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La séance est ouverte, mesdames et messieurs.
Ceci est la 20e séance du Comité permanent des finances. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous continuerons l'étude sur les mesures à prendre pour améliorer l'accès au crédit et la stabilité du système financier canadien. Il s'agit de la première de trois rencontres qui porteront précisément sur les pensions dans le cadre d'une étude plus large.
Ce matin, nous recevons trois organisations et un particulier: premièrement, l'Institut canadien des actuaires; deuxièmement, l'Association canadienne des individus retraités; troisièmement, l'Employeur des transports et communications de régie fédérale; et quatrièmement, à titre personnel, M. Leo Kolivakis.
Nous commencerons par l'Institut canadien des actuaires et procéderons selon l'ordre précédent. Chacune des organisations et M. Kolivakis disposeront chacun d'environ cinq minutes pour présenter leur exposé.
Monsieur Lamoureux, je crois que c'est à vous de commencer. Veuillez nous présenter votre introduction.
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Monsieur le président et membres du comité, c'est avec plaisir que je suis ici aujourd'hui. Mon nom est Claude Lamoureux et je représente l'Institut canadien des actuaires, dont je suis membre.
[Traduction]
Je collabore avec l'Institut depuis des années en ce qui concerne les questions touchant aux régimes de retraite. L'Institut est l'organisme national qui représente plus de 3 800 membres de la profession actuarielle au Canada, dont la plupart exercent en Amérique du Nord.
Conformément à son premier principe directeur, l'Institut fait passer l'intérêt du public avant les besoins de la profession et de ses membres. En collaboration avec le Conseil des normes actuarielles, il participe à l'élaboration des normes de pratique applicables aux actuaires exerçant au Canada, y compris les normes régissant l'évaluation actuarielle des régimes de retraite.
Nous sommes heureux de l'occasion qui nous est offerte d'exposer notre point de vue sur les questions qui touchent au système canadien de retraite et aux régimes de retraite d'employeurs. Depuis des années, l'Institut multiplie les efforts pour résoudre ces questions.
Les actuaires canadiens sont d'avis que les Canadiens n'épargnent pas suffisamment pour pouvoir jouir d'une retraite indépendante. Une étude que nous avons parrainée et réalisée par l'Université de Waterloo comportait la question suivante: « Les Canadiens qui prendront leur retraite en 2030 épargnent-ils suffisamment pour pouvoir bénéficier d'une retraite indépendante? » La réponse a été un non catégorique. L'étude a permis de conclure que seul un tiers des Canadiens prévoyant prendre leur retraite en 2030 économise assez pour pouvoir couvrir les dépenses ménagères de base au cours de leur retraite, et bon nombre de Canadiens pourraient devoir augmenter de façon importante leur taux d'épargne ou continuer à travailler après l'âge de 65 ans, s'ils ne veulent pas être aux prises avec des difficultés financières.
Les régimes à prestations déterminées, instruments essentiels d'un régime d'épargne-retraite, disparaissent rapidement dans le secteur privé. Du fait de plusieurs années de régression, seuls 21 p. 100 des travailleurs sont couverts par des régimes à prestations déterminées, que j'abrège par PD. L'abandon progressif des régimes à prestations déterminées, plus particulièrement dans le secteur privé, constitue un sujet de préoccupation majeur pour le législateur, les organismes de réglementation et l'ensemble de la population. En fait, ce pourcentage pourrait gonfler le nombre de participants au régime à prestations déterminées, puisque de nos jours, plusieurs personnes participent à la fois aux régimes à prestations déterminées et aux régimes à cotisations déterminées. Toutefois, le régime à prestations déterminées n'accepte plus de nouveaux membres, et ceux qui y participent pourraient ne jamais en bénéficier.
Le transfert des risques, de l'incertitude et des coûts aux travailleurs qu'entraîne l'adoption de régimes à cotisations déterminées, ou, pire encore, l'absence de régimes de retraite, suscite également de grandes inquiétudes. De nos jours, on constate un faible taux de capitalisation des régimes à prestations déterminées sur une base de solvabilité en raison de la faiblesse des marchés, de l'augmentation des risques et des facteurs qui découragent les promoteurs de financer leurs régimes de façon plus prudente ainsi que des obstacles fiscaux empêchant la constitution d'excédents supérieurs à 10 p. 100 de la valeur des engagements. Ces obstacles sont inquiétants. Pour toutes ces raisons, les prestations de retraite sont plus incertaines aujourd'hui qu'elles ne devraient l'être.
De nombreux régimes étaient sous-financés avant le début de la crise économique, et leur nombre n'a fait qu'augmenter depuis lors. Selon un rapport du BSIF publié jeudi dernier, « Les résultats du plus récent exercice à ce jour indiquent qu'au 31 décembre 2008, le ratio de solvabilité estimative moyen des régimes de retraite privés à prestations déterminées se chiffrait à 0,85, un résultat inférieur à celui de 0,98 obtenu en juin 2008. »
Tandis que les Canadiens voyaient fondre la valeur de leur REER ou de leur régime à cotisations déterminées au cours de la dernière année, il est devenu évident que les régimes à prestations déterminées sont nettement meilleurs pour les Canadiens que les autres types de régimes, mais certaines conditions doivent être mises en place afin d'assurer la pérennité des régimes à prestations déterminées, même si ceux-ci sont supérieurs par nature. Il faut établir un coussin de sécurité qui soit proportionné au niveau de risque des placements des régimes. Il faut modifier les règles fiscales afin qu'il soit permis de constituer un coussin de sécurité plus important à l'abri de l'impôt.
Il faut accorder un statut prioritaire aux retraités dans le cadre des procédures de faillite. Il faut inciter les employeurs à financer de façon prudente leurs engagements de retraite. L'établissement de caisses distinctes peut être utile. Les régimes privés à prestations déterminées revêtent autant d'importance pour les Canadiens que les régimes du secteur public. Or, si la tendance à la baisse se maintient, les seules personnes qui pourront bénéficier des régimes à prestations déterminées seront les politiciens et les fonctionnaires. Il s'agit d'une situation intenable pour les contribuables et les électeurs, qui n'accepteront vraisemblablement pas que leurs impôts servent à financer des régimes auxquels ils n'ont pas droit.
Certains ont proposé qu'une solution consiste à augmenter les prestations du RPC. Cette idée mérite qu'on s'y attarde.
À l'heure actuelle, les banques canadiennes sont réputées les plus sûres au monde, et cela est dû essentiellement à l'excellent système de réglementation en vigueur au Canada. Il faudrait emprunter la même approche rigoureuse à l'égard des pensions. Il faudrait peut-être envisager la mise sur pied d'un organisme de réglementation, ou de plusieurs organismes de réglementation qui travailleraient ensemble.
Notre but aujourd'hui n'est pas de donner une image complètement négative du système de retraite au Canada. Celui-ci n'a jamais autant été remis en question. Cependant, l'Alberta, la Colombie-Britannique, la Nouvelle-Écosse, l'Ontario et le ministère des Finances du Canada ont achevé ou sont en voie d'examiner les lois régissant les régimes de retraite. Ces examens ont permis de faire ressortir de bonnes idées et, selon nous, le moment est propice pour procéder à une réforme du système de pension pour le bénéfice des Canadiens.
Nous traversons une période difficile qui ne durera pas éternellement. Bien que les gouvernements aient donné suite aux demandes d'allègement à court terme de la capitalisation du déficit des régimes de retraite, nous devons envisager la mise en place d'une réforme législative et réglementaire durable favorisant la survie et la prospérité des régimes à prestations déterminées.
Les problèmes actuels auxquels sont confrontés les régimes à prestations déterminées ne peuvent être résolus rapidement. Nous avons été témoins d'une baisse de 50 p. 100 des marchés boursiers depuis leur apogée et au cours des dernières semaines, ces marchés ont connu une hausse de 20 à 25 p. 100. Si vous faites le calcul, ceci signifie que les marchés se retrouvent actuellement à 60 p. 100 de leur valeur.
Il est évident que les régimes à prestations déterminées ne sont pas les seuls à pouvoir investir à long terme, mais ils sont parmi les plus importants. Dimanche dernier, lors de l'émission 60 Minutes, on indiquait qu'aux États-Unis, les régimes 401 (K), qui sont l'équivalent de nos régimes à cotisations déterminées, ont été bénéfiques au secteur des services financiers, mais ils n'ont pas bien servi les participants au fil des ans.
On peut en dire de même pour le Canada. En supposant que nous sommes incapables de renverser la tendance vers les régimes à cotisations déterminées, nous devons nous assurer que les particuliers ont de bons régimes à cotisations déterminées qui leur offrent l'occasion de se constituer un portefeuille et de jouir d'une gestion professionnelle de leurs placements. Le rôle d'un régime à prestations déterminées de grande taille ou d'un régime à cotisations déterminées géré par un professionnel est, d'une part, de vendre lorsque les actions sont dispendieuses et d'acheter lorsqu'elles sont à prix plus abordable. C'est l'inverse de ce que nous sommes témoins dans le domaine des fonds communs de placement, où le public a tendance à acheter lorsque tout le monde est euphorique et à vendre lorsque le pessimisme prend le dessus.
Merci de votre attention.
Notre acronyme est la dénomination sociale de l'Association canadienne des individus retraités, mais nous utilisons maintenant le nom ACIR parce que nous travaillons pour les personnes retraitées et pour celles qui veulent prendre leur retraite — et dans le contexte actuel, ce sera un défi de taille.
Nous sommes une organisation nationale, à but non lucratif, non partisane, qui compte 330 000 membres à la grandeur du pays et 23 chapitres. Nous sommes les défenseurs de la qualité de vie des Canadiens vieillissants, et la sécurité de la retraite est l'un des trois grands piliers de nos recommandations. Nous sommes ici aujourd'hui pour vous présenter notre façon de voir la sécurité de la retraite.
Il existe d'énormes défis que tous connaissent. Les facteurs démographiques viennent en premier lieu. La population est vieillissante. Les personnes de 65 ans et plus représentent 4,3 millions selon le recensement de 2006, ce qui correspond à 13,7 p. 100 de la population canadienne. D'ici 2026, nous prévoyons que ce nombre doublera à 22 p. 100 de la population canadienne. Ça c'est pour les personnes de 65 ans et plus. Toutefois, les personnes de 45 ans et plus et celles de 55 ans et plus pensent elles aussi à la retraite. Certaines ont d'ailleurs déjà passé à l'acte. Les personnes de 55 ans et plus ont été dénombrées à 8 millions dans le recensement de 2006, ce qui représente 25 p. 100 de la population. Les personnes de 45 ans et plus constituent le principal groupe dont nous nous faisons le porte-parole, et ont été dénombrées à 13 millions en 2006, soit 41 p. 100 de la population. C'est presque la moitié de la population. J'aimerais aussi souligner que cette portion de la population est la plus active et contient le plus grand nombre de fidèles électeurs.
Les gens vivent plus longtemps et restent en santé plus longtemps. Le plus important pour eux est de ne pas manquer d'argent à la fin de leur vie. Les questions relatives à la sécurité de la retraite ont toujours posé un défi, en particulier dans ce marché.
Regardons un peu le contexte dans lequel ils évoluent. La plupart des gens savent que la SV et le SRG leur assureront un revenu d'au moins 14 000 $ par année. Mais comme tout le monde le sait, ce n'est pas suffisant pour vivre. Le Régime de pensions du Canada et le Régime des rentes du Québec offrent des prestations maximales d'environ 10 000 $.
Les fonds de retraite privés comprennent les régimes de pension d'employeurs et les REER. C'est tout ce dont nous disposons, mais beaucoup d'argent au Canada est investi dans ces régimes. Les fonds de retraite privé représentent 1 billion de dollars en régimes de pension d'employeur et quelque 600 milliards de dollars investis dans les REER ou d'autres types d'épargne privée.
Ça a l'air de faire beaucoup d'argent, mais le problème c'est qu'il n'est pas réparti équitablement. Ce que nous constatons, c'est qu'il est concentré — 31 p. 100 des unités familiales qui gagnent 100 000 $ et plus détiennent 90 p. 100 de tous les fonds de retraite. Dans le secteur public, comme M. Lamoureux l'a mentionné, 85 p. 100 des travailleurs du secteur public ont un régime complémentaire de retraite, contre 26 p. 100 des travailleurs du secteur privé qui ont accès à un régime de pension.
Qu'est-ce qui reste? Parmi les personnes n'ayant pas d'économies pour la retraite, qu'il s'agisse d'un régime de pension d'employeur, d'épargne-retraite ou d'un bas de laine, quelque 3,9 millions de familles canadiennes n'ont aucun fonds de retraite de quelque nature que ce soit. Cela représente environ 29 p. 100 de la population canadienne. Chez les personnes seules, les chiffres sont encore plus alarmants, puisque 45 p. 100 d'entre elles n'ont aucun fonds de pension ni économies pour la retraite. Dans la catégorie des 65 ans et plus, y compris les célibataires, 27,5 p. 100 n'avaient aucune économie pour la retraite en 2005, au moment où ce sondage a été réalisé. Chez le groupe des 45 ans et plus et des 55 ans et plus, les chiffres sont légèrement plus positifs, mais 23 p. 100 d'entre eux n'ont aucune économie de quelque sorte pour leur permettre de vivre durant leurs années de retraite.
De quoi parlons-nous alors lorsqu'il est question de régime de pension? La Banque mondiale a établi certains principes fondamentaux qu'un pays qui désire se doter d'un régime de retraite devrait appliquer. L'un d'entre eux est qu'un régime de pension doit être adéquat, c'est-à-dire qu'il doit conférer des avantages à l'ensemble de la population, être suffisant pour prévenir ce que la banque appelle la pauvreté en fin de vie, et être un moyen fiable pour permettre la consommation pendant toute la vie. De plus, le régime de pension doit être abordable pour tous les employeurs et tous les employés. Il doit aussi être viable à long terme. Et très important, il doit être robuste, c'est-à-dire qu'il doit avoir l'étoffe d'encaisser la volatilité économique, démographique et politique. Sur le plan économique, nous venons tout juste d'entrer dans une période difficile; sur le plan démographique, je vous ai décrit la population vieillissante; et sur le plan politique, nous avons la volatilité. Je vais laisser au comité le soin de se pencher là-dessus.
La robustesse de notre système de pension s'est montrée déficiente. Dans le climat actuel, on verra des manchettes que nous n'avions jamais vues auparavant, incluant le fait que même nos régimes de pension plaqués or, les régimes indexés à prestations déterminées, sont à risque. Quelqu'un en a-t-il entendu parler?
La seule caisse de retraite qui ne court aucun risque est le RPC. Son rendement a été supérieur à celui de tous les autres. En cette période de crise économique, qui a même affecté la sécurité de la retraite de ceux qui possèdent des fonds de pension, la question est donc de déterminer ce qui doit être fait et ce qui doit être fait immédiatement.
Nous proposons certaines recommandations. Notre première recommandation a trait aux fonds de pension existants et à la nécessité de rééquilibrer les intérêts des employeurs et des employés, sans trop insister sur cette question, parce que les changements qui ont été apportés à la réglementation ont déstabilisé certains fonds de pension et les ont rendus moins solvables. C'est pour cette raison que nous sommes confrontés en partie à la crise actuelle. Elle n'est pas uniquement attribuable au repli du marché; c'est plutôt parce que toutes les règles qui ont été mises en place n'ont pas été appliquées.
Deuxièmement, un régime de pension universel pour tous ceux qui n'ont pas accès à l'épargne-retraite devrait être mis en place.
Finalement, nous devrions immédiatement convoquer toutes les personnes qui représentent les retraités et les participants au régime à une réunion sur la pension à laquelle ils pourraient exprimer leurs points de vue.
Il s'agit de recommandations pour l'avenir. Pour répondre aux besoins immédiats des retraités qui font face à cette crise, nous recommandons que les prestations de SV et de SRG soient haussées, que les exigences en matière de retrait des FERR soient supprimées, et que les gens aient accès à leur propre argent qui se trouve dans des fonds immobilisés.
Merci beaucoup.
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Bonjour. Je suis Siim Vanaselja, vice-président exécutif et chef de la direction financière de BCE et de Bell Canada. Je suis ici aujourd'hui avec M. John Farrell. John est le directeur exécutif d'ETCOF. Je suis également accompagné de M. Brian Aitken, chef de la direction financière de Nav Canada. Nous comparaissons aujourd'hui au nom des Employeurs des transports et communications de régie fédérale.
ETCOF est un organisme regroupant des employeurs et des associations du secteur des transports et des communications sous compétence fédérale. Les membres de l'ETCOF emploient environ 586 000 personnes. Plusieurs de ces membres sont promoteurs de régimes de pension sous réglementation fédérale.
Les règles actuelles régissant la capitalisation des régimes de pension à prestations déterminées nous ont amenés à une conjoncture où l'existence même, je dirais, de ces régimes est grandement en péril. Nous sommes ici pour présenter une solution qui renforce la sécurité des prestations tout en ne contraignant pas indûment la marge de manoeuvre financière des promoteurs des régimes pour maintenir des investissements appropriés dans leurs entreprises. Nous avons fait nos recommandations au gouvernement dans le cadre du processus de consultation publique dirigé par votre collègue parlementaire, M. , et nous vous remercions de nous donner la possibilité de faire part de nos recommandations aux membres du Comité des finances.
Le financement des régimes de pension est, comme vous le savez très bien, une question brûlante. Dans le cas des entreprises sous réglementation fédérale, plusieurs importants promoteurs de régime peineront à capitaliser leurs régimes de pension selon les règles actuelles sans réduire considérablement leurs investissements dans leurs entreprises sous forme de dépenses d'immobilisations nécessaires pour conserver leur avantage compétitif et leur santé financière. La situation des régimes de pension à laquelle sont confrontées les entreprises sous réglementation fédérale est antérieure au recul actuel de l'économie, mais je dirais que la tourmente dans les marchés financiers a certainement exacerbé cette situation.
Les règles actuelles utilisées pour déterminer la solvabilité des régimes de pension ainsi que l'obligation de capitaliser les déficits sur une courte période de cinq ans engendrent un système des plus volatil qui peut occasionner des changements rapides d'un excédent à un déficit, ou d'un petit à un important déficit d'une année à l'autre ainsi que de la nécessité d'injecter massivement du capital qui se solde par des contributions versées en trop et un capital bloqué se chiffrant à des centaines de millions de dollars. De toute évidence, cette volatilité et cette incertitude sont intenables pour la gestion d'affaires comportant des projets d'immobilisations à long terme, surtout dans la situation économique actuelle.
Nous croyons fermement que sans les réformes que nous proposons, les entreprises devront réduire considérablement leurs programmes d'immobilisations qui alimentent la croissance économique et l'emploi. Les promoteurs de régime à prestations déterminées devront peut-être éliminer leurs régimes afin de demeurer concurrentiels. Cette perspective n'augure rien de bon pour les entreprises, leurs employés ou le gouvernement.
Comme je l'ai mentionné, l'ETCOF représente certaines des entreprises les plus grandes et les plus reconnues au Canada. À titre d'exemple, au chapitre des dépenses en capital, BCE prévoit investir cette année seulement plus de 3 milliards de dollars au Canada.
Depuis les quatre dernières années, nos entreprises informent Finances Canada de l'urgence de modifier les règles en matière de solvabilité. À deux reprises au cours des trois dernières années, le gouvernement a apporté des solutions temporaires qui ne visaient que la période de capitalisation. Je crois que le gouvernement a constaté que ces solutions temporaires sont maintenant insuffisantes et que des modifications permanentes s'imposent. En janvier, le gouvernement a lancé un processus de consultation sur la réforme de la pension.
J'aimerais maintenant parler de nos propositions qui, à notre avis, respectent les importants principes que sont l'équilibre, la transparence et la sécurité des prestations.
ETCOF a élaboré ses recommandations en fonction de deux objectifs clés. Premièrement, nous voulons protéger la santé de nos régimes de pension et la sécurité des prestations pour tous les participants au régime. Deuxièmement, nous devons nous attaquer à la nature anticyclique et à la grande volatilité des exigences en matière de capitalisation du déficit de solvabilité afin de répondre aux besoins en investissement des importants promoteurs de régimes. J'aimerais maintenant demander à mon collègue, Brian Aitken, de décrire les changements spécifiques que nous proposons pour atteindre ces objectifs importants.
Brian.
En premier lieu, je vais mentionner plusieurs des changements que nous proposons pour atténuer les préoccupations des participants au régime.
Nous croyons que les conditions suivantes, ainsi que les autres améliorations recommandées, doivent être apportées. Premièrement, le promoteur devrait capitaliser intégralement le déficit de solvabilité à la cessation du régime, que ce soit par un montant forfaitaire ou un amortissement sur cinq ans. Deuxièmement, une évaluation actuarielle devrait être déposée tous les ans pour chacun des régimes. Puis, troisièmement, chaque régime devrait divulguer davantage d'information financière aux participants aux régimes, ce qui comprend l'état de la capitalisation du régime, la politique d'investissement du régime et un énoncé de politique de capitalisation. Ces changements importants apporteront aux participants une plus grande confiance dans la solidité de leurs régimes de pension.
Nous croyons également que la meilleure sécurité pour les participants aux régimes de pension est un promoteur aux assises financières solides. D'autres améliorations sont nécessaires pour renforcer cette sécurité et justifier la confiance. La première serait une prolongation permanente de cinq à dix ans de la période de capitalisation du déficit de solvabilité sans, entre autres, le consentement des participants et les lettres de crédit.
La deuxième serait un taux d'actualisation pour le calcul de la capitalisation du déficit s'inscrivant mieux dans les conditions du marché et qui tient compte de la longue durée de nos obligations en matière de pension qui s'étend sur plusieurs décennies à venir: l'indice des obligations de société AA est le taux d'actualisation repère préféré. L'ex-gouverneur de la Banque du Canada, David Dodge, a fourni à BCE et à Bell Canada un avis d'expert soulignant l'importance d'un taux d'actualisation prescrit plus stable et plus représentatif de l'actualisation réelle. Il a fait remarquer la discordance entre l'utilisation d'un taux d'actualisation fixé à un moment donné pour mesurer des obligations qui s'étendent sur des décennies à venir. Les règles canadiennes en matière de capitalisation du déficit sont parmi les plus conservatrices au monde, en particulier lorsqu'on les compare à celles des États-Unis et du Royaume-Uni.
La troisième amélioration que nous souhaitons apporter serait l'autorisation pour les promoteurs de conserver les méthodes de nivellement des actifs aux fins de la capitalisation du déficit sans exigence relative à la fiducie.
Finalement, la quatrième amélioration pour les promoteurs des régimes indexés est l'exclusion de l'indexation du calcul du passif de solvabilité lors de l'établissement des paiements d'amortissement de la capitalisation du déficit. Nous croyons que nos recommandations en vue d'atteindre un équilibre fonctionnent extrêmement bien. En premier lieu, il y a la prolongation de la période d'amortissement. Le contrôle de solvabilité a pour but de calculer la capitalisation nécessaire pour couvrir tous les passifs découlant du régime de pension tout comme si le promoteur avait l'intention de cesser ou de liquider le régime. Ce calcul fait malheureusement en sorte que les exigences de capitalisation peuvent être énormes et peuvent en fait porter atteinte à la santé financière de l'entreprise. La prolongation à 10 ans de la période d'amortissement est essentielle à une gestion plus efficace de la capitalisation du déficit pour les entreprises.
Nous reconnaissons le besoin d'une approche équilibrée et c'est pourquoi je voudrais aborder le second changement qui s'ajouterait à la période d'amortissement plus longue. Il s'agit de l'évaluation actuarielle annuelle.
[Français]
Les employés et les pensionnés veulent avoir confiance que leur régime est sainement capitalisé. L'évaluation annuelle apportera une plus grande certitude. Elle atténuera les fluctuations importantes des exigences de capitalisation et garantira une intervention immédiate en cas de déficit de solvabilité. J'aimerais souligner que le Congrès du travail du Canada et d'autres groupes de pensionnés appuient les évaluations annuelles.
Nos entreprises ont analysé les chiffres et je peux dire avec confiance qu'une période d'amortissement sur 10 ans et des évaluations annuelles n'auraient, à long terme, que très peu d'incidence sur les contributions et sur l'ensemble des actifs à long terme, comparativement aux règles actuelles. Toutefois, la tendance des contributions aurait probablement été beaucoup moins instable, ce qui constituerait un énorme avantage pour nos entreprises.
[Traduction]
En terminant, la mise en oeuvre des recommandations d'ETCOF apportera les énormes avantages suivants: premièrement, la volatilité de la capitalisation du déficit de solvabilité serait éliminée. Deuxièmement, sans cette volatilité, les entreprises seront en mesure de planifier plus efficacement leurs dépenses en immobilisations et d'investir davantage durant les périodes où les injections de fonds sont les plus nécessaires. Troisièmement, les régimes continueront d'être adéquatement capitalisés et les participants au régime d'être entièrement protégés.
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Je vous remercie de votre invitation. Je suis reconnaissant d'avoir l'occasion d'être ici aujourd'hui.
J'aimerais d'abord souligner que je suis ici à titre d'analyste indépendant et que je suis très préoccupé par la crise qui touche actuellement les régimes de retraite. Les opinions que j'exprimerai aujourd'hui sont entièrement les miennes et elles ne reflètent d'aucune façon celles de mon employeur actuel ou de toute autre organisation.
Permettez-moi de commencer par vous faire part brièvement de mon expérience. J'ai occupé un poste d'analyste principal en placements au sein de deux des caisses de retraite les plus importantes du Canada, soit la Caisse de dépôt et placement du Québec et l'Office d'investissement des régimes de pensions du secteur public, Investissements PSP. Mon expérience m'a permis d'acquérir des connaissances précieuses dans le domaine des placements traditionnels et spéculatifs, tels que les actions, les obligations, les fonds de couverture, les placements privés et les marchandises.
En 2007, j'ai rédigé un rapport détaillé à l'intention du Secrétariat du Conseil du Trésor sur la gouvernance du Régime de pension de retraite de la fonction publique. Ce rapport consistait en un examen indépendant de la structure de gouvernance du régime et visait à analyser certaines préoccupations soulevées par le Bureau du vérificateur général du Canada.
Abordons maintenant le coeur du sujet qui nous intéresse. L'année dernière a été particulièrement difficile pour l'ensemble des caisses de retraite à l'échelle mondiale, car rares sont celles qui ont été épargnées par l'effondrement du marché boursier. En 2007, l'actif des régimes de retraite privés au sein de l'OCDE par rapport au PIB correspondait à un ratio moyen pondéré de 110 p. 100. En octobre 2008, le total de l'actif des régimes de retraite privés des pays de l'OCDE ne représentait que 23 billions de dollars américains, soit environ 90 p. 100 du PIB de l'OCDE.
Les caisses de retraite établies dans des économies où les actions représentent plus du tiers du total de l'actif investi ont été tout particulièrement touchées par la chute des rendements attribuable à la crise. Ce sont les caisses de retraite irlandaises qui ont enregistré les pertes les plus marquées puisqu'elles comptaient la plus importante pondération en actions, c'est-à-dire 66 p. 100 du portefeuille, en moyenne, suivies par les caisses des États-Unis, du Royaume-Uni et de l'Australie.
Les caisses de retraite canadiennes ont quant à elles enregistré une baisse record, c'est-à-dire une perte moyenne de 15,9 p. 100, selon RBC Dexia. De plus, le Bureau du surintendant des institutions financières a divulgué les résultats du contrôle de solvabilité des régimes de retraite privés fédéraux. Les résultats du plus récent exercice à ce jour indiquent qu'au 31 décembre 2008, le ratio de solvabilité estimatif moyen des régimes de retraite privés à prestations déterminées se chiffrait à 0,85, un résultat inférieur à celui de 0,98 obtenu en juin 2008.
La crise financière a fait ressortir certains écarts majeurs entre la gouvernance des caisses de retraite privées et publiques. Je vais maintenant vous décrire certains des écarts de gouvernance les plus importants et formuler quelques recommandations sur la façon dont nous pouvons les combler.
Lorsque je parle de gouvernance, je parle du système de structures et de processus mis en oeuvre afin de se conformer aux lois, ainsi que de l'administration efficace et efficiente du régime et de la caisse de retraite. Les six domaines de gouvernance d'une caisse de retraite sont les suivants: la supervision, le respect de la législation, la capitalisation du régime, la gestion de l'actif, l'administration des prestations et la communication. Compte tenu des contraintes de temps, je vais me concentrer sur trois de ces domaines clés, à savoir la supervision, la gestion de l'actif et la communication.
La supervision des régimes de retraite est plus importante que jamais, bien qu'elle ait toujours joué un rôle essentiel. Plusieurs régimes de retraite publics et privés éprouvent des difficultés financières, le cadre réglementaire change rapidement et la volatilité du marché est constante. Au sein des grands régimes de retraite canadiens, la supervision relève du promoteur du régime, qui nomme un conseil d'administration indépendant chargé de superviser toutes les activités des caisses de retraite. L'intégrité du processus de nomination varie, mais l'objectif est d'empêcher l'ingérence politique active dans les décisions importantes prises par les caisses de retraite publiques en matière d'investissement.
La gestion des risques, qui comprennent au sens large les risques d'investissement et de fraude ainsi que les risques opérationnels et légaux, est la pierre angulaire de la supervision des régimes de retraite. Le conseil d'administration supervise les activités d'investissement des gestionnaires de fonds internes et externes, et il doit s'assurer que des contrôles sont en place pour atténuer tous ces risques. Pour ce faire, le conseil d'administration doit bien connaître tous ces risques, car ceux-ci peuvent entraîner des pertes considérables pour le régime. Qui plus est, le conseil d'administration a une responsabilité fiduciaire de garantir que les activités sont menées dans l'intérêt des intervenants clés.
En 2008, l'échec de la stratégie de diversification a mis l'accent sur les conséquences d'une supervision inadéquate ou faible. Les pertes importantes subies par les grands régimes de retraite canadiens à prestations déterminées sont attribuables aux contrôles inadéquats en matière de risque et aux systèmes de rémunération qui récompensent la spéculation ou le rendement en se fondant sur des modèles hypothétiques. En transférant les actifs investis dans les obligations d'État sûres, d'abord dans les actions puis dans les placements spéculatifs comme les fonds de couverture, les souscriptions privées, les biens immobiliers, les marchandises et d'autres investissements risqués, les régimes de retraite ont contribué au risque systémique du système financier mondial. Ce processus est ce que j'ai surnommé le « stratagème à la Ponzi des régimes de retraite mondiaux », parce que les caisses de retraite investissaient des milliards dans des placements spéculatifs, en laissant de côté la bulle de la titrisation et sans prendre en considération de façon appropriée les conséquences de leurs actions collectives sur l'équilibre du système financier mondial.
Les caisses de retraite soutiennent que le transfert vers des placements spéculatifs a été fait pour assurer la diversification, afin de régulariser les rendements globaux et de dégager des rendements absolus. Toutefois, un autre motif sous-tendait le transfert vers ces placements spéculatifs: cela permettait aux cadres supérieurs des caisses de retraite de jouer avec les modèles stratégiques afin d'encaisser d'énormes primes, sous prétexte qu'ils ajoutent de la valeur aux rendements globaux. Cet aspect revêt une importance cruciale, parce que ces cadres supérieurs ont des responsabilités fiduciaires claires envers le promoteur du régime et les participants. En réalité, les cadres supérieurs peuvent bénéficier de primes énormes parce qu'ils dépassent les modèles hypothétiques, qui ne reflètent pas les risques associés aux investissements sous-jacents. Les primes sont fondées sur les rendements par rapport aux modèles, et attribuées en conséquence chaque année. Toutefois, ces primes ne sont jamais récupérées lorsque les rendements ne satisfont pas aux attentes au cours des années subséquentes.
L'utilisation inadéquate des modèles est concentrée dans les marchés privés, tels que les souscriptions privées et les biens immobiliers, mais des problèmes similaires existent également dans d'autres types de placements spéculatifs, tels que les fonds de couverture. En règle générale, les catégories d'actif non liquides ne sont pas évaluées fréquemment par les vérificateurs externes et, dans certains cas, les vérificateurs internes. À de rares exceptions près, les modèles utilisés pour évaluer le rendement de ces catégories d'actif ne reflètent pas les risques inhérents aux investissements sous-jacents. Par exemple, le levier financier est communément employé pour accroître les rendements des actifs non liquides comme les souscriptions privées, les biens immobiliers et l'infrastructure, mais les modèles servant à déterminer la rémunération des cadres supérieurs des caisses de retraite ne reflètent pas ces risques.
L'utilisation inadéquate des modèles constitue également un problème sur les marchés publics. Pensons au papier commercial adossé à des actifs non bancaires, le PCAA. Certaines caisses de retraite ont choisi ce type d'actif, qui leur permettait de dépasser facilement les modèles de rendement en matière de gains liquides. Toutefois, elles ne tenaient pas compte des risques importants d'illiquidité entre l'actif et le passif des fonds multicédants du PCAA. Les modèles de fonds de couverture qui ne tiennent pas compte des risques d'illiquidité ni du levier financier des stratégies sous-jacentes sont d'autres exemples d'utilisation inadéquate des modèles par les caisses de retraite publiques.
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Pire encore, certaines caisses de retraite ont utilisé des bilans gouvernementaux pour vendre des swaps sur défaillance, qui sont fondamentalement des polices d'assurance contre le manquement aux obligations. Contrairement à AIG, ces caisses de retraite n'ont pas vendu de swaps sur défaillance adossés à des prêts hypothécaires à haut risque. Cependant, lorsque la crise du crédit s'est répandue dans toutes les tranches de crédit, y compris les tranches notées AAA, elles ont enregistré des pertes considérables.
Dans un discours prononcé récemment, le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a déclaré que « l'effet de levier intrinsèque dans maintes caisses de retraite a été substantiellement réduit, étant donné le tarissement de la liquidité dans de nombreux marchés de financement. » À mon avis, l'opacité de bon nombre de grandes caisses de retraite publiques, ainsi que leur exposition croissante à des instruments dérivés complexes et leurs stratégies d'investissement internes et externes sophistiquées, masquent l'effet de levier intrinsèque réel de ces caisses.
En conclusion, j'aimerais terminer avec une série de recommandations.
D'abord et avant tout, nous devons imposer une plus grande transparence aux caisses de retraite publiques et privées en légiférant. Les caisses de retraite devraient être tenues de déclarer les modèles utilisés pour évaluer l'ensemble des activités d'investissement internes et externes; les rendements sur les marchés publics devraient être déclarés tous les trimestres et ceux des marchés privés, tous les semestres; et les procès-verbaux des rencontres des conseils d'administration des caisses de retraite publiques devraient être accessibles au public.
Deuxièmement, les vérifications financières effectuées par les vérificateurs doivent être complétées par des vérifications complètes du rendement, de l'exploitation et du risque de fraude menées par des experts indépendants du secteur. Ces vérifications devraient être effectuées chaque année et les résultats devraient être rendus publics.
Troisièmement, les régimes de retraite doivent mettre en oeuvre de solides politiques de gestion des risques. Il incombe aux promoteurs des régimes de communiquer leur niveau de tolérance au risque pour l'ensemble de la caisse de retraite, en mettant l'accent sur l'atténuation du risque de perte dans le portefeuille stratégique. Qui plus est, les gestionnaires des caisses de retraite devraient être rémunérés pour le risque actif conformément à des modèles clairs qui reflètent les risques inhérents aux investissements sous-jacents, c'est-à-dire les rendements ajustés en fonction du risque.
Quatrièmement, les politiques de dénonciation doivent être renforcées afin d'encourager les individus à dénoncer tout écart de conduite au sein des caisses de retraite publiques.
Cinquièmement, les organismes de réglementation doivent augmenter leurs ressources afin de régler les problèmes au sein des caisses de retraite publiques et privées, ainsi que d'autres institutions du système bancaire fantôme, par exemple les compagnies d'assurances et les fonds de couverture non réglementés. Le gouvernement canadien doit maintenant investir davantage dans le renforcement des organismes de réglementation afin qu'ils puissent attirer un plus grand nombre d'employés compétents qui comprennent les investissements de plus en plus complexes que ces institutions effectuent.
Finalement, je n'ai pas partagé mon opinion sur la crise dans le secteur des régimes de retraite privés, mais je crois que nous devons envisager sérieusement d'éliminer les régimes privés à prestations déterminées et à cotisations déterminées. Nous devrions les remplacer par une série de grands régimes publics à prestations déterminées, qui devront respecter les normes de gouvernance les plus élevées.
Je vous remercie du temps que vous m'avez accordé, et je serais heureux de répondre à vos questions et d'écouter vos commentaires.
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Merci, monsieur le président.
Merci à vous tous d'être venus nous parler aujourd'hui de cette question cruciale.
J'adresserais d'abord, je crois, une question à M. Lamoureux et probablement aussi à M. Vanaselja, à propos de la volatilité dans la réglementation. Cette volatilité ne me paraît pas simplement aléatoire; elle semble être particulièrement mauvaise. Quand les choses vont mal et que le marché boursier est à la baisse, ça vous coûte beaucoup plus cher. Quand les choses vont bien et que vous avez accès à beaucoup de liquidités, vous obtenez des congés de cotisation. À mon avis, c'est contre-productif. Je n'ai pas beaucoup de temps, mais j'aimerais vous demander si, en général, vous êtes de cet avis et si vous êtes en mesure de proposer des moyens de régler le problème.
Pour enchaîner avec ma deuxième question, qui se rapporte également à la première, je pense que beaucoup de gens voient les choses du même oeil et veulent une réglementation plus stricte. Monsieur Lamoureux, pensez-vous que la loi devrait imposer une limite pour ce qui est du financement en capitaux propres des caisses de retraite, ou que des règlements du genre devraient être adoptés?
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Quand on parle d'investissement, on parle forcément de volatilité. Peu importe dans quoi vous investissez, que ce soit l'immobilier, les actions ou les obligations, il y aura de la volatilité, à différents degrés. Il est clair que les actions sont soumises à une plus grande volatilité que d'autres instruments, comme par exemple les fonds à revenu fixe, mais même ces derniers se sont révélés très volatiles au cours des dernières années.
C'est malheureux, mais en même temps avantageux. Voilà comment vous arrivez à faire de l'argent la plupart du temps — vous êtes récompensés pour la volatilité. En général, lorsque les gens investissent, ils veulent être rétribués pour le risque auquel ils s'exposent. Il faut faire très attention. Limiter le pourcentage d'actions dans lesquelles peuvent investir les caisses de retraite peut sembler la bonne chose à faire aujourd'hui, mais à long terme, il ne faut pas oublier que les actions ont donné un bien meilleur rendement que les fonds à revenu fixe. Je pense qu'il est possible de recourir à d'autres outils, comme celui mentionné par Siim, pour régulariser la valeur de l'actif. Je suis surpris qu'il n'ait pas recommandé de lever de 10 p. 100 la limite imposée aux surplus des caisses de retraite, de la fixer beaucoup plus haut. Si nous avions agi de la sorte dans les années 1990, je pense que bon nombre de caisses de retraite ne connaîtraient pas les difficultés auxquelles elles se butent aujourd'hui.
Aux États-Unis, où les surplus ne sont pas limités, une caisse de retraite comme celle de GM s'en sort bien. À son point culminant, l'actif représentait 175 p. 100 du passif. Lorsqu'une limite de 10 p. 100 vous est imposée, il est impossible de gérer un régime de retraite. Il faut une marge beaucoup plus importante. Je ne limiterais pas les investissements en actions que peuvent faire les caisses de retraite ni les autres types d'investissements, et je laisserais à chaque conseil d'administration la liberté de décider ce qui lui convient le mieux.
Dans le contexte actuel, si on parle d'augmenter les régimes universels de pension, comme par exemple le RPC, qui versent aux bénéficiaires 70 p. 100 du revenu qu'ils gagnaient avant leur retraite, et d'assumer un pourcentage plus élevé de ces revenus, les cotisations seraient de 19 p. 100 environ, c'est-à-dire que la part de l'employeur serait de 9 p. 100 et celle de l'employé, de 10 p. 100.
Ces données sont en réalité meilleures que celles calculées pour les enseignants. C'est parce qu'un vaste régime comptera, bien entendu, un nombre beaucoup plus élevé de cotisants, tout particulièrement si les gens sont contraints d'y adhérer. Le but ultime serait de verser aux bénéficiaires 70 p. 100 des revenus qu'ils gagnaient avant leur retraite, jusqu'à concurrence d'environ 160 000 $. Bon nombre d'éléments entrent en jeu lorsqu'il s'agit de fixer véritablement le taux des cotisations, mais voilà en gros à quoi ça ressemblerait.
Notre équipe peut compter sur les services de Bernard Dussault, ancien actuaire en chef du RPC qui nous appuie bénévolement et en qui j'ai une confiance absolue. Il me dit que si nous avions fait les choses correctement dès le départ, les coûts auraient été de 15 p. 100, partagés entre l'employeur et l'employé.
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Merci, monsieur le président, et merci à tous nos estimés invités d'aujourd'hui. Comme en témoigne la passion avec laquelle M. Lamoureux parle de ce dossier, on voit que la question a suscité beaucoup d'intérêt partout au pays, et le contraire m'aurait étonné. J'ai parlé à M. Lamoureux à plusieurs reprises, et je sais qu'il connaît bien son domaine.
Je tiens à rappeler aux personnes présentes à cette table que les régimes de retraite privés assujettis à la réglementation fédérale ne comptent que pour 7 p. 100 de l'ensemble des régimes de retraite canadiens. Comme je l'ai constaté dans le cadre de mes consultations, c'est assez facile pour les gens d'examiner la question dans une perspective plus large, mais nous devons nous pencher sur les régimes assujettis à la réglementation fédérale, qui représentent en fait 12 p. 100 des actifs.
Quelques présentateurs aujourd'hui ont parlé d'équilibre, et c'est le défi que nous allons devoir relever, c'est-à-dire essayer d'établir un équilibre. En tant que membres du Parlement, nous représentons les Canadiens ordinaires, et ce qui nous préoccupe, c'est que l'on a promis à des Canadiens qui ont travaillé pendant 35 ou 40 ans qu'il y aurait des prestations pour eux au moment de leur retraite. Ces gens que nous avons entendus et qui ont assisté à nos réunions sont, franchement, très inquiets. C'est une inquiétude qu'expriment nos électeurs, et c'est pourquoi nous vous avons demandé de venir nous rencontrer.
Pour ce qui est des promoteurs de régimes de pension, il faut aussi se rappeler qu'en 1992 nous faisions face à un problème de solvabilité presque identique à celui d'aujourd'hui. Au début des années 2000, on envisageait en fait d'éliminer la limite de l'excédent de 110 p. 100, et maintenant, nous nous trouvons de nouveau devant un problème de solvabilité, si je puis dire.
Monsieur Lamoureux, vous avez parlé de la possibilité d'établir une caisse distincte. Serait-il mieux de considérer cette possibilité comme une solution qui permettrait aux promoteurs de se préparer en vue de l'inévitable? Nous faisons face à un problème de solvabilité en ce moment, et je vous garantis que nous aurons de nouveau un excédent dans quelques années — je ne ferai pas de prédiction quant au moment où cela pourrait se produire. Ou aurions-nous intérêt à examiner nos règles fiscales et à permettre aux promoteurs d'accumuler un excédent déductible plus important pour qu'ils puissent se préparer en vue d'un repli qui risque bel et bien de se produire?
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Il va de soi que l'idéal serait d'augmenter l'excédent maximum qu'il est possible d'accumuler dans un régime de pension, et même de n'avoir aucune limite, comme aux États-Unis. Je sais que certains régimes de pension ont bénéficié d'une exemption relativement à la limite de 10 p. 100 — j'ai en fait participé aux travaux en vue d'établir cette exemption. Je pense qu'il s'agit plutôt de 25 p. 100 pour ces régimes. Mais dans 25 p. 100, la volatilité est telle — et on pouvait le prédire il y a 20 ans — qu'il y a de bonnes années et de mauvaises années.
Vous l'avez dit clairement: la compétence du gouvernement fédéral est limitée. Mais sous de nombreuses instances, si un employeur veut retirer l'excédent d'un régime de pension, ou s'il vend une partie de son entreprise, il doit faire sa part pour éponger le déficit. Donc, si vous êtes un employeur, cette situation ne vous incite certainement pas à mettre plus d'argent dans un plan de pension que le montant que vous devez mettre, parce que, au fond, s'il y a un déficit, vous allez devoir en mettre plus, mais s'il y a un excédent, vous ne serez pas en mesure d'en profiter. Pour ce qui est de l'idée d'établir une caisse distincte, il faudrait préciser clairement que son rôle serait de garantir la caisse de retraite, mais il serait plus ou moins possible de retirer cet argent... Il pourrait y avoir des règles prévoyant que, si vous avez un excédent de 10 ou 20 p. 100, vous pouvez en retirer une partie. Ou si un employeur connaît des difficultés, il pourrait peut-être demander de retirer une partie de cet argent sans avoir à le partager avec les employés et sans avoir à leur demander de permission.
En fait, c'est que beaucoup d'employeurs dans les années 1990... Je connais très bien le régime de pension. Nous l'avons essentiellement géré sans excédent parce que nous faisions beaucoup de transactions. Le danger réside dans le fait que, si chaque fois que vous faites une transaction et qu'il y a un excédent vous devez le partager, cela ne vous incite pas, en tant qu'employeur, à avoir un excédent. Il faut donc trouver des moyens de susciter l'intérêt de l'employeur.
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Non, mais tout le monde en parle. Je suppose donc que ça progresse.
Pour ce qui est de l'importance de tenir un sommet sur la retraite — et je suis persuadée qu'il va y en avoir un bientôt — les gens à la table seraient ceux qui peuvent faire les changements nécessaires. Ce ne serait donc pas une discussion à laquelle tout le monde participerait. Les ministres des Finances qui ont bel et bien le pouvoir de faire des changements dans ce domaine prendraient place à la table.
Il devrait aussi y avoir des représentants qui peuvent parler au nom des retraités et des participants aux régimes de pension. Nous avons entendu parler aujourd'hui de choses qui, dans le passé, nous ont conduits là où nous sommes maintenant; par exemple, des représentants d'employeurs qui disent que nous devons changer les règles sans demander le consentement des participants aux régimes de pension ni solliciter leur participation parce que ce serait trop difficile et que les participants en auraient beaucoup trop à apprendre. Commençons à leur enseigner maintenant. Actuellement, les gens savent très bien quels sont les enjeux. Ce n'est pas si difficile. Bien que les spécialistes de la retraite disent que c'est un domaine incompréhensible, c'est simplement de l'arithmétique. Si vous retirez de l'argent en période de prospérité, vous allez avoir des problèmes en période de crise. C'est aussi simple que cela, et c'est ce qui se passe en ce moment.
C'est le genre de changements dont nous avons besoin pour rétablir l'équilibre entre les droits et les intérêts et pour faire en sorte que nos régimes de retraite soient beaucoup plus stables et vigoureux pour les mauvais jours.
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Merci. C'est aussi le thème central qu'a abordé M. Lamoureux lorsqu'il a dit que, si vous dites quelque chose qui n'est pas conforme à la tendance actuelle pendant une période prospère, par exemple que vous devriez être prudent et économiser pour les temps difficiles, on rejette vos propos. Ce qui m'amène à parler de l'exposé de M. Kolivakis.
Leo, j'ai eu le grand plaisir de vous rencontrer à plusieurs reprises au cours des deux dernières années. Je tiens à dire en toute sincérité que l'analyse que vous nous avez présentée aujourd'hui devrait constituer une lecture obligatoire pour quiconque veut comprendre ce qui a mal tourné relativement à nos régimes de retraite. Je peux aussi dire que vous vous trouvez un peu dans la même position que l'ingénieur qui a rédigé un document très critique avant l'écrasement de la deuxième navette spatiale en 2003, dans lequel il prédisait exactement pourquoi l'écrasement aurait lieu si certains changements n'étaient pas apportés; et lorsque l'écrasement s'est produit, l'ingénieur a été sévèrement critiqué pour avoir rédigé cette note, même si tout ce qu'il y disait était correct. C'est une maigre consolation pour cet ingénieur et pour vous de savoir que les prédictions que vous avez faites et l'analyse que vous avez présentée, aussi bien dans votre blog que dans les documents que vous avez rédigés, se sont toutes avérées. Tout ce qui s'est produit au cours des huit derniers mois, vous l'aviez prédit exactement pour ces raisons. Les Canadiens devraient prendre note du fait qu'au moins une personne au Canada suit le dossier. Vous n'avez pas été très populaire aux yeux de personnes à qui vous avez fait ces prédictions, et je trouve cela regrettable.
J'aimerais revenir à votre présentation et vous demander d'analyser la situation d'Investissements PSP. Comme vous l'avez correctement souligné, les cadres supérieurs aiment se verser des primes. Et cette année ne fait pas exception à la règle. Ils aimeraient quand même se verser des primes malgré le fait qu'ils aient perdu des milliards et des milliards de dollars. Et pour essayer de nous convaincre qu'ils devraient recevoir une prime cette fois-ci, ils vont nous dire de regarder leurs résultats pour une période renouvelable de quatre ans et de ne pas tenir compte uniquement de l'année dernière.
Compte tenu de tout ce que vous savez — et vous êtes l'un des grands spécialistes du domaine au Canada — que devraient faire, à votre avis, les cadres supérieurs d'Investissements PSP cette année? Pensez-vous qu'ils devraient se verser des primes à même l'argent de ces économies?
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Concernant ce dernier point, j'aimerais revenir au cas...
[Français]
Je veux vous poser la question en français, un peu à la lumière de la question de M. Laforest. Est-ce qu'une partie du problème, celui de la taille des pertes à la Caisse de dépôt et placement du Québec, n'est pas due au fait que le gouvernement a proposé à l'Assemblée nationale un changement législatif qui a fait que, dorénavant, la seule et unique considération allait être le rendement? On s'est permis, pour l'amour de 0,17 p. 100 d'intérêt...
Le président: Posez votre question, s'il-vous-plaît.
M. Thomas Mulcair: ..., de chercher à obtenir un meilleur rendement, et au moment où on avait besoin de liquidités, on n'en avait pas parce que tout était investi dans les papiers commerciaux adossés à des actifs.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins, car cette audience est très intéressante.
L'une des choses que j'ai entendues jusqu'à maintenant — et ce n'est pas la première fois que nous l'entendons, car chaque fois que quelqu'un comparaît devant nous, c'est ce qui ressort —, c'est qu'il est tout à fait normal que l'on doive subir ces pertes, parce qu'on peut s'y attendre. Personne ne semble assumer la responsabilité de ce qui s'est passé ou de ce qui aurait pu être fait pour prévenir cette situation. Je l'ai entendu encore aujourd'hui: à long terme, il y aura des baisses et des hausses.
Alors à quoi nous servent les experts? Je suppose que c'est là la question, et je peux la poser à deux ou trois des témoins. Parce que si, à long terme — monsieur Lamoureux, je crois que vous avez dit sur 30 ans —, j'investis dans le marché boursier et que j'obtiens un taux plus élevé, ça va. Pourquoi aurais-je besoin d'experts lorsque je rencontre des difficultés, comme M. Leo Kolivakis vient tout juste de le faire observer? Je ne peux faire confiance aux experts.
Monsieur Vanaselja, je crois que votre organisation a notamment recommandé que chaque établissement produise chaque année un rapport d'évaluation actuarielle. Comment peut-on gérer ses activités sans ce type d'évaluation? Comment gère-t-on un régime de retraite si on ne fournit pas de renseignements financiers à ses participants? Devons-nous légiférer ce type de mesure? Pourquoi êtes-vous payé exactement? C'est ça que je ne comprends pas.
Je crois que vous êtes chanceux que nous blâmions la crise mondiale. Il n'existe aucune obligation de rendre compte. Certaines des suggestions sont bonnes, mais par quoi commençons-nous? Comment réglons-nous ce problème? Je veux dire, ça n'a aucun sens. Je ne peux pas accepter que les gens qui siègent aux conseils de direction cherchent uniquement à se mettre de l'argent dans les poches. Je ne peux pas l'accepter. On ne peut pas partir de cette hypothèse, alors comment réglons-nous ce problème?
S'il y a un point sur lequel je ne suis pas d'accord avec M. Kolivakis, c'est sur le fait que les conseils de direction pourraient peut-être se passer des experts. Joe le plombier pourrait peut-être siéger au conseil, parce que vous savez quoi? Il se contenterait peut-être d'investir dans un contrat de placement garanti, étant donné qu'il ne possède pas l'expertise nécessaire pour acheter du papier commercial adossé à des actifs ou d'autres instruments dérivés et toutes ces autres choses que vous les experts, vous les soi-disant experts — pas vous, mais vos organisations — achètent.
Est-ce que M. Lamoureux pourrait commenter cela, et peut-être Mme Eng? Monsieur le président, si vous pouviez limiter le temps, ce serait apprécié.
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Bonjour, madame, messieurs.
Le sujet dont on traite est vraiment essentiel pour l'ensemble de la population. On parle de régimes de retraite. Des employés qui ont travaillé toute leur vie et qui s'attendent à recevoir des prestations de retraite pourraient voir celles-ci disparaître du jour au lendemain. On peut constater ce qui se passe actuellement dans les entreprises du secteur de l'automobile, qui était auparavant un marché assez sûr. Les gens se demandent si leur entreprise va leur verser leur pension. Cette situation est assez problématique et très inquiétante pour la population.
Je voudrais adresser ma première question à Mme Eng, qui représente l'ensemble des retraités du pays.
Vous parlez de protéger les bénéficiaires et vous faites à ce sujet des suggestions qui me semblent très aléatoires et incertaines en termes d'efficacité. Dans votre deuxième recommandation, vous parlez d'accorder un accès universel à des prestations au tiers des Canadiens, environ. Il s'agit ici de gens qui n'auraient pas réussi à mettre de côté suffisamment d'argent avant leur retraite. Je trouve l'idée assez particulière.
Comment pourrait-on déterminer qui bénéficierait d'un accès universel? Ne devrait-on pas recommander que l'ensemble des employés reçoivent du gouvernement une pension universelle plus élevée, plutôt que de demander par la suite au gouvernement de réparer les dommages causés par des entreprises n'ayant pas rempli correctement leurs obligations?
Je pense que l'un des risques les plus importants auxquels les pensionnés font face aujourd'hui se pose lorsque le régime de retraite expire, ou à sa liquidation. Aujourd'hui, aucun engagement de paiement n'est créé entre les retraités, les employés et l'entreprise souscriptrice. Ce que nous proposons, c'est que lorsque la compagnie met fin à son régime, une obligation de paiement soit créée en vertu de laquelle la compagnie souscriptrice serait tenue de financer les obligations liées à la retraite, soit d'un seul coup ou sur une période de cinq ans. Nous aimerions trouver un équilibre entre cette proposition, qui améliorerait la sécurité des prestations pour les employés, et la possibilité de prolonger de 5 à 10 ans la période accordée pour combler les déficits de solvabilité, tout en reconnaissant le caractère à long terme de ces obligations, et en tenant compte de la réalité, à savoir que presque toutes les compagnies sont des entités en activité. Nav Canada, Bell Canada, et un grand nombre des membres que nous représentons, comme Bell Canada, existent depuis plus de 100 ans, et existeront encore, nous l'espérons, dans 100 ans d'ici. Si nous pouvons protéger les employés au moment où un régime cesse d'exister ou est liquidé, nous croyons qu'il serait juste de prolonger le délai accordé pour le financement.
De plus, si l'on considère que la valeur d'une compagnie en activité permet un financement sur 15 ans, il nous semble qu'il serait très pénalisant de n'accorder qu'un délai de 5 ans pour combler un déficit de solvabilité.
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Monsieur le président, lorsqu'on parle de développement durable, on a tendance à penser tout de suite en termes d'environnement. En fait, le développement durable, c'est l'obligation qu'on a de réfléchir à l'effet que chacune des décisions du gouvernement aura sur les générations futures.
Au cours des deux dernières années, on a vu que deux secteurs principaux de notre économie, le secteur forestier et le secteur manufacturier, ont été vidés. Il s'agit d'un débat politique. Pour notre part, nous disons que c'est à cause des mauvais choix des conservateurs, qui ont octroyé des baisses d'impôt mur à mur. Par définition, si une compagnie ne faisait pas de profits dans le secteur manufacturier ou forestier, elle ne recevait rien de cela. Ainsi, les avantages sont allés aux compagnies les plus profitables, soit les banques ou les pétrolières.
Un des effets de cela, c'est qu'avant la crise actuelle, on avait déjà perdu plus de 350 000 emplois dans les secteurs manufacturier et forestier. Il s'agissait d'emplois bien rémunérés qui, de surcroît, offraient souvent une pension de retraite. Pendant plusieurs mois, le gouvernement se contentait de dire aux gens de ne pas s'inquiéter parce qu'on remplaçait ces emplois par d'autres. Sauf que si vous voulez avoir une image palpable de cela, regardez ce qu'était l'usine de GM à Boisbriand, qui a été remplacée par un de ces centres d'achats à n'en plus finir. Je n'enlève à personne le droit de travailler dans ces boutiques, mais si on gagne 12 $ de l'heure à vendre des vêtements, on n'a pas de pension de retraite et on peut à peine s'occuper de sa famille.
Madame Eng ou monsieur Lamoureux, avez-vous eu l'occasion d'examiner l'effet à long terme de ce changement structurel dans notre société? On est en train de perdre des centaines de milliers d'emplois bien rémunérés dans des secteurs où on avait des pensions de retraite et de les remplacer par des emplois moins bien rémunérés, sans pension de retraite, surtout dans le secteur des services tels que les centres commerciaux.