
Je vais demander la permission aux membres de distribuer ce document — il est bilingue — à tout le monde, y compris les témoins.
Je sais que vous n'avez pas tout vu. Toutefois, pensez-vous que c'est une chose sur laquelle le gouvernement devrait se pencher, en faisant des consultations avec toutes les parties concernées, pour voir si ce peut être une solution? On est tout de même au troisième millénaire.
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Je vous remercie, monsieur le président.
D'entrée de jeu, j'aimerais remercier mon collègue M. Mulcair de son appui à la motion que j'ai déposée à la Chambre. À propos de cette motion, j'aimerais mentionner que ma collègue Mme Hall Findlay a soulevé deux aspects qui pourraient être modifiés.
Premièrement, à la deuxième ligne de l'alinéa c), il est mentionné qu'il y aura « [...] un taux d'imposition distinct pour les travailleurs autonomes qui serait égal au taux d'imposition des petites entreprises; ». Mme Hall Findlay dit qu'à la suite du témoignage que nous recevrons de l'Agence du revenu du Canada à propos de l'impact sur le revenu, il se peut que le taux soit distinct. Personnellement, je pense que les taux devraient demeurer égaux, mais je suis quand même sensible aux arguments de ma collègue.
Le deuxième élément se situe à la troisième ligne de l'alinéa d) où il est écrit: « [...] un travailleur autonome ou un employé d'une autre société [...] ». Elle suggère que nous remplacions cette partie par: « [...] entité ou entreprise incluant une entreprise non-incorporée ou à propriétaire unique [...] ». Sa formulation est un peu plus complète.
Je veux revenir sur la question de l'inégalité et de la non-homogénéité des différentes lois. Selon moi, il est très intéressant que l'Agence du revenu du Canada puisse décider que le contrat d'une entreprise incorporée n'est pas valable — ce n'est pas une cour de justice, tout de même —, que le contrat entre le fournisseur et une autre entreprise n'est pas valable, que la personne doit être traitée, sur le plan fiscal, comme un employé et que ces lois ne s'appliquent pas aux grandes compagnies.
Une même compagnie, qui est maintenant considérée comme un employé, se voit refuser l'assurance-emploi, parce que selon cette dernière il ne s'agit pas d'un employé. De plus, on se fait dire que, selon la CSST — j'imagine qu'il n'y a pas trop de différence avec le Code canadien du travail —, il s'agit bel et bien d'une entreprise.
Vous serez d'accord avec moi pour dire que, tôt ou tard, le gouvernement devra évaluer toute la Loi canadienne sur l'impôt pour qu'elle reflète la réalité de la société actuelle en ce qui a trait à l'économie et aux entreprises. Je vois que plusieurs d'entre vous acquiescent.
J'ai une autre question à poser.
Oui, monsieur Garceau?
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Bonjour, monsieur le président et membres du comité.
Je m'appelle Lucie Bergevin et je suis directrice générale de la Direction des services professionnels en vérification.
M. Wayne Adams, directeur général de la Direction des décisions de l'impôt, et Mme Susan Betts, directrice des applications techniques, m'accompagnent aujourd'hui.
Une entreprise de prestation de services personnels est définie au paragraphe 125(7) de la Loi de l'impôt sur le revenu comme une entreprise qui offre les services d'un « employé constitué en société » à une entité, où il serait raisonnable de considérer l'« employé constitué en société » comme étant un employé.
D'un point de vue fiscal, la principale question concernant une entreprise de prestation de services personnels est de savoir si un particulier constitué en société est considéré être un employé du client ou un entrepreneur indépendant, lorsqu'il fournit des services à un client.
Disons qu'un employé qui est un résidant du Canada démissionne de son emploi auprès d'un employeur constitué en société. Le particulier établit une nouvelle société. Sa nouvelle société conclut un contrat afin d'offrir de nouveau ses services à son ancien employeur. Le particulier est alors appelé un « employé constitué en société ».
En effet, l'« employé constitué en société » pourrait utiliser la nouvelle société afin de convertir son revenu d'emploi en revenus d'entreprise actifs de la société, qui serait admissible à la déduction accordée aux petites entreprises. Par conséquent, l'« employé constitué en société » tirerait avantage des taux d'imposition moins élevés offerts par la société.
Voici donc la principale question à se poser. S'il ne s'agissait pas d'une société de prestation de services, y aurait-il un lien entre le particulier offrant le service et l'entité qui reçoit le service?
En fait, la législation concernant l'impôt sur le revenu des entreprises de prestation de services personnels est entrée en vigueur en 1981, afin d'empêcher les employés de constituer une société uniquement pour avoir accès à la déduction accordée aux petites entreprises et à des taux d'imposition avantageux.
En pratique, l'objectif de cette disposition est de créer des règles de jeu équitables afin que ces particuliers constitués en société, qui sont en fait considérés être des employés, soient traités de la même façon, aux fins de l'impôt, qu'un employé régulier.
Si un « employé constitué en société » correspond à la définition d'une entreprise de prestation de services personnels selon la Loi de l'impôt sur le revenu, il est assujetti à l'impôt au plein taux d'imposition des sociétés.
De plus, le paragraphe 18(1) de la Loi de l'impôt sur le revenu limite les déductions qu'une entreprise de prestation de services personnels peut demander en règle générale, uniquement aux déductions qu'un employé peut demander. La société ne peut pas déduire les différentes dépenses qui seraient autrement permises aux autres entreprises.
Les frais bancaires, les fournitures de bureau, les honoraires, les réparations et l'entretien, la déduction pour amortissement et les frais de publicité sont des exemples de dépenses qui ne peuvent pas être déduites.
Il existe une exception lorsque la société emploie plus de cinq employés à temps plein. L'entreprise ne sera pas considérée être une entreprise de prestation de services personnels et sera par conséquent admissible au taux d'imposition moins élevé et aux déductions habituelles accordées aux entreprises.
En terminant, la question de savoir si une personne est un employé ou un entrepreneur indépendant est une question de fait qui ne peut être déterminée qu'après une analyse complète du contrat de services. La réponse à cette question aura des répercussions fiscales. L'ARC offre le guide « RC4110, Employé ou travailleur indépendant? », qui aide à déterminer la nature du contrat.
Merci, monsieur le président. Nous serons heureux de répondre à vos questions.