:
Bonjour mesdames et messieurs.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, je voudrais tout d'abord vous remercier de nous avoir invités à comparaître aujourd'hui afin que nous puissions discuter de la présente crise de liquidités et de son effet sur notre système financier, y compris, notamment, sur les régimes de retraite.
Mon nom est John Valentini et je suis vice-président à la direction et chef de l'exploitation de l'Office d'investissement des régimes de pensions du secteur public, mieux connu sous le nom d'Investissements PSP. Pierre Malo, premier vice-président, Stratégies de répartition d'actifs et recherche, est à mes côtés.
[Français]
Investissements PSP est une société d'État créée en 1999 par le gouvernement du Canada afin d'investir les contributions nettes reçues des régimes de retraite de la fonction publique, des Forces canadiennes et de la Gendarmerie royale du Canada après le 1er avril 2000. Nous gérons également les contributions de l'employeur et des employés effectuées après le 1er mars 2007 au régime de retraite de la Force de réserve.
En plus de constituer une des plus jeunes sociétés de gestion de fonds au Canada, nous sommes parmi celles connaissant la plus forte croissance. Il est important de noter que nous agissons à titre de gestionnaire de fonds et non à titre de gestionnaire de régimes de retraite. La responsabilité à l'égard du passif incombe au gouvernement fédéral. Les prestations de retraite découlant des régimes à prestations déterminées sont garanties par le gouvernement du Canada. Nous relevons du Conseil du Trésor et de chacune de nos parties prenantes, par l'entremise de leurs ministres respectifs, soit le ministre de la Sécurité publique et le ministre de la Défense nationale. Le Bureau de l'actuaire en chef du Canada produit un rapport triennal sur chacun des régimes, le prochain rapport devant être produit cette année pour la période se terminant le 31 mars 2008. Nos états financiers sont vérifiés par la vérificatrice générale du Canada.
Historiquement, nos rendements se comparent favorablement à ceux d'autres régimes similaires au Canada. Selon RBC Dexia, au cours des quatre derniers exercices financiers terminés en mars 2008, nous nous sommes classés dans le premier quartile des régimes de retraite au Canada, en termes de rendement. Cependant, la crise de liquidité qui a commencé en 2007 a clairement affecté notre rendement à court terme au cours des deux derniers exercices. La crise du PCAA a certainement été une des premières conséquences d'une crise de liquidités s'étendant à plusieurs pays. Je sais que ce comité a étudié le PCAA. Je ne vais donc pas prolonger la discussion sur ce sujet, si ce n'est que pour souligner que nous sommes extrêmement chanceux que le Comité pancanadien des investisseurs chargé de restructurer le PCAA de tiers ait réussi à restructurer le marché canadien des PCAA de tiers.
[Traduction]
Investissements PSP a participé activement au processus de restructuration. Un règlement fructueux de la crise est une réalisation majeure qui finira par aider la plupart des investisseurs, qu'ils soient petits ou gros, à récupérer la majeure partie de leurs investissements.
Jusqu'à l'automne 2008, la crise mondiale de liquidités a été relativement limitée. Puis, en septembre 2008, la situation s'est détériorée et le monde financier a changé de façon dramatique après l'effondrement de plusieurs grandes institutions financières. La confiance a été compromise et les marchés financiers de la planète ont fortement chuté. Ce fut la plus forte baisse depuis la Grande Crise de 1929.
Les liquidités ont disparu et la volatilité s'est accrue de façon dramatique. Les acheteurs sont devenus vendeurs. Bon nombre d'investisseurs ont été contraints de vendre leurs placements à des prix réduits, peu importe la catégorie d'actifs. Bien que la gestion des liquidités durant l'automne dernier ait été exigeante, Investissements PSP a réussi à traverser cette période très difficile d'une manière particulièrement efficace.
Il est important de noter que ce n'était pas la première fois, au cours des 10 dernières années, que nous vivions une fluctuation des marchés d'une telle ampleur touchant les rendements des régimes de retraite. En 2001, les marchés des actions ont chuté de près de 18 p. 100. Au cours de notre exercice financier 2004, les marchés des actions et Investissements PSP ont affiché des rendements en hausse de plus de 25 p. 100.
Il n'y a aucun doute que la présente crise financière a aggravé un problème sérieux qui existait déjà dans l'industrie des régimes de retraite, soit la capitalisation de nombreux régimes de retraite. Dans la recherche d'une solution, l'équation de base d'un régime de retraite doit être considérée: les cotisations nettes plus les rendements sur les placements — l'actif — devraient égaler la valeur actuelle des versements de prestations futures — le passif. Si les cotisations ou les rendements sur les placements ne sont pas assez élevés, ou que la structure du passif change, nous verrons alors apparaître un déficit.
Je vais me concentrer sur les moyens utilisés par les gestionnaires de fonds pour tenter d'atténuer la volatilité des marchés. Dans le cas d'Investissements PSP, la politique d'investissement est conçue de manière à tenir compte de la structure du passif des régimes de retraite, du niveau désiré des cotisations des parties prenantes, et du niveau perçu de tolérance au risque du promoteur et des parties prenantes. À l'heure actuelle, nous travaillons avec le Secrétariat du Conseil du Trésor et le Bureau de l'actuaire en chef afin d'élaborer une politique de financement qui précisera ces éléments.
Comment investissons-nous les cotisations nettes? Dans un monde idéal, les cotisations nettes que nous recevons seraient investies dans des obligations du gouvernement du Canada indexées sur l'inflation, et le risque associé à ce placement serait nul. Malheureusement, cette solution n'est pas réalisable. Nous devons donc investir dans d'autres types d'instruments financiers dont le rendement escompté ajusté pour tenir compte du risque, est supérieur. Pour y parvenir, les placements sont diversifiés. Depuis 2004, nous avons diversifié dans un plus grand nombre de catégories d'actifs, notamment les placements privés, l'immobilier et l'infrastructure. Cette stratégie de diversification a ajouté une valeur considérable au rendement global des investissements au cours de cette période.
L'an dernier, nous avons effectué une analyse des résultats à long terme des principaux régimes de retraite du Canada. Cette analyse a démontré que les rendements des investissements en placements privés, dans l'immobilier et dans l'infrastructure étaient supérieurs aux rendements globaux des fonds et donc supérieurs aux rendements des investissements dans les marchés publics.
Investissements PSP est dans une position unique. Nos liquidités et notre souplesse nous permettent de considérer nos placements dans une perspective à long terme. Nous recevons chaque année, de façon constante, de nouvelles entrées de fonds totalisant près de 4 milliards de dollars, et il est prévu que les cotisations nettes demeurent positives jusqu'en l'an 2030. En somme, nous avons été moins touchés par cette crise que beaucoup d'autres investisseurs.
Dans la conjoncture actuelle, nous voyons de nombreux actifs se négocier à des prix de liquidation, y compris des placements sûrs, comme des éléments d'infrastructure et des actifs immobiliers générant de bons flux de liquidités et bénéficiant d'augmentations de prix préétablies. Nous sommes des acheteurs patients et nous sommes dans une position unique pour profiter de la réduction du prix des actifs, ce qui signifie que nos parties prenantes profiteront en définitive des prix réduits qui existent à l'heure actuelle. Cette situation, qui est favorable à nos parties prenantes, profite également aux contribuables canadiens en fin de compte. Évidemment, pour que nous connaissions du succès, les marchés et l'économie mondiale devront également bien réussir.
Je tiens à vous remercier de m'avoir écouté et de nous avoir fourni l'occasion de vous faire part de nos vues aujourd'hui.
:
Merci, monsieur le président.
Je voudrais, tout d'abord, remercier le comité d'avoir invité l'Association canadienne des gestionnaires de caisses de retraite ou ACGCR, à comparaître aujourd'hui. Je m'appelle Barbara Miazga. Je suis secrétaire-trésorière du conseil d'administration de l'ACGCR.
L'ACGCR est le porte-parole national des régimes de retraite canadiens depuis plus de 30 ans. Notre association participe activement à la défense des intérêts de ses membres. À titre d'exemple, nous avons fait parvenir un mémoire à la Division du secteur financier du ministère des Finances le 13 mars 2008 en réponse à son document de consultation au sujet des régimes de retraite privés.
Aujourd'hui, je compte vous donner un aperçu général des principaux points que nous avons soulevés dans ce mémoire. La toile de fond de nos remarques aujourd'hui est l'étude du comité sur les mesures à prendre pour améliorer l'accès au crédit et la stabilité du système financier canadien. Pour notre association, la question clé est celle de la stabilité du système financier canadien. En ce qui nous concerne, la stabilité des régimes de retraite à prestations déterminées au Canada est essentielle à la stabilité globale du système financier canadien. C'est surtout dans deux domaines particuliers que nos membres ont un impact sur le système financier.
Premièrement, sur les marchés financiers, ce sont les grands acteurs institutionnels qui dominent. Les actifs dont les membres de l'Association assurent la supervision et la gestion, qui totalisent plus de 940 milliards de dollars, jouent un rôle important dans ces mêmes marchés financiers. Dans le secteur des régimes de retraite, toutes les activités des uns et des autres influent sur les marchés financiers.
Deuxièmement, les régimes de retraite à prestations déterminées ont des répercussions considérables sur le bien-être économique de millions de Canadiens. Voilà qui est lié à la mission de l'Association, qui consiste à promouvoir de saines pratiques de placement et une bonne gouvernance afin de protéger les intérêts des promoteurs et des bénéficiaires des régimes de retraite.
Dans le mémoire que nous avons fait parvenir au gouvernement du Canada le 13 mars, l'Association a proposé que ce dernier prenne certaines mesures afin de s'attaquer aux problèmes de financement et de réglementation auxquels sont actuellement confrontés les promoteurs de régimes de retraite. Ces problèmes sont liés à la réduction de la couverture que prévoient les régimes de retraite à prestations déterminées au Canada. Ce recul est plus prononcé en ce qui concerne les travailleurs du secteur privé. Cette situation s'explique principalement par les difficultés de capitalisation, l'asymétrie entre le risque et le rendement et la complexité du régime de réglementation.
L'Association propose donc que le gouvernement du Canada prenne les trois mesures qui suivent: premièrement, il s'agirait de diminuer les exigences liées à la capitalisation du déficit de solvabilité et d'éliminer l'asymétrie entre le risque et le rendement dans les règles touchant les droits d'utilisation des excédents. Si nous mettons l'accent sur la capitalisation du déficit de solvabilité, c'est parce que le calcul pertinent est l'un des deux calculs qui sont effectués afin de déterminer le niveau de capitalisation d'un régime de retraite. Le degré de solvabilité est donc hypothétique dans le contexte de l'éventuelle liquidation du régime. Plus la situation du promoteur est forte, moins il est probable que le régime soit liquidé, ce qui fait que le calcul du déficit de solvabilité est moins pertinent.
Donc, nous mettons l'accent sur l'allégement de la capitalisation du déficit de solvabilité puisqu'il s'agit, pour nous, d'un élément clé par rapport à cette première mesure qui est recommandée. Cela peut se faire en faisant passer sans condition à 10 ans la période d'amortissement du déficit de solvabilité pour les entreprises financièrement solides, alors qu'elle est actuellement fixée à cinq ans. Il serait également possible d'offrir aux promoteurs des régimes de retraite la possibilité d'utiliser des lettres de crédit, option déjà offerte en permanence en Alberta et en Colombie-Britannique. Il s'agirait également de permettre aux promoteurs de régimes d'établir des comptes à des fins déterminées — nous appelons cela des « comptes de solvabilité » — qui seraient indépendants de la caisse fiduciaire principale de retraite. Ainsi il sera possible d'éviter le problème des excédents bloqués, c'est-à-dire que les promoteurs du régime font des versements au titre du déficit de solvabilité qui finissent par faire partie d'un excédent futur. Par le passé, de tels excédents ont donné lieu à des modifications à long terme, voire même permanentes, de la structure des prestations. Si le compte de solvabilité est indépendant de la caisse fiduciaire principale de retraite, il serait possible d'éviter que les excédents restent bloqués.
La deuxième mesure que le gouvernement du Canada pourrait prendre consiste à permettre aux promoteurs d'améliorer la capitalisation des régimes de retraite lorsqu'ils sont en mesure de le faire, et ce en modifiant la Loi de l'impôt sur le revenu pour autoriser les promoteurs à verser des cotisations supérieures à la limite actuelle de 110 p. 100 — nous recommandons que la limite soit d'au moins 125 p. 100. Ainsi il serait possible de créer, en périodes de prospérité, un meilleur coussin permettant d'assurer une plus grande protection lors de périodes économiques plus difficiles.
La dernière étape consisterait à appliquer la norme de la gestion prudente aux placements des régimes de retraite et d'éliminer toute limite quantitative s'appliquant aux investissements. J'aimerais vous donner deux raisons qui justifient l'élimination des limites quantitatives: d'abord, en raison de ces limites, les régimes de retraite canadiens ne sont pas sur un pied d'égalité avec les régimes de retraite étrangers, étant donné que les pays étrangers ne sont pas visés par de telles restrictions; et deuxièmement, il s'agit de limites purement arbitraires.
En conclusion, une plus grande souplesse en ce qui concerne les normes de capitalisation et l'allégement du fardeau de la réglementation permettront de préserver la viabilité à long terme des régimes de retraite à prestations déterminées, ce qui contribuera à renforcer la stabilité globale du système financier canadien.
Je vous remercie.
:
Merci, monsieur le président, de nous avoir invités à comparaître ce matin.
Je m'appelle Phil Benson et je suis lobbyiste pour Teamsters Canada.
Teamsters Canada est un syndicat qui représente plus de 125 000 membres au pays. Il est affilié à la Fraternité internationale des Teamsters, qui compte plus de 1,4 million de membres en Amérique du Nord. Nous représentons les travailleurs et travailleuses oeuvrant dans plusieurs secteurs d'activité, y compris les transports — aériens, routiers, ferroviaires et maritimes — la vente au détail, l'industrie cinématographique, les brasseries et les boissons gazeuses, la construction, et plus encore.
Dans notre mémoire de septembre 2005, nous déclarions que le système des régimes de retraite privés du Canada, des États-Unis et d'autres pays membres du G8 entre dans une période de crise financière résultant de plusieurs années de pratiques inopportunes de la part de ceux-là mêmes qui devaient veiller à la prospérité de ces régimes. Le déficit financier du système se calcule en milliards de dollars, voire en billions de dollars. Les responsables incluent les gouvernements et les organismes gouvernementaux de réglementation, les répondants de ces régimes et les professionnels qui sont responsables de leur administration, dont les actuaires, les gestionnaires de placements, les comptables et les avocats, entre autres.
Au terme de 40 années de réglementation et de plus d'une décennie de croissance économique sans précédent, il est impardonnable que les régimes de retraite du Canada soient en pleine crise. Si cette crise se produisait en pleine période de prospérité économique, trois mois après le début d'une récession, à quoi devrions-nous nous attendre? À quoi devons-nous nous attendre?
À notre avis, rien ne changera tant que vous n'aurez pas le courage d'apporter des changements fondamentaux au régime de réglementation qui sous-tend les régimes de retraite, afin de reconnaître que les pensions représentent le salaire auquel ont renoncé les travailleurs, de façon à mettre fin à la cupidité des entreprises. Il ne faut pas se demander si une telle mesure s'impose; il s'agit simplement de savoir quand cela doit se faire et comment.
Commençons par quelques constatations de base.
Les pensions ne sont pas des cadeaux donnés par les employeurs. Ce sont des revenus de salaire cédés en vertu d'un contrat entre l'entreprise et l'employé. Or le règlement actuel ne reconnaît pas l'existence de cette relation et surtout ne la protège pas. Un régime de retraite existe uniquement pour payer les prestations promises aux retraités actuels et futurs qui y participent. Il faut donner à l'expression « obligation fiduciaire » tout son sens — en d'autres termes, il ne doit y avoir ni période d'exonération des cotisations ni reprise des excédents.
En réalité, toute la question s'articule autour des risques. Pour les pensionnés et les travailleurs, le risque est nul en termes réels. Il faut que l'argent soit là. En vertu du régime de réglementation actuel, les régimes de retraite sont considérés par les entreprises tout simplement comme un autre investissement à gérer, l'objectif étant de maximiser le rendement des actionnaires. Après tout, lorsqu'une entreprise augmente ses revenus et donc le rendement des actionnaires, les investisseurs sont contents, ce qui fait gonfler la rémunération des PDG.
Les gens parlent souvent des risques qu'assume l'entreprise, mais en ce qui nous concerne, il n'y en a pas beaucoup. Si le régime enregistre un excédent, les entreprises s'accordent une période d'exonération des cotisations. S'il existe un problème de solvabilité, les entreprises déclarent qu'elles ont des problèmes financiers, ce qui leur permet d'échelonner leur problème de solvabilité sur 10 ans. Si une compagnie fait faillite, le PDG touche un paiement forfaitaire et, je suppose, doit désormais se contenter d'un yacht de 75 pieds seulement.
Quand les régimes de retraite sont sous-capitalisés, les employés perdent leurs pensions. Il ne s'agit pas d'une simple hypothèse. Les membres des Teamsters risquent justement de ne pas bénéficier de leurs cotisations au régime de retraite de Nortel, alors que cette entreprise se permet de verser une prime de maintien en poste de 45 millions de dollars à ses cadres.
Les entreprises qui vous supplient de les aider prétendent qu'elles doivent moins capitaliser des régimes de retraite qui sont déjà sous-capitalisés, afin qu'elles puissent investir dans des projets d'immobilisation, créer des emplois et faire croître l'économie. C'est une formule qui peut sembler appropriée en 2009, mais il se trouve qu'elles ont dit exactement la même chose en 2005 et 2006, quand tout cela a commencé. Le fait que les entreprises l'admettent à l'heure actuelle prouve que nous avons raison. Pour les entreprises, la caisse de retraite est tout simplement une autre réserve de capital permettant de financer leurs projets ambitieux. Et nous, pauvres imbéciles, pensons que les entreprises avaient une obligation fiduciaire envers leurs bénéficiaires, or, de toute évidence, nous nous sommes trompés. Nos membres et les citoyens n'acceptent pas cet argument, et nous espérons que vous ne l'acceptez pas non plus.
Parlons plutôt de l'établissement du principe selon lequel le versement des pensions de retraite doit reposer sur un degré très élevé de certitude. Les politiques d'investissement doivent donc viser à atteindre l'objectif premier, qui est le respect des obligations.
En éliminant les périodes d'exonération des cotisations, lorsqu'un régime de retraite enregistre un excédent, les entreprises comprendraient qu'elles doivent désormais faire des investissements moins risqués. Reconnaître que les régimes de retraite correspondent à des salaires impayés qui sont dus aux employés et prévoir que tous les excédents profitent aux bénéficiaires des régimes de retraite permettrait également d'atteindre cet objectif.
Les régimes de retraite doivent être traités comme les assurances, ce qui veut dire qu'il faut forcer les entreprises à privilégier les obligations à la place des actions. L'orthodoxie financière actuelle voulant que le rendement des actions soit supérieur à celui des obligations est tout simplement, comment dirais-je, trop orthodoxe.
Je vous ai remis une copie de l'article écrit par M. Gold et M. Bader paru dans le National Post, et je me permets de vous le citer:
Le renommé consultant sur les pensions, Peter Bernstein, signale que, au cours des 5, 10 et 25 dernières années, les bons du Trésor américain avaient un taux de rendement plus élevé que les actions américaines.
Je me permets d'ajouter que la vente des obligations n'est pas payante. Bien entendu, certains prétendent que cela coûterait trop cher d'avoir un portefeuille composé exclusivement d'instruments obligataires. Eh bien, je viens d'obtenir des renseignements fort intéressants. Une compagnie avec laquelle nous traitons investit 40 p. 100 de ses actifs dans les marchés financiers. Elle a justement admis que c'était pour cette raison que sa caisse de retraite enregistrait un déficit. Un portefeuille composé exclusivement de fonds d'obligations aurait coûté entre 30 et 40 millions de dollars par an au cours des 15 dernières années, une période de profits records. À l'heure actuelle, on parle de 300 millions de dollars par an sur cinq ans, ou de 150 millions de dollars sur 10 ans.
Si nous avons des régimes de retraite, c'est en raison des revendications des citoyens dans les années 1930 et à la suite de la Seconde Guerre mondiale. En fait, tous nos programmes sociaux existent parce que les citoyens les ont exigés.
Je peux vous garantir que, s'agissant de régimes de pensions de retraite, d'assurance-chômage, du RPC, de l'indemnisation des accidents du travail ou de l'assistance sociale, les entreprises n'en veulent pas. Elles ne veulent rien savoir non plus des lois en matière de santé et de sécurité au travail. Elles ne veulent même pas payer des salaires. D'ailleurs, n'est-ce pas pour cette même raison que nous sommes là?
Les deux plus importants blocs de votants, de par leur participation et leur nombre, sont les personnes âgées et les membres de la génération du baby-boom. Les aînés veulent continuer à toucher leurs pensions de retraite et la génération du baby-boom envisage enfin avec sérieux de prendre sa retraite. Les élus ont depuis longtemps pris le parti des citoyens; c'est maintenant à vous de le faire aussi.
Au début de cet exposé, nous vous avons demandé d'avoir le courage d'oser opérer des changements. Mais, je tiens à préciser que Teamsters Canada est prêt à travailler avec vous tous pour améliorer nos lois et nos règlements afin de protéger les travailleurs actuels de même que ceux qui sont depuis longtemps à la retraite.
Je vous remercie de m'avoir invité. Je répondrai avec plaisir à vos questions.
Bonjour à vous tous. Bonjour, monsieur le greffier.
Je m'appelle Marie Smith, présidente des United Senior Citizens of Ontario. Je suis ravie de pouvoir être présente pour vous faire part de nos problèmes.
Les 300 000 personnes âgées qui sont membres de l'organisation United Senior Citizens of Ontario s'inquiètent énormément de la crise financière. À l'heure actuelle, des entreprises font faillite ou encore demandent la protection de la Loi sur les faillites, tandis que leurs propres caisses de retraite accusent des déficits importants. Les personnes âgées ont peur que leurs pensions soient réduites. Leurs régimes personnels d'épargne-retraite ont été touchés. Les personnes âgées ont donc peur de dépenser, car elles doivent préserver leur capital.
Les gestionnaires professionnels de placements des fonds de pensions du Canada ont laissé tomber les aînés, achetant des investissements à haut risque et permettant aux entreprises du secteur financier d'accumuler ces produits toxiques dans leur bilan. Les dirigeants des banques et les gestionnaires de fonds de retraite eux-mêmes ont reçu des millions de dollars en indemnisations calculées d'après de faux profits tirés de ces produits à haut risque. Maintenant, les retraités doivent payer pour leur cupidité et leurs éventuelles fraudes. Les gestionnaires des fonds de retraite nous ont laissé tomber sans rien nous dire.
Depuis 2006, avec notre société affiliée, la Fédération nationale des retraités et citoyens âgés — qui compte un million de membres — nous travaillons avec Diane Urquhart à aider les personnes âgées qui sont victimes d'abus financiers. Les retraités et les citoyens âgés doivent essuyer dans leurs comptes d'épargne-retraite des milliards de dollars de pertes causées par des produits de placements inadaptés et frauduleux qui leur sont vendus sur la base de renseignements commerciaux trompeurs. Nous concluons que les actuels organismes d'autoréglementation et les différentes commissions provinciales qui régissent les valeurs mobilières et les normes comptables ne protègent pas les intérêts de nos membres.
Le 30 mars, à Ottawa, conjointement avec les représentants de la Fédération nationale des retraités et citoyens âgés, nous nous sommes entretenus avec les fonctionnaires fédéraux du ministère de la Sécurité publique et avec les porte-parole de l'opposition en matière de sécurité publique. Nous avons déclaré aux autorités responsables de la Sécurité publique que la priorité en matière de changements structurels dans le domaine des valeurs mobilières, est d'améliorer les activités de répression dans ce domaine au Canada. Nous soutenons le nouveau projet de service canadien de la criminalité dans le domaine des valeurs mobilières élaboré par le respecté sergent détective Gary Logan, de l'escouade des fraudes du Service de police de Toronto, qui a récemment pris sa retraite. Il nous faut l'écouter, car il a connu une véritable réussite en matière de répression d'activités criminelles liées aux valeurs mobilières. En effet, M. Logan a fait jeter en prison deux des voyous notoires du Canada dans ce domaine, soit Michael Holoday et Nelson Allen.
Je me permets également d'attirer votre attention sur le fait que les personnes âgées ont actuellement du mal à survivre avec ce qu'elles touchent au titre de la Sécurité de la vieillesse et du Régime de pensions du Canada. Les personnes âgées à faible revenu souhaitent que les prestations soient augmentées pour qu'elles puissent chauffer convenablement leurs maisons et se nourrir aussi.
Les personnes âgées désirent également exprimer leur gratitude envers le gouvernement d'avoir introduit des mesures de fractionnement du revenu. Mais, que pouvez-vous faire pour les personnes qui ont toujours les mêmes dépenses mais qui vivent seules à présent, alors que les coûts liés à leur habitation restent inchangés?
Je suis maintenant à votre disposition pour répondre à vos questions.
Merci beaucoup.
:
Bonjour à tous. Je voudrais vous parler ce matin des produits de placements toxiques de la façon dont leur présence a contribué à aggraver la crise financière au Canada.
Je m'excuse d'avance pour ma voix, qui est très rauque ce matin. J'espère néanmoins faire tout mon exposé.
La crise financière du Canada fait ravage chez des millions de Canadiens, lesquels perdent leur emploi, sont victimes du sous-financement des caisses de retraite et perdent leur épargne. Comme vous le savez, au Canada, AbitibiBowater, Smurfit-Stone, Masonite et Nortel ont déjà demandé la protection de la Loi sur les faillites, et on s'attend à ce que General Motors fasse de même. Je vous fais également remarquer que la décision de Nortel constitue un précédent, puisqu'une grande entreprise canadienne compte mettre à pied des milliers d'employés sans leur verser d'indemnité de départ. De plus, il est prévu que la caisse de retraite de Nortel enregistre un déficit correspondant éventuellement à 40 p. 100 de ses actifs. Par conséquent, à la fois les retraités de Nortel et les travailleurs qui sont mis à pied sont extrêmement inquiets.
Or, dans bien des cas, ces calamités qui causent tant de détresse dans le monde sont attribuables à la criminalité dans le domaine des valeurs mobilières. Le fait est qu'il n'y a eu ni intervention policière, ni répression des activités criminelles ni mesure de dissuasion au Canada. Or des mesures de contrôle efficaces sont essentielles à la stabilité du système financier du Canada. Le système financier mondial, y compris celui du Canada, a été secoué par la fraude systématique qui a caractérisé les prêts hypothécaires à risque — des produits structurés à revenus vendus par le secteur des valeurs mobilières.
Il m'est déjà arrivé de témoigner devant le comité à deux reprises: une fois au sujet des fiducies de revenu, produits qui, selon nous, font l'objet de fraude systématique en raison de leurs taux de rendement trompeurs; et, plus récemment, sur les papiers commerciaux adossés à des actifs non bancaires dont les pertes sont de 85 ¢ pour chaque dollar d'investissement. Cela représente 27 milliards de dollars de perte par rapport à la somme totale de pertes liées aux papiers commerciaux adossés à des actifs au Canada. Comme je vous l'ai fait savoir en vous parlant des fiducies de revenu en 2005 et 2006, 30 milliards de dollars de dommages-intérêts sont associés aux fiducies de revenu commerciales seulement, et il est fort probable qu'une somme semblable soit en cause pour les fiducies de revenu du secteur de l'énergie.
Le 12 janvier, le Groupe d'experts sur la réglementation des valeurs mobilières a répondu au tollé général soulevé par le fait que le Canada n'a pas empêché les fraudes en valeurs mobilières en proposant une nouvelle commission nationale des valeurs mobilières et en créant un groupe consultatif de consommateurs qui relèverait de cette commission. Pour sa part, l'Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières a réagi en créant la nouvelle Fondation canadienne pour l'avancement des droits des investisseurs. Quant à la CVMO, elle a répondu au tollé général en proposant la création il y a quelques semaines d'un nouveau secrétariat des investisseurs. Nous sommes d'avis que toutes les solutions proposées par le secteur des investissements et les commissions provinciales des valeurs mobilières sont nettement suffisantes. Il ne s'agit pas de mesures correctives appropriées, étant donné les enseignements qu'il convient de tirer de l'actuelle crise financière qui sévit dans le monde, de même qu'au Canada.
Je voudrais maintenant consacrer quelques minutes à la question des activités de contrôle et de répression de la criminalité liées aux valeurs mobilières au Canada. Nous ne sommes pas d'accord avec l'idée d'accorder à l'Équipe intégrée de police des marchés financiers de la GRC le pouvoir exclusif de contrôler et de réprimer la criminalité liée aux valeurs mobilières au Canada. Nous sommes également fortement opposés à la décision de la Gendarmerie royale du Canada d'intégrer son unité de répression de la criminalité liée aux valeurs mobilières dans le système de réglementation des valeurs mobilières du Canada. À notre avis, il est tout à fait inadmissible que toutes les plaintes liées à la criminalité en matière de valeurs mobilières qui passent par l'EIPMF de la GRC, de même que les projets de cette dernière en matière d'enquête, soient obligatoirement communiquées au groupe de consultation mixte en raison de la décision du gouvernement actuel.
Nous avons ici une lettre de Dean Buzza, responsable de l'EIPMF de la GRC, indiquant que toute plainte concernant un crime lié aux valeurs mobilières et tout plan relatif à une enquête devant être menée par la GRC doivent d'abord être approuvés et recommandés par l'Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières et l'Association canadienne des courtiers de fonds mutuels. En ce qui nous concerne, c'est tout à fait inadmissible, et cette façon de faire ouvre la porte à la possibilité de corruption pour ce qui est de savoir quelles enquêtes criminelles seront menées sur les crimes liés aux valeurs mobilières au Canada.
À notre avis, le Canada devrait retenir le concept proposé par Gary Logan, qui a 32 années d'expérience dans le domaine de la répression des crimes liés aux valeurs mobilières, pour la création d'une nouvelle unité fédérale-provinciale de lutte contre la criminalité liée aux valeurs mobilières. Selon nous, il ne convient pas que la commission des valeurs mobilières, les commissions provinciales, ni même la commission nationale des valeurs mobilières qui a été proposée participent aux activités de répression de la fraude liée aux valeurs mobilières. Ce travail doit être accompli par la police, et à notre avis, la nouvelle unité de lutte contre la criminalité liée aux valeurs mobilières, décrite dans une vidéo préparée par Gary et moi, représente la meilleure solution pour le Canada, si nous voulons garantir que les victimes de crimes de ce genre obtiennent justice.
Je vous remercie.
:
Merci, monsieur McCallum.
À titre d'information, je vous signale qu'une des entreprises qui est venue vous voir vient d'annoncer des bénéfices de l'ordre de 242 millions de dollars pour le premier trimestre de l'année.
Lors des dernières discussions, quand nous avons soulevé la question, nous avons proposé que, pendant les périodes de grande prospérité, quand les entreprises enregistrent des bénéfices, une partie de ces bénéfices devrait aller directement aux bénéficiaires des régimes de retraite — pas tout, évidemment, mais une partie. Je craignais à l'époque qu'il n'y ait une récession, mais on m'a répliqué: « Vous êtes vieux jeu, Phil. Nous avons déjà réglé ce problème; il n'y en aura pas. »
Je n'aime pas trop faire preuve d'optimisme béat quand je me présente devant un comité. Mais, si certains régimes de retraite ont des difficultés à l'heure actuelle, c'est en raison des régimes de réglementation qui ont été mis en place et des décisions qui ont été prises au cours des années. Nous ne réussirons pas à nous en sortir du jour au lendemain. Il est clair que les Teamsters ne souhaitent pas que les entreprises fassent faillite. Nous voulons au contraire aider les entreprises à demeurer prospères, car c'est ainsi que nos membres gagnent de l'argent.
Si les principes de base sont respectés — en d'autres termes, si nous privilégions davantage une stratégie d'investissement axée sur les obligations… Voilà quelques-unes des recommandations qui figurent dans nos documents. Comme je l'ai dit dans mon exposé, il ne s'agit pas de savoir si nous devons le faire, mais plutôt quand et comment. Il me semble que vous me demandez justement de préciser quand et comment cela doit se faire.
:
Merci, monsieur le président. Je tiens à souhaiter la bienvenue à nos témoins. Merci à vous tous de votre présence et de nous aider à voir clair dans une situation relativement difficile.
La question de la solvabilité est sur le tapis, mais il y a aussi la question qui a été soulevée par l'Association canadienne des gestionnaires de fonds de retraite et que je vous invite tous à commenter. Je ne suis pas sûr de savoir exactement ce que j'en pense, et je vais donc poser ma question. Je voudrais vous citer l'exemple de quelque chose qui m'est arrivé personnellement — mes collègues savent que j'aime faire ce genre de chose. À une époque, j'étais cotisant au Régime de retraite des employés municipaux de l'Ontario, et j'ai également été membre d'un conseil municipal. Il y a eu suspension des cotisations à un moment donné. Les cotisants au Régime de retraite des employés municipaux de l'Ontario n'ont pas payé de cotisations pendant plusieurs années, et les villes n'avaient pas non plus à payer leur part, étant donné qu'il y avait surcotisation et que le régime était surcapitalisé. À juste titre ou non — je ne vais pas vous dire lequel — le conseil de l'époque a décidé qu'on n'allait pas prélever l'argent auprès des contribuables municipaux et que les économies ainsi réalisées seraient répercutées sur l'assiette fiscale. Le personnel voulait continuer à prélever cet argent, de façon à l'avoir en cas de périodes moins prospères. Quant à savoir si c'était la bonne décision ou non, je ne saurais vous le dire.
À l'heure actuelle, la limite est de 110 p. 100. Vous préconisez que cette dernière passe à au moins 125 p. 100. Y a-t-il quelque chose qui milite contre l'élimination de la limite? Quand tout va bien, on pourrait ainsi continuer à prélever des fonds et les laisser accumuler dans la caisse. Quand cela va mal, comme cela finit toujours par arriver, l'argent serait déjà là pour parer à cette éventualité. Si cela devait se produire, nous n'aurions pas les mêmes difficultés que nous connaissons actuellement. Il faut voir la réalité en face: l'économie connaît des fluctuations, et elle n'a jamais cessé d'en connaître.
Donc, pourquoi 125 p. 100? Pourquoi éliminer tout simplement la limite? Ainsi vous pourriez continuer à prélever les cotisations dans le cas des régimes de retraite à prestations déterminées.
:
On les appelle communément des catégories d'actifs de rechange. En 2004, quand nous avons diversifié notre portefeuille, nous avons commencé à acquérir — et, en fait, nous n'avons pas pu en profiter autant que d'autres caisses de retraite, étant donné que nous avons commencé à acquérir de tels actifs en 2004 seulement — il s'agit d'immobilier, d'infrastructure et de souscription privée. En 2004, lorsque nous avons étalonné les résultats de notre stratégie de diversification, qui incluait de tels investissements, par rapport à ceux de notre portefeuille d'actifs alignés sur l'indice, pour la période avant 2004, nous avons constaté que, à la fin du dernier exercice financier, nous avions déjà ajouté 1,6 milliard de dollars de valeur à notre portefeuille.
Comme je vous le disais tout à l'heure, j'ai fait un exercice semblable quand j'ai décidé d'examiner les résultats des grandes caisses comme la nôtre, soit celles des enseignants, l'OMERS, et la Caisse. Chacune de ces catégories d'actifs pour chacun de ces fonds, et chaque catégorie d'actifs individuellement, avaient des performances supérieures au fonds global dans son ensemble, de sorte que leur performance était aussi supérieure à celle des marchés publics. Il s'agit donc de catégories d'actifs qui ont eu d'excellentes performances. Nous en acquérons davantage à présent, et nous en avons profité. J'ai également effectué un exercice type. Si nous avions pu profiter de nos expositions ciblées, si notre cible avait été intégrale et si le fonds en question avait été plus mûr, notre performance aurait été supérieure de 1,5 p. 100 au cours de la période de quatre ans se terminant l'an dernier.
Donc, il est clair que ces actifs sont accessibles uniquement aux grandes caisses de retraite et, comme on le sait, il est beaucoup question d'infrastructure en ce moment. C'est donc une bonne catégorie d'actifs. Elle génère des liquidités prévisibles. Sa performance est inversement corrélée à celle des marchés. Les marchés baissent de 30 et de 40 p. 100 en ce moment. Certains des autres résultats sont déjà disponibles, et les taux de rendement sur l'infrastructure sont positifs. Donc, telle est notre stratégie depuis 2004, et je pense vous avoir donné une assez bonne idée de ces avantages.
:
À long terme, nous serons tous morts.
Encore une fois, s'agissant de structures et d'analyses d'investissement, nous parlons en réalité de primes de rendement. Donc, il y a même une récompense pour ceux qui essaient d'avoir des performances supérieures à celles du marché. Mais nous, nous parlons de régimes de retraite. Il n'y a pas de raison de viser des performances supérieures. Si de tels régimes existent, ce n'est pas nécessairement pour réaliser des économies qui profiteront ensuite aux contribuables. Ils existent pour une seule raison. Au lieu de parler de prime de rendement, on devrait plutôt dire aux bénéficiaires: « Vous savez, nous sommes en pleine récession, les temps sont difficiles, mais ne vous en faites pas. Votre pension est protégée. » C'est cela une prime de rendement. Il ne s'agit pas de parler d'investissements stratifiés, mais plutôt de savoir comment nous faisons notre planification. Si ces régimes existent, c'est uniquement pour distribuer les capitaux par la suite.
Comme je viens de le dire, à long terme, nous serons tous morts, mais quoi que nous ayons fait par le passé, la présente récession va tout faire disparaître très rapidement. Pourquoi? Parce que les investissements qui ont été faits, conformément à l'orthodoxie financière actuelle, étaient censés être appropriés, mais à long terme, ce sont les retraités qui vont en subir les contrecoups. Les responsables de cet office et les personnes qui gèrent la caisse et les gens qui cotisent s'en tireront très bien. Mais, s'ils échouent, ce sont les travailleurs qui vont être en difficulté.
:
La diversification me semble justifiée. Mais, comment peut-on atténuer les pressions et éviter que des institutions comme la vôtre, monsieur Valentini, cherchent à obtenir un rendement d'un quart de point de plus, comme l'a fait la Caisse de dépôt? C'était cela sa justification, et je pense que la Banque Nationale a fait valoir le même argument. Ces institutions ont voulu obtenir ce quart de point de plus ou ce huitième de pourcentage de plus pour certains instruments. Or, cela n'en vaut pas le risque. Je crois savoir que vous avez fait votre analyse, mais vous avez fait appel à des experts et, de toute évidence, les experts se sont trompés.
J'ai donc du mal à concilier le fait que, lorsqu'on fait appel à des experts et que ces experts font mal leur travail, ils sont payés quand même. Pourquoi ne pas simplifier les choses de façon à s'assurer que les crédits serviront à ce à quoi ils sont censés servir à l'avenir? Pourquoi faut-il absolument aller chercher ce huitième de pourcentage de plus?
C'est la même chose lorsqu'on investit dans l'immobilier. Selon moi, vous allez avoir le même problème sur le marché de l'immobilier — sinon cette année, peut-être au cours des cinq prochaines années. Et, dans quatre ou cinq ans, vous reviendrez en nous disant: « Eh bien, nous n'avions pas prévu qu'il y aurait une récession qui toucherait le marché de l'immobilier, mais cela va remonter. » Je sais que vous êtes comptable et que vous pourrez nous sortir de savants calculs indiquant que votre performance était excellente par rapport à d'autres caisses, qui ont moins bien réussi que vous, et que tout va s'arranger, car la vie continue. Mais, en fin de compte, ou alors ce sont les contribuables qui paient, ou alors ce sont les retraités ou les cotisants qui paient.
Comment éviter ce genre de situation à l'avenir? Voilà la vraie question.
:
Monsieur le président, j'aimerais vous avertir que je vais partager mon temps avec mon collègue M. Kramp.
J'aimerais vous remercier d'être présents parmi nous. Comme vous le savez, nous étudions une question importante pour l'ensemble des Canadiens. Nous apprécions grandement que vous ayez pris le temps de comparaître devant nous. Nous ne sommes que des parlementaires et non des experts dans le domaine des pensions. C'est la raison pour laquelle nous faisons ce genre d'étude. L'objectif est de nous informer et de prendre les meilleurs moyens qui soient pour aider les Canadiens, à long terme.
Ma première question, qui s'adresse à chacun d'entre vous, touche plutôt la réglementation ou la façon dont la réglementation est appliquée au Canada. Comme vous le savez, le gouvernement fédéral réglemente seulement 7 p. 100 environ des fonds de pension privés au Canada. Le reste est de compétence provinciale. Donc, 13 provinces réglementent elles aussi ce vaste domaine d'expertise. Au Canada, ce système est un peu comme celui des valeurs mobilières, donc déréglementé, avec une orientation plutôt provinciale.
Premièrement, pensez-vous que la réglementation fédérale est bien harmonisée avec celle des provinces? Deuxièmement, croyez-vous qu'il serait nécessaire d'établir avec nos collègues des provinces une meilleure collaboration, si besoin est, en ce qui concerne la réglementation des fonds de pension au Canada? À votre avis, faudrait-il peut-être aller jusqu'à créer une entité gouvernementale qui coordonnerait cette réglementation ou considérez-vous que la façon dont le système est réglementé actuellement au Canada ne pose absolument aucun problème?
Madame Miazga, voulez-vous répondre?
:
Oui, je vais essayer de répondre.
Si j'ai bien compris, votre question concerne le régime de réglementation et la mesure dans laquelle nous pensons qu'il serait approprié de créer un organe intergouvernemental qui serait chargé de coordonner les activités.
Oui, je suis d'accord. Pour moi, deux domaines sont problématiques. D'abord, comme vous l'avez mentionné, la réglementation des régimes de retraite et, deuxièmement, la réglementation du système des valeurs mobilières. Tout cela influe sur les acteurs des marchés financiers, car cela rend la situation plus complexe. Plus l'administration est complexe, plus elle prend de temps. Cela crée une catégorie supplémentaire d'activités qui n'ajoute guère de valeur, à mon avis.
Donc, je suis d'accord pour dire qu'il faut une meilleure coordination des activités relevant de la législation sur les pensions de retraite et celles touchant les valeurs mobilières. Je suis également d'avis que le gouvernement fédéral est un intervenant clé et qu'il devrait donc jouer un rôle de chef de file dans ce domaine. Pour moi, le plus gros problème est que tout le monde ne sera pas d'accord, comme d'habitude.
:
Oui, pour satisfaire ma curiosité; ce serait très bien.
J'ai une observation plus générale à faire, à savoir que l'argent ne pousse pas dans les arbres. Si nous avons créé des régimes de retraite, c'est pour permettre aux retraités d'avoir un revenu après qu'ils ont cessé de travailler. Je comprends très bien que l'on souhaite faire en sorte que les capitaux disponibles soient plus importants qu'ils pourraient l'être autrement, et je comprends aussi que l'on désire réduire au minimum le coût des capitaux qui financent les régimes de retraite car, qu'il s'agisse de régimes contributifs ou non contributifs, personne ne veut avoir à verser plus de cotisations qu'il ne le faut à son régime de retraite. Donc, une fois qu'un régime est capitalisé, il y a nécessairement une forte incitation à profiter au maximum des capitaux afin de générer des revenus. Bien sûr, nous constatons maintenant qu'il existait peut-être une trop grande incitation à maximiser les taux de rendement et donc à accepter plus de risques.
Je pense que nous sommes tous d'accord pour reconnaître qu'il faudrait un meilleur équilibre, à condition d'accepter que cette notion d'équilibre suppose qu'on n'y apportera pas trop de capitaux au départ. Voilà pour mon observation générale.
J'ai une question à poser à M. Malo. Mon collègue vous a demandé comment, dans un monde idéal, on pourrait s'arranger pour que les cotisations nettes soient investies dans des obligations d'État indexées sur l'inflation. Si je ne m'abuse, vous avez dit qu'il y a deux éléments. Premièrement, le marché actuel n'est pas suffisant. Mais, je ne sais pas si vous avez eu le temps de nous mentionner le deuxième. Pourriez-vous donc nous fournir l'autre élément de la réponse?
:
Oui, bienvenue au monde merveilleux du Parlement. Mais, le fait est qu'une motion a été déposée que nous devons examiner et le Comité de l'industrie est également saisi d'une motion visant à faire une étude des cartes de crédit. J'ai eu des discussions avec le président du Comité de l'industrie et nous avons essayé d'élaborer une proposition à faire aux deux comités.
Il y a deux possibilités: d'abord, que les deux comités fassent une étude sur la question en essayant de se concentrer sur des aspects différents. Le Comité de l'industrie pourrait mettre l'accent sur la concurrence, alors que nous pourrions mettre davantage l'accent sur le crédit ou la défense des consommateurs. Ce serait difficile, car il s'agirait évidemment de recevoir les mêmes témoins. Par conséquent, nous proposons de mener l'étude en comité mixte. Nous tenons nos réunions de 9 heures à 11 heures les mardis et jeudis, alors que l'autre comité se réunit les mardis et jeudis de 15 h 30 à 17 h 30.
Le président de l'autre comité m'a dit qu'ils sont assez occupés jusqu'au 7 mai, si bien que nous pourrions lancer cette étude et nous réunir le mardi 12 et le jeudi 14 mai de 9 heures à 11 heures et de 15 h 30 à 17 h 30.
Nous sommes bien organisés pour ce qui est des témoins. Le problème, c'est que cela donnerait un comité de 24 membres. Le vice-président a soulevé ce problème. Je ne sais pas si les partis sont d'avis qu'il serait possible de faire des substitutions, de sorte que nous finissions par avoir seulement 12 membres autour de la table, ou éventuellement 13 ou 14, plutôt que 24, mais je voudrais entendre vos réactions. Si le comité accepte cette formule, il serait possible de faire en sorte que les deux sous-comités se réunissent pour régler les questions de logistique, si besoin est.
Voilà ce que je propose. Et voilà ce que le président du Comité de l'industrie proposera aux membres de son comité cet après-midi.
Je sollicite donc vos réactions.
Monsieur McKay.