Conformément à l'article 108(2) du Règlement, nous réalisons une étude sur la santé maternelle et infantile. Le 12 avril 2010, le Comité permanent de la condition féminine a adopté à l'unanimité la motion suivante en vue d'entreprendre une étude sur la santé maternelle et infantile:
Que le comité étudie la santé maternelle et la santé infantile, suite à l'annonce du gouvernement de faire de sa stratégie sur la santé maternelle et la santé infantile une priorité, lors de la tenue du G-8 au mois de juin dont le Canada sera l'hôte, pourvu que ce soit terminé avant la fin de mai.
C'est pour cela que nous effectuons l'étude maintenant: pour pouvoir la terminer et présenter notre rapport avant la fin du mois de mai.
Nous tiendrons quatre séances sur le sujet. Au cours des deux premières, nous accueillerons des organismes non gouvernementaux et des coalitions se spécialisant dans les questions liées au développement et à la santé des mères et des enfants.
Aujourd'hui, nous recevons trois groupes de témoins. Nous avons parmi nous la Dre Dorothy Shaw, porte-parole canadienne du Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l'enfant; Janet Hatcher Roberts, directrice générale de la Société canadienne de santé internationale; et Jill Wilkinson, présidente de Women Deliver.
Je vous souhaite la bienvenue et vous remercie d'avoir pris le temps de comparaître devant nous pour faire un exposé et répondre aux questions que tous, bien sûr, vous poseront.
Chacun de vos groupes dispose de 10 minutes pour prononcer une allocution. Je vous donnerai un avertissement lorsqu'il vous restera deux minutes. Ensuite, nous passerons aux séries de questions et réponses. Je crois que nous pourrons peut-être effectuer deux tours de table, mais nous verrons.
L'ordre de présentation des déclarations des témoins suivra celui où ils apparaissent dans l'ordre du jour. Nous allons donc commencer par la Dre Dorothy Shaw, du Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l'enfant.
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Bon après-midi à tous, madame la présidente, docteure Fry, et membres du comité. Merci de m'avoir donné l'occasion de vous rencontrer.
Je parlerai en anglais, parce que ce sera plus facile pour moi d'expliquer ces choses très importantes.
[Traduction]
Le Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l'enfant, ou PMNCH, est basé à Genève. Il regroupe 300 organisations, y compris L'ONU, avec ses quatre partenaires de la santé, ou « H4 »; des professionnels de la santé; des universitaires; des donateurs et des organismes de financement. Le Partenariat relève de l'OMS, et durant les six prochaines années, il aura pour objectif que toute grossesse soit voulue, que toute naissance soit sécuritaire, que tout nouveau-né ou enfant soit en santé, et qu'on sauve la vie de plus de 10 millions de femmes et d'enfants d'ici 2015.
La diapositive suivante, que vous devez avoir devant vous, vous donne certaines statistiques sur la situation dans le monde. Je ne vais pas vous les lire toutes, mais j'aimerais attirer votre attention sur le fait que ce chiffre de 536 000 décès maternels est une estimation, car c'est la donnée la plus récente de l'ONU dont nous disposons. D'après un article publié récemment dans The Lancet, ce chiffre pourrait être de 342 900. En fait, ce serait un heureux progrès, compte tenu de tous les efforts qu'on a déployés au chapitre de la santé maternelle, surtout ces dernières années. Nous espérions assister à un certain progrès. Le fait est que chaque année, des centaines de milliers de femmes continuent de mourir de causes évitables.
J'espère que vous connaissez bien les Objectifs de développement du Millénaire. Je ne prendrai pas le temps d'en exposer les détails, si ce n'est pour vous dire que les objectifs accusant le plus de retard sont les 4e et 5e objectifs, mais particulièrement le 5e, qui concerne l'amélioration de la santé maternelle. Le nombre de décès infantiles a été réduit à moins de 10 millions, ce qui reste un chiffre énorme, et actuellement, le gros de ces décès est concentré au cours de la période néonatale.
L'Objectif 6, soit la lutte au VIH-sida, au paludisme et à d'autres maladies, est bien entendu fortement intégré aux initiatives que nous devons mettre en oeuvre pour sauver la vie des femmes et des enfants dans le monde.
À la page suivante, il y a une autre carte; j'espère que vous l'avez en couleur. Non? Bon, je suis désolée. S'il n'y a pas de couleur, il est un peu difficile de voir. Ce que cela vous indique, en somme, c'est que nous avons maintenant les données les plus récentes en ce qui concerne les enfants. Celles-ci seront publiées plus tard selon les profils des différents pays lors de la réunion du compte à rebours. Jill Sheffield pourra vous en dire davantage là-dessus tout à l'heure. Nous attendons toujours les données à jour sur la situation au chapitre de la santé maternelle, mais ces cartes vous indiquent que pour l'Objectif 4, les progrès ont été faibles en Afrique et insuffisants en Asie; et pour l'Objectif 5, durant la dernière année pour laquelle nous avons des données, nous voyons que les décès maternels ont continué d'être un problème très répandu en Afrique et en Asie.
L'autre chose qu'il importe vraiment de se rappeler, c'est que, bien qu'on puisse penser que ces chiffres sur les décès ne sont pas significatifs par rapport à l'ensemble des décès maternels, du point de vue des chiffres, sachez que pour chaque femme qui meurt — et cela mérite d'être pris en compte lorsque nous nous mettons à réfléchir aux interventions efficaces que nous pourrions offrir —, il y a environ 20 ou 30 femmes dont la vie est sérieusement menacée par des problèmes comme la fistule obstétricale. Je vous l'expliquerai volontiers tout à l'heure.
Le graphique suivant, à la page 6, vous présente différemment les chiffres relatifs à la mortalité infantile pour les Objectifs 4 et 5. Nous savons que dans l'ensemble des régions, il y a eu des réussites significatives sur le plan de la réduction de la mortalité chez les enfants de moins de 5 ans, et que dans de nombreuses régions, cette réduction a été supérieure à 50 p. 100. Mais en Afrique subsaharienne, en Asie du Sud et en Océanie, les taux régionaux diminuent bien plus lentement. Les taux de mortalité maternelle, qu'on ne doit pas confondre avec le nombre de femmes qui décèdent — il s'agit du nombre de décès par 100 000 naissances vivantes — baissent lentement dans les diverses régions, à quelques exceptions près.
Je crois qu'il importe également de savoir que lorsque nous examinons les causes de la mortalité infantile dans le monde et ces 8,8 millions de décès d'enfants chaque année, nous comprenons pourquoi ils ont lieu. Cela dépend fortement de la santé de la mère. Encore une fois, nous parlons des enfants de moins de cinq ans. Parmi ces décès, 41 p. 100 surviennent au cours de la période néonatale, c'est-à-dire le premier mois de vie. Là-dessus, nous savons que la grande majorité des décès auront lieu au cours de la semaine suivant la naissance. On s'attaque donc au problème par la prestation de soins obstétriques d'urgence aux nouveau-nés administrés par des accoucheuses qualifiées. C'est pour cette raison qu'il est particulièrement important de concentrer les interventions sur ce groupe particulier. Nous savons que sur ces décès infantiles, 42 p. 100 sont attribuables à la pneumonie, à la diarrhée et à la malaria, et que la sous-nutrition explique jusqu'à un tiers des décès d'enfants de moins de cinq ans. L'une des choses que nous avons apprises avec le temps, c'est qu'il y a d'importantes variations entre les régions et les pays, et cela devient encore plus évident une fois que nous disposons des données de profil des pays. Donc, il est très important que les pays aient leurs propres données, idéalement fournies par eux, pour qu'on puisse déterminer leurs priorités d'action.
Voyons maintenant la diapositive suivante. Elle concerne encore une fois les dernières données du compte à rebours et porte sur les pays dont les taux de mortalité sont plus faibles, de même que sur ceux ayant les plus hauts taux de mortalité. Vous remarquerez que, parmi les 10 pays ayant obtenu les meilleurs résultats, selon les dernières données publiées — nous n'aurons pas les nouvelles données avant le mois de juin —, sept d'entre eux ont enregistré des taux de mortalité maternelle supérieurs à 100. Un taux supérieur à 100 est considéré élevé; lorsqu'il dépasse 500, il est jugé très élevé, et quand il franchit la barre des 1 000 sur 100 000, le taux est extrêmement élevé. Les solutions et mesures qu'il faudra adopter varieront en fonction des taux de mortalité maternelle et des causes de décès des femmes durant la grossesse ou à l'accouchement.
À la page 9, le diagramme circulaire présente les causes de mortalité maternelle lors de l'accouchement. Nous savons que l'hémorragie post-partum demeure la cause de décès la plus courante, et d'après les données mises à jour cette année, la situation est peu susceptible de changer. Les décès maternels résultant de causes obstétricales qui viennent ensuite sont les problèmes d'hypertension et de tension artérielle liés à la grossesse, les avortements non sécuritaires et l'infection. On a ensuite ce que nous appelons les causes indirectes de mortalité maternelle, qui incluent des problèmes comme le VIH-sida, la malaria et les maladies cardiaques. En somme, nous savons que les trois principales causes de décès maternel sont l'hémorragie, la tension artérielle élevée et les causes indirectes, et qu'elles représentent environ 70 p. 100 des décès.
À la diapositive suivante, la 10e, vous verrez que cette illustration des déficiences dans la couverture sur le continuum des soins est très révélatrice, et vous pourrez observer une grande variation entre les niveaux qu'atteignent les différentes barres du graphique. Comme vous pouvez le voir, il y a là des possibilités pour nous, avec cette initiative du G-8 menée par le Canada, de changer vraiment les choses en ce qui a trait à la santé des mères et des nouveau-nés.
L'utilisation de méthodes contraceptives constitue un domaine où il y a de véritables possibilités. Quant aux accouchements assistés par du personnel de santé qualifié... Nous savons que, sur le globe, 40 p. 100 des femmes accouchent en l'absence d'accoucheurs qualifiés, et que dans bien des pays d'Afrique, ce taux est encore plus élevé. En Éthiopie, le taux demeure supérieur à 90 p. 100. L'allaitement exclusif post-natal... Vous pouvez voir où il y a de nombreuses possibilités.
La diapositive 11 rappelle que l'OMD 5 a aussi trait à l'accès universel à la santé reproductive, et que la planification familiale est très importante pour prévenir la mortalité maternelle. Nous savons en fait que les besoins non satisfaits en matière de planification familiale, surtout chez les femmes mariées, touchent 215 millions de femmes.
J'aimerais maintenant m'attarder sur le rôle de la nutrition, qui a été cité dans les médias comme un moyen très important de sauver les vies des femmes et des enfants. En fait, il importe de reconnaître que la nutrition des mères est essentielle à la santé des nouveau-nés et des enfants, car la sous-nutrition est en cause dans le tiers des cas de mortalité infantile. Toutefois, à ce stade-ci, rien n'indique que s'attaquer au problème de la sous-nutrition chez les femmes contribuera à réduire la mortalité maternelle. Comme je l'ai dit, ce qui tue les femmes, c'est l'hémorragie.
Les interventions nécessaires pour sauver la vie des mères, des nouveau-nés et des enfants sont exposées à la diapositive 13. Je tiens à souligner le caractère essentiel de l'engagement communautaire. Nous parlons d'un continuum de soins appuyant les plans de santé mis en oeuvre au niveau national. Les pays doivent donc déterminer leurs priorités.
La diapositive 14 est une démonstration des plateformes — à commencer par la famille et la communauté —, qui sont constituées pour offrir des mesures intégrées axées sur la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants. Au moyen d'un engagement financier majeur, nous pouvons sauver et sauverons les vies de jusqu'à un million de femmes qui décèdent des suites de complications durant la grossesse ou à l'accouchement. Voyez ici les autres vies que nous sauverons: 4,5 millions de nouveau-nés, 6,5 millions d'enfants et 1,5 million de cas de mortinaissances. En outre, il y aura une baisse significative du nombre de grossesses non voulues et d'avortements non sécuritaires dans le monde. Nous pourrions combler de manière définitive les besoins non satisfaits en services de planification familiale. Il faudra pour cela que 50 millions de couples supplémentaires utilisent des méthodes modernes de planification familiale, et que 234 millions de naissances de plus aient lieu dans des établissements de soins.
Qu'est-ce que cela coûtera? Pour le G-8, il faudra doubler l'aide bilatérale totale et augmenter de manière appropriée l'aide multilatérale. Le partenariat ne prend pas position sur le mécanisme de financement, sauf pour dire qu'un nouveau mécanisme ne serait pas recommandé.
Je veux mentionner qu'ici même, au Canada, nous éprouvons des problèmes sur le plan des taux de mortalité foetale et infantile. En fait, en 2004, au Canada, le taux de mortalité infantile était près de deux fois plus élevé au sein des peuples des premières nations, avec 9,8 naissances vivantes sur 1 000 pour les nouveau-nés de moins de un mois, par rapport à 5,1 sur 1 000 pour la population dans son ensemble. Pour ce qui est des décès de nouveau-nés ayant entre un mois et un an, ils atteignent plus du triple du taux national. L'ennui, avec les statistiques de mortalité et de morbidité chez les populations autochtones et inuites canadiennes, c'est qu'il est très difficile d'en assurer le suivi. Je serai heureuse d'en discuter en plus grand détail avec vous.
La diapositive suivante montre que le Canada a fait des progrès alors même que la situation économique du pays n'était pas rose.
La prochaine diapositive vous donne davantage de précisions sur les niveaux de couverture médians pour les interventions visées par le compte à rebours, d'après le rapport de cette année. On y indique qu'un peu plus de la moitié des femmes ont pu compter sur du personnel d'accouchement qualifié.
La diapo suivante cite l'exemple — il y en a beaucoup — de la manière dont la Thaïlande a fait appel à des accoucheuses, en commençant par la présence de sages-femmes certifiées dans les villages, pour réduire son taux de mortalité maternelle.
La responsabilité est essentielle. Certains principes sont énumérés dans la diapositive suivante. Tous les engagements en matière de développement doivent être axés sur des résultats et accompagnés d'objectifs précis et mesurables. Les engagements devraient être limités dans le temps et comporter clairement des dates de début et de fin. Ils devraient indiquer explicitement si le financement est déjà compris dans les engagements antérieurs, ou s'il vient s'ajouter à ceux-ci. Ils devraient aussi mentionner clairement le niveau de la contribution de chaque donateur et pays partenaire.
La diapositive 24 résume l'essentiel: la présence d'accoucheurs qualifiés à la naissance sauvera les mères et les bébés.
Je m'arrête ici.
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Merci. C'est un privilège, pour la Société canadienne de santé internationale, d'être présente ici.
Nous sommes un organisme non gouvernemental oeuvrant pour renforcer les réseaux de santé publique. J'ai pour ma part travaillé et échangé des communications avec des ministres de la santé, de l'éducation, de la famille et de la jeunesse, ainsi qu'avec des ONG et des chercheurs de plus de 35 pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire. J'ai eu la chance de voir des systèmes de santé à l'oeuvre et de constater l'importance des interactions entre les ministères.
J'aimerais d'abord faire deux remarques concernant le contexte politique, puis je parlerai des systèmes de santé en ajoutant quelques observations à celles formulées par la Dre Shaw.
Comme vous le savez, en juillet 2009, en Italie, les chefs d'État du G-8 ont convenu que la santé maternelle et infantile était l'un des problèmes de santé les plus pressants dans le monde. Ils se sont donc engagés à accélérer les progrès réalisés au chapitre de la santé maternelle, y compris les soins et services liés à la fonction reproductrice et à la planification familiale volontaire. Les chefs d'État ont également annoncé, comme la Dre Shaw l'a mentionné, un soutien visant la création d'un consensus mondial pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l'enfant en tant que moyen d'accélérer les progrès relatifs aux OMD — Objectifs du Millénaire pour le développement — concernant la santé maternelle et infantile.
En juin 2009, au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies, le Canada a coparrainé une résolution historique reconnaissant la morbidité et la mortalité chez les mères comme une urgente question de droits de la personne.
Je vais vous parler plus en détail des systèmes de santé. Ainsi que nous l'avons déjà dit, la majorité des décès maternels pourraient facilement être évités. Nous avons assisté à de formidables progrès sur ce plan au Canada, même s'il existe quelques iniquités. L'écart entre les pays riches et les pays pauvres est scandaleusement profond. Au Canada, par exemple, le risque de décès maternel sur la vie entière est de un sur 11 000, alors qu'en Éthiopie, ce risque est de un sur 27. En Angola et au Libéria, ce risque est de un sur 12, et au Niger, de un sur sept.
Sur les 10 millions de femmes ayant perdu la vie au cours d'une grossesse ou d'un accouchement depuis 1990, les trois quarts de ces décès étaient évitables, surtout là où ils se sont produits, en Afrique et en Asie du Sud. Des millions d'autres femmes sont restées avec des blessures ou des maladies invalidantes en conséquence de soins de santé déficients lors de leur accouchement.
Une nouvelle étude publiée en mars 2010 par le Fonds des Nations Unies pour la population, ou FNUAP, et l'Institut Guttmacher conclut qu'environ 70 p. 100 des décès maternels dans le monde pourraient être évités grâce à un montant de 13 milliards de dollars. Cela fait 4,50 $ par personne, par année. Ce n'est pas un montant très élevé.
La Dre Shaw a mentionné certaines des lacunes dans les soins. Parmi les 123 millions de femmes du monde en développement qui ont donné naissance dans un établissement de soins de santé et qui avaient besoin de soins, 62 millions ont reçu ces soins. Et sur les 5,5 millions de femmes qui avaient besoin de soins pour une hémorragie et des saignements, 1,4 million ont pu en bénéficier. Vous pouvez constater ces écarts considérables. Sur les 7,6 femmes dont l'arrêt de progression du travail — cela veut dire que le bébé arrive difficilement à sortir — nécessitait des soins, 1,8 d'entre elles y ont effectivement eu droit. Les écarts dans les soins sont énormes.
On compte 215 millions de femmes qui souhaiteraient reporter ou éviter une grossesse, mais qui n'ont pas accès aux méthodes de contraception modernes. Une amélioration drastique dans l'accès à la planification familiale, ce qui comprend la contraception, réduirait radicalement le nombre de grossesses non désirées et imprévues. En soi, cela signifie qu'il y aurait moins de décès et de complications liés à la grossesse. Il a été démontré que l'accès à la planification familiale peut, à lui seul, prévenir jusqu'à un décès maternel sur trois en permettant aux femmes de retarder un accouchement.
Il ne s'agit pas seulement des services à offrir, mais aussi de la manière de les offrir. Et pour cela, nous devons passer par un système de santé viable et bien financé. Cela ne concerne pas uniquement la dimension des soins, les services et programmes dont vous avez entendu parler, qui sont d'une grande importance, mais le système de santé dans son ensemble.
Il y a ici une image illustrant en quoi consiste un système de santé — vous en recevrez tous une copie. Les services, les traitements et les programmes forment le système de soins de santé, mais celui-ci comporte de nombreux éléments. L'un d'entre eux est une vision d'équité et de juste distribution des ressources alliées à un leadership et à la viabilité. Cela a également à voir avec l'accès équitable, et non l'accès égal. Nous n'atteindrons jamais l'accès égal, mais nous pouvons avoir une distribution et une disponibilité plus justes des services de soins de santé.
Nous avons également besoin de systèmes d'information sur la santé. On l'oublie souvent, mais à moins de prévoir des fonds pour les systèmes d'information sur la santé lorsque nous finançons les programmes d'intervention pour la santé maternelle, nous ne saurons jamais comment nous nous tirons d'affaire. Nous devons donc nous assurer que ces systèmes d'information soient intégrés au système de santé, car cela fournit des données probantes pouvant éclairer la prise de décisions, en plus d'indiquer comment nous nous en tirons sur le plan de la qualité des soins.
Dans bien des pays à faible revenu, il y a une grande lacune quant à la capacité de planifier, de déterminer où devraient aller les ressources. La majorité des pays ont un système social décentralisé en éducation et en santé. Ces systèmes ont été décentralisés pratiquement du jour au lendemain en conséquence des exigences de la Banque mondiale et de leurs ajustements structurels, et ils ont une très faible capacité de planification. Par conséquent, les décisions d'investissements sont confiées à des personnes qui n'ont ni les données ni les capacités voulues, de sorte que l'attribution des ressources n'est pas fondée sur des données factuelles. Bien sûr, il est nécessaire que des professionnels bien formés — des infirmières, des docteurs, des sages-femmes, des travailleurs en santé communautaire — soient au bon endroit au bon moment et fassent ce qu'il faut faire. Mais nous devons aussi favoriser l'établissement d'un continuum de soins s'appuyant sur des soins de santé de base prenant en charge une large part de la santé maternelle et infantile; de bons soins aux nourrissons, des soins adéquats durant la grossesse et des soins obstétriques d'urgence. C'est essentiel. Sans un système de soins de santé de base — si l'on sabre dans celui-ci —, nous n'aurons pas de continuum de soins. C'est le point d'accès pour les mères et leurs enfants. Tout ce qui nécessite une intervention spécialisée pourra ainsi être pris en charge.
L'Afrique sub-saharienne est confrontée au plus grand des défis. Bien qu'elle compte pour 11 p. 100 de la population mondiale et 24 p. 100 de la charge mondiale de maladie, on y trouve seulement 3 p. 100 des travailleurs de soins de santé. En plus de l'élément des soins du système et de l'information en matière de santé, il est aussi important que la population participe aux décisions concernant la planification des soins de santé, comme c'est le cas ici au Canada. Les gens s'impliquent et font connaître leur point de vue. Les organismes non gouvernementaux doivent être dotés d'un financement afin de constituer cette capacité dans les communautés pour qu'on puisse commencer à comprendre quels sont les besoins, et où et comment ils sont nécessaires.
Enfin, il faut un système public transparent et responsable. La majorité des pays ont un système financé par l'État, et souvent, on y trouve aussi un système privé. Parfois, les médecins travaillent le matin dans le système public, et dans l'après-midi, ils vont dans le système privé. Donc, dans bon nombre de ces pays, si vous allez à la clinique dans l'après-midi, il n'y aura personne. C'est dû au fait que les médecins sont allés dans le système privé, parce qu'on ne les paye sans doute pas assez bien dans le système public. Cela démontre la nécessité d'un système public bien financé.
Un système de soins de santé repose sur deux piliers. L'un d'eux est les déterminants de la santé, dont vous avez probablement entendu parler: la pauvreté, l'éducation, la paix, et le genre. Ce sont là des facteurs qui contribuent à notre santé. En situation de paix, si le système n'évolue pas dans un environnement difficile, si l'on n'est pas pauvre, qu'on est bien éduqué et qu'on a un emploi, on tend à être plus en santé. Vous obtiendrez des copies de ces cartes qui montrent les iniquités absolument significatives et critiques dans la distribution de ces déterminants de la santé. Si vous regardez l'éducation, la pauvreté et la richesse, la mauvaise répartition est considérable.
Finalement, nous devons étudier les politiques qui ont un impact sur la santé. Cela ne s'arrête pas au ministère de la Santé. Il s'agit du ministère des Transports, de l'Environnement. Il s'agit de marchés, de main-d'oeuvre et de droits humains. Si nous collaborons avec le secteur des transports pour déterminer où iront les routes, nous pourrons établir des liens avec les systèmes de soins de santé de base et la prestation de soins valables. Si nous savons que l'environnement et la politique environnementale sont favorables à la santé, nous avons davantage de chances d'améliorer notre santé; alors nous devons considérer toutes ces politiques sous l'angle de la santé, mais plus particulièrement sous celui de la santé maternelle et infantile.
Enfin, le Canada a joué un rôle de leader en faisant la promotion d'une bonne gouvernance et d'une responsabilisation dans bien des secteurs, y compris celui de la santé, et nous croyons qu'il pourrait assumer une position de leader pour appuyer ces efforts liés à la santé maternelle et infantile.
Je suis navrée que vous n'ayez pas obtenu les diapositives, mais je suis certaine que vous les aurez plus tard et que vous pourrez aussi les voir en couleur. Je suis sûre que ce sera également le cas pour les vôtres, docteure Shaw.
Merci.
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Merci, madame la présidente, ainsi qu'à vous, mesdames et messieurs les membres du comité, de m'avoir invitée à comparaître cet après-midi pour vous parler de cette réalité qu'est l'accouchement des femmes. Les femmes mettent des enfants au monde, et elles sont nombreuses à mourir. Elles donnent également naissance à bien d'autres choses. Elles constituent un apport majeur aux fondements sociaux et économiques de la société partout dans le monde.
Je m'appelle Jill Wilkinson Sheffield, et je suis la présidente de Woman Deliver. Nous sommes une organisation mondiale vouée à la promotion de la santé maternelle. Notre travail s'appuie sur toutes les données dont la Dre Shaw vous a fait part, et je me réjouis de témoigner après elle, car cela m'évite de vous citer les chiffres.
C'est un moment charnière pour les femmes dans le monde, et un moment franchement capital pour le Canada. Les femmes sont au coeur de l'économie du monde en développement, et elles doivent vraiment savoir que leur vie, leur santé et leurs droits comptent. D'une manière peut-être tout aussi importante, elles ont besoin d'un engagement financier pour que cela devienne réalité.
Je tiens d'abord à remercier le gouvernement canadien qui, pendant des décennies, a travaillé sans relâche à l'amélioration de la santé des mères et de leurs enfants et nouveau-nés dans les pays en développement. Au cours de ces 30 années où j'ai oeuvré dans le domaine de la santé maternelle — et de manière plus générale, dans le domaine de la santé génésique —, le Canada s'est avéré un véritable allié pour d'autres membres d'organismes et moi-même, et nous lui avons été reconnaissants de son solide leadership et de son engagement. Et maintenant, à l'approche du mois de juin, nous comptons sur lui.
Comme vous l'avez peut-être appris dans les médias, les plus récentes études sur la mortalité maternelle concluent que nous réalisons des progrès. Cela nous indique que les investissements sont rentables et que nous disposons de solutions dont nous pourrions faire un usage plus généralisé.
Il nous reste seulement cinq ans pour atteindre les objectifs de développement du millénaire. Vous savez que l'OMD 5 vise l'amélioration de la santé maternelle. L'objectif est de réduire la mortalité maternelle des trois quarts au cours de ces cinq années. Malheureusement, jusqu'ici, c'est l'objectif pour lequel il y a eu le moins de progrès. C'est également dans celui-là qu'on a le moins investi. Et dans la mesure où les femmes sont au coeur de nos familles et de nos économies, il est temps de changer cela.
Le Canada a une occasion sans précédent de prendre les devants de cette promesse de progrès, avec son initiative qui fera date concernant la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants, et qui sera présentée aux sommets du G-8 et du G-20 en juin. Alors que le Canada cherche à donner forme à cet héritage qu'il laissera, je vous enjoins de ne pas oublier votre tradition historique, qui s'appuie sur de grandes réussites.
En 1994, au Caire, le Canada s'est joint à 178 autres pays dans un consensus planétaire sur l'importance d'agir en matière de santé et de droits des femmes au moyen d'un cadre global. C'était lors de la Conférence internationale sur la population et le développement. Depuis lors, le Canada n'a pas trahi ses engagements. Et ce n'est pas le temps de le faire aujourd'hui.
En 1974, et même avant cela, le Canada était à la table à Bucarest lorsqu'il a été convenu par les nations du monde que les personnes et les couples avaient le droit de planifier le nombre d'enfants qu'ils désirent, à l'intervalle souhaité, et que c'était la responsabilité des gouvernements que de s'assurer qu'il en soit ainsi.
Heureusement, pour agir face à la question de la mortalité maternelle et atteindre l'OMD 5, nous n'avons aucunement besoin de découvrir un médicament miracle, ni de réaliser à grands frais une percée médicale. Nous disposons actuellement de solutions à faible coût. Nous savons en ce moment même ce qui fonctionne. On vous en a déjà parlé juste avant mon témoignage.
Les femmes ont besoin d'un accès aux programmes de planification familiale et à des méthodes de contraception modernes. Elles ont aussi besoin d'accéder à des soins de qualité avant, durant et après la grossesse et l'accouchement, y compris des soins obstétricaux d'urgence. Et nous ignorons quand surviendront ces urgences; c'est l'un des problèmes. Les femmes ont également besoin d'un accès à des avortements sûrs, dans la mesure où ceux-ci sont légaux.
Ces solutions n'ont rien de sorcier, mais elles sauvent des vies et présentent d'énormes avantages sur les plans social et économique et sur celui de la santé. Des centaines de milliers de femmes meurent chaque année au cours de leur grossesse ou de l'accouchement. Nous savons maintenant que le monde enregistre des pertes de productivité de 15 milliards de dollars en raison de ces décès. Je doute que quiconque soit d'avis qu'on peut se permettre cette perte de vies — ou de productivité.
Je n'irais pas jusqu'à dire que la santé maternelle est un problème facile à régler, mais si, en tant que communauté planétaire, nous voulons progresser dans un millénaire de stabilité, de prospérité et de dignité, nous devons impérieusement régler cette question. On est déjà parvenu à un consensus mondial; nous pouvons y arriver encore une fois. En fait, nous devons atteindre de nouveau le consensus dans l'intérêt des femmes et des filles et pour notre avenir à l'échelle mondiale. Nous savons quel en sera le coût. Il s'élève à 12 milliards de dollars supplémentaires par année, ce qui est bien peu de chose dans l'ensemble du tableau.
Au cours de la dernière décennie, depuis les efforts qu'on a déployés dans le monde, il y a eu des reculs et de la stagnation. Nous savons aussi que nous avons fait d'énormes progrès. Des pays à faibles ressources ont changé radicalement la situation de la santé des mères et des filles. Le Rwanda, le Bangladesh, le Honduras — ces pays ont tous en commun une volonté politique. Ils ont simplement décidé qu'il fallait agir, et ils le font, tout comme nous savons que l'absence de décision est une forme de décision.
Rares seront les fois, au cours de vos carrières de parlementaires, où il sera possible de régler un problème et une terrible injustice ayant causé les souffrances de millions de femmes et de membres de leurs familles. C'est le moment de réaliser cet objectif. Nous pouvons y arriver. Nous devons absolument le faire. C'est entre vos mains, et la société civile est prête à vous aider par tous les moyens possibles.
Merci encore de votre invitation.
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Merci pour votre question.
Comme je l'ai indiqué, la Thaïlande n'est qu'un exemple que j'ai choisi parmi d'autres. J'aurais pu vous parler du Sri Lanka, de la Malaisie et même du Brésil. C'est d'ailleurs dans ce dernier pays qu'on trouve sans doute le plus récent cas de réussite à ce chapitre. On est parvenu à y réduire le taux de mortalité chez les moins de cinq ans et on offre désormais gratuitement les soins de santé primaires à tous. Toutes les Brésiliennes ont maintenant accès au service d'une accoucheuse qualifiée. Il y a encore du travail à faire, notamment au niveau de la qualité des soins prodigués, mais on en est tout de même rendu là. Il s'agit d'une réalisation extrêmement importante, car il arrive souvent que nous constations dans les pays pauvres des iniquités entre les quintiles et les plus riches et les plus démunis pour ce qui est de la santé maternelle et infantile. Le Brésil mérite beaucoup de crédit pour ses efforts en ce sens.
J'estime donc que l'exemple de réussite de la Thaïlande, qui a trouvé son écho dans d'autres pays — Janet et Jill pourront probablement vous en parler également —, est intéressant sous bien des aspects, parce que la communauté a vraiment un rôle à jouer. Il est nécessaire de mobiliser ainsi les gens. Les accoucheuses traditionnelles que l'on retrouvait souvent dans les villages pour aider les femmes, lorsque celles-ci n'avaient pas à se débrouiller toutes seules, ont été remplacées par des sages-femmes certifiées.
Je n'ai pas de détail sur la durée de la formation de ces femmes en Thaïlande. Il y a certains autres pays où les sages-femmes sont formées pendant une période moins longue que les quatre années requises au Canada, et nous pouvons toujours discuter des mérites des différentes approches. Mais une période de six mois est le strict minimum pour cette formation. Elles sont formées près du village et y reviennent par la suite.
On a commencé à former des sages-femmes pour ensuite accélérer le processus au fil des ans. Ce graphique illustre les résultats obtenus grâce à cette progression dans la formation.
Ce que je trouve vraiment fascinant... J'ai une diapositive à ce sujet, mais elle n'est pas dans ce document-ci. On y fait référence au Taj Mahal, qui est un monument à la mémoire d'une femme décédée d'une hémorragie post-partum après avoir donné naissance à son quinzième enfant. Comme son pays était également aux prises avec un taux de mortalité maternelle élevé, la reine de la Suède a décidé de mettre sur pied une école de formation des sages-femmes. Nous connaissons maintenant les résultats qui ont été obtenus dans ce pays pour ce qui est du taux de mortalité maternelle.
Reste quand même qu'en Inde jusqu'à tout récemment — les tout derniers chiffres indiquent une certaine progression — la cause la plus courante de décès était encore, comme pour les femmes du reste du monde, l'hémorragie post-partum.
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Merci, madame la présidente.
Merci beaucoup, mesdames, d'être ici. J'ai trouvé vos exposés très enrichissants et très instructifs.
Madame Sheffield, je veux poursuivre sur ce dont vous avez parlé dans une petite minute.
Docteure Shaw, vous avez parlé spécifiquement de pays qui sont prêts et vous avez dit que nous devons travailler avec les pays qui sont disposés à procéder à des changements et à travailler avec nous sur des questions qui leur permettront d'avoir la capacité de mettre en oeuvre des systèmes de santé.
L'an dernier, madame Sheffield, j'ai eu la chance de visiter le Bangladesh. Cette année, je suis allée en Zambie et au Botswana, où j'ai aussi fait des observations. Le Bangladesh est un pays très défavorisé, mais c'est un des pays qui a reconnu certains des problèmes auxquels il fait face et qui est prêt à les régler.
Le commentaire que j'ai à faire, c'est que j'ai aussi remarqué que le jour où une jeune fille commence à avoir des menstruations, c'est le jour où, selon leur culture, elle devient nubile. Nous avons affaire, à bien des égards, à un changement de culture, et nous savons que de tels changements se produisent à une lenteur extrême. Il y a donc là des problèmes avec lesquels nous devons composer.
J'ai été témoin au Bangladesh de l'arrivée dans les villages de ce qu'ils appellent la « Shasthya Shebika ». Il s'agit d'une femme qui a reçu une formation en soins de santé de base et qui agit à titre de premier répondant, en quelque sorte. On lui donne une formation très élémentaire en obstétrique. Cependant, elle reçoit une formation plus complète en identification de la tuberculose et on lui donne accès aux médicaments, ce dont l'État s'occupe. C'était très utile.
J'ai aussi eu la chance de visiter un centre de santé maternelle, si je peux l'appeler ainsi, qui est situé dans les bidonvilles de Dhaka et où il y a des unités de naissance. Il va sans dire qu'ils sont rudimentaires.
Si les jeunes filles quittent l'école à l'âge de 13 ans parce qu'elles sont devenues nubiles ou en âge de se marier, de quelle façon allons-nous parvenir à changer les mentalités pour que les jeunes filles continuent à fréquenter l'école? Nous savons que ce qui va changer, c'est l'éducation. Je les ai observées en train d'enseigner maintes et maintes fois aux femmes à se laver les mains, parce qu'elles ne savent pas qu'elles doivent se laver les mains après avoir fait leurs besoins, qu'il y ait des toilettes ou pas. Et il n'y a absolument pas d'eau saine là-bas. Nous savons que des maladies sont ainsi transmises aux jeunes enfants.
Quand nous disons que nous sommes prêts à régler les questions verticales, de quelle façon allons-nous parvenir à changer ceci et aider à fournir aux jeunes filles l'occasion de fréquenter l'école, parce que nous savons que ce sont elles qui vont faire avancer les choses?
L'une d'entre vous pourrait-elle faire un commentaire à ce sujet?
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En tant que présidente, je dois dire que nous avons demandé à une ministre particulièrement responsable de notre comité de comparaître devant nous, et qu’elle ne nous a même pas répondu. Nous n’avons pas reçu la moindre réponse — ni oui, ni non, ni laissez-moi tranquille, ni quoi que ce soit d’autre. Je n’ai rien eu.
La a dit qu’elle ne pouvait pas venir aux dates que nous avions suggérées. Depuis, nous lui avons récrit pour lui demander si elle pouvait venir le 26 mai, c’est-à-dire avant la fin du mois de mai, et elle ne nous a pas répondu.
Nous demandons maintenant à deux ministres de comparaître. J’aimerais indiquer que, dans le passé, lorsque nous avons étudié d’autres questions comme l’AE, nous avons demandé à la ministre des Ressources humaines et du Développement des compétences de venir nous visiter. Nous avons également demandé la présence du président du Conseil du Trésor dans le cadre d’une étude sur l’équité salariale. Les ministres ne sont pas obligés de comparaître devant un comité. Je suppose qu’ils ont le droit de refuser et que cela fait partie de leurs prérogatives en tant que membres de l’exécutif. Toutefois, en tant que présidente du comité, je ferais peut-être observer que, lorsqu’un comité demande des renseignements ou des précisions parce que ses membres ont besoin de mieux comprendre les enjeux, je pense vraiment… Je suis ici depuis 17 ans, et c’est la première fois que je vois des ministres négliger complètement de répondre. Ce n’est pas seulement le fait qu’ils ne viennent pas, c’est le fait qu’ils ne prennent même pas la peine de répondre aux présidents des comités et aux comités qui demandent leur présence. Cela me préoccupe un peu. C’est ce à quoi Mme Simson faisait allusion, je crois.
Je sais que la secrétaire parlementaire peut seulement faire ce qu’elle peut faire, c’est-à-dire demander. Si elle ne reçoit pas de réponse, c’est qu’elle est jugée aussi peu importante que le comité. Les comités de la Chambre des communes sont d’importants organes. Le Président l’a signalé. Ils sont là pour recueillir des renseignements, saisir les questions, en parler, en rendre compte et formuler de recommandations, s’ils sont d’avis que le Parlement n’a pas obtenu les réponses dont il avait besoin. C’est ainsi qu’il obtient des réponses, par l’intermédiaire des comités. Par conséquent, cette situation m’inquiète et, en l’occurrence, je tiens à ce que mes préoccupations figurent dans le compte rendu.
J’ai envoyé une troisième lettre aux ministres la semaine dernière, et je leur ai personnellement fait parvenir la motion afin de leur rappeler que ces rencontres doivent avoir lieu avant la fin du mois de juin. Nous n’avons reçu aucune réponse. À mon avis, il est même déplorable de ne pas accuser réception de la demande. C’est faire preuve de peu de respect envers les comités.
C’est ce que je tenais à dire au sujet de la question de Mme Simson.
Maintenant, nous avons une autre question à poser. Au cours de la dernière séance, Mme Neville a présenté une motion relative à la tenue d’une séance extraordinaire au cours de laquelle le comité étudiera la façon dont le financement est réparti à Condition féminine Canada, etc. Elle a précisé qu’il s’agissait d’une séance extraordinaire, et j’ai donc demandé à tout le monde d’y réfléchir parce qu’à ce titre, elle doit s’ajouter aux deux séances auxquelles nous participons hebdomadairement. Le comité a-t-il choisi la date à laquelle nous passerons la soirée à étudier cette question? Nous avons tous adopté cette motion — le comité l’a adopté — visant à organiser une séance « extraordinaire », ce qui veut dire qu’elle ne peut pas prendre la place d’une de nos séances ordinaires. Il s’agit d’une seule séance. Nous avons demandé que vous communiquiez vos préférences à la greffière ou à l’analyste, mais nous n’avons reçu aucune réponse de la part des membres du comité. Il nous faut prendre une décision à ce sujet.
Madame Neville.